Entre deux coups de foudre

« Quelle poisse ! Bon sang mais quelle poisse ! » m’écriais-je en m’avançant vers le bâtiment perdu au milieu des plaines assaillies par la foudre et le tonnerre.

L’orage qui s’était déclenché n’avait heureusement pas amené la pluie avec lui, contrairement à lorsque j’étais passée à l’allée mais ce n’était de toutes façons pas la tempête qui m’avait poussé à manifester mon mécontentement.

Après plusieurs semaines à faire des recherches par moi-même en parallèle de répondre aux requêtes que mes contacts sur Dol m’avait fait parvenir, les informations internationales avaient mentionnées l’apparition du château mystérieux au-dessus de ces mêmes plaines sur lesquelles je me trouvais actuellement. Si je n’avais pas été dans l’obligation de répondre à la demande qui m’avait été faite tout juste avant, j’aurais bien évidemment tenté de me rendre sur place mais la promesse que j’avais faite à cette personne était tout aussi importante. Je n’avais donc pas eu l’occasion d’assister en personne aux affrontements dans la capitale de Spira mais compte tenu du traitement que le clergé réservait aux Sorcières capturées, il n’avait pas été plus mal que je ne sois pas engagée auprès d’elle, même pour essayer de les convaincre de se retourner contre celles qui les manipulait.

Lorsque j’avais enfin pu me libérer pour partir là-bas, il n’y avait déjà plus aucune trace ni des génomes dotés de pouvoirs, ni du château qui les avait amenés. Les plaines ne recelaient elles non plus aucun indice. Dépité, j’avais pris la décision de me rendre à Guadosalam, en espérant pouvoir trouver quoi que ce soit qui pouvait m’aider à retrouver la trace de l’arme de Nana, le fameux Colt.

Absolument rien ne restait de mon passage chez les Guados, à part les souvenirs qu’une gamine qui leur arrivait tout juste au-dessus de la taille sortie de ce qu’ils appelaient l’Au-Delà leur inspirait.
J’avais eu la chance de conserver la plupart de mes effets personnels mais ce pistolet restait quant à lui définitivement introuvable alors que mes souvenirs d’avant que je perde connaissance me laissait penser qu’il avait franchi l’Iris quasiment en même temps que moi. S’il ne m’avait pas suivi jusque sur Spira, avait-il atterri ailleurs ? Si c’était le cas, il m’était impossible de le localiser avec certitude, même en demandant de l’aide aux personnes que je connaissais et surtout pas depuis que le monde avait prit la forme qu’on lui connaissait sous le nom d’Héméra.

Une bonne semaine à fouiller chaque recoin de la ville des Guados sans résultats m’avait convaincue que je n’avais plus rien à faire sur ces terres.

Si je m’évertuais à râler avant même d’avoir fait le premier pas à l’intérieur du comptoir des plaines foudroyées entre deux averses, c’était donc parce que je me rendais compte après coup que mon voyage sur Spira ne m’avait rien apporté. Pire encore, m’être absentée de Dol m’avait une fois de plus empêché de rentrer en contact avec les sorcières menées par Ultimécia qui avaient attaqué Dol pendant mon absence. Je ne parvenais même pas à imaginer la panique dans laquelle mes contacts s’étaient retrouvés le jour où ça s’était produit. Il faudrait que je prenne de leurs nouvelles lorsque j’aurais de quoi recevoir leurs appels.

En attendant, j’ouvrais la porte de l’établissement avec vigueur. Quitte à ce que je proteste mon mécontentement en silence ou à voix haute pour qui serait intéressé, autant le faire dans un endroit chaud.

Le réceptionniste, différent de celui qui m’avait accueilli la semaine précédente, me salue et après m’avoir fixé quelques secondes, m’indique où je pouvais me reposer le temps de reprendre ma route. Je lui réponds par un hochement de tête et me dirige vers la chambre commune pour y poser mes affaires. Je me débarrasse de mon imperméable, puis je détache le fourreau du sabre de mon père et pose le tout sur un des lits laissé libre avant de m’y allonger quelques secondes. Si j’y somnoles quelques instants, je finis par me relever lorsque mon estomac me signale qu’il a besoin de ravitaillement. J’attrape mon bazar et reviens vers l’accueil servant aussi de salle à manger, où je trouve la figure d’une femme inconnue attablée dans un coin. L’homme en charge du service me fait signe, ce à quoi je lui réponds que je vais prendre ce qu’il me propose. Si je ne décide pas de m’asseoir directement en face d’elle, je prends au moins soin d’attendre qu’elle pose son regard sur moi pour lui adresser un « Bon appétit. » depuis ma place un peu en retrait.

Une réponse brève, neutre. Tout ce qu’il y a de plus classique et je ne m’attendais pas non plus à quelque chose de très extravagant de la part de quelqu’un qui ne me connait même pas.

Ce qui n’est pas extravagant non plus est le repas qui m’est servi. De quoi se remplir l’estomac sans risque avant de reprendre la route.

J’entame sans attendre le contenu de mon assiette. La cuisine ne paye certainement pas de mine mais le goût est au rendez-vous. Même si comparé à ce que j’ai pu manger lorsque je logeais à l’orphelinat de Centra, c’est encore bien en-dessous.

Au bout d’un moment, je me rends compte que la femme que j’ai saluée me jette des regards fréquents, comme si elle s’attendait à ce que je reprenne la discussion. Ce n’était pas vraiment mon intention mais puisqu’elle semble ouverte au dialogue, c’est sûrement l’occasion de récolter quelques infos.

« Dites... Vous venez souvent ici ? »

Je manque de m’étouffer en m’entendant prononcer ces paroles. La fatigue des derniers jours de voyage semble m’avoir rattrapé pour que j’adopte la manière qu’avait Nana de s’exprimer. Je reprends rapidement pour ne pas donner la mauvaise impression à cette femme :
« Désolé, je reformule. Est-ce que vous étiez dans le coin lorsque la forteresse dont tout le monde parlait récemment est apparue ? »

Encore un coup dans l’eau. Je fais de mon mieux pour dissimuler ma déception devant la réponse que la femme m’a donné mais je ne doute pas que ma moue contrariée lui met la puce à l’oreille ou bien elle ne m’aurait pas posé de question à son tour.

« Oui, je cherche à recueillir des informations sur les sorcières qui sont apparues avec lors de l’attaque sur Bevelle. J’ai quelqu’un de proche qui est inquiétée par leurs actions et qui m’a demandé d’en apprendre plus. »

Je fini mon assiette tout en terminant mon exposé. Je pense retourner me reposer dans le dortoir suite à cela. Si je repars tout de suite après, je sens que ça me fera défaut plus qu’autre chose.

« S’il n’y a rien ici, je n’ai donc plus de raisons de rester sur Spira... J’espère juste que ce ne sera pas trop difficile de trouver un moyen de transport par les temps qui courent. Venir ici ne m’aura décidément pas servi à grand-chose, au final »

Mes couverts tombent dans l’assiette sans grande délicatesse en témoignage de ma frustration. Il fallait trouver de quoi rentrer sur Dol, maintenant. Du moment que je parviens à rejoindre Bevelle dans la journée de demain, ça devrait aller mais on ne sait jamais vraiment comment les choses peuvent tourner.

« Je vous remercie quand même pour avoir accepté de répondre à mes questions. J’imagine que je dois être la seule que vous croiser à oser vouloir en savoir plus sur ce truc, pas vrai ? »

« Ça, je ne vous le fais pas dire. Vous pouvez être sûre que si on ne m’avait jamais informé de la menace que représentent ces femmes, on ne se serait probablement jamais rencontré. »

Je quitte la table et me dirige vers le comptoir d’accueil pour rapporter mes couverts.

A ce moment précis, un groupe d’hommes et de femmes en armure surgit de la porte principale. Je reconnais difficilement leur uniforme mais vu l’état de leur équipement, je suppose qu’ils appartiennent à un corps d’armée local.

« Pfiou ! Je crève de faim, pas vous ? J’espère que la bouffe ici vaut le coup.
-On n’est pas les seuls, on dirait.
-T’as raison, dis donc. Qu’est-ce qu’une gamine peut bien faire ici ? »

Si je tente d’abord de les ignorer, l’un d’entre eux semble insister pour s’adresser à moi.

« C’est à toi que je parle ! Qu’est-ce que tu fiches dans ce trou paumé ?
-Je ne suis que de passage.
-Hé ! C’est pas une réponse ça ! Tu t’es enfui ? Quelqu’un te cherche, je suis sûr ! »

Apparemment, ça n’aura pas suffi à les convaincre de me laisser aller me reposer en paix, car le plus imposant d’entre eux se dirige vers moi. Je ne crains pas vraiment pour ma peau s’il vient à m’attraper mais au vu des circonstances, je ne peux pas me permettre de me servir de mes pouvoirs pour me défendre.
Tout en gardant une main prête à dégainer mon sabre de son fourreau, j’esquive la poigne de mon adversaire.

« Qu’est-ce que... J’essaie de t’aider, moi ! Dis-nous d’où tu viens et on t’y ramène saine et sauve ! Et d’abord, c’est quoi que tu tiens depuis tout à l’heure ?
-Je suis loin d’être perdue ! Alors laissez-moi tranquille et occupez-vous de vos affaires !
-Fous-lui la paix, Nobi ! Tu vois bien qu’elle veut qu’on la laisse tranquille ! »

Les mots de sa collègue ont apparemment l’effet inverse car l’homme semble perdre patience et commence à sérieusement essayer de m’attraper. Ses mouvements se font moins patauds et gagnent en vitesse malgré ce qu’il disait quelques instants plus tôt concernant son estomac.

S’il continue à insister, je risque bien de lui rafraîchir sa barbe à l’aide du tranchant de mon sabre.

« Bordel ! Arrête un peu de t’agiter comme ça ! Vous allez vous décider à me filer un coup de main, vous aussi ? Elle a sûrement une arme planquée, ça vous suffit pas ?! »

Le reste de l’escouade à l’air bien moins enclin à aider leur camarade vu les regards qu’ils s’échangent mais l’un d’entre eux décide quand même de lui prêter main forte.

« Ça va bien, oui ?! Je vous ai rien fait, alors barrez-vous ! »

Déjà que je commence à avoir du mal avec un, alors si en plus ils décident de s’y mettre à deux... Le gérant n’a pas l’air prêt à intervenir, planqué derrière l’accueil. La seule personne qui serait potentiellement disposée à m’aider est assise en face.

« Dites, je peux vous demander encore un peu d’aide ? J’ai pas envie d’y passer la nuit. »

Si j’avais cru m’estimer chanceuse d’enfin pouvoir profiter d’un bon repas et d’un endroit où me reposer, le destin avait apparemment à cœur de me faire subir encore quelques désagréments avant.

J’avais eu moins eu le mérite de bien choisir mes alliés, puisque la femme que j’avais apostrophé au cours de la commotion était intervenu à sa façon pour tenter de désamorcer le tout. Certes, on avait déjà vu plus diplomatique comme solution mais ça avait au moins permis de stopper le type qui me cherchait des noises depuis tout à l’heure.

« Hola ! On se calme. Je cherche pas à vous déranger dans votre repas. Moi, tout ce que je veux, c’est que la petite me dise ce qu’elle fait là et pourquoi elle a l’air de se trimballer avec ce qui me semble être clairement une arme. »

Bon, le type a vraiment l’air de faire une fixette sur ma situation. Ça se comprend vu les derniers événements mais en même temps, est-ce que j’ai franchement l’air d’être une menace pour la sécurité nationale ?

« Si vous commenciez déjà par respecter mon espace personnel, je serais peut-être un peu plus conciliante. Sérieusement, vous croyez que je vais vous laisser me toucher alors que je ne sais même pas d’où vous venez, ni ce que vous avez fait avant d’arriver ici ? Espèce de porc.
-Oh ! Elle va se calmer, la mioche ?! T’as de la chance que ta copine me pointe la lame sous la gorce, sinon crois-moi que je t’aurais fait payer tes insultes depuis longtemps !
-Nobi, tu forces ! Lâche-leur la grappe et viens plutôt t’asseoir ! On crève la dalle, par ici !
-Venez plutôt m’aider au lieu de vous plaindre, bande de couards !
-Nobi, tu fais chier ! s’exclame une de ses collègues restés en retrait.Je te préviens, si la capitaine arrive et que t’es encore là-dessus, on va tous prendre pour tes conneries. »

Le mastodonte parut avoir un frisson lui parcourir tout le corps en entendant l’avertissement qui lui avait été lancé. Il alterna son regard entre moi et la femme assise encore en train de manger plusieurs fois, avant de lever les mains en reculant. Le claquement de langue ne m’échappa certainement pas mais au moins, il avait enfin lâché l’affaire.

Je pouvais donc enfin souffler un peu. Ce genre d’exercice à peine le repas terminé était loin d’être fatiguant mais avec les derniers jours passés à voyager le plus souvent à pied faute de connaissances suffisantes sur la région, je pouvais m’estimer heureuse de ne pas avoir trébuché par inadvertance sur une chaise ou un coin de table à cause de mon épuisement. Je m’apprêtais à retourner jusqu’à la salle de repos lorsque l’homme en charge de l’accueil me fit signe. Je n’avais pas vraiment envie qu’on me dérange plus longtemps mais comme j’étais tout de même en partie responsable de ce qu’il venait de se passer, autant m’expliquer pour dissiper tout malentendu.

« Désolé pour tout ça.
-Ne vous en faites pas, je comprends tout à fait votre réaction. L’homme qui vous a presque agressé est en tort quoi qu’il arrive. J’ose cependant espérer que vous n’hésiterez pas à revenir vous reposer ici la prochaine fois que vous passerez dans la région. En attendant, si je peux faire quoi que ce soit pour améliorer votre séjour...
-Dans ce cas, vous pourriez peut-être glisser un mot à propos de ce qui vient de se passer à la supérieure qui doit apparemment rejoindre ces hommes plus tard. Je n’ai pas vraiment envie d’être surprise dans mon sommeil par un type qui fait du zèle. Et si vous voulez vraiment donner quelque chose, voyez plutôt avec celle qui m’a défendue même si elle aurait tout aussi bien pu rester à l’écart. De ce que j’ai compris, on a failli lui gâcher sa nourriture. Pour ma part, je compte aller enfin me reposer. »

L’homme acquiesça en silence et me laissa repartir vers l’espace dédié au repos. J’osais espérer que mes mises en garde allaient bien être transmises à la personne en charge de cette unité et qu’elle appliquerait ma requête pour m’éviter d’être réveillée en sursaut.

Je salue tout de même la femme à la lance une dernière fois avant de quitter la grande salle. Son aide m’a été précieuse pour éviter d’aggraver les choses avec les locaux, je lui devais bien un remerciement tacite même si je devais très probablement être le cadet de ses soucis.

Une fois de retour sur le lit que je m’étais attribué, je commence lentement à ôter mes vêtements les plus encombrants, à commencer par mon long imperméable noir et mon uniforme, ayant bien évidemment prit soin de vérifier avant que personne ne s’amusait à m’épier. J’étais encore seule donc rien d’alarmant pour l’instant, il s’agissait juste de ne pas traîner. Je sors de quoi m’habiller pour la nuit de mon sac de voyage et l’enfile rapidement par-dessus mes sous-vêtements, avant d’aller attraper le fourreau en tissu que j’avais protégé avec acharnement un peu plus tôt.

« Hors de questions que quelqu’un d’autre que toi ou moi ne pose la main sur ton sabre. Je te le promets, ou que tu sois en ce moment. »

Je fais glisser l’étoffe sous l’oreiller pour la garder à portée de main et m’allonge sur le matelas en attendant de trouver le sommeil. La tempête semblait avoir finalement amené la pluie avec elle car le bruit de l’eau qui tombe sur le toit accompagné du tonnerre qui continue de gronder commençait lentement à me bercer. Il ne faudrait pas longtemps avant que je m’endorme.

Une bonne nuit de sommeil me permettrait de repartir rapidement, c’est en tout cas tout ce que je souhaitais dans l’immédiat.

La nuit était passée sans encombre, à croire mes demandes à destination de la meneuse de la troupe avaient été entendues. Cette histoire se serait sûrement mal fini si on m’avait agressé en pleine nuit, pour moi comme pour mon assaillant.

En sortant de la chambre que j’avais occupé pour la nuit, je pris soin de ne pas alerter les occupants des autres pièces. Après la prestation d’hier soir et ce qui avait probablement découlé dans leur hiérarchie, je me voyais mal adresser la parole à qui que ce soit qui...

« Woah ! Bo... Bon sang, vous m’avez surprise ! Ça vous amuse de faire peur au gens au petit matin ?! »

La femme à la lance d’hier soir s’était installée dans un siège le long du mur de la grande salle, suffisamment en retrait pour que je ne soit pas en mesure de remarquer sa présence avant d’avoir passé l’angle.

« Encore désolé pour le dérangement, hier soir. Et merci. J’étais un peu mal à l’aise à l’idée de rester dans la même pièce que ces gens après toute cette agitation, donc vous m’excuserez de ne pas être resté pour discuter un peu plus longtemps. »

Vu l’attitude qu’elle semble vouloir emprunter dans le cadre de cette discussion, je décide de m’approcher pour m’asseoir en face d’elle. L’aubergiste ne s’est pas encore manifesté mais de ce que j’entends d’au-delà du comptoir, il semble déjà s’affairer dans les cuisines.

En m’asseyant, je prends notamment soin de poser toutes mes affaires sur le siège à côté du mien afin de ne pas les perdre de vue, puis je relève la tête vers la jeune femme en déclarant :
« Je pense repartir assez rapidement une fois que j’ai fini mon repas mais si je comprends bien, vous aviez vous aussi des questions à me poser ? Tant que ça ne concerne pas la petite altercation d’hier soir, je veux bien prendre un peu de temps le temps qu’on soit servis. »

Je me rends compte que mon interrogatoire de la veille a probablement dû attiser sa curiosité en tant qu’habitante du monde qui avait subi de plein fouet les assauts récents des Sorcières. Voir quelqu’un s’intéresser d’aussi près aux incidents devait être assez troublant, voire suspect. Mieux valait se montrer suffisamment ouvert pour ne pas lui donner la mauvaise impression.

« Je n’y pense que maintenant mais je ne me suis toujours pas présentée. Je m’appelle Mégane. »

« Ravie de faire votre... ta connaissance, Ran. »

Elle disait être intéressée par le fait que je m’étais déplacée jusqu’ici pour en apprendre plus. Ce n’était pas la norme que de venir mener l’enquête sur les lieux de l’incident directement pour connaître tous les détails sur ce monde ? Je devais bien avouer que ces histoires de fusion avaient encore un peu de mal à rentrer alors que ça faisait pourtant déjà un an que j’avais atterri sur Héméra.

« Si je comprends bien... Vous dites que vous êtes prête à vous joindre à moi... Je n’ai rien contre l’idée mais ça implique que vous quittiez Spira dans très peu de temps, vu que comme je vous l’ai expliqué hier soir, plus rien ne semble me retenir ici. »

A voir donc comment elle voyait les choses concernant le fait de quitter sa terre natale. De ce que j’avais pu comprendre des habitants de la région, ils n’étaient pas très emballés à l’idée d’échanger avec les autres continents.

L’homme en charge de l’accueil semble enfin avoir terminé ses préparatifs, donc je lui fais signe que nous prêtes à recevoir les plats.

« Pas la peine de nous empresser de consommer notre repas. Je te laisse apprécier la nourriture avant de prendre une décision. Je sais que je ne compte pas m’en priver avant de reprendre la route. »

Elle avait l’air bien décidée à laisser derrière elle sa vie sur place pour m’accompagner. Il était plus qu’étonnant de voir quelqu’un prêt à abandonner tout ce qu’il connaissait pour aller au-devant de l’inconnu. Mais bon, ça m’évite de faire des pieds et des mains pour la convaincre, c’est le genre de migraine dont je me passe bien volontiers au réveil.

« Eh bien, puisqu’on est d’accord sur la marche à suivre, je crois qu’il n’y a plus vraiment grand-chose à ajouter. »

J’entame donc à mon tour le plat qui nous a été servit en guise de petit-déjeuner. Comme hier soir, il semble avoir été préparé très sommairement. J’en apprécie néanmoins toute la saveur exotique étant donné que je ne pense pas en remanger de sitôt.

« La première chose à faire va être de rejoindre la capitale, j’espère dans l’après-midi sinon soirée. De là, je pense nous faire aller sur Dol, mon monde natal. J’ai quelques obligations que j’ai dû laisser en suspens mais ça ne devrait pas nous empêcher de se renseigner sur ce qui a l’air de se passer autour de cette histoire de château flottant. »

Je termine enfin mon bol, pose ce qui me sert de couvert et ramène le tout au comptoir. Je salue une dernière fois l’homme qui nous a accueilli dans son établissement et retourne chercher mes affaires sur le siège où elles étaient posées.

« On y va dès que vous êtes prête... Et encore une fois, vous avez tous mes remerciements ! »

La main tendue comme pour l’inviter à signer officiellement notre collaboration, je me permets d’esquisser un léger sourire en me disant qu’en gagnant le soutien de quelqu’un comme elle, je n’avais peut-être pas perdu autant de temps que ce que je croyais en revenant sur ces terres.

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Mégane et Ran se dirigent vers les Plaines Foudroyées.

Petit message de liaison pour vous dire que les gils gagnés dans ce sujet ont été versés dans le sujet suivant (ici)