Halte au comptoir

Balthus, Ignatz, Mokona et Aaron viennent de la Plaine Foudroyée.

HRP:

Cette pluie ne s’arrêtait-elle donc jamais ? Malgré le manteau de fourrure épais, les vêtements d’Aaron commençaient à être trempés… il faut dire que ce type de manteau était surtout utile pour les environnements très froids, et non pour les climats plus chauds ou – comme ici – plus humides. Alors, lorsque le mage vit Balthus se secouer les cheveux comme un chien sortant d’une rivière, une part de lui voulut en faire de même. Mais il savait que c’était peine perdue puisque la pluie n’avait de cesse de tomber… De l’eau coulait le long de son front, signe que ses cheveux commençaient aussi à être bien trempés. Alors, lorsqu’il aperçut la tour paratonnerre avec un abri à sa base, le prêtre accéléra la cadence pour y faire une courte halte.

Passé la surprise d’apprendre que Mokona était en réalité une fille – bien que la voix très aigue aurait pu les mettre sur la piste depuis longtemps – Aaron s’intéressa un peu plus à la blessure de Balthus et décida, un peu sans son consentement, de le soigner malgré tout. Même le pauvre Ignatz se sentait coupable car le colosse l’avait protégé de la colonne de flammes, sauf que ce dernier le rassura non sans une touche de plaisanterie, affirmant qu’il préférait que son dos ait pris l’attaque plutôt que son visage. Cela ne manqua pas de faire sourire le jeune prêtre en tout cas, et sans attendre, le groupe reprit la route vers le Comptoir. Il ne restait que deux tours à passer avant de le rejoindre.

* Graaaooww… *

Que… Un éclair frappa soudainement le sol en face d’eux, non loin de la dernière tour paratonnerre. Le grondement ne survenait-il pas après la foudre, généralement ? Balthus se mit alors à réfléchir quant à l’heure qu’il pouvait être et son explication sur la faim qui pointait le bout de son nez permit alors au prêtre de remettre les pièces du puzzle dans le bon ordre. Il surenchérit alors aux propos de l’artiste en ricanant.

« Une horloge qui coûte cher ! »

Car ce n’était pas des portions de bébé qu’il prenait à chaque fois, le bestiaux… Mokona se moquait également mais il fallait voir ce qu’elle avalait aussi ! Ils pouvaient faire un concours, ces deux-là ! Quoi qu’il en soit, le trio arriva finalement au comptoir de Rin. Balthus se défit de sa tunique qu’il posa sur le porte-manteau de l’entrée, tandis que le prêtre retira sa capuche puis son manteau dégorgeant d’eau.

« - Aaaaaahhh… C’est pas trop tôt !
- Mais… Faites attention, enfin ! Vous mettez de l’eau partout ! »

L’al bhed paniquait complètement à l’idée d’avoir à nettoyer toute cette eau sur son sol et s’empressa de leur donner des serviettes pour qu’ils s’essuient un minimum avec. Le prêtre se confondit en excuses alors qu’il se sécha les cheveux, même s’il trouvait la réaction de l’homme un peu excessive. Après tout, ça n’avait rien d’une surprise que les vêtements des voyageurs soient trempés et qu’ils mettent de l’eau un peu partout en rentrant, non ? Surtout ici… Mais par politesse, il préféra s’excuser malgré tout tandis que l’homme leur indiqua la direction de la salle de bain où des peignoirs propres et secs les attendaient. Ni une ni deux, Balthus fonça le premier pour se doucher, sans même demander aux deux autres s’ils voulaient y aller. Aaron regarda alors Ignatz avec un petit sourire en coin.

« En voilà un qui était pressé de se doucher… » Il regarda alors un peu autour de lui. « On va essayer de lui faire plaisir et de lui dénicher quelque chose à grignoter ! »

Tout d’abord, Aaron prit soin de retirer ses chaussures et de les poser à côté de la bassine où les vêtements détrempaient. Puis, il s’avança vers le comptoir tout en continuant de se sécher les cheveux avec sa serviette et regarda un petit menu qui se trouvait là. L’al bhed, qui avait sorti une serpillère et s’était déjà affairé à nettoyer les flaques d’eau, remarqua également que le prêtre s’était rapproché du comptoir, aussi posa-t-il ses ustensiles pour revenir aussitôt derrière le bar.

« - Un petit encas, messieurs ? Nous avons quelques pâtisseries à vous proposer pour le goûter.
- Le goûter, vous dites ? Il se retourna vers Ignatz. Le ventre de Baltoutou disait donc vrai ! Il lui fit un clin d’œil avant de se recentrer vers l’al bhed. Volontiers ! Je vais vous prendre une boîte d’assortiments, cela nous laissera un peu de choix comme ça. Est-ce possible de manger dans le dortoir ?
- Bien sûr ! Mais faites attention aux miettes, s’il vous plaît…
- Compris ! »

Alors que l’homme s’affaira à remplir une boîte de quelques desserts et biscuits secs, Aaron se retourna pour s’adosser au comptoir. L’orage grondait toujours dehors mais le lieu était plutôt chaleureux ici. Ils allaient y passer quelques heures alors autant se mettre à l’aise et investir les lieux à leur convenance ! La boîte fin prête, le mage la récupéra et remercia l’al bhed avant de faire signe à Ignatz de le suivre dans le dortoir. La pièce était d’une taille relativement moyenne, où chacun pouvait malgré tout circuler sans pour autant se prendre les meubles dans les tibias. D’ailleurs, il y avait quatre lits disposés à chaque angle de la pièce et une petite table basse ronde au centre, avec quelques coussins pour s’asseoir autour. En face de l’entrée se trouvait la porte qui donnait sur la salle de bain, dont émanaient les bruits de douche et de la condensation. Au moins, ils auraient de l’eau chaude pour se réchauffer ! A moins que Balthus ne vide le ballon d’eau chaude à lui tout seul…

« C’est plutôt cosy, ici. »

Observa le mage en s’approchant de la table basse pour y déposer la boîte à gâteaux. Mokona sauta sur l’un des lits et tapota de ses papattes à quelques endroits pour tester la fermeté du matelas. Elle ne râla pas, signe que cela devait lui convenir ! La douche se coupa enfin et, après quelques minutes, Balthus sortit de la salle de bain, vêtu d’un peignoir… beaucoup trop court pour lui. Aaron ramena sa main devant sa bouche pour éviter de rire tandis que Mokona ne se priva pas de faire une remarque, comme à son habitude.

« Baltoutou a de jolies jaaaambes ! Ouuuh ! »

La chambre ne manquait pas de coussins à lui balancer à la tronche si Balthus le voulait ! Quoi qu’il en soit, la place était libre et Aaron fit signe à Ignatz de passer en second. Le jeune homme ne se fit pas attendre et referma la porte derrière lui avant de faire couler l’eau à son tour. Aaron en profita donc pour montrer à Balthus les pâtisseries qui se trouvaient sur la table basse.

« Voilà qui devrait couvrir un peu votre appétit, très cher. »

En ouvrant la boîte, le prêtre remarqua que l’al bhed n’avait pas lésiné sur le nombre de gâteaux secs. En même temps, vu le nombre de visiteurs qu’il devait croiser tous les jours, il valait mieux ne pas trop avoir de marchandises périssables. Aaron prit donc un petit biscuit sablé et croqua dedans. Mais cela fit tomber quelques miettes au sol, aussi s’empressa-t-il de se baisser pour les ramasser les mettre sur la table basse en attendant.

« On est tombé sur un maniaque du ménage… Qui sait ce qu’il pourrait nous faire cette nuit s’il voyait ces miettes par terre. »

Sans rire, c’était un endroit parfaitement isolé pour commettre un meurtre en toute discrétion. Aaron avala le dernier morceau de son biscuit d’une traite puis resta debout en attendant que la place ne se libère dans la salle de bain. Il portait encore sur lui ses vêtements trempés et il ne voulait pas mouiller les draps du lit. Il profita également de l’absence du jeune artiste pour parler un peu sérieusement à Balthus quant au jeune homme, sur un ton assez bas pour que le bruit de la douche l’empêche d’écouter à travers la porte.

« Balthus… Nous n’avons pas vraiment eu l’occasion de parler de ce que Maître Seymour nous a dit tout à l’heure mais… Qu’avez-vous pensé de cette entrevue ? » Il commença à faire les cent pas devant son lit. « Pour ma part, j’ai trouvé ses propos… inadaptés. Comme s’il cherchait à nous embrouiller l’esprit pour nous cacher la vérité. Ou alors, il ignore lui-même la raison pour laquelle les morts sont ramenés à la vie… » C’était possible aussi, après tout. Il continua de marcher. « Mais sa manière de parler de Monseigneur Asran… Je sais pas, ça m’a un peu surpris. Il ne s’en est même pas caché. »

Bon, après, Seymour restait un homme comme un autre, avec ses propres convictions. Aaron lui-même éprouvait quelques réserves envers Monseigneur Asran mais pour autant, il ne le criait pas sur tous les toits ! Alors là, un Maître de Yevon en plus…

« Et si la présence d’Ophelia au Temple du Sélénos n’était pas anodine ? Je veux dire, s’il y a des divergences d’opinions au sein même de Yevon, Monseigneur Asran en a peut-être conscience et s’attend à toutes possibilités, aussi bien de l’extérieur comme de l’intérieur ? »

Il s'arrêta un instant et se gratta la tête. Dans ce cas, est-ce que le « voyage » prévu par Seymour pouvait avoir un quelconque lien ? Oula, le prêtre sentait qu’il divaguait un peu trop dans sa réflexion… Même Mokona l’avait remarqué et s’empressa de se mêler de la conversation.

« Mokona ne fait confiance ni à Ophelia, ni à Seymour, puu ! »

Vu comme ça… Peut-être que Balthus avait remarqué d’autres choses pendant leur entretien avec Maître Seymour ?

S'il s'était écouté, Balthus serait resté au moins une heure sous la douche! Mais en vrai, il n'aimait pas se laver tant que ça, c'était surtout une excuse pour se débarrasser de sa tenue mouillée, désagréable sur la peau et il passa surtout une grande partie de son temps à se sécher - y'avait de la surface.

Ignatz était resté avec Aaron, encore un peu embêté d'avoir causé des brûlures à son ami, mais la bonne humeur naturelle du mage lui remontait le moral, en particulier lorsqu'ils eurent tous deux confirmation que c'était bien l'heure du goûter!
«Baltoutou... il ne doit pas aimer qu'on l'appelle comme ça! Mais je vous l'avais dit, son estomac est une arme redoutable de précision!» il pouffa de rire et laissa donc Aaron prendre les gâteaux, n'ayant pas un gil en poche, il se sentait gêné de ne rien pouvoir faire, mais ça faisait partie du contrat hein? Il ne gagnait rien sur les monstres, et ne payait rien à côté.

Ils prirent la boîte de gâteaux et allèrent attendre le colosse dans la chambre commune. Ignatz se pencha vers Aaron pour murmurer
«Je ne comprends pas pourquoi il s'énerve comme ça... tous ses clients doivent arriver ici trempés non?» il se posait visiblement la même question que le jeune mage. Ils s'installèrent et ne se risqua qu'à prendre un seul biscuit, n'osant pas en prendre davantage. Balthus finit par sortir avec son peignoir trop petit qui dévoilait ses genoux et mollets poilus! Il s'était évidemment attendu à la réaction de Mokona et il tendit donc l'une de ses jambes vers la peluche

«On fait un concours du plus poilu?» il lui tira la langue et vit les gâteaux sur la table, ses yeux se firent ronds «chouette! le goûter!» Ignatz se leva et alla se doucher puisque Aaron le lui proposait, il ne comptait pas perdre trop de temps non plus pour lui laisser de l'eau chaude.

Dès qu'ils furent seuls, le mage commença à faire les cent pas alors que Balthus s'était assis sur un coussin, les jambes croisées - valait mieux pas être sous la table à ce moment là, la vue devait être imprenable - et commençait à s'enfiler des gâteaux.

Il écouta attentivement les paroles de son ami et comprenait bien son inquiétude. Il y eut un bruit de déglutition énorme et sa pomme d'Adam semblait avoir triplé de volume pendant une seconde avant qu'il ne puisse parler
«Maître Seymour a toujours été un électron libre, faut pas oublier qu'il était un hybride humain et guado, rejeté de tous pendant des années, et en particulier de l'église. Donc bon, même s'il a toujours fait bonne figure, tout le monde sait qu'au fond, il espère prendre les rênes pour changer pas mal de choses.» on va dire qu'il avait ses propres croyances, même si Balthus ignorait à quel point il avait une ambition particulière.

«y'a moyen qu'on leur ait dit de balancer une vérité toute prête pour cette histoire de résurrection. Si vraiment c'était l'œuvre de Yevon, seuls les habitants de Spira sortiraient, mais c'est pas le cas... ceux des autres mondes ne connaissent pas du tout Yevon, mais ils veulent pas qu'on perde la foi donc ils sont bien obligés de le mettre là dedans.» il avala un biscuit d'un seul coup avant de regarder le jeune prêtre et sourire

«Ça t'étonne hein? Moi qui suis quand même vachement les préceptes, tout ça... mais va pas croire que je réfléchis pas un peu quand même. J'pense juste que c'est trop facile de parler à la place d'un Dieu. Je crois en Yevon, mais je ne crois pas forcément ce que disent ceux qui le servent. Tant que je ne l'aurai pas entendu parler par moi-même, je vais pas forcément croire que les autres parlent pour lui. Et c'est là je pense que Maître Seymour et Monseigneur Asran ne sont pas d'accord.» aucun des deux n'avait vraiment parlé à Yevon, le colosse en était presque sûr et chacun faisait donc son interprétation comme il avait envie.

Il prit un nouveau gâteau et regarda le jeune prêtre qui semblait quand même contrarié par tout ça
«Te prends pas trop la tête... c'est un truc de grandes personnes, politique machin truc. Moi ce qui me plaît pas, c'est que Monseigneur Asran fasse confiance à cette Néo entreprise là qui ramène les chimères on sait pas trop comment. Et je pense que Maître Seymour n'aime pas ça non plus.»

Du coup, il rejoignait un peu Mokona sur le fait qu'il n'aimait pas cette femme, Ophélia - et non, pas seulement parce qu'elle avait refusé ses avances - car il n'aimait pas cette organisation qui n'était même pas de Spira.

«Si Maître Seymour veut tenter un truc contre Asran, il devra le faire dans les règles. Je le pense assez intelligent pour ça... et c'est pas notre problème. Toi, concentre toi sur ta foi, à toi. Et sur les préceptes auxquels tu crois. Te laisse pas influencer par ces histoires de politique.»

Il avait enfilé la moitié de la boîte lorsqu'Ignatz sortit, il les avait entendu discuter sans entendre distinctement de quoi ils avaient parlé et n'avait pas osé les interrompre. Il avança timidement, le peignoir lui allait très bien à lui, il avait laissé l'autre grand pour Aaron[/i]
«Je... désolé, j'espère que je ne vous dérange pas?»
«T'inquiètes pas... des trucs de grands. Viens manger, tu dois reprendre des forces! Et toi, vas te doucher et arrête de trop réfléchir, tu vas te faire des cheveux blancs, et crois moi, ça se voit même si on est blond!» il essayait de détendre un peu l'atmosphère, mais il savait que le jeune prêtre n'allait pas en démordre aussi facilement.

Un peu de calme et de répit n’étaient pas de refus, surtout vis-à-vis de cette pluie battante qui ne s’arrêtait jamais de tomber. Après une arrivée remarquée au comptoir grâce aux imitations de chien mouillé de Balthus, ce dernier s’était dirigé aussitôt vers la salle de bain situé dans le dortoir tandis que les deux autres devaient se farcir l’aubergiste un peu toqué… Pour Ignatz aussi, il était bizarre de s’affoler autant pour un peu d’eau alors que c’était monnaie courante ici, mais bon. Aaron ne préféra pas insister sur le sujet et se contenta d’acheter quelques gâteaux pour satisfaire le ventre déjà affamé du colosse, puis se dirigea vers le dortoir, accompagné du jeune peintre et de la petite boule de poils. En parlant de poils, Balthus ne tarda pas à sortir de la salle de bain en peignoir, laissant apparaître le bas de ses jambes poilues. Mokona ne manqua pas de s’en moquer et après un court échange de pics, le colosse se rua sur la boîte de gâteaux qu’il venait d’apercevoir sur la petite table basse de la chambre. Ignatz alla se laver tandis qu’Aaron profita de l’occasion pour parler un peu plus sérieusement à Balthus.

Le prêtre exposa ses légers doutes quant à Maître Seymour – et Yevon plus largement – mais Balthus tenta d’interpréter la situation sous un autre angle. Il est vrai que le mi-homme mi-guado avait des raisons de vouloir faire bouger les choses au sein de l’Eglise de par sa propre histoire et en cela, il se démarquait forcément de ses confrères de Yevon. Quant à cette histoire de résurrection, pour lui, c’était une histoire montée de toutes pièces pour s’assurer que les fidèles restent… et bien, fidèles justement. Plutôt déroutant d’entendre ces mots sortirent de la bouche de Balthus, lui qui possédait un discours plutôt pieux depuis le début. Mais, comme il s’empressa de le dire à Aaron, il était loin d’être idiot et ça ne l’empêchait pas de réfléchir par lui-même ! Tous ces prêcheurs de bonne parole essayaient d’interpréter les paroles d’un Dieu qu’ils n’avaient probablement jamais vu… Alors pour lui, en gros, il se contenterait de ne croire que ce qu’il verrait de ses propres yeux. Aaron esquissa un sourire gêné.

« Héhé, vous avez sans doute raison… »

Là où Balthus émettait quelques réserves cependant, c’était surtout sur le fait que le leader de Yevon fasse amis-amis avec la Néo-ShinRa, cette organisation ultra sophistiquée venue d’une autre partie d’Héméra. Et pour lui, Maître Seymour pensait certainement comme lui ! Tout ce qu’il pouvait conseiller au prêtre, c’était de ne pas trop se préoccuper des problèmes de politiciens et de se concentrer sur sa foi intérieure, avec un grand F.

« J’ai bien peur que ma foi ne soit déjà mêlée à toutes ces histoires de politiques… Ou bien est-ce ma curiosité ? » Il se gratta l’arrière de la tête en prenant un air à nouveau gêné. « Vous savez, je pense que toutes ces histoires politiques sont déjà bien trop liées à la religion pour que nous fassions comme si de rien n’était. Tout serait beaucoup plus simple si la religion n’avait rien à voir avec la gestion d’un monde entier. »

C’était peut-être utopiste de rêver de cela pour Spira mais au moins, chacun pourrait vivre sa foi comme il l’entendait, sans avoir à se préoccuper du reste. Ignatz ne tarda pas à sortir de la salle de bain, visiblement embarrassé de les avoir interrompus dans leur conversation. Balthus le rassura puis invita le prêtre à aller se laver à son tour et se chasser toutes ces idées de la tête s’il ne voulait pas se faire des cheveux blancs. A cette remarque, il pouffa légèrement de rire avant d’exécuter les ordres ! Une fois dans la salle de bain, il referma soigneusement la porte derrière lui et s’adossa quelques instants sur celle-ci, tandis que son sourire s’effaça aussitôt. Il ferma les yeux et posa sa main droite sur son cœur. Celui-ci battait étrangement vite, sans doute à cause du doute qui l’assaillait de plus en plus. Malgré son humeur joviale et les plaisanteries qu’il pouvait raconter, tous ces sourires n’étaient que façades… De l’autre côté de la porte, nichée sur le lit, Mokona pouvait ressentir l’immense doute qui s’éprenait du mage. Il s’agissait là d’un des quelques pouvoirs procurés par ce joyau rouge incrusté sur son front. Mais à son tour, la boule de poils ne pipa mot et garda ce secret pour elle. Un parmi tant d’autres.

Prendre une douche bien chaude requinqua le jeune mage qui chassa ainsi la sensation désagréable d’être trempé jusqu’aux os – assez contradictoire pourtant ! Il enfila alors le peignoir le plus grand qu’il restait et constata que celui-ci lui seyait à merveille. Il n’y avait donc que Balthus qui ne rentrait à peine dans le sien ! Il se recoiffa un peu en ébouriffant ses cheveux puis sortit rejoindre les autres dans la chambre. Il ne restait plus qu’un gâteau dans la boîte, signe que Balthus avait dû bien en profiter ! Enfin, il supposait que c’était lui qui avait dû manger la quasi-totalité des gâteaux puisque c’était le seul qui avait vraiment faim.

« Bah alors, vous ne finissez pas, Balthus ? Je vais me vexer si vous ne le mangez pas ! »

Pour sa part, un seul gâteau lui avait suffi. Il retourna près du lit sur lequel Mokona se trouvait – ce serait son lit pour la nuit – et déposa ses vêtements encore trempés sur le pied de lit, histoire que ça sèche un peu. Il tira une moue déconfite en voyant que le séchage des vêtements n’allait pas très vite.

« Je vais devoir accélérer tout ça avec un petit sort de feu, si ça continue… »

Pas dit que ça plaise au gérant du comptoir, par contre ! Mais il était hors de question qu’Aaron ne remette des vêtements trempés sur son dos. Tant pis, si avant la nuit il voyait que ça n’était toujours pas sec, il lancerait un petit Brasier dans la chambre histoire de réchauffer les fringues de tout le monde ! Il s’assit alors sur le rebord du lit et croisa les jambes tendues.

« Ça va, vous n’êtes pas trop fatigués ? Vous pouvez faire une sieste si vous le souhaitez. De toutes manières, il ne doit pas y avoir plus intéressant à faire, par ici. » C’est vrai qu’ils allaient devoir s’occuper d’une manière ou d’une autre s’ils ne voulaient qu’un malaise s’installe. Lui vint alors une idée. « On pourrait aussi apprendre à parler Al Bhed ! »

C’était pas si bête après tout, vu qu’ils n’avaient rien pigé de ce que leurs assaillants racontaient au Sélénos, et sans doute que l’aubergiste n’y verrait pas d’inconvénient du moment qu’aucun d’eux ne salissait son comptoir ? Mais pas dit que ce programme soit du goût de Balthus…

Visiblement, Aaron se sentait beaucoup plus impliqué dans cette histoire de politique que Balthus, le colosse s'en fichait un peu, en vrai, il se fichait de tout tant qu'on le laissait tranquille. Et il n'était pas assez fin psychologue pour comprendre à quel point cela pouvait affecter le jeune prêtre.

Mais Ignatz était plus empathique, lorsqu'ils se croisèrent, il perçut sa peine et ses doutes, mais les garda pour lui et fit comme s'il n'avait rien vu. Il s'installa à côté de Balthus, s'asseyant sur ses genoux pour ne pas se retrouver dans une position embarrassante comme le colosse qui s'en fichait totalement!

«Tout va bien?»
«Si on veut.. des histoires d'église et de politique. Chiant quoi.»
«Tu... tu devrais faire attention... je crois que ça lui tient plus à cœur que tu ne crois tu sais? C'est un prêtre de Macalania, il n'a pas eu la même éducation que toi par rapport à l'église.» le grand gaillard se tourna vers la porte de la salle de bain, mais ne répondit pas, préférant manger tous les gâteaux en forçant le gamin à en prendre un peu. Il en jeta un à Mokona mais la boule de poils semblait bouder, ou alors elle était inquiète pour Aaron aussi et le gâteau finit par terre

«M'enfin?»
«Oh non! L'homme à l'accueil ne va pas être content!» il se dépêcha d'aller ramasser les miettes, puis il revint près de Balthus et posa quelques questions sur ce qu'il s'était passé depuis sa mort.

Quand Aaron revint, ils en étaient seulement au passage de la finale du match de blitzball où Seymour avait fait apparaître Anima, le jeune prêtre était pâle, et il se demandait ce qu'ils allaient faire du reste de l'après-midi, et honnêtement, il n'avait pas envie d'apprendre l'al-bhed

«Vous ne voulez pas plutôt jouer aux cartes? Promis, on parie pas d'argent!» il préférait préciser car bon, c'était l'un de ses vices après tout! Ignatz alla voir l'homme au comptoir pour lui demander s'il avait des jeux, et il revint ainsi avec un paquet de cartes et des jetons de sphere break et une nucleosphère. Mais quand Balthus le vit, il fronça du nez

«Meh... faut faire des calculs avec ce jeu, c'est pas pour moi... et puis ça se joue qu'à deux...»
«Je l'ai pris au cas où! On ne va pas jouer au poker tout l'après-midi... Mokona? Tu veux jouer avec nous? à quatre, on pourra faire des équipes pour certains jeux!» ce serait tout de même plus marrant déjà! d'ailleurs, Balthus se demandait si la peluche n'aurait pas un super pouvoir pour lire les cartes des autres? Il voulait jouer avec Mokona du coup! Une petite belote?

Une des premières choses qu’Aaron avait appris sur Balthus après l’avoir rencontré, c’est son attrait pour les jeux. Oh, pas le genre de jeu où l’on joue pour la gloire, non, il préférait plutôt les jeux qui permettaient de s’en mettre plein les poches… Vous voyez le genre ? C’était suite à des soucis d’argent – mais aussi avec les histoires de sa belle-mère – qu’il avait cherché à quitter Luca, d’ailleurs. Alors lorsqu’il proposa de jouer à un jeu de cartes pour passer le temps, il s’empressa de préciser qu’il n’y aurait pas de paris d’argent !

« Encore heureux, le pauvre Ignatz doit déjà vous rembourser de sa gemme… »

Ce dernier se dépêcha d’aller voir l’homme au comptoir pour lui emprunter d’éventuels jeux et revint rapidement dans la chambre, le sésame en mains. Il avait notamment déniché un jeu de cartes mais aussi un Sphere Break ? Balthus semblait connaître ce truc mais ce n’était pas le cas du prêtre qui écoutait la plainte du colosse tout en prenant la nucléosphère dans sa main. Il observa l’objet dans tous les sens pour essayer de comprendre comment ça fonctionnait mais apparemment, c’était une histoire de jetons et de calculs, et ça ne se jouait qu’à deux.

« Ignatz a raison, on pourra toujours varier les plaisirs comme ça ! »

Aaron descendit du lit sur lequel il était assis et alla rejoindre les deux autres en s’asseyant à genoux sur le coussin – tout le monde était d’accord pour dire que la position de Balthus était la plus malaisante de toutes. Le jeune garçon interpella Mokona pour qu’elle se joigne à eux et, si elle n’avait pas voulu manger du gâteau que le colosse lui avait jeté un peu plus tôt, elle ne boudait pas pour autant et sautilla pour rejoindre le trio sur la table basse. Sa bonne humeur semblait revenue, tant mieux !

« - Mokona veut bien faire un poker !
- Je ne connais pas les règles mais je veux bien apprendre ! Dans l’ensemble, Aaron était toujours volontaire et pouvait s’amuser d’un rien.
- Mokona peut t’apprendre ! Mokona y joue souvent avec Mokona !
- Tu y joues souvent toute seule ?
- Non, avec l’autre Mokona, puu ! »

Il y en avait deux comme elle ?! Alors ça pour une surprise ! Aaron éclata de rire tandis qu’Ignatz commençait à mélanger les cartes.

« - Je crois que je ne vais même plus chercher à te poser des questions, Mokona. Ton univers tout entier est un mystère !
- Hi hi hi ! Bon ! Alors Mokona explique ! »

La boule de poils prit soudainement un air bien plus sérieux, comme si elle comptait jouer sa propre vie à cette partie. On ne plaisantait pas avec les jeux de cartes, apparemment ! Peut-être qu’elle partageait un autre point commun avec Balthus ? Quoi qu’il en soit, les explications de Mokona fut claires et concises, et Aaron comprit globalement l’idée du jeu. Pour lui, rien ne valait mieux que la pratique pour assimiler une leçon ! Ignatz distribua les cartes et Mokona sortit de sa grande bouche une mallette contenant des jetons colorés – on ne pose plus de questions, on a dit ! La partie débuta et Aaron n’hésita pas à relancer la mise pour faire croire qu’il avait gros dans sa main. Hélas, il était nul en bluff ! Si ça le faisait rire, Mokona ne décrochait pas un sourire et avait le regard sacrément concentré sur le jeu. Elle fusillait le colosse des yeux, voyant certainement en lui le seul adversaire autour de cette table qui méritait son attention. Rapidement, Aaron fut éjecté du tour et Ignatz aussi, laissant ce duel à Balthus et à la boule de poils. Tous les deux se regardaient en chiens de faïence, la tension était palpable…

« Tapis ! »

Mokona frappa de sa papatte sur la table et avança tous ses jetons. Une des piles s’écroula et deux jetons tombèrent sous la table. Vu qu’elle ne lâchait pas du regard son opposant, Aaron se pencha pour regarder sous la table basse et les récupérer. Malheureusement pour lui, il avait aussi une vue plongeante sur une autre… paire. Et ce n’était pas des cartes ! Il se redressa aussi vite et heurta légèrement la table, le visage tout rouge.

« Ah ! Euh, v-vous pourriez croiser les jambes, Balthus ?! » Ignatz comprit de quoi il s’agissait et pouffa de rire, visiblement soulagé que ça ne soit pas lui à sa place ! « Montrez donc vos cartes, plutôt ! »

Il faut dire qu’Aaron était plutôt pudique, pour ne rien arranger ! Si Mokona restait imperturbable, le prêtre n’attendait qu’une chose : que la partie se termine pour qu’il puisse rejouer et enlever cette image de sa tête ! Alors, qui de Balthus ou de Mokona remporterait la victoire et, de surcroît, l’opportunité de s’en vanter toute la soirée ?

Un petit poker avec Mokona, ça allait être drôle! surtout que la peluche avait carrément sorti une drôle de mallette avec pleins de jetons dedans! Le sourire du colosse s'était élargi comme un enfant devant ses jouets à Noël
«Mais c'est trop bien ce truc!» ils s'installèrent en rond autour de la table, Mokona commença à expliquer les règles, Ignatz connaissait car évidemment, ils jouaient ensembles avec Balthus, Hapi et son frère quand ils étaient plus jeunes, très tôt il les avait entraînés là dedans - mais sans argent heureusement.

Mais il n'était pas très doué, comme Aaron, il était un peu trop innocent pour pouvoir bluffer, et le pauvre ne savait pas qu'on pouvait voir parfois ses cartes se refléter dans ses lunettes selon comment il se tenait.

Il ne restait plus que Balthus et Mokona, la tension était palpable, on aurait pu croire qu'ils étaient en train de jouer leur vie! Balthus tapotait ses cartes du bout des doigts, fixant la peluche pour savoir si elle bluffait ou si elle avait vraiment du jeu. Il ne sursauta pas lorsqu'elle frappa sur la table pour annoncer son tapis, et regarda à peine Aaron ressortir la tête de sous la table, rouge comme une tomate, il ramena juste un peu son peignoir entre ses jambes, mais pas grand chose de plus. Il n'avait d'yeux que pour Mokona

«Tu fais la maligne hein?»raaah, l'idée de perdre comme une peluche le stressait à mort! Mais finalement, il frappa aussi du poing sur la table et poussa ses jetons au milieu «allez je te suis!! Tapis!» il jeta alors ses cartes sur la table, il avait une suite simple... Mokona écarquilla ses petits yeux et montra également une suite, mais plus petite!!! Celle de Balthus était à la Dame, celle de Mokona partait de 10!

Un silence de mort s'installa alors que tout le monde regardait les cartes sur la table, essayant d'avoir une sorte de confirmation divine que Balthus avait bien gagné??? Sans que personne ne le remarque, Ignatz s'était reculé pour se boucher les oreilles de ses mains, et Aaron allait vite comprendre pourquoi. Lorsque les informations gagnèrent son cerveau, le colosse se leva si vite qu'il souleva la table avec qui manqua de se renverser - il avait du se bousiller les genoux mais passons - son peignoir s'était ouvert dans la bataille et il se retrouva debout, les bras et les jambes écartés en V de la victoire

«OUAAAAAAAAAAAAAAHHHH J'AI GAGNÉEEEEEEEEEEEEE!!!!» son cri ressemblait tellement à un rugissement que les murs avaient du trembler, il y eut un bruit de pas et l'al-bhed se précipita dans leur chambre pour trouver un Balthus à moitié à poil en train de courir partout les bras en l'air

«Mais... qu'est-ce qui se passe ici? OUAAAAHHH!!!» Balthus s'était jeté sur lui pour le prendre dans ses bras, le soulevant comme une brindille avant de le reposer, l'homme était rouge comme une tomate sous ses lunettes en voyant qu'il venait d'être serré par un homme nu

«j'ai gagné!!! j'ai gagné!!»
«Mais... vous avez gagné quoi à la fin? Calmez-vous!!!! Et et et... habillez-vous!!! faites quelque chose!!! y'a... y'a tout qui pendouille là!!» Balthus éclata de rire et referma quand même son peignoir, non, il n'était pas pudique pour un sou lui et s'en foutait royalement! Mais bon, il n'était pas chez lui non plus hein!

Il revint vers la peluche, se penchant pour mettre une pichenette sur le nez de Mokona d'un air amusé - et l'al-bhed qui était derrière eut une nouvelle vision d'horreur et se retourna pour filer vers son comptoir
«J'ai gagné!!! Ah ah ah!!!» Ignatz avait du mal à contenir son fou rire, il essuya une petite larme qui coulait le long de ses yeux avant de se racler la gorge

«On va peut être faire un autre jeu hein? J'avais oublié à quel point tu es fou quand tu gagnes...» le colosse éclata de rire, il n'y aurait surement rien pour lui faire perdre sa bonne humeur! Il proposa à Ignatz d'apprendre à Aaron à jouer au sphere break plutôt, il voulait savourer sa victoire, aussi il retourna voir le gars au comptoir pour prendre quelque chose à boire et d'autres choses à grignoter.

Pendant son absence, le jeune garçon regarda Aaron en espérant qu'il ne soit pas trop traumatisé
«Ça va? C'est... je ne peux pas te dire qu'on s'y habitue honnêtement... mais ça te fera surement rire à force?» le pauvre...

Le suspense était à son comble : qui de Mokona et Balthus allait remporter la victoire de cette manche de poker ? C’était la première fois qu’Aaron jouait à un jeu avec Balthus – avec n’importe qui d’autre, d’ailleurs, les prêtres de Macalania n’étant pas les plus funs de l’Eglise – alors cela le surprenait un peu de le voir autant concentré, mais dans le bon sens. Il s’amusait bien plus à observer le duel de regards entre lui et Mokona que de jouer au jeu lui-même. Bon, en revanche, lorsque la boule de poils fit tomber quelques jetons au sol, le prêtre se serait bien passé de ce qu’il avait vu sous la table, ou plutôt sous le peignoir du colosse. Ce dernier n’en avait d’ailleurs rien à faire, tellement il était concentré !

Sans surprise, il suivit Mokona et rapprocha tous ses jetons du centre de la table. Le silence qui précéda l’annonce du vainqueur sembla durer des minutes entières. Aucun des deux ne voulait lâcher en premier sa main mais ce fut finalement Balthus qui montra ses cartes, confiant dans sa victoire. Il avait une suite simple mais à en juger par le visage déconfit de Mokona, c’était toujours mieux que ce qu’elle avait !

« Im-impossible… Mokona ne perd jamais… ! »

Dévoilant également une suite mais plus faible que celle de Balthus, Ignatz réalisa alors lequel des deux était le grand gagnant et préféra reculer un peu tout en se bouchant les oreilles. Aaron comprit très vite pourquoi : Balthus se redressa très vite sur ses deux jambes en renversant au passage la table, le peignoir grand ouvert et à la vue de tous, tout en hurlant sa victoire.

« C’est pas vrai… »

Aaron se plaqua une main contre le front en voyant ce « spectacle » et sentit une honte encore plus grande lorsque l’al bhed accourut dans la pièce, inquiet de tout ce vacarme. Balthus l’enlaça de ton son corps – littéralement – et l’aubergiste manqua de faire une syncope. Pour ne rien arranger, Balthus le reposa puis se pencha vers Mokona pour se vanter encore un peu, offrant une vue sur sa face arrière… A voir la réaction de l’al bhed qui s’empressa de quitter la pièce, Aaron ne put s’empêcher d’avoir un fou rire malgré sa pudeur, car il fallait moins avouer que la scène était surréaliste !

« - Mokona n’est pas sourde !! Répondit la boule de poils lorsque Balthus lui fit une petite pichenette sur le nez.
- Mauvaise perdante, alors ? la taquina un peu Aaron.
- Mokona… ne perd jamais… »

Et la voilà partie à ronchonner ! Cela n’empêcha pas le grand gaillard de continuer de crier sa victoire sur tous les toits. Finalement, Ignatz proposa de changer de jeu histoire de calmer les ardeurs de chacun mais Balthus était trop content d’avoir vaincu Mokona, aussi souhaitait-il profiter encore un peu et célébrer tout ça avec des boissons. Il sortit de la chambre et Ignatz s’empressa de demander à Aaron comment il allait, ayant bien remarqué sa gêne de tout à l’heure.

« Oh, ça va merci. Dit-il en souriant tout en ramassant la table et tous les jetons qui étaient à terre. On va dire que j’apprends à relativiser beaucoup de choses avec lui ! Et puis, Balthus est Balthus, n’est-ce pas ? »

Comme dirait une certaine peluche ! Les deux garçons finirent de ramasser le jeu de poker ensemble pendant que Balthus était affairé au comptoir et que Mokona boudait sur son lit. Puis, le jeune artiste proposa à Aaron de jouer au Sphere Break et tous les deux terminaient seulement de passer les règles en revue lorsque Balthus revint dans la chambre avec à boire et à manger.

« Et bien… Je comprends mieux ce que vous vouliez dire au Sélénos : vous êtes possédé quand vous jouez aux cartes ! »

Il pouffa de rire tout en retournant quelques jetons de sa nucléosphère. Certaines disparaissaient tandis que d’autres comblaient les espaces vides, tout ça dans des petits effets visuels qui l’amusaient plus que le jeu lui-même d’ailleurs.

« Et toi Ignatz, tu aimes ça, les jeux de cartes ? » Il ne quittait pas des yeux son plateau qui venait de pratiquement tout effacer et lâcha un petit « Oups ! » en réalisant qu’il allait galérer pour s’en sortir au prochain tour. « Je dois vous avouer que c’est la première fois de ma vie que je jouais à quelque chose. Il n’y avait pas vraiment de passe-temps au Temple, et j’étais le seul enfant, donc… » Dis comme ça, ça ne vendait pas du rêve. « J’ai appris très vite à m’occuper autrement. »

Il faut dire que les jeux n’étaient pas très variés sur Spira auparavant, puisque Sin venait très souvent gâcher les moments de répits que les gens pouvaient s’octroyer. Il n’y avait finalement pas de temps pour la distraction, mis à part le Blitzball. Le prêtre dût faire un « 1 » sur sa nucléosphère et, en choisissant l’un de ses jetons de départ, brisa sa chaîne de combos. Mais de nouveaux jetons apparurent aux emplacements vides.

« - Tu devrais essayer ce jeu, Mokona ! A moins que tu n’aies encore peur de perdre ?
- Puu !! »

Un coussin traversa la pièce et souleva les cheveux d’Aaron dans un violent courant d’air, sans pour autant le perturber dans sa concentration ou lui couper son rire moqueur ! Susceptible, cette petite bête.

La joie du colosse aurait pu faire concurrence à l'orage qui grondait dehors! Il faisait un tel boucan à rire comme un fou à lier que les murs en tremblaient! Tout content, il allait chercher à boire et à manger, surement que ça servirait d'apéro en fait! Mais il ne fallait pas trop compter sur l'alcool dans le coin. Il parvint quand même à avoir droit à UNE bière, car l'homme au comptoir était persuadé qu'Ignatz et Aaron étaient mineurs, il refusait qu'ils puissent boire de l'alcool - et puis il devait encore en vouloir à Balthus des différents spectacles qu'il avait subit. Groumph.

De leur côté, les deux jeunes gens rangeaient le bazar qu'il avait fait, les jetons furent remis soigneusement dans la mallette de Mokona qui boudait sur le lit, et Ignatz s'attelait à installer la nucléosphère et les jetons pour expliquer les règles. Il avait un peu peur qu'Aaron soit choqué par la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux, mais il semblait relativiser!
«Et encore, là.. il était sobre. S'il avait été soul, je pense qu'il aurait complètement enlevé son peignoir et il serait allé dehors, tout nu sur la pluie pour faire trois fois le tour d'une tour paratonnerre avant de revenir.» dit-il d'un ton amusé, on sentait une certaine expérience! «Balthus est le genre à perdre sa chemise quand il joue, il a une certaine tendance à finir dans le plus simple appareil...»

Ils s'installèrent confortablement en prenant soin de serrer les genoux, ils commençaient à peine la partie lorsque Balthus revint, moitié content, moitié boudeur de ne pas avoir autre chose à boire que du soda et de l'eau. Aaron se moqua un peu de lui, mais le colosse était trop content de sa victoire pour s'en vexer
«Non mais attends, non seulement j'ai gagné, mais contre MOOOOOKOOOOONAAAAA!!!» il s'était tourné vers la peluche pour bien crier sa victoire! ce que la peluche n'allait pas aimer pour sûr! Ignatz rit aussi, il était content d'être ici avec eux, il ne se posait pas la question de ce qu'il aurait ressenti s'il était sorti de l'Au-Delà sans personne pour l'accueillir.

«Oui, j'aime bien les cartes, mais je préfère la belote. C'est un jeu d'équipe, mais Balthus trichait tout le temps, surtout quand il était en équipe avec Yuri.»
«Hé ho! on trichait pas!»
«Je peux te piquer des chips? Tu me blesses dans mon amour propre, hé? Va falloir laver les carreaux... je continue?»
«Ben quoi? on peut parler pendant une partie hein?» Ignatz leva les yeux au ciel, Aaron n'avait peut être pas compris, mais s'il apprenait les règles de la belote, ces jeux de mots prendraient tout leur sens pour lui. Enfin, il avait eu un regard un peu désolé à l'idée que le jeune prêtre n'ait pas beaucoup joué, mais d'un autre côté, c'était surement normal pour un homme d'église

«Après, sur Kilika, nous n'avions pas beaucoup de jeux non plus. En général, on ne jouait aux cartes que quand Balthus venait sur l'île, sinon on jouait plutôt au blitzball... moi je préférais peindre.» il regardait Aaron se battre avec la nucléosphère, il s'en sortait plutôt bien! Il aurait aimé que Mokona essaie, mais la peluche était encore vexée au point de balancer un coussin vers son maître! Houla!

«Bon, je suppose que tu ne veux pas de chips non plus?»
reprit Balthus en ouvrant le paquet, il posa délicatement les jus de fruits sur la table et alla s'asseoir plus loin, se mettant sur le côté par rapport aux autres pour ne pas risquer de dévoiler encore ses "atouts" avec la seule petite bière qu'il avait pu chiper. Il regardait la pluie tomber par la fenêtre, ne pouvant pas s'empêcher de sourire comme un idiot d'avoir enfin gagné une partie de poker! Sur le coup, il regrettait presque de ne pas avoir parié d'argent tiens!

Ils finirent l'après-midi avec une partie de belote, et cette fois, Mokona et Aaron gagnèrent haut la main, une vraie raclée! Les rôles étaient donc inversés pour le dîner avec un Balthus boudeur et une peluche toute fière et moqueuse.
«Gnagnagna je t'ai battu au poker» ils finirent par aller se coucher, assez tôt pour pouvoir partir de bonne heure le lendemain. Il flottait dans l'air une odeur de linge humide, mais l'al-bhed vint pendant leur sommeil leur piquer leurs affaires pour les mettre dans une machine qui devait les laver correctement et les sécher! Vu les préjugés sur les machines, il avait préféré attendre qu'ils dorment pour leur dire qu'il en disposait d'une.

Le lendemain matin, ils avaient donc leurs affaires soigneusement pliées à côté d'eux et qui sentait bon le linge chaud et propre. Ignatz fut l'un des premiers à se lever et fut surpris de trouver ainsi son linge propre. Il se leva doucement pour aller s'habiller dans la salle de bain, puis s'approcha de Balthus pour le réveiller en le secouant à l'épaule
«Balthus? Lève toi, sinon je glisse un ver dans ton oreille»
«OUAAAH AH NON!!» le colosse se leva d'un bond, Ignatz se dépêcha de poser ses mains sur son torse et le plaqua sur le lit pour qu'il se calme
«Te lève pas!!! T'es tout nu!!»
«Hein? ah oui... c'est vrai»
«Le monsieur du comptoir a lavé nos vêtements... tiens, ton caleçon est tout sec.»

Balthus le prit et l'enfila sous la couverture au cas où, pour ne pas choquer davantage le pauvre Aaron qui devait s'être réveillé avec tout ce raffut!
«Je vais voir pour le petit déjeuner, ensuite on pourra reprendre la route?»
«Ouais, si on se dépêche, on sera à Bevelle ce soir! T'as hâte?»le garçon hocha de la tête, oui, il avait hâte de revoir son frère...

Ce moment de détente à l’auberge s’avérait vraiment plaisant. Chacun oubliait l’espace de cet instant ses petits tracas et profitait simplement de rire et de s’amuser. Pour Aaron, c’était également l’occasion d’apprendre de nouvelles choses, comme les règles du Poker et du Sphere Break. Il semblait plutôt doué pour ce dernier, d’ailleurs ! En fait, il ne s’agissait que de calculs arithmétiques simples et d’anticipation des jetons à utiliser selon les tours, car la valeur numérique augmentait à chaque nouveau palier. Bref, ça lui plaisait bien plus que le bluff car au moins, ses actions avaient une réelle influence sur la partie ! Et comme il n’était pas très doué pour mentir – ou du moins cacher les choses – c’était plutôt logique finalement.

Malgré les inquiétudes du jeune Ignatz, le mage le rassura quant à la scène à laquelle il venait d’assister, préférant relativiser les choses plutôt que de tout prendre au premier degré. Toutefois, il était bien content que Balthus ait été sobre, sans quoi il aurait eu droit à une tout autre vision des choses, à en croire l’artiste !

« C’est un homme qui aime communier avec la nature, que veux-tu ! »

Ils pouffèrent de rire avant de ranger la table basse tandis que Balthus se pavanait dans la pièce en vantant sa victoire pour bien agacer la boule de poils. Il venait d’ailleurs de rapporter quelques boissons sans alcool – bien qu’il ait réussi à obtenir une seule bière pour lui – et Aaron se contenta d’un soda à l’orange pour le moment. A sa question concernant les jeux de cartes, Ignatz semblait préférer la belote, un jeu en équipe que ne connaissait pas non plus le prêtre. Tout comme les exemples mentionnés par Ignatz juste après d’ailleurs.

« Oh, si ça vous dit, je veux bien apprendre ce jeu aussi ! »

Il était vraiment décidé à en découvrir le plus possible sur cet univers de divertissement, si tant est que ses deux acolytes veuillent bien continuer à jouer. Balthus proposa quelques chips et finalement, l’après-midi se termina sur une partie de belote. Aaron était parvenu à convaincre Mokona d’arrêter de bouder et de faire équipe avec lui pour prendre sa revanche sur Balthus, et il semblait que la chance était de leur côté cette fois ! De quoi suffire à Mokona pour retrouver du poil de la bête !

« Hi hi hi !! Mokona a gagné ! ~ »

Heureusement qu’elle se contenait un peu plus que Balthus sur son explosion de joie ! Quoi qu’il en soit, ça leur faisait un point partout, comme ça : pas de jaloux ! Et sur ces scores, ils décidèrent finalement de se coucher de bonne heure pour se lever plus tôt le lendemain matin. Ils avaient passé un très bon moment de détente et la fatigue commençait à se faire sentir de toutes manières. Chacun prit un lit – sauf Mokona qui dormait toujours dans celui d’Aaron – et un à un, ils plongèrent dans les bras de Morphée…

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Tout le monde fait dodo !
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Un cri réveilla Aaron sur le matin, et ce n’était autre que celui de Balthus, qui avait lui-même été réveillé par Ignatz. Il ignorait l’heure qu’il se faisait mais le jeune artiste était déjà tout prêt, et avec des vêtements propres et secs sur lui ! Voilà qui rassurait le prêtre, lui qui s’imaginait presque devoir sécher ses vêtements avec sa magie. Il remarqua les siens qui étaient pliés au pied de son lit et, comme Balthus discutait encore avec Ignatz, Aaron se dirigea vers la salle de bain tout en leur souhaitant un « Bonjoouaahhh » vaguement compréhensible dans son bâillement. Il s’habilla en vitesse et profita de la chaleur de ses vêtements tant qu’il le pouvait encore. Et oui : à peine dehors, ils se feraient tremper à nouveau ! En ressortant de la salle de bain, Ignatz n’était plus là, certainement parti se renseigner pour avoir un petit-déjeuner avant de reprendre la route.

« Vous êtes prêt, Balthus ? »

Il avait entendu le colosse parler à Ignatz à travers la porte et du fait qu’ils seraient à Bevelle dans la soirée. Il savait que la priorité aujourd’hui était de ramener ce pauvre garçon à son frère à la capitale, mais une part de lui était déçue de ne pas faire de crocher au Temple de Macalania. Ils n’en auraient pas le temps, cela ferait un sacré détour quand même, et ce n’était pas si grave au fond. C’est pour cela qu’il ne préféra rien dire et se contenta de quitter la chambre pour rejoindre Ignatz à l’accueil, avec Mokona sur son épaule, et suivi de Balthus.

Il y avait des pâtisseries fraiches sur le comptoir, prêtes à être dégustées, ainsi que du café bien noir dans un pichet encore fumant. Ce n’était pas le grand luxe mais cela suffisait amplement ! Aaron prit un croissant et un pain au chocolat, et fit attention de bien les manger au-dessus du comptoir pour ne pas laisser tomber une miette sur le sol. Puis, il prit une gorgée du jus d’orange qui se trouvait là également.

« Bon, alors on doit déjà se préoccuper de sortir de cette plaine. Ensuite, il faudra encore traverser une bonne partie de la Forêt de Macalania, mais pas entièrement si je ne m’abuse, Bevelle étant située à l’Ouest de la forêt. »

C’était surtout pour aller au temple qu’il fallait la traverser de toute sa longueur. Là, ils n’auraient qu’à la contourner un peu, disons. Bon, ils allaient encore avoir de la marche à faire ! Aaron se rapprocha de l’aubergiste qui était toujours le même que la veille au soir d’ailleurs, et régla pour le séjour avec ses économies. Il en profita également pour lui demander des petits encas pour pouvoir manger sur la route le midi. Il valait mieux être prévoyant ! Enfin, lorsqu’il eut fini, il remit son manteau de fourrure qui était tout sec lui aussi, et demanda au reste du groupe s’ils étaient prêts à se faire tremper à nouveau !

Le groupe retourne sous la pluie de la Plaine Foudroyée