Une brève halte

Irvine et Sheli viennent des plaines de Canyon Cosmo
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Quel dommage, le duo avait réussi à trouver la chimère de la terre, malheureusement ils avaient échoué à son épreuve qui aurait pu leur permettre de connaître l'emplacement du cristal correspondant. Dans un premier temps, Sheli s'en était voulu puisqu'elle avait pris la plupart des décisions au cours de l'épreuve. Cependant, après une bonne nuit de sommeil et une petite balade, elle avait réussi à se sortir cet échec de sa tête, malheureusement, elle avait appris une nouvelle technique qu'elle avait bien du mal à maîtriser.

Il fallait dire qu'ils étaient deux en fait, car lui-même avait appris une capacité qui devait lui permettre de protéger la demoiselle, sauf qu'il était devenu sans le savoir totalement irrésistible aux yeux des monstres qui lui étaient sauté dessus, le couvrant de bave au point que la jeune femme montrait une crise de jalousie? Inutile de dire que sa réplique n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd, cependant il n'était pas le genre à se jeter sur une fille de cette manière - quoi qu'on pense à son sujet - surtout une étudiante dont il avait la responsabilité, aussi il avait seulement frotté ses joues contre les siennes pour qu'elle se retrouve aussi couverte de bave!

Résultat, ils étaient tous les deux au bord d'une rivière à se rincer avant de reprendre la route pour gagner Gongaga. Et inutile de dire que si Sheli avait envie d'un bon bain et d'une suite de luxe après ce carnage, elle allait rapidement être déçue en voyant le paysage du village! Ça allait être difficile de trouver un hôtel ultra moderne avec la super salle de bain dans ce petit patelin, et comme elle le disait si bien, c'était le trou du cul du monde ici!
«Je crois que c'est raté pour la suite! Espérons que ce sera mieux à Costa Del Sol?»

Dès l'entrée du village, ils pouvaient remarquer des petites tombes et une vieille dame se recueillait sur l'une d'entre elles. Cet endroit avait vraiment quelque chose de glauque et le jeune homme s'y trouvait mal à l'aise. Il se pencha donc vers Sheli pour murmurer «Euh, tu sais quoi? On prend une douche, on file au lit et on dégage rapidement demain matin!» car franchement, il ne fallait même pas espérer avoir quelque chose à faire dans un endroit pareil!

Il trouva finalement l'auberge et se demandait si c'était vraiment ça?
«Euh... y'a quelqu'un?» apparemment non, jusqu'à ce qu'un mec apparaisse en leur demandant ce qu'ils voulaient. Sympa le gars! Visiblement il n'est pas motivé pour se faire de l'argent? Irvine se mit à soupirer avant de poser la main sur le comptoir
«On voudrait une chambre?»
- «Il n'y a pas de chambre ici... juste un dortoir. C'est 50 gils par personne.»
- «Euh... ok. Y'a une salle de bain au moins?»
- «Oui, bien sur.»

Bon, et bien ils allaient donc prendre ça. Le jeune homme sortit donc 50 gils avant de se tourner vers la demoiselle «Bon, pour cette fois on partage et je te paie la chambre à Costa Del Sol? Je pense que tu y gagnes non?» il aurait tout aussi bien pu faire l'inverse, payer ici et faire le partage là bas! Mais il fallait croire qu'il savait tout de même être gentleman à ses heures hein?

L'aubergiste encaissa et les laissa simplement passer pour gagner le dortoir, et le jeune homme grimaça en voyant l'endroit, des lits simples, alignés les uns à côté des autres. Il se tourna alors vers la jeune femme avec un air amusé «Au moins cette fois, aucun risque que tu me sautes dessus pendant la nuit hein?» ni qu'elle lui pique la couverture. En tout cas, si elle voulait aller prendre un bain, elle pouvait toujours essayer, mais dans un endroit pareil, il doutait qu'il y ait de l'eau chaude!

Bon, au moins, Irvine ne m’avait pas prise pour une attardée mentale lorsque je l’avais pris par le col pour le secouer, criant désespérément que je n’aurai pas ma chambre de luxe. C’était bel et bien Gongaga que nous avions devant nous et franchement, c’était vraiment le coin le plus paumé que j’ai pu voir jusque là, même sur Dol, pire que ca, on ne trouve pas. Dès qu’on fit le premier pas dans ce village ruiné, la première vision qui s’offrit à nouveau fut … des tombes. Alignées, les unes à côté des autres, et là, j’avais l’impression de me retrouver dans ces fameux villages paumées dans le trou du cul du monde dans ces films d’horreur où il se passe des trucs bizarres. Machinalement, dans ce décor sombre et flippant, je m’étais accrochée au bras d’Irvine, ne réfléchissant même pas deux secondes que je pourrais le brûler si je perdais le contrôle de moi-même, et lorsqu’il se pencha pour suggérer de déguerpir rapidement le lendemain, je me mis à hocher rapidement de la tête.

« Vaut mieux, cet endroit me fout la chair de poule. »

Direction l’auberge, enfin, direction une maison qui ressemblait à une auberge, et autant dire qu’en plus d’avoir une ambiance glauque, on avait le droit à un aubergiste des plus désagréables. Pas de chambre, seulement un dortoir ? Et une salle de bain commune ? Mpff. Je déposais cinquante gils sur le comptoir puisque pour cette fois, on partageait, et je me mis à afficher un sourire amusé lorsqu’Irvine déclara payer une vraie chambre une fois à Costa Del Sol.

« T’as intérêt. J’ai hâte d’y être, ce village me fait penser à un film d’horreur. »

Attention, ca sent la paranoïa à plein nez pour la nuit à venir. L’aubergiste m’avait évidemment lancé un regard noir suite à ma comparaison, mais je m’en fichais, c’était la vérité. Quant au dortoir, plein de lits alignés les uns à côté des autres … Ouaip, en effet, il ne risque pas d’y avoir d’accident cette nuit avec la couverture, et je ne risquais pas de me retrouver miraculeusement collée contre le jeune homme avec ma main qui sert de doudou. Bref, pour l’heure, il me fallait un bon bain !

« Bon désolée, mais je pique la salle de bain la première ! »

En espérant ne pas m’endormir dedans, j’étais vraiment trop crevée. Je déposais mes affaires près d’un des lits, je ramenais mon sac sur le matelas pour commencer à le fouiller à la rechercher de mon pyjama … que je ne trouvais pas, me dites pas que je l’ai oublié à Nibelheim ! Je me mettais à sortir et balancer mes fringues les uns derrière les autres, me fichant bien de foutre le bordel dans la pièce, tout y passer, culottes, shorts, jupes, t-shirt, et … euh ? Une nuisette ? Non non … LA nuisette ?? Le pire, c’est que je ne m’en étais pas rendue compte tout de suite, elle avait donc déjà pu atterrir aux pieds d’Irvine et je me redressais donc pour la regarder, avant de me mettre à piquer un fard en plaçant ma main devant ma bouche. Oups ?

« C’est pas ce que tu crois, je ne savais même pas que je l’avais prise !! »

J’en venais à me taper le front. Erreur monumentale, j’allais m’en prendre plein la gueule, pour sûr ! Enfin, je me dépêchais de fuir toute éventuelle remarque à ce sujet en plongeant mon nez dans mon sac jusqu’à enfin trouver le fameux pyjama. Je revenais vers Irvine pour au moins lui arracher la nuisette des mains et la remettre à côté de mon sac et j’allais m’enfermer dans la salle de bain … Ou pas.

« Mais quelle bande d’imbéciles !! Une salle de bain commune et ils sont même pas capables d’installer une porte qui se ferme à clé ! »

Ouaip, j’avais parlé suffisamment fort pour que même Irvine m’entende, et une chose est sûre : qu’il ne vienne pas s’amuser à entrer dans la salle d’eau pendant que je me lave sinon je lui envoie un savon à la figure ! Et dieu sait que ca pique les yeux le savon ! Mpff, je tentais de fermer au moins la porte, même si ce n’était pas à clé, et je m’approchais de la PETITE, oui vraiment petite, baignoire pour la remplir d’eau … froide. Ca sert à quoi d’avoir un robinet pour l’eau chaude si l’eau est quand même froide ? Groumph. Rien que de tâter la surface de l’eau avec mes doigts me donnait des frissons. Hm ? Quoi que ? J’avais une petite idée en tête. Je pris une profonde inspiration pour plonger l’intégralité de ma main dans l’eau, me concentrant pour faire appel à ma technique de feu et effectivement, l’eau se réchauffa à vitesse grand V, et je ne sortais ma main que lorsque la vapeur commença à être un peu trop abondante. La température était toute bonne et j’affichais un sourire satisfait. En fait, ca peut servir la magie !

Instinctivement, je me retournais pour m’assurer qu’il n’y avait personne. Bah oui excusez-moi mais dans un village aussi glauque, dans un dortoir, et une salle de bain commune avec une porte qui ne se ferme même pas, je me méfiais un peu quand même ! Personne, je me déshabillais donc pour plonger dans l’eau, et … ô grands dieux, que ca faisait du bien ! Soupirant de bien-être d’être enfin posée après une telle journée de marche, je fermais simplement les yeux pour me laisser glisser un peu plus dans la baignoire. Problème ? C’est que je risquais non seulement de mettre plus d’une heure, mais je risquais aussi de m’y endormir vu mon niveau de fatigue …

Le côté psychopathe de Sheli ne l'étonnait même plus, ni son langage assez direct! Cette auberge avait vraiment un petit côté flippant et le propriétaire n'avait pas l'air très content de les voir. Pourtant en temps normal, c'est un petit village sympathique, mais il fallait croire qu'avec la fusion des mondes, ils devaient avoir un peu peur des étrangers.

En tout cas, la pièce n'était même pas une chambre mais un dortoir, au moins ils étaient seuls, il n'y avait pas d'autres clients pour le moment, car mine de rien, Irvine n'aurait pas aimé tomber face à des gens qui auraient pu ronfler. Rapidement, la jeune femme signifia vouloir prendre un bain et le jeune homme hocha de la tête pour approuver «Vas y mais je suis pas sur qu'il y ait de l'eau chaude ici...»

Il s'était assis sur le lit à côté de celui que la demoiselle avait choisi, c'est alors qu'elle commençait à fouiller dans ses affaires pour chercher son pyjama et se mit donc à sortir toutes ses affaires au point de les étaler un peu partout «Euh, le sol n'a pas l'air très propre... tu devrais...» il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une jolie petite nuisette atterrit à ses pieds! Et alors là, inutile de dire qu'elle allait morfler!

Il l'attrapa délicatement pour la tenir par les bretelles et regarder la jeune femme en haussant un sourcil clairement moqueur
«Non mais dis donc! C'est qu'en fait, tu m'allumes carrément! Entre ta crise de jalousie sur les monstres et ça que tu trimballes dans tes affaires hein?» elle avait beau lui dire qu'elle n'avait pas fait exprès de l'emmener, il n'était pas dupe et se leva pour mettre ses mains sur ses hanches en se penchant d'un air amusé vers elle, alors que leurs nez se touchaient presque «T'es une petite coquine en fait hein? Ta mère avait raison finalement!»

Il pouffa de rire alors qu'elle se réfugia dans son sac pour enfin trouver son pyjama et filer dans la salle de bain. Lui de son côté pouffait de rire, mais se dirigea plutôt vers l'accueil pour voir s'il était possible d'avoir un truc à manger dans ce trou perdu. Maintenant qu'ils avaient payé, le type à l'accueil semblait plus aimable malgré les commentaires sur son auberge et proposa un bon potage maison avec des morceaux de viande. Bon, ça ne risquait pas de vraiment les caler, mais ce serait toujours ça de pris, c'est alors que le jeune homme se souvint d'un truc!

«Dites, vous n'auriez pas des fraises des fois?»
- «Euh, si je dois en avoir... pourquoi?»
- «Euh, c'est possible d'en avoir pour le dessert?»
- «Euh, juste des fraises comme ça? Avec du sucre?»
«Je ne sais pas, laissez le sucre à part au cas où!»
- «D'accord!»

Il allait donc préparer tout ça, pendant ce temps, Irvine revenait dans le dortoir et se changeait, enfin il enlevait seulement son manteau et son ceinture en fait. Il s'allongea sur le lit en attendant que la demoiselle sorte des dortoirs, mais elle mettait un temps fou ce qui fait qu'il dut se lever pour aller frapper à la porte lorsque l'aubergiste leur porta le repas
«Sheli? Debout! On va manger!»

Pas de réponse. Elle s'était endormie ou quoi? Le jeune homme se risqua à entrouvrir la porte et effectivement, elle était dans la baignoire, les yeux fermés, le bras pendant sur le côté et le jeune homme afficha un sourire amusé avant d'entrer, gardant tout de même ses distances de manière à juste toucher sa main sans trop se risquer à la regarder toute nue

«Youhouuu! La belle au bois dormant! Debout!» il savait qu'elle allait le tuer mais bon tant pis!

Quelle situation embarrassante, le pire c’est que j’avais dit la vérité, je ne savais même pas que j’avais rangé cette « petite tenue » dans mon sac. Comme d’habitude, j’ai tendance à le préparer vite fait bien fait – pas si bien que ca finalement – et puis hop. Bref, j’étais dans la baignoire maintenant, incident clos – ou pas ? Les yeux clos, je réfléchissais simplement. Inutile de dire que la façon qu’Irvine avait eue de m’attraper m’avait réellement perturbée, je revoyais clairement la scène dans ma tête repasser encore et encore, jusqu’à ce que je me mette à secouer violemment la tête pour chasser toutes les idées qui me traversaient l’esprit. Je soupirais, me remettais correctement dans la baignoire … pour finalement glisser à nouveau dedans, et je fermais à nouveau les yeux.

J’ignore pendant combien de temps je suis restée là-dedans, l’eau avait eu le temps de considérablement refroidir, et je crois bien que je m’étais endormie en réalité. Par chance, la baignoire était vraiment trop petite pour que je puisse m’enfoncer totalement sous l’eau, au moins, l’avantage de sa taille, c’est que je ne risquais pas de m’y noyer – sauf si je m’y installe comme une cruche. Ma main pendait sur le côté, je n’entendais même pas Irvine entrer ni m’appeler pour que je vienne manger. Je ne réagissais à rien, jusqu’à sentir qu’on me touchait la main et j’ouvrais alors les yeux. La fatigue était bien présente, au point que je ne réalise pas ce qu’il se passait, et je me redressais donc doucement jusqu’à me retourner pour voir ce qui me touchait. Irvine !??? J’écarquillais les yeux, piquant un fard phénoménal avant de me saisir du savon sur le bord de la baignoire et lui balancer à la figure.

« Sors d’ici !!!!!! »

Je crois que je n’ai jamais gueulé aussi fort, même les gens en dehors de l’auberge ont du m’entendre je pense ! Non mais ! Pervers ! Idiot ! Crétin ! Quelle idée d’entrer comme ca … Oui bon d’accord, je dormais, j’aurai pu me noyer si la baignoire n’avait pas été aussi petite, mais quand même !! Ah ! Inutile de préciser que j’étais sur les nerfs là. Je sortais à toute vitesse une fois qu’il fut dehors pour tirer la bonde de la baignoire, puis me sécher et enfiler mon pyjama avant de revenir dans la chambre. L’air profondément vexé de ce qu’il venait de se passer, je me mettais assise sur mon lit sans même prêter la moindre attention au repas. Même si Irvine me proposait de manger, je refusais en secouant la main.

« Je n’ai pas faim. »

Ce petit passage venait de me couper littéralement l’appétit. Enfin, « ces » petits passages. Entre la nuisette, la façon dont il m’a attrapée et maintenant ca … Mpff … Pourquoi je sens que je suis en train de rougir ? Je mettais ma main sur ma joue, j’avais chaud, trop chaud, anormalement chaud. Je me risquais à tourner les yeux vers Irvine, puis je baissais les yeux sur les assiettes pour constater qu’il y avait des fraises ? Ces petites choses étaient magiques, la simple vision de ces fruits me redonne de l’appétit … ou alors c’est juste de la gourmandise, et j’allais donc piocher dedans. Parfaitement, je ne touchais pas au plat chaud, je me contentais simplement des fraises pour manger, puis après en avoir piqué cinq ou six, je me levais pour ranger un peu le bordel que j’avais foutu. Je ramassais mes affaires aux quatre coins de la pièce, je secouais la plupart des vêtements pour enlever la poussière, et je rangeais tout dans mon sac. Dernière inspection pour vérifier que je n’avais rien oublié, puis dans le plus grand des silences, j’allais me planquer sous les draps de mon lit pour faire mine que je voulais dormir.

« Bonne nuit. »

Dis-je d’un ton sec. Il pouvait aller se laver, faire ce qu’il voulait, moi, je resterai planter dans mon lit. Même si finalement, je risquais de ne pas beaucoup dormir. Entre ces petites scènes qui me perturbent au plus au point sans que je ne sache pourquoi – sauf le coup de la salle de bain quand même – et cet endroit qui me foutait la chair de poule, non, j’allais vraiment avoir du mal à m’endormir. Vivement qu’on quitte ce village demain matin …

La réaction de Sheli était prévisible et pourtant, Irvine n'avait pas vraiment pensé à mal! Il avait volontairement gardé ses distances pour ne pas la voir dans la baignoire, mais la jeune femme n'avait pas vraiment eu le temps de se rendre compte de ce qu'il avait vraiment fait ou non, car elle lui lança sans réfléchir un savon en pleine figure, celui-ci lui rebondit sur le front, lui faisant basculer la tête en arrière au point qu'il tombait sur les fesses.

Elle hurlait qu'il sorte de la salle de bain et il ne se fit pas prier pour le faire! Rampant presque jusqu'à la porte, il la ferma rapidement derrière lui avant de se masser le front.
«Je ne t'ai pas regardé!!! Je voulais juste te réveiller pour venir manger!!» avait-il hurlé au travers de la porte. Effectivement, tout le voisinage avait du les entendre, mais peu importe, il s'éloigna rapidement au cas où elle sorte en trombe et s'installa plutôt à la table, continuant de se masser le front avec un air plutôt triste. Il aurait du plutôt tambouriner à la porte jusqu'à ce qu'elle se réveille au lieu d'entrer, mais il n'avait pas réfléchi en réalité et se retrouvait donc bien attrapé.

Lorsque la jeune femme sortit, elle semblait toujours aussi furieuse, manifestant qu'elle n'avait pas faim, cependant il essayait de mettre en évidence les fraises... même s'il n'espérait pas l'effet que sa mère lui avait signalé, il aurait aimé que ça l'aide un peu à ce qu'elle lui pardonne?
«Ta... mère m'a dit que tu aimais les fraises alors j'en ai demandé. »

Même pas un merci, rien. Cette fois, elle était vraiment fâchée après lui. Il mangea tout de même sa soupe histoire d'être en forme pour le lendemain, mais il ne toucha pas aux fruits. Elle s'était roulée en boule dans son lit en lui souhaitant bonne nuit, et il se leva alors en soupirant après avoir fini de manger. Prenant le bol de fraises, il le posa sur la petite table de nuit à côté du lit de la demoiselle, gardant toujours cet air profondément triste sur le visage
«Je suis vraiment désolé. Mais je te jure que je n'ai pas cherché à te regarder. Je voulais juste te réveiller sans te faire peur. J'ai raté mon coup.»

Il lui tourna ensuite le dos, ne se déshabillant même pas cette fois et il alla finalement se placer dans le lit le plus loin possible de la jeune femme, comme s'il espérait qu'ainsi il prouverait sa bonne foi en se mettant assez loin pour ne pas pouvoir la voir pendant son sommeil. Il retira seulement ses bottes et ne se glissa même pas sous les couvertures, croisant les bras devant lui pour ne pas ressentir le froid.

Il eut un peu de mal à s'endormir, mais finalement quand même la fatigue de la journée le rattrapa.
Le lendemain matin, allez savoir pourquoi ou comment, il se réveilla tôt. D'un autre côté, il avait encore le cœur lourd à l'idée d'avoir blessé la jeune femme, aussi il se redressa en grimaçant, il avait mal dormi sur ce lit qui s'avérait être trop petit pour lui. Il avait donc du dormir roulé en boule toute la nuit et ne rêvait que d'une chose, d'un bon café. Mais est-ce qu'il y en aurait ici? Ce n'était pas dit. Il ne savait même pas si Sheli était réveillée? Aussi il se risqua à se mettre au moins assis, il n'avait pas pris de douche hier à cause de ce qu'il s'était passé, mais finalement il se rendit dans la salle de bain en attendant qu'elle se lève.

Il se déshabilla rapidement avant de se glisser dans la cabine de douche. Une douche froide, ça allait lui faire du bien probablement? Au fond, il ne savait pas trop et il espérait que cette nouvelle journée aiderait à tourner la page. Au fond, il n'était pas malheureux parce qu'elle était fâchée après lui, il était triste car il n'aimait pas blesser quelqu'un, surtout une jolie fille, quelle qu'elle soit. Il tournait le dos à la porte de la salle de bain, mais de toute manière il s'en fichait un peu, après l'épisode de la veille, elle ne risquait pas de rentrer, sauf si elle espérait lui rendre la monnaie de sa pièce mais elle ne semblait pas si vicieuse tout de même.

Normal que j’étais furieuse, fâchée, perturbée. Débarquer comme ca dans la salle de bain alors que je suis dans la baignoire … Mpff. Et ces imbéciles ne pouvaient pas installer une porte qui se ferme à clé je suppose ? Non, bien sûr que non. Résultat, j’étais partie me coucher en mangeant à peine. Irvine était venu s’excuser et se justifier en ramenant le bol de fruits, mais je me retournais violemment dans le lit pour lui tourner le dos, préférant ne pas répondre avant qu’il y ait de véritables étincelles. Il alla se coucher lui aussi, je me doutais que je lui faisais du mal à être ainsi, mais lui aussi, il m’avait fait mal !

Je me planquais carrément sous les draps, quoi qu’en laissant un trou quand même pour avoir de l’air – manquerait plus que je m’étouffe avec mes conneries – et je fermais les yeux. Simplement fermer, j’étais fatiguée, une part de moi avait envie de dormir, l’autre savait que j’allais avoir du mal, et c’est cette dernière qui prenait le dessus. Pendant une grande partie de la nuit, alors que la pièce était plongée dans un noir total, je prêtais une oreille attentive. Le moindre craquement sur le sol, le moindre bruit étrange accélérait mon rythme cardiaque. Trouillarde la SeeD n’est-ce pas ? Bah ! Je n’y peux rien si cet endroit est franchement trop glauque ! M’enfin … Finalement, toute la fatigue accumulée au cours de la journée finit par prendre le dessus et je tombais enfin dans les bras de Morphée.

Cependant, le sommeil fut léger, dès qu’Irvine se leva, j’ouvrais un œil. Je ne bougeais pas, à voir l’éclat de la lumière, il devait être très tôt, et ca ne m’étonnerait pas qu’il se lève maintenant à cause de ce qu’il s’était passé la veille. Je restais allongée, emmitouflée dans les couvertures, fermant les yeux pour faire mine de dormir s’il passait devant, et dès qu’il fut enfermé – ou pas - dans la salle d’eau, je me redressais. J’attendais, j’attendais d’entendre l’eau couler pour me lever totalement et me dépêcher de m’habiller, enfilant jupe, short – comme toujours – t-shirt et je sortais. Je laissais mes affaires dans la chambre bien sûr, pas qu’il croit que j’ai pris la poudre d’escampette pendant qu’il avait le dos tourné, j’allais juste prendre l’air, car moi aussi, j’avais le cœur lourd.

Je passais devant l’aubergiste sans même prendre la peine de le saluer, de toute façon je crois qu’il ne peut pas m’encadrer à cause de ma réflexion d’hier, je sortais dehors, frissonnant à cause de l’air frais, merde, j’aurai du prendre un gilet. Tant pis ! Je constatais que ce village était en bord de falaise, donnant une vue sur euh … un truc pété en mille morceaux, enfin je m’installais, assise au bord à regarder le paysage fort peu joyeux qui se dressait devant moi. Cette chose en ruine, à bien l’observer, n’était-ce pas un de ces réacteurs comme celui que nous avions vu au Mont Nibel ? Sûrement, enfin bon, pour le coup, je me fichais de savoir ce qu’il s’était passé ici. J’avais besoin de faire le point.

En général quand je ne vais pas bien et que j’ai besoin de conseil, je me tourne vers ma mère, elle est toujours prête à me parler n’importe quand, elle le fait entre deux patients parfois. Je prenais donc mon téléphone dans la poche de ma jupe, mais je constatais que je n’avais aucun réseau ici … En même temps, c’était le trou du cul du monde ici, entre Canyon Cosmo et sa montagne et ici, m’ouaip, je n’avais pas eu l’occasion de donner de mes nouvelles. J’avais intérêt à le faire dès que je le pouvais, sans quoi elle risquerait de s’inquiéter. Je rangeais l’appareil puisqu’il ne me servait à rien, puis je continuais d’observer le paysage avec une pointe d’amertume au cœur. Il était vrai que ca avait été osé d’entrer comme ca hier et que je l’avais vraiment mal pris, mais n’avais-je pas été trop dure ? Vraiment, je devrais aller m’excuser …

Je restais encore quelques minutes avant de me décider à me lever et retourner à l’auberge. Irvine était évidemment sorti de la salle de bain depuis le temps et je me tenais immobile contre la porte une fois fermée. Je me mis à le fixer longuement avec un regard rempli de tristesse et de regrets, et je finissais par m’approcher lentement pour le prendre dans mes bras. Un geste qui allait être confus probablement, mais un geste qui signifiait que je demandais le pardon.

« Je suis désolée … Je ne veux pas perdre quelqu’un de plus, pas à cause d’un tel malentendu … »

Non, décidément non, il fallait que je répare mes erreurs avant de faire réellement du mal à quelqu’un.

Avec l'eau froide, on pouvait dire que le jeune homme n'avait pas vraiment envie de s'éterniser plus longtemps! Il sortit donc rapidement de la douche avant de s'enrouler dans une serviette. Il baissa les yeux sur son flanc, de toute évidence, sa côte ne le faisait plus souffrir, mais bon, est-ce que c'était vraiment important à l'heure actuelle?

Honnêtement, il s'en foutait totalement. Il se sécha rapidement et s'habilla avant de soupirer tout en refaisant sa queue de cheval. Son chapeau sur la tête, il sortit doucement en constatant que Sheli n'était plus là. Au moins, ses affaires étaient encore au pied du lit, donc elle n'était pas vraiment partie. Il mit ses mains dans les poches et alla voir avec l'aubergiste s'il était possible d'avoir du café? De toute évidence, c'était possible aussi il demanda carrément la cafetière avec du pain et de la confiture. L'avantage était qu'ici, tout était fait maison et probablement qu'ils mangeraient le meilleur petit déjeuner qu'ils aient jamais mangé!

Il prit donc le plateau et retourna dans la chambre, espérant que Sheli revienne rapidement... au bout de plusieurs minutes, la jeune femme revenait enfin, affichant un air plutôt triste avant de se jeter carrément dans ses bras pour s'excuser... sur le coup, il ne savait pas quoi faire et on aurait dit alors que les rôles de la veille étaient inversés! C'était lui qui n'osait pas la prendre dans ses bras de peur de la blesser.
«Je... tu n'as pas à t'excuser. J'ai été stupide, j'aurais du plutôt crier à travers la porte au lieu d'entrer, j'ai pas réfléchi.»

C'était vrai en plus, il n'avait pas réfléchi du tout même, ce qui était plutôt fréquent le concernant lorsqu'il était question d'une fille. Il finit par baisser la tête tout de même pour la serrer contre lui, mais pas trop pour ne pas qu'elle soit mal à l'aise.
«Mais euh... pourquoi tu penserais me perdre pour ça? C'est plutôt moi qui avait peur que tu ne veuilles plus me parler! C'est moi qui ai fait la connerie non?» enfin en tout cas c'était ce qu'il pensait?

Mais visiblement, elle s'en voulait pour sa réaction qu'il trouvait totalement légitime! Il est un peu normal qu'une jeune fille se vexe lorsqu'un homme entre dans la salle de bain alors qu'elle est nue! Sauf s'ils sont en couple évidemment ce qui n'est pas le cas. Et le jeune homme était loin de penser à une telle chose, après tout, il gardait encore Selphie et sa déception bien ancrées en lui.

Il recula alors en montrant le plateau du petit déjeuner, essayant de sourire tout de même
«Bon, on devrait manger un peu et partir rapidement de cet endroit! Après tout, on doit toujours aller à Junon hein? Et toi, tu n'as rien mangé hier.»

Il lui fit un signe de tête avant de lui faire une pichenette sur le nez en reprenant son petit sourire en coin malicieux, espérant surtout lui arracher un sourire afin qu'elle cesse de faire la tête! C'était sa faute si elle était dans cet état après tout donc c'était à lui de faire en sorte que ça aille mieux!

Il s'installa à la table et commença à servir le café, désignant le reste du plateau d'un signe du menton «L'aubergiste m'a dit que tout était fait maison, le pain comme le beurre et la confiture! J'espère que ce sera bon quand même!» s'agirait pas qu'ils soient malades avant de partir non plus.

Un jour, quelqu’un m’a dit que lorsqu’il y a une dispute – ou un malentendu dans ce cas précis – entre deux personnes, la faute n’est jamais rejetée totalement sur une personne en particulier, on est tous fautifs. Irvine était entré dans la salle de bain à l’improviste, ca avait été l’élément déclencheur, mais moi, je m’étais emportée et lui avais bien fait la gueule pour ca en me montrant particulièrement froide, ca me donnait un tort également. Le seul truc que je pouvais faire à l’heure actuelle pour arranger les choses, c’était m’excuser, je ne voulais pas qu’une amitié parte en fumée ainsi à cause d’un tel malentendu. C’était ce que je disais clairement à Irvine, et j’avoue que sa réaction eut de quoi m’étonner un peu. Je me reculais pour pouvoir le regarder dans les yeux, sans pour autant le lâcher alors qu’il disait que c’était lui qui avait la connerie et seulement lui. Oui bon certes, il fallait admettre qu’il avait fait le con en débarquant comme ca dans la pièce, mais quand même …

« Certes, mais je n’aurai pas du me montrer aussi méchante. »

Il finissait par me lâcher pour désigner le plateau contenant le petit-déjeuner, et il répéta ce que l’aubergiste lui avait dit : tout était fait maison ici. Ce ne serait pas étonnant vu le coin paumé dans lequel se trouvait ce village, mais j’espérais, comme lui, qu’on ne tombe pas sur des aliments pourris ou bourrés de merde qui traînent dans l’air. Pas envie de tomber malade. Je me massais juste le nez suite à la pichenette que j’avais reçue avant de venir m’installer à table. Il était vrai que, comme j’avais mangé très peu la veille, mon estomac semblait me gronder de l’avoir laissé vide – ou presque - pendant un long moment. Je me servais donc, quoi que je ne faisais que des tartines de beurre dans un premier temps, puis seulement après je me mis à goûter à la confiture et effectivement, rien à voir avec ce qu’on peut acheter dans un supermarché ou autre ! Ca se sentait que c’était fait à la main, les saveurs n’étaient pas pareilles.

« Bon … Je dois admettre que même si ce village me fout les jetons, au moins, la nourriture est bonne. »

Trop bonne même. J’en venais à me resservir plusieurs fois, et ce, même si je jugeais avoir suffisamment mangé, c’était de la pure gourmandise. D’ailleurs en parlant de gourmandise, je pensais soudainement à quelque chose et je me mis à hausser un sourcil amusé.

« Au fait, j’espère que tu n’oublies pas cette histoire d’hamburger, hm ? Je me demande si on en trouvera à Junon ? Ou même à Costa Del Sol ? »

Car après tout, si on regardait la carte, notre position actuelle par rapport à Junon, il faudrait bien qu’on s’arrête à Costa Del Sol. Si le nom déjà en disait long sur ce à quoi la ville pourrait ressembler, je risquais de craquer en la voyant. Une plage, des touristes, du soleil … En gros, ca rime avec vacances ! Bref, on finissait de manger, et pour la peine, je ne débarrassais rien, l’aubergiste n’aurait qu’à bouger ses fesses pour ramener tout ca ! En espérant que ca le force à faire le ménage tiens, et à réparer la porte de la salle de bain aussi ! Je prenais mon sac pour ma part, et je me tournais vers Irvine en affichant un sourire sincère.

« Je doute qu’il y ait grand-chose à voir ou acheter ici, donc on part tout de suite ? »

D’une part, c’est ce qui était convenu, ce village était tellement glauque qu’on voulait déguerpir rapidement. D’autre part, je me trompais quand même puisqu’ils possédaient d’assez bonnes gemmes ici, même si je n’avais pas suffisamment évolué pour pouvoir les utiliser, et de toute façon, je préfère économiser mon argent pour le moment ! On sortait donc, quittant enfin ce village pour retomber dans les plaines, et là, je m’arrêtais quelques instants pour m’apprêter à fouiller dans mon sac.

« Tu veux que je sorte la carte pour que tu évalues un peu l’itinéraire ? »

Irvine et Sheli viennent de Costa Del Sol
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Le chemin depuis Costa Del Sol serait sans embûche cette fois-ci, cependant, il ne fallait pas oublier qu'ils avaient besoin d'argent s'ils espéraient pouvoir quitter ce monde pour aller... euh, ailleurs? Mais bon, ils avaient quand même du bon temps à prendre par ici, sur Gaïa, surtout lorsque Sheli remarqua le Gold Saucer dans le ciel, la main en visière au-dessus de ses yeux à vouloir s'y rendre.
«Je me demande si l'entrée est payante, sinon oui, il faudrait qu'on y aille, ça pourrait être marrant!»

En tout cas, ça le tentait bien de son côté, et ils feraient donc sûrement un petit détour pour s'y rendre, sauf que pour le moment, ils ne savaient pas comment on faisait pour monter là haut! Un simple renseignement facile à obtenir sur ce monde puisque tout le monde savait bien qu'il fallait passer par Corel Nord, mais évidemment, quand on ne vient pas du coin, ce n'est pas aussi facile à savoir!

Lorsqu'ils traversèrent la rivière, Irvine enserra un peu plus la taille de Sheli, peut être pour la réchauffer ou la rassurer afin qu'elle ne se laisse pas aller aux flammes et qu'elle ne puisse donc pas brûler la monture une fois de plus, mais tout allait bien aussi ils accélérèrent le pas, le chocobo se sentant probablement mieux dans les steppes plus verdoyantes du Sud qu'aux alentours du désert! Le jeune homme avait retiré son manteau pendant le trajet, car même s'ils avaient évité les sables brûlants, il faisait quand même chaud au cours de cette matinée.

Il commençait à avoir faim aussi, car même s'ils avaient mangé à midi, ce n'était qu'un simple sandwich et le souvenir de la bonne soupe maison de Gongaga lui mettait l'eau à la bouche, surtout qu'il commençait à faire nuit et qu'ils avaient donc intérêt à se dépêcher s'ils ne voulaient pas se perdre.
«On a mis plus de temps qu'on ne le pensait pour venir... j'espère qu'on n'est pas perdu?» mais non, à peine avait-il dit ça que les petites lumières du village étaient visibles au loin et il fit signe à Sheli de les suivre, car ils étaient effectivement en train de légèrement s'éloigner.

Au bout d'une demi-heure supplémentaire où le froid de la nuit leur mordait les joues, ils descendirent du chocobo pour le laisser repartir, entrant dans ce petit village encore plus lugubre à la nuit tombée qu'en journée pour se diriger directement vers l'auberge. Comme la dernière fois, ils payèrent plus pour un lit que pour une chambre mais surtout pour le repas! Et l'aubergiste se sentant un peu seul alla même jusqu'à leur proposer de dîner avec lui puisqu'il n'avait pas encore mangé non plus
«Avec plaisir!» dit le jeune homme avec enthousiasme! Ils allèrent d'abord dans le dortoir pour se changer un peu et se débarbouiller - pas envie de prendre un bain froid, lui ne pouvait pas réchauffer l'eau à volonté hein? - et attendit que Sheli fasse de même pour aller manger. Il était mort de faim mais l'aubergiste n'ayant pas beaucoup de temps avait fait surtout du réchauffé: la soupe du midi avec de gros morceaux de viande et de légumes, du pain, du fromage, et un reste de gâteau à la rhubarbe. C'était pas du grand luxe de manger les restes, c'est sûr, mais c'était suffisamment bon pour que le jeune homme soit satisfait, et le principal était de se remplir le ventre et il y avait de quoi ici!

«Vous faites tout vous-même ici?»
- «Oui. On n'a pas vraiment les moyens d'importer quoi que ce soit de Costa Del Sol vous savez... j'ai une vache et une chèvre pour le lait et le fromage, quelques poules pour les œufs, un potager et un verger pour les fruits et légumes. Les petits jeunes du coin font la chasse tous les jours pour approvisionner le village en viande... le vieux Boggle a un moulin et fait pousser un peu de blé pour la farine, ça nous suffit vous savez?»

Ça faisait un peu penser à Winhill, les habitants fonctionnent un peu comme ça aussi, mais ils reçoivent tout de même des denrées de Galbadia régulièrement. Le jeune homme n'osa pas demander comment ils faisaient pour les vêtements, est-ce qu'il y avait quelqu'un au village qui les tissait lui-même? Possible, sinon peut être qu'il y avait tout de même un marchand itinérant qui passait de temps en temps pour les approvisionner. On avait moins besoin de vêtements neufs que de nourriture après tout. Il se tourna vers Sheli pour voir comment elle se sentait, elle devait avoir mal partout elle aussi après l'après-midi passée à dos de chocobo, et une bonne nuit de sommeil leur fera du bien, même si cette fois, ils ne pourraient pas dormir ensembles, ni rapprocher les lits, ils étaient trop lourds pour ça.

La chance nous souriait on dirait, le voyage se passa sans encombre. D’une part parce que le chocobo éloignait naturellement – et étrangement – tous les monstres environnants, et d’autre part parce que j’arrivais finalement à me maîtriser suffisamment pour ne pas brûler notre monture. De toute façon, j’avais bien senti à chaque fois qu’on traversa une rivière qu’Irvine me serrait un peu plus contre lui pour essayer de me rassurer, ou me faire passer l’envie de brûler tout ce qui me passait entre les mains, allez savoir. Nous étions donc arrivés dans le pittoresque village de Gongaga, et une fois de plus, l’ambiance plutôt lugubre me donnait la chair de poule, je devenais même parano à l’idée de devoir me balader seule la nuit dehors !

Du coup, direction directement l’auberge où l’aubergiste semblait plus sympa que la dernière fois en nous reconnaissant. Il nous invita même à dîner avec lui une fois la « chambre » payée, et si on accepta, je tenais quand même à me débarbouiller avant – et je constatais une fois de plus que la porte ne pouvait pas se fermer à clé. Je ne posais même pas mes affaires, je préférais les garder sur moi pour le dîner. Et franchement, il n’y avait pas à dire, ce village a beau avoir l’air d’être le trou du cul du monde, on y mangeait super bien car on sentait que tout était fait maison, et que les produits étaient même locaux. C’est d’ailleurs ce que l’aubergiste expliqua à Irvine suite à sa question, tout était fait sur place.

Je ne disais rien pour ma part, j’étais concentrée sur mon repas et surtout sur mes courbatures. J’avais terriblement mal au derrière suite à ce « petit » voyage à dos de chocobo et j’avais même carrément envie de prendre un bon bain chaud pour détendre mes muscles. Je pouvais réchauffer l’eau sans problème mais l’histoire de la porte me gênait un peu. Aussi je levais les yeux vers l’aubergiste.

« Dites ? »
« Oui ? »
« Vous ne pouvez pas réparer la serrure de la porte de la salle de bain ? C’est assez gênant d’aller se laver et de se dire que n’importe qui peut rentrer à n’importe quel moment … »
« Et bien oui je peux le faire même si je ne vois pas le problème actuellement ? Ce n’est pas votre petit ami ? »
« Euh … si, mais on n’a pas atteint ce stade encore … »

Je le voyais hausser des épaules avant qu’il ne tente de me reluquer. Ouh la, il fait quoi là ?

« Bah, ce n’est pas bien grave s’il vous voit par erreur de toute façon, pour ce qu’il y a à voir. »

Je lâchais ma fourchette qui retomba lamentablement sur la table.

« Je vous demande pardon ? »
« Je parle de ca. »

Répondit-il en désignant sans la moindre gêne ma poitrine. Je baissais les yeux quelques secondes avant de lui jeter un regard noir, puis je me levais brutalement pour lui coller une gifle en le traitant de vieux pervers et retourner dans la chambre sans même toucher au dessert. Ca vit dans le trou du cul du monde, mais ca ne perd pas sa perversité de vouloir voir une femme avec une paire de gros nibards, mpff ! Je posais mes affaires, en fait je les lançais carrément dans un coin même, puis je m’allongeais directement sur un des lits pour me recroqueviller sur moi-même. Il m’avait énervé ce con mais d'une force !

Le repas se passait plutôt bien, jusqu'à ce que Sheli se mette à parler du verrou de la salle de bain. Sur le coup, Irvine se referma sur lui-même, le souvenir de la colère de la jeune femme alors qu'il était entré sous le coup de l'inquiétude était encore frais dans sa mémoire... est-ce qu'elle avait déjà des sentiments pour lui à l'époque? Non, probablement pas, elle n'aurait pas réagi aussi violemment sans doute, enfin il ne savait pas trop, elle était plutôt bizarre comme fille au final.

En tout cas, il ne dit pas le moindre mot durant tout l'échange entre la jeune femme et l'aubergiste, il ne cilla même pas lorsque celui-ci se moqua de sa petite poitrine et ne finit par réagir que lorsqu'elle se lève sans finir de dîner pour rejoindre les dortoirs, de là, il soupira légèrement en hochant la tête de gauche à droite
«Pas un caractère facile la ptite dame»
«Non. Mais bon, vous auriez pu éviter de l'insulter...»
«Je ne l'ai pas insultée! Je n'ai fait que dire la vérité! Excusez moi mais on ne peut pas dire qu'il y ait du monde au balcon!»
«Justement, ça ne se dit pas à une femme ça...»

Et le voilà qui se met à donner des cours de séduction tiens. Enfin, lui prenait une petite part de gâteau, puis une autre qu'il déposait dans une assiette avec une petite cuillère avant de se lever tout en remerciant tout de même l'aubergiste pour le repas, puis il revint dans le dortoir, Sheli était couchée dans un lit, tournant le dos à l'entrée et probablement bien énervée. Il n'était pas vraiment d'humeur à la réconforter, car au final, la demande qu'elle avait formulée était un signe qu'elle ne lui faisait pas confiance, et ça l'avait blessé. Il posa tout de même la part de gâteau sur la petite table de nuit à côté d'elle, puis se pencha tout de même pour déposer un baiser près de son oreille avant de murmurer «moi je te trouve très belle, et très sexy avec tes petits seins!»

Il eut un léger rire, espérant peut être que ça la ferait sourire, puis sa mélancolie le rattrapa aussi il alla vers le lit d'à côté, s'asseyant d'abord pour retirer chaussures et chaussettes, puis il retira le reste de ses vêtements pour se retrouver en caleçon. Il avait la flemme de prendre un pyjama, et comme ça le lendemain, il pourrait s'habiller plus vite. Il y avait d'épaisses couvertures sur les lits, alors il se glissa dedans et tourna également le dos à la demoiselle, fermant les yeux, il savait déjà qu'il allait passer une mauvaise nuit.

De nombreux rêves en tout genre avaient décidé de l'attaquer pendant son sommeil, la jeune femme était présente dans chacun d'entre eux, et chaque fois il se passait une situation dans laquelle elle lui faisait du mal. Il voulait lui prendre la main mais elle s'esquivait en montrant les gens autour d'eux, elle ne voulait pas qu'on la voit avec lui, il l'embrassait dans le cou et elle le giflait en lui signifiant qu'elle ne voulait pas qu'il la touche tant qu'il ne lui aurait pas dit qu'il l'aimait, et là Selphie débarquait en lui criant dessus pour lui rappeler que c'était elle qu'il était censé aimer, puis elle tournait les talons et disparaissait.

Peut être gémissait-il dans son sommeil, mais la douleur de ces cauchemars le prenait au ventre et il était donc roulé en boule sur lui-même, serrant ses bras se refermant sur lui-même pour serrer son estomac comme s'il était pris de violentes crampes, les genoux ramenés contre lui. Les dents serrées, son visage manifestait clairement la peine et la douleur... il voulait juste que ça s'arrête et pouvoir s'endormir profondément, mais de toute évidence, ça le poursuivrait jusqu'à l'aube.

C’est dingue de demander un service à quelqu’un et qu’on vous balance des méchancetés en pleine figure. Je n’avais même pas fait gaffe non plus que j’avais blessé Irvine au passage alors que justement, j’avais peur qu’un accident comme le précédent se reproduise. Enfin la dernière fois, il savait les risques qu’il prenait en entrant sans mon autorisation … Bref. J’étais donc retournée dans ce dortoir merdique pour m’allonger puis me recroqueviller sur un lit histoire de me calmer un peu, mais c’était peine perdu lorsqu’Irvine revint. Du moins, la colère se transformait un peu en peine. S’il n’était pas d’humeur à me réconforter, il le faisait quand même d’une certaine façon en lançant une petite remarque. J’avais très légèrement souri suite à son baiser, je gardais ce sourire suite à son commentaire, mais intérieurement, mon pessimisme lui disait « tu ne dis ca que pour me rassurer ».

Je ne répondis donc pas, préférant rester allongée pour remonter la pente toute seule, et de toute façon, le jeune homme alla se coucher. Du coup, on s’endormait assez tôt, enfin du moins, j’essayais pour ma part. J’avais eu un mal fou à m’endormir à cause de l’autre imbécile qui m’avait blessée. J’avais des pensées absurdes et idiotes rien qu’à cause de ca, j’étais allée jusqu’à me dire qu’au-delà de mon foutu caractère, aucun homme ne voudrait de moi à cause de mon physique de petite fille. Mais c’était con. Est-ce qu’Irvine m’aurait avoué qu’il éprouvait un certain désir sinon ? Non … A moins qu’il aime le style petite fille – et dans ce cas ca ferait peur – mais ca m’étonnerait !

Je ne me souvenais pas de quoi j’avais rêvé, en tout cas, comme presque toujours, j’étais la première à me réveiller, et mon premier réflexe fut de me tourner pour regarder Irvine. Ca faisait bizarre tout à coup de dormir séparément, mais bon, pas le choix là. Par contre, je fus étonnée de le voir en boule, à se tenir de partout en affichant un air presque désespéré. Je ne l’avais pas entendu pendant la nuit, mais visiblement, il dormait encore, et faisait même de très mauvais rêves ! Je me levais donc pour rejoindre son lit, comme si j’essayais de le rassurer, je me mettais assise au bord du lit, et je le tirais un peu de façon à ce qu’il puisse se retrouver contre moi, contre mon ventre, la tête même carrément callée dans cette fameuse poitrine qui avait été critiquée la veille.

Ca pourrait lui paraître tendancieux en se réveillant, mais je cherchais juste à le réconforter dans son propre sommeil. C’était même à se demander si je jouais le rôle de la petite amie, ou si j’avais pris le rôle de la mère qui chercher à calmer son enfant pendant un cauchemar. Car oui, avouons-le, à voir sa tronche, il devait en faire un, peut-être plusieurs, je ne sais pas, et je ne pouvais pas savoir que j’étais dans chacun d’eux et que je me comportais comme une vraie peste. Pour l’heure, je le gardais simplement contre moi, déposant un baiser de temps en temps sur son front, repoussant parfois quelques mèches avec douceur dans l’espoir de le calmer, même s’il dormait. Puis finalement, je me décidais à le secouer, mais très légèrement quand même pour ne pas casser l’ambiance, jusqu’à ce qu’il ouvre enfin les yeux. Ca allait peut-être le surprendre de se réveiller contre moi, m’enfin, je le comprendrai. Il s’endort seul, et il se réveille contre quelqu’un ! Quoi qu’il en soit, je baissais la tête pour lui sourire avec douceur, déposant un nouveau baiser sur son front avant de murmurer doucement.

« Comment tu te sens ? »

Il était possible qu’il ne se souvienne même pas de ses rêves, mais si ca lui avait suffisamment fait mal, au contraire, ca l’avait peut-être marqué ? Je ne sais pas, je ne suis pas dans sa tête, mais si je pouvais essayer de savoir ce qui avait bien pu le tracasser ainsi pendant son sommeil, je le faisais.

« Quand je me suis réveillée, t’étais en boule et presque … apeuré ? C’est pour ca que je suis là, je voulais essayer de te rassurer … »

Instinct maternel, c’est rare que tu ressortes ! M’enfin, je marquais un bref temps de pause avant de soupirer et poser mon menton sur sa tête.

« Tu as fait un cauchemar ? »

Ca ne pouvait être que ca à mes yeux à vrai dire … Un cauchemar …

Combien de rêves et de cauchemars s'étaient enchaînés? Trop, beaucoup trop, et Sheli n'était pas la seule à s'y trouver, Selphie, mais également Squall et les autres défilaient les uns après les autres, le regardant sans le voir, ne se souvenant plus de lui, le laissant seul lui qui n'était pas allé à la BGU comme les autres, le vilain petit canard que personne ne pouvait accepter parce qu'il avait quelque chose qu'ils n'avaient pas, ou l'inverse, il lui manquait justement quelque chose, mais quoi? Il ne l'avait jamais su.

Il ne sentit pas sa tête se soulever légèrement, mais petit à petit, les abandons laissèrent place à une chaleur qui se trouvait être trop profondément enfoui pour qu'il s'en souvienne vraiment, lorsqu'il était à l'orphelinat, trop petit encore et trop fragilisé par la mort de ses parents et qu'Édéa la gouvernante le prenait dans ses bras pour le réconforter. La sensation de ses doigts longs et fins dans ses cheveux l'apaisait peu à peu mais son corps tout entier demeurait crispé par cette peur profonde d'un nouvel abandon.

Puis il ouvrit peu à peu les yeux, réalisant que la poitrine contre laquelle il était n'avait rien à voir avec celle de la gouvernante - dommage - mais qu'elle demeurait tout de même chaleureuse et confortable. Une voix résonna à ses oreilles et le jeune homme se redressa pour voir que Sheli était là, qu'elle l'avait rejoint sans savoir quand ni pourquoi et lui demandant simplement comment il allait, et lui expliquant rapidement qu'il avait visiblement fait un cauchemar. Il se redressa doucement avant de finalement poser la tête sur l'oreiller pour fixer le plafond, sa main essayant de chercher celle de la jeune femme alors que l'autre se posait sur son front qui donnait l'impression d'être fiévreux sans l'être
«Des cauchemars oui. J'ai l'habitude...» puis il tourna la tête vers elle, comprenant que sur la fin il se sentait mieux parce que ce n'était pas Édéa qui le tenait dans ses bras, mais bien elle «Merci d'être venue... je crois que sur la fin, je me sentais mieux parce que tu étais là.»

Il se redressa un peu pour poser sa main sur la nuque de la demoiselle et la rapprocher ainsi de lui pour l'embrasser, il laissa ses doigts glisser dans ses cheveux pour la maintenir comme s'il avait peur qu'elle lui échappe, puis il posa son front contre le sien avant de se relever. Il se souvint alors qu'il était en caleçon mais tant pis, elle l'avait déjà vu ainsi de toute manière, et il se rendit compte qu'il était bien tôt, beaucoup plus tôt que l'heure à laquelle il s'attendait à se réveiller.

Au moins, ils pourraient quitter cet endroit rapidement avant de rejoindre le canyon, ils y seraient donc bien dans la journée et pourraient essayer à nouveau de passer l'épreuve de Titan. Le jeune homme se tourna vers la pore de la salle de bain et fit un léger sourire à la demoiselle
«Tu devrais aller prendre un bon bain... je te promets que je n'entrerai pas cette fois...» il eut un sourire un peu triste avant de baisser les yeux «en attendant, j'irai voir l'aubergiste pour avoir le petit déjeuner, comme ça on pourra partir tout de suite après.»

Pour une fois, ils ne partiraient pas trop tard, c'était une bonne chose. Il comptait seulement se débarbouiller, il prendrait un bain au Canyon Cosmos probablement, il n'avait pas vraiment besoin de davantage pour le moment.

J’avais bien senti qu’il se détendait sur la fin, et c’était une bonne chose, ca me rassurait un peu, même si je me demandais de quoi il avait bien pu rêver pour se retrouver dans cet état ? Je pensais à un cauchemar, bien sûr, il n’y a que ca pour traumatiser quelqu’un dans son sommeil et effectivement, il me confirmait même qu’il en avait l’habitude. Vraiment ? Une habitude ? Pourtant je ne le voyais pas souvent se recroqueviller ainsi, ou alors avait-i plutôt l’habitude de faire le même rêve ? Aucune idée, et je n’osais pas poser la question non plus, jugeant que s’il s’était mis en boule en dormant, c’est que ca ne devait pas être bien joyeux et sans doute qu’il ne voudrait pas en parler. Pas tout de suite du moins.

J’avais souri lorsqu’il m’expliqua que, comme je le pensais, il s’était détendu sur la fin, mais j’étais soulagée de savoir que c’était grâce à ma présence. Je ne sais pas, c’est toujours le petit truc qui vous fait plaisir et vous réchauffe de l’intérieur, vous savoir utile aux yeux de la personne que vous aimez. Et je me sentais davantage envahie par cette chaleur lorsqu’il m’incita à me pencher pour l’embrasser. Je lui rendais son baiser avec douceur, c’était une certaine manière de lui dire que oui, j’étais là, je n’allais pas partir. C’est ce genre de tout petit moment minuscule qui pourtant nous donne l’envie d’arrêter le temps pour savourer ce minuscule instant éternellement. Malheureusement, rien n’était éternel, et il finissait par reculer avant de me suggérer d’aller prendre un bain. Pendant ce temps – et pour éviter une entrée par erreur dans la salle d’eau – il allait demander un petit-déjeuner à l’aubergiste. Il valait mieux qu’il y aille lui oui, car moi si je vois la tronche de l’autre, je lui mets une patate au lieu d’une gifle comme hier.

Je me levais donc après avoir pressé une dernière fois mes lèvres contre celles du jeune homme avant d’attraper mon sac – qui avait volé à l’autre bout de la pièce la veille – et m’enfermer dans la salle d’eau. Enfin … « enfermer », hm ? Je faisais couler l’eau dans la baignoire, froide évidemment, et pendant ce temps, je me déshabillais et préparer serviette pour me sécher et des vêtements propres pour après. Je ne m’étais même pas changée avant de dormir hier … M’enfin. Dès que la baignoire fut remplie, j’usais de ma magie de feu pour la réchauffer instantanément et me glisser à l’intérieur. J’essayais de ne pas trop rester dedans d’ailleurs, pas trop longtemps, de peur de faire trop attendre Irvine.

Aussi je sortais assez vite, lorsque l’eau fut à peine tiède, je tirais la bonde, je me séchais, je m’habillais, et je rejoignais le jeune homme. Il avait apporté le petit déjeuner et je souriais simplement tout en m’approchant pour voir ce qu’il y avait, et heureusement, il y avait du café !

« Allez, bois-en un. Ca te fera du bien après la mauvaise nuit que tu viens de passer. »

Je voulais lui proposer d’aller chauffer l’eau dans la baignoire pour lui par la suite s’il voulait se laver, mais bon, il voulait juste se débarbouiller et sans doute voudrait-il prendre un bain dans une ville où il sera sûr d’avoir de l’eau chaude sans passer par moi. D’ailleurs puisque je reparlais de cette nuit, je me demandais si ce serait le bon moment maintenant pour lui demander s’il voulait en parler ? Je buvais une gorgée de café, et avant de me servir pour grignoter, je baissais ma tasse en repensant à ce qu’il m’avait dit.

« Ca t’arrive aussi souvent que ca de faire des cauchemars ? Ou tu fais toujours le même ? »

C’était la question que je m’étais posée un peu plus tôt, car j’avais mal saisi le sens de sa phrase. J’attendais qu’il réponde avant que mon regard s’assombrisse un peu et que je ne baisse les yeux.

« T-Tu veux en parler ? »

Certains pensent que c’est stupide de parler des rêves qu’on peut faire, bons ou mauvais, mais dans des cas comme celui-ci, ca pouvait paraître stupide s’il le fallait, mais il valait mieux en parler pour comprendre ce qui n’allait pas ? Si ce n’était pas la première fois qu’il faisait ce type de cauchemar, c’est qu’il y avait quelque chose dans son subconscient qui le travaillait énormément, et recevoir de l’aide de l’extérieur pourrait peut-être lui permettre de faire disparaître ce problème, qui sait …

Pendant que Sheli prendrait son bain, Irvine irait chercher le petit déjeuner. S'habillant rapidement, enfilant d'abord son pantalon, puis un t-shirt, il accepta volontiers le baiser de la jeune femme avant qu'elle ne disparaisse dans la salle de bain, il la regarda quelques secondes, le regard encore triste en pensant à son rêve. Elle l'avait abandonné, comme les autres, pourtant elle était bien là, elle était même restée près de lui en se rendant compte qu'il n'allait pas bien. Jamais Selphie ne s'était préoccupée de ses cauchemars, disons surtout qu'elle avait un sommeil de plomb et ne s'en était jamais rendu compte finalement.

Baissant les yeux, il finit par secouer la tête pour se rendre à l'accueil et prendre le petit déjeuner, évidemment, du café pour tout le monde ainsi que des tartines comme la dernière fois, du bon beurre et de la bonne confiture. Il revint dans la chambre et posa le plateau sur l'un des lits en attendant que la jeune femme soit prête, il mit un sucre dans son café et commença à le touiller avant de finalement se désintéresser de sa tasse pour aller vers la fenêtre.

Les mains dans les poches, il ne savait pas vraiment combien de temps il était resté là à fixer le paysage jusqu'à ce qu'elle sorte et qu'il revienne vers le lit avec un sourire fatigué. Elle lui tendit la tasse avec un léger sourire en lui disant que ça lui ferait du bien et il hocha de la tête pour en prendre une gorgée, mais ce silence avait quelque chose de pesant tout de même si bien que la jeune femme finit par le briser en lui demandant l'origine de ses cauchemars
«Les deux. C'est rare que je passe une bonne nuit si je n'ai pas bu avant.» c'était l'une des raisons pour lesquelles il avait toujours sa fiole sur lui, l'alcool lui faisait oublier ses rêves la plupart du temps. «je rêve que je suis abandonné. De tout le monde. Squall, Selphie et les autres... toi aussi. Je suis trop à part je suppose...» il leva alors tristement les yeux vers elle en souriant quand même un peu avant de désigner un point quelque part vers son sac du menton «Depuis qu'on est parti de Deling City, combien de coups de fil as-tu reçu? De ta mère, de ton amie?»

Elle n'avait pas besoin de répondre à cette question, elle savait qu'elle en avait eu, il sortit son téléphone et montra l'écran qui signalait aucun coup de fil en absence, ni message «Les seules fois où je me suis servi de mon téléphone, c'est moi qui ai téléphoné. Je suis Directeur d'une Université et mes assistantes ne me passent pas le moindre coup de fil, elles se débrouillent très bien sans moi. J'ai prévenu Squall pour les chimères et les cristaux, c'est à peine s'il m'a remercié de l'info et il ne me demande aucune nouvelle depuis.»

De toute façon, il n'avait qu'à regarder la télévision, il aurait des informations encore plus fraîches que les leurs! Et puis, Squall n'avait jamais été un modèle de sociabilité. Même s'il s'était arrangé depuis leur victoire sur Ultimecia.

Enfin, il soupira légèrement avant de plonger le nez dans son café... il avait toujours été seul, c'était l'une des raisons qui faisait qu'il était un excellent tireur d'élite, et même si Sheli lui prouvait jour après jour qu'elle ne partirait pas malgré les conneries qu'il pouvait faire ou dire, cette peur qu'elle s'en aille elle aussi était trop présente pour qu'il s'accroche vraiment. C'était peut être cet obstacle qu'il fallait qu'il détruise avant de véritablement admettre pouvoir l'aimer ou non, enfin pour le moment, ils avaient intérêt à bien manger, la route serait longue et ils risquaient d'arriver directement dans l'antre de Titan sans passer par le Cosmo Canyon, donc autant prendre des forces.

De toute évidence, cette histoire de cauchemar tracassait le jeune homme, aussi je me disais que cette fois, je pouvais essayer de lui tirer les vers du nez. Je l’interrogeais un peu à ce sujet, essayant de voir s’il voulait en parler ou non et finalement, il se risquait à vider un peu son sac. Je grimaçais un peu lorsqu’il parla de l’alcool, ce n’était pas la meilleure solution selon moi mais bon, jusqu’à aujourd’hui, je ne l’avais pas vu dans un tel état à cause d’un cauchemar, et il n’avait pas bu avant. Comme quoi ! Bref, là n’était pas le problème de toute façon. Irvine expliquait rapidement ce qui l’effrayait le plus dans ses rêves : le fait qu’il soit seul et abandonné. En soit, je comprenais, très peu « d’amis » pensaient à moi à l’heure actuelle. Je ne recevais aucune nouvelle de leur part sauf Eléonore récemment et le jeune homme me le fit remarquer.

En ce qui concernait ma mère bah … C’est ma mère, il est normal qu’elle s’inquiète, malheureusement, Irvine ne savait pas ce que c’était pour être orphelin. D’ailleurs, c’était surtout moi qui l’appelais ces derniers temps mais passons, ne cherchons pas la petit bête. Je ne savais pas trop quoi répondre à Irvine, j’avais peur que quoi que je dise, ca lui ferait encore plus mal. Puis puisqu’il parlait de téléphone, j’eus une idée stupide, et je pris le mien pour l’appeler, laissant son téléphone sonner quelques secondes avant d’annuler, et j’affichais un air malicieux.

« Et voilà, ca te fait un appel ! »

Je faisais ca pour plaisanter et espérer le faire sourire, mais dans le fond, il se pouvait qu’il le prenne mal, chose que je n’espérais pas. Plus sérieusement, je rangeais mon téléphone, finissais mon café pour le poser sur le plateau et marcher à quatre pattes sur le lit pour le rejoindre, ou plutôt, me placer derrière lui pour l’enlacer et poser mon menton sur son épaule.

« Je suis là moi. Je ne vais pas te laisser tomber. »

Je soupirais. En soit, j’étais très attentive dans de telles situations, à l’écoute des autres, mais en ce qui concernait la partie réconfort, c’était une autre histoire. Selon la situation, soit je ne savais pas quoi dire, soit j’avais peur que mon côté « direct » ressorte et fasse plus de mal que de bien au final. Là, le problème, c’est qu’il se sentait à part …

« Tu sais, en ce qui concerne Eléonore et ma mère, ce sont des cas … « exceptionnels » on va dire. Mais j’ai le même souci aussi, je n’ai de nouvelles de personne, je dois toujours faire en sorte de faire le premier pas vers les autres. J’ai l’impression qu’on se fiche de moi, que je n’existe pas. Et honnêtement, avec le caractère que j’ai, ca peut se comprendre, j’ai déjà essayé de changer, ca n’a pas marché. Je n’ai donc malheureusement aucune solution à te proposer … »

Nouveau soupir, sauf que cette fois, je déposais un baiser sur la tempe du jeune homme avant de me reculer légèrement et pencher la tête sur le côté pour le regarder et lui sourire.

« Mais ca nous fait un point commun non ? C’est peut-être ce petit côté-là qui joue aussi et qui nous rapproche. »

Oui, on avait cette peur commune, cette peur de se faire abandonner encore une fois …

Lorsque son téléphone sonna, Irvine fut d'abord surpris, sursautant sur le coup avant de voir le numéro de la jeune femme s'afficher. Il eut alors un sourire plutôt amusé, mais sincère malgré tout avant de hocher la tête de gauche à droite. Il ne valida pas l'appel, le laissant effectivement comme un appel en absence avant de lever les yeux vers elle
«Merci» il prit sa tasse de café et en but une nouvelle gorgée alors qu'elle s'approchait pour se glisser derrière lui, il ramena sa main par dessus celle de la jeune femme pour la poser sur son cœur tout en écoutant ce qu'elle pouvait dire, il est vrai qu'elle n'avait pas un caractère très facile, mais Irvine ne pouvait pas vraiment la blâmer pour ça, lui-même n'était pas un modèle à ce niveau.

Elle n'avait pas vraiment tort en tout cas, ils avaient plus de points communs qu'il n'en aurait peut être jamais avec une autre, du moins, des points communs importants. Si elle avait été le genre dragueuse invétérée comme il pouvait l'être, ça n'aurait probablement pas marché entre eux, non pas qu'il soit de nature jalouse, mais surtout il aurait eu le sentiment qu'elle pouvait l'abandonner à tout moment. Évidemment, pas une seule seconde il ne s'était dit qu'elle pouvait penser la même chose à son sujet, que le fait qu'il joue parfois le joli cœur avec une autre, même s'il ne convoite rien, pourrait la faire douter et lui faire croire qu'il l'abandonnerait pour cette cible temporaire.

Il ferma les yeux en sentant ses baisers sur sa peau, puis il se tourna vers elle en souriant tout de même, il se sentait mieux.
«Je ne sais pas pendant combien de temps cette peur me suivra. Mais...» son regard s'assombrit alors, il savait que ce qu'il allait dire ne plairait pas à Sheli, mais tant pis, il préférait être honnête «mais tant que j'aurai cette peur en moi, je ne pourrai pas aimer. Je suis désolé... j'ai.. j'ai encore besoin de temps... j'ai trop peur à l'heure actuelle que tu partes...»

Il savait que ce serait douloureux pour elle, il se tourna donc pour la prendre malgré tout dans ses bras. Il savait qu'il tenait beaucoup à elle, peut être même au fond qu'il l'aimait, mais il avait trop peur qu'elle l'abandonne pour pouvoir se l'avouer pour de bon, et peut être qu'elle l'avait compris finalement. Ses paroles signifiaient peut être justement qu'il l'aimait déjà mais qu'il ne voulait pas le dire clairement de peur que ça la fasse fuir, comme au fond ça avait fait fuir Selphie par le passé.

Reculant doucement, il se tourna finalement vers la porte du dortoir, peut être qu'ils devraient partir à présent, mais peut être aussi qu'elle voulait qu'ils en discutent encore un peu. Elle n'aurait peut être pas le cœur de se mettre en route tout de suite après ce qu'il venait de dire. Ça faisait beaucoup de peut être tout ça.

La discussion n’avait vraiment rien de joyeux, je ne savais pas trop où me mettre non plus, quoi dire, trouver les bons mots pour le rassurer un peu. Je ne sais pas s’il était têtu ou juste si c’était quelque chose de trop ancré en lui, mais ce serait difficile de lui faire croire qu’il ne serait plus tout seul maintenant. Moi aussi, j’avais peur de me faire encore abandonner, et comme je le lui disais, c’était peut-être cette similitude entre nous deux qui nous rapprochait ainsi ? Allez savoir, mais selon moi, ca jouait un peu.

Irvine finissait par se tourner un peu, je lui souriais tristement, cherchant à savoir à travers son regard si ce que j’avais dit avait eu un impact ou non. Je me doutais que ce ne serait pas ca qui allait le rassurer mais comme je le dis, même si j’écoute attentivement, il y a certaines situations où j’ai vraiment du mal à trouver les bons mots. Pour l’heure, il se contentait de me dire que tant qu’il aurait cette peur ancrée en lui, il ne pourrait pas aimer et j’avais baissé les yeux. C’est sûr que je n’allais pas sauter au plafond après ca mais bon, je me contentais de répondre par un simple :

« Je vois … »

Il se tourna malgré tout pour me prendre dans ses bras, et j’enfouissais alors mon nez dans son cou pour me réfugier. C’était douloureux oui d’entendre ca, il se montrait honnête, je ne pouvais pas l’en blâmer, c’est mieux que de dire « je t’aime » et mentir en réalité mais quand même, ca faisait quand même mal dans le fond. Je soupirais alors, non, je n’avais toujours pas compris qu’en fait, dans le fond, il pouvait déjà m’aimer, je n’en sais rien, je suis trop bête pour le comprendre aussi, mais en ce qui concernait le reste …

« Je te l’ai dit, fais-moi confiance. Je ne partirai pas … Je ne veux pas partir. »

Il se reculait alors, et je baissais les yeux avant de renifler un coup comme si j’avais envie de pleurer, puis je détournais le regard vers la fenêtre. A force de parler de tout ca, j’en avais presque oublié qu’on devait partir pour rejoindre l’antre de Titan. Aussi je finissais par me lever pour préparer mes affaires.

« Inutile de traîner plus longtemps … On devrait y aller. »

Et je récupérais mes affaires ici et là tout en parlant, j’accrochais mon arme dans mon dos, mon sac en bandoulières, et je me tournais vers Irvine en forçant un sourire. J’avais encore un peu mal au cœur suite à ce qu’il venait de me dire, mais je faisais de mon mieux pour ne pas le montrer. Je sortais rapidement la carte du continent pour regarder un peu notre itinéraire – que je n’ai pas mémorisé la dernière fois qu’on a du aller à Gongaga – et je retournais la carte pour la montrer au jeune homme et lui désigner une rivière.

« Tu vas devoir sortir ton chocolégume. On a une rivière à traverser avant de rejoindre l’antre de Titan. »

J’appréhendais déjà à vrai dire. On allait peut-être se trouver sur le dos d’un chocobo, mais le voyage risquait de nous épuiser, et on allait devoir pousser des statues après, encore une fois ? Et beh … Bon, partons d’ici, et surtout, ne pas regarder l’aubergiste ! J’avais encore un goût amer en bouche à cause de sa réplique de la veille, je risquais de lui en mettre une si je le regardais !