Balade en ville

Bonjour à tous les deux !

Je suis votre MJ attitré (même si vous le savez déjà ! 8D) ! Si vous avez besoin de quoique ce soit, vous savez où me trouver !
(Et pas de bêtises hein ? )

   

Aaron gagne 50 gils !
Spike gagne 100 gils !

Spoiler:

De nature joviale et le cœur sur la main, Aaron était quelqu’un qu’on ne pouvait pas facilement déboussoler, de même qu’il ne se laisser pas abattre lorsqu’une situation semblait désespérée. Ce jeune homme qui venait de l’accoster était l’exemple parfait : malpoli mais pourtant pas bien méchant, et visiblement peu douée dans les relations sociales. Du moins, Aaron ne put se rendre compte de ce point que lorsque le garçon se mit à rire à gorge déployée l’espace de quelques secondes avant de reprendre une allure stoïque. Wow ! Aaron s’était attendu à toutes les réactions possibles mais certainement pas à celle-ci, et avec un tel décalage par rapport à sa taquinerie, qui plus est ! Son sourire trahissait maintenant sa gêne mais les propos suivants du jeune homme eurent de quoi l’étonner davantage. Il avait analyser le comportement de ces femmes avec minutie et ne comprenait pas ce changement brutal d’émotion sur leur visage.

« Non, bien au contraire ! Savoir que quelqu’un serait prêt à aller au bout du monde à tes côtés est toujours agréable. On se sent important dans le cœur de l’autre. »

Il voulut lever l’index devant lui pour appuyer ses propos mais avec son bâton aussi grand que lui dans la main, ce n’était pas vraiment pratique, aussi cela ne ressemblait à pas grand-chose au final et il préféra laisser tomber ce geste ridicule. Souhaitant passer rapidement à autre chose, Aaron proposa à son interlocuteur de lui présenter ces femmes si cela l’intéressait, en insistant bien du regard. Mais là encore, la réaction du jeune homme avait de quoi l’étonner : il ne voyait pas l’intérêt de les rencontrer mais en revanche, il se demandait si voyager avec Aaron ferait l’affaire. Et bé, le blondinet se demandait s’il avait compris ses sous-entendus précédents. Avait-il pris au sérieux son humour ? C’était à ne plus rien y comprendre ! Il prit appui sur sa jambe gauche et croisa la droite devant l’autre tout en penchant la tête pour essayer de comprendre où le jeune homme voulait en venir. Finalement, il précisa qu’il cherchait quelqu’un pour lui servir de guide touristique, en gros !

« Aaaaah ! Un grand sourire apparut sur son visage. Si je suis ce genre d’humain ? Tu parles bizarrement, toi ! Il rit un peu avant de reprendre. J’ignore si c’est ça que tu veux savoir mais je suis actuellement en voyage, oui. »

En fait, Aaron n’avait pas vraiment répondu à sa question, ne sachant trop où il voulait en venir. Est-ce qu’il cherchait un partenaire de voyage ? Ou peut-être voulait-il simplement demander son chemin mais qu’il s’y était pris comme un manche ? Car il faut le dire : ce gars venait d’embrouiller l’esprit du prêtre avec toutes ces formulations !

« Et si tu me disais ce que tu cherches exactement ? Je pourrais peut-être te renseigner ? »

Car venir en aide à son prochain, c’était le genre d’humain qu’il était ! D’ailleurs, s’il pouvait lui apprendre deux trois trucs sur la manière de se comporter en société, cela ne le dérangeait absolument pas… Première leçon de son cours « humour pour les nuls » : Rire ou ne pas rire, telle est la question, mais soit on le fait spontanément, soit on le fait pas !

« Oh, je m’appelle Aaron ! Il lâcha son bâton pour le faire tenir dans le creux de son cou le temps de lui tendre la main. Enchanté ! »

Spike demeurait de marbre face à l'amabilité pourtant évidente d'Aaron. Il lui avait posé de nouvelles questions avant de se présenter et de lui tendre la main, ce qui enclencha une réaction automatique. Spike ignora sa poignée de main mais récita son texte par cœur.

- Je m'appelle Spike Fortress !  Je loge chez Edgar Mindlow, un pêcheur de Dollet ! J'ai approximativement 22 ans et je suis un humain comme toi !

Edgar lui avait appris beaucoup de choses depuis son arrivée, notamment à parler avec le plus de spontanéité possible. Spike avait appris en une seule journée la totalité de la langue des hommes, mais il ne parvenait pas encore à s'exprimer comme il le faisait chez les pampas. Être naturel lui était donc pour le moment inconcevable. Il sourit tout de même à Aaron de la façon dont on lui avait appris. Un sourire simple, mais dénotant d'une certaine sympathie, même feinte.

Voyant la main toujours tendue de Aaron, Spike se rappela également des poignées de mains échangées et des accolades qu'Edgar adressait à ses amis proches. Ce qu'il ne savait pas en revanche, c'est que les accolades n'étaient pas à faire à des étrangers. Il attrapa la main d'Aaron et l'attira vers lui comme l'aurait fait Edgar. Une fois collé à lui, il tapa dans son dos de la même façon que son logeur avant de s'écarter.

- Je recherche mon père, Pampa Senior. Il est grand, vert et plein d'épines. Un "cactus" géant vivant. C'est comme ça qu'Edgar le décrit. Il se trouve sur cette planète et je souhaite retrouver sa trace. C'est pour ça que je recherche un voyageur.

Spike regrettait de révéler ses objectifs aussi facilement à ce jeune homme. Pourtant, il ne voyait pas comment lui expliquer la situation autrement ou le forcer à le guider. La notion même de mensonge ne lui avait pas traversé l'esprit tant il lui était déjà difficile d'être compris.

- J'ai besoin de tes connaissances pour avancer dans mes recherches et c'est pour ça que je suis venu te parler. Tu comprends ?

Il voulait vérifier qu'il ne parlait pas à un mur et qu'Aaron comprenait bien sa situation avant de continuer. Comme Edgar l'avait été avec lui, il souhaitait se montrer patient, quitte à se répéter des dizaines de fois.

- Je peux réexpliquer ou parler plus lentement si tu n'as pas compris.

Spike fixait intensément Aaron du regard, en se concentrant le plus possible pour déceler le moindre indice lui assurant que le jeune homme avait pris conscience de ce qu'il lui demandait.

Quel drôle de spécimen, ce Spike Fortress ! Alors qu’Aaron venait de se présenter et de lui tendre la main, son interlocuteur répondit du tac-au-tac et en fit de même mais d’une manière… particulière. Disons que ça ne semblait pas naturel du tout ! C’est ainsi que notre blondinet appris la nom de Spike, celui de la personne chez qui il logeait, mais aussi son âge approximatif et sa race. Oui, au cas où Aaron n’avait pas remarqué qu’il avait affaire à un humain, peut-être ! Cette présentation on ne peut plus complète fit éclater de rire le prêtre qui ne s’attendait toutefois pas à être pris en accolade par la suite. Littéralement tiré vers Spike, ce dernier lui tapota dans le dos avant de se retirer.

« Héhé, nous voilà bien plus proches que je ne le pensais ! »

C’était plus une remarque qui s’adressait à lui-même mais Spike l’avait bien évidemment entendu. Toujours est-il que ce dernier semblait chercher quelque chose et Aaron lui demanda de lui expliquer la situation pour pouvoir l’aider en conséquence. Il apprit donc que Spike était à la recherche de son père. Ayant passé toute sa vie enfermé dans le temple de Macalania, Aaron ne connaissait pas toute la faune de Spira, aussi ne broncha-t-il pas en entendant le nom de Pampa Senior. Pourtant, il ne put s’empêcher d’arquer un sourcil en écoutant sa description : grand – d’accord –, vert – pourquoi pas ? – et plein d’épines – ok, quoi ?! – ; « un cactus géant »  en somme ! Aaron s’appuya sur son bâton et plongea son regard dans celui de Spike. Une question le taraudait depuis tout à l’heure et il FALLAIT qu’il la pose.

« Tu as bu, Spike ? »

En soi, ce n’était pas grave ! Aaron n’était pas du genre à juger les gens aussi facilement. C’est juste que le comportement du jeune homme était plutôt étrange et, ne voyant pas d’explication logique, Aaron préférait jouer cartes sur table. Spike formula sa requête de manière plus précise en stipulant avoir besoin des connaissances du prêtre sur ce monde. Il proposa de répéter dans le cas où Aaron n’aurait pas compris mais il avait bien tout saisi. Il agita ses mains devant lui.

« Non non, j’ai bien compris ! »

Cela dit, il ne perdait pas son amabilité légendaire et lui répondit tout de même avec son plus grand sourire.

« Je ne connais pas entièrement Héméra mais je vais être amené à l’arpenter d’est en ouest. Si ça t’intéresse, tu peux m’accompagner ? Ce serait mutuellement bénéfique : je t’aiderai dans tes recherches et toi, tu rendras ce voyage moins ennuyeux ! Plus on est de fous, plus on rit, n’est-ce pas ? »

Et un autre sourire, un ! Aaron attendit la réponse de Spike avant de regarder autour de lui pour observer un peu les environs. Cette petite place était charmante et une odeur de nourriture parvint à ses narines. Humant ce doux parfum de sandwich, il chercha du regard d’où cela pouvait bien venir et aperçut la boutique en question qui donnait sur la rue menant au port. Il ignorait quel était le programme de Spike mais le concernant, il comptait bien faire une petite pause casse-croûte avant de reprendre la route ! Il s’excusa auprès de lui et lui demanda de l’attendre puis, deux minutes plus tard, Aaron revint auprès du jeune homme, sandwich à la main. Il lâcha un soupir de soulagement après avoir déglutit sa première bouchée et pencha la tête en arrière pour regarder le ciel. Les nuages qui le traversaient donnaient au jeune prêtre des envies de liberté. Il n’avait jamais vu un tel spectacle de toute sa vie, alors forcément… Il se délectait de ce genre de petites choses. Sans quitter sa position, il posa une question à Spike.

« Dis, tu n’aurais pas entendu parler de la Néo-ShinRa par hasard ? Ou de l’Eglise de Yevon ? »

S’il voulait mener à bien son « voyage », il fallait commencer par poser ces questions un jour ou l’autre, non ? Ce n’était pas sûr que Spike puisse l’aider sur ce sujet mais peut-être avait-il entendu quelqu’un dans son entourage mentionner ces deux noms ? Il se doutait bien cependant que s’il voulait obtenir des informations sur les agissements de Monseigneur Asran, il devrait s’adresser à des personnes influentes et de préférence originaires de Spira. Mais qui sait, peut-être que la chance était de son côté ? Toujours était-il qu’Aaron menait également son enquête contre la Néo-ShinRa et que des informations la concernant étaient toujours bonnes à prendre. Restait à savoir si Spike pourrait l’aider ou non. Il croqua à nouveau dans son sandwich et reprit une posture normale pour observer Spike droit dans les yeux. Il ne s’attendait pas à grand-chose mais en attendant, il lui posa une nouvelle question sans aucun rapport avec la précédente.

« Tu en veux un aussi ? »

Il parlait bien évidemment du sandwich ! C’est qu’il se sentait d’une humeur généreuse aujourd’hui. Enfin… C’était tous les jours comme ça !

Spike n'était pas le plus doué pour comprendre le sarcasme, l'humour ou l'ironie, mais il savait tout de même reconnaître une approbation et une proposition. En l'occurrence, la possibilité d'accompagner Aaron autour du monde.
Alors que Spike s'apprêtait à lui répondre, Aaron le stoppa net dans sa lancée et lui demanda de l'attendre, le temps qu'il aille se chercher de quoi se restaurer. A son retour, Spike patienta, le temps qu'Aaron finisse son repas, car il avait appris qu'il était impoli de déranger une personne qui mange.
Il s'apprêta à prendre la parole mais Aaron le devança et lui posa une question.

- La Néo-Shinra et l'Église de Yevon...

Par chance pour Aaron, Spike avait pu démontrer par bien des façons qu'il possédait une mémoire extraordinaire, ainsi que le souci du détail. Il lui fallait du temps pour faire le tri dans son esprit, mais il parvenait toujours à trouver ce qu'il cherchait.

- Je n'ai aucune information particulière. Je sais uniquement ce qu'est une église. C'est un édifice religieux qui rassemble les membres d'une communauté partageant la même croyance. Mais je ne comprends pas ce qu'est la religion.

Un terme très complexe, dont les déclinaisons qui en découlent sont infinies. Aaron proposa par la suite un sandwich à Spike, ce qui le força une fois de plus à retarder ce qu'il souhaitait lui dire depuis plusieurs minutes.
D'après ses souvenirs, il était impoli de refuser de la nourriture, peu importe le prétexte. Cela ne le changeait pas vraiment de l'époque où il vivait avec les pampas, aussi il accepta avec grand plaisir.

- Volontiers !

Mais cette fois, il prit une grande inspiration et parla bien plus vite que nécessaire pour aborder le sujet dont il souhaitait lui parler. La politesse était selon Spike un vrai frein à la communication.

- Nous devons signer un contrat. C'est comme ça qu'Edgar fait lorsqu'il demande à quelqu'un de l'aider. Il est écrit sur ce papier que tu seras mon guide jusqu'à ce que je retrouve mon père. En échange, je suivrais tes ordres et je ne refuserai aucune demande. Sache juste que je ne connais pas la limite de mes capacités. Aussi, je ne sais pas si je serai en mesure de tout faire.

Il expira longuement, soulagé d'avoir pu enfin s'exprimer. Il tendit dans le même temps la feuille et le stylo qu'il conservait tous les jours avec lui, dans l'attente qu'un voyageur lui convienne.

- Tu dois écrire "lu et approuvé" avant de signer !

Spike avait presque oublié ce détail, ce qui l'avait fait hausser le ton sans qu'il le veuille.

- Normalement, nous devons nous serrer la main après ça. Tu peux utiliser ta main gauche ou ta main droite, cela ne change rien.

Du fait qu'il n'ait que rarement discuté avec un étranger, Spike n'avait pas encore assimilé le fait qu'Aaron était sans aucun doute bien plus instruit que lui et qu'il avait une bien plus large expérience en tant qu'humain que lui.

- Une fois mon sandwich terminé, nous pourrons partir quand tu voudras. Mais je dois récupérer mes affaires chez Edgar avant.

Un éclat de lumière jaillit devant vous, caché sous un manteau sombre, un homme vous barre la route... un léger sourire sur les lèvres, il tient un drôle de flacon dans la main avant de le tendre vers vous. Ses cheveux blonds et ses yeux bleus vous ensorcellent, vous n'arrivez pas à bouger alors qu'il se met à agiter doucement le flacon

«Voyons voir si vos âmes sont bien accrochées!»

C'est alors qu'une épaisse fumée rappelant la brume qui sévissait autrefois sur Héra, se déverse autour de vous, rampant sournoisement jusqu'à s'enrouler autour de vous, grimpant encore et encore jusqu'à vous étouffer l'espace d'une seconde... et c'est le trou noir!

Lorsque vous reprenez vos esprits, le génome a disparu, mais si vous regardez à côté de vous, au lieu de votre compagnon de voyage, vous apercevez... vous-même? Baissez les yeux, ce corps n'est pas le vôtre! Quelle magie est-ce là?
Poisson d'Avril! Vos corps ont été échangés! Pas de panique, juste une petite expérience éphémère! Une bonne nuit de repos et vos âmes réintégreront vos corps! Sauf si vous avez envie de faire durer le plaisir!

L'âme d'Aaron va dans le corps de Spike.
L'âme de Spike va dans le corps d'Aaron.

Amusez-vous bien!

Qu’il faisait bon de se sustenter ! Parfois, même un simple sandwich au jambon-beurre pouvait vous redonner la pêche pour affronter la journée. Et puis, Aaron profitait également d’être à l’extérieur pour respirer l’air à plein poumons et observer le ciel d’un bleu si éclatant. Hélas, ce n’était pas de cette manière que sa mission se déroulerait à bien, aussi décida-t-il de poser une question à Spike, son étrange et possible futur compagnon de route : connaissait-il la Néo-ShinRa ou l’Eglise de Yevon ? Il réfléchit à voix haute avant de déclarer ne pas avoir d’informations à leur sujet, mis à part qu’il savait ce qu’était une église. Tel un dictionnaire sur pattes, il commença à réciter la définition avant de s’arrêter sur le terme de religion, qu’il ne connaissait pas. Aaron éclata de rire : décidément, ce Spike allait le divertir durant le trajet ! Mais il ne pensait pas cela à mal, juste qu’il trouvait son innocence et sa naïveté rigolotes, rien de plus !

« Tu as saisi l’essentiel ! Et bien la religion, c’est lorsque plusieurs personnes partagent la même croyance, on dit que ce en quoi ils croient est leur religion. Hum… Il n’était pas sûr que Spike ait saisi. Par exemple, moi, je crois en une entité plus grande spirituellement que nous, les humains. Du coup, il m’arrive parfois de prier pour que cette entité me vienne en aide, ou pour la remercier lorsque je pense que je lui dois la réussite de quelque chose. Toutes ces pratiques font que j’adhère à une religion, celle de l’entité en laquelle je crois. Tu comprends ? »

En expliquant de cette manière, Aaron se rendait compte que pour des personnes qui n’adhéraient pas à la religion et à cet état d’esprit, cela devait paraître ridicule. D’ailleurs, le prêtre lui-même doutait des bonnes paroles de sa religion, et des pratiques de ses hauts-dirigeants. En clair, peut-être qu’à travers son explication pour Spike, il avait essayé de se convaincre lui-même ? Quoi qu’il en soit, il décida de changer de sujet et proposa au jeune homme de lui acheter un sandwich également. Il accepta et le blondinet alla lui en chercher un, le même que lui. Lorsqu’il revint, Spike ne lui laissa pas le temps d’en placer une et lui annonça de but en blanc qu’ils devaient signer un contrat pour sceller leur alliance : Aaron serait le guide de Spike à travers Héméra pour l’aider à rechercher son cactus de père, et Spike lui obéirait au doigt et à l’œil en retour. Aaron arqua un sourcil à la lecture du contrat.

« Mais c’est horrible !! hurla-t-il, en s’empressant de prendre le stylo pour rayer une ligne du contrat et en modifier le contenu. Voilà qui est bieeeen mieux. »

A la place de la ligne où il était écrit que Spike devrait obéir aux ordres et ne pourrait refuser aucune demande du prêtre, Aaron avait rectifié les propos en écrivant que « Spike devrait apprendre l’humour et comprendre l’ironie d’Aaron jusqu’à l’intégration partielle ou totale de ces formes d’esprit, grâce à des cours théoriques agrémentés d’exercices pratiques (un minimum syndical de deux par semaine), avec possibilité de demander quelques jours d’exemption par semaine pour repos personnel à titre individuellement privatif. ». Satisfait de ce nouveau compromis, il signa en bas de la feuille tout en sifflotant - du moins en essayant - puis tendit le nouveau contrat et s’assura que Spike en avait bien pris connaissance.

« J’utiliserai donc ma main droite pour serrer la tienne, et afin de renforcer notre union, je placerai ma main gauche par-dessus en preuve de ma sincérité ! »

Il sourit largement et fit exactement ce qu’il venait de décrire, tout en agitant un peu les poignets pour renforcer cet échange. Puis il relâcha la main de Spike pour le laisser terminer son sandwich et alors qu’il s’apprêtait à suivre le jeune homme vers la maison d’Edgar, celui qui l’avait accueillit ici, une drôle de lumière jaillit devant eux. Un homme sous une cape noire leur barra la route et commença à les immobiliser grâce à une magie qu’Aaron ne connaissait pas. Il ne s’était pas attendu à une telle chose, aussi n’avait-il pas eu le temps de prendre son bâton de prêtre pour se défendre ! Un brouillard épais vint alors endormir nos deux nouveaux compagnons de route…

Aaron put enfin ouvrir les yeux et constata que la surface des pavés de la route était brûlante avec la chaleur du soleil. Il releva la tête un peu brusquement avant de se caresser la joue de douleur puis observa un peu autour de lui, cherchant du regard où avait bien pu passer cet étrange et mystérieux personnage. Mais ses yeux se déposèrent sur la personne à côté de lui, un grand blond recouvert d’un épais manteau blanc à fourrure. Il ne se reconnut pas de suite mais lorsqu’il aperçut dans sa main son bâton de prêtre, il réalisa alors ce qu’il se passait ! Regardant subitement son propre corps, il constata que ce n’était plus le sien mais qu’il se trouvait dorénavant dans celui de Spike. Misère ! Il se releva donc et s’étonna d’être un peu plus petit que d’habitude. Ce n’était pas grand-chose mais mine de rien, 17 cm de différence, bah... ça n’était pas rien ! « Spike » se réveilla à son tour et Aaron ne put s’empêcher de rire de lui-même en voyant le ton neutre qu’il gardait en toutes circonstances.

« Hahaha ! J’ai l’air si méchant quand je ne souris pas ! Ah… »

Il commença à se calmer avant de réaliser tout de même la gravité de la situation. Combien de temps cet état allait-il durer ? Pourquoi avaient-ils fait l’objet de cette attaque ? Et comment fonctionnaient ces revolvers ?! Jamais il n’avait tenu d’armes à feu dans ses mains ! D’autant que les préceptes de Yevon interdisaient leur usage… Il les reposa dans leur étui puis croisa les bras avant de réfléchir.

« Bon Spiron¹, nous devrions nous rendre rapidement chez cet Edgar. Peut-être pourra-t-il nous en dire plus sur ce qu’il nous arrive ! Et dans le cas contraire, tu pourras simplement récupérer tes affaires et lui dire au revoir… »

Aaron se doutait bien que les adieux seraient difficiles pour le petit Spikey. Mais dans tous les cas, il allait peut-être falloir qu’ils se mettent en route, et possiblement à la recherche de cet inconnu pour contrer le maléfice. Il espérait aussi que Spike ait une carte, car il ne connaissait pas vraiment Héméra !

─

¹ : Contraction subtile entre Spike et Aaron, à prononcer « Spaï-ron » (comme Ron Weasley).

Aaron gagne 150 gils !

Spoiler:

Bon bah il allait falloir qu’on reste sages le temps du trajet. J’étais partie sur le lit, placée en hauteur pour mieux voir la chambre, je proposais de faire un petit jeu pour faire passer le temps, mais pour seule réponse, Lyte était venu me rejoindre. La suite aurait largement pu porter à confusion vu la façon dont il m’avait attrapé, et j’avais failli me faire avoir aussi. Mon regard qui semblait dire « t’as changé d’avis ? » mais en fait … le but de la manœuvre était juste de me foutre en bas du lit. Meh !!

- GNIIIIIIIIIIII mais tu fais quoi, lâche-moiiiiiiii !!

Pouf. Me voilà par terre. Je croisais les bras, n’ayant pas le choix que d’aller m’asseoir sur leur super canapé, alors qu’il proposait un petit concours avec nos sandwichs pour que le vainqueur décide du lit qu’il prendrait. Je le regardais avec un air faussement blasé.

- Je n’ai pas dit qu’on devait faire un jeu débile !

J’ai juste demandé s’il avait une autre idée de jeu tout court pour faire passer le temps ! Non mais dis donc ! Mais je baissais les yeux sur mon sandwich. Quitte à se lancer dans des gamineries, autant aller jusqu’au bout hein ? J’attrapais le reste de mon repas à deux mains, sans pour autant me lancer, car j’attendais que Lyte fasse de même. Mais je regardais le sandwich en soupirant.

- Adieu ma dignité et l’image de demoiselle mangeant proprement.
…
…
…
Partez !

Et nous voilà tombés bien bas pour se retrouver à faire un concours débile pour enfourner le plus vite possible son casse-croûte. Le genre de situation où vous vous dites que vous avez perdu au moins une quinzaine d’années d’âge mental mais c’est ce qui rendait la chose assez drôle. Et puis … le voyage serait bien triste si on devenait trop sérieux, non ? Heureusement comme on dit, le ridicule ne tue pas, parce que franchement, on mangeait comme des porcs. J’avais même manqué de m’étouffer à un moment tellement j’avais été trop vite, une chance qu’on avait des bouteilles d’eau … Mais ca avait permis à Lyte de prendre un peu d’avance et résultat des courses, il avait fini avant moi.

Mauvaise joueuse que je suis, j’aurai pu râler mais … en fait à regarder Lyte, je me mis à éclater de rire en réalisant à quel point on avait pu prendre la chose à cœur. Pour quoi ? Juste pour que l’un de nous ait le privilège de choisir un lit qu’il pourrait squatter à peine une heure !

- On est vraiment trop cons. Je me reprenais un peu et levais la tête vers le lit du haut. - Et le comble dans tout ca, c’est que d’avoir mangé trop vite, j’en ai mal au ventre, je ne suis pas sûre que j’aurai le courage de grimper là-haut une nouvelle fois !

Je baissais les yeux vers la table basse, le canapé, le sol entre les deux meubles … Nous-mêmes. Il y avait des miettes partout. Et je me remis à rire. On était désespérants …

Si je n’avais pas été étouffée à un moment, je suis sûre que j’aurai gagné haut la main ! Mais bon, on prenait ca clairement à la rigolade et si Lyte avait eu la gentillesse de quand même me laisser le lit du haut, j’avais mangé trop vite et résultat, j’avais trop mal au ventre pour avoir envie de faire de l’escalade. Lyte s’installait alors sur mon épaule, j’inclinais la tête pour laisser reposer la mienne contre la sienne. Manger avec des couverts ce soir hein ? J’étouffais un rire.

- Des quoi ? Couverts ? Connais pas. Je cherchais à le regarder du coin de l’œil. - Attends qu’on soit à Wutai et qu’on se fasse une revanche sur les sushis. Je te battrai à plate couture avec le wasabi !

Je ne sais même pas s’il connaissait, et même si je ne pouvais pas en manger trois tonnes non plus de mon côté, j’avais l’avantage d’avoir le palais qui y était habitué !
On se calmait un peu, puis Lyte vint sur un sujet un peu plus sérieux mais de rigueur. La question allait être posée à un moment ou à un autre de toute façon ! Je baissais les yeux pour réfléchir, puis soupirais.

- Je suis sûrement un peu masochiste, mais j’aimerai bien aller à Junon … Je sais combien la guerre peut être affreuse. Et je sais combien les gens dans ces moments-là ont besoin de voir qu’ils sont soutenus. Nous n’avons pas eu cette chance à Wutai.

D’une part à cause de la fierté de notre pays, beaucoup voulait montrer qu’on savait se débrouiller seuls. D’autre part, tout simplement parce que le reste du monde était sous la botte de la Shinra et qu’ils nous voyaient sous un mauvais œil à l’époque.

- J’ai entendu une conversation à ce sujet quand on était à Kilika. Et Katty m’a confirmé que ca a été un véritable carnage. J’ai entendu parler d’une Chimère aussi invoquée par le Maître de Bevelle là, Seymour. Je pensais que c’était impossible depuis la fusion des mondes et Katty m’a dit qu’ils ont montré une vidéo amateur qu’ils ont diffusé à la télévision.

Les civils devaient être dans une situation de panique pourtant à ce moment-là mais que voulez-vous. Il y avait toujours des imbéciles qui pensaient en priorité à faire « la » vidéo exclusive et exceptionnelle dans ces moments, aussi difficiles soient-ils. Mais bon, sans ces personnes, j’imagine que nous n’aurions pas le privilège de voir certaines images aussi.

- Seymour a invoqué une Chimère. Je pense que ca mérite une petite enquête, tu ne crois pas ? La Néo-Shinra a peut-être réussi à reproduire une autre Chimère de Spira et je pense qu’il serait inquiétant qu’une arme pareille se retrouve entre les mains de Spira si elle a fait un aussi gros carnage que tout le monde le dit.

Nous n’avions pas regardé la télévision ni rien ces derniers jours, alors nous ne pouvions pas nous faire une véritable idée du « carnage » dont il était question, l’étendue des dégâts à Junon, ni même dans quel état réel se trouvait la ville à l’heure actuelle. Quant à la Néo-Shinra, s'ils étaient vraiment l'auteur d'Anima - la seule possibilité à mes yeux à l'heure actuelle - est-ce que la guerre en elle-même ne sentait pas un peu trop le coup monté ?

- Tu en penses quoi ?

C’était un peu indépendant de sa mission pour le coup c’est vrai, mais bon. Techniquement, aller chez ses parents, ca n’était pas dans sa mission non plus hein ?

C’est vrai qu’on était sur Gaia il n’y a pas si longtemps encore, même si au moment de notre départ, la guerre n’avait pas encore éclaté, il y avait juste eu des rumeurs comme quoi la flotte de Spira était en chemin. De plus, si j’avais des raisons personnelles de vouloir aller voir ca par moi-même, j’avais dans l’idée qu’il y aurait tout intérêt à y aller vis-à-vis de cette histoire de Chimère qui avait été invoquée par le Maître de Bevelle. Nous étions tous les deux d’accord pour dire en tout cas que ca ne sentait pas vraiment bon si Spira se procurait de telles armes … et son commentaire sur les Cristaux me fit rire jaune.

- Dire qu’à l’origine je cherchais les Cristaux pour éviter ca, justement … Que les différents pays se fassent la guerre, en les séparant. - Mais oui, on n’a pas besoin d’artéfacts magiques et puissants pour foutre le bordel. Ce qui me fait le plus peur dans tout ca, c’est que s’ils parviennent à recréer toutes les Chimères de Spira, celles d’avant la fusion, ils réussissent aussi sur le long terme à ramener Sin. Tu as vu les ruines sur Besaid ? Dis-toi que c’est son œuvre. Et pire, ouvre ton dossier sur Zanarkand, s’il y a des photos d’aujourd’hui, regarde un peu ce que cette chose est capable de faire.

Sin était après tout, une Chimère gigantesque en réalité, une armure invoquée par Yu Yevon. Bon … La Néo-Shinra ne mettrait sûrement pas deux jours pour créer une arme pareille mais quand même … Ils étaient les rois pour faire le nécessaire afin de devenir les rois du monde. Et ils recommençaient plus ou moins en se lançant dans ce projet de création de Chimères. Il faut croire que s’être pris une ARME puis un météore dans la gueule à Midgar, n’avait pas suffi pour leur servir de leçon.

Lyte reprenait la parole et je baissais les yeux sur ce qu’il disait. En réalité, nous venions d’arriver seulement à Timber, mais oui, il ne nous restait plus beaucoup de temps avant d’arriver à la station de Dollet.

- Tu sais, je pense que c’est plus compliqué que ca sur Spira. Les Chimères apportaient le chaos par le passé parce qu’il y avait un cycle éternel. Tant que Sin n’était pas détruit de l’intérieur, il revenait … et seules les Chimères pouvaient y faire quelque chose, enfin, plus ou moins. Quand c’est Sin a été détruit définitivement, les Chimères ont disparu. Je crois que Spira est le seul monde dans lequel les invocations ont disparu avant la formation d’Héméra. Sin et les Chimères étaient liés d’une manière ou d’une autre, alors si elles pouvaient être synonymes de destruction, elles étaient aussi signe d’espoir et de félicité.

Je ne sais pas s’il voyait où je voulais en venir. Après, je pouvais moi-même me tromper dans mes interprétations, je n’étais pas née sur Spira et avais passé trop peu de temps sur ce monde pour l’étudier vraiment en profondeur.

- Il y a toujours des fidèles de Yevon depuis la disparition de Sin, mais certains comme le prêtre de Besaid ne leur font plus vraiment confiance … Mais les spiriens doivent accepter ces fausses Chimères parce que peut-être que pour eux, ca leur rappelle que par le passé, sans elles, Spira n’aurait jamais connu des périodes de paix … Enfin je dis ca, mais si je dois donner mon avis personnel, je reste persuadée que c’est une mauvaise chose. La Néo-Shinra profite sûrement de cette foi pour se permettre la création de nouvelles armes et au-delà de la religion, il y aura toujours des Hommes au cœur corrompu au sein même de l’Eglise pour se permettre des massacres comme celui de Junon, qu’ils justifieront au nom de la vengeance ou de leur Dieu.

Je repensais à Asran et ce que j’avais dit à Besaid. Il devait penser que les Chimères restaureraient la gloire de Spira, voire peut-être que même, ca séparerait les mondes puisque Yuna avait été accusée de cette fusion lorsque les Chimères de Spira avaient disparu … Enfin c’était compliqué tout ca et de toute façon, ce n’était que des idées balancées comme ca sur ce que je savais, et les hypothèses qui pouvaient en découler. Je me mettais à soupirer alors.

- Il y a des jours où … je me demande si les invocations de tous les mondes n’ont pas disparu car elles étaient fatiguées de cette manie qu’ont les humains pour chercher le pouvoir et la destruction. Il y aura toujours des Hommes au cœur pur et aux intentions louables, mais on ne va pas se cacher qu’ils ne sont qu’une minorité par rapport aux autres.

L’être humain était davantage attiré par les ténèbres que par la lumière. Alors que la lumière était une preuve de force et de courage. Le chemin était plus difficile à emprunter, soi-disant. C’est pourquoi dans les contes, légendes, et histoires, on qualifiait toujours l’humain d’être un être faible. Car il a plus souvent tendance à choisir les ténèbres, la voie corrompue, car la plus facile à emprunter …
Et voilà que je me fais philosophe maintenant. Je plissais des yeux un instant avant de me mettre à sourire.

- Ca fait bizarre de me voir un peu trop sérieuse pendant une dizaine de minutes, non ?

Oui, Lyte avait raison sur un point : Sin n’obéissait à personne par le passé, alors si la Néo-Shinra parvenait à le recréer, c’était à leurs risques et périls. Je leur souhaitais presque de se faire détruire par leur propre création. Mais la conversation était devenue un peu trop sérieuse à mon goût et en grande partie à cause de mon speech, alors je cherchais à plaisanter dessus, et Lyte ne tardait pas à attraper la perche que j’avais tendue en mentionnant un désir de chercher une augmentation. Je m’étais mise à rire avant qu’il ne commente plus sérieusement ce que je venais de dire.

- Oui. Espérons que la jeune génération et les générations futures optent pour une meilleure vision des choses.

Car si on regardait, au final, les personnes influentes de Spira étaient toutes des personnes ayant connu l’ancien régime depuis des décennies, presque toute leur vie. Discussion close, sur ce sujet du moins. Lyte regardait une nouvelle fois son téléphone, il demeurait sans nouvelles de sa sœur, j’étais un peu étonnée puisque jusque maintenant, elle bondissait toujours sur les messages de son frère, et annoncer qu’on venait aurait dû la faire sauter au plafond, non ? Mais je n’eus pas le temps d’en placer une que mon cher compagnon se fit tout à coup très … nostalgique. Je ne pouvais m’empêcher de le regarder du coin de l’œil, intriguée par ses propos. Mais le pire, c’est que lorsque nos regards se croisèrent, je trouvais ca … étrange. Comme si le message de Lyte voulait dire quelque chose à mon égard. Et je pense l’avoir compris. Alors je me mis à sourire.

- Je ne suis pas la seule à paraître un peu trop sérieuse, tout à coup. J’étirais davantage les lèvres, comme si ce que j’allais dire était trop sincère, mais surtout, vrai. - C’est justement parce que la vie va trop vite qu’il faut savoir profiter de chaque instant.

Et encore … nous étions jeunes. C’était justement dans cette tranche-là d’âge qu’il fallait qu’on profite de tout, alors peu importe qu’on ne se pose pas. Bref. Histoire de ne pas laisser une drôle d’atmosphère s’installer après tout ca, je le corrigeais sur un point – même si ca allait être une connerie.

- Et tu te trompes tu sais ? Techniquement parlant, on s’est couchés pour de bon bien après minuit, donc j’estime qu’on a déjà eu un peu d’exercice aujourd’hui.

« Techniquement parlant ». Hein ? Je lui faisais un petit clin d’œil amusé, pas besoin de faire un dessin pour savoir de quoi je parlais. Bon ok, on avait eu de longues heures de sommeil entre temps, donc « l’exercice » en question, on s’en était déjà remis depuis un moment. On continuait de discuter, et puis, l’annonce passa dans les voitures pour nous signaler notre arrivée imminente à la station de Dollet. C’était le moment pour nous de prendre toutes nos affaires et de quitter le wagon des SeeDs pour nous apprêter à descendre. On avait un peu de marche à faire mais rien de bien exténuant ni même pénible. Et puis une fois pied à terre, je me tournais vers Lyte.

- Bon, je te suis alors !

J’étais déjà venue une fois à Dollet mais je ne savais pas où ils vivaient ses parents moi, hein ?

L’arrivée en ville se fut dans le calme après un petit trajet rapide en bus. Ca ne nous faisait pas faire des masses d’exercice du coup, mais je n’allais pas m’en plaindre non plus. Nous y voilà. Dollet. Ces derniers mois, la ville s’était surtout forgée une réputation vis-à-vis de ses peintres qui peignaient les cartes de Triple Triad afin de rendre ce jeu international, plutôt qu’exclusif à Dol. J’y avais fait quelques rares parties lorsque je vivais à Deling City mais si on me demandait d’y jouer aujourd’hui, je crois que j’aurai le strict minimum en base et qu’il faudrait me réexpliquer les règles.

La maison des Swarley ne se trouvait pas très loin de la place de la fontaine au centre-ville, jusque-là, je suivais docilement Lyte puisque je ne savais pas où il vivait, et je crois que c’était au moment où il mit la clé dans la serrure que je commençais à me poser des tonnes de questions. Du genre, je me demandais à quoi ressemblaient ses parents, sa sœur, la maison même ! Des conneries du genre dont j’aurai les réponses dans quelques secondes. Enfin … presque.

L’accueil se fit dans un calme presque louche, la première personne qu’on croisant étant le chien de la famille. Je m’étais baissée pour lui faire quelques caresses, me souvenant que si nous n’avions pas tous une vie assez « mouvementée » à Costa Del Sol, on aurait tous aimé en avoir un. Mais on bougeait trop, on sortait tous, tous les jours, et à des horaires différentes, si bien qu’il n’y avait que rarement deux personnes en même temps dans la maison, et je ne suis pas sûre que ce soit des conditions idéales pour un chien de nous voir tout le temps bouger, le temps de son éducation.

Je ne pus m’empêcher de regarder un peu partout, curiosité oblige, la maison semblait être assez simple, mais un cadre agréable qui transformait cet endroit en un nid douillet. Le genre d’endroit où je me plairais à rentrer plus tard j’imagine. Enfin, bon, comme d’hab quand il était question d’avenir, je balayais l’idée assez vite de mon esprit. D’autant plus que Zephie pointait le bout de son nez et mon attention se reporta sur elle. La fameuse sœur ! … qui sortait seulement de la douche. Je haussais un sourcil amusé, rien qu’au visage, je lui trouvais des airs de famille à Lyte. Normal, vous me direz. Je les laissais bavarder un instant jusqu’à ce que la nouvelle tombe : ses parents allaient rentrer avec Demi. Il ne m’avait jamais dit à voix haute le nom de son ex, mais vu la tête des deux à cet instant, j’avais très vite compris. Je me penchais alors en avant pour regarder Lyte avec un air clairement moqueur.

- « Mais non, pas besoin de les prévenir » hein ?

Et vas-y que je te renvoie ca dans ta face. Une manière de lui dire « j’avais raison ! ». Il aurait dû les prévenir. Bon du coup, effectivement, ca tombait vraiment mal. Je savais que ca me dérangeait pas tellement pour ma part – je la connaissais pas – à partir du moment où il n’y aurait pas de remarques déplacées ou du rentre-dedans juste sous mon nez. Lyte par contre … Être venu pour présenter sa consultante et même petite amie, et se retrouver en face de son ex en prime, je voyais bien dans quel embarras ca le mettait. Mais repartir, ca reviendrait à fuir non ? D’autant plus que ses parents venaient d’arriver. Et je n’avais pas le temps d’en rajouter que Zephie me sauta dessus pour me bombarder de questions. J’affichais un air amusé.

- Y a que du naturel là-dedans ! En parlant de moi-même. Pour le reste … - Je suis la consultante de Lyte. Et je profitais d’être assez proche de lui pour lui pincer la joue, juste pour l’embêter. - Et plus si affinités.

Je faisais exprès de dire ca, non seulement pour voir la réaction de Zephie, mais aussi celle de Lyte. Mais je crois que là il devait être déconnecté de la réalité avec toutes ces annonces.

- Hey, panique pas non plus hein ? Y a pas de raison que ca se passe mal non plus …

Enfin je dis ca, mais je ne connais tellement pas Demi ni même si elle avait encore des sentiments pour Lyte. J’entendais du bruit, quelqu’un rentrait.

- C’est eux ?

Question débile : qui d’autre pouvait avoir les clés hein ?

Pas trop le temps de répondre à la suite des interrogations de Zephie qu’on entendait tous la même chose : l’arrivée – ou du moins le retour – des parents. Et de cette fameuse Demi. La sœur de Lyte alla les rejoindre pour les aider, et, seuls pour encore quelques secondes, on en profitait pour bouger et Lyte m’expliqua que son ex était restée une amie de la famille.

- Oui je sais, tu me l’avais déjà dit. Par contre tu dois avoir un karma pitoyable pour que ca te tombe dessus le seul jour où on passe par ici.

Que ca « nous » tombe dessus, j’avais eu envie de dire. Après tout, je ne savais pas ce qui m’attendait non plus. Mais la petite famille ne tarda pas à débarquer, tout de suite, la maison se remplit d’une certaine animation et d’une ambiance que je ne saurai décrire. Curieuse de nature, j’observais à tour de rôle chaque nouvelle tête : le père de Lyte, la mère de Lyte et enfin, l’ex de Lyte. En fait à part cette dernière – et sa sœur - , je réalisais que je ne connaissais pas le prénom de ses parents, ca ne saurait tarder peut-être … Enfin je n’en sais rien, il y a des adultes qui préfèrent qu’on les appelle par leur nom de famille jusqu’à ce qu’on devienne suffisamment « proches ». Lyte me présenta, je souriais sincèrement à chacun – oui oui, même Demi – par contre à l’entendre, il était donc surtout enclin à me présenter en tant que consultante. C’était un peu ce que j’avais fait plus tôt auprès de sa sœur, même si j’avais laissé un sous-entendu à la fin, mais d’un autre côté … j’avais dans l’idée qu’il était trop difficile là maintenant tout de suite de dire qu’il y avait plus que ca. Je me surprenais toutefois à espérer que ca finisse par sortir avant qu’on ne quitte Dollet. Enfin bon.

- Ravie de faire votre connaissance ! A tous. Mais la voix de sa mère fit baisser un peu l’intensité de mon sourire. - Euh, oui.

Sur le coup, ca m’avait surprise qu’elle me vouvoie. J’avais l’habitude que mes anciens patrons ou inconnus dans la rue me vouvoient depuis que j’étais à Costa Del Sol mais pour le coup, je ne sais pas, ca ne m’aurait pas choquée qu’elle me tutoie. Si on allait à Wutai un jour, Lyte remarquerait que tous les « aînés » - ou du moins les personnes plus âgées que lui – le tutoieraient, même s’ils ne se connaissaient pas. Je hochais la tête à l’affirmative pour ce qui était des boissons avant de répondre à l’invitation de Lyte pour aller m’asseoir, même si sa mère revenait à la charge. Ok, c’était vraiment perturbant cette histoire.

- Je vous en prie, vous pouvez me tutoyer et même m’appeler par mon prénom, ca ne me dérange pas. J’affichais un sourire gêné pour le coup. - Et ne vous en faites pas, je ne fais pas la fine bouche !

Enfin il y avait bien des choses que je n’aimais pas, mais là ce ne serait vraiment pas de chance si en plus de tomber sur l’ex de Lyte, pour le repas, je tombe aussi exactement sur tout ce que je n’aimais pas ! Bref. Quelques minutes plus tard, tout le monde était installé et Lyte devenait très vite le centre d’intérêt. Enfin, nous devenions … Son père semblait surpris qu’il ait une consultante et je sens que je vais me retenir de dire que ce n’était qu’un prétexte à la base pour que je reste avec lui sans trop compromettre sa mission, hein ? J’échangeais un bref regard avec Lyte, même si j’avais l’impression que c’était le genre de réaction anodine qu’il fallait éviter … Même à travers le regard en général, on voit tout de suite qu’il y a quelque chose.

- Et bien … La mission en elle-même est confidentielle. Après tout, ce n’était pas parce qu’on parlait à ses parents que ca nous donnait le droit de révéler tout ce qu’on faisait. La définition même de la confidentialité. - Mais elle oblige à avoir des déplacements très fréquents, et pas que sur Dol.

Déjà de base, parce qu’il le fallait sitôt qu’on cherchait des Chimères … Mais aussi, maintenant que nous avions le Cristal de l’Eau avec nous, il fallait vraiment qu’on réalise qu’on avait avec nous un objet très convoité et qu’avoir un mouvement quasi constant ne pourrait que nous éviter un maximum de problèmes. Toujours en souriant, je continuais.

- J’ai l’avantage d’avoir voyagé sur presque tous les mondes d’Héméra, ca m’a permis d’en apprendre plus sur les cultures des autres contrées, ca change de Gaia.

Autrement dit, ma réponse laissait suggérer deux choses. La première, c’est que mes connaissances ne pouvaient qu’aider Lyte – accessoirement, de ramener ma science, n’est-ce pas ? – et la seconde, c’est que je venais de révéler que je venais de Gaia. Puis, l’occasion était trop belle, je ne pouvais pas rester sans rien dire après tout ca. Oh mon Dieu attendez. Je viens de penser à un truc. Justement si je viens de Gaia et lui de Dol, on fait comment s’ils nous demandent comment on s’est rencontrés !? On ne pouvait décemment pas dire qu’on s’était rencontrés dans un rêve – et j’ignorais que Demi était au courant en prime. Bon … Pas de panique, on dirait simplement qu’on s’est rencontrés à Costa et que … ouais non, c’est pas crédible, comment en si peu de temps il aurait pu placer sa confiance en une fille tout juste rencontrée ? Courage Ruka, t’es la reine de l’impro, tu vas vite trouver un truc !

Ok, il n’aura pas fallu attendre dix secondes pour que la question tombe. Par contre, je ne m’attendais pas à ce qu’elle sorte de la bouche de Demi. Elle avait beau parler avec calme, vous savez, les filles, ca a un sixième sens pour détecter tous les trucs louches sortant de la bouche d’une autre fille. Lorsque je croisais son regard, j’avais cette impression qu’elle le savait déjà et je ne cherchais pas à me tourner vers Lyte pour avoir une confirmation, d’une façon ou d’une autre. Ce serait un comportement qu’on jugerait louche. Alors, plongeant mon regard dans le sien, j’affichais toujours ce petit sourire qui n’avait pourtant rien de provocateur, mais bel et bien naturel pour la rembarrer tout en écartant les soupçons de la part de la famille.

- Oh ca date de l’époque du tournoi de Spira, ca remonte. Une histoire peu commune et assez compliquée à expliquer.

Du point de vue de la famille, cette réponse passait pour un « je vous la raconterai plus tard ! », de mon point de vue, ca me donnait une petite marge de temps supplémentaire pour inventer un truc crédible pour eux, à moins que Lyte souhaite leur dire la vérité même si elle paraît folle … Et enfin, de son point de vue, c’était une manière polie et subtile de lui dire « ta gueule ».

Oui, vulgairement. Mais plus le temps passait, plus je commençais à percevoir le jeu de Demi, et Lyte aussi. Dommage. J’aurai pu la considérer comme une personne « normale » et ne pas lui envoyer de pique dans la figure gratuitement, mais elle prouva assez vite être encore attachée à Lyte – peut-être un peu trop même – et me considérait alors comme sa rivale. Je n’aimais pas trop jouer à ce jeu d’emblée sans connaître la personne en face et j’aurai aimé que ca ne se passe pas comme ca, mais, comme on dit, qui s’y frotte, s’y pique. L’histoire de la chambre d’abord, même si j’avais lancé un sourire amusé à Zephie qui sauva un peu la mise, mais même sans son intervention, j’aurai bien trouvé un truc pour la dégager de la chambre. Puis vint l’article du Deling où notre photo du bal était affichée. J’aimais pas trop le ton qu’elle prenait, j’avais l’impression que juste en voyant cette photo, elle m’avait classée dans la catégorie des petites bourges. Mais je restais de marbre.

- C’est trompeur j’avoue. L’habit ne fait pas le moine.

Et j’avais dit ca d’un ton incroyablement calme et presque trop anormalement naturel. Je trouvais ca un peu stupide, alors tant qu’elle ne dépassait pas les bornes, j’avais pas trop matière à être piquée au vif. Lyte reprenait derrière en affirmant que c’était un cadeau – un prêt était un terme plus correct vu que je ne l’avais pas gardé - et j’étais restée souriante malgré tout, je n’avais vraiment pas envie de flancher devant cette fille qui cherchait à m’attaquer en masquant ses coups en les faisant passer pour de la curiosité.

Au moins, la conversation avait été ramenée sur d’autres choses mais au final, si les questions avaient été posées à Demi, j’avais surtout l’impression que c’était Zephie qui ramenait l’attention sur elle. C’en était assez amusant, Zephie était le parfait contraire de son frère : elle ne tenait pas en place. Mais les verres étaient désormais tous remplis et il était temps de trinquer … A quoi par contre ? Je regardais un peu tout le monde et me mettais à sourire plus franchement.

- Bon et bien … à cette rencontre ? Un peu inattendue, mais c’est pas faute d’avoir dit au moins trois fois en deux jours à Lyte de prévenir.

Et vas-y que je te remets ca encore sur la table. Je me retenais de rire, je savais qu’à force ca risquait de le gonfler alors je lui pinçais une nouvelle fois la joue avec amusement. Même pas honte de le faire devant ses parents, sa sœur – bon je l’ai déjà fait devant elle – et son ex. Lui par contre, c’était peut-être la honte !

- Roh promis c’est la dernière fois que je le dis !

Je me moquais un peu, certes, mais bon. J’avais cet avantage de savoir rester moi-même en toutes circonstances et à ne pas rester retranchée dans mon coin. Je l’avais déjà prouvé dans le bureau de Squall non ?

- J’espère qu’on ne tombe pas trop mal du coup, mais … j’imagine que vous ne devez pas le voir très souvent.

Là je parlais directement aux parents de Lyte, évidemment.

Ok finalement Lyte avait souri à mon geste, j’avais pensé que c’était à cause de moi mais je n’avais même pas idée de ce qui lui était passé par la tête – vaut mieux pas, j’en aurai éclaté de rire. Au moins on ne dérangeait pas, mais il était temps de passer à table, j’avais répondu à l’affirmative à la mère de Lyte et j’allais me mettre là où on me l’indiquait. Les odeurs étaient alléchantes, à croire que c’était jour de fête pour le repas quand je voyais ce qui arrivait ! Mais à peine commençais-je à manger que madame Je-Pique-Comme-Un-Freulon (HRP : Hop, prends ca !) revenait à la charge. Parler de la maison qu’ils avaient imaginé acheter avec Lyte quand ils étaient ensembles. Curieusement, ce qui aurait dû m’énerver, me fit afficher un sourire que personne ne comprendrait à ce moment.

* D’où l’importance de ne pas faire de gros projets sur le long terme quand on se fait larguer au final. *

Que j’avais envie de répondre. En d’autres termes, ca ne me fit aucun effet. Mais très vite, Demi chercha à en savoir plus sur moi, même si je m’attendais à ce que sa question en cache une autre, allez savoir et je levais les yeux.

- Oui, je vis à Costa Del Sol sur Gaia. Avec des amis pour le moment. A défaut d’avoir une famille – désolée Yuki ! - C’est un peu une obligation là-bas, soit il faut être riche, soit il faut s’y coller à plusieurs pour pouvoir suivre le loyer. Je préfère ne pas faire de projet d’acheter un logement pour le moment, on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve. Allez hop, prends ca. - Et comme on ne sait pas encore avec Lyte où le travail va nous mener …

Et reprends ca.
Je reprenais une bouchée et avalais avant de regarder les parents de Lyte.

- Hum, vous connaissez Costa Del Sol ? Si un jour vous avez l’occasion de prendre des vacances je vous la conseille comme destination ! C’est la destination de vacances par défaut sur Gaia, enfin, quand on a envie de soleil … Si vous préférez la neige, il y a le Village Glaçon, j’ai entendu dire qu’il avait été reconstruit récemment et qu’il est plus beau que jamais ! Faudra qu’on y aille un de ces quatre tiens !

Que je lançais à Lyte à la fin, après tout, ca pouvait être intéressant pour la Chimère de la Glace, mais aussi, je n’avais jamais passé de vraies vacances à la neige … J’avais seulement fait un très court séjour. Ca devait être sympa.