Le domaine des Brodia

Cette petite balade avait quand même fait du bien au moral d'Alfred, le jeune homme avait appris beaucoup de choses, pas forcément bonnes, mais tout était bon à apprendre de toute manière! Roy avait fini par les rejoindre alors qu'ils parlaient des guerres, chose que le jeune frère ne pouvait comprendre, n'ayant jamais quitté la maison et ayant toujours vécu dans un cocon protecteur, à l'abri des personnes mauvaises de ce monde. Il faudrait bien que son père l'entraîne ailleurs un de ces jours car s'il voulait qu'il prenne la relève un jour.

Enfin pour le moment, Roy suggéra de rentrer, proposant une visite de la bibliothèque d'Alfred
«Si vous voulez lire tous ses livres, nous allons vous garder bien plus longtemps que prévu!» Alfred essaya de rire un peu à la plaisanterie, mais il n'était pas très doué pour ça. Il avait sourit au moins, et le groupe allait rentrer, sauf qu'Aerith voulait visiter le dernier bâtiment qui se dressait devant eux
«C'est la grange... ou la laiterie.. enfin venez, vous verrez par vous mêmes!» puis il se tourna vers Roy qui avait suggéré autre chose avant «euh je.. on peut tu penses?»
«Évidemment, de toute manière, ils ne vont pas commencer à manger sans nous.» ils entrainèrent donc Aerith vers la grange, qui servait aussi d'étable et de pleins d'autres choses. Quelques vaches y étaient, en train de manger ou de boire, des gens retiraient le foin et entretenaient l'endroit.

«Voilà, les vaches rentrent ici la nuit, ou quand il fait trop froid.. le matin, on les trait et on met le lait dans la grande cuve là bas.» il la montra, il y avait une échelle à côté et une espèce d'immense bâton pour pouvoir touiller le lait ensuite, Roy souriait, laissant Alfred faire les explications, il semblait tellement content

«Et ensuite, on les met dans des plus petits pots pour aller les livrer en ville, le plus tôt possible pour que tout le monde puisse en avoir le matin, et une partie va... vers là!» il la conduisit dans une autre pièce à l'arrière, le lait était caillé ici pour pouvoir ensuite être transformé en fromage. Il y avait plusieurs petits sacs de toile suspendus qui étaient en train de fermenter.
«C'est ici qu'on fait notre fromage.. alors pour le moment, on en fait qu'une seule variété, mais on essaie d'apprendre d'autres façons de faire pour varier un peu...» elle pouvait voir qu'ils étaient à différents degrés de maturité, Alfred se tourna vers l'homme qui s'en occupait «est-ce qu'il y en a un qui est presque prêt?»
«Oui, Maître... attendez...» il tapota chacun des petits sacs jusqu'à en trouver un qui semblait bien fait, il le déballa soigneusement, l'essora puis le remit dans un nouveau morceau de tissu. Il alla le poser sur une planche en bois et attrapa du pain pour en tartiner trois petites tranches et les amena aux jeunes gens «tenez... il est très jeune par contre, mais bien fondant!» Alfred prit la tartine et attendit qu'Aerith goûte avant de mordre dedans, Roy aussi avait goûté même si bon, ils allaient déjeuner après.. ce serait leur petit secret! Le goût était très frais, une sorte de faisselle qui fondait en bouche. S'ils le laissaient mûrir encore quelques semaines, il se durcirait un peu et serait donc plus ferme en bouche.

«Allez, il serait peut être temps de rentrer maintenant... au moins avons-nous eu un petit apéritif!»

Ils prirent le chemin du manoir, leur mère était à l'entrée avec une servante pour ajuster les rideaux afin de les ouvrir un peu mieux, afin de laisser de la lumière entrer dans le hall. Elle vit les enfants entrer et sourit
«Ah, vous voilà.» elle s'approcha de Roy et posa doucement sa main sur sa joue, près de l'œil qui prenait une légère teinte violette «ton père m'a raconté. J'espère que tu sais ce que tu fais.»
«Ne vous en faites pas, mère. Je ne compte pas me mettre en danger inutilement. Je veux juste apprendre, me renseigner... je serai prudent.» elle sourit doucement et hocha de la tête avant de reculer
«Je l'espère. Et n'oublie pas de mettre cette jeune femme en sécurité avant, d'accord?»
«Oui, bien sûr...»
«Oh! D'ailleurs, mère, il faut absolument que vous voyez ça... Aerith doit vous montrer quelque chose de son monde qui devrait beaucoup vous plaire.» Roy parut aussi curieux, se demandant de quoi il était question? Alfred se tourna vers la jeune femme d'un air encourageant, espérant qu'elle avait compris de quoi il parlait.

Une bibliothèque, au vu de la taille de ce manoir et du domaine, ça ne devait pas être une petite pièce et il devait s'y trouver plusieurs centaines de livres voire peut être même davantage. C'était à dire que pour tout lire, même en étant bonne lectrice, il lui faudrait s'installer peut être davantage de temps ici.

Dans tous les cas, Aerith s'intéressa à la grange et ils y allèrent alors pour pouvoir terminer proprement la visite des lieux. Il y avait quelques vaches ici aussi et bon nombre de personnes qui travaillaient pour tirer le lait et le modifier de sorte à ce qu'il puisse être prêt à être livré mais aussi pour le transformer en fromage. Là en l’occurrence, l'activité était réduite puisque puisque le plus gros devait se faire pendant la nuit encore.

La demoiselle fut entraînée vers une autre pièce où était confectionné le fromage et elle eut même la chance de pouvoir goûter à l'un de ceux qui venait d'être créé. « Il est super bon. » Qu'elle mentionna quand elle y eut goûté. Aussi jeune, il n'y avait aucune chance qu'il soit trop fort pour quiconque même qui n'était pas habitué à en manger.

La visite se termina alors et Roy entraîna tout le monde vers le manoir pour qu'ils puissent aller manger. La visite de la bibliothèque allait donc être retardée après le repas mais ça laissera de ce fait davantage de temps pour qu'Aerith puisse vraiment en profiter.

Le chemin du retour fut assez vite fait puisqu'ils allèrent directement vers le hall où se trouvait la mère des deux hommes qui l'accompagnaient. Elle s'intéressa à son aîné dès son arrivée pour vérifier l'état de sa joue suite à la soufflante qu'il s'était pris mais il ne voulait pas qu'elle s'en fasse avec ça ni même avec ce qu'il comptait entreprendre. Avant tout, il devait mettre la demoiselle en sécurité. Cette dernière voulut se défendre en disant qu'elle était bien assez grande pour savoir ce qu'elle faisait et où elle voudrait aller – après tout, elle avait été élevée dans le danger permanent des taudis hein ! - mais elle n'en aurait pas l'occasion parce qu'Alfred lui rappela qu'elle devait montrer quelque chose à sa mère.

« Ah oui. » Elle fit réapparaître son ruban et en sortit la matéria blanche. Elle la tendit à Eve pour qu'elle puisse l'observer en expliquant ce dont il s'agissait. « C'est la matéria blanche. Elle n'a pas le même éclat que celles qu'on utilisait autrefois mais Alfred m'a dit que ça pourrait vous inspirer. » Sans en dire trop non plus pour ne pas trahir ce que le jeune homme avait pu lui dire, elle laissa la fameuse gemme aller dans les mains de la mère tout en l'observant pour voir sa réaction.

En regardant son ruban, elle se nota mentalement qu'elle devrait prendre le temps de le remettre dans ses cheveux à un moment aussi mais, elle n'était pas nécessairement pressée en sachant que Claudia l'avait coiffée ce matin là finalement. A moins que le départ ne serait avancé à cette même journée ? Elle tourna donc les talons pour faire face à Roy, lui même intéressé par la matéria, et elle lui posa la question. « Quand partirons-nous du coup ? »

Elle était restée sur le lendemain de son côté mais elle restait consciente que s'il faudrait se battre, il serait préférable de peut être retarder encore le départ d'une journée peut être. Parce qu'elle avait toujours le risque de se refaire mal à la tête d'une tierce manière. Là, au moins, grâce à la concoction de la servante, elle ne ressentait plus du tout de la douleur et se sentait même, pour ainsi dire, assez bien pour faire davantage.

Malgré tout, elle ressentait tout de même une certaine fatigue preuve étant qu'elle devrait encore se poser un peu de temps mais elle avait l'habitude de lutter contre la fatigue pour ne pas se laisser abattre facilement. C'était pourquoi elle ne la démontrait pas et que ça n'y paraissait pas nécessairement non plus.

C'était l'heure du déjeuner, le trio avait rejoint le domaine et ils furent accueillis par la dame de la maison. Alfred ne perdit pas de temps à amener le sujet de la materia et invita Aerith à la montrer à sa mère. La jeune femme s'exécuta et Roy fut tout aussi intrigué par l'objet
«Intéressant.. on dirait vraiment une gemme, ou une magikolithe mais parfaitement ronde.»
«Et vous dites que normalement, elles brillent? Fascinant.. puis-je?» Aerith lui donna la materia, c'était évidemment trop gros pour être mis sur un bague, elle avait même du mal à imaginer que cela puisse aller sur un bracelet - ou une barrette - mais la taille devait s'ajuster à l'époque surement «est-ce que tout le monde avait accès à ces materias à l'époque ou bien étaient-elles réservées qu'aux soldats? Est-ce que certaines dames de la société en avaient?» car évidemment, elle avait compris pourquoi Alfred paraissait si emballé à cette idée, mais elle devait s'assurer qu'il y avait un vrai marché ici. Elle sortit un drôle d'objet qui ressemblait à la moitié d'une minuscule paire de jumelles, le fixa sur son œil et examina la materia de l'intérieur, puis elle sembla réfléchir

«Au-delà d'un potentiel marché sur Gaïa, j'avoue que faire des bijoux en taillant les pierres parfaitement rondes ainsi pourrait grandement plaire... peut-être même faire des alliances de pierres de teintes proches comme le saphir et le péridot en les liant à la résine transparente avant de les polir pour donner cet effet nacré serait quelque chose de jamais vu encore... Alfred, penses-tu pouvoir m'en faire un croquis assez fidèle avant qu'Aerith ne nous quitte?»
«Oui, bien sûr mère! Je m'en occupe cet après-midi... Aerith? Vous voudrez bien rester avec moi à la bibliothèque pour que je puisse la dessiner? Peut-être pourriez-vous m'aider à retrouver les teintes des autres materias en même temps?» il serait difficile de faire des bijoux de la même teinte que les materias roses, aucune pierre n'avait naturellement cette couleur sur Héra, elles seraient plutôt de la teinte de l'améthyste au mieux. Mais il y avait un vrai potentiel avec les émeraudes, péridots, ou même le jade pour les materias vertes, la topaze pour les jaunes, le saphir pour les bleues et le rubis pour les rouges. Eve sourit doucement avant de se tourner vers la jeune femme

«Alfred a un vrai talent pour le dessin... j'apprécie grandement son aide lorsque j'ai besoin d'inspiration pour mes bijoux.» il rougit doucement, Roy sourit à son tour avant d'écouter la demande d'Aerith sur leur départ
«Hmm.. ma jambe va mieux, mais il serait préférable qu'elle soit parfaitement guérie avant de partir. Nous devrions pouvoir partir demain je pense.»
«C'est le dernier jour du festival aujourd'hui, la Reine devrait rentrer ce soir normalement... tu ne veux vraiment pas essayer de la voir avant?»
«Je n'obtiendrai jamais une audience le jour-même...»

Il croisa cependant les bras, il fallait y réfléchir

«Pour le moment, accordons-nous un jour de plus de repos et pour préparer nos affaires. Les navires pour l'étranger partent tôt le matin, je pense que demain matin, ce sera trop tôt pour bien nous préparer... surtout si tu dois monopoliser Aerith cet après-midi pour les dessins sur les materias. »

Alfred parut soulagé de voir que son frère ne se précipitait pas non plus

«D'accord... du coup, vous pourrez surement aller à Alexandrie demain pour réserver vos billets et elle pourra visiter un peu la ville avant de partir?»
«Oui, bonne idée»

Le repas fut servi et ils se rendirent à la salle à manger. Morion était en bout de table, sa femme avait apparemment été placée à sa droite, suivie d'Alfred. Roy était donc à sa gauche suivi d'Aerith qui se retrouvait donc encore face au jeune frère. Le père était bougon mais semblait s'être calmé. Le repas serait constitué cette fois d'une salade fraîche en entrée avec des petites crudités, suivie de poissons grillés avec du riz, le plateau de fromage habituel et un plateau de fruits en dessert. Cette fois, Morion était le premier à devoir manger, suivi de son épouse, et seulement à ce moment là, les enfants pouvaient commencer. Lorsque le repas commença, Morion se tourna vers la jeune femme

«Alors, jeune fille.. que pensez-vous de notre domaine? Auriez-vous quelques suggestions ou des remarques? Tout est bon pour s'améliorer vous savez?» c'était bizarre comme question, même Roy en fut surpris mais il se contenta de hausser des épaules. Il voulait juste faire la conversation surement.

La réaction de Roy fut la même que celle d'Alfred : le fait que ça ressemblait à une magikolithe mais en étant parfaitement rond. Tandis qu'elle la mettait dans les mains d'Eve, Aerith justifiait leur forme. « Il fallait qu'elle puisse s'adapter à nos équipements et si elles auraient été bosselées, elles ne seraient pas passées. »

Une nouvelle question arrivait dans l'esprit d'Eve qui se demandait si certaines personnes de la société en avait mais comme Aerith n'en connaissait aucune, elle ne pourrait pas répondre. Il était vrai qu'en passant dans le manoir de Cornéo, elle n'en avait pas vu une seule d'accrochée sur les murs ou servant de décoration... Mais elle se disait que le Wutai devait en être bien garni avec tout ce que Yuffie avait ramené.

« Il y avait des magasins un peu partout mais je pense que c'était surtout pour leur pouvoir. Personnellement, j'utilisais la matéria blanche de manière esthétique parce qu'elle n'avait aucune utilité en combat mais je n'ai jamais croisé des personnes qui feraient de même. »

Devrait-elle répéter qu'elle habitait dans les taudis et que personne n'avait rien de luxueux sur eux ? Quoi que malgré ça, les matérias étaient tout de même vendues dans les taudis. Ce n'était peut être que des matérias de faibles puissances mais même les plus démunis pouvaient en avoir autrement dit. Maintenant, on pouvait effectivement voir que l'inspiration gagnait Eve et qu'elle désirait pouvoir en avoir davantage : elle demanda donc à Alfred de lui faire un croquis fidèle de cette petite sphère démunie de pouvoir afin qu'elle puisse mettre ses idées en plan.

Du coup, ce dernier demanda s'il pourrait travailler sur cette matéria l'après midi pendant qu'ils seraient dans la bibliothèque. « Sans aucun soucis. » Répondit-elle aussitôt. Avec son intelligence, la cetra n'avait aucun doute sur sa capacité à reproduire fidèlement des objets par le dessin et la remarque que fit sa mère concernant son talent ne fit qu'approuver ce qu'elle se disait même si le concerné rougissait tout autant qu'on le complimentait. Et pendant qu'elle le complimentait, elle retourna la matéria à sa propriétaire qui demanda quand le départ serait sonné.

Avec l'état de sa jambe, ça ne serait pas avant le lendemain et Alfred suggéra une fois encore qu'il aille d'abord voir la reine vu que le festival se terminait ce jour ci et qu'elle serait sûrement rentrée le lendemain. Mais Roy estimait qu'ils ne pourraient pas avoir une entrevue le jour même. Dans tous les cas, ça permettrait de visiter la ville et d'acheter leurs tickets sans empêcher non plus la demoiselle de passer l'après midi avec Alfred dans la bibliothèque.

Le repas était servi dans tous les cas ce qui sous entendit que toutes ces discussions seront remises à plus tard ; inutile de parler de leur départ devant le père si ça ne serait que pour le mettre davantage en rogne contre son aîné... Cette fois encore, Aerith fut installée à côté de Roy et en face d'Alfred ; il n'y eut que peu d'attente avant que le repas ne soit sur la table et, une fois que Morion eut commencé à mangé suivi de sa femme, les trois autres purent à leur tour se mettre à manger. La cetra n'eut le temps que de prendre une bouchée avant qu'elle ne soit interrogée par le chef de famille qui lui demandait si elle ne verrait pas une manière d'améliorer leur domaine maintenant qu'elle en avait fait le tour. Cette question tombait comme une cheveux sur la soupe et elle n'avait pas vraiment pris la peine d'y réfléchir si bien qu'elle fut un peu prise au dépourvu sur la manière de répondre.

« Je n'avais jamais vu un aussi grand domaine et ça m'a déjà surprise de voir tout ce que vous pouviez avoir. Vous avez des bêtes, des herbes, de quoi les transformer. C'est déjà beaucoup ! »
Mais si elle se basait sur les seules fermes dont elle avait connaissance, elle pourrait peut être leur donner un tuyau sur un axe d'amélioration, surtout depuis la fusion des mondes. « La seule chose que je pourrais voir à ajouter serait un élevage de chocobos. Ce n'est pas tout le monde qui a leur propre vaisseau et un chocobo revient moins cher et plus pratique à l'utilisation donc ça pourrait davantage élargir vos possibilités. Ce n'est pas la place qui manque en tout cas. »

Cette dernière phrase avait surtout été dite pour faire une touche d'humour mais elle espérait que sa proposition ne serait pas mal venue. Les chocobos ne faisaient pas trop nobles après tout et ils avaient peut être déjà envisagés cette idée sans la retenir également. Mais si on lui posait la question, elle aurait été malpolie de ne pas répondre et de partager son avis. « Mais vous avez un terrain vraiment très impressionnant. Avec une bonne diversité, vous pourriez presque vous auto-suffire. »

Ce n'était pas le cas au vu des produits qu'ils faisaient qui étaient destinés à la vente mais s'ils organisaient le tout pour réellement combler leurs propres besoins, ils n'auraient plus rien à acheter à côté.

Une dernière journée avant de partir, les bateaux partaient tôt, donc soit ils allaient à Alexandrie cet après-midi pour acheter leurs billets, soit ils y allaient le lendemain. Au vu de l'état de la jambe de Roy, il valait mieux traîner une journée de plus.

Tout le monde se rendit à table pour le déjeuner, Morion était encore un peu bougon, mais il semblait quand même reprendre un peu de bonne humeur en voyant Aerith. Il avait écarté l'idée de la fiancer à son fils depuis qu'il connaissait son histoire, ce qui ne pouvait qu'être un soulagement pour l'aîné qui allait cesser d'être embarrassé.

Après avoir été servis en salade pour commencer, le père prit la parole de but en blanc, sans avertissement et prenant un peu la jeune femme au dépourvu - et le reste de la famille en vrai. La pauvre Aerith semblait décontenancée et Roy se tourna vers elle d'un ton encourageant
«Vous avez le droit de simplement dire que vous ne savez pas...» mais elle semblait avoir envie de participer quand même. Cela devait la changer des questions sur sa vie privée. Elle vanta donc la taille imposante du domaine, même si beaucoup de domaines agricoles devaient être grands avec les champs, mais Morion sembla flatté. Elle parla alors des chocobos et il eut un sourire un peu amusé

«Ah... les chocobos. C'est vrai que ça pourrait être utile, nous en avons seulement deux pour notre calèche, mais il y a tellement de gens qui se lancent dans l'élevage de ces bêtes qu'il serait difficile de se démarquer.» il se tourna vers Roy qui se demandait pourquoi il le regardait «d'ailleurs, même des étrangers tentent l'aventure ici... tu te souviens cette jeune femme blonde qui s'est lancée dans un élevage à Tréno?»
«Ah... oui. Nous avons vu son stand au festival d'ailleurs, mais elle n'y était pas.»
«Non, non... elle devait surement être en balade à profiter du festival ou démarcher des clients. Mais c'était il y a plusieurs mois maintenant, elle a quand même réussi à avoir un chocobo doré, c'est très très difficile d'avoir ces bêtes là, il faut beaucoup d'argent pour acheter les chocolégumes afin de les amadouer... nous lui avions prêté de l'argent pour l'aider à lancer son affaire, je suis content qu'elle soit arrivée à avoir un chocobo doré, cela devrait pouvoir l'aider à se rentabiliser maintenant. Mais tout le monde n'y arrive pas... je ne suis pas sûr que cela serait rentable pour nous, et nous n'avons aucune garantie, même en achetant beaucoup de chocolégumes, de réussir à apprivoiser un chocobo doré. Ils sont vraiment très sauvages.»

Roy hocha de la tête
«Je suis d'ailleurs étonné que vous n'ayez pas parlé du remboursement lorsque nous étions à son stand?» Morion agita la main d'un air de laisser passer
«Déjà, si je devais en parler, je n'en parlerais qu'à elle, pas à son assistant. Et puis bon, même si elle a ce chocobo, Kunt, elle n'avait que deux autres chocobos à côté encore. On va la laisser se refaire encore un peu avant de lui demander un premier remboursement. Je n'aime pas faire pression inutilement.»

Roy sourit en hochant de la tête, de même qu'Alfred. C'était l'un des aspects de leur père qu'ils aimaient bien.
«Père ne prête pas souvent d'argent aux autres, il faut que le projet l'intéresse, ou au moins la personne.»
«Si on aide, on aide vraiment. Prêter de l'argent à quelqu'un pour ensuite lui imposer des intérêts totalement fous pour lui faire mettre la clé sous la porte ensuite, je ne vois pas l'intérêt. Et puis bon, au moins là, je sais qu'elle a vraiment monté son affaire, j'ai sa carte de visite, je sais où la trouver si je commence à m'inquiéter. Il faudra aussi que tu apprennes ce genre de choses, mon fils.» reprit le père en fixant... Alfred? Le jeune homme rougit en pointant un index vers son torse

«Moi?»Morion hocha de la tête
«Bien sûr. Si Roy doit parcourir le monde, qui sait quand il reviendra pour pouvoir reprendre le domaine? Et puis, de vous deux, tu es le plus intelligent, et c'est important pour les affaires.»
«C'est pas vrai!»
«Bien sûr que si, je te l'ai toujours dit. Attention, je ne dis pas que je suis bête non plus, mais tu es clairement plus malin que moi, tu sais plus de choses, et en plus, tu te renseignes beaucoup sur les autres mondes, cela ne pourra qu'être profitable pour les affaires de la famille.»
«Exactement! Donc lorsque Roy sera parti, tu m'accompagneras dans nos voyages d'affaires pour apprendre sur le terrain.»
«Mais...» Eve posa une main compatissante sur celle de son fils
«Ne t'en fais pas... cela se fera petit à petit... tu verras...»

Il ne savait plus trop où se mettre. Au fond, il le savait, Roy ne voulait pas prendre le domaine, il l'avait toujours fait comprendre, mais il se disait toujours que son père aurait embauché quelqu'un pour prendre sa place ou quelque chose comme ça, il ne pensait pas qu'il lui ferait confiance pour reprendre le rôle. Les assiettes furent débarrassées pour laisser place au poisson et au riz.

Morion montra le plat à Aerith
«Vous savez, mademoiselle. Nous sommes auto-suffisants déjà... ce poisson a été pêché dans le fleuve à côté de chez nous, le riz vient de nos rizières, nous mangeons la plupart de nos légumes, même s'il est vrai que nous allons quand même encore en acheter au marché. La seule chose que nous ne faisons pas ici, c'est le pain car nous n'avons pas le moulin pour faire la farine, ni le kafé! Nous le faisons venir de Dali où il est le meilleur... mais dans l'ensemble, nous mangeons presque que nos propres produits.»

Il sourit en montrant le poisson
«Allez, bon appétit.» comme d'habitude, le petit ordre pour manger avant de finir le repas tranquillement.

Le père se leva en fin de repas pour aller faire une sieste, Eve comptait travailler sur des pierres pour essayer de les tailler de façon parfaitement ronde.
«Est-ce que vous voulez aller faire une sieste avant que l'on ne se rejoigne à la bibliothèque? Il faut vous reposer, comment va votre tête?»
«Claudia peut vous refaire une potion si besoin.. moi je dois commencer à rassembler mes affaires pour le voyage.» il ne pouvait pas trop s'encombrer, alors il fallait qu'il choisisse l'essentiel.

Spoiler:

Ce n'était pas quelque chose de si rare que ça les élevages de chocobos et, s'ils devaient investir dans ce domaine, il faudrait que ça en vaille la peine hors Morion ne savait pas s'il parviendrait à se démarquer. C'était compréhensible quelque part mais ça mit un autre sujet sur la table : une jeune femme qui était au festival s'était récemment lancé dans l'élevage de chocobos et avait emprunté une certaine somme à la famille. C'était une personne qui s'était bien investie et qui commençait à sortir la tête de l'eau parce qu'elle avait réussi à avoir un chocobo doré, le chocobo le plus difficile à obtenir lors d'un élevage et probablement l'un des plus délicat à dresser. Avec ça, elle devrait pouvoir réussir son pari et monter son entreprise sans trop de problème.

Roy démontra sa surprise qu'il n'ait d'ailleurs pas mentionné le remboursement quand ils étaient à son stand mais il avait bien ses raisons : il voulait que son affaire fonctionne correctement avant de lui reprendre ce qu'il lui avait donné histoire de ne pas la couler non plus. C'était un bon état d'esprit qu'Aerith appréciait énormément et elle eut un sourire discret pendant qu'elle mangeait. Et ce sourire s'agrandit pour ne plus passer inaperçu quand Morion désigna clairement Alfred comme devant apprendre ce genre de choses s'il voulait prendre la suite du domaine.

Evidemment, il ne répondit pas pour flatter son égo et voulut dire qu'il n'avait pas les épaules pour ça même si autant son père que son frère lui disaient qu'il était bien suffisammnt intelligent et débrouillard pour réussir. D'autant plus que Roy marquait un point supplémentaire en disant que ses connaissances sur les autres mondes pourraient permettre de considérblement aider les échanges.

Loin d'être rassuré, Eve intervint pour lui dire que chaque chose se ferait en son temps et qu'il n'allait pas directement être jeté dans la fosse avec les loups non plus. Tout le monde ayant finit l'entrée, la suite du repas arriva avec toujours le même ordre à suivre pour commencer à manger. Aerith commençait à s'y adapté de son côté. Elle eut ensuite le droit à une réponse sur leur autosuffisance avec une preuve que c'était plus ou moins le cas quand on lui mentionna que le riz venait de leur domaine ainsi que les poissons. Si elle serait restée davantage de temps ici, elle aurait bien aimé pouvoir participer à tout ça : être dans les champs pour récolter ce qu'elle allait manger... Mais elle se doutait que dire une telle chose devant tout le monde allait être mal jugé parce qu'ils avaient du personnel pour faire ça.

« Ah oui, quand même. Vous faites énormément de choses alors. » Enfin, dit de cette manière, on pourrait penser qu'elle parlait d'eux mais ils comprendront bien ce qu'elle entendait par là. La suite du repas se passa tranquillement jusqu'à ce que tout le monde soit repu et ne sorte de table. La suite du programme serait la bibliothèque mais quand Alfred proposa une sieste à Aerith, elle se demanda si elle ne devrait pas accepter. Elle n'était pas du genre à faire la sieste après tout et n'y serait jamais allée de son propre chef mais, pour le coup... Elle devait bien avouer que ça ne lui ferait pas de mal.

« Ca va pour ma tête mais c'est vrai que ça ne fera pas de mal de faire un petit somme je pense. »
Elle n'était pas sûre de vouloir faire une telle chose mais elle pouvait lui faire confiance, elle en était convaincue même... Laissant donc son ruban réapparaître, elle le dénoua pour donner la matéria blanche à Alfred. « Je te r... » Oops, pas devant tout le monde... « Je vous rejoindrais à la bibliothèque après la sieste du coup. Je vous la confie pour que vous puissiez prendre de l'avance. »

Elle lui adressa un sourire et démontra à Claudia qu'elle était prête à la suivre jusqu'à la chambre. Elle n'allait pas se mettre sous les couvertures pour la sieste si bien qu'elle ne fit que de s'étendre et, cette fois, elle lui mentionna qu'elle serait juste à côté en cas de besoin si jamais elle se réveillait sans qu'elle ne soit présente par exemple. La demoiselle confirma et alla donc se coucher en prenant soin de se détacher les cheveux quand même.

A croire qu'elle était bien plus fatiguée qu'elle ne le pensait, Aerith dormit mine de rien jusqu'en fin d'après midi. Claudia était dans la pièce et potentiellement présente pour venir la réveiller pour qu'elle ne dorme pas de trop non plus. Comme elle était présente, Aerith n'aurait pas à aller la chercher et lui demanda de l'aide pour renouer son ruban dans ses cheveux. Sans la matéria blanche, ce n'était pas différent d'une petite ficelle soyeuse pour attacher l'épaisse tignasse qu'elle avait mais avec de l'aide, c'était toujours plus simple que si elle tentait de le fire seule.

Comme promis, elle rejoignit Alfred à la bibliothèque ensuite. Avec le temps qu'elle avait dormi, il devait pas loin d'avoir fini et, même si ce n'était pas le cas, elle pourrait faire seule le tour de la bibliothèque pour pouvoir se rendre compte de ce qu'il y aurait. Dans le cas où il aurait terminé, il l'aurait peut être attendu en faisant autre chose jusqu'à ce qu'il puisse lui exprimer où étaient tels ou tels ouvrages, quelles étaient telles ou telles parties de la pièce et d'autres choses. Déjà en s'y rendant, la jeune femme était persuadée que, aussi grande puisse être cette bibliothèque, il devait avoir dévoré la majorité si ce n'était la totalité des ouvrages qui y figuraient...

Spoiler:

Et oui, l'avantage de gérer un domaine agricole, c'est qu'on avait du coup presque tout sous la main pour se nourrir soi-même. Certes, ils n'avaient pas tous les produits, ils faisaient du fromage et du beurre juste pour eux, pas à la vente, un peu de confiture pour le petit déjeuner avec les fruits des vergers, pas assez d'arbres fruitiers pour vendre non plus etc. donc ils avaient quand même de quoi manger correctement sans trop acheter à l'extérieur.

Le sujet des chocobos fut donc écarté, à part pour mettre en avant le sens des affaires de la famille, et d'Alfred un jour! Le jeune manquait évidemment de confiance en lui, persuadé qu'il ne pourrait jamais gérer le domaine tout seul, mais son père allait l'aider à apprendre, et au pire, il lui prendrait un assistant pour l'aider. Lui-même ne gérait pas tout, tout seul, le majordome principal l'aidait aussi dans les affaires.

Aerith était fatiguée et choisit donc de faire une sieste, personne ne remarqua son petit lapsus lorsqu'elle faillit tutoyer le fils cadet, heureusement. Claudia l'accompagna et s'affaira à de la couture et de la broderie en attendant qu'elle se réveille, restant à côté de la chambre. Roy fit aussi une petite sieste, mais juste d'une quinzaine de minutes avant de sortir pour aller couper du bois - un très bon entraînement qui musclait tout le corps, joindre l'utile à la pratique! Le père Morion avait beaucoup de paperasse à gérer au vu de son absence de quelques jours pendant le festival, Alfred s'attela aux croquis sur la materia d'Aerith, malheureusement il aurait besoin d'aide pour les couleurs, car il n'avait pu trouver aucune photo ou image couleur dans ses livres pour savoir de quelles teintes elles pouvaient être par le passé. Il savait la couleur elle-même - du vert ou du rose - mais quelle nuance exactement, il lui faudrait l'attendre pour ça.

Enfin, Eve s'était attelée à travailler sa première perle materia. Sur son imagination d'abord, jouant donc sur une couleur de son choix, à savoir le jaune qu'elle aimait beaucoup. Elle avait plusieurs pierres et gemmes comme la topaze avec plusieurs nuances de jaunes, elle les cassa, les polit un peu avant de les rassembler pour former un gros bloc qu'elle mit dans deux petits moules arrondis, le tout ferait une perle un peu plus petite qu'un œuf, trop gros encore pour un bijou, mais c'était pour s'entraîner. Elle fit couler une résine transparente et attendit que cela durcisse avant de la polir encore. Elle tenta du coup de réduire sa taille jusqu'à obtenir une pierre qui pourrait servir de pendentif. Elle n'était pas satisfaite pour le moment, on voyait trop les éclats des pierres à l'intérieur, cela ne donnait pas cette effet de "vagues" lisses et ondulées comme sur les matérias. Il faudrait qu'elle trouve peut être un moyen de colorer la résine pour que les éclats se voient moins. Malgré tout, cela faisait déjà une jolie pierre.

Lorsqu'Aerith se leva enfin - elle n'allait pas dormir de la nuit après ça! - Alfred lui montra son croquis de la materia, très bien réussi mais évidemment au crayon, ça ne faisait pas le même effet. Il avait sorti une toile vierge et de la peinture, il lui désigna le matériel avec un sourire timide
«Vous deviez vraiment être fatiguée! J'ai fini mon croquis sur la materia, tenez, je vous rends la vôtre, j'espère que je ne l'ai pas abimée.» un petit coussin de velours était posé sur la table, preuve qu'il avait laissé la materia dessus tout l'après-midi et qu'il en avait pris grand soin, mais au cas où hein? Il lui montra ensuite la toile

«J'aurais besoin de votre aide pour que vous me montriez de quelle couleur étaient les materias? Quel ton de vert, de bleu, tout ça. Vous pensez qu'on y arrivera?»

Alors qu'ils s'y attelaient, Roy passa devant la porte, couvert de sueur et de saleté, un serviteur sortit de nulle part avec une serviette
«Maître Roy, je vous ai fait préparer votre bain.»
«Merci.» il prit la serviette et passa juste la tête par la porte «tout va bien?»
«Oui oui... mais Aerith a beaucoup dormi, j'ignore si elle va dormir ce soir! Peut-être pourrais-tu l'emmener au théâtre?»
«Hein?» d'où lui sortait cette idée?
«Je.. je pense que vous aimez le théâtre, non? Vous m'avez parlé de cette pièce, Loveless.. alors euh...» dit-il en se tournant vers Aerith, Roy réfléchit un peu, en soit, ça ne le dérangeait pas plus que ça, mais il ne s'y attendait juste pas.
«Euh... oui, pourquoi pas. Nous ne devrions pas avoir de mal à trouver des billets, même à la dernière minute. Vous aimez un genre particulier? Chevaliers? Romance? Ou un opéra peut être?»

Alfred l'avait pris au dépourvu mais bon, Roy était habitué à aller au théâtre malgré lui, son père l'y avait entraîné plusieurs fois sous le prétexte que "c'était pour la culture et se faire voir par les bonnes personnes". Aerith pourrait remettre la robe de sa mère pour l'occasion.

Il la laissa décider puis alla prendre son bain, ils partiraient juste après le dîner si le cœur lui en disait, si elle préférait rester au manoir, ils pourraient aussi se faire une soirée tranquille au coin du feu à lire un peu.

Au moins, pour le coup, elle avait pensé à ses cheveux avant de quitter la chambre – Claudia le lui aurait sûrement rappelé de toutes façons. Aerith alla ensuite directement à la bibliothèque pour y retrouver Alfred. Évidemment, avec le temps qu'il avait eu, il avait terminé le croquis de la matéria mais nécessitait désormais d'un peu d'aide avec les couleurs.

Il lui rendit alors son bien mais la cetra lui sourit en le rassurant sur la solidité d'un tel objet. « Ce qui fait la différence entre une matéria et une perle précieuse, c'est que si je la lance de toutes mes forces sur le sol, j'aurais plus peur de casser le sol que la matéria. » Autrement dit, c'était d'une très grande solidité même si, non, elle ne se risquerait pas à voir jusqu'où elle pourrait aller sans la détruire. Elle savait aussi qu'un choc pourrait rendre la matéria instable et en extraire l'essence magique au travers une explosion... Ça n'aurait que peu d'effet avec une matéria blanche inactive mais c'était pour dire qu'elle ne prendrait pas ce risque !

Désormais pour les couleurs... Le plus simple serait pour la matéria rouge mais elle n'eut pas le temps de commencer que Roy arriva pour voir si tout se passait bien. Il devait lui aussi se douter de tout le sommeil que la demoiselle avait eu et, même s'il ne le savait pas, il allait vite être mis au courant quand Alfred lui proposa d'aller au théâtre, supposant qu'elle appréciait ça. A vrai dire, même si elle connaissait quasiment tous les actes de Loveless, elle n'avait jamais vu la pièce de théâtre parce que le prix d'une place coûtait un bras pour quiconque habitait dans les taudis. Mais elle était sûre qu'elle aimerait ça oui !

Qu'est-ce qu'elle préférerait comme genre ? Tout ? Non, ça ne l'aiderait pas alors elle miserait pour la première réponse qu'il aurait dit ? « Chevalier ? J'aime bien tous les genres donc je verrais bien sur place ce qu'il y aura. » Au feeling comme ça.

Au vu de son état, Roy alla se doucher dans la foulée. Il devait encore avoir été courir ou avoir fait un quelconque sport mais Aerith n'était pas vraiment surprise : il avait bien une apparence qui laissait présager qu'il n'était pas quelqu'un de paresseux après tout. « Il faudrait que j'aille me laver avant de partir aussi... » Mais elle aurait le temps. Pour l'heure, elle savait devoir aider Alfred sur la couleur des matérias et elle reprit de plus belle maintenant qu'ils étaient à nouveau seul.

« On va commencer par la plus simple : la rouge, c'est la même couleur que ma veste. »
Elle se regarda et ajusta un peu sa réponse. « En plus brillant mais c'est ça. »

Il prendrait sûrement des notes voire même lui demanderait de choisir la couleur elle même sur un set à sa disposition. Pour la matéria verte, il lui suffirait de faire une magie pour rassembler l'énergie autour d'elle. La couleur se manifestera d'elle même – merci le sang des anciens. Pour les autres, ça allait être un poil plus compliqué parce qu'elle n'avait rien à sa disposition pour les recréer. Mais elle trouverait bien un moyen.

« Pour la matéria verte, regarde. Je vais générer la couleur par ma magie. »
Sans attendre, elle canalisa l'une des attaques qu'elle avait assimilée depuis son retour à la vie. Une aura incolore l'entoura mais elle devint assez vite verte au fur et à mesure que la demoiselle canalisait de l'énergie jusqu'à ce qu'elle brille d'un éclat intense. C'était la couleur des matérias vertes mais aussi celle de la rivière de la vie ou de l'énergie mako brute. Un rappel de l'éther des Cetras...

Brillant encore un peu après qu'elle ait arrêté de garder cette énergie autour d'elle, sans utiliser le moindre sort, Aerith se relâcha et put reparler. « Voilà, pour la matéria verte. Les autres, il va falloir que je te montre par des couleurs sur des images parce que j'ai rien sur moi pour la faire. » Avec le temps, elle aurait peut être d'autres sorts qui lui permettraient de simuler ces couleurs mais pour l'heure, c'était tout. Après, il lui demanderait peut être simplement de lui choisir les couleurs sur une palette aussi... Ça serait le plus simple vu qu'il dessinait.

Prêt à peindre, Alfred dut s'interrompre lorsque Roy passa par la porte pour s'enquérir de l'état d'Aerith. Allez savoir pourquoi, le jeune homme proposa qu'il la conduise au théâtre. Après tout, Héra était quand même réputée pour ses pièces et il aurait été dommage que la jeune femme n'en voit pas une avant de partir. L'aîné en fut surpris mais trouva l'idée plutôt bonne. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été au théâtre en vrai, ce serait l'occasion avant de partir.

Après s'être mis d'accord sur le thème, il les laissa pour aller se laver. Alfred put ainsi bénéficier de l'attention de la jeune femme et ainsi commencer pour les couleurs des materias. La première fut la plus simple, le rouge. Il prit sa palette et prit donc le rouge classique, mais ajouta un peu de noir car c'était un peu foncé, puis il posa sur la toile avec son pinceau, attendant de voir ce qu'elle en pensait.
«Il sera difficile de reprendre le côté brillant avec de la peinture, mais c'est surtout pour que mère puisse choisir les pierres les plus adaptées.» après le rouge, ils passèrent à la verte. Aerith usa de magie pour montrer la lumière qu'elle dégageait, rapidement, pour ne pas l'épuiser, il prit donc un mélange clair de bleu et de jaune, l'intensifia avec du jaune car il s'agissait vraiment d'un vert vif mais clair, on sentait son talent car il trouva très vite la teinte la plus proche.

«Hum.. il lui faudra des émeraudes claires, mais avec des péridots, elle pourra peut être faire quand même des nuances. On va passer au jaune, puis au bleu, je pense que ce seront des couleurs plus faciles aussi.» en vrai, le jaune était si vif qu'il ne fut pas nécessaire de faire le moindre ajustement. Pour le bleu en revanche, il était très foncé et il dut faire plusieurs essais pour que la jeune femme valide la bonne teinte.

Le plus dur fut le violet, une espèce de rose bizarre, un peu fushia peut être. Il dut faire plusieurs essais aussi jusqu'à trouver la teinte la plus proche..
«Aucune pierre n'a cette couleur ici... je ne pense pas que mère réussira à faire des pierres de cette teinte.» c'était évidemment mal connaître sa mère, mais pour le moment au moins, il avait toutes les couleurs et il fut content. Il avait entouré d'un trait noir, parfaitement sphérique à main levée, les bonnes couleurs afin de pouvoir les amener à sa mère. Claudia arriva et se racla doucement la gorge.

«Maître? Je pense qu'il est temps pour Dame Aerith de venir prendre son bain. Je dois examiner ses blessures pour m'assurer qu'elle est guérie et la préparer pour le repas.»
«Ah euh.. oui oui bien sûr! Que mange t'on ce soir?»
«Le chef a préparé une tarte salée aux légumes avec un plateau de charcuterie. Vu que Maître Roy et Dame Aerith sortent ensuite, il était préférable de ne pas faire un repas trop lourd.»
«Bonne idée.» il se tourna ensuite vers Aerith, une main sur le cœur, il s'inclina «encore merci pour votre aide. J'espère que je ne vous ai pas trop importunée avec tout ça... nous nous retrouverons pour le dîner.»

Claudia embarqua donc la jeune femme vers la salle de bain, elles croisèrent Roy qui semblait encore un peu "fumer", le bain devait être très chaud. Il portait une tenue un peu similaire à celle qu'il portait à Tréno, chemise à jabot, petit veston sombre et un pantalon bien coupé. Ses cheveux étaient ramenés en arrière mais ses joues étaient encore un peu rouges par la chaleur du bain. Il s'inclina poliment en croisant Aerith puis rejoignit son frère pour voir un peu de quoi ils avaient pu discuter avant qu'il ne le laisse aussi aller prendre son bain pour le repas.

En fin de compte, avec le talent d'Alfred pour le dessin, ça ne fut vraiment pas difficile de trouver les bonnes couleurs. Et ce fut aussi un travail de mémoire parce qu'Aerith n'avait finalement équipé des matérias qu'un court laps de temps lorsqu'elle avait voyagé avec Cloud et les autres. La plus difficile fut la violette mais c'était aussi délicat parce que c'était potentiellement celle dont la demoiselle se souvenait aussi le mieux si bien qu'elle était un peu tatillon sur les bords mais ils parvinrent à trouver quelque chose qui y ressemblait. Pour elle, c'était d'ailleurs plus proche du rose que du violet quand on y pensait mais comme tout le monde en parlant comme étant des matérias violettes, elle s'y était adaptée aussi.

La discussion allait se faire couper court par l'arrivée de Claudia qui rappela qu'il fallait qu'elle se douche avant le repas. Elle lui demanda alors de la suivre et Alfred la laissa disposer en la remerciant pour son aide tout en espérant ne pas l'avoir importunée. « Pas du tout. Le plaisir est pour moi. » Répondit-elle en souriant et elle suivit sans détour Claudia jusqu'à la salle de bain.

Au passage, elle croisa Roy et leva la main pour lui faire un signe malgré la proximité à laquelle ils passèrent et le fait qu'il s'était bien trop sérieusement incliné... Mince, aurait-elle du faire pareil ? Bien qu'elle ne le connaissait pas suffisamment pour le moment, elle lui aurait bien dit que ça sentait meilleur mais elle ne se permit pas la remarque vu qu'elle ignorait si ça serait bien vu par Claudia ou comment le prendrait le chevalier. Déjà qu'elle se disait qu'elle risquait une remarque sur le fait qu'elle ne se soit pas inclinée pour lui répondre... Enfin, elle s'épargna toute remarque en prenant la parole en première.

« Vous êtes au courant de tout ce qu'il se passe dans le manoir ? » S'étonna finalement Aerith pour faire répercussion au repas. Sans doute était-ce parce qu'elle devait toujours être prête à informer de telle ou telle chose les maîtres de la maison et qu'elle se devait donc de tout savoir. Après, la cetra n'avait posé la question que pour éviter une pesanteur énorme si rien n'était dit pendant qu'elle prendrait sa douche.

Sur place, elle fut passée au crible évidemment mais il semblerait qu'il n'y avait plus qu'une petite bosse derrière la tête. Bien que l'hématome se résorbait, on pouvait encore le voir légèrement mais ça ne fut même pas une excuse pour qu'elle se fasse maquiller ensuite. Ensuite habillée avec la même robe de soirée que la veille puis coiffée par les soins de la domestique, elle eut un sourire en se regardant dans le miroir.

« C'est que je risque d'y prendre goût à la longue d'être aussi belle. » Fit-elle pour manifester qu'elle appréciait autant les soins qu'on lui apportait que le matériel qu'on lui prêtait.

Comme la veille, Claudia la conduisit ensuite jusqu'à la salle à manger où il y aurait sans doute Morion cette fois vu qu'il n'avait pas pris de coup derrière la tête au courant de la journée. Non, cette fois, c'était Roy qui l'avait pris devant le visage qu'elle se nota mentalement. Ayant bien compris que Claudia ne faisait que de l'accompagner, Aerith la remercia une fois qu'elles furent devant la porte et elle entra pour rechercher la place qu'on lui avait cette fois décernée ; sans doute la même que sur l'heure du midi. Alfred ne serait peut être pas encore là s'il n'avait pas terminé de se laver mais il avait mine de rien l'avantage de ne pas avoir une tignasse qui lui prendrait quasiment quinze minutes à gérer à chaque fois...

Le repas d'une tarte aux légumes et de charcuterie donc. Pour le coup, elle connaissait mais elle se demandait bien comment elle serait cuisinée en sachant bien que ça n'aurait sans doute rien à voir avec ce que sa mère lui faisait.

Bien content de son après-midi, Alfred quitta le petit salon pour aller montrer sa toile à sa mère qui fut ravie de son retour.
De son côté, Claudia conduisit Aerith dans la salle de bain, le bain était déjà prêt, elle vérifia tous les hématomes, celui sur le visage était totalement estompé, mais elle avait encore une petite bosse derrière la tête. Il fallait espérer qu'ils ne rencontreraient pas trop de brigands au cours de leur voyage. Alors qu'elle s'occupait avec un côté maternel, de la jeune femme, celle-ci semblait s'étonner qu'elle soit au courant de tout, elle pouffa de rire.
«Non, pas de tout malheureusement! Chacun d'entre nous a une tâche précise, et lorsque nous nous croisons, parfois nous nous transmettons les informations importantes. Tout le monde sait ce qu'il se passe en cuisine, c'est notre point de ralliement car nous devons y aller régulièrement pour chercher les carafes d'eau ou le thé, pour le cas où nos maîtres aient soif.»

Elle était en train de coiffer tranquillement Aerith tout en continuant «j'ignore ce que Maître Roy a fait de son après-midi, vu son état, je suppose qu'il s'est adonné à une activité physique, mais j'ignore laquelle. S'entraîner sur des mannequins, courir, couper du bois... vu qu'il semble encore boîter, je pense à la dernière option, mais ce n'est qu'une supposition.» elle ajusta la coiffure de la jeune femme, vérifia sa tenue et lorsqu'elle fut prête, la conduisit jusqu'à la salle à manger.

Ève fut la dernière arrivée, elle portait une robe assez simple de couleur bleu clair et ses cheveux ne portaient pas de couronne fleurie cette fois - Alfred n'avait pas eu le temps de lui en faire une!
«Je vous prie de m'excuser pour mon retard.» elle observa Roy, puis Aerith « Oh? Je vois que vous êtes élégants, vous sortez?»
«Oui, sur les conseils d'Alfred, je conduis Aerith au théâtre ce soir, il faut qu'elle assiste au moins à une pièce de notre monde avant de partir.»
«Excellente idée. Comme toujours...» dit-elle en regardant son cadet qui vira rouge tomate.

Le repas fut servi, comme le midi, Aerith restait près de Roy et en face d'Alfred, la disposition des places semblait importante dans cette famille. Il y eut une petite salade de crudités en entrée où Morion parla des affaires qu'il avait réglées dans la journée, rien de bien intéressant pour la jeune femme, Alfred essayait d'être attentif, mais il semblait avoir du mal à suivre contrairement au frère aîné qui donnait son avis régulièrement. Être un meneur d'hommes est utile dans le monde des affaires. Lorsque la tarte aux légumes arriva, Ève profita que son mari se taise pour sortir la pierre qu'elle avait taillée. Elle avait maintenant la taille d'un grain de raisin, elle pouvait donc être mise en pendentif, et si dans l'ensemble, le mélange de jaune rappelait les matérias, les éclats des pierres à l'intérieur étaient saillants et ne donnaient donc pas tout à fait le même effet. Malgré tout, le résultat était très beau.

«J'ai essayé de recréer une matéria jaune... je n'en suis pas encore satisfaite cependant...» Alfred attendit qu'Aerith regarde, puis il prit la pierre et la leva à la lumière pour se faire une idée
«Hum... je pense qu'il vous faudra polir chaque éclat avant de les mettre dans la résine... et si vous coloriez la résine elle-même aussi? Cela pourrait atténuer l'effet cassant des pierres à l'intérieur?»
«Oui... c'est ce que je me suis dit.» dit-elle dans un sourire «mais je ne sais pas encore quel produit je peux utiliser pour garder le transparent tout en apportant de la couleur.»
«Dans un premier temps, peut-être essayer avec quelques colorants alimentaires? nous devrions demander au pâtissier.»sa mère haussa les sourcils, c'était une drôle d'idée, mais pourquoi pas?

Le repas se finit sur cette note plus légère où chacun essayait de donner son avis, puis une fois le dessert terminé Roy conduisit Aerith à l'extérieur, la calèche tirée par deux chocobos les attendait, Claudia arriva pour lui mettre un manteau sur les épaules

«Il va faire frais une fois en ville. Surtout faites attention à vous.»
Roy sourit et aida la jeune femme à monter dans la calèche, une fois à l'intérieur, il attendit que les chocobos démarrent pour discuter un peu
«La pièce que nous allons voir parle d'une jeune fille noble, unique héritière de sa famille qui rêve de devenir chevalier, malheureusement ses parents veulent seulement qu'elle épouse un riche noble pour la famille, elle va donc devoir réussir à suivre la voie qu'elle choisit. Il parait qu'elle a beaucoup de succès, j'espère que cela vous plaira.»

Ils n'étaient que tous les deux dans la calèche, ils n'auraient aucun chaperon pour la soirée, peut-être qu'ils pourraient parler un peu plus librement.

Elle en savait beaucoup parce qu'elle parlait de ce qui était important à savoir quand elle croisait ses collègues en cuisine. Mais non, elle ne savait pas tout non plus ; par exemple, elle savait que Roy avait fait une activité physique au vu de son état mais ignorait complètement ce dont il s'agissait. Et si elle supposa qu'il avait coupé du bois, Aerith acquiesça au raisonnement vu qu'il semblait encore avoir du mal avec sa jambe. Dans tous les cas, tout le monde se retrouva autour de la table avec Eve en dernière arrivée mais elle ne manqua pas de se rendre compte de leur tenue et donc de leur intention de sortir ce soir là.

Comme quoi ils commençaient à s'adapter à la présence de la cetra, la discussion pendant le diner ne se porta pas vers elle, aussi put-elle manger sans interruption jusqu'à ce que Eve ne démontre ses talents d'orfèvre en sortant une pierre qu'elle avait conçue pendant la journée. Il s'agissait d'une petite perle apte de tenir sur une corde autour du cou. Sa taille était semblable à celle qu'avaient les matérias quand elles étaient incorporées à un équipement mais il était vrai que si la couleur jaune pourrait rappeler ces petites sources de mako, elle gardait un aspect différent.

« C'est très beau en tout cas. Il doit falloir une bonne précision pour réussir à travailler sur une pierre de cette taille. »

Mais pour ce qui était de l'échange entre Alfred et sa mère à propos des détails de la création, elle nageait dans un brouillard intense sur ce qu'il se passait. Il était facile de noter qu'Alfred était non seulement intelligent mais couvrait aussi une très grande variété de sujet. Nul doute qu'avec du temps, il pourrait gérer le domaine et potentiellement même sans aide !

Le reste du repas se termina sans obliger Aerith à ajouter quoi que ce soit sur tel ou tel sujet si bien qu'elle fut invitée assez vite à partir avec Roy pour aller en ville. Cependant, avant d'entrer dans la calèche, elle fut interrompue par Claudia qui lui passa un manteau sur les épaules, justifiant qu'il allait faire frais en ville et qu'ils devraient faire attention. « Merci. » Fit donc la demoiselle avant de monter dans le véhicule aidée par Roy, gentleman à souhait.

Il la rejoignit à l'intérieur et expliqua un peu la pièce qu'ils iraient voir pendant que le trajet était en train d'être réalisé. Le sujet serait donc la chevalerie d'une jeune noble dont les parents avaient d'autres projets pour elle, notamment sur son avenir sentimental. Rien qu'avec cette vague explication, Aerith sourit en s'imaginant que cette fille pourrait bien être un peu comme Roy quelque part mais elle n'en fit pas la remarque et se ferait une idée pendant la scène.

« Je ne doute pas que ça me plaira. » Surtout si elle avait de bonnes critiques. Maintenant, ils étaient seuls dans le véhicule et Aerith en profita pour pouvoir se renseigner un peu sur son état avant toute chose. « Comment va votre jambe sinon ? » Elle avait fait attention pour noter s'il boitait encore ou non mais elle ne l'avait pas vu... Il devait soit faire attention à rester droit soit qu'il n'avait plus mal désormais. D'ailleurs, elle eut un vague sourire en se rendant compte d'une chose. « Je crois bien que c'est la première fois qu'on se retrouve seuls depuis qu'on s'est rencontré. »
Avait-elle une idée derrière la tête ? Son sourire pourrait bien vouloir en dire long en tout cas !

Direction Alexandrie, la dernière fois, Aerith était totalement KO lorsqu'ils étaient arrivés suite à leur voyage depuis Tréno, là il faisait nuit, mais la ville était illuminée et ça valait le coup de sortir malgré la fraîcheur de l'hiver. Au moins, il ne neigeait pas.

Emmitouflé dans un manteau épais, le jeune homme regardait par la fenêtre de la calèche qui roulait au rythme des chocobos qui se dandinaient devant. Le cocher ne pouvait pas les entendre, mais Aerith garda quand même les formules de politesse pour s'adresser à lui, s'inquiétant pour sa jambe.
«J'ai préféré ne pas courir aujourd'hui, mais cela ne me fait plus mal quand je marche. Je pense que demain, je pourrai reprendre mon entraînement normal et je serai prêt pour notre voyage.» il sourit doucement avant de regarder de nouveau dehors. Elle mentionna par ailleurs que c'était la première fois qu'ils se retrouvaient seuls tous les deux, il fixa un point devant lui pour réfléchir, puis hocha de la tête
«En effet. Vous vous êtes déjà retrouvée seule avec Alfred, mais nous n'en avons pas eu l'occasion.» il se tourna alors vers elle, l'air naturel et peut être un peu curieux «y'a t'il un sujet que vous souhaitiez aborder avec moi en privé? Le cocher ne nous entendra pas.» il pouvait comprendre qu'elle n'ait pas envie d'aborder certains sujets avec sa famille, cela pourrait se comprendre.

Le cocher venait de passer les portes d'Alexandrie, le bruit des roues sur les pavés était plus fort maintenant et il était donc plus difficile de parler, même si ce n'était pas impossible. Roy ouvrit la petite fenêtre et s'adressa au cocher en criant
«Déposez-nous sur la grande place centrale, nous finirons à pied.»
«Bien Maître!» quelques minutes plus tard, il s'arrêtait et Roy descendit le premier. Le cocher s'était dépêché de déplier les petites marches pour qu'ils puissent descendre sans mal, puis il aida Aerith à mettre pied à terre. Il faisait frais, parfois un peu de buée sortait de leurs lèvres à chaque respiration, machinalement, il ajusta le manteau de la jeune femme autour de son cou

«Il serait dommage d'attraper froid avant de partir. Claudia aurait du vous fournir une écharpe.» puis il se tourna vers la place et lui tendit son bras «venez, nous allons vous en acheter une.» il ouvrit le pas vers la place, il y avait là encore quelques commerçants qui commençaient à fermer boutique, il s'approcha d'une petite marchande d'étoffe, assez âgée, toute ronde avec ses cheveux gris. Elle vendait des écharpes tricotées

«Bonjour, je suis désolé, je sais que vous allez fermer, mais est-ce que je peux vous acheter cette écharpe?» la vieille dame se retourna et regarda l'écharpe rouge qu'il avait repérée. Elle sourit en regardant Aerith, puis lui.
«Bien sûr, jeune homme... faut-il vous l'emballer?»
«Non, c'est pour la mettre tout de suite...» il donna le prix indiqué sur l'étiquette, la vieille femme la retira puis la déplia pour ensuite la tendre au jeune noble qui l'enroula délicatement autour du cou d'Aerith, elle les regardait d'un petit air tendre avant de se remettre à ranger sa boutique

«Encore merci, Madame. Prenez soin de vous en cette fraîche soirée.»
«Oh, merci monsieur! Bonne soirée à tous les deux.» étrangement, elle ne fit aucune remarque sur le fait qu'ils pourraient être en couple, soit elle avait remarqué la légère retenue du fils Brodia, soit elle préférait ne pas faire de bourde. En tout cas, l'écharpe était vraiment toute douce, d'une couleur unie et simple avec juste une petite fleur rose brodée au bout.

«Bien, nous avons encore un peu de temps avant le début de la pièce, avançons tranquillement si vous voulez voir un peu la ville... même de nuit, Alexandrie est un bel endroit. Faites juste attention à vos poches.» on n'était jamais à l'abri des pick-pockets, même si Tréno était moins bien fréquentée.

Il y avait en effet bien plus d'un sujet qu'elle avait déjà pensé aborder avec Roy quand ils se retrouveraient seuls mais elle ne savait pas trop si elle le pouvait en réalité... Mais comme il le disait, personne ne pourrait les entendre et autant dire que ce n'était pas les rues pavées de leur arrivée dans Alexandrie même qui allait les aider à se faire entendre désormais.

« Il y a bien des sujets que j'aurais souhaité aborder mais ça m'a l'air difficile de se faire entendre sans monter le ton ici. » Affirma-t-elle simplement en approchant un peu la tête de son interlocuteur pour ne pas avoir à se répéter. Et elle pourrait le faire ensuite après tout. Maintenant, il y en aurait bien un qui lui tiendrait à cœur et c'était cette histoire de vouvoiement : il ne devait pas être bien plus âgé qu'elle après tout... Et même, elle se disait qu'il se pourrait bien que ça soit elle la plus âgée des deux vu qu'elle était techniquement morte pendant deux ans. Enfin, là n'était pas la question pour elle mais même des adultes, elle n'avait pas pris l'habitude de les vouvoyer quand bien même elle s'était déjà directement adressée à Rufus Shinra...

Aussi, elle attendit de descendre pour pouvoir ouvrir ce sujet, d'autant plus que le chevalier allait la faire marcher un peu dans les villes. Sa jambe ne lui faisait plus mal et il pourrait donc se promener tant qu'il ne faisait pas trop d'effort avec – d'où le fait qu'il s'imaginait déjà pouvoir partir le lendemain ou, du moins, reprendre son entraînement. Elle se demandait ce qu'il faisait pour s'entraîner et si elle pourrait ne serait-ce que y assister par simple curiosité.

Dès qu'ils descendirent de la calèche, elle qui n'avait pas l'habitude d'être si chaudement habillée même quand il faisait aussi frais, elle fut surprise de le voir ajuster son col pour éviter à l'air frais de s'infiltrer contre sa gorge. Il regretta son absence d'écharpe aussitôt et lui tendit son bras pour l’inviter à aller en chercher une.
« Ce n'est pas la peine, je n'ai pas froid. » Là n'était pas la question et il lui dirait qu'elle serait peut être en cause du nouveau retard de leur départ si elle attrapait un rhume. Elle se laissa donc guider au travers des rues mine de rien plutôt active au vue de la noirceur témoignant de l'approche de la nuit.

Lorsqu'il trouva l'enseigne qu'il désirait voir, il s'excusa de retarder la fermeture du magasin mais put acheter l'écharpe qu'il avait vue. Il remercia la vendeuse et la passa sans détour autour du cou de la cetra, laissant cette dernière ressentir une certaine chaleur sur ses joues – s'il lui en parlait : c'était à cause du froid ! Elle ne se souvenait pas quand était-ce la dernière fois qu'une personne outre sa mère s'était ainsi occupée d'elle. La seule chose qui lui revenait en mémoire, c'était Zack qui lui nouait son ruban fraîchement acheté dans les cheveux... « Merci. » Fit-elle sur un air timide qui ne lui ressemblait pas.

Du coup, la voilà qui était gênée... Ce n'était pas dans les taudis qu'on était habitué à avoir de tels cadeaux. Surtout qu'elle pouvait déjà se rendre compte rien qu'au contact que l'écharpe était de bonne qualité et disposait même d'un motif qui ne serait pas sans rappeler à Aerith qu'elle vendait autrefois des fleurs. L'avait-il fait volontairement avec ce qu'elle avait dit la veille sur ses occupations ?

Ce fut avec un léger sourire qu'elle le suivit à nouveau dans les rues de cette grande ville. Ils auraient encore un peu de temps pour visiter mais il lui suggéra de faire attention à ses poches chose qui réduisit sa gêne à zéro devant l'ironie d'une telle suggestion. « Je n'ai rien dans les poches, tout dans les tête. » Elle alla glisser un main dans la poche du manteau pour y trouver une paire de gants en soie. Ce manteau devant appartenir aussi à Eve et elle venait de se rendre compte que les poches n'étaient pas si vides qu'elle ne le pensait. Elle n'osa pas les mettre et les glissa à nouveau là où ils étaient.

Alors qu'ils avançaient toujours d'un pas lent mais certain vers leur destination, Aerith pouvait noter qu'il y avait de nombreux magasins même si la majorité avait déjà fermés au vu de l'heure. Il y avait toujours un bon paquet de personnes dans les rues et ça lui rappelait un peu le wall market sur l'animation bien qu'elle se rendait surtout compte que, au vu de leurs manières et de leurs tenues, il s'agissait surtout de personnes riches – ce qui faisait tout de suite une très grande différence à ce qu'elle connaissait. D'un coup, elle se sentait être arrivée dans un monde totalement différent de tout ce qu'elle avait pu vivre mais ça ne faisait que lui rappeler la chose qui lui tenait le plus à cœur de lui demander.

« Au fait, maintenant qu'on n'est plus dans le brouhaha de la voiture... » Elle s'arrêta et attira son attention sur son visage toujours un peu rougi mais réellement à cause du froid cette fois. « Je sais que vous avez des règles strictes sur l'éducation et tout ça. Mais quand on n'est plus auprès de votre famille, ça vous embêterait qu'on se tutoie ? J'ai déjà demandé à Alfred et lui il n'y arrive pas. Mais c'est un principe de vie qu'on ne m'a jamais appris et j'ai parfois quelques difficultés à le faire sans avoir l'impression d'être traitée comme une princesse. »

Même si le vouvoiement ne serait pas trop mal perçu ici malgré leur proximité relative du point de vue de toutes les autres personnes qu'ils croiseraient. Roy lui même vouvoyait son frère encore quelques années plus tôt après tout... Mais maintenant qu'elle y pensait, elle se disait que Roy la choyait un peu comme une princesse... Et ce n'était qu'une manière d'être qui lui paraissait certainement la plus normale au monde.

C'était encore l'hiver et Alexandrie se trouvant dans les hauteurs, il y faisait relativement froid, encore plus à cette heure-ci. Pas de flocons pour aujourd'hui, mais cela pouvait surement tomber dans ces prochains jours, c'est pourquoi Roy avait préféré ne pas écouter la jeune femme pour lui acheter une écharpe quand même.

Ils se trouvaient dans un quartier relativement chic de la ville, mais il y avait aussi des coins plus simples mais fermés à cette heure-ci car plutôt pour la nourriture, armes et armures. Seuls quelques boutiques de luxe restaient ouvertes pour les nobles de sortie.

Il avait tendu son bras à Aerith afin qu'elle s'en saisisse pour marcher tranquillement jusqu'au théâtre, au moins auraient-ils le temps de parler un peu avant la pièce, bien qu'il ne doutait pas qu'ils auraient bien des occasions de parler au cours de leur trajet pour la ramener sur Gaïa. Il fut cependant surpris de voir que sa première remarque concernait le tutoiement, il sourit en imaginant Alfred s'étrangler à l'idée de devoir parler ainsi à la jeune femme
«Même si tu venais à l'épouser, je ne suis pas sûr qu'Alfred réussirait à te tutoyer...» preuve que c'était un exercice nettement moins difficile pour lui «me concernant, si tu préfères, cela ne me dérange pas. Effectivement, ce sera à éviter dans ma famille.. les serviteurs en feraient une crise cardiaque. Autant éviter aussi face à la noblesse d'Alexandrie car tu entrerais directement dans la catégorie fiancée, voire même épouse secrète pour en être arrivée là!» dit-il avec un sourire amusé «certains nobles continuent de se vouvoyer, même mariés.. regarde mes parents. Personnellement, je trouve cela ridicule passé un certain stade de rapprochement mais bon... pour ma part, je ne compte pas vouvoyer mon épouse, et je ne vouvoie pas mes amis non plus.» il se tourna vers elle en hochant de la tête «mais sur ton monde, cela semble différent, donc je ne vois pas d'inconvénient à ce que l'on se tutoie. Il ne serait pas correct de ma part de ne pas respecter aussi ta façon de faire.» ils approchaient du théâtre et il se pencha à son oreille «une fois dans le hall, nous devrons reprendre le vouvoiement car il va y avoir beaucoup d'oreilles indiscrètes. Je ne connais pas tous les nobles d'Alexandrie, mais beaucoup connaissent ma maison... et malheureusement beaucoup trop savent que je suis le fils aîné encore célibataire. Me voir au bras d'une jeune femme va forcément faire jaser! Donc prépare toi à en faire rager quelques unes...» étrangement, cela semblait l'amuser! Il la rapprocha un peu de lui, au final, la jeune femme allait surement lui servir de rempart contre les gourgandines à la recherche d'un bon parti. Il s'approcha de l'accueil et demanda deux places au balcon, évidemment sur le papier, il n'y en avait plus, mais dès qu'il mentionna le nom de Brodia, bizarrement deux places étaient libres. Il récupéra les billets et leva les yeux au ciel, même si c'était pratique, il trouvait ça vraiment navrant.

À peine eurent-ils fait un pas dans le théâtre que plusieurs regards se tournèrent vers eux, un homme tout petit mais avec une moustache impressionnante gloussa en le voyant et se précipita vers lui
«Mais c'est le jeune Roy Di Brodia!! Mon dieu mon garçon, que vous êtes devenu immense! Et je suppose que c'est votre jeune épouse? Enchanté, Madame, je suis le Seigneur di Castillo! Je gère des vignobles et autres sirupeux d'Alexandrie!!» il lissa son imposante moustache grise qui aurait pu rivaliser avec celle du Roi Cid d'un air entendu

«Bonjour, Sire Castillo. Je vous présente Aerith qui est une amie de la famille, elle est de passage à Alexandrie.»
«Oh oh! Pas encore mariés donc! Je vois!»il lui donna un petit coup de coude dans les côtes - enfin vu là où il lui arrivait, c'était plutôt la cuisse mais passons «je ne dirai rien, motus et bouche cousue!» il pouffa de rire et fila sans demander son reste, Roy sourit

«Et voilà donc, vous êtes officiellement ma fiancée.» il suffisait de voir la vitesse à laquelle le petit vieux se faufilait dans la foule en chuchotant aux oreilles, et les regards courroucés lancés par les jeunes femmes qui tentaient de se cacher derrière leurs éventails pour savoir que la nouvelle se répandait comme une trainée de poudre.

«Désolé.. allons à nos places, nous y serons tranquilles.» il la rapprocha de lui pour ne pas la perdre dans la foule qui se pressait pour se diriger vers les premiers escaliers, il y avait moins de monde pour aller aux étages ensuite. Il regarda son ticket et prit donc la porte donnant sur les places qui leur avaient été désignées, il s'agissait d'une petite cabine avec six places, mais il n'y avait qu'eux pour le moment.

«Ce sont des loges pour les nobles qui auraient quelques invités importants pour la soirée, ils gardent toujours ces places au cas où, on ne peut pas les réserver. Je pense qu'il n'y aura que nous» il l'invita à s'asseoir le plus près du balcon pour qu'elle puisse voir au mieux la scène, c'était évidemment les meilleurs places. Il s'installa à côté d'elle et parla donc à voix basse

«Désolé encore pour le numéro de toute à l'heure. C'est un ami de mon père mais ils ne se parlent pas beaucoup. Il n'a qu'un fils donc au moins il ne nous court pas après pour un mariage, bien qu'il ait souvent dit à mon père qu'il était dommage que nous n'ayons pas de sœur.» puis il eut un léger rire «au moins n'a t'il pas essayé de te le présenter! Il est... enfin il lui ressemble beaucoup.» il mima la moustache sur son visage, autant dire que le fils devait avoir la même «de toute façon il serait trop vieux pour toi, il a dix ans de plus que moi au moins...» mais peu de femmes lui tournaient autour malgré sa fortune, il était aussi petit que son père donc pas très attrayant!

Les gens s'installaient petit à petit, Aerith pouvait surement voir les différences de classes selon les places, certaines étaient tellement près de la scène qu'on ne devait pas y voir grand chose, il y avait même des places debout en fond de salle, et les places du milieu avaient des coussins moelleux et des accoudoirs avec des dorures, sans compter les autres petits balcons à l'étage. Il y avait encore un léger brouhaha mais les lumières se tamisaient, la pièce commencerait bientôt.

Une chose qui fut tout de même assez choquante du point de vue d'Aerith : même si Alfred venait à l'épouser, il aurait encore du mal à la tutoyer... Bien qu'elle soit accrochée au bras de Roy, elle tenta de voir son visage pour s'assurer qu'il soit bien sérieux ; elle n'avait pas noté encore s'il était du genre à plaisanter d'un ton aussi naturel mais il semblait vraiment dire la vérité. Mais elle ne nota qu'ensuite qu'il avait déjà réussi à la tutoyer de son côté. Après, comme il le disait, il faudrait éviter dans sa famille et elle l'avait bien compris. Mais il faudrait aussi qu'elle évite dans les lieux trop peuplés parce que ça sous entendrait qu'ils étaient promis l'un à l'autre.

« Bah dit, c'est que ça rigole pas ici ! » Enfin, chez les riches devrait-elle plutôt dire... En tout cas, comme pour elle, le chevalier trouvait ça ridicule passé un certain point et la cetra ne pourrait que confirmer que ça donnerait presque l'impression qu'on se moquait de l'autre au final. Il donna quelques exemples, notamment sur le fait qu'il tutoyait ses amis. « Bah voilà, on pourrait dire qu'on est ami alors ! »

Il se pencha à son oreille d'ailleurs pour l'arrêter avant qu'elle ne commette la bourde de parler avec lui comme avec un ami dès maintenant : vu qu'ils arrivaient, il serait tout de même bête de directement se faire avoir ! Il y aurait du monde mais il était quelqu'un d'assez connu – enfin, sa maison surtout mais ça reviendrait au même finalement. Et il ajouta aussi que le simple fait qu'elle soit à son bras allait faire jaser voire même allait faire quelques jalouses. « Je peux te lâcher après si ce n'est que ça. » Fit elle en resserrant son étreinte, comme si c'était elle qui avait volontairement pris son bras en premier lieu tien !
A vrai dire, c'était une chose qui l'avait un peu gênée de prime abord mais elle s'y était vite fait et, avec la foule, c'était quand même pratique pour ne pas le perdre.

Maintenant, autant dire que ça devait aussi l'arranger qu'elle soit avec lui puisque ça dissuadera sans doute de nombreuses prétendante à son cœur de se rapprocher de lui en cet instant. Quelque part, son nom était quand même un atout pour certaines choses : il eut une priorité même si Aerith n'avait aucune idée de ce qu'était une place au balcon vu que la seule scène qu'elle avait pu voir de près était celle du Gold Saucer et elle avait bien davantage de fonctions que seulement faire du théâtre.

Entrant donc dans le théâtre, la demoiselle n'eut pas même le temps de dire un mot qu'elle manqua de sursauter par la voix d'un petit bonhomme à la moustache impressionnante. Elle aurait été seule avec Roy, elle n'aurait pas manqué de lui dire que pour une jeune femme à marier, elle était étrange celle ci mais elle comprit bien vite qu'il devait s'agir d'un ami de son père et préféra rester de marbre face à ce qu'il disait... Même si... Soyons franche, il ne manquait pas de gêne ni même de tact de parler ainsi ! 'Jeune épouse' ?, 'Madame' ? Et il avait l'air sûr de lui en plus !

Roy fit les présentations ce qui permit à la demoiselle de faire un sourire forcé mais qui avait l'air sincère en se disant mentalement qu'elle n'avait que vingt quatre ans mince ! La manière dont il l'avait appelée lui en donnait facilement dix ou vingt de plus là. Elle fut présentée comme une amie de la famille. Oui, voilà donc elle n'était pas du tout mariée et pas du tout fiancée... 'Pas encore mariés'... et 'Je ne dirais rien'. Pour sûr qu'Aerith tairait aussi le fait qu'elle avait eu envie de lui envoyer une bonne vanne sur sa petite taille ou sur cette moustache où elle aurait voulu mettre le feu pour le faire taire. Alors qu'il prenait congé, la demoiselle ne put s'empêcher un commentaire. « Il vous faudra tenir votre langue une bonne décennie au minimum alors... »

Sauf qu'il ne se passa qu'à peine dix secondes qu'il semblait déjà en parler à d'autres et que Roy lui affirma qu'elle passerait donc officiellement pour sa fiancée maintenant. « Eh bien, il manque pas d'air celui là ! » Mais elle eut un sourire tandis qu'il s'excusait d'un tel comportement en l'entraînant vers leurs places. « Ça veut aussi dire qu'on peut se tutoyer sans problème dans ce cas ? »

Parce que se connaissant, elle était persuadée qu'elle déraperait avant la fin de la nuit sur sa manière de parler par moment trop familière.

Cette histoire fut vite passée néanmoins : quand elle vit où elle était arrivée suite à ces escaliers, elle comprit que cette place était privilégiée radicalement et se disait donc que grâce à son nom, Roy avait un certain avantage comme il l'expliqua en se dirigeant vers leurs places. Il y en avait six mais il était persuadé que personne d'autre ne viendrait les rejoindre. « On va être tranquille alors ! »

Il s'était installé à côté d'elle mais, déjà, la demoiselle était penchée en avant pour regarder l'étendue de cette super grande salle et en admirer tous les recoins. Visiblement, Roy avait comprit que l'intervention de ce Castillo l'avait quelque peu courroucée et s'excusa encore une fois en lui fournissant quelques explications sur le genre d'homme qu'il était mais aussi sur son fils qui devait être le modèle réduit du père... Enfin façon de parler sans quoi il ne risquait pas de se marier par amour celui là. Et visiblement, il aurait facilement dix ans de plus que Roy donc sans doute autant qu'Aerith.

« Au final, je suis contente de pouvoir être ta fiancée ce soir du coup. Dans le cas contraire, je ne sais pas si c'est pour lui ou pour son fils que ça aurait le plus mal fini. »

Sa manière d'être, bien qu'il était indéniable qu'il avait de très bonnes manières, lui avait été trop similaire à celle de Cornéo... Même le nom quoi ! Castillo ! Tout pour lui rappeler ce gros pervers ! « Je n'ai pas de photo à te montrer mais il m'a rappelé une personne fort détestable que j'ai rencontrée sur mon monde. Celui là même qui porte le titre Don d'ailleurs. » Elle en avait parlé la veille, peut être s'en souviendrait-il.

Les lumières commençaient à se réduire en intensité mais Aerith reprit la parole de plus belle en parlant sur un ton relativement bas elle aussi pour ne pas se faire entendre non plus. « D'ailleurs, t'as quel âge ? Je me suis posé la question plusieurs fois depuis que je suis arrivée chez toi... Et depuis que je sais qu'Alfred a dix neuf ans plus précisément. » Et vu qu'il venait de lui parler d'âge, ça lui était évidemment revenu en tête.

La présenter comme une amie était la meilleure option pour le moment, sauf qu'il était l'un des rares nobles à tutoyer ses amis aussi donc ce ne serait pas aussi simple
«Malheureusement non... même entre amis, normalement, on ne peut pas trop se tutoyer, je suis l'un des rares à le faire...»

Elle allait très vite être confrontée à ce monde d'ailleurs, il refusa qu'elle lâche son bras, pas seulement pour avoir une bonne excuse pour faire reculer les éventuelles prétendantes.

Une fois dans le théâtre, ils furent presque agressés par un ami de la famille qui se montra particulièrement intrusif au point de vexer la jeune femme! Il sourit lorsqu'elle marmonna une petite pique entre ses dents
«Ne rêve pas... c'est l'une des pires commères de la ville»dit-il en murmurant à son oreille pour ne pas être entendu, et elle put se rendre compte par elle-même qu'il ne perdait vraiment pas de temps! Il préféra donc l'entraîner jusqu'à leur loge, ils seraient plus tranquilles et à l'écart des regards de tous, que ce soient des curieux ou des jaloux.

Une fois dans la loge, il aida Aerith à retirer son manteau pour l'accrocher au porte-manteau prévu à cet effet - loge de luxe on a dit - puis il accrocha le sien avant de s'asseoir à côté d'elle. Il lui tendit des petites jumelles dorées, même si ce n'était pas trop nécessaire vu comment ils étaient placés
«Tiens... c'est surtout si tu veux voir des détails de la scène, normalement tu n'en auras pas besoin.» il parlait évidemment à voix basse, d'une part, par politesse puisque bon, c'était tout de même une salle prévue pour garder le silence, mais aussi pour pouvoir la tutoyer librement puisqu'elle semblait vraiment y tenir. Il s'excusa une nouvelle pour le comportement du Seigneur Castillo, il semblait apparemment lui rappeler une mauvaise personne sur son monde.

«Ce n'est pas un mauvais bougre, il a juste la langue bien pendue. Comme il ne peut pas trop attirer l'attention par son physique, il se rattrape en se vantant de tout savoir sur la noblesse d'Alexandrie... ce qui n'est pas le cas en vrai puisque les nobles se gardent bien de lui parler sincèrement justement parce qu'il parle trop!» ironique en soit. Il réfléchit cependant à cette histoire de Don, il avait généralement une bonne mémoire des noms, mais là, ça lui échappait «Mais je me souviens oui... tu avais parlé d'un Don... ah zut... Corniot?» il se souvenait que le nom lui même ressemblait à une insulte. C'était surtout Alfred qui mémorisait tout.

Enfin, il épousseta un peu son costume avant de s'avancer pour voir si l'orchestre se préparait, c'était souvent le signe que la pièce allait commencer, les lumières étaient tamisées, donc c'était imminent, mais la jeune femme se posa la question de l'âge, et il préféra la corriger un peu
«Alfred n'a que dix-sept ans, mais je t'accorde le fait que quoi qu'il dise, il fait plus mature pour son âge... moi j'en ai vingt-cinq.» si tout gentleman ne se risquerait pas à la question, sachant qu'il n'était pas en train de lui faire la cour, il n'hésita pas à répondre «et toi? Je suis étonné que mon père ne t'ait pas posé la question... mais je suppose que même si tu avais moins de vingt ans, il te verrait quand même comme une épouse potentielle..» il leva les yeux au ciel, la jeune femme lui semblait assez mature pour avoir plus de vingt ans, mais il n'était pas très sûr de lui.

Les lumières s'éteignirent pour de bon, l'orchestre commença à jouer une douce musique d'ambiance et un homme s'avança devant les rideaux pour présenter l'histoire
«Bienvenue, Mesdames et Messieurs, au grand théâtre d'Alexandrie... la pièce que nous allons vous jouer ce soir...» puis il s'éloigna avant que le rideau ne se lève sur ce qui semblait être une chambre avec l'héroïne de l'histoire, celle-ci écrivait dans son journal et parlait donc à voix haute sur ce qu'elle écrivait, jouant ensuite pour se déplacer sur scène en racontant ses rêves et ses espoirs pour l'avenir en tant que chevalier, puis se mettant doucement à pleurer devant le destin qu'allaient lui imposer ses parents à la marier à un marchand de bonne famille. Roy se pencha à l'oreille d'Aerith pour commenter parfois

«C'est une triste réalité... très peu de jeunes filles nobles ont le luxe de pouvoir devenir soldat ou chevalier... en particulier si ce sont les aînées des familles...»

S'en suivit des scènes de dispute avec la famille, des escapades nocturnes pour la voir s'entraîner, sa rencontre avec un soldat... puis le rideau se ferma pour l'entracte.

«Veux-tu descendre boire quelque chose ou préfères-tu qu'on nous apporte un plateau? Je comprendrais que tu ne veuilles pas te mêler à la foule, surtout que tu vas avoir quelques rivales qui vont venir te voir pour te demander ton avis sur la pièce afin de voir si tu es suffisamment intelligente pour avoir compris ce qu'il s'est passé...» on sentait une pointe de lassitude dans sa voix, et il hocha de la tête pour confirmer à la jeune femme qu'il était très sérieux «les femmes nobles sont impitoyables entre elles... je suppose que tu comprends mieux pourquoi je ne suis toujours pas marié.» car franchement, comment être intéressé par des pimbêches pareilles?

Des serveurs se tenaient derrière la porte de la loge, si elle préférait rester ici. Il pouvait proposer des petits fours si elle avait faim, mais vu leur repas précédent, Roy de son côté s'en passerait. Pour les boissons, elle aurait aussi le choix, entre champagne, vin ou autres alcools plus forts, ou juste de l'eau ou jus de fruits... lui prendrait juste une flûte de champagne.

Même chez les nobles, Roy restait l'exception à la règle... Aerith restait donc heureuse quelque part d'avoir été élevée par une femme des taudis. Quelque part, quand on y pensait, ses vrais parents étaient mine de rien une Cetra et un scientifique réputé de la Shinra ; elle aurait pu avoir la chance d'être éduquée par quelque chose qui se serait rapproché d'une famille de riches mais elle doutait toutefois qu'elle aurait eu à s'exprimer d'une manière si hautaine même avec son vrai père.

En tout cas, bien qu'elle regardait toutes les places autour d'elle, la demoiselle ne savait pas du tout où était arrivé Castillo ; elle se disait qu'il devait sûrement être arrivé sur un autre emplacement similaire à celui où ils étaient actuellement mais vu comment ça fourmillait de monde, il serait impossible de le repérer et ce même sans parler de sa taille. Maintenant, il n'était pas si méchant mais il tentait de se donner de grands airs pour compenser autre chose ; faire comme s'il avait toujours la connaissance infuse même si ça ne le placerait pas plus haut que les autres malgré tout.

A l'entendre, Roy ne le définissait pas comme une mauvaise personne si bien qu'Aerith dut se reprendre sur ce qu'elle avait dit. « Il est sûrement mieux que Cornéo alors. » Ça lui donnerait aussi le nom et elle témoignait aussi tout le respect qu'elle avait pour lui en prenant bien soin de manger son titre au passage. Peut être avait-elle pensé à lui simplement par la similitude avec leurs noms.

Avec les jumelles qu'elle avait reçues juste avant, Aerith tenta de voir si elle le voyait en regardant ailleurs que l'endroit où elle aurait normalement du fixer mais il ne se passait encore rien sur scène malgré l'assombrissement de la salle. Le sujet bifurqua alors à sa demande et elle réalisa avoir donné deux ans de plus à Alfred. « Oups ? Peut être que je cherche à lui trouver une épouse malgré moi ? » Parce qu'elle se souvenait que c'était en réponse à la proposition de son père de lui en trouver une qu'il avait répliqué son âge. Souriante suite à cette petite boutade, Roy accepta de lui donner son âge amenant l'écart entre les deux à huit ans tout de même. Il lui retourna la question en disant que même si elle était trop jeune, elle serait restée une prétendante aux yeux de Morion. « Ça m'étonne même pas. Après, tant que la personne est assez mature, ça coûte rien. »

Ça ne la faisait pas répondre pour autant mais elle avait d'abord parlé de ça parce qu'elle était mal placée pour juger en sachant qu'elle avait techniquement été avec Zack lorsqu'elle avait dix sept ans. « J'avais vingt deux ans quand je suis morte. Ça fait que... » Elle réfléchit un peu pour savoir combien de temps il s'était écoulé depuis même si elle ne savait pas elle même si ça serait exact. « ...Vingt quatre ans techniquement ? » Mais devrait-on compté ces deux années ? Peu importait en fin de compte, ça lui donnerait une réponse différente de celle qu'il aurait pu s'attendre à avoir : elle n'était pas sous la barre des vingt !

La pièce commença peu de temps ensuite absorbant alors tout le monde et faisant taire les derniers murmures. Il s'agissait du genre de scène qu'on aurait pu voir dans des films sur son monde, Aerith en était persuadée... Mais il semblerait que ça soit monnaie courante ici : la chevalerie était encore présente après tout et Roy ne pourrait que malheureusement confirmer comme il le lui murmura. Pourtant, une chose avait interloqué la cetra puisqu'elle se souvenait avoir vu une chevalière – si tant était que ça se disait – aux côtés même de la reine quand elle était à Tréno. Mais elle lui en parlerait un peu plus tard...

Lorsque l'entracte arriva, Aerith crut que ça se terminait mais ce n'était que pour laisser une pause à tout le monde. Là, elle serait restée sur sa faim sinon ! Roy lui proposa d'aller boire quelque chose en précisant qu'elle pourrait rester ici et simplement faire venir la boisson jusqu'à elle, ajoutant tout de même le risque qu'elle aurait à descendre. « Ouah, elles sont si horribles que ça ? C'est pas comme ça qu'elles vont trouver du monde à impressionner. » En tout cas, ce n'était pas la cetra qui risquait de leur tenir tête, préférant de son côté éviter ce genre de rencontre justement. « Si tu prends quelque chose, je prendrais pareil que toi. » De cette manière, elle ne le forcerait pas à y aller et elle n'aurait pas à rester les mains vides non plus, même si elle ignorait qu'elle allait se retrouver avec une flûte de champagne entre les mains quelques minutes plus tard.

A son retour, récupérant sa boisson, la demoiselle lui parla alors de ce qu'elle avait eu en tête au moment où il lui avait parlé pendant la première partie. « Quand tu parlais des filles qui ne pouvaient pas devenir soldat tout à l'heure, tu ne parlais que celles issues des familles riches ? Parce que, en passant à Tréno, j'ai vu une femme servir de chevalier à la reine elle même. » Il s'agissait de Beate mais, d'après ce que Roy disait, il ne s'agissait peut être pas d'une fille de noble non plus après. Mais ça restait toutefois assez marquant pour qu'elle s'en souvienne.

Et, suite à sa réponse pendant laquelle elle avait goûté au champagne – il s'agissait de la première fois qu'elle y goûtait d'ailleurs et elle apprécia beaucoup le goût – elle lui posa une nouvelle question vu qu'il était lui même chevalier. « Tu en as déjà rencontré des femmes soldats toi ? » Elle était loin de se douter qu'il y avait tout un corps armé de femme, les amazones, à Alexandrie, justement sous les ordres de Beate. Reprenant une gorgée, elle laissa un commentaire passer. « C'est bon, tu nous as pris quoi ? » Il pourrait se rendre compte que c'était la première fois qu'elle avait l'occasion de goûter à du champagne.

Enfin tranquilles et sans témoin gênant, Aerith pouvait parler un peu plus librement sans se soucier de mettre les formes à cause de la noblesse. Elle s'intéressa d'ailleurs à l'âge des frères Brodia avec une petite bourde concernant le cadet. Roy lui retourna la question et réfléchit à cette étrange problème... quel âge avait-elle vraiment?

«Donc, du point de vue du calendrier, tu es née il y a vingt-quatre ans, mais tu n'as vraiment vécu que vingt-deux ans. Je pense que c'est plutôt cet âge là qui te convient, tu ne penses pas?» c'était ce qui allait influencer son corps et son esprit puisque c'était vraiment le temps vécu qui lui semblait important.

Ils se turent alors le temps de la pièce, bien que parfois le jeune homme apportait quelques précisions ou commentaires à certaines scènes. Au moment de l'entracte, il lui proposa de boire ou manger quelque chose, lui déconseillant de descendre pour ne pas se faire harceler par quelques nobles jalouses et envieuses de sa position.
«Je ne sais pas trop.. elles ne vont pas être venimeuses ouvertement, elles posent des questions sournoises qui peuvent paraître innocentes au premier abord. Mais j'ai toujours l'impression qu'il y a un sens caché derrière chaque phrase, un test, une mise à l'épreuve pour chercher une réponse que l'on ne voudrait pas donner. C'est... étrange.» il soupira doucement «après, en toute honnêteté, je ne suis pas un expert en gente féminine, je ne peux te parler que des mes propres expériences qui ont souvent été décevantes jusqu'à présent. Je sentais bien que malgré les compliments et les tentatives pour se rendre intéressantes, il n'y avait aucune volonté de me montrer de l'intérêt à moi, pour celui que je suis... je sentais toujours que les questions tournaient surtout sur mon nom, mon domaine et le rôle que j'allais jouer au sein de ma famille à l'avenir.»il grimaça face à un vieux souvenir «une fois, une jeune femme m'a carrément dit rêver d'avoir une dizaine d'enfants... je n'avais que dix-huit ans à l'époque!» autant dire que ce n'était pas du tout un sujet qui pouvait l'intéresser à ce moment là!

Il se leva et ouvrit la porte pour demander au serveur derrière de leur apporter deux flutes de champagne, puis il revint s'asseoir près d'Aerith pour poursuivre la discussion. Elle revint d'ailleurs sur l'un des sujets de la pièce, à savoir les femmes dans la noblesse, et le fait qu'il soit difficile pour elles d'accéder au rang de chevalier, elle avait pourtant vu une femme en armure près de la reine

«Ah, tu parles de la Générale Beate. Elle n'est pas issue de la noblesse, elle vient d'une famille de classe moyenne à Tréno. Je n'en sais pas beaucoup plus en réalité, elle a toujours été très discrète sur sa vie privée.»on frappa à la porte, il se leva pour récupérer les coupes de champagne et en tendit une à Aerith avant de cogner doucement son verre contre le sien

«Santé, à une soirée agréable!» dit-il en souriant, car mine de rien, c'était vraiment plus sympathique de discuter avec Aerith qui s'intéressait à tout qu'à quelqu'un qui ne chercherait qu'à se rapprocher par intérêt. Il but une gorgée puis se tourna vers la scène, se souvenant un peu des quelques passages de la pièce

«Il y a différentes classes de familles sur Héra, certaines peuvent être devenues riches par le commerce, mais sans pour autant faire partie de la noblesse, bien que souvent, ils cherchent à l'intégrer. Ses familles là ont généralement des règles moins strictes pour leurs enfants... mais les familles qui font vraiment partie de la noblesse sont les plus à cheval sur l'étiquette, les manières, et surtout l'héritage. Les enfants ont rarement leur mot à dire sur les personnes qu'ils fréquentent. J'ai la chance d'avoir des parents compréhensifs qui pensent à notre bonheur, mais ce n'est pas le cas de tout le monde.» il but une nouvelle gorgée et se tourna vers Aerith encore «mes parents, par exemple, se sont mariés par arrangement. Ils ne se sont pas choisis, on ne leur a pas vraiment laissé le choix. Heureusement qu'ils ont fini par s'entendre et s'aimer, sinon Alfred et moi ne serions pas les mêmes aujourd'hui je pense. Même si mon père aimerait vraiment que je choisisse une épouse convenable pour notre famille, je sais qu'il ne m'imposera personne et me laissera faire mon choix au final. Je sais que je le déçois un peu à ne pas être pressé, mais quand on voit le choix qui se porte à moi...»

Il baissa les yeux pour voir certaines femmes qui se tenaient debout dans la salle en contrebas, le Seigneur di Castilllo était sur un autre balcon un peu plus loin, de là où ils étaient, ils ne pouvaient pas le voir, c'est pourquoi Aerith pouvait le chercher en vain. Les dames qui agitaient leurs éventails ne cessaient de lancer des regards vers eux, battant des cils lorsqu'elles le fixaient lui, et fronçant le nez lorsqu'elles se tournaient vers Aerith. C'était exaspérant. Certaines étaient surement promises à d'autres, mais dont la famille n'était pas aussi ancienne que celle de son père.

«Même si cela remonte à loin, ma famille a un lien de parenté avec la royauté d'Alexandrie... enfin plus maintenant puisque la Reine actuelle n'a aucun lien de sang avec l'ancienne Reine, elle a été adoptée étant enfant, mais nous faisons quand même partie d'une des plus anciennes familles nobles d'Alexandrie. Forcément.. cela attire les convoitises.» il soupira encore en buvant une nouvelle gorgée de champagne «et en tant qu'aîné, je n'ai pas vraiment le choix que de m'assurer de la lignée de ma famille... il faudra bien que je marie et que j'ai des héritiers tôt ou tard... enfin j'espère avoir encore un peu de temps devant moi... une dizaine d'années au moins.» pour qu'il ait le temps de voir le monde au moins. On sentait que ce sujet ne lui plaisait pas beaucoup

«Alfred, en tant que cadet, a un peu moins de pression. Sauf si je meurs évidemment.» mais ne parlons pas de malheur.

Le second acte allait commencer, des ouvreuses passaient dans les rangs, en bas, pour signaler à chacun de retourner à sa place. Les lumières se tamisaient à nouveau, la pièce reprenait alors que la jeune fille préparait ses affaires pour quitter en douce le domicile familial, risquant de créer le déshonneur de sa famille pour pouvoir poursuivre son rêve.

Selon lui, elle aurait donc vingt deux ans. Mais même si elle était parfaitement d'accord sur ce qu'il disait, Aerith restait focalisée sur l'année de naissance qui lui attribuerait un âge différent finalement. Est-ce qu'il y avait des années sur Héra ? Et si c'était le cas, était-ce les mêmes que sur Gaïa ? Elle ne pensait pas non... Mais personne n'avait parlé d'une année quelconque n'importe où elle était passée. Il n'y avait vraiment que sur Gaïa qu'elle en avait déjà entendu parler...

Sur le sujet des pimbêches qui tenteraient de se mettre Roy dans la poche – ou ailleurs – il disait que ce n'était pas réellement visible de prime abord mais qu'elles chercheraient à prouver leur supériorité en mettant Aerith en difficulté sur telle ou telle question pour passer plus apte à y répondre qu'elle en fin de compte. Même lui, il en avait déjà fait les frais et s'était retrouvé dans une situation ou, à dix huit ans, une femme lui avait suggéré de lui faire une dizaine d'enfants. « Rien que ça ! Déjà un ou deux, ça doit être du travail alors dix ! Surtout qu'à cet âge, tu devais surtout avoir envie de travailler ta carrière militaire plutôt que l'avenir de la famille. » C'était sans le connaître beaucoup qu'elle disait ça mais elle avait pu définir qu'à cet âge, le chevalier devait surtout se focaliser sur ses envies que sur ses obligations.

Concernant Beate, elle n'était pas une noble et donc il n'y avait pas beaucoup d'informations sur elle si ce n'était qu'elle venait de Treno justement. Mais c'était en soi une justification sur le pourquoi elle avait pu devenir chevalier.

Après l'arrivée du champagne, il partit sur une explication des différentes classes de nobles : il y avait ceux qui baignait depuis toujours dedans et ceux qui le devenaient par un accroissement de leur patrimoine entre autre. Ceux qui baignaient dedans avaient des traditions qui les poussaient à agir de telle ou telle manière, comme la famille de Roy. Mais ceux qui le devenait étaient bien souvent moins stricts et pas aussi penché sur la manière d'être ou d'agir. Maintenant qu'elle y pensait, Aerith se disait que Cornéo venait peut être de ces derniers puisqu'il devait être né dans les taudis de Midgar ; une fois devenu riche, il serait devenu une espèce de parrain quoi...

Dans les familles comme celles des Brodia, il était de tradition que le mariage soit avantageux pour les deux parties si bien qu'il était très souvent arrangé. Il fallait donc aux futurs époux apprendre à se connaître après le mariage et donc à s'aimer comme ils le pourraient afin d'octroyer une descendance et une continuité à la famille. Mais il avait beau respecter ses parents pour tout ce qu'ils faisaient et pour ce qu'ils étaient plus généralement, il ne pouvait pas entreprendre un mariage sans amour au préalable et Aerith ne pouvait que le suivre sur ce point de vue. « Ça doit être horrible... S'obliger à aimer une personne pour lui faire des enfants... » Puisque c'était le but du mariage en premier lieu...

Si elle avait lapé deux petites gorgées du champagne, elle était trop dans la réflexion pour y penser par la suite. Les mots de Roy lui permettaient d'en savoir beaucoup plus sur la situation des riches dans ce monde et, bien que leur statut était très attrayant, elle se rendait bien compte qu'elle préférait vivre en pauvre mais avec une liberté bien plus accrue que ce que Roy ne pourrait jamais espérer avoir.

Même si elle regardait souvent par dessus le balcon pour voir en bas, elle ne relevait pas trop l'expression des autres personnes. Mais quand elle vit une noble lui décerner une expression de dégoût, elle eut un sourire et lui fit un geste de la main en retour. Répondre à la méchanceté par de l'amour, rien de mieux pour frustrer une personne et rester soi-même.

Continuant son explication sur sa famille, le soldat parla de ses ancêtres et d'un lien étroit de parenté avec la famille royale – même si ce n'était plus le cas maintenant que la reine, adoptée par l'ancienne régente, était sur le trône. Il se sentait donc obligé de se marier et d'avoir des enfants mais la cetra notait facilement que ce n'était pas ce à quoi il aspirait. Et c'était aussi pourquoi Alfred, sur ce sujet, avait un peu moins de pression que lui sauf s'il venait à disparaître d'une tierce manière... « Avec toute la pression qu'il se met déjà, il a pas besoin de ça. » Fit-elle tout de suite pour répondre. Mais elle reprit assez rapidement tandis que la scène allait repartir.
« Mais j'espère bien que tu auras le temps de vivre et faire tout ce que tu as à faire avant de devoir t'installer et fonder une famille sans quoi tes rêves seront plus difficile à réaliser. » Même s'il ne lui en avait pas parlé, même s'il recherchait surtout des réponses à l'heure actuelle.

Ayant oublié sa coupe de champagne même si elle la gardait dans ses mains, Aerith se remit à suivre l'histoire de cette pauvre jeune femme destinée à justement fonder une famille au lieu de pouvoir vivre ses rêves et devenir le soldat qu'elle voulait être. Oui, si Roy avait été une femme, il aurait très bien pu se retrouver dans l'exacte situation de cette personne. Comme quoi la pièce de théâtre avait finalement été plutôt bien choisie pour parler d'un tel sujet ! Ce qui était sûr, c'était que la demoiselle était bien absorbée par ce qu'il se passait ce qui pourrait permettre de noter une nouvelle différence avec n'importe quelle autre femme de riche puisqu'elle ne tentait rien pour se rapprocher de Roy et ne saisissait pas la première occasion de lui parler non plus. Elle était réellement intéressée par ce qu'elle voyait.

Aerith avait vu juste, à dix-huit ans, Roy ne pensait pas à ce genre de choses... «en vrai, je n'y pense pas davantage maintenant. Du moins sur le nombre... je suppose qu'un seul enfant me semblerait suffisant mais il est possible que si j'ai une fille, mon père m'embêtera un peu pour essayer d'avoir un garçon.» mais ce n'était qu'une supposition. Morion avait eu deux garçons, comment aurait-il réagi si Roy avait été une fille à la base? Il ne s'était jamais posé la question.

Ils continuèrent de discuter tranquillement avant la reprise de la pièce, il est vrai que le jeune homme n'était pas pressé à l'idée de fonder une famille, il s'était gardé en tête qu'au plus tard, il y serait obligé vers quarante ans. Il ne fallait pas oublier que l'horloge biologique concernant surtout les femmes, même à quarante ans, il pourrait se trouver une épouse un peu plus jeune pour fonder une famille sans que l'écart ne soit trop violent non plus... enfin, il préférait ne pas y penser. Et au fond, il ne voulait pas non plus imposer cela à Alfred.

La pièce reprit, d'abord par une scène de fugue où la jeune héroïne allait quitter son domicile pour rejoindre l'armée. Puis le soldat qu'elle avait rencontré décida de lutter pour monter en grade afin de se montrer digne de sa famille, et une scène avec le jeune frère de l'héroïne le montra en train de se trouver une épouse convenable afin de lever le fardeau sur les épaules de son aînée.

Le bouquet final fut donc avec le mariage du plus jeune frère, l'héroïne était présente avec le soldat qui était devenu Commandant et celui-ci fit donc sa demande au père de famille qui finit par céder. Tout était bien qui finissait bien, l'honneur de la famille était sauf, la fille aînée épousait un homme tout de même important, même sans être noble, et le jeune frère assurait la survie de la famille au sein de la noblesse. Roy se leva pour applaudir, bien qu'il affichait une mine un peu tristounette
«Hum.. je ne suis pas sûr, en toute honnêteté, selon la famille, que cela se serait passé ainsi, mais c'est une fin sympathique.» les gens commençaient doucement à sortir, Roy attrapa les manteaux en se tournant vers Aerith

«Est-ce que cela t'a plu?» il l'aida à mettre son manteau, mais attendit un peu avant de lui mettre l'écharpe car avec le monde présent, elle aurait chaud encore dans le théâtre, il enfila ensuite le sien puis s'approcha de la porte en prenant une profonde inspiration

«Bon... nous n'aurons malheureusement pas le choix que de traverser le hall, j'espère que tu es prête pour la fosse aux lions.. enfin aux lionnes plutôt.»il lui tendit le bras d'un air un peu gêné, elle allait probablement être interceptée par quelques nobles prétendantes...

Ils se retrouvèrent dans le premier couloir de l'étage, il n'y avait pas encore grand monde ici, cela allait se compliquer une fois en bas. Il la serra un peu plus contre lui, ayant peur que quelqu'un l'agrippe pour la harceler ou autre, puis il lui murmura doucement
«Si cela te semble plus simple de dire que nous sommes fiancés, ne te gêne pas. Je pourrai rattraper le coup plus tard lorsque je reviendrai à Alexandrie. Sinon, nous pouvons rester sur l'histoire de l'amie de la famille. Tu n'as aucun mensonge à préparer, tu peux dire venir de Gaïa par exemple... à toi de voir.» un léger brouhaha commençait à s'élever au fur et à mesure qu'ils approchaient du grand escalier menant vers la sortie. Allez, courage, avec un peu de chance, ils allaient réussir à traverser sans se faire attraper!

Spoiler:

La flute de champagne étant davantage encombrante qu'autre chose dans les mains de la demoiselle, elle la délaissa sur une petite table non loin des fauteuils et l'y oublia pour mieux pouvoir suivre le deuxième acte. Même si elle se doutait que le tout était joué pour rendre la pièce de théâtre plus appréciable, la situation resterait compliquée à gérée et elle était persuadée qu'elle n'avait pas toutes les cartes en main pour parfaitement comprendre ce que ça pourrait représenter pour la famille que la conclusion soit telle que celle ci. Mais ça semblait si proche d'un film qu'elle ne pouvait que se dire que c'était fait pour plaire à la majorité même si Roy mentionna bien que ça ne se serait sans doute pas passé comme ça selon lui.

« Peut être mais rien ne vaut une fin heureuse pour tout le monde. Je suis contente qu'elle ait pu vivre ses rêves au moins. »
C'était le principal pour elle même si ça n'aurait pas du pouvoir se passer comme ça normalement. Il serait temps de partir désormais et c'était pourquoi le chevalier aida Aerith à enfiler son manteau tout en lui demandant finalement si ça lui avait plu. Elle avait déjà pu donner des éléments de réponses mais justifia ce qu'elle avait dit en étant bien plus directe. « Oui, si l'héroïne n'aurait pas pu trouver le bonheur, ça aurait été une fin un peu plus amère je trouve. »

Ils purent ensuite aller vers la porte et la cetra prit une dernière bonne bouffée d'air, bien consciente qu'il faudrait passer par la fosse aux lions avant de pouvoir retrouver la liberté de l'extérieur... « On va faire ce qu'on peut. » Fit-elle en s'emparant du bras qu'il lui tendait. C'était mine de rien rassurant de le sentir si proche : c'était en même temps la seule figure qu'elle connaissait du coin et même si elle ce n'était que depuis peu, la confiance avait été bien vite gagnée et elle le voyait un peu comme un pillier dans ce monde qu'elle ne connaissait pas.

La première étape, plutôt calme, ne laissait que présager ce qui pourrait se passer avec le tumulte déjà audible un peu plus loin. Etait-ce elle qui s'était davantage appuyé sur son bras ou lui qui l'avait resserré davantage contre lui ? Elle ne le savait pas mais elle se sentait plus en sécurité comme ça et n'allait pas tenter de s'échapper, bien au contraire. Avec une telle proximité, elle put l'entendre dire dans un souffle discret que si elle trouvait plus simple de dire qu'ils étaient fiancés, elle le pourrait parfaitement. Ou alors, si elle le préférait, plutôt que de préparer un tel mensonge, simplement dire la vérité serait aussi une possibilité en restant sur le fait qu'elle était l'amie de la famille.

Aussi étrange que ça puisse paraître, elle qui était habituellement dégourdie et plutôt vive, elle se sentait assez intimidée à l'heure actuelle. Peut être était-ce parce qu'elle était consciente être accrochée au bras d'une personne qui pourrait se faire arracher de toutes parts à cause des demoiselles dont elle devrait repousser les assauts... Elle se faisait peut être des films, elle s'imaginait peut être des choses mais, en arrivant juste à la limite de la fosse en question, elle put remarquer Castillo au loin et se souvint du vague échange qu'ils avaient eu avec lui. Dire qu'elle était l'amie de la famille serait une incitation à d'autres questions là où elle clouerait sur place quiconque voudrait prendre sa place en mentionnant être promise à Roy. Il semblait évident que ça serait bien plus simple pour elle de dire être sa fiancée en fin de compte.

Allez, peut être que ça se passerait bien et qu'ils pourraient arriver à la sortie sans se faire interrompre... Le plus délicat était de tenter d'être normal alors que la demoiselle avait l'impression que tous les regards étaient orientés sur elle : ce n'était certes qu'une impression mais l'appréhension devait y jouer pour quelque chose...

« Bonsoir sire de Brodia. Bonsoir mademoiselle. » Le cœur d'Aerith manqua un battement lorsqu'elle se rendit compte que la première lionne venait de surgir de nulle part. « Bon... Bonsoir. » Répondit-elle en s'enfonçant un peu plus dans le bras de Roy. « Comment avez vous trouvez la scène ? »

Un peu confuse d'être aussi directement interrogée, la cetra tenta de se contrôler et de retrouver son caractère naturellement direct mais c'était bien plus délicat qu'elle ne le semblait et sa gêne semblait être remarquée. « J'ai beaucoup aimé. C'est le genre d'histoire que j'aime... » Elle n'eut pas le temps d'argumenter qu'une nouvelle ruée la bouscula – plus mentalement que physiquement heureusement. « J'ai entendu dire que vous étiez fiancé sinon. Félicitations ! Ca fait longtemps ? »

Il ne fallait pas être né de la première pluie pour savoir que le seigneur di Castillo avait du parler à cette personne depuis qu'ils l'avaient croisé... Et c'était là où la simplicité pourrait prévaloir sur le reste même si elle l'aurait bien remise sur le sol vivement en lui disant que oui, elle avait la chance d'avoir eu l'amour de Roy et pas elle ! Même si elle ne le pensait pas juste pour pouvoir rabrouer cette pimbêche. « Oui, depuis peu. Mais veuillez nous excuser, le cocher nous attend pour rentrer. »

Sans attendre davantage, elle tira sur le bras de Roy pour pouvoir passer outre cette fille et tenter d'aller vers la sortie au plus vite. Il y avait bien d'autres personnes qui auraient souhaité leur parler, elle voyait telle ou telle personne tenter de s'approcher d'eux, elle pouvait voir cette fille qui faisait un signe de main vers elle ou encore même des hommes qui devaient reconnaître Roy qui souhaiterait lui parler mais elle ne s'arrêta qu'une fois qu'elle fut dehors.

Etait-ce le fait qu'elle avait les joues si rouges et chaudes qui lui donnait l'impression qu'il faisait si froid dehors ou simplement le fait que c'était l'hiver et qu'il faisait naturellement froid à cette heure là ? Elle ne le savait pas mais elle ne décrocha pas de Roy, visiblement plus anxieuse qu'elle ne le pensait elle même. C'était la première fois qu'elle vivait de telles choses et ignorait simplement comment les remballer sans nuire à ce jeune homme si respectable. Mais, pour sûr, si elle n'aurait pas eu peur de nuire à la réputation de la famille de Roy, elle aurait joué la carte de la fiancée à cent pourcent pour la rabaisser même si là, elle était certaine que ça aurait sans doute davantage mis à mal Roy qu'autre chose.

Elle lui aurait bien demandé de visiter maintenant quitte à se rafraîchir un peu mais comme ils viendraient chercher leurs billets le lendemain, elle en aurait l'occasion à ce moment là et il serait préférable de faire cette visite de jour. Elle suivrait donc son guide même si elle ignorait totalement s'ils rentreraient à pieds ou si leur voiture reviendrait les chercher à l'endroit où ils avaient été déposés. Ce n'était que pour fuir le plus vite possible qu'elle avait finalement utilisé cette excuse de l'attente de la calèche pour rentrer. Mais en avait-elle vraiment l'envie désormais ?

Maintenant au calme, ou du moins plus dans cette atmosphère pesante, elle se décompressa un peu et relâcha un peu son étreinte avant de rendre le bras de Roy tout bleu. « Qu'est-ce que c'est oppressant. J'imaginais pas que ça serait autant à ce point là ! » Mais attention, elle n'était pas encore très loin de l'entrée et pourrait encore se faire rattraper par les plus tenaces...

Ajustant son manteau pour ne pas prendre froid une fois dehors, Roy gardait Aerith contre lui. Après tout, c'était sa faute à lui si elle se retrouvait ainsi dans l'embarras, c'était à lui de l'aider du mieux qu'il pouvait. Il se prépara plusieurs scénarios dans sa tête, selon ce qu'elle préférerait dire ou faire... amie de la famille, fiancée, il lui fallait trouver des réponses rapidement pour chaque question que l'on viendrait lui poser.

Tentant de la rassurer du mieux qu'il pouvait, il tenait à lui assurer que quoi qu'elle dise, il s'en sortirait. Il ignorait à quel point elle pouvait se torturer l'esprit à l'idée de lui causer du tort, lui ne se souciait pas trop de ça, sa famille était trop importante pour qu'une bourde, quelle qu'elle soit, ne vienne l'entacher si facilement.

Une fois dans le hall, il la serra un peu plus contre lui, pour s'assurer qu'un mouvement de foule ne l'éloigne pas, ou simplement pour la rassurer un peu. Une première dame, après avoir parlé avec ses "amies", s'approcha, un éventail à la main. Le jeune homme sourit doucement à Aerith avant qu'elle ne soit à portée, celle-ci n'était pas trop mauvaise normalement.
«Bonsoir Dame Vineras... je vous présente Aerith Gainsborough» dit-il poliment. Elle hocha de la tête, bien qu'elle sembla tiquer un peu sur son nom peu commun. La jeune femme tenta une timide réponse avant de se faire emporter par la conversation sur la pièce. Elle n'était clairement pas à l'aise et finit par jouer la carte de la fiancée. Roy hocha donc de la tête pour approuver «Aerith n'est pas encore habituée à la vie à Alexandrie. Veuillez nous excuser.»
«Je comprends. J'espère que nous aurons l'occasion de la revoir à l'un de nos thés?»
«Peut-être... mais pas tout de suite, nous avons beaucoup à faire.»
«Oui, évidemment...» elle semblait avoir avalé une couleuvre, même si elle tentait faire bonne figure, l'idée de voir un beau parti lui filer sous le nez ne lui plaisait clairement pas. Le couple improvisé se dirigeait donc vers la porte et Roy pressa un peu son bras contre la jeune femme pour la rassurer

«Tout va bien.. tu t'en sors très bien.»dit-il dans un murmure à peine audible.

Ils se retrouvaient enfin dehors, le froid fut assez mordant par rapport à la chaleur à l'intérieur du théâtre, il fallait trouver la bonne calèche parmi toutes celles qui étaient garées devant, le jeune homme finit par repérer le blason familial à l'arrière de l'une d'elles et commença à se diriger par là. Il sourit devant la réflexion de la demoiselle après cette petite escapade
«Tu as eu de la chance, Daphné est relativement sympathique. Elle doit être déçue car elle fait partie des rares avec qui je m'entends plutôt bien et qui n'a pas été totalement rayée de la liste des prétendantes.» certes, il n'éprouve aucun sentiment pour elle, mais si son père avait finit par lui imposer de faire son choix, elle aurait été dans la liste.

Il y eut une odeur de tabac, puis une petite lueur rouge sortit de nulle part. Un homme, peut être un peu plus jeune que Roy sortit de l'ombre d'une des calèches, une pipe à la bouche, la main dans l'autre poche.
«Mais qui vois-je? Sire Di Brodia en personne?» Roy s'arrêta puis sourit
«Louis... est-ce un nouveau jeu que de surgir ainsi de l'ombre pour effrayer les passants?» l'homme était d'imposante carrure, un peu plus musclé que Roy, des cheveux noirs arrivaient tout juste à ses épaules, ses yeux plissés donnaient l'impression d'être fermés, mais il avait une mine bienveillante
«Comme si quelqu'un pouvait t'effrayer.» puis il vit Aerith et gloussa un peu «pardon.. vous effrayer, Sire.»
«Tu peux me tutoyer devant Aerith, elle ne vient pas de Héra et n'est donc pas très à cheval sur ces protocoles»
«Quelle chance!» il tira une bouffée sur sa pipe mais cracha la fumée dans le sens du vent pour ne pas qu'elle aille sur eux. Il sortit sa main de sa poche et s'inclina en prenant la main libre d'Aerith afin d'y déposer un faux baiser - ses lèvres ne touchèrent pas sa peau «Dame Aerith, je suis Louis de Vaudeville, c'est un honneur de vous rencontrer. Je suis un... ami de Roy?»
«Louis est officier dans l'armée d'Alexandrie, il gère un bataillon spécialisé dans la défense de la ville depuis un an environs... on le surnomme le rempart impénétrable!»
«Trop d'honneur venant du Lion Flamboyant»
«Ne m'appelle pas comme ça.» Aerith avait du sentir le bras de son cavalier, se crisper. Il serra un peu les dents d'ailleurs et un léger silence s'installa, comme un malaise. Louis prit une nouvelle bouffée de sa pipe avant de reprendre
«Il faudrait que vous veniez déjeuner un de ces jours avec ta fiancée? Ce serait l'occasion de faire connaissance?»
«Ce ne sera pas possible, je le crains. Nous partons bientôt pour rejoindre Gaïa afin que je puisse demander sa main, en bonne et due forme à ses parents.»
«Oh, je vois. Gaïa hein? Ton père n'est pas trop déçu que tu épouses une étrangère?» le jeune homme sourit et se tourna vers Aerith pour la regarder avant de reprendre
«Honnêtement, la première fois qu'il l'a vue, mon père m'a presque imposé de l'épouser.» ce qui n'était pas vraiment un mensonge en soit! Louis se mit à rire de bonne voix
«Ah ah! ça ne m'étonne pas de lui. En tout cas, tu as de la chance d'avoir pu trouver ton bonheur... moi, j'ai au moins trois rendez-vous arrangés dans la semaine pour rencontrer des promises potentielles... ma mère ne me lâche pas d'une semelle.»
«Nous, nous allons rentrer. Nous devons préparer notre voyage demain et il se fait tard. J'espère te revoir à mon retour, tu auras peut être des enfants d'ici là?»
«Ah oui, tu pars pour un moment donc! Et bien... si tu te maries sur Héra, j'espère être convié?»
«Évidemment, mais cela n'a pas encore été décidé, cela dépendra aussi de la famille d'Aerith.»
«Je comprends... et bien, je vous souhaite une bonne soirée.» il s'inclina et Roy entraîna Aerith jusqu'à la calèche, il l'aida à monter et tapa sur la paroi pour faire signer au cocher de partir.

Il poussa un léger soupir de soulagement, finalement, tout s'était plutôt bien goupillé

«Bon, nous pouvons respirer maintenant! Comment te sens-tu?» finalement, elle avait eu de la chance et n'était pas tombé sur les pestes qui auraient pu croiser leur route.

Spoiler:

A le voir agir, c'était à se demander si Roy ne connaissait pas tout le monde ici. Visiblement, il connaissait cette dame avec qui il avait déjà pu prendre le thé. Elle espérait d'ailleurs pouvoir discuter plus longuement avec lui lors d'une de leurs sessions même si le chevalier refusa poliment l'offre, ayant trop de choses à faire pour le moment. Ils purent donc s'éloigner et il lui murmura qu'elle se débrouillait très bien. Mais restait qu'elle se sentait assez mal d'avoir préféré joué sur le mensonge plutôt que sur l'honnêteté.

Mais quelque part, elle avait de la chance parce que cette femme était assez sympathique : il s'agissait d'une de ses nombreuses prétendantes si bien qu'elle devait être déçue de savoir que Roy venait de lui passer sous le nez. De quoi faire se sentir plus mal la demoiselle... Quoi que... Elle se demanda si ce n'était pas pour arranger le jeune homme finalement vu qu'il ne voulait pas penser au mariage tout de suite. Elle eut un léger sourire pour lui répondre du coup. « Désolée. Je crois que je viens de la virer de cette liste. »

Désolée ou pas ? Non, en vrai elle était tout de même un peu désolée même si elle espérait que ça passe pour une boutade plutôt que pour de vraies excuses. Par la suite, elle comprenait qu'ils n'iraient pas visiter la ville ou ne serait-ce que marcher un peu puisqu'il y avait un rassemblement de véhicules chargé de récupérer les personnes qui sortaient du théâtre : il faudrait maintenant trouver la bonne mais, avant ça, il y aurait encore une altercation avec une personne. Il s'agissait cette fois d'un homme et Aerith fut rassurée de se rendre compte que ça ne serait pas à elle qu'on viendrait parler.

De carrure plutôt forte, plus grand que Roy aussi – déjà qu'elle le trouvait grand à côté d'elle – cet homme aurait largement eu sa place dans un bataillon... En fait, s'il n'était pas si bien habillé, Aerith se disait qu'il aurait été mieux placé en tant que vigile pour assurer la sécurité dans le théâtre. Il s'appelait Louis et connaissait très bien Roy ; pour cause, ils étaient amis et avaient l'habitude de se tutoyer même si, au vu de l'endroit mais surtout de la présence d'Aerith, Louis se rattrapa pour mettre les marques de respects dans sa phrase mais fut vite rassuré par Roy qui en profita pour présenter la demoiselle.

« Enchantée de vous rencontrer. » Fit-elle sur un ton plus détaché que lors de l'altercation précédente une fois qu'il se fut présenter lui même. Elle le trouvait sympathique déjà et se sentait plus à l'aise avec lui qu'avec la femme d'avant. Ajoutant des détails qui confirma à la cetra qu'il était lui aussi un soldat à la défense de la ville. Ils se respectaient beaucoup et leur manière de se parler le prouvait à elle seule même si la manière de nommer Roy sembla le gêner... Le lion flamboyant ? Il s'était crispé à entendre ce titre qu'il devait avoir eu dans son passé. La curiosité poussait Aerith à lui demander davantage d'informations mais elle se demandait si ce n'était pas lié à cette attaque du Bahamut également... De toutes façons, ce n'était pas le moment de parler d'une telle chose.

La conversation s'orienta sur le sujet délicat lorsqu'il l'appela lui aussi la fiancée. Tout le monde était déjà au courant ?! Les choses allaient si vites et risquaient de prendre tant d'ampleur, ça en devenait gênant à ce stade... Et Roy en ajouta une couche pour dire qu'il allait sur Gaïa pour demander la main d'Aerith en bonne et due forme à ses parents. Elle eut un moment de pause dans cette gêne en s'imaginant la réaction de sa mère : sans doute préparerait-elle des tests pour voir si Roy était quelqu'un de fiable et de raisonnable.

Enfin, si c'était le père du chevalier qui tentait le tout pour le tout à la première occasion, Louis avait visiblement sa mère à dos pour la même chose et il avait déjà trois rencontres de prévues au cours de cette seule semaine. Outch, Aerith le plaignait déjà le pauvre : il avait l'air d'être du même genre que Roy pour ça : préférant rester libre pour pouvoir suivre sa propre route. En tout cas, il serait temps de rentrer et les au revoir se firent assez rapidement. « Bon courage pour vos rencontres. » Qu'elle lui dit sans détour au moment de partir en compatissant à ce qu'il vivait. « Bonne soirée à vous également. »

Mais même s'il était sympathique, elle se sentait mal d'avoir laissé Roy lui mentir sur leurs situations. Et ça ne passera pas inaperçu longtemps non plus parce qu'une fois dans la calèche, elle restait assez silencieuse et ce même après le départ... Jusqu'à ce qu'il ne lui demande si ça allait alors qu'ils pouvaient à nouveau respirer. « Pas trop bien. Je me sens mal d'avoir laissé courir le bruit qu'on puisse être ensemble après coup. » Avec Castillo, c'était sûr que tout le monde allait rapidement être au courant qu'elle était une fiancée et non pas une amie de la famille mais elle aurait pu le démentir en personne plutôt que de confirmer ce que cet oiseau avait pu dire à tout le monde.

« C'est fait maintenant, on n'y peut plus rien. Mais mentir à ton ami m'a fait réfléchir et je me demande si ça n'aurait pas été mieux de jouer sur la vérité plutôt que sur autre chose. Ca nous aurait demandé de nous expliquer et ça aurait été plus compliqué... » Preuve étant qu'elle y avait mine de rien beaucoup réfléchi avant de partir sur le mensonge elle même mais on ne la changerait pas : Aerith était une personne honnête et un simple mensonge la mettait mal sitôt qu'elle se rendait compte du tort que ça pourrait causer. C'était à la limite si elle ne se demandait pas désormais de vraiment suivre ce mensonge pour éviter d'autres problèmes mais ce n'était pas comme si elle se sentait prête à une telle chose non plus. La meilleure solution, outre en parler, serait de laisser le temps couler pour qu'elle l'oublie peu à peu sûrement. Dans peu de temps, elle serait en route vers chez elle de toutes façons mais comme elle avait déjà dans l'idée de faire visiter son monde à Roy, forcément qu'un tel mensonge prenait de la place dans sa tête.

En soit, la soirée s'était bien passée, bien que Roy comprenait que mentir avait du être difficile pour la jeune femme. Elle semblait déboussolée et inquiète à l'idée d'avoir menti et des conséquences que cela pourrait avoir. Le jeune homme tenta de la rassurer comme il pouvait, maintenant qu'ils étaient dans la calèche pour rentrer chez lui, c'était plus facile.

«C'est le prix à payer quand on fait partie de la noblesse. En soit, je n'aime pas mentir non plus, je préfère plutôt les vérités dissimulées. En soit, je n'ai pas menti sur le fait que mon père avait rapidement souhaité que je t'épouse!» il sourit pour essayer de la décontracter un peu. Malgré tout, elle gardait une réserve vis à vis de Louis, elle aurait préféré lui dire la vérité surement.

«Je lui dirai la vérité, ne t'en fais pas pour ça. À mon retour à Alexandrie d'ici quelques temps, je pourrai simplement dire que ta famille n'a pas consenti à notre mariage, ou que tu m'as brisé le cœur. Je suis sur que ces dames seront ravies à l'idée de me consoler...» il tapota doucement la main de la jeune femme dans un geste qui se voulait réconfortant «mais à Louis, je lui dirai surement que c'était simplement pour éviter les questions gênantes. Il sait ce que c'est, lui-même a tenté une fois de dire qu'il avait une fiancée pour que sa mère le laisse tranquille, mais elle a trop insisté pour la rencontrer et n'a pas réussi à maintenir son mensonge bien longtemps. À l'époque, il n'y avait pas les autres mondes, je pense qu'il va surement tenter cette carte aussi... nous lui avons peut-être fourni une aide à ses propres problèmes qui sait?» une fois de plus, c'était surtout pour la réconforter car il n'avait pas la moindre idée de ce que Louis ferait de cette information. Mais lui-même se disait que s'il revenait à Alexandrie un peu trop vite, ce serait une bonne idée de jouer la carte de la fiancée sur un autre monde pendant quelques temps.

Ils arrivaient enfin au manoir et le jeune homme attendit que la calèche soit totalement arrêtée pour descendre
«Ne t'en fais pas... rien de ce que tu as pu dire ce soir ne causera le moindre problème, et tu ne devrais normalement pas revoir qui que ce soit demain quand nous irons en ville. Les nobles seront tous chez eux à organiser quelques thés ou autres goûters mondains.» le lendemain, elle rencontrerait plus des gens du peuple et elle n'aura donc pas à mentir. Ils sont moins friands de ragots et se fichent un peu plus de ce genre d'histoires.

Claudia avait vu la calèche arriver et attendait, l'air inquiet, leur entrée. Lorsqu'elle vit Aerith, elle se précipita avec une pointe d'anxiété dans la voix
«Oh mon dieu, Dame Aerith... je suis tellement désolée! Je ne vous ai pas fourni une... oh?» elle remarqua l'écharpe autour du cou de la jeune femme et Roy sourit doucement
«Ne vous en faites pas, Claudia. Nous avons trouvé un petit commerce pour lui en acheter une...»
«Maître.. je suis vraiment...»
«Il suffit, il n'y a rien de grave. Il se fait tard, vous pouvez raccompagner Aerith à sa chambre.»
«Oui, Maître...» puis il se tourna vers la jeune femme, et comme l'avait fait Louis un peu plus tôt, il prit sa main pour déposer un faux baiser sans toucher sa peau
«Ce fut un honneur que de vous avoir eu en ma compagnie ce soir. je vous souhaite une bonne nuit.» et oui, le vouvoiement était de nouveau de rigueur. Un serviteur s'approcha pour récupérer son manteau et il la laissa donc pour rejoindre sa chambre.

Claudia débarrassa aussi la jeune femme de son manteau et de l'écharpe avant de lui sourire avec timidité
«Tout s'est bien passé? Vous avez passé une bonne soirée?» elle la raccompagna à la chambre, ne voulant pas se montrer trop curieuse non plus, mais on sentait qu'elle aurait bien aimé savoir si quelque chose se passait entre Roy et elle
«J'espère que vous n'avez pas été trop embêtée par les prétendantes du jeune maître... c'est qu'il est l'un des partis les plus prisés d'Alexandrie, vous savez?» oui, elle le savait bien! Elle l'aida à se déshabiller et à prendre une robe de nuit, défaire ses cheveux avant de la laisser dormir tranquillement.

«Ma Dame a demandé si vous aviez besoin qu'elle vous donne quelques affaires pour votre voyage de retour sur Gaïa? Maître Roy lui a dit qu'il ne fallait surtout pas prendre trop de choses afin de ne pas être encombrés, mais elle préfère s'assurer que vous n'aurez besoin de rien...» laissant Aerith lui répondre, elle lui souhaita ensuite une bonne nuit et alla faire son dernier petit tour du manoir pour vérifier que personne n'avait besoin de rien avant d'aller se coucher à son tour. Un autre majordome patrouillerait pendant la nuit si quelqu'un venait à avoir besoin de quoi que ce soit.

» Roy di Brodia» Roy Di Brodia» Roy di Brodia