Séjour au pays de la pluie

Ce n’était pas comme si elle faisait exprès de sursauter.. mais eh, elle avait vécue tant d’années avec uniquement des femmes, alors se retrouver si subitement avec un homme – qui n’avait pas particulièrement de pudeur en plus – c’était un peu déroutant. Mais elle avait le sentiment que l’expliquer à Vilal ne donnerait pas grand-chose, du coup, il valait mieux juste qu’elle se calme un peu ! En allant se changer, elle s’interrogea sur un détail d’ailleurs.. pourquoi Vilal l’accompagnait-il ? Parce qu’on lui avait demandé ? Mais et si ça l’ennuyait en fait ? N’avait-il pas autre chose à faire ? Peut-être trouvait-il sa présence déplaisante ? Hm…
Le premier sushi eut un goût involontairement amer du coup.

« Vous n’aimez pas ? » Demanda l’aubergiste, un peu soucieuse.
« Hein ? Oh ! Si, si, je suis perdue dans mes pensées. » Se reprit rapidement Suri. La bloumécienne acquiesça, souriante, avant de servir les autres. Vilal ne tarda pas à rejoindre alors que Suri engloutissait un second sushi. Ils étaient vraiment délicieux ! Elle guetta même Vilal pour voir s’il démontrerait une quelconque appréciation pour le met, juste alors que la porte de l’auberge s’ouvrait brutalement.

Une femme trempée de la tête aux pieds surgit, à la recherche de son ‘chou’. Les paupières de Suri papillonnèrent sous l’effet de la confusion et la tête qu’elle tirait était à peu près la même que tous les autres clients. Et évidemment, elle se jeta sur le chevalier ! Suri écarquilla les yeux en voyant la demoiselle se suspendre à son cou en le remerciant pour lui avoir sauvé la vie des années auparavant, chose que Vilal avait oublié, à priori. Il lui répondait assez froidement pour qu’elle se sente absolument ridicule et Suri crut bon d’essayer de rattraper la chose.
« Ehm, on a eu une longue journée.. » C’était maladroit, ce n’était pas comme si ça irait justifier le fait que le chevalier ait été si distant. La fille la dévisagea un moment, elle était clairement déçue, elle accordait de l’importance à cet événement, là où Vilal l’avait tout simplement oublié. C’était froid, et Suri jugeait qu’il exagérait, mais ainsi était-il. Elle commençait à comprendre ça.

« Oh ! bien sûr.. » Bredouilla-t-elle, embarrassée. « Je comprends mieux. »
« C’est pas contre vous hein… » Tenta Suri.
« C’est juste que.. »
« Vous êtes sa petite amie ? » La coupa-t-elle, comme inquiète, plongeant la fille de Bahamut dans un blocage total.
« Euh.. non, je ne suis que.. » Commença Suri, avant de subitement coincer. Qu’était-elle en fait ? « ..qu’une.. qu’une fille comme ça. »
Elle haussa les épaules et retourna à son plateau de sushis, alors que la demoiselle paraissait s’interroger sur ce qu’elle devait comprendre de tout ceci. A l’entendre, elle éprouvait clairement une forme d’affection ? d’amour ? d’intense reconnaissance ? En tout cas, elle l’avait cherchée si elle était si contente de le retrouver.

Suri poussa un profond soupir en se détournant de cette situation. Ce n’était pas son problème de toute façon.
Tiens, ce sushi-là aussi eut comme un goût amer…

Situation un peu embarrassante pour certains, plutôt incompréhensible pour Vilal. Le chevalier regarda Suri s'en mêler, il se tourna vers la femme qui paraissait totalement perdue, jusqu'à la question bizarre de savoir si elle était sa petite amie. Haussement de sourcil alors que la belle blanche semblait s'interroger elle-même sur ce qu'elle était, mais Vilal finit quand même par assembler quelques pièces de puzzle tout seul et finit par se lever pour faire face, enfin, à l'inconnue.

«Mademoiselle. Laissez-moi me présenter. Je suis Vilal Rannveig, Commandant chez les Brutos d'Alexandrie. Mon rôle est de protéger la population contre tous les dangers qui peuvent la menacer, y compris des monstres.» son ton était calme et posé, mais pas trop sec non plus. Il faisait un effort sans trop savoir pourquoi «si je vous ai sauvé la vie il y a quelques années, je m'excuse de ne pas m'en souvenir. Je n'ai fait que mon devoir, et je suis sur que n'importe quel chevalier dragon de cette ville en aurait fait autant s'il s'était trouvé là ce jour là.»
«Oui je... mais vous... vous n'êtes pas un rat...»
«Certes. Mais est-ce que cela me rend plus héroïque pour autant? Qu'est-ce qui compte? Que je vous ai sauvé la vie ou que je sois humain?»

La femme rougit, non, définitivement, Vilal ne comprenait pas ce qu'il se passait. Elle avait eu la "chance" d'avoir un sauveur qui était à son goût, aussi, peut-être qu'elle s'était fait un petit film dans sa tête, comme ces pièces de théâtre avec le prince charmant qui vient sauver la demoiselle en détresse. Mais elle finit par sourire tristement et hocha de la tête
«Que je sois sauvée, je suppose... je suis juste... triste que vous ne vous souveniez pas de moi.»
«J'ai malheureusement été gravement blessé récemment, et cela a altéré certaines de mes capacités, mais aussi certains de mes souvenirs.» il dégagea sa chemise pour qu'elle puisse voir le bandage qu'il avait refait dessous. Sur le coup, la dame semblait reprendre des couleurs, elle tendit la main comme si elle avait voulu le toucher, mais se ravisa avant de sourire et reculer
«Oh je... je vois. Je vous demande pardon.. je vais y aller. Et.. mademoiselle?» elle se tourna vers Suri et hocha juste de la tête «prenez soin de lui, s'il vous plaît.»

Et ni une, ni deux, elle fila. Vilal resta un moment là en essayant de comprendre ce qu'il s'était passé, puis il revint à table et s'assit à nouveau à côté de Suri
«Je vous remercie de m'avoir fait remarquer mon manque de tact. Est-ce que... je me suis rattrapé? J'avoue que je n'ai pas compris si je l'avais vexée davantage ou si ça allait mieux?»

Que Suri en profite, c'était surement l'une des rares fois où Vilal pouvait paraître expressif: il semblait un peu perdu sur le coup.

Voyant la situation, Vilal décida de se rattraper en se levant et en se présentant plus convenablement à la demoiselle. Il expliqua pourquoi il ne semblait pas se souvenir d’elle, et son excuse parut convenir à la jeune femme. Elle semblait surtout se souvenir de lui parce qu’il était un homme et non pas un rat de bloumécia, mais comme Vilal le fit bien remarquer, le plus important était qu’il lui ait sauvé la vie, et non pas qu’il soit un beau guerrier. Suri eut un haussement de sourcils en se permettant de penser que, ben… quitte à choisir… elle préférait tomber dans les bras d’un beau guerrier en tombant d’une falaise plutôt que dans ceux d’un rat OK mais… au final le mieux c’est d’être sauvé.
En tout cas, la blondinette se sentit un peu pataude une fois cette vérité dans la figure.

Au final, elle consentit à partir, jugeant être de trop sans doute. Elle demanda pardon avant de l’interpeller. Surprise, Suri lui jeta un regard interrogateur avant qu’elle ne lui demande de.. prendre soin de lui ? Elle ouvrit la bouche sur le coup, intriguée, mais n’eut pas le temps de répondre. Elle referma la bouche du coup et rougit un peu en détournant le regard. Prendre soin de lui ? Vilal était largement capable de s’occuper de lui tout seul.. Résultat, elle engloutit tout rond un sushi plutôt que de s’embêter avec ça, même si elle gardait ces derniers mots dans son esprit. Prendre soin de lui, qu’est-ce que ça voulait dire exactement, au juste.. ?

Comme boudeuse, elle enfonça un nouveau sushi dans sa bouche, et ce sans aucune vraie classe, lorsque le chevalier la remercia d’être intervenue. Ah bon ? Elle le dévisagea avec étonnement. Qui plus est, elle croyait remarquer qu’il était un peu confus, surprenant venant de lui, habituellement il semblait si certain de ses capacités ! Mais là… il lui demanda même s’il s’était bien débrouillé. Difficilement, elle avala son sushi, avant de répondre.
« Je suppose que oui ? Vous vous êtes excusé de ne pas vous souvenir d’elle, et vous lui avez expliqué pourquoi.. ça me semble bien. » Assura-t-elle avec un sourire amical.

Jugeant que ce n’était peut-être pas terrible comme réponse, elle se permit de poser une main sur son bras, juste au dessus du coude.
« C’était très bien. Les gens sont tous différents et réagissent tous de manières différentes. Ce n’est pas toujours facile de savoir comment se débrouiller pour éviter qu’un tel se vexe, là où ça ne dérangerait pas un autre. » Elle ramena sa main vers elle et balaya la pièce de son regard. « L’être humain est compliqué comme ça. » En déduisit-elle évidemment en haussant les épaules. « Mais là pour le coup, vous vous êtes bien débrouillé. » Fini-t-elle.

Un sourire honnête et elle termina son plateau de sushi. Elle ne prit pas de dessert cela dit, n’ayant pas tellement faim, elle était exténuée. Lorsque l’aubergiste passa près d’eux, Suri lui dédia un sympathique sourire avant de prendre la parole.
« Merci, c’était délicieux. » Elle sembla ravie, laissant Suri se lever avec un sentiment de chaleur à la poitrine. Elle aimait complimenter et remercier les autres, c’était d’une telle simplicité. Ça ne demandait pas grand-chose et ça faisait plaisir, comme on pouvait le remercier sur le minois ravi de l’aubergiste.

Debout, elle se tourna vers Vilal.
« Je dirais pas non à aller dormir.. comptez-vous aller vous coucher aussi ? »

Un souvenir étrange, celui de Clémence pleurant sur sa tombe. Décidément, cette image avait eu de quoi l'intriguer. Les mots prononcés aussi. «Tu l'as laissée partir». De qui pouvait-il s'agir? Dans sa vision, il paraissait assez vieux au moment de sa mort, cela pouvait donc être n'importe quand: dans un an, deux, cinq... dix même. Il avait encore le temps pour fonder une famille. Malgré tout, difficile de savoir qui était celle qu'il avait laissée partir. Était-ce cette femme?

Il s'était rassit à côté de Suri, essayant de voir un peu s'il s'était... bien comporté. Ce n'était pas évident pour lui de savoir, depuis tout petit il avait choisi de mettre les sentiments de côté, et aujourd'hui, il réfléchissait à savoir si oui ou non il devait à nouveau leur laisser une place dans sa vie. Dilemme.

Au moins, Suri semblait trouver qu'il ne s'en était pas trop mal sorti, il le nota quelque part dans sa tête alors qu'ils finissaient de manger. Il avait fait attention à ne pas trop manger pour ne pas s'alourdir l'estomac, puis il leva les bras vers le plafond pour s'étirer alors que Suri semblait fatiguée
«Oui, il est préférable d'aller se coucher tôt. Qu'avez-vous décidé finalement? Souhaitez-vous retourner à Clayra pour aider encore à faire pousser l'arbre? Ou bien souhaitez-vous continuer notre route?»

Traverser la Grotte de Guysmar, chercher la grotte des glaces, aller à Dali, Tréno... il ne se souvenait déjà plus très bien de leur parcours, mais il lui suffirait de relire ses notes pour le savoir.
Ils rejoignirent donc leurs chambres respectives, une fois devant la porte, Vilal se tourna vers Suri et hocha de la tête

«Souhaitez-vous que je vous réveille demain matin? Ou bien préférez-vous vous reposer et dormir un peu plus longtemps?» après tout, ils pouvaient aussi se prendre une petite journée à ne rien faire si elle le souhaitait. Ils n'ont aucun emploi du temps précis.

Il entra dans sa chambre et ferma la porte derrière lui avant de se déshabiller pour se glisser dans son lit. Il resta quelques secondes à fixer le plafond, revoyant Clémence hurler sur sa tombe. Combien de temps est-ce que cette vision allait le hanter? Quelques temps surement... mais bon, il savait aussi que tôt ou tard, il passerait à autre chose.

L’heure était tardive et à présent, ils pouvaient aller se coucher. Mais avant qu’ils ne se rendent aux chambres, Vilal voulut savoir ce qu’elle avait décidé ; rester ici encore un peu pour aider ces braves gens avec leur arbre, ou poursuivre leur aventure ? Elle parut un peu embêtée. Elle n’était pas certaine de ce qu’elle voulait vraiment mais après un instant de réflexion, elle sut s’exprimer, à peu près.
« Je.. je dois bien admettre qu’en dépit de mon envie d’aider ces gens, je préférerais ne pas perdre de temps pour retrouver mon père. Qui plus est, je ne peux que me fier à moi-même – et à vous bien sûr – pour le retrouver, là où d’autres aventuriers passeront certainement ici pour les aider. Je pense donc qu’il vaut mieux continuer. » Elle se sentait un peu – beaucoup – égoïste de dire ça, mais elle se confortait dans l’idée que d’autres pourraient aider les blouméciens, pas seulement elle.

En tout cas, ils allèrent à leurs chambres. Alors qu’elle allait entrer dans la pièce, Vilal la surprit en lui demandant si elle voulait dormir un peu plus le lendemain matin, elle le pouvait. Sinon, il pourrait la réveiller si elle le souhaitait. Certes elle aimait dormir mais…
« Ça vous gênerait vraiment pas ? » Demanda-t-elle, car après tout, dormir une bonne matinée ferait du bien ! Le truc, c’est qu’elle s’imaginait que Vilal devait être du genre lève-tôt, peut-être qu’il risquait de s’ennuyer ? « Eh bien.. je suppose que si on part demain pour poursuivre notre voyage, peut-être que ce ne serait pas de refus de dormir un petit peu plus pour être bien requinqué ? » Suggéra-t-elle en semblant particulièrement enthousiaste à cette éventualité !

Ils allèrent donc chacun de leur côté dans leur chambre respective. Suri s’enferma et se laissa tomber sur le lit en poussant un profond soupir. Elle repensa l’espace d’un moment à ce que cette fille avait dit, comme quoi.. elle devait prendre soin de Vilal. Mais comment on prenait soin d’un grand chevalier si fort ? Ça n’avait pas de sens. Ce n’était pas comme si elle ne le voudrait pas, il était… sympa ? A sa manière ? Un peu beaucoup froid certes mais c’était le professionnalisme à l’œuvre sûrement. Et bon, ce n’était pas comme s’il la laisserait faire.

« Bref.. ! » Couina-t-elle en s’étirant avant de se changer et de se glisser sous la couverture.
Elle s’endormit dans le temps de le dire. Mine de rien, la journée avait été réellement épuisante. Alors qu’elle aurait voulu faire une grasse matinée, elle se réveilla brutalement en sursaut, pour une raison obscure. Son cœur battait vivement et ses traits étaient tirés par la nuit mouvementée. Une nuit complète certes mais agitée ! A en juger par ses draps.. Le lit était en pagaille.. Le souffle bref, elle fixa un moment le mur avant de quitter le lit et de le refaire maladroitement.

L’esprit embrouillé, elle rassembla les puzzles de ses souvenirs et parvint à comprendre qu’elle avait revu sa mort, visualisée telle qu’Alexandre le lui avait présenté. Être tué par une copie de son père… quelle horreur… son cœur se serra, les larmes lui piquèrent les yeux, mais elle les chassa du revers de sa main avant de se changer, jugeant inutile de se recoucher.

Sortant de sa chambre, elle remarqua que la porte de celle de Vilal était toujours fermée. Etait-il donc si tôt ? Etait-il déjà sortit ? Elle l’ignorait. En tout cas, elle descendit et alla dans la salle à manger, où il n’y avait pas une mouche. Elle s’installa seule et fixa la table d’un air morne jusqu’à ce que l’aubergiste n’arrive dans la pièce.
« Oh ? Que faites-vous là si tôt ? » Les paupières de Suri papillonnèrent, sortant de sa torpeur.
« E-euh, pardon, si je dérange.. »
« Non, ne vous en faites pas voyons. Voulez-vous quelque chose ? Un thé peut-être ? »
Elle n’aimait pas tellement le thé. Mais un peu de chaleur ne ferait pas de mal.
« ..oui, ce ne serait pas de refus, s’il vous plait. »
L’aubergiste lui adressa un sourire doux avant d’aller lui chercher ça.

Seule devant sa tasse encore bouillante, Suri poussa un profond soupir. Eh ben, quelle grasse matinée hein…

Un peu de repos ne pourrait pas faire de mal. D'autant que peu importe l'heure à laquelle ils partiraient, ils seraient obligés de dormir à la belle étoile avant de pouvoir rejoindre la ville la plus proche. D'autant qu'il était peu probable que Dali dispose déjà d'une auberge, donc même là, au final, la ville de Tréno serait leur prochaine véritable étape de repos. Donc autant prendre des forces tant qu'ils le pouvaient encore.

Il eut un peu de mal à s'endormir, mais au final, il passa une bonne nuit. Le bruit de la pluie l'avait bercé, et c'est bien reposé qu'il ouvrit les yeux, comme à son habitude, à ce qui devait être l'aube. Comme à son habitude, il se leva rapidement et s'étira longuement, faisant quelques exercices d'assouplissement, surtout au niveau de son bras et de son torse. La douleur s'atténuait progressivement, mais il avait encore pas mal de travail de rééducation à faire.

Il enfila rapidement un pantalon et une tunique avant de se protéger d'un manteau avant de sortir, pieds nus. Il croisa l'aubergiste qui n'était pas surprise de le voir déjà levé
«Vous allez courir?»
«Oui. Si Suri se réveille, prévenez-la que je reviens d'ici une heure.»
«Très bien.» il sortit donc, elle sourit en le voyant partir courir dehors pieds nus, elle avait toujours trouvé ça amusant! Peu d'humains aimaient ainsi courir sous la pluie...

D'ailleurs, elle n'eut pas à attendre longtemps car Suri descendait déjà, à peine quelques minutes après qu'il soit parti! elle lui proposa un thé dans un premier temps avant de la prévenir pour Vilal
«Vous avez raté votre ami de peu. Il est parti courir à l'instant. Il a dit qu'il serait revenu d'ici une heure...» elle sourit et alla donc préparer le thé. C'est alors qu'un jeune rat passa tranquillement avec les bras chargés de fleurs, il s'apprêtait à remplacer celles qui avaient fâné dans les pots pour la décoration et regarda Suri avec un air un peu surpris

«Oh! Bonjour! On n'a pas l'habitude de voir les clients debout aussi tôt! Enfin... sauf Msieur Rannveig, lui, il aurait pu être un mage noir.» dans le sens qu'il ressemblait à une poupée qui agissait mécaniquement, mais cela, Suri ne pouvait pas trop le savoir dans la mesure où le chevalier ne lui en avait pas trop parlé, mais sa mère avait entendu et prit une voix pas commode
«Ne parle pas comme ça! Monsieur Rannveig est très gentil et c'est un client fidèle!»
- «Oui je sais mais bon... sérieusement m'man.. tu trouves pas qu'il fait parfois un peu... je sais pas moi, vide? Il sourit presque jamais, tout ce qu'il dit ou fait doit avoir un intérêt vital! Il s'amuse jamais, quand il mange, il dit jamais si c'est bon, d'ailleurs il s'en fiche que ce soit bon! Il le dit lui-même, faut juste que ça couvre ses be...»
- «Ça suffit. C'est peut être un homme droit, et même s'il ne dit pas toujours de choses gentilles, il ne dit jamais de choses méchantes non plus!»
- «Mouais, ça dépend pour qui. Des fois, quand il balance les trucs tels quels, ça fait pas du bien à entendre... comme quand il m'a dit que j'avais les pattes trop fines pour devenir chevalier dragon. Même si c'est vrai, c'est pas cool à dire.»

L'aubergiste eut un regard désolé et posa la tasse de thé devant Suri avec des viennoiseries
«Excusez mon fils... il n'est pas méchant, mais il entre dans un âge où... on se rebelle un peu.»

Le garçon haussa des épaules et continua de ranger ses fleurs sans trop s'occuper du reste. Une heure, ça pouvait être long parfois!

Vilal était donc partit courir ? Si tôt le matin ? Ah.. Suri acquiesça, avant de recevoir son thé. Elle resterait donc seule un petit moment sans doute, sauf si d’autres clients venaient. La jeune femme regarda longuement son thé sans trop d’intérêt, sentant la chaleur de l’eau bouillante lui chatouiller le menton, jusqu’à ce que le fils de l’aubergiste, venu changer les fleurs, ne s’adresse à elle. Il la salua, étonné qu’elle soit ici si tôt, avant de noter que le commandant Rannveig était bien le seul à être du genre à se lever si tôt.
Suri écouta attentivement sa façon de parler de Vilal. Mine de rien, il n’avait pas tort. Il était vrai qu’il semblait très froid… Ne pas sourire, ne pas exprimer grand-chose, rester calme et serein en tout temps, ne même pas signaler aimer ou pas de la nourriture… Tout faire machinalement. Mine de rien, il était vrai que c’était très.. oui, vide. Mais il ne put poursuivre que sa mère lui demanda de se taire, peu après qu’il ait dévoilé que Vilal lui ait dit qu’il n’avait pas la force nécessaire dans ses jambes pour être un chevalier dragon. La mère s’excusa de l’attitude de son fils mais la fille de Bahamut lui sourit simplement.

Suri leva le regard vers le garçon et sourit doucement, bien que tristement, notons-le.
« Je suis sûre que si tu t’entraines beaucoup, tu seras un bon chevalier dragon. » La faiblesse physique n’était pas une fatalité. Peut-être que ça handicapait oui, peut-être que ça ralentissait le procédé, peut-être que son objectif serait plus loin que celui des autres, mais il pourrait sûrement le faire. Quand on voulait on pouvait non ?

Son regard s’abaissa ensuite vers sa tasse, qui était tiède. Mais au lieu de rester là, elle attrapa son thé et se leva pour marcher prudemment vers l’extérieur et sortir. Le bruit de la pluie la frappa de suite, mais heureusement, celle-ci ne la toucha pas, puisqu’il y avait de quoi protéger l’entrée de l’auberge. Elle regarda où poser les pieds et s’adossa au mur, avant de siroter son thé en écoutant l’eau du ciel qui venait chuter sur la pierre froide.
Il pleuvait ainsi, dans sa vision du futur… Blessée, lassée, esseulée, elle marchait, trébuchait, jusqu’à cette bâtisse… et ce dragon, à l’intérieur, qu’elle avait vu. Le portrait craché de son père. C’était lui mais… submergé par la haine… Comme si son corps avait été pris, mais pas lui, pas son âme. Et avait été remplit de colère et de rage envers toutes formes de vie. C’est moi, Suri, avait-elle crié avec désespoir. Mais rien. Il n’avait rien entendu et l’avait simplement…

Tué.

Un tremblement la traversa. Elle prit ensuite une gorgée de thé et la chaleur de celui-ci l’apaisa, même un instant. Ce n’était pas son père bien sûr, elle le savait, ce n’était qu’une… copie, voilà. Son père ne l’aurait jamais tué. Mais comment en être certaine ? Devrait-elle s’informer sur la possibilité, ou pas, de copier un être aussi extraordinaire qu’un éon ? Etait-ce seulement possible ? Elle l’ignorait, et cette absence d’information l’embêtait beaucoup. Si elle pouvait savoir si oui, c’était possible ou, non, elle se sentirait déjà.. mieux ? Difficile à dire. Mais elle voulait le savoir.

Sa tasse fut vidée lorsque Vilal reparut à l’horizon. Elle lui sourit doucement.
« Bonjour. Ça démarre bien la journée de sortir courir le matin, comme ça ? » C’était demandé avec une sincère curiosité, qui sait ? Peut-être que c’était sympa de sortir faire un jogging tôt le matin ! Elle doutait de pouvoir l’accompagner, il devait avoir un rythme assez prompt par l’habitude, mais elle pourrait toujours tenter le coup un de ces quatre, pour le fun. « Vous avez dû vous lever tôt, vous étiez déjà partit quand je me suis réveillée.. » Et pour elle, c’était déjà bien tôt. Et dire qu’elle avait voulut profiter de son lit. C’était raté.

Une ombre noire s'approchait de Suri, mais facilement reconnaissable par sa carrure, il fut surpris en arrivant au niveau de l'auberge et trouvant la jeune femme dehors. Rabattant sa capuche en arrière, il la regarda quelques secondes alors qu'elle semblait tout aussi étonnée que lui qu'il soit déjà debout[/i]
«Je pensais que vous vouliez vous lever tard. » il baissa les yeux, son thé était bu, signifiant qu'elle devait quand même être levée depuis longtemps. Il soupira doucement, à peine audible «Je dois vous avouer que je dors assez mal depuis notre épreuve face à Alexandre. Ça me fait un peu trop réfléchir.» il ignorait exactement de quoi il avait été question dans sa vision à elle, et lui-même n'avait jamais parlé de la sienne. Mais passons «je dois aller prendre une douche chaude. Nous pourrons partir ensuite, si vous le souhaitez.» même s'il allait se remouiller derrière, par rapport à la sueur de sa course, il était préférable de se doucher.

Il rentra et croisa le fils de l'aubergiste qui baissa juste la tête devant lui, comme s'il était son serviteur, mais Vilal hocha de la tête respectueusement
«Bonjour. Tu as grandi j'ai l'impression.» puis il tourna la tête et grimpa les escaliers. Le jeune rat le regarda, les yeux ronds, alors que sa mère posa sa main sur son épaule
«Tu vois qu'il regarde quand même? Il s'intéresse peut être qu'à des détails qui nous semblent peu importants, mais il s'intéresse tout de même.»

Malgré tout, le rat ignorait ce que ça voulait dire. Si le chevalier avait changé d'avis sur la possibilité qu'il puisse devenir un chevalier dragon ou non. Il se tourna vers Suri, se souvenant de ce qu'elle lui avait dit, mais il semblait encore douter un peu. De toute manière, il était jeune.

Une petite demi-heure plus tard, Vilal redescendait avec son armure sur lui, prêt à partir.

«La Caverne de Guysmar se trouve un peu plus au Sud d'ici. Nous devrons faire attention car la créature qui y vivait se tenait généralement pile à l'entrée par laquelle nous allons arriver. Dommage que nous n'ayons pas de capacités électriques...» une fois de plus, c'était un peu handicapant, mais pas forcément un problème non plus. Ils n'auraient qu'à avancer avec prudence et peut être qu'ils pourraient éviter le combat.

Ils remercièrent donc l'aubergiste pour son accueil, Vilal laissa tout de même la possibilité à Suri de faire quelques achats encore avant de partir, si elle le souhaitait, puis ils s'éloignèrent progressivement de la ville.

Un dernier regard sur l'arbre qui commençait à pousser. D'ici, ils voyaient enfin la plante qui commençait à se dresser vers le ciel, mais trop fine encore, cela ressemblait simplement à un arbre normal pour le moment, il devait grossir, grandir, se développer pour pouvoir supporter les demeures des rats qui viendraient s'y installer. Mais mine de rien, les choses avançaient bien, et même Suri devait voir que sa maigre contribution avait porté ses fruits en voyant la différence depuis la veille.
«Voyez ce que la magie peut faire?» cela avait de quoi être plus qu'impressionnant, pour sûr.

Ne voulait-elle pas dormir tard ? Suri sourit doucement lorsqu’il lui demanda ça.
« Bah, je me suis réveillée, donc tant pis.. » Dit-elle sans entrer davantage dans les détails. Elle fut étonnée cela dit qu’il admette si aisément avoir du mal à dormir en raison de l’épreuve à Alexandrie. Elle perdit un peu de son sourire en comprenant ne pas être la seule… honnêtement, c’était aussi une source de soulagement pour elle. Elle était plutôt contente de se sentir moins seule, mais elle préféra ne pas en parler, surtout qu’il bifurqua rapidement sur une bonne douche chaude. « OK, je vous attends. » Dit-elle avec un sourire.

Elle retourna à l’intérieur pour rendre la tasse à l’aubergiste non pas sans la remercier. Elle en profita quand même pour demander si elle pourrait manger quelque chose avant de partir et se permit même d’insinuer qu’elle ne serait pas contre quelques provisions pour la route ! Sans doute parce que Vilal était un bon client, mais la bloumécienne acquiesça alors que le chevalier complimentait le petit pour avoir grandit. Comme quoi il était capable de dire autre chose que la vérité crue et sèche.
Suri sourit avant de lever le pouce au petit bloumécien, qui ne semblait pas trop savoir quoi tirer de ce commentaire.

La fille de Bahamut mangea un peu de pain et un fruit avant d’accepter les provisions, légères certes mais tout de même présentes, qu’on lui donna. Vilal ne tarda pas à revenir, vêtu de son armure et prêt au départ. Il nota un tracas ; au vu des ennemis là où ils allaient, avoir de l’électricité dans leur arsenal ne serait pas mauvais ! De suite, Suri bondit sur l’occasion.
« Oh bah attendez une minute alors ! Je reviens ! » Elle avait plus de facilité avec la magie que lui, donc pourquoi ne pas apprendre une technique de foudre grâce à ces petites gemmes ? Elle s’empressa donc d’aller au magasin, heureuse de parfaire son arsenal. Elle tenait vraiment à être prête, pas comme ce combat contre les larves de la route de la Gorgone. Pour être meilleure, elle devait avoir tous les atouts, tous les outils ! Être prête à affronter n’importe quelle situation !

« Ta-daaa ! ♪ » S’exclama la jeune femme en montrant à Vilal la jolie pierre lorsqu’elle revint. C’était un péridot ! De suite, elle l’utilisa pour apprendre une technique adéquate qui saurait sûrement être utile autant maintenant que plus tard. Elle avait aussi pris une gemme pour pouvoir utiliser sa très grande épée sur tout un groupe si nécessaire.

Ils quittèrent Bloumécia et en passant non loin de l’arbre, Suri remarqua que la graine avait bien poussée. Vilal le lui fit remarquer et la demoiselle hocha de la tête, de bonne humeur. En dépit de ce cauchemar, elle retrouvait le sourire, surtout parce qu’elle réalisait que leur aide, aussi maigre avait-elle semblé être, avait porté fruits !
« Tant mieux. Maintenant, plus qu’à espérer que d’autres passeront par là pour leur filer un coup de main aussi. » Maintenant au sec, il fallait se déplacer vers la grotte que Vilal avait mentionné. Par réflexe, elle le suivait, ignorant bien sûr l’itinéraire. Toutefois, lorsqu’elle vit une caverne se dessiner au loin, il ne lui fut pas difficile de deviner que c’était là leur destination !

Bloumécia, surnommée très justement ville de la pluie. Une antique citée de pierre et aujourd’hui de verre. Les immenses dômes transparents surplombant certaines parties de la ville n’étant pas dans les récits que mon père avait fait jadis de la ville, j’en déduisit qu’ils devaient être assez récents.

Leurs aspects des plus modernes tranchant significativement avec l’architecture locale, je me demandais si cet ajout plus pragmatique qu’esthétiques était le fait des natifs, ou plutôt de ces réfugiés venus trouver céans la chaleur d’un foyer après avoir perdu le leur.

Des réfugiés rarement humain, la ville n’en accueillait que peu, enfin, c’est ce qui était dit au-delà de ses murs par les humains qui en parlaient. Des humains qui probablement n’y avaient jamais mis les pieds eux-mêmes.

J’avais très tôt appris à me méfier des racontars. Et ma venue dans Bloumécia serai l’occasion idéale pour me forger ma propre opinion.

Mais avant de m’intéresser aux choix architecturaux locaux, une autre question me taraudait. Avec le désert tout proche, le choc des climats humides et arides devait être la raison pour laquelle les cultures se portaient ici aussi bien. De quoi se poser légitimement la question suivante : pourquoi Bloumécia n’était pas devenu comme Dali une puissance agricole d'ampleur national ?

Avec la chaleur et l’humidité environnante, il y avait pourtant tout ce qu’il fallait pour faire pousser fruits et autres légumes. Une énigme qu’il me faudrait sans doute résoudre avec l’aide d’un des rats locaux.

« Suis moi. »

Valéria ne me fit pas répéter, abritée sous un dôme magique l’isolant de la pluie, elle ne semblait pas en souffrir, bien au contraire. Pour ma part, je devais me contenter de la capuche de toile épaisse parachevant ma cape de voyage. Un moyen oh combien plus rustique, mais tout aussi efficace.

*Si mon épée était plus large, elle pourrait me servir de parapluie…*

Une idée lumineuse étant donnée la situation. Après tout, ma vie entière avait été focalisé sur le maniement d’arme de plus en plus imposante. Mon épée actuelle était certes longue, mais elle n’était pas large, et quelque chose me disait que cela ne durerait pas.

*Je dois entrainement encore d’avantage pour porter plus lourds.*

Autour de nous, les rats ne nous adressèrent que de polis mais froid hochement de tête en guise de salut, et encore quand ils le voulaient bien. L’ambiance était sombre, mais pas forcément désagréable. La ville était belle, à sa manière. Et malgré tout, je savais apprécier la pluie moi aussi, à condition de ne pas être dessous.

« Là, une auberge. »

Je n’avais pas d’argent, et Valéria non plus. Cependant, nous étions venu ici non pas pour y faire des emplettes ou pour nous y reposer, mais pour y demander notre chemin vers Clayra et son chantier devenu affaire d’état.

Situé un peu plus à l’Ouest, l’arbre et le chantier attendaient, et les provisions se trouvant dans mon sac suffiraient amplement à l’atteindre, même en plein dessert. Quant à l'eau... Disons simplement qu'ici à Bloumécia, l’eau se trouvait en quantité.

« Remplissons nos outres, et demandons notre chemin à l’aubergiste. »

Inscription à la reconstruction de Clayra

Ah... Bloumecia.

Pour sûr que la ville avait bien changé depuis qu'elle avait entamé les longues étapes de sa reconstruction! Et sans l'aide précieuse d'Alexandrie et de Lindblum, peu probable que cette cité aurait pu retrouver sa gloire d'antan. D'ailleurs, bon nombre des aménagements mis en place venaient des idées géniales et farfelues du Roi Cid de Lindblum! Ces dômes de verre étaient presque dérisoires en comparaison des immenses vaisseaux qu'il pouvait construire.

Concernant les pluies torrentielles, après quelques explorations, Valéria pourrait voir qu'elles étaient déviées soit pour servir à se laver, se nourrir, mais aussi pour les rizières situées à flanc de montagnes avec les autres cultures, derrière la ville.

Plusieurs auberges en ville, mais les jeunes gens avaient choisi l'une des plus grandes, celle devant laquelle on mettait bon nombre de panneaux pour des petites missions en tout genre, souvent traduites dans les différentes langues d'Héméra, on voyait notamment une quête importante demandant à quelque âme charitable de retrouver le fameux rituel de la danse du soleil pour faire cesser la pluie de la ville pendant quelques heures... mais la mission qui prenait le plus d'importance était évidemment la reconstruction de Clayra.

La rate qui tenait l'auberge regarda les deux nouveaux venus avec un air bienveillant

«Pourquoi vous excuser, mademoiselle? Nul n'oblige personne à apporter son aide. Que vous le souhaitiez est déjà formidable!»

Elle ouvrit un petit tiroir et en sortit une carte montrant la route menant vers le "chantier", elle regarda à tour de rôle le grand costaud et la jolie blondinette

«Actuellement, ils ont surtout besoin de mages pour alimenter la graine... malgré tout, maintenant qu'ils la bombardent de magie, les fourmilions s'énervent! Les mages ont aussi besoin qu'on les protège.. je suppose que selon vos compétences, vous ne devriez pas avoir de mal à trouver quelque chose à faire là bas...»

Elle désigna sur la carte la sortie de la ville, filer droit vers l'Ouest pour gagner le désert - changement radical de température! - où se trouvait désormais l'immense trou avec de grands cordages en forme d'étoile pour rejoindre la graine en leur centre, la graine avait déjà commencé à germer, les immenses racines se propageaient désormais en dessous dans les nombreuses galeries déjà creusées par les précédents bénévoles, et le tronc commençait à se  former. Oui, ça avait déjà bien avancé!

«Bonne chance.. au moins à cette heure-ci, vous aurez surement moins chaud.»

Mais qu'ils se dépêchent quand même, car à la nuit tombée, le chantier est fermé!

L'auberge devant laquelle nous nous étions avancé paraissait vaste et accueillante. La ville que l'on disait morne et triste n'avait rien de spartiate, sinon peut être en sa lumière environnante qui, voilée par la pluie, ajoutait indéniablement un coté nostalgique à la vision de ces fenêtres et façades de verre au-travers desquelles filtraient la lumière intérieure.

De belle facture, la battisse avait tout de suite attirée mon regard, non pas par sa taille, mais par son panneau d'affichage sur lequel j'étais sur de pouvoir trouver du travail.

« Je t’en prie. »

Valéria voulait ouvrir la conversation, qu'elle le fasse, cela ne me gênait pas outre mesure, et puis, étant déjà fort imposant pour un humain, je ne pouvais qu'imaginer ce que je devais représenter pour le peuple de Bloumécia...

« En t’attendant, je vais jeter un œil aux missions offertes par les locaux. »

Et je laissais donc la chapardeuse magicienne franchir la porte de l'auberge pendant que j'entamais ma lecture des affichettes.

« Hum. »

L'une d'entre elle attira mon attention. Il s'agissait de retrouver un certain rituel de la danse du soleil afin que la ville puisse chasser la pluie durant quelques heures. La quête semblait fort intéressante, mais chose fort étonnante, il n'était pas fait mention d'une quelconque récompense.

*Surement un oubli.*

Je ne pouvais pas croire qu'une quête me semblant d'une telle importance ne soit récompensé que par des sourires et des remerciement. Aussi, arrachant l'affiche du panneau, je la rangeais sans un mot dans ma cape de voyage et attendit le retour de Valeria.

La rate tenant l'auberge me regardait au travers de sa fenêtre d'un air bienveillant, et je le lui rendait bien, du moins autant que mon visage le pouvait, c'est qu'il n'était pas vraiment habitué à sourire.

Et alors qu'elle semblait expliquer à mon amie d'enfance le chemin pour se rendre au chantier se trouvant plus à l'ouest, je scrutais pour ma part les étonnants dômes de verre surplombant les quartiers avoisinants, un moyen ingénieux pour d'une part, protéger les citoyens de la pluie, mais également pour la collecter.

Tant pour la cuisine que pour la toilette ou l'agriculture, cette manne inépuisable devait être une véritable bénédiction si l'on savait l'utiliser à bon escient. Raison de plus pour que le rituel de la danse du soleil soit forte attirante pour les locaux.

*Je ne suis qu'un mercenaire itinérant certes, mais je gage que le pouvoir de contrôler son écosystème vaut bien quelques gils, au moins.*

Et Valéria sortis enfin, de précieuses réponses à mon intention.

« Alors ne perdons pas de temps, il faut que je te montre quelque chose. »

Et sur le chemin nous menant au désert tout proche, je comptais à Valéria ma découverte de cette fameuse demande concernant la danse du soleil. Un travail à notre portée et qui selon moi valait la peine que l'on s'y intéresse de plus près.

Bientôt la pluie cessa et la chaleur nous enveloppa. J'ouvrais donc ma cape de voyage tout en prenant garde aux éventuels monstres présent aux environs. Valéria m'avait confié que l'aubergiste avait parlée de fourmillion devenant agressifs avec les sortilèges lancés sur la Graine, aussi, nous redoublâmes tout deux d'attention, car ces monstres étaient des plus redoutables.

Et après un voyage étonnamment tranquille qui voyait le soleil doucement descendre vers nous, le chantier nous apparut alors dans ses détails. Un trou gigantesque creusé dans le sol au centre de laquelle s'étalaient les racines massives de l'arbre en devenir. Un chantier qui ne semblait pas dater d'hier, et qui avait encore besoin de bras.

« Bonjour. Nous venons pour aider au chantier. »

Cette fois, j'avais parlé le premier. Le maitre de chantier, un rat semblant fort fatigué, semblait ravis de cette idée, et après lui avoir expliqué qu'en ce qui me concernait, je ne pourrais que servir de garde aux mages s'activant sur la Graine, je me plaçais à la périphérie du chantier, le regard fixant les dunes de sable environnantes, non sans avoir donné un dernier conseil à mon amie magicienne.

« Lorsque tu seras épuisée par le lancement de tes sorts, surtout ne prends pas de risque et reste derrière moi si jamais un monstre attaque. Tu auras peut être l’occasion de lui fracasser le crane de ta baguette qui sait ? »

Une remarque taquine, mais qui, connaissant Valéria, pourrait bien se réaliser.

Un bébé fourmilion sauvage apparaît!

Niveau 1
HP : 500
MP : 10

Faiblesse : Glace (X2)
Absorbe : Eau
Résistances Altérations : Résistance à toutes les altérations (50%)

Techniques : Attaquer (-10hp), Brasier (- 25hp, Type Feu, magique, - 5mp), Mini Sirocco (- 25hp, 20%Cécité sur tous, magique, - 10mp), GlueS (- 25hp, physique, -5mp)
Automatique : Riposte à chaque attaque physique encaissée avec Reversantenne (- 10hp)
___________________________________________________________________

Combat de type boss, vous disposez chacun d'une action combat (à prendre dans votre fiche de combat), et d'une action rp.

Qu'est-ce qu'une action rp? Une action qui se fait via votre environnement, contrairement à votre action combat, sa réussite n'est pas garantie:
Un dé 100 est lancé:
de 1 à 10 > l'action est parfaitement réussie
de 11 à 50 > l'action est réussie
au-delà > l'action est ratée.

Une action rp peut consister à plusieurs choses:
- Augmenter les dégâts de votre action combat (vous concentrer pour viser un point précis de la cible, chercher son point faible, etc.)
- Ajouter un effet à votre attaque (ajouter un élément, par exemple en piquant la gourde d'eau du voisin, vous pouvez ajouter l'élément eau à votre attaque, sinon ajouter une altération d'état, par exemple soit en jetant du sable dans les yeux pour chercher à infliger une cécité, soit couper la gorge pour essayer de faire mutisme etc.)
- Améliorer vos capacités défensives (se concentrer pour créer un mur, se cacher derrière quelque chose pour se protéger de la prochaine attaque, se placer devant son partenaire pour encaisser les coups etc.)

Les possibilités sont multiples, tout dépend d'une cohérence rp par rapport à votre action. Mais n'oubliez pas que cette action ne va pas forcément réussir.

Évitez donc de décrire à l'avance ce que vous allez faire, car vous ignorez de quelle manière vous allez réussir (est-ce que le fourmilion va se protéger de vos coups? est-ce que vous allez faire un coup critique?) Il est généralement préférable d'attendre le bilan pour voir clairement les actions réalisées. Au final, dans les combats avec bilan, vos postes servent surtout à décrire le bilan précédent, et à élaborer vos stratégies. Mais évitez au maximum de poster à l'avance vos actions pour ne pas vous retrouver embêtés si tout ne se passe pas comme prévu!

Ordre de passage
Valeria
Schneid
Bébé Fourmilion

Bonne chance!

Tour 1

Valéria: Étincelles dans une nuit d'encre > -25 hp [Fourmilion], -10 mp [Valéria]
{38/100} l'un des rats parvient à mettre rapidement la main sur un éther > +100 mp [Valéria]

Schneid: Attaque > -10 hp [Fourmilion]
{37/100} Schneid parvient à frapper en plein sur le museau > {Critique} -15 hp [Fourmilion]
Reversantenne > {Blocage!} -5 hp [Schneid]

Fourmilion: GlueS > -25 hp [Valéria], -5 mp [Fourmilion]

Récapitulatif:

Schneid: 495/500 hp • 10/10 mp
Valéria: 475/500 hp • 10/10 mp

Fourmilion: 450/500 hp • 5/10 mp

Deux rats de Bloumecia arrivent à la rescousse!

Infos:
Rat A (nom au choix): 500/500 hp • 10/10 mp
Rat B (nom au choix): 500/500 hp • 10/10 mp

Techniques: Attaquer (-10 hp), Saut (-25 hp, 5mp), Foudre (-25hp, type foudre, 5mp)

Chacun d'entre vous peut gérer l'un des rats! Vous devez donc me donner chacun une action combat pour chaque rat, et une action rp! (histoire que ça soit plus intéressant ^^). Vous pouvez aussi choisir le nom de chaque rat!


Rappel Fourmilion:

Faiblesse : Glace (X2)
Absorbe : Eau
Résistances Altérations : Résistance à toutes les altérations (50%)

Techniques : Attaquer (-10hp), Brasier (- 25hp, Type Feu, magique, - 5mp), Mini Sirocco (- 25hp, 20%Cécité sur tous, magique, - 10mp), GlueS (- 25hp, physique, -5mp)
Automatique : Riposte à chaque attaque physique encaissée avec Reversantenne (- 10hp)
___________________________________________________________________

Tour 2

Splinter: Saut > -25 hp [Fourmilion], -5 mp [Splinter]
{63/100}  avec le sable, pas évident de bien viser! > Raté!
Reversantenne > -10 hp [Splinter]

Ratata: Saut > -25 hp [Fourmilion], -5 mp [Ratata]
{54/100}  avec le sable, pas évident de bien viser! > Raté!
Reversantenne > -10 hp [Ratata]

Valéria: Étincelles dans une nuit d'encre > {10/10 Critique Mag!} -50 hp [Fourmilion], -10 mp [Valéria]
{52/100} malheureusement, même si Valéria a déchaîné une sacrée énergie, elle ne parvient pas à viser la blessure du fourmilion > Raté!

Schneid: Attaque > -10 hp [Fourmilion]
{25/100} Schneid parvient à frapper exactement au même endroit que la première fois > {Critique} -15 hp [Fourmilion]
Reversantenne > -10hp [Schneid]

Fourmilion: Foudre > -25 hp [Ratata], -5 mp [Fourmilion]

Récapitulatif:

Schneid: 485/500 hp • 10/10 mp
Valéria: 475/500 hp • 0/10 mp

Fourmilion: 325/500 hp • 0/10 mp

Splinter: 490/500 hp • 5/10 mp
Ratata: 465/500 hp • 5/10 mp

Techniques: Attaquer (-10 hp), Saut (-25 hp, 5mp), Foudre (-25hp, type foudre, 5mp)

=====================
Rappel Fourmilion:

Faiblesse : Glace (X2)
Absorbe : Eau
Résistances Altérations : Résistance à toutes les altérations (50%)

Techniques : Attaquer (-10hp), Brasier (- 25hp, Type Feu, magique, - 5mp), Mini Sirocco (- 25hp, 20%Cécité sur tous, magique, - 10mp), GlueS (- 25hp, physique, -5mp)
Automatique : Riposte à chaque attaque physique encaissée avec Reversantenne (- 10hp)
___________________________________________________________________

A la faveur d’une nuit approchante, le combat se poursuivait. Coups d’une violence certaine et attaques magiques se succédaient de part et d’autre de l’entonnoir où le bébé ne cessait de vagir. Furieux de recevoir coup sur coup de la part de plus en plus de personnes, il ripostait à chaque assaut avec une vaillance certaine.

Entre la faim et la peur, Valéria ne savait exactement quelle sensation secouait à l’animal. Sans doute un mélange des deux en plus de la colère qui se manifestait au moindre choc l’atteignant de plein fouet. Serrant les dents, elle retient le cri qui aurait pu lui échapper quand les terrifiants mandibules se refermèrent sur son bras déjà blessé.

Se dégageant aussi sec, elle tourna la tête vers Splinter tout proche. Plus grand et vif que la plupart des rats qu’elle avait pu croiser à Bloumécia, il possédait aussi une remarquable agilité. Sans le moindre doute ce qui lui avait permis de s’en sortir indemne malgré la violence de la riposte du fourmillion. A moins que la chair de rat ne soit pas aussi goûteuse que la chair humaine. Comparaison que la jeune blonde n’aurait heureusement jamais à faire et puis le temps n’était pas à ce genre de réflexion mais bien au combat.

Baissant la tête à la remarque de Schneid, elle se concentra à son tour. Cette fois, elle n’avait plus le moindre soupçon de mana et à moins d’en recevoir de la part de l’un des mages se tenant à quelques pas, elle n’aurait plus d’autre choix que d’entrer dans un style de combat qui était tout sauf son domaine de prédilection.

Serrant l’Aiguille d’Onyx entre ses mains, elle prit une posture bien différente de toutes celles qu’elle avait prises jusqu’à présent, sonnant la suspension temporaire de ses joutes magiques. Se tendant aussi intensément qu’elle le voulait, elle guetta les assauts des gardes et de schneid. Plus petite, plus légère, elle devait aussi veiller à ne gêner aucun des trois imposants combattants se tenant à ses côtes…

Comme lors de certaines aventures passées, elle se sentit presque honteuse de son peu de force physique mais la nature l’avait faite ainsi. Elle n’avait qu’à s’en accommoder avec tout le lot d’épreuves, de défaites ou d’humiliations que cela pouvait comporter.  La vie était ainsi faite et il ne fallait jamais se laisser abattre.

Observant les attaques physiques de Schneid et du rat frisé par la grâce du fourmillion, elle laissa à Splinter la grâce de poursuivre l’œuvre d’annihilation lancée sur le prédateur. Un seul regard entre eux avait suffi pour qu’ils se comprennent et que le rat combattant ne s’élance à son tour en un immense bond encore plus impressionnant que le précédent. Assaut qui se termina par un plonger droit vers les puissantes mandibules.

Tous venaient de frapper. C’était à présent son tour et retenant son souffle la jeune femme se détendit à son tour, profitant de son élan pour frapper directement un point d’articulation de la mandibule de la bête. Elle ne possédait évidemment pas d’épée ou d’arme lourde mais la pointe de l’Ecaille d’Onyx était si effilée qu’elle pouvait si elle touchait au bon endroit, sous le bon angle fondre au plus profond d’une carapace comme l’aurait fait une aiguille plus qu’affûtée surtout après avoir été chargée par deux fois d’électricité…