La ville du savoir

Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, je regardais ce type avec une certaine nervosité, le voir comme ça, devant nous, avec cette arrogance et ce sentiment de puissance, me mettait mal à l'aise. Mais je ne comptais pas me laisser déstabiliser, je prenais mon élan et je fonçais sur lui, mais j'étais obligé de faire des mouvements amples et vifs, bouger de gauche à droite pour éviter qu'il ne me blesse avec son katana géant, si bien qu'il me vit quand même arriver et bloqua une partie de mon attaque... j'avais quand même réussi à le faire reculer.

Il semblait impressionné, ou alors il était ironique, je n'étais pas sur... mais je plissais légèrement les yeux en bondissant en arrière, me réfugiant sur une table... si ici, le sol n'est pas inondé comme au rez-de-chaussée, il reste humide à cause  des nombreuses allées et venues des gens, je ne voulais pas prendre le risque de me retrouver grillé lorsque Sheli utiliserait la foudre
«T'as encore rien vu...» et il allait vite le voir! Sheli fit tomber un éclair de nulle part, et il avait du le sentir passer! Je voyais bien qu'il faiblissait déjà, ce qui me laissait penser qu'on avait peut être une petite chance de le démonter s'il n'avait pas d'attaques trop puissantes dans son jeu!

D'ailleurs, il comptait nous en faire une petite démonstration, je le vis tendre la main vers nous et envoyer un puissant sort de feu, Sheli était plus proche de lui que moi, aussi elle se mangea le plus gros des dégâts là où je tenais plutôt bien le coups... y'avait une odeur de brûlé qui flottait dans l'air, je grimaçais tout en fixant cet homme d'un air mauvais.

Mon esprit tournait à plein régime, un peu trop surement... mais je réfléchissais à une chose: qu'est-ce qui se passerait si on réussissait à le vaincre? En quelques secondes, à voir la façon dont il se tenait après les coups qu'il s'était mangé, j'entravais cette perspective... si on gagnait? Est-ce qu'on allait juste lui prendre le cristal de la terre - et l'orbe au passage pour éviter qu'il nous traque? Mais après? Ce type avait massacré des dizaines de soldats à la prison du désert, fait un vrai carnage à Esthar, il ne comptait pas s'arrêter là, quoi qu'il arrive... même si on lui reprenait un cristal.

Je me tournais vers Sheli, pensait-elle à la même chose que moi? Non, c'est le genre de chose que Zénobie penserait, pas elle... je serrais davantage mes dagues dans mes mains, serrant les dents pour la suite de l'opération...

«Sheli... j'ai besoin d'un peu de temps... donne tout ce que tu as, s'il te plaît...» je ne savais pas si elle comprenait ce que j'allais faire, c'était... une décision difficile, mais je savais, au fond de moi que je devais le faire. Prenant une profonde inspiration, j'attendais qu'elle agisse en premier, peut être que Sephiroth aurait le temps d'attaquer avant que je n'intervienne, j'espérais pouvoir tenir le coups jusque là...

Et nous voilà en pleine confrontation directe avec Sephiroth … A notre première rencontre, nous n’avions aucun intérêt à nous battre avec. Mais entre temps, nous avions obtenu l’Orbe de la Terre et de fil en aiguille … nous voilà. Honnêtement, j’étais stressée mais surtout sur le qui-vive. Il nous avait clairement menacés de nous tuer, et ca, il en était hors de question. Ce n’était plus un duel, ca devenait une survie. Tuer, ou être tué … même si pour être franche, je n’avais pas envie de souiller davantage mes mains en y versant le sang, calamité ou non.

Comme je m’y attendais, Yusuke joua de toute son agilité et de sa vitesse pour pouvoir atteindre Sephiroth, mais ce fut sans réelle surprise que j’assistais à la parade de notre adversaire. Yusuke avait réussi à le blesser, mais pas autant que désiré … C’est là que Sephiroth fit son erreur. Un compliment – même ironique – de sa part, je ne m’y attendais pas des masses, mais le temps qu’il parle, il avait laissé une ouverture pour l’attaquer et je m’en étais servie pour faire gronder le tonnerre et lui envoyer un éclair en pleine face. Je grésillais encore après coup, mais je grimaçais un peu : il était coriace. J’aurai aimé réussir à le secouer suffisamment avec une forte décharge pour qu’il s’effondre, j’aurai dû frapper plus fort.

Résultat, Sephiroth répliqua … et c’était à croire que le commentaire de mon époux n’était pas passé dans l’oreille d’un sourd puisque l’ange tapa dans le feu !! Etant en première ligne, je n’avais pas eu le temps d’avoir la moindre réaction pour éviter ou me défendre face à cette magie, si bien que les flammes s’en donnèrent à cœur joie pour venir me brûler à un certain degré. Ce n’était pas sans douleur et sans peine que je supportais cela, je m’agitais un peu pour éteindre les quelques flammes qui continuaient de brûler sur mes vêtements, j’avais même manqué de faire tomber l’Orbe de la Terre de ma poche mais je tenais bon !! Moi aussi j’avais de la ressource et il en fallait plus que ca pour m’abattre, même si je n’étais pas sûre de pouvoir encaisser encore une ou deux attaques de cette ampleur. Et comme si ca ne suffisait pas, la bibliothèque commença à prendre feu et nous avions plus important à nous préoccuper ! Les sorts aquatiques attendraient pour éteindre les flammes !

- Putain non mais c’est pas vrai !! J’espère pour toi qu’il n’y a que des recettes de grand-mères dans ces livres !!!

Mais pire, Yusuke me demanda … de lui faire gagner du temps ? Je tournais rapidement les yeux dans sa direction, jamais je ne l’avais vu avec un air aussi grave et je n’avais pas vraiment compris ce qu’il avait en tête. Je me disais que le connaissant, c’est indéniable, il avait une idée en tête et que j’avais tout intérêt à l’écouter pour qu’il mène à bien cette dernière. Bon. Ok. Je jouais un peu de mon katana : le meilleur moyen de faire diversion, c’était de foncer dans le tas … je n’étais pas sûre d’être au top de mes performances à cause des douleurs provoquées par mes brûlures, mais l’adrénaline du combat permettait bien des miracles, parfois. J’étais réticente à faire un combat de mêlée avec un combattant tel que Sephiroth, mais là, je n’avais pas trop le choix. Concentre-toi, Sheli !

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Action de Sheli :
• Zénobia sur Sephiroth > Se sert de son katana pour frapper avec acharnement l’une de ses cibles >  - 2200HP [Cible], - 15MP [Sheli]

Non, Sheli ne pouvait pas comprendre ce que je préparais... même si elle devait se douter que c'était assez grave rien qu'à ma tête. Je reculais pour mieux me préparer à l'attaque, examinant mon adversaire à la recherche de ses points vitaux. La gorge me semblait être le moyen le plus sûr de le tuer rapidement, le cœur... c'était plus difficile à viser, et je n'avais pas de garantie qu'il ne pourrait pas parer le coup juste en mettant son bras devant. La gorge est toujours plus difficile à protéger.

Mon épouse attaqua, déployant l'une de ses plus puissantes techniques... comme je m'y attendais, ce léger temps de retard permit à Sephiroth de déployer une technique d'une puissance effroyable! Une partie de la montagne s'effondra sous l'explosion de la Super Nova, mais je n'eus même pas le temps de réaliser les dégâts qu'il venait d'occasionner, j'étais pris d'une rage qui grimpait rapidement en moi. Trop vite.

Mes mains se mirent à trembler, mes yeux devinrent rouges et je fixais alors Sephiroth avant de me cambrer en arrière, telle une bête sauvage, je poussais un puissant hurlement
«rrRRAAaaaaAAAAHHHHH!!!» je ramenais mon corps en avant, le dos légèrement voûté et je prenais un appui sur mes jambes, je ne voyais pas le regard de Sheli, probablement affolé de me voir dans cet état, elle ne sait que trop bien ce que ça fait, elle qui a choisi de s'immuniser à cette altération pour ne pas avoir à se retrouver comme ça... mais moi, je ne voyais plus que Sephiroth, cet ennemi à abattre. Si j'avais encore eu des doutes à l'idée de le tuer, des craintes, des appréhensions, tout ça venait de s'envoler! Je ne cherchais même plus à viser un point vital, je prenais une impulsion et je fonçais sur lui, et mes dagues transpercèrent un point précis: son cœur.

Il me parla, étrangement, je comprenais ce qu'il me disait, sauf que ça ne faisait qu'attiser davantage ma rage
«Tu HANTERAS les DÉMONS en ENFER!!!» je me retournais pour pivoter sur moi-même et cette fois, ma dague trancha net sa gorge, un flot de sang me gicla au visage, et j'utilisais mon pied pour le mettre à terre... je m'apprêtais à lui sauter dessus pour continuer à l'attaquer, contrairement aux monstres, il ne disparaissait pas en poussière de cristal, son cadavre était là, encore chaud et prêt à être massacré!

Mais une petite fée jaillit de nulle part et me calma, je me retrouvais au-dessus de Sephiroth, il était allongé sur le dos, ce sourire en coin, le sang maculant sa gorge et me recouvrant les mains et une partie du visage. Le cœur battant, j'avais encore ma dague levée, prête à s'abattre sur lui... Sheli derrière moi devait probablement avoir le visage défiguré par l'horreur du spectacle
«Que... qu'est-ce qu'il s'est passé?» je reculais d'un bond, lâchant mes dagues sous l'effet du choc, la bibliothèque avait plus ou moins été réparée autour de nous, les flammes éteintes, les gens commençaient à avancer alors que le cristal de la terre réagissait à l'orbe de Sheli, on pouvait le prendre, mais...

«Il... il faut le fouiller. S'il a des orbes sur lui, on ne peut pas se permettre que quelqu'un d'ici les prenne...» car s'ils trouvaient l'orbe de la terre, ils pourraient nous traquer. Et s'il en avait d'autre, tôt ou tard, ils pourraient aussi nous chercher. Je tremblais et je m'avançais du cadavre encore chaud, posant un genou à terre, je commençais à fouiller ses poches

«Je... je voulais pas... pas comme ça.» au fond de moi, je savais que c'était exactement ce que je voulais. Au moins, cet homme ne ferait plus de mal à personne. Mais... je ne voulais pas le tuer comme ça. Est-ce que je pourrais vivre avec ça? Certes, j'étais sous furie, ça me donnait... une excuse. Du moins aux yeux de Sheli peut être mais... j'avais le cœur lourd, mais pourtant, je me dépêchais de lui faire les poches. Je ne cherchais pas les gils ou autres objets, seulement des orbes, et éventuellement, des cristaux. Je ne me rendais même pas compte que Nivis nous attendait...

Aucune idée de ce que Yusuke préparait exactement, et j’aurai pu penser à n’importe quoi, j’aurai encore été bien trop loin de la plaque sur ses réelles intentions. J’avais foncé sur Sephiroth pour déferler plusieurs frappes et lui infliger plusieurs blessures supplémentaires, histoire de laisser le temps à mon époux de se préparer … mais c’était sans compter Sephiroth qui s’était « retiré » le temps de déployer une attaque dévastatrice !! Machinalement, je mettais mes bras devant moi comme pour me protéger, mais c’était une espèce de … magie, qui ne pouvait nous épargner, provoquant des secousses qui eurent le don de me rappeler qu’on était à l’intérieur d’une montagne puisque des pierres tombèrent du plafond ! Heureusement, personne ne s’en prit une sur la tête … Ce que j’ignorais, c’est que cette attaque envoyait des ondes qui pouvaient nous rendre fous de rage, mais comme je m’y étais vaccinée, je gardais les idées très claires, tout comme j’avais alors pleinement conscience de la douleur qui me rongeait. Entre les brûlures et ca, inutile de dire qu’il ne fallait pas sous-estimer un adversaire de la trempe de Sephiroth.
Et puis il y eut l’hurlement de rage de Yusuke … et là je comprenais les effets de cette attaque, parce que même en se prenant un violent coup, jamais mon époux n’avait réagi de façon si violente … Et dagues en avant, dans une position plus que parlante, je devinais ses intentions.

- YUSUKE ARR-

Trop tard. Je m’étais vite rapprochée pour l’en empêcher, mais je m’arrêtais net lorsqu’une projection de sang fut envoyée sur moi. Pas une énorme quantité vu que j’étais à distance, c’était le mouvement de la dague de Yusuke qui l’avait envoyé sur moi. Je m’étais figée, le regard qui en disait long sur mon état de choc de voir ainsi le cadavre de Sephiroth devant nous. Honnêtement, il y avait une part de méfiance aussi, j’étais déjà passée par cet état, je savais de quoi Yusuke pouvait être capable dans un état de rage incontrôlé. Et puis il y eut une petite lueur, les flammes se calmèrent, mon époux aussi et je voyais la petite fée que Shiva nous avait « confiés » à la fin de notre rencontre.

- Je … Nivis, c’est toi ?

Elle se mit légèrement en retrait, elle semblait nous attendre, je la regardais un instant en espérant qu’elle se montrerait patiente : Yusuke retrouvait ses esprits et réalisait ce qu’il s’était passé. Je lâchais mon arme pour m’accroupir derrière la tête de Sephiroth. Tout ce qu’il restait de lui, c’était son corps inerte, sur un drap de sang … Même les yeux clos, il continuait de sourire. C’était … trop bizarre. Je ne saurai dire si c’était par arrogance jusqu’au dernier souffle, ou simplement, parce qu’il avait trouvé la paix en voyant la mort. Je voyais que mon Orbe réagissait de plus en plus fort et en écartant doucement la veste de la calamité, j’apercevais le Cristal de la Terre. Honnêtement, on avait déjà pris d’énormes risques en obtenant celui de la Foudre et du Feu … mais jamais acquérir un tel gain ne m’avait apporté un goût aussi amer en bouche. Mon regard était comme vide et mon visage, plus que fermé, alors que Yusuke était décidé à fouiller le reste du corps de notre ennemi du jour, pour espérer lui retirer toutes pistes qui pourraient finir par amener des petits curieux jusqu’à nous. J’observais la Masamune de mon côté et soupirais un instant avant de baisser les yeux vers Sephiroth.

- Repose en paix. Et que la mort t’apporte la sérénité que tu n’as pas eue en ce monde.

C’était une sorte de prière comme on en faisait sur Pulse quand un combattant perdait la vie. J’avais conscience que Sephiroth était une ordure de première et n’avait clairement pas la meilleure des réputations sur Gaia, mais qui étais-je pour pouvoir réellement critiquer sans y mettre de mauvaise foi ? On ne naît pas mauvais, on le devient … et je me disais que Sephiroth avait dû vivre quelque chose aussi dans sa vie qui l’avait poussé à devenir une personne mauvaise … tout comme ca avait été le cas pour moi lorsque j’étais devenue un Cie’th. Même si c’était dû à une malédiction dans mon cas, si je ne m’étais pas laissée à la haine et à la jalousie, je ne serai jamais devenue un Immuable.

Et puis je ramassais le katana très imposant de Sephiroth. Je ne comptais pas la voler ni même m’en servir, mais de la même façon que Yusuke pour les biens de la calamité, je me disais qu’il ne valait mieux pas laisser cette arme traîner par ici si c’était pour qu’elle atterrisse entre les mains du premier bouffon venu qui irait gueuler sur tous les toits qu’il a tué Sephiroth et qu’il en avait la preuve. Bref, ou même tout simplement, qu'elle ne tombe pas entre les mains d’un crétin. C’était peut-être l’arme d’une calamité, mais si on oublie ce détail, c’était surtout une arme très honorable et unique en son genre. Elle devait être entre les mains de quelqu’un qui saurait vraiment quoi en faire et non d’un type qui veut se prendre pour un héros. Peut-être que je devrais la confier à mon père ? Il était un grand spécialiste dans ce domaine et il bichonnait les armes comme des trésors uniques en leur genre, je savais qu’entre ses mains, elle serait bien entretenue !

Chose faite, je m’approchais de Yusuke. Je le voyais troublé, j’avoue qu’au fond de moi j’étais choquée aussi de son geste. Yusuke avait toujours été du genre à mettre des bâtons dans les roues, à créer des emmerdes aux gens s’il le fallait, mais il n’avait jamais été un tueur. Sauf pour les monstres … Mais entre tuer un monstre et tuer un Homme, il y avait non pas un fossé mais carrément un canyon. Et je savais très bien ce que ca faisait de verser le sang de sa propre espèce, surtout la première fois, même quand il s’agit d’une ordure … Calamité ou non, Sephiroth était un être humain.

Je me mettais accroupie devant Yusuke afin de le prendre dans mes bras – en faisant attention avec l’arme. J’étais blessée, brûlée, je devais sentir le cochon grillé – cramé – mais honnêtement, je crois qu’on s’en foutait tous les deux à cet instant.

- C’était ce que tu voulais faire, n’est-ce pas ?

Car non, je ne mettais pas ca sur le dos de la Furie. Il m’avait demandé quelque chose d’un air bien grave, bien avant de se retrouver enragé … et j’avais alors compris maintenant qu’il songeait déjà à le tuer. Au final, la Furie avait juste été « le coup de pouce » pour le convaincre dans cette voie, et l’aider à aller jusqu’au bout de son idée … Je déposais un baiser sur sa tempe et lui chuchotais :

- T’as fait ce qu’il fallait.

« Tu as tué un homme qui voulait la guerre et la destruction ».
« Tu as apporté un semblant de paix en lui ôtant la vie ».
« Il ne tuera plus personne ».
Oui, j’aurai pu lui dire ca. Oui, c’était vrai, quelque part. Mais que de putains de tissus de conneries ca aurait été. J’étais très bien placée pour savoir qu’on pouvait se donner toutes les excuses qu’il faut pour se dire qu’on a bien fait, ca ne retirerait jamais ce sentiment et ce souvenir qu’on avait tué une personne … ni même, éventuellement, l’idée qu’on puisse recommencer.
Le pire c’est que là, je ne suis pas sûre qu’il l’avait tué juste pour retirer une plaie à Héméra. Nous n’étions pas des sauveurs. Non, c’était surtout …

- Il ne se serait pas arrêté là même si on avait gagné … Il aurait fini par nous retrouver et … Yusuke. C’était tuer, ou être tués …

L’idée ne m’avait pas traversé l’esprit au moment de parler de ce duel, mais maintenant … je me disais que s’il avait fallu le tuer, j’aurai préféré que je le fasse, vu que j’avais déjà du sang sur les mains – et que j’avais toujours Zénobie en moi. Mais vous connaissez l’expression. Avec des si, on referait le monde. J'avais vraiment mal au cœur pour Yusuke.
Problème, c’est que les rapaces approchaient … Les gens revenaient, intrigués par ce qu’il se passait ici. On ne pouvait pas se permettre de discuter plus longtemps, alors je savais qu’on en reparlerait plus tard : son état de choc ne risquait pas de disparaître d’un claquement de doigt, pour le coup. Et puis, Nivis nous attendait toujours.

- Viens … Je n’ai pas envie de fréquenter la foule pour l’instant. Et … je crois que Nivis veut nous montrer quelque chose.

Je l’aidais, récupérais mon propre katana et lançais un regard sombre aux gens qui approchaient. Nous ne voulions pas leur parler. Je me retournais pour regarder un instant le corps de Sephiroth, et puis je me mettais à avancer.

Oui. Nous avions récupéré un Cristal. Mais à quel prix ?

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Sheli récupère le Cristal de la Terre.
Sheli récupère aussi la Masamune – en objet-clé, je ne compte pas m’en servir comme arme. (Si possible).
Et pour finir, Sheli rejoint Nivis avec Yusuke !

"Toute histoire a un début et une fin,
Et certaines demeurent sans lendemain,
Mais dans cet endroit où tout est relié,
Même la mémoire ne saurait oublié"

Qu'est-ce que j'avais fait? Je me retrouvais là, devant le corps sans vie d'un homme qui n'aurait eu aucun scrupule à nous tuer, et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de regarder son corps qui devenait de plus en plus pâle au fil des secondes.

Le temps semblait s'être arrêté, Sheli avait récupéré le cristal de la terre, son orbe avait réagi avec, mais moi, je voulais m'assurer que personne ne nous suive à la trace, alors je fouillais Sephiroth, essayant de ne penser à rien, de ne pas entendre d'éventuels murmures autour de moi des gens qui pourraient approcher, c'est à peine si j'avais remarqué la présence de la petite fée.. je trouvais un orbe bleu, il était froid comme la glace, et l'énigme dedans était exactement la même que celle de l'orbe de la terre. À peine j'avais l'orbe entre mes mains qu'un cristal apparut dans les effets personnels de Sephiroth

«Il avait le cristal de la glace...» je soupirais, décidément, sa mort nous aura été plus que bénéfique et pourtant, je n'arrivais pas à éprouver la moindre satisfaction. Sheli murmura quelques paroles d'adieu qui n'étaient pas méritées selon moi, en fait, je les avais à peine entendues, mais au fond, je savais plus ou moins ce qu'elle avait voulu dire. Je ne fis pas attention à ce qu'elle fit ensuite, elle semblait s'intéresser au katana de la calamité, l'avantage de ce genre d'arme, c'est que malgré sa taille démesurée, elle passe facilement par l'ouverture de notre sac sans fonds... Sephiroth avait aussi un orbe de lumière, je le récupérais pour éviter que quelqu'un ne le prenne et ne nous traque lorsqu'on aurait récupéré le cristal correspondant.

Et puis elle comprit. Elle savait. Elle savait que j'étais résolu à le tuer
«Il fallait le faire, oui. Et je ne voulais pas que tu le fasses.» elle pensait la même chose, mais à mes yeux justement, elle a suffisamment de sang sur les mains pour ne pas avoir à en rajouter. Elle essaya de me rassurer, mais sans trop en rajouter, et au final, j'étais soulagé qu'elle n'insiste pas. Oui, j'avais fait ce qu'il fallait, et oui il nous aurait tués de toutes manières. On avait suffisamment frôlé la mort comme ça pour ne pas se rajouter un ennemi qui nous aurait traqués sans relâche par la suite. J'avais fini par me lever, me rendant compte que plusieurs personnes de Daguéréo étaient arrivées, visiblement, ils n'étaient pas plus choqués que ça du spectacle, beaucoup d'entre eux sont des aventuriers, des baroudeurs, et même des pirates, ils ont du voir plus d'un cadavre... ils prirent un draps et recouvrirent la calamité, mais au moment où ils s'apprêtaient à nous poser des questions, Sheli nous avait conduits loin des regards indiscrets dans une petite pièce..

Une fois de plus, je soupirais... jusqu'à entendre la voix de Nivis qui nous faisait comprendre que l'énigme de Shiva pour le Royaume des chimères aurait du nous mener ici. J'écarquillais un peu les yeux puis je la regardais d'un air blasé

«Nivis... c'est pas contre toi mais... il est tard et... je suis pas d'humeur à me lancer à la chasse aux indices. Est-ce que tu veux bien remettre ça à... demain, ou peut être dans quelques jours?» je sais, c'était probablement ingrat. On a demandé de l'aide à Shiva pour rejoindre le Royaume des Chimères, et maintenant que la voie se dessine devant nous, je l'envoie limite balader, mais là je ne pouvais juste pas.

Je me rendais compte que la pièce où on était, était très silencieuse, j'entendais le battement de mon sang dans mes oreilles, et ce bourdonnement me donnait mal au crâne. Je faisais signe à Sheli de me suivre
«Allons à l'auberge... j'ai besoin de prendre un bain.» j'étais encore couvert du sang de Sephiroth. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais probablement brûlé mes vêtements...

Spoiler:

Non seulement Sephiroth avait le Cristal de la Terre, mais il avait aussi le Cristal de la Glace … Nous y étions. Nous avions parcouru la moitié du chemin. Et pourtant, nul sourire, nul sentiment de victoire sur nos visages. On avait toujours été conscients des risques qu’on allait prendre en se lançant dans une telle quête … mais être conscient de quelque chose et le vivre … ce n’était pas pareil. Yusuke avait tué quelqu’un pour ca. Je préférais ne pas m’étaler dans de longs discours pour essayer de le rassurer, puisque je savais très bien ce que ca faisait et que plus on parlerait, moins ca l’aiderait, en réalité. Et puis les gens s’approchaient, et Nivis était toujours là à nous attendre. Mais personne ne l’avait remarqué à part nous, j’en concluais que nous étions les seuls aptes à pouvoir la voir.

J’aidais Yusuke et on la rejoignait, je me demandais ce qu’elle voulait tout à coup et je préférais ne pas réagir à son commentaire au sujet de l’Orbe et le Cristal de la Glace. Après tout, on ne savait pas que Sephiroth les avait … et on n’allait pas les laisser là si c’était pour qu’ils tombent entre de mauvaises mains. Toujours est-il qu’elle rappela l’énigme de Shiva et apparemment nous étions au bon endroit pour trouver le Royaume des Chimères !? Bon je sais que Daguéréo est une ville bibliothèque géante et effectivement, en y réfléchissant, c’était le meilleur endroit pour trouver ce genre d’indices mais quand même ? A mes yeux, l’énigme ne correspondait pas. Au final, on s’était donc retrouvés au bon endroit par pur hasard … mais pour le coup, c’était au mauvais moment.

Je me doutais que Yusuke n’était pas en état de se lancer là-dedans. Moi non plus à vrai dire et je lançais un regard désolé à Nivis mais comme elle semblait dénuée d’émotions et de sentiments – et donc pas de quoi râler – elle avait l’air de se faire patiente et je hochais la tête d’un air reconnaissant. Yusuke me demanda à aller à l’auberge, alors on prit cette direction. Je prenais une chambre, l’aubergiste nous avait regardés bizarrement vu qu’il n’avait pu être que témoin de ce qu’il s’était passé, mais ne fit pas d’histoire. Il nous confia une chambre et je partais dans la salle de bain pour faire couler et chauffer l’eau. Jamais le silence n’avait régné de cette façon … vous savez, ce silence si pesant et lourd, qu’il pourrait vous écraser. Mais je finissais par revenir.

- Yusuke, le bain est prêt.

La baignoire était un peu petite pour qu’on y soit à deux, et de toute manière, nous étions si sales que ca ne me dérangeait pas qu’on se lave à tour de rôle. En revanche, ce n’était pas pour autant que je souhaitais le laisser seul. Je récupérais ses affaires mais en voyant tout le sang dessus, je me mettais à soupirer.

- Il va falloir les jeter …

Non seulement pour se séparer de cette preuve de « mauvais souvenir » mais aussi parce que bah … c’était irrécupérable hein ? On parle de sang, pas d’une petite tache de sauce qui disparaît au prochain lavage. Pas le choix, je les jetais, je prenais le sac – hors de question de le laisser sans surveillance – et un tabouret pour venir m’asseoir à côté de la baignoire. Mon regard était un peu dans le vide alors que Yusuke s’était plongé dans l’eau. Il y eut un nouveau silence. Je regardais longuement le sac et j’arborais alors un air grave.

- La moitié du chemin. On a fait la moitié du chemin. On devrait sauter de joie, on devrait être plus que surpris d’avoir trouvé deux Cristaux pour le prix d’un, et pourtant. On sait dans quoi on s’est lancés, on connait les risques … jamais une telle victoire ne m’avait laissé un goût aussi âcre en bouche.

Et Yusuke devait être dans un pire état puisque pour la première fois de sa vie, il avait ôté celle d’une autre personne. J’avais vraiment mal au cœur pour lui. Le pire, c’est que j’avais beau savoir ce que ca faisait, je ne savais pas quoi lui dire … d’une part car je pourrais dire beaucoup de conneries, d’autre part, car moi-même à l’époque, je n’avais eu le soutien de personne quand c’était arrivé. Je ne pouvais pas l’avoir, vous me direz, j’étais déjà un monstre à l’époque, et je repensais à la vision du passé que j’avais eu avec Alexandre. Quand je suis redevenue humaine, ca m’avait … rendue malade. Je finissais par prendre une profonde inspiration avant de lever les yeux vers Yusuke, le regard assez dur.

- Yusuke. Parle-moi s’il te plaît … Si tu as des choses sur le cœur, il faut les dire. Maintenant …

A vrai dire, j’avais vraiment peur qu’il s’enferme dans une sorte de bulle, après tout ca … Et je voulais qu’il se souvienne que j’étais là. On s’était mariés pour le meilleur et pour le pire, non ?

Qu'est-ce que je ressentais au fond? De la honte, non c'était pas ça... de la colère? oui un peu, en fait, je crois que j'avais pleins de choses qui se mêlaient en moins, une pointe de dégoût probablement aussi... j'en savais trop rien, et je me perdais entre l'envie de savoir et l'envie de laisser tout ça derrière moi.

Tel un enfant perdu, je me laissais guider par Sheli, je n'osais toucher à rien dans mon état, conscient du sang qui maculait mes vêtements et me faisait passer pour une sorte de monstre. Je ne vis pas l'aubergiste qui me regardait avec étonnement, même s'il en avait vu d'autres, mais dans ma tête, j'imaginais un regard rempli d'horreur et de dégoût.
Une fois dans la chambre, je restais debout, sans bouger. Je n'osais toucher à rien, je devais enlever mes vêtements avant tout, m'en débarrasser, les brûler s'il le faut. Heureusement, Sheli comprenait ce que je vivais, et faisait ce qu'il fallait sans que je n'ai à ouvrir la bouche. J'entendais de l'eau couler, et elle vint me chercher en me signifiant que le bain était prêt.

«Hmm...» je crois que j'avais épuisé mon stock de mots pour la journée... elle m'aida même à me déshabiller, probablement parce qu'elle avait vu mon désarroi lorsque j'avais baissé les yeux sur mon t-shirt maculé de sang et que mes mains s'étaient mises à trembler, mes yeux figés devant les traces pourtant à peine visibles sur mes vêtements noirs, mais suffisantes pour que ça me paralyse. Elle s'approcha doucement et attrapa le bas, je levais donc les bras, me penchant en avant pour qu'elle puisse l'enlever - j'étais trop grand sinon... puis je fermais les yeux pour retirer le reste, c'était plus facile ainsi...

Lorsqu'elle mentionna qu'il faudrait les jeter, je ne faisais qu'approuver d'un signe de tête et je me plongeais dans l'eau, assis simplement, les genoux ramenés un peu contre moi et mes bras les enlaçaient, le front posé pour pouvoir fermer les yeux. Puis je me redressais un chouilla pour poser plutôt mon menton sur mes genoux, et je fixais un point devant moi. Mais je voyais toujours la même chose... le regard vide de Sephiroth alors que j'étais sur le point de le poignarder encore et encore, et ce sourire en coin qu'il arborait... je me mis à trembler, et je fermais les yeux, mais cette image revenait encore dans ma tête, et je savais qu'elle allait rester un long moment.

La voix de Sheli me parvenait, mais elle me semblait loin, comme d'une autre dimension... on avait fait la moitié du chemin, oui. On venait de récupérer deux cristaux, on en avait donc quatre désormais. Et on avait l'orbe de la lumière qui nous permettrait de trouver le cristal approprié quand on s'y remettrait... si on s'y remettait. Non, on allait s'y remettre, il le fallait. Je ne voulais pas être un monstre pour rien.

Je finissais par me tourner vers mon épouse, son regard inquiet me fendit le cœur alors je tendais le bras vers elle et je finissais par l'agripper par le cou pour la ramener vers moi, je mettais ma tête au creux de son cou, et sans savoir pourquoi, les larmes se mirent à couler d'elles-mêmes
«P...pardon.» petit à petit, les larmes continuaient de couler, de plus en plus fort, la douleur au niveau de ma poitrine se faisait plus forte, plus lourde, et tout remonta en sanglots qui éclatèrent alors que je la serrais plus fort contre moi - de toute façon, je pouvais pas lui faire bien mal - et je me mettais à hurler pour expirer toute cette douleur et cette rage en moi. Mes yeux étaient plaqués sur sa peau comme pour contenir mes larmes, mais elles coulaient quand même, inondant ses vêtements et sa peau, mais je savais qu'elle ne bougerait pas et me soutiendrait...

Ces secondes parurent être des heures quand je me calmais enfin... je reculais doucement, je devais avoir l'air si pitoyable à cet instant... je voulais me rincer le visage, mais en regardant l'eau devenue un peu rouge, je me ravisais et je fermais de nouveau les yeux
«Comment... comment as-tu fait?» elle avait tué des gens, certes, elle était un monstre, pas vraiment elle-même à ce moment là, mais elle en avait gardé le souvenir. Moi aussi j'étais hors de contrôle à ce moment là, mais j'avais voulu le tuer, je le savais au fond de moi... «comment tu as fait pour chasser ces images?»

C'était ça surtout le plus important... comment avait-elle fait?

C’était étrange, cette sensation d’être hors du temps. C’était comme si tout ce qui se passait à l’extérieur nous passait par la tête, comme s’il ne se passait rien. Comme si le temps s’était suspendu. Yusuke était disons … « distrait », surtout songeur, sur tout ce qu’il s’était passé et ce qu’il avait fait. Lorsque je lui demandais de me parler, il se contenta de me demander pardon. Je ne cachais pas ma surprise en haussant un sourcil. Pardon de quoi ? D’avoir assassiné quelqu’un qui voulait notre peau pour les biens qu’on avait sur nous ? Pardon de se montrer si faible et vulnérable à cet instant ? Il n’avait rien à se faire pardonner, tout ca, c’était normal … Sa réaction était normale. Ca aurait un poil plus inquiétant qu’il tue une personne pour la première fois et ca lui fasse ni chaud ni froid.

Je me rapprochais un peu en voyant qu’il tendait son bras. Je me fichais bien qu’il ait les bras trempés ou autre, je passais ma main dans son dos, l’entendre et le sentir pleurer ne m’était pas agréable, j’avais de la peine pour lui … L’entendre hurler me fendit un peu plus encore le cœur, mais ca avait besoin de sortir, alors je ne disais rien, je ne faisais rien. Je me contentais d’être là, je finissais juste par frotter un peu son dos comme petite source de réconfort, mais aussi en guise d’encouragement pour vider et alléger ce poids qui voulait le tirer vers le bas. Puis il finit par se calmer et par me demander comment j’avais fait, pour « oublier » tous ces mauvais passages de ma vie. Mon regard s’assombrit d’une traite alors que je reculais. Je ne croisais pas son regard, je regardais le sol.

- On n’oublie pas. On n’oublie jamais. On vit avec.

C’était peut-être dur, et dit sur un ton assez sec … Mais c’était malheureusement la vérité. Je n’allais pas m’amuser à lui chercher des arguments et des réponses de dix kilomètres de long pour au final balancer un tissu de conneries qui agaceraient plus qu’autre chose. Là était la vérité : on n’oublie jamais, on se contente d’avancer avec ses souvenirs et ses actes. Je me risquais à relever les yeux vers lui, mais je les baissais tout aussi vite, je réfléchissais, pour choisir mes mots.

- Ca fait partie de toutes les erreurs qu’on peut regretter dans notre vie, mais elles ne doivent pas nous empêcher d’avancer pour autant.

Certes pendant un bon moment, j’étais un peu enfermée dans le passé car savoir ce que j’avais fait me bloquait. Ca avait même contribué à ruiner ma confiance en moi. Et puis il y avait eu un déclic … probablement au moment de rencontrer Yusuke. Sinon, je ne serai pas là aujourd’hui, n’est-ce pas ?

- Yusuke … Je sais que c’est dur … mais je n’ai pas envie de te dire des choses que tu aimerais entendre … Se bercer d’illusions et vivre dans sa bulle, même la plus confortable qui soit, ca reste qu’une illusion. La réalité est là. Tu as tué quelqu’un et cette image va rester dans ton esprit. Ce sera dur, très dur, les premiers jours, semaines, même.

Voire mois. Je me relevais pour pouvoir me pencher au bout de la baignoire pour plonger ma main dans cette eau sale. Un mélange de suie et du reste du sang de Sephiroth. Je tirais la bonde. Il fallait changer l’eau. Mais je me redressais, et je me risquais à sourire à Yusuke.

- Mais tout ce que tu ressens maintenant, ca prouve que tu n’es pas un monstre, ni quelqu’un de mauvais. Ca doit seulement t’encourager à vouloir être et rester la personne que tu as toujours été … Ne pas laisser ces souvenirs et ces sentiments assombrir ton âme et salir davantage tes mains. Les utiliser pour faire l’inverse.

Et que ca ne se reproduise pas.

J'en ai fait des choses mauvaises dans ma vie. Voler, attaquer sournoisement, y compris des personnes qui ne méritaient probablement pas qu'on les pille sans vergogne, mais voler une vie... ça n'avait rien à voir. Je me sentais comme vidé de mes forces, une coquille vide sans âme et détruite de l'intérieur. J'avais mal, des images tourbillonnaient dans ma tête encore et encore, du sang, des yeux, un sourire... puis Sheli me redressa un peu, m'annonçant la nouvelle qui aurait pu être équivalente à un coup de poignard en plein cœur.

Je ne pourrais pas oublier.

Je ramenais ma tête sur mes genoux, elle vidait l'eau du bain pour remplir la baignoire d'eau propre, c'est à peine si je m'en rendais compte. L'envie de disparaître, de ne plus exister... mais elle me força à la regarder, j'avais honte d'être dans cet état, mais elle essayait de me rassurer sur un point: le fait que je sois si mal prouvait qu'au fond, j'étais quelqu'un de bien? Comment pouvait-on être quelqu'un de bien après avoir ôté la vie?

«Et comment on fera si ce cas de figure se représente? Des êtres mauvais qui ont des cristaux et qui seront prêts à nous tuer pour les avoir?» autant... c'est vrai que sur Dol, ça avait été simple, la technologie de ce monde permettait de maintenir prisonniers des êtres puissants comme Kuja. Si nous avions été sur Dol, vers Esthar, peut être que je n'aurais pas eu besoin de tuer Sephiroth... l'idée qu'il y avait une autre solution me rendait encore plus malade, j'avais envie de vomir alors que l'eau du bain m'arrivait de nouveau aux épaules, bien qu'elle se salissait déjà puisque bon, je n'avais fait que m'y tremper sans me laver vraiment.... je sursautais en voyant mon propre corps et j'attrapais le pain de savon pour commencer à me frotter, encore et encore, au point que j'étais presque sur le point de m'arracher la peau tellement je voulais me débarrasser de tout ça.

J'étais pris comme d'un élan de folie et de peur, je perdais le contrôle de mon propre corps et de mon esprit aussi... je voulais juste que ça disparaisse...

Je savais très bien que Yusuke n’allait pas bien prendre ce que j’avais dit. Mais je l’avais prévenu, je ne voulais pas lui déballer des conneries qu’il avait envie d’entendre alors qu’elles étaient fausses … Evidemment, je m’attendais à ce qu’il pose la question, sur ce qu’on ferait si le cas devrait se présenter à nouveau.

- Bah on arrivera à les convaincre de ne pas venir nous chercher des noises si tu veux mon avis. J’essayais d’arborer un sourire un peu espiègle mais en fait je n’y arrivais pas. C’était pas encore le moment pour essayer de le faire sourire par de l’humour, c’était trop frais. - On ne les tuera pas. Si tu considères le meurtre de Sephiroth comme une erreur, à quoi bon vouloir recommencer ?

Et si nous n’avions vraiment pas le choix, je préférais encore être celle qui donnerait le coup de grâce.

- Ecoute Yusuke. Tu te tortures l’esprit encore plus qu’il n’est déjà torturé … Avant de songer à ce qu’on va faire « après » et « si le cas se représente », tu devrais déjà penser à reprendre du poil de la bête. Maintenant. Ne te laisse pas sombrer. D’ailleurs, je t’interdis de le faire et …

Tout en parlant depuis tout à l’heure, j’avais fait couler à nouveau de l’eau, mais je le surprenais dans une certaine crise de folie à se nettoyer au savon à s’en rendre la peau rouge. S’il n’était pas dans une baignoire remplie d’eau, je n’aurai pas hésité à lui balancer une petite décharge pour le secouer un peu. Mais je me contentais de lui attraper le poignet et il avait beau essayer de se débattre pour m’envoyer valser et continuer, c’était peine perdue, j’avais bien plus de force que lui. Je l’immobilisais facilement et je lui lançais un regard dur, telle une mère qui ferait la morale à son enfant.

- Ca suffit Yusuke ! Te faire du mal ne t’aidera pas à remonter vers le haut ! Et si tu crois que je vais me contenter de te regarder partir vers le fond, tu te trompes.

Ma voix se faisait forte et à la fois autoritaire. C’était justement ce que je craignais. Qu’il s’enferme dans une forme de folie et de peur et qu’il oublie tout le reste à côté. Qui il était réellement, qu’il oublie sa vie avant ca. Qu’il ne se rende pas compte non plus qu’il allait faire souffrir ses proches de par son état. Je finissais par arborer un air plus triste. Dans le fond, ca pourrait paraître égoïste que je lui dise de « devoir » aller mieux. Ca ne l’était pas. Je savais très bien ce qu’était ce sentiment que Yusuke ressentait désormais … Mais la vérité, c’est que je ne voulais pas qu’il agisse et réagisse comme moi je l’avais fait à l’époque. J’espérais qu’avoir la « chance » d’être soutenu aujourd’hui – là où ca n’avait pas été mon cas pendant un long moment – permettrait de surmonter cette épreuve disons … plus facilement. Le mot est certes fort, mais bon.

- Désolée, je ne voulais pas être si brutale. Je sais très bien ce que ca fait. On aimerait pouvoir se débarrasser de ca comme si rien ne s’était jamais passé, on a ces images et bruits en tête, on a l’impression qu’on s’est rabaissés au niveau de ces meurtriers et qu’on est devenus soi-même un monstre … Je regardais le savon que j’avais risqué de laisser à Yusuke, pour tester sa réaction. Et j’étirais un fin sourire. - On croit qu’en frottant si fort on retirera les traces les plus profondes, mais dans le fond, ca ne fait qu’accentuer la douleur en t’irritant la peau, tu ne crois pas ? Une douleur peut en masquer une autre, mais ca reste une douleur. Une douleur faut la supporter, pas la remplacer … C’était une métaphore, mais pour le coup, elle collait plutôt bien à la situation. - Je t’aiderai à la surmonter autant de temps qu’il le faudra, Yusuke …

Que j’avais fini par dire. Je tenais sa main et je frottais la sienne du bout du pouce. Je devais le calmer. Il devait se calmer …

Me torturer... mais au fond, n'était-ce pas un peu ce que je méritais? Je me sentais sale, immonde même, et je me demandais presque comment Sheli pouvait encore me regarder sans éprouver du dégoût, mais non... elle arrêta mon bras, j'essayais de me débattre, elle se retrouvait vite trempée mais ne lâchait pas prise, j'avais mal aux poignets tant elle devait user de force pour me maintenir, et je finissais par cesser de bouger... la tête basse, les yeux clos, les larmes recommençant à couler le long de mes joues alors que j'éclatais en sanglots silencieux...

Elle finissait par relâcher sa prise, elle m'avait pris le savon, mais je ne bougeais plus. Mes bras retombaient mollement entre mes jambes que j'avais désormais croisées - très glamour comme position, mais on ne peut pas dire que ça me préoccupait à cet instant - et elle essayait de me secouer un peu, s'excusant de sa brutalité. Je me calmais un peu, mais au fond, je n'allais pas mieux pour autant. Savoir qu'elle était là, malgré tout, qu'elle restait, oui... ça me consolait d'une certaine manière, mais ça ne suffisait pas.

«Que vont dire tes parents...» c'était probablement très con comme question, et elle ne devait probablement pas s'y attendre, mais oui, je me posais vraiment la question. Surtout son père en fait, l'idée qu'il ait marié son "bébé" à un assassin? Comment allait-il réagir quand il l'apprendrait? Je basculais en arrière, le regard vide et fixant le plafond... elle m'avait tendu le savon, mais je n'en voulais plus. Par endroit, ma peau était brûlée à cause des frottements, mais je m'en fichais...

«...» je fronçais les sourcils avant de ramener ma main à ma gorge... j'ouvrais doucement la bouche, cherchant à dire quelque chose «...» mais aucun son ne sortait. Je laissais tomber mollement ma main dans l'eau, je n'avais même pas envie de paniquer. Au fond, c'était peut être mieux que je ne puisse pas parler. Une larme coula encore le long de ma joue, et je me tournais vers Sheli, elle ne m'avait probablement jamais vu aussi malheureux

*Pardon*

Les mots n'étaient pas sortis, peut être pouvait-elle les lire sur mes lèvres. En tout cas, je prenais appui sur les rebords de la baignoire et je me levais, j'avais l'impression d'avoir vidé toutes mes forces, d'une certaine manière, c'était comme si j'allais bien, mais que je n'étais qu'une coquille vide qui allait désormais déambuler par-ci par-là pendant quelques temps. J'attrapais une serviette, je me séchais avant de l'enrouler autour de ma taille, puis j'allais m'asseoir sur le tabouret où se trouvait Sheli juste avant, comme si j'attendais qu'elle prenne son bain aussi, sauf que je ne regardais plus rien. Je fixais juste constamment un point devant moi.

Spoiler:

Il lui faudrait du temps pour se remettre de tout ca. Essayer de précipiter les choses ne ferait en réalité que les empirer, mais j’espérais qu’en lui donnant les bonnes clés quand même, ca aiderait dans le bon sens … J’avais toujours cette horrible sensation en bouche de ne pas être à la hauteur pour rassurer les gens. Soit j’ai tendance à être trop directe, soit je ne sais tout simplement pas quoi dire sans prendre le risque de taper trop fort là où ca fait mal, maladroitement.
Et puis finalement, Yusuke finissait par rouvrir la bouche … pour me parler de mes parents ? Il est sérieux là ? Je ne cachais pas ma surprise, haussant un sourcil intrigué. Voilà qu’il commençait à se soucier des jugements de la famille.

- T’es sérieux ? Tu crois franchement que c’est le moment de te soucier de ca ? D’ailleurs je ne vois même pas pourquoi tu t’en soucies, comme s’ils allaient te blâmer d’avoir tué un homme qui voulait lui-même nous tuer. A leurs yeux tu nous auras protégés.

C’était des pulsiens. Et nous avions connu la guerre. Et je rappelle aussi que mon père est mort parce qu’il était parti s’entraîner pour repartir en guerre, et une nouvelle guerre qui impliquait de tuer des gens ! Qui serait-il pour le juger, sérieux ?

Et même s’ils le jugeaient, qu’est-ce que ca changerait pour moi ? Ca m’attristerait, c’est sûr, mais ca ne changerait pas le fait que j’aimais Yusuke et que ce n’était pas une divergence de point de vue entre mes parents et moi qui allait faire que je m’en séparerai. Bref. Je fixais Yusuke, je n’attendais pas de sa réponse de sa part et de toute manière, plus aucun son ne sortit de sa bouche. Il avait de nouveau envie de pleurer et même lorsqu’il voulut prononcer un mot, le son ne suivait pas. Je n’étais pas douée pour lire sur les lèvres mais je me doutais qu’il s’était excusé – manquerait plus qu’il m’insulte gratuitement, tiens.

Bref. Tel un pantin sans vie, Yusuke était sorti du bain pour que je prenne la relève. A mon tour, je devais retirer taches de sang – bien que minimes par rapport à lui – mais surtout des traces de brûlures et de poussières. L’ambiance devint encore plus lourde de par ce silence, mais je ne me voyais pas parler inutilement. Je ne savais pas quoi rajouter à tout ca de toute manière. Je ne savais plus quoi dire. J’étais juste le témoin de l’état de Yusuke et j’avais l’impression de sentir mon cœur se déchirer à chaque fois que mes yeux se posaient sur ce corps inanimé. Je me lavais alors, j’entendais frapper à la porte, mais Yusuke ne réagissait pas. Soupirant alors, je n’avais pas d’autres choix que de sortir du bain et me sécher à la va vite avant d’enfiler seulement une serviette pour me cacher. Sympa d’ouvrir la porte comme ca mais soit, c’était une jeune femme qui s’était présentée avec un plateau contenant deux bols fumants.

- Je … Oh désolée je ne tombe pas au bon moment on dirait …
- Ce n’est pas grave, le bain ne va pas s’envoler, je pourrais y retourner après. Elle força un petit sourire mais devint à nouveau gênée.
- J’ai été témoin de ce qu’il s’est passé, je suis la fille de l’aubergiste … je … je vous ai préparés cette soupe, j’espère que ca vous fera du bien.
- C’est vraiment très gentil … Merci beaucoup.

J’attrapais le plateau d’une main – l’autre veillant toujours à ne pas perdre lamentablement ma serviette – et je refermais la porte pour poser le plateau sur une petite table. Je retournais à la salle de bain où Yusuke n’avait pas bougé. Ma poitrine se resserra.

- Yusuke, tu dois reprendre des forces. Viens manger.

Et s’il ne veut pas, je lui fais bouffer de force.

Je n'y arrivais pas. Je n'arrivais pas à relativiser, je n'arrivais pas à penser à autre chose, je n'arrivais pas à oublier. Je sais que c'est censé être dur, j'essaie de m'accrocher à l'idée que c'est parce que je suis dans cet état que ça veut dire que je ne suis pas un monstre, ni foncièrement mauvais. J'essaie vraiment de m'y accrocher, mais il y a toujours cette petite voix, au fond de moi, qui me murmure «c'est ce que tu voulais, et tu es fier de l'avoir fait».

J'étais assis, à côté de Sheli, mais je ne la regardais pas, je continuais de fixer un point devant moi, laissant ce silence pesant s'installer. Cette voix me hantait, car au fond de moi, oui... j'étais fier d'avoir mis fin à l'existence de Sephiroth. Quand on voit tout le mal qu'il faisait autour de lui, le nombre de morts qu'il a causés, même avant la fusion des mondes, et encore plus après, sa poursuite des cristaux qui aurait forcément conduit le monde à sa perte. Oui... le monde est mieux sans lui. Et c'était grace à moi.

J'avais les coudes posés sur les genoux et les mains jointes, je basculais la tête en avant, serrant les dents et tremblant de tout mon être, profondément dégoûté de moi-même, de ce que je ressentais, de ce conflit qui n'arrêtait pas d'exploser partout en moi. Puis on frappa à la porte, mais j'étais si écœuré que je n'entendais rien, je ne bougeais pas, et Sheli devait alors sortir de l'eau, se sécher un peu et aller ouvrir à ma place.

Quel nul.

Et pourtant, c'est à peine si je m'en rendais compte, jusqu'à ce que je sente sa main dans mon dos, je me retournais vers elle, elle me montrait un plateau avec deux bols posés dessus, je ne me souvenais pas avoir entendu quelqu'un les apporter
«D'accord...» honnêtement, si ça avait été autre chose que de la soupe, j'aurais refusé je pense. Je me rendais compte d'ailleurs que mon souci de voix était passé, peut être parce que j'avais accepté le fait qu'au fond, j'étais soulagé d'avoir tué Sephiroth. Oui, je crois au fond, que ce qui est douloureux, c'est surtout de se mentir à soi-même.

Je me levais et je m'installais à la table, mais j'attendais que Sheli s'habille et vienne manger avec moi. Lorsqu'elle fut installée, je ramenais d'abord mes mains entre mes genoux, d'un air embarrassé, mais je devais le lui dire. Me mentir à moi était dur, lui mentir à elle serait pire.
«Sheli je...» il me fallut du temps pour trouver mes mots, ma bouche était sèche, mes dents claquaient un peu, puis ça sortait «je suis fier... d'avoir tué Sephiroth...» voilà, le couperet était tombé. Je baissais honteusement la tête, les larmes recommençaient à couler et ma gorge se nouait «je sais que c'est mal... en soit... je n'ai pas aimé le tuer, j'ai détesté ça, je me dégoûte mais... je suis content, soulagé qu'il soit mort! Soulagé qu'il soit mort de ma main pour que je sois sûr qu'il le soit vraiment! Si j'avais entendu aux informations qu'on l'avait tué, j'aurais toujours eu un doute en moi sur la véracité des propos mais là, je sais.. je SAIS qu'il est mort, et j'en suis soulagé!»

Je posais violemment mes coudes sur la table pour emprisonner ma tête dans mes mains, un peu de soupe tomba à côté, je me rendais compte que j'étais davantage un monstre que je ne le pensais en fait... tout se mélangeait dans ma tête, j'avais mal... et j'arrivais pas à faire passer ça.

Bon, ca allait, Yusuke acceptait de me suivre sans broncher pour aller manger. Ce n’était qu’une soupe de toute manière, ca allait mieux passer qu’un plat « solide » et consistant. J’enfilais juste un pyjama avant de le rejoindre à table pour manger. Il semblait toujours être plongé dans ses songes et mangeait surtout par automatisme. Je commençais à manger mais m’interrompais lorsque Yusuke souhaita dire quelque chose. Ah, bah il avait retrouvé la parole on dirait. Il m’avouait être fier d’avoir tué Sephiroth, en m’expliquant pourquoi. Il semblait pourtant toujours arborer cet air honteux. Il craignait qu’il me dégoûte ? Je ne savais pas trop, difficile à dire, je n’étais pas dans sa tête non plus, mais c’était déjà un bon point qu’il m’avoue une telle chose. Mais une fois de plus, il eut un geste assez violent.

- Pourquoi tu réagis comme ca Yusuke ? Hey … Tu as peur que je te juge parce que tu m’as dit ca ? Regarde-moi et dis-moi.

Etait-ce vis-à-vis de moi, ou vis-à-vis de lui ? J’avoue que je doutais aussi parce qu’il avait parlé de mes parents juste avant. J’avais l’impression qu’il craignait que ca flingue l’image qu’on pouvait avoir de lui.

- Parce que tu sais … Ca ne changera jamais rien pour moi … Tu seras toujours Yusuke. La personne avec qui je me suis mariée, la personne que j’aime. Et je ne sais pas ce que tu as derrière la tête … Peut-être penses-tu être un monstre de penser être « fier » d’avoir abattu Sephiroth, mais dans ce cas, je suis tout aussi monstrueuse de me dire que je m’en fiche, tant que cet acte ne nous sépare pas.

Bon c’était un peu violent dit comme ca. Il y avait eu meurtre et ca ne changerait pas, quoi qu’on dise … Mais sur le fond, c’était vrai. Tant qu’on restait ensemble et qu’on affrontait toutes les épreuves, c’était tout ce qui m’importait. Et qu’on continue toujours plus forts …

- Tout ce qui ne nous tue pas, nous rend plus forts, hein …

J’affichais un très bref rictus, les yeux rivés sur ma soupe, avant de me risquer à les relever. J’essayais de lui attraper une main dans la mienne pour espérer le calmer un peu. Même si je crois qu’au fond de moi, je m’attendais à ce que les prochains jours soient très difficiles …

Pourquoi est-ce que je lui disais tout ça? Je ne savais pas trop. Surement qu'il fallait que ça sorte, que je le dise à voix haute pour mieux le réaliser, l'accepter.. j'en sais rien.

Sheli essayait de me rassurer, j'appréciais au fond qu'elle dise que quoi qu'il arrive, qu'elle resterait près de moi, et ce fut la première fois que je souriais depuis que tout ça était arrivé.
«J'ai... de la chance de t'avoir.» je me levais finalement et je venais à côté d'elle, pour la serrer dans mes bras. Malgré moi, les larmes coulaient à nouveau, je me blottissais au creux de son cou, essayant à nouveau de me calmer alors que je me sentais pris à nouveau de cet élan de culpabilité. Elle m'aimait quand même, mais ce n'était pas pour autant que je devais perdurer dans cette voie. J'avais tué un être humain, enfin un monstre selon certains points de vue, mais un être humain quand même.

Je me calmais peu à peu, puis je retournais m'asseoir, prenant un mouchoir pour m'essuyer les yeux et le nez, puis je baissais les yeux sur ma soupe et je me décidais à manger un peu. Heureusement que c'était de la soupe, je la buvais plus que je la mangeais, car je n'avais vraiment pas faim. Mon estomac était noué, et elle avait refroidi entre temps, je pouvais la sentir parcourir mon corps jusqu'à mon estomac, tel une pierre qui tombait avec force dans mon ventre comme un gros poids.

Mais je faisais l'effort de la finir quand même, puis je buvais un peu d'eau, et je regardais à nouveau Sheli avec cet air de chien battu dont je n'arrivais pas à me débarrasser
«Je suis désolé... je crois que je vais me coucher.» je me levais et j'allais vers le lit, je me glissais sous les draps et je m'y enroulais comme un rouleau de printemps.
Même si je savais que je n'arriverais pas à m'endormir, j'essayais de fermer les yeux, mais au fond, j'attendais surtout que Sheli revienne et qu'elle vienne se blottir contre moi pour que je puisse enfin m'endormir.

Sauf que la nuit n'allait pas être de tout repos. À de - trop - nombreuses reprises, je me réveillais en sursaut, en hurlant, en sueur aussi, cette sueur froide qui vous coule dans le dos, et évidemment, je réveillais Sheli à chaque fois. Elle devait avoir le souvenir désagréable de ces nuits passées avec Emi et ses cauchemars, j'en étais à peu près au même point. Des images de Sephiroth qui me regardait, debout, des blessures béantes au niveau du torse et qui me nargue de n'être qu'un meurtrier...

«Désolé de t'avoir réveillée... encore...» je soupirais en posant mes mains sur mes yeux, j'étais épuisé, mentalement et physiquement, mais je n'osais pas me rendormir, ne voulant pas voir encore ces images. Je finissais par me lever, me tournant vers Sheli qui, en plus d'être crevée, devait être inquiète

«Je préfère ne pas dormir pour le moment.. je vais faire un tour. Repose toi.» qu'au moins un de nous deux se repose... je mettais une veste et des chaussures avant de sortir de la chambre, la ville était calme. Je pouvais voir la bibliothèque d'ici, apparemment, tout avait été rangé, comme si rien n'était arrivé - en dehors de livres en attente d'être rangés visiblement.

Je sortais carrément, Sirius était là et se dirigea vers moi en me voyant, j'enlaçais son cou de mes bras, mettant mon nez dans ses plumes alors qu'il poussait un petit kweh en espérant comprendre ce qui m'arrivait... au final, je restais dehors avec lui, il repoussait les monstres donc j'étais en sécurité, et je regardais le soleil se lever.

Je me sentais un peu mieux, mais je sentais que mes cauchemars allaient me poursuivre encore un moment.

Un sourire. Dans un contexte pareil, je crois que c’était la meilleure récompense que je pouvais avoir à l’heure actuelle, alors je répondais par un sourire bien plus franc et sincère. Et puis il mangeait et finissait sa soupe assez vite, je ne lui en voulais pas d’aller se coucher par la suite. J’allais le rejoindre, j’étais fatiguée tant par la journée de voyage, que par le combat et les sentiments véhiculés depuis. Je débarrassais un minimum en empilant les bols, allais vérifier que la porte était bien fermée et ramenais notre sac près de nous avant de rejoindre Yusuke au lit … même si je n’avais plus de couverture vu qu’il s’était transformé en nem dedans !!

- Hey, et moi ?

Je le disais sur le ton de la plaisanterie quand même, puis je le rejoignais, je venais me blottir contre lui, cherchant à le garder dans mes bras dans un geste réconfortant et chaleureux. Mais je ne vous cachais pas qu’il avait été compliqué de s’endormir, ce soir-là … Et surtout, j’avais l’impression au cours de la nuit de faire un remake de la nuit avec Emi : Yusuke se réveillait en permanence avec des crises d’angoisse et de panique, preuve de ses cauchemars. Il devait vivre inlassablement la même scène. J’avais beau savoir ce que c’était, ca me faisait mal au cœur. Et puis au début ca allait, mais moi quand je ne dors pas, la mauvaise humeur a tendance à vite prendre le dessus. Il ne le faisait pas exprès et il n’avait pas besoin de me voir en colère, alors je prenais sur moi autant que je le pouvais.
Et puis il avait fini par aller dehors … J’avais marmonné dans l’oreiller quelque chose comme :

- Fais pas de conneries.

Le souci c’est qu’être seule ne me permettait pas de m’endormir l’esprit plus tranquille, bien au contraire, j’étais encore plus inquiète ! J’avais encore plus de mal à m’endormir, surtout que je ne le voyais pas revenir. Et j’avais quand même fini par tomber dans les bras de Morphée. Cependant, la nuit était déjà bien avancée et le jour se leva bien plus vite que je ne le pensais … Avec une boule au ventre, difficile pour moi de dormir bien longtemps, j’avais rouvert très vite les yeux. C’était l’aube. Et Yusuke n’était toujours pas là. Quoi il n’était pas revenu !?

Comme si j’avais été piquée par une aiguille, je me levais pour m’habiller en quatrième vitesse et quitter la chambre pour le trouver. Sauf qu’en descendant pour me retrouver les pieds dans l’eau, je me faisais interpeler par un drôle d’individu avec quatre bras … tiens, je n’avais pas vu cette espèce encore sur Héra. Quelqu’un qui vient d’un autre monde encore ?

- Salut ! Woh en plus il est familier.
- Euh, salut. Mais je crois pas qu’on se connaisse.
- Héhé, ouais désolé. Je suis forgeron ambulant et je passe souvent ici pour proposer mes services. Le célèbre 4Bras, non ? Ca vous parle pas ? Je haussais un sourcil. Quel nom original pour un individu si … original. Oui, c’est cynique.
- Qu’est-ce que tu veux ?
- Comme bon nombre de personnes, j’ai été témoin de vos … exploits hier. J’aime pas ca. - Et en tant que forgeron légendaire, j’aimerai si possible récupérer une arme aussi légendaire que celle de Sephiroth ! Je vous serai reconnaissant de me la remettre. Je doute qu’elle vous serve, peu de gens savent se servir d’un si grand katana.
- Désolée, je préfère la confier à quelqu’un de confiance.
- Oh ce n’est pas très gentil de douter de mon travail …
- Je ne doute pas de tes compétences, je parlais de confiance « relationnelle ». Bon désolée je suis pressée.

Et je le laissais en plan, sans manquer de lui jeter un regard louche. Non mais c’était qui ce type ? Bizarrement je n’arrivais pas à lui faire confiance, mais c’était sûrement parce que je me doutais qu’il y aurait des gens pour convoiter la Masamune et je n’aimais pas ca. Surtout qu'une question me venait à l'esprit ... Techniquement si on incruste des gemmes dans notre arme, certains de nos pouvoirs sont aussi stockés dans nos armes non ? Est-ce que quelqu'un qui récupérait la Masamune pourrait hériter des pouvoirs de Sephiroth ? Cette pensée me fit frissonner et je n'avais même pas envie d'essayer, pour dire.

Je traçais mon chemin dans la cité des eaux mais je ne trouvais toujours pas Yusuke. J’avais aperçu Nivis dans un coin, le même que la veille. Quelques personnes passaient devant mais personne ne faisait attention à elle, ce qui me confirmait que nous étions les seuls à la voir. J’affichais une moue désolée – alors qu’elle ne me voyait sûrement pas de là où j’étais – et puisque je ne trouvais pas mon mari, j’en avais été réduite à sortir de la ville. Vous vous doutez bien que j’avais pris nos affaires avec avant de sortir de la chambre tout à l’heure, de toute façon. Et puis je l’apercevais un peu plus loin, surtout grâce à la silhouette sombre de Sirius*. Je m’approchais pour voir que Yusuke était bel et bien réveillé, il semblait regarder les couleurs du ciel au lever du jour.

- Te voilà ! Je t’ai cherché partout ! T’as dormi dehors finalement ? Je levais les yeux vers Sirius qui remuait son popotin comme un chien content de voir son maître. - Salut Sirius ! Merci de l’avoir protégé. Mais t’auras pas de chocolégumes en rab.

Alors il se laissait tomber sur ses pattes pour se vautrer au sol comme s’il était déçu. Ca avait eu le don de me faire sourire l’espace de deux secondes. Je baissais les yeux vers Yusuke, on avait tous les deux des sales têtes, mais bon, ce n’était pas la première fois qu’on faisait des petites nuits.

- Va peut-être falloir songer à finir ce qu’on a à faire ici avant de repartir, je me suis déjà faite aborder par un type louche qui voulait récupérer le katana de … Ouais non, repasse plus tard pour dire ca. Je grimaçais un peu, il avait sûrement déjà compris de toute façon. - Excuse-moi. Comment tu te sens ?

C’était ca le plus important !

*:

La nuit avait été longue, mais au final, être seul m'avait fait du bien. Sirius semblait sentir mon état, car il avait été très calme, sauf à un moment où un lézard était passé par là et qu'il s'était levé en trombes pour se jeter dessus et le bouffer tout cru...
«Au moins toi, t'as de l'appétit!» je souriais un peu, même si j'avais pas le cœur à ça. Je me contentais de regarder l'horizon, au moins le paysage était vraiment sympa. La mer à perte de vue, ça me rappelait un peu Palumpolum même si je savais que la mer là bas était artificielle... ça me rappelait aussi Néo Bodhum où on s'était installés peu avant de mourir, à cette pensée, je me sentais nostalgique.

J'avais du somnoler un peu, mais la chaleur du soleil sur mon visage au moment où il se levait m'avait réveillé, Sirius était bien blotti contre moi et me tenait chaud, jusqu'à ce que j'entende des bruits de pas... je levais les yeux pour voir Sheli qui paraissait quand même fatiguée, forcément, je ne l'avais pas trop aidée à bien dormir
«Pas vraiment dormi, mais au moins j'étais au calme...» j'essayais de lui sourire, Sirius s'était levé en espérant visiblement quelque chose à manger avant de s'affaler comme une grosse... bref! Ça me faisait un peu sourire aussi et je passais ma main sur son dos pour le réconforter de ne pas avoir eu un bon chocolégume!

«On doit se rendre au Sanctuaire du Vent... c'est juste à côté, donc on n'est pas trop pressés. Allons manger quelque chose avant d'aller retrouver Nivis. On est dans une ville bibliothèque ici, j'ai un mauvais pressentiment par rapport à ce qu'elle va nous demander.» disons que la dernière fois qu'on a du "faire" quelque chose dans une bibliothèque en rapport avec les chimères, on s'est retrouvés aspirés dans un livre vraiment infernal! Même si je n'étais pas d'humeur à ça, je me disais que quoi qu'il arrive, ça me ferait penser à autre chose.

Je me levais, essayant de repasser un peu mes vêtements tous froissés, et de me recoiffer tant bien que mal - peine perdue - puis je m'approchais de Sheli et je déposais un baiser sur sa joue.
«Désolé encore d'avoir gâché ta nuit... il va... me falloir encore un peu de temps.» on retournait à l'intérieur, il valait mieux prendre un petit déjeuner, même si j'avais encore l'estomac noué. Je caressais Sirius pour le remercier encore de sa compagnie, puis je me tournais vers Sheli, essayant de remettre mes idées en place

«Tu as parlé d'un type qui voulait le katana de... Sephiroth?» ma gorge s'était nouée à prononcer son nom, mais je me faisais violence pour y parvenir, je devais vraiment faire de mon mieux pour m'en sortir, je n'allais pas rester éternellement un enfant traumatisé. En entrant, je me tournais vers l'endroit où aurait du se trouver son corps, mais il n'y était plus. Je me demandais ce qu'ils en avaient fait? Est-ce qu'ils l'avaient enterré? Je n'ai vu personne dehors, mais ils ont peut être une sorte de cimetière quelque part dans la montagne? Peu importe, ce n'était pas comme si je comptais me recueillir sur sa tombe. Quoi que...

Bref, une fois à l'auberge, je prenais un bol de céréales avec du lait, ils avaient du kafé ici, mais pas de thé, donc je prenais ce qui pouvait le mieux passer. j'avais le regard dans le vide, surement perdu dans mes pensées encore, parfois je sursautais en entendant un bruit, un forgeron travaillait pas très loin, je l'entendais frapper avec son marteau sur du métal, et à chaque fois, le bruit me rappelait les coups de Sephiroth... et les miens, même si ceux-là en fait, je ne m'en souvenais pas à cause de ma furie passagère.

Je n'avais presque rien dit pendant le petit déjeuner, essayant de lancer quelques sourires d'excuse à mon épouse, avant qu'on ne quitte l'auberge pour aller vers les bibliothèques. On trouvait alors la petite fée, invisible aux yeux de tous, qui semblait nous attendre

«Salut, Nivis... désolé de t'avoir fait attendre...» je tenais toujours la main de Sheli, une petite boule au ventre à l'idée de ce qui nous attendait ici... mais j'avais besoin de penser à autre chose.

Il fallait vraiment qu’on reprenne notre voyage … D’une part pour éviter de se faire aborder par tous les témoins de la scène d’hier qui voulaient nous demander quarante mille trucs, d’autre part, tout simplement pour passer à autre chose. Les événements de la veille n’allaient pas être oubliés en claquant du doigt, certes, mais il ne fallait pas rester focalisé éternellement dessus non plus. Yusuke parlait du Sanctuaire du Vent, non loin d’ici, mais effectivement avant ca, il fallait déjà qu’on aille retrouver Nivis. Comme mon époux, je n’étais pas rassurée à l’idée de subir une « épreuve » dans une bibliothèque. Le Chiméromachintruc nous avait déjà assez bien traumatisés à la bibliothèque de Trabia !! Mais bon … cette fois, il y avait un réel intérêt pour nous de la faire puisque ca nous permettrait de pouvoir retrouver Marthym ainsi que toutes les autres Chimères.

- Elle nous attend toujours à la bibliothèque, c’est marrant, personne ne semble pouvoir la voir à part nous.

Yusuke se leva et s’excusa de la mauvaise nuit qu’il m’avait faite passer, mais je m’étais contentée de sourire sans répondre. Oui c’était un peu pénible c’est vrai, mais c’était aussi compréhensible … Je n’allais pas lui en foutre plein les dents pour ca. Et puis bon. J’avais quand même un minimum d’espoir que « l’épreuve » de Nivis nous fasse un peu oublier les mauvais souvenirs et nos états d’âme. On se mettait en route pour rentrer à Daguéréo, je fus surprise que Yusuke revienne sur ce que j’avais dit plus tôt au sujet de 4Bras.

- Ouais, un forgeron un peu spécial du coin. Il s’appelle 4Bras parce que … il a … quatre bras. Je trouvais toujours cette histoire aussi perturbante mais soit. - Mais la seule personne à qui j’ai envie de confier cette arme, c’est à mon père. Lui au moins je lui fais confiance. Et je préfère ne pas la laisser à n’importe qui. Je me suis demandée si les gemmes encastrées dans l’arme de Sephiroth ne permettraient pas à son futur potentiel propriétaire de pouvoir utiliser les mêmes pouvoirs que lui et … bah disons qu’on va éviter de prendre le risque, hein ?

Donc oui, ca impliquerait d’aller voir mes parents, et oui, ca allait impliquer de devoir raconter ce qu’il s’était passé. Je savais que ca risquait d’être une épreuve difficile pour Yusuke, mais je faisais confiance autant qu’à lui qu’à mes parents, il n’y avait pas de raisons que ca se passe mal avec eux …
Bref. Après un petit-déjeuner des plus silencieux où Yusuke semblait toujours aussi perturbé, nous avions rejoint Nivis qui n’avait pas bougé d’un pouce. Elle nous déballa le même speech que la veille et je regardais le fameux « dédale » en me rappelant des mots prononcés par la petite fée. La logique aurait voulu qu’on cherche le moindre indice pour trouver un livre ou quoi que ce soit qui pourrait nous aider à trouver le chemin qu’on était venus chercher mais … Honnêtement, combien de fois s’était-on fiés à notre simple instinct et qu’il nous avait menés dans la bonne direction ?

S’il fallait chercher quelque chose en rapport avec les Chimères, c’était à nous de chercher par nos propres moyens … Je n’étais même pas sûre que chercher à demander à un libraire où se trouvait ce qu’on cherchait, nous aide en fait. Une part de moi se disait que cette épreuve était gérée par Nivis, et que rien que pour ca, toute aide extérieure ne fonctionnerait pas.

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Sheli choisit d’avancer au hasard dans les rayonnages en suivant son feeling poulpesque.

C'était encore difficile de parler de Sephiroth. L'évocation de son nom me faisait l'impression qu'on me plantait ma propre dague dans le cœur, cette sensation que je n'avais que ce que je méritais. J'étais encore pâle, mais j'essayais autant que je pouvais de me ressaisir, même si je sentais que ça ne pourrait aller "un peu" mieux qu'une fois loin de cette ville qui me rappellerait encore et encore cette étape de ma vie.

Je regardais machinalement l'endroit où le combat avait eu lieu, mais il ne restait presque plus aucune trace, les gens ici semblaient être habitués, la plupart sont des aventuriers qui en ont vu d'autres je suppose, mais ça me rendait presque encore plus dégoûté. Ce Sephiroth avait beau être un monstre, avait-il mérité de disparaître ainsi? Est-ce que quelqu'un au moins allait annoncer sa mort? Ce serait quand même incroyable que personne ne sache jamais qu'il avait été tué et qu'Héméra pouvait être "un peu" en paix?

Bref, on allait manger, je n'aimais pas cette histoire d'un forgeron qui en avait après la masamune, et j'avais approuvé l'idée de Sheli de remettre l'arme à son père. Lui au moins saurait quoi en faire, et il n'est pas très connu, personne n'irait penser qu'il pourrait avoir une telle arme chez lui, contrairement à ce 4Bras s'il est si connu par là. Bref.

On retrouvait Nivis, elle ne semblait même pas agacée d'avoir attendu, et même, on aurait dit qu'elle ne nous attendait pas spécialement. Mais elle nous indiqua seulement que quelque part, par ici, se trouvait donc un nouvel indice pour le Royaume des Chimères. Super! On allait donc devoir chercher dans le seul endroit où j'ai pas envie de rester? J'affichais un air dépité, mais je savais combien cette quête était importante pour Sheli, et peut être... peut être que certaines chimères sauraient m'aider à surmonter tout ça.

On avançait donc au hasard dans les rayons, je suivais surtout Sheli en fait, même si d'habitude, ce genre de quête, c'est surtout pour moi puisque j'aime fouiller partout, là, j'avais pas trop la tête à ça. Mais petit à petit, je finissais par m'éveiller un peu et on débouchait sur une drôle de salle avec un numéro, et un plan... les numéros étaient bizarres, avec des couleurs différentes

«Je le sens mal... ça me fait penser à notre passage dans le livre des chimères. Les pages aussi avaient un sens, sur les éléments ou les dangers. Tu crois que les couleurs des chiffres ont une signification particulière?»

Sauf que cette fois, nous n'étions pas paumés dans un livre, tous seuls et sans personne. Nous étions dans une bibliothèque, il y avait des gens qui pouvaient nous renseigner. Il serait stupide d'essayer de s'en sortir tous seuls hein? Je m'approchais donc de quelqu'un pour lui montrer le plan avec le numéro de la salle

«Excusez-moi... nous voudrions trouver l'index... mais est-ce que les numéros des salles ont une signification particulière? Je parle des couleurs...» ça ne coûtait rien d'essayer hein?

Spoiler:

J’avais un très très très TRES mauvais pressentiment. J’avançais au feeling dans ce labyrinthe de livres, observant les couvertures quand je le pouvais dans l’espoir de trouver le moindre petit indice qui pourrait nous servir … mais la seule chose qui me frappa était un panneau avec des numéros. Certains étaient de couleurs différentes et mon petit doigt me disait que ce n’était pas par pur hasard. Yusuke craignait qu’on se prenne autant la tête qu’avec le livre ensorcelé de Trabia.

- Je te rassure, t’es pas le seul qui le sent mal ce coup-là. Mais je n’ai pas pour principe d’abandonner les défis ! Tu crois que le Chiméromicon nous servira à quelque chose ici ?

Vu que c’était un livre sur les Chimères de tous les mondes … même ceux qui ne composaient pas Héméra ! Mais j’en avais obtenu qu’une copie du livre magique, alors il n’était pas dit qu’une simple copie soit vraiment utile à Nivis ni même pour nous … Bon en revanche, il y avait toujours cette histoire de numéros.

- Attends deux secondes.

Je fouillais dans le sac pour sortir le carnet de Yusuke ainsi qu’un stylo quatre couleurs. Je prenais une page vierge pour pouvoir retranscrire les chiffres avec les couleurs adéquates. Je ne sais pas à quoi ca allait nous servir, mais j’étais persuadée que ca servait à quelque chose, alors, autant les noter. Si cet endroit est un vrai dédale, non seulement ca nous servira peut-être de repères mais en prime, on n’oubliera pas qu’on est passés par-là !

- Et pour te répondre, je doute que ces numéros soient là par hasard, surtout les couleurs en fait. Pour ca que je les ai écrit sur ton carnet.

Bon. Je regardais le plan ensuite, mais je me rendais bien compte que le feeling ne suffirait pas dans un endroit pareil. Yusuke aborda la première personne qu’on croisait dans l’index pour se renseigner sur le code des couleurs. Sauf que le mec avait beau dire que c’était « simple comme bonjour », je n’avais strictement rien pigé à son charabia. Et on n’avait pas le temps d’en rajouter que Nivis était venue nous rejoindre – du coup le mec retourna à ses activités en pensant qu’on avait compris. Trois livres manquants ? Je cherchais du regard jusqu’à apercevoir les stèles vides. SUPER ! On va devoir fouiller TOUUUUUUUUUUUUTE la bibliothèque pour trouver TROIS livres et on ne sait pas lesquels ! En revanche, je me dépêchais d’attraper le carnet et le stylo pour griffonner les chiffres cités par Nivis. Le seul problème, c’est comme elle parlait par télépathie, je ne pouvais pas savoir s’il y avait des couleurs particulières sur ces numéros, du coup je le demandais à l’oral.

- Dis Nivis, les numéros que tu viens de citer, il y en a qui ont une couleur précise aussi ou pas ?

C’était juste pour rectifier au besoin. Je me tournais vers Yusuke en soupirant.

- Bon, t’es chaud à fouiller ce dédale pour trouver trois livres ?

Non ? Tant pis, il fallait le faire. Il y avait un nouveau plan ici alors je regardais et je voyais qu’on avait accès à quatre salles d’ici. Encore une fois, des numéros à tout va avec des couleurs ici et là.

- Bon je les note tous … On va essayer la dernière.

Ne me demandez pas pourquoi, de toute façon, il fallait bien commencer quelque part …

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Sheli choisit de se rendre dans la salle 87694172 (flemme de remettre le code couleur xD)