Escale à Bévelle

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Elepir gagne 200 gils.
Achats: Gemme Bleue x01 > 500 gils
Topaze (Force 1) x02 > 1000 gils
Émeraude (Force 1) x01 > 500 gils

Tenshi gagne 200 gils. Monte au niveau 10.
Achats: Saphir  x01 > 300 gils
Topaze (Force 1) x01 > 500 gils
Péridot (Force 1) x01 > 500 gils
Béryl    (Force 1) x01 > 500 gils

Aaron, Balthus - Ignatz et Mokona - viennent de la Forêt de Macalania
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Tomber sur une chimaira dans la forêt de Macalania, c'était pas de bol. Ces monstres sont tellement gros qu'en général, t'as le temps de te planquer avant qu'il ne te tombe dessus, mais là, il avait fallu qu'une d'entre elles décide de se faire discrète pour les prendre en embuscade.

Heureusement, Mokona avait eu la brillante idée d'utiliser un pouvoir particulier qui leur avait valu de ne pas se prendre trop de dégâts, malgré les conditions qui n'étaient pas à leur avantage. Entre les jets d'eau et les attaques de foudre lancées par la bête, ils auraient pu se faire dézinguer en quelques minutes.

Ignatz s'était mis à l'abri pour ne pas être un fardeau, ses coups étaient trop faibles et il risquait de se faire tuer à chaque attaque, du coup il était monté dans un arbre et s'inquiétait maintenant de Mokona, on n'utilise pas un tel pouvoir sans que ce ne soit fatiguant ou autre. Mais visiblement, la peluche allait très bien
«Tu as été formidable Mokona! Quand je finirai ton portrait, j'ajouterai cette aura rouge venant de ta pierre!» on sentait un élan d'inspiration de sa part, ce qui fit sourire Balthus qui avait arrêté de danser comme un idiot.

Il s'était contenté de ramasser les sous, comme d'habitude, puis ils se remirent en route pour rejoindre Bevelle
«Allez, on se dépêche de prendre ce petit chemin de cristal et on file.» le trajet fut ainsi plus rapide et ils arrivèrent devant l'entrée de la ville. Mais avant de s'approcher, Balthus rappela la situation de la ville
«N'oubliez pas que la ville est encore en état d'alerte suite à l'attaque de l'année dernière... nous sommes là pour Aaron qui est en pèlerinage, et pour Ignatz récemment revenu à la vie pour être recensé...» il regarda surtout le jeune mage, sachant que sa foi était quelque peu malmenée ces derniers temps et qu'il voulait surtout avoir des réponses via la Néo ShinRa et les temples. Il valait mieux qu'il fasse attention à ce qu'il pourrait dire.

Comme à son habitude, le colosse s'approcha et fit le salut de Yevon devant les gardes, malgré sa taille imposante, il se montrait calme et humble - rare chez lui!
«Salutations... je suis Balthus, fils de l'invokeur Albrecht, j'escorte le jeune prêtre de Macalania Aaron dans un pèlerinage dans le but de constater les différents Temples de Spira... sur notre route, nous avons rencontré le jeune Ignatz, qui sortait de l'Au-Delà» il ponctuait ses phrases de gestes, montrant d'abord Aaron, puis le jeune garçon qui fit également le salut de Yevon «Maître Seymour, à Guadosalam, nous a suggéré de venir faire recenser le jeune Ignatz vis à vis de son récent retour à la vie... pourriez-vous nous laisser passer s'il vous plaît?»

Les gardes les observèrent l'un après l'autre, l'un avait un support avec plusieurs listes, il semblait les consulter l'une après l'autre
«Aaron de Macalania, oui, il est inscrit... Balthus... vous étiez le gardien de Sire Albrecht, n'est-ce pas?»
«En effet...»
«Ignatz... d'où venez-vous?» le garçon vira au rouge vif et s'avança d'un pas maladroit
«Je... je viens de Kilika... je suis le jeune frère de Raphaël, joueur de blitzball dans l'équipe de Bevelle, peut-être que...»
«Ah! attendez...» il sortit une autre liste et mit un peu de temps à chercher, jusqu'à finalement sortir ce qui devait surement être une fiche de la vie de Raphaël, à croire que ce type avait la fiche de tous les habitants de la ville
«Raphaël... défenseur... depuis deux ans... ah, famille. Un jeune frère, décédé lors de l'attaque de Sin à Kilika, Ignatz.» le garçon eut un sourire un peu triste, Balthus aurait mis une baffe au type d'appuyer le fait qu'il était mort, mais se retint «tout est en ordre. Le temple est en travaux, mais une annexe de l'église a été installée en ville pour ce genre de cas, vous pouvez y aller. Je vous conseille cependant de vous rendre présentables avant.» dit-il en les voyant trempés et salis par le dernier combat. Balthus se racla la gorge et hocha de la tête

«Oui, bien sûr. Il est tard de toute façon! On va aller à l'auberge d'abord et on ira demain à l'église.» le garde agita la main pour leur faire signer de passer, puis ils avancèrent pour entrer dans la grande ville. Sur la longue allée, le colosse se tourna vers le jeune garçon pour s'enquiller de son état

«Ça va toi? Ils ont pas été délicats...»
«Oui, ça va... tu crois qu'on peut aller voir Raphaël?»
«Oui, t'inquiètes. On va à l'auberge où logent les membres de son équipe, je pense qu'il y sera, sauf s'il a entraînement peut être... mais à cette heure-ci, ça m'étonnerait, il se fait tard.»

Il se tourna ensuite vers Aaron, peut-être le garçon aurait aimé aller à l'annexe de l'église tout de suite, mais vu leurs tenues, c'était une mauvaise idée de base...

Le moins que l’on puisse dire est que ce périple jusqu’à Bevelle n’aura pas été de tout repos. Après leur départ du Temple de Djose, Balthus et Aaron avaient vécu pas mal d’aventures mine de rien, et cela ne s’était pas tari après l’arrivée d’Ignatz. Entre les conditions climatiques éprouvantes de la Plaine Foudroyée et la Chimaira déchaînée dans la Forêt de Macalania, ils avaient eu leur part d’émotions ! Heureusement, Mokona les avait bien aidés pour une fois, sans doute l’issue du combat aurait-elle été différente si sa protection n’avait pas été là. Vu la violence du monstre, Ignatz avait préféré s’écarter du combat pour ne pas être un fardeau pour notre duo – le pauvre venait de revenir à la vie, son endurance n’était pas aussi élevée que celle des deux autres, surtout Balthus – mais il ne manqua pas une miette de l’affrontement et complimenta également la boule de poils sur ses performances.

« Mokona a hâte de voir ce magnifique portrait, puu ! »

Ils s’émerveillèrent un instant sur le sujet tandis que Balthus s’affaira à ramasser les Gils laissés par le monstre. Le trio était trempé – Ignatz un peu moins – aussi décidèrent-ils ensemble de reprendre la route au plus vite pour rejoindre Bevelle. De toute façon, ils n’étaient plus très loin ! Après seulement quelques minutes de marche, ils arrivèrent devant les portes de la ville, gardées par deux hommes armés. Aaron en avait presque oublié que la Ville Sainte s’octroyait quelques machines pour sa défense, malgré l’interdiction de leur utilisation dans les préceptes de l’Eglise. Balthus tint à rappeler au groupe quelques précautions avant d’aller plus loin, notamment sur l’état d’alerte de la ville ainsi que les raisons de leur présence ici. Il est vrai qu’il valait mieux ne pas attirer l’attention inutilement sur eux, aussi était-il préférable de se rappeler les raisons officielles qui les amenaient ici.

Balthus fit le Salut de Yevon aux deux gardes de l’entrée tout en présentant le groupe. Aaron les salua également lorsque son nom fut mentionné et laissa le colosse expliquer la situation. L’un des gardes avait tout un tas de listes et il les feuilletait au fur et à mesure que Balthus parlait. Si le fait que son nom apparaisse dans une de ces listes ne dérangeait pas Aaron outre-mesure – il était membre du Clergé après tout – il était moins fan du fait qu’ils disposent d’autant d’informations sur le frère d’Ignatz. Cela ressemblait tout de même à de l’invasion de vie privée… Mais si la ville était réellement en état d’alerte, peut-être que ce type de recensement avait été effectué à ce moment-là, dans le but de trier des potentiels « terroristes ». Quoi qu’il en soit, tout semblait en ordre et ils leurs indiquèrent la direction vers une annexe de l’Eglise, le Temple étant actuellement en travaux. Mais avec leurs tenues complètement salies, il ne valait mieux pas s’y rendre tout de suite.

« Ce serait indigne de la part d’un prêtre de se présenter dans un lieu si saint vêtu d’un tel accoutrement ! »

A vrai dire, il s’en fichait un peu mais il voulait jouer son rôle de prêtre modèle comme le lui avait demandé Balthus. Il plaisanta donc un instant avec les gardes puis les salua de nouveau avant de se diriger vers la Ville Sainte. Une fois assez éloignés de l’entrée et de ces deux gardes, le trio s’arrêta un instant pour faire le point – et aussi s’assurer de comment se porter Ignatz car les gardes n’avaient pas pris de gants en parlant de sa mort… Le jeune artiste voulait voir son frère plus que tout, ce qui était normal puisqu’ils n’avaient jamais été aussi proches de le retrouver. Balthus proposa alors de se rendre à l’auberge où les membres de son équipe de blitzball séjournaient. Il était tard de toutes manières, et Aaron n’aurait pas dit non à une bonne douche chaude et des vêtements propres !

« L’Eglise peut bien attendre une nuit de plus, le plus important maintenant est que tu retrouves ton frère. »

Le prêtre avait posé sa main sur l’épaule d’Ignatz et accompagné ses propos d’un sourire bienveillant, car il essayait de s’imaginer l’impatience de l’artiste à vouloir retrouver un être cher. Il regarda alors Balthus et fit un hochement de tête pour signifier qu’ils pouvaient prendre la direction de l’auberge. La ville était grande et, même si le prêtre avait séjourné une nuit à Bevelle avant de prendre la direction de Luca, il n’était pas certain qu’il s’agissait de la même auberge que celle de Raphaël. Aussi, il préféra laisser le colosse les guider à nouveau.

Après quelques minutes de marche dans les rues de la Ville Sainte, Balthus leur fit signe qu’ils étaient arrivés à destination. Aaron n’osait à peine imaginer l’excitation d’Ignatz à cet instant. Ils emboitèrent donc le pas du colosse pour entrer à l’intérieur de l’établissement et ils tombèrent nez-à-nez avec ce qui devait être le réceptionniste.

« - Oh, bonsoir monsieur ! Nous cherchons une chambre pour dormir cette nuit, est-ce possible ?
- Mais bien sûr ! Pour trois personnes ?
- Oui, merci. Aaron se disait qu’au pire, si Ignatz voulait dormir avec son frère, Mokona prendrait son lit. Ah, et nous aurions une demande un peu particulière aussi… Est-ce qu’un certain Raphaël se trouve dans votre auberge, à tout hasard ? Voyez-vous, son jeune frère souhaiterait lui parler…
- Raphaël ? Le joueur de blitz ? Je ne suis pas censé divulguer ce genre d’informations sur ma clientèle d’habitude, mais… Il pouvait lire l’émotion dans le regard du jeune homme. Je vais faire une exception. Attendez un instant. »

L’homme tourna les talons pour se diriger vers ce qui devait être un salon commun, où les clients pouvaient se reposer de leur voyage. C’était plutôt bon signe en tout cas, ça voulait dire qu’ils étaient au bon endroit ! Mais pas forcément qu’il était présent dans les locaux à cette heure-là, par contre.

« Nous n’avons jamais été aussi proches du but ! Je ne peux pas imaginer ce que tu dois ressentir maintenant Ignatz, mais sache que je suis tout aussi impatient de rencontrer ton frère. »

Ces retrouvailles, c’était un peu les leurs, finalement ! Après ces quelques jours passés ensemble. Le réceptionniste n’allait probablement pas tarder à revenir…

Spoiler:

Même si Balthus n'était pas de cette ville, il était venu suffisamment souvent à Bevelle pour connaître certains quartiers, et notamment là où l'on pouvait s'amuser. Autant dire que l'hôtel où séjournait l'équipe de blitzball était un lieu incontournable pour faire la fête!

Il avançait donc tranquillement dans les rues de cette ville immense où tout se ressemblait, une fois que l'on quittait l'allée principale qui menait au temple, l'endroit était tel un labyrinthe, mais plusieurs panneaux permettaient quand même de s'y retrouver. Il fallait parfois aussi se fier aux bruits ou aux odeurs pour se rapprocher de la mer ou des quartiers festifs.

Ils finirent par arriver à l'hôtel, Ignatz semblait terriblement nerveux, se demandant si son frère avait changé, s'il serait vraiment heureux de le revoir en vie, ils n'étaient pas si proches que ça non plus, ayant des centres d'intérêt tellement différents...
Aaron réserva d'abord une chambre pour trois, Balthus regardait autour, il lui semblait entendre du bruit derrière, les joueurs devaient être là. Lorsque l'aubergiste hésita, il regarda Ignatz quelques secondes, et le colosse s'empressa de préciser
«Je vous garantie que si vous lui dites que son frère Ignatz est là, il va rappliquer direct.» l'aubergiste finit donc par céder, mais préféra quand même aller demander d'abord.

Le jeune garçon avait les joues rouges et se tortillait les doigts, hochant simplement de la tête lorsque le mage exprima sa sympathie à son égard
«Je... j'espère qu'il va bien le prendre...» Balthus haussa un sourcil, trouvant l'idée des plus stupides. C'est alors qu'une voix puissante jaillit de derrière

«QUOIIIIII???? T'AS DIT QUOI LÀ????» le colosse afficha un large sourire et pointa un index vers le plafond
«Ah! y'en a un qui a eu la nouvelle! On devrait reculer...» Aaron n'allait peut être pas comprendre, mais il laissa Ignatz en plein milieu du hall et força le mage à reculer le plus loin possible. Il y eut un bruit assourdissant, comme si des meubles étaient carrément retournés, un troupeau de béhémoth en pleine course n'aurait peut être pas fait autant de bruit
«AÏE! MAIS RAPH ÇA VA P....»
«POUSSEZ VOUS!!!!» on aurait dit un rugissement, un brouhaha terrible venait de derrière, des plaintes, des cris, ça se poussait, du verre se cassait aussi, des tas de choses semblaient tomber par terre lorsqu'enfin une masse gigantesque manqua de détruire la porte - il passait pas vraiment en fait...

Les bras croisés, Balthus regardait son ancien ami d'un air amusé. Il était toujours aussi énorme, ses cheveux blonds bouclés lui donnaient l'air d'un enfant qui aurait grandi trop vite. Il portait un bandeau sur la tête mais complètement de travers à présent. Raphaël était plus grand et plus large que lui, mais sa bouille trahissait son jeune âge. Les yeux ronds, la masse de muscles s'était arrêtée net en fixant Ignatz jusqu'à ce que des larmes commencent à inonder ses yeux dorés

«I... IGNATZ...» le garçon ramena ses mains devant sa bouche, il avait du mal à le reconnaître, il faut dire qu'ils avaient avant deux ans d'écart, maintenant ils en avaient quatre...
«Ra... phaël...» les larmes coulèrent sur ses joues et le colosse reprit sa course pour attraper son jeune frère, le soulevant comme une poupée de chiffons pour le faire tourner et tourner encore, faisant valser tables et chaises en chemin. Balthus regarda Aaron qui devait comprendre maintenant pourquoi il les avait faits reculer. Lorsqu'il s'arrêta, c'était seulement pour pleurer, encore et encore, et avec grand bruit

«BOUHOUHOUHOUHOUUUUUUU IGNAAAAAAATZ T'ES VIVAAAAAAAANT!!!»
«C'est pas toi qui disais que je parlais fort?» murmura Balthus à l'attention du mage qui devait clairement voir qu'il ne faisait pas le poids face à un Rafy trop content! Le t-shirt d'Ignatz était déjà trempé par les larmes de son frère sur son épaule, le colosse était plié en deux pour pouvoir le garder serré contre lui, il devait surement faire attention de ne pas lui briser les os. Le garçon ne pouvait pas faire le tour de son dos avec ses bras et se contentait de pleurer en silence contre son torse et tapoter doucement ses reins
«Je suis là... Raph...» mais le géant ne faisait que pleurer, il finit même par tomber à genoux - ce qui ne semblait pas changer grand chose pour Ignatz qui se retrouvait presque à sa hauteur. Les autres membres de l'équipe s'étaient avancés timidement pour voir ce qui se passait mais gardaient le silence, souriant devant le spectacle, sans se moquer. Ils devaient savoir combien Raphaël était malheureux de la perte de son frère...

Balthus finit par s'avancer et posa sa main sur son épaule
«Yo Raph... ça fait un bail...»
«BALTHUUUUUUUUUUUUUUS!!!» gloups? Le géant lâcha son frère d'un bras et attrapa l'ancien gardien par le cou pour l'attirer à lui
«YARGL! TU M'ÉTRANGLES!!!»
«OH PARDON» il le lâcha, essuyant son nez du dos de sa main - dégoûtant - puis ses yeux, s'asseyant carrément en tailleur par terre comme un petit garçon malheureux «C'EST TOI QUI ME L'A RAMENÉ?»
«Ouais ouais... mais calme toi maintenant... et parle moins fort, on t'entend très bien.»
«JE PARLE NORMALEMENT...» Balthus mit son petit doigt dans son oreille, c'était un détail qu'il avait oublié... Ignatz pouffa de rire, essuyant aussi ses larmes qui avaient inondé ses joues
«T'es plus vieux maintenant...»
«TOI T'ES PAREIL... VIENS!! ON VA ALLER S'ASSEOIR DANS LE SALON»
«Ça va être difficile avec le bazar que t'as mis là bas! Ramène-le plutôt dans une chambre pour que vous soyez tranquilles va...» dit l'un des joueurs avec un air dépité «quand Tibald lui a dit que son frère était là, il a littéralement défoncé la salle de repos... pas de bol, il était à l'autre bout de la pièce à jouer au spherer break....»

Balthus pouffa de rire
«VENEZ, ON VA DANS MA CHAMBRE!»
«Allez y tous les deux pour le moment. Avec mon pote, on a réservé une chambre, on va d'abord se prendre une douche et se changer, on vous rejoint après pour manger?» les deux frères hochèrent de la tête, les larmes encore aux yeux, Balthus fit signe à Aaron de le suivre pour aller dans l'autre chambre, ça allait leur faire du bien un peu de calme après tout ce bazar! Une fois dans la chambre, il se tourna vers le jeune mage avec un sourire en coin

«Voilà, t'as rencontré Raphaël... dur d'imaginer qu'ils sont frères hein?» ils étaient tous les deux blonds aux yeux dorés, mais sinon... niveau carrure, Ignatz faisait bien la moitié de son frère, autant en hauteur qu'en largeur.  

Qui aurait cru qu’il y a quelques jours seulement, le destin mettrait ce jeune Ignatz sur la route de nos deux compères ? Ce garçon, revenu d’entre les morts, avait eu de la chance de croiser le chemin de Balthus, qu’il connaissait de longue date ! Sans doute lui aurait-il été plus difficile de retrouver son frère Raphaël tout seul, avec son seul arc et ses flèches comme moyen de se défendre. Les quelques combats qu’ils avaient mené sur le trajet avaient démontré une certaine faiblesse – compréhensible après cette résurrection – quant à sa puissance d’attaque ou même à sa résistance. Quand bien même il aurait réussi à traverser la Plaine Foudroyée tout seul et sans encombre, le combat contre la Chimaira ne lui aurait sans doute laisser aucune chance de rejoindre la Ville Sainte…

Fort heureusement pour lui, Balthus, Aaron et même Mokona lui avaient proposé de l’escorter jusqu’à Bevelle, puisqu’il s’agissait plus ou moins de leur destination. De toute manière, même si cela n’avait pas été le cas, Balthus l’aurait tout de même accompagné pour ne pas le laisser seul. Et Aaron ne l’aurait pas contredit non plus. Toujours était-il que le groupe avait atteint Bevelle après quelques jours de marche et de mésaventures aqueuses, et qu’ils se trouvaient désormais dans le même établissement que celui du frère d’Ignatz. Alors qu’Aaron et Balthus insistèrent pour que le réceptionniste aille chercher le joueur de Blitzball, Ignatz redoutait une mauvaise réaction de son frère.

« Pff ! Je préfère me boucher les oreilles plutôt que d’écouter de telles sottises ! »

Le prêtre mima le geste tout en faisant un petit clin d’œil au jeune artiste lorsque soudain, une voix puissante hurla derrière la porte qui menait au salon. Et malgré ses doigts dans les oreilles, Aaron l’avait très distinctement entendu ! Balthus semblait reconnaître la voix et préféra reculer un peu en invitant le blondinet à en faire de même. Ça présageait des retrouvailles mouvementées, pour sûr… Bingo ! Après un boucan du diable dans l’autre pièce, un énorme chérubin encore plus grand et imposant que Balthus fit irruption dans la pièce. Après quelques secondes nécessaires pour réaliser que son jeune frère se trouvait bel et bien devant lui, en chair et en os, il enlaça Ignatz et le fit tournoyer autour de lui. Effectivement, Balthus avait eu raison de les faire reculer, sinon ils se seraient pris une chaise dans la tronche ! Quoi qu’il en soit, ces retrouvailles étaient riches en émotions et même Mokona, posée sur l’épaule d’Aaron, se laissait attendrir en baissant ses oreilles en arrière et en portant ses deux papattes au niveau de sa bouche.

Alors que les autres membres de l’équipe de Blitzball s’étaient rapprochés du raffut, Balthus eut le malheur de profiter d’une ouverture entre les sanglots pour dire bonjour à Raphaël. Ce dernier ne l’avait tout simplement pas calculé un peu plus tôt, aussi cria-t-il encore plus fort et saisit à son tour le colosse dans ses bras. Il venait de remettre une pièce dans la machine ! Aaron avait gardé ses doigts dans ses oreilles mais cela ne l’empêchait pas de pouffer de rire en voyant la scène. Ce ne fut que lorsque l’animation se calma un peu qu’il rabaissa ses mains et posa la gauche sur sa hanche, toujours en retrait par rapport au reste du groupe. Raphaël proposa alors d’aller s’installer dans le salon mais ce dernier n’était plus trop en état de les accueillir tous, avec tout ça… alors il se rabattit sur sa chambre. Mais Balthus souhaitait d’abord prendre une douche, aussi lui répondit-il d’y aller seulement avec Ignatz pour le moment et qu’ils les rejoindraient après. Aaron esquissa un large sourire à Ignatz avant que les deux groupes ne prennent des chemins opposés.

Une fois dans leur chambre, Mokona sauta de l’épaule d’Aaron vers le premier lit simple qui se trouvait devant elle, ce qui permit à Aaron de retirer son manteau de fourrure. Il le porta à bout de bras devant lui pour constater son état un peu déplorable.

« Il n’aura pas été propre longtemps… »

Le bonhomme non plus, d’ailleurs ! Quoi qu’il en soit, Balthus revint sur la scène de tout à l’heure et sur le fait qu’il n’était pas chose aisée de les imaginer frères, ces deux-là.

« C’est vrai qu’ils sont trèèèèès opposés, tous les deux ! L’un est comme ça… Il essayait de mimer avec ses deux mains mises à plats un petit carré. …et l’autre est comme ça ! Il agrandit complètement l’espace entre ses deux mains pour signifier la différence énorme de carrure entre les deux. Mais à en juger par leurs retrouvailles sincères, il n’y a aucun doute sur leur relation. »

Aaron était encore un peu ému par tout ça, même s’il ne les connaissait pas finalement. Mais l’innocence d’Ignatz l’avait beaucoup touché au cours de leur petit périple, s’étant même parfois identifié à lui, alors forcément… Il se dirigea vers le petit bureau qui se trouvait dans la chambre et vint déposer sur la chaise son manteau de fourrure, puit se retourna vers Balthus.

« - En tout cas, je ne pensais pas voir quelqu’un de plus imposant que vous un jour !
- Baltoutou fait tout maigrichon à côté ! »

Ils pouffèrent de rire tandis que Mokona se grattait un peu le dos en roulant sur le lit. Bon, l’heure de la douche avait sonné ! Surtout si les deux autres les attendaient dans la chambre de Raphaël. Mais bon, il valait peut-être mieux les laisser se retrouver un peu seuls pour le moment, ils avaient deux années à rattraper, après tout !

« Je passe le premier ! »

Il avait sacrément envie de retirer la boue de ses cheveux qui s’était mêlée lorsqu’il s’était pris le jet d’eau de la Chimaira et qu’il était tombé à la renverse par terre. Il ferma donc la porte derrière lui, laissant Balthus seul avec Mokona, puis se dépêcha de rentrer dans la cabine de douche et de se laver à l’eau bien chaude. Une fois terminée, Aaron enfila un peignoir de l’hôtel et sortit de la salle de bain avec ses vêtements sales à la main.

« La place est libre, vous pouvez y aller. Je crois que l’hôtel propose un service de pressing durant la nuit, je vais mettre mes vêtements dans un bassine. Vous n’aurez qu’à rajouter les vôtres tout à l’heure ! »

Ils leur suffiront ensuite de la déposer à la réception en se rendant vers la chambre de Raphaël. Balthus s’engouffra à son tour dans la salle de bain et Aaron s’assit sur le rebord du lit, non loin de Mokona. Cette dernière semblait particulièrement exténuée. Il faut dire que la journée fut longue et qu’elle avait beaucoup donné lors du dernier affrontement. Aaron posa sa main sur son front et il se rendit compte qu’elle dormait, en fait.

« Fais de beaux rêves, Mokona. »

Chuchota-t-il avant de se lever et de prendre la bassine sous son bras droit. Il y mit donc ses vêtements ainsi que son manteau de fourrure puis s’installa sur la chaise et attendit quelques minutes que Balthus ait fini de se doucher à son tour. Lorsque ce dernier sortit de la salle de bain, Aaron mit son index devant sa bouche et montra Mokona du regard pour lui indiquer que la boule de poils s’était endormie.

« Allez, on va les rejoindre ? »

Ces retrouvailles avaient de quoi émouvoir n'importe qui, même si Balthus n'était pas du genre à pleurer - sauf si ça concernait sa mamounette - il devait reconnaître être vraiment content qu'Ignatz soit revenu à la vie et qu'il ait pu retrouver son frère.

Une fois dans la chambre, l'ambiance était bien plus calme, ils retirèrent leurs affaires, le colosse mit son veston sur le porte manteau, se fichant un peu que ça goutte par terre, mais ne retira pas tout de suite ses chaussures pour éviter que la chambre entière ne tombe en syncope par l'odeur. Il comptait les poser sur le minuscule balcon dont disposait la chambre, plus tard. Aaron s'amusait à comparer les deux frères, ce qui ne manqua pas de faire pouffer de rire l'ancien gardien
«La différence est sensiblement la même entre mon petit frère et moi. Tu le verrais, une vraie crevette!» il mima de la main la taille de son frère qui devait faire au moins une bonne trentaine de centimètres en moins que lui. Il s'étira longuement alors le mage décidait de poser son manteau sur la chaise, à l'abri des tapis posés à l'entrée ou près du lit. Mokona se moqua un peu de voir que Raphaël était encore plus grand que lui, ce qui ne manquait pas de le faire rire aussi

«J'avoue que Raph est vraiment une armoire à glace... il peut rivaliser sans problème avec des ronsos... c'est pour ça que je n'ai jamais douté qu'il irait loin en blitzball. Il a une capacité pulmonaire impressionnante aussi.» il n'avait jamais eu le moindre problème pour rester sous l'eau plusieurs minutes tout en nageant, cognant et... criant même. Certains fans râlaient parfois car on ne le voyait pas bien sur les écrans à cause des bulles provoquées par ses rugissements sous-marins.

Aaron décida d'aller prendre sa douche, Balthus le laissa faire et alla ouvrir la porte qui donnait sur le balcon pour se mettre dehors et retirer enfin ses chaussures! Même dehors, il y aurait eu de quoi réveiller un mort! Il agita la main mais resta un peu là pour que ses pieds aussi évacuent l'odeur avant de retourner dans la chambre, sinon il allait vraiment tout infester! Lorsque le mage revint, il espérait que ça se serait atténué, on aurait pu penser que quelqu'un avait fait cuire une poignée de champignons ou une omelette, mais il se dépêcha d'aller à son tour dans la salle de bain

«Je me grouille!» ni une, ni deux, vite à poil et vite sous la douche! Il avait jeté ses vêtements dans une bassine comme celle où Aaron avait mis ses affaires, puis frotta énergiquement partout. Lui aussi avait de la boue qui s'était incrustée dans des endroits insoupçonnés. L'avantage d'être dans un hôtel qui hébergeait des joueurs de blitzball, c'est que l'armoire avec des vêtements de prêt, contenaient pleins de taille différente, y compris pour des guados et des ronsos, il trouva donc un t-shirt et un short à peu près à sa taille qu'il enfila avant de revenir dans la chambre.

À peine sorti que le mage lui disait de se taire - mais hé? - puis il vit que la boule de poil dormait et proposa alors de sortir, Balthus se força à parler à voix basse
«Tu veux sortir en peignoir? T'as pas vu qu'ils avaient aussi des vêtements? Y'a des tenues pour les guados, ils doivent être à ta taille...» les guados sont souvent grands et minces, il devait donc y avoir de quoi l'habiller. Fallait pas chercher de la grande classe par contre.

Il laissa le gamin se changer, s'approcha du balcon pour vérifier que ses chaussures n'empestaient plus le mog crevé puis il les mit dans un sac poubelle avec le linge, elles méritaient bien d'être lavées aussi! Lorsqu'Aaron revint, il proposa de changer de programme

«Honnêtement, allons plutôt manger dehors, j'ai bien envie d'une pizza! Laissons-les tranquilles, on doit aller à l'église demain de toute façon, et Ignatz aussi pour s'identifier, on les verra à ce moment là.»

Non parce que bon, entendre Raph gueuler et pleurer toute la soirée, c'était pas sur qu'il soit capable de s'en remettre!
«On ramènera une part de pizza à Mokona.» ils laissèrent leurs affaires à l'accueil de l'hôtel pour que ça parte en blanchisserie et le colosse laissa aussi un message à l'attention des deux frères pour leur dire qu'ils préféraient manger dehors. L'air était frais pour la soirée.

«Bon, j'ai proposé une pizza, mais on peut manger autre chose! T'as envie de quoi?» fallait juste espérer qu'ils ne passent pas devant un bar ou une salle de jeux!

Enfin un peu de calme ! C’était difficile à croire, mais ils étaient enfin arrivés à destination… Du moins, Bevelle n’était qu’une étape dans leur voyage, mais une étape très importante à bien des égards. Pour Ignatz déjà, qui venait de retrouver son frère après deux ans d’absence, mais aussi pour Aaron qui souhaitait en savoir plus sur les véritables desseins de l’Eglise de Yevon, et sur les cristaux aussi… Bon, pour la première partie, il ne savait pas encore comment il allait devoir s’y prendre, et pas dit qu’il puisse réellement apprendre quelque chose sans risquer de compromettre son statut de prêtre, mais il verrait bien en temps voulu. Balthus était de bons conseils de ce côté-là, ils verraient ça quand tout ce qui entourait Ignatz serait terminé. Quant aux cristaux, il sera certainement plus facile d’aborder naïvement le sujet avec quelqu’un d’influent dans l’Eglise.

En parlant d’Ignatz, Balthus ne manqua pas également de sourire face aux remarques de Mokona et d’Aaron sur la taille démesurée de Raphaël contrairement à celle du jeune artiste, ajoutant que cette différence était semblable à celle entre lui et son petit frère. Ah oui, c’est vrai que Balthus avait mentionné avoir un frère ! Enfin, un demi…… Pas une moitié de frère, hein ? Ils n’avaient pas la même mère, quoi. Bref, vous avez compris !!

« Oh, comment s’appelle votre frère, déjà ? Hum… « Hache » je crois ? Oui, c’est ça ! »

L’index en l’air, il était persuadé d’avoir raison ! Heureusement que la prononciation était quasi la même, parce que ce n’était pas du tout le cas à l’écrit… Bref ! Aaron décida de se rendre en premier à la salle de bain et se dépêcha de laver toute cette boue de son corps. Il prit ensuite un peignoir sans faire gaffe à l’armoire qui contenait des vêtements de prêt et retourna dans la chambre. Il y avait une odeur bizarre, semblable à celle d’un Chocolégume séché, mais il ne connaissait pas cet aliment aussi ne pouvait-il pas faire la comparaison. Balthus s’empressa de prendre sa place dans la salle de bain et ne ressortit à son tour qu’une dizaine de minutes à peine après. Mokona s’était endormie sur le lit et ronflait même à moitié. Aaron fit signe au colosse de ne pas parler trop fort pour ne pas la réveiller, mais ce dernier était plutôt surpris que le prêtre soit en peignoir et non habillé.

« Ah non, je n’avais pas vu ! Je reviens ! »

Chuchota-t-il avant de s’engouffrer dans la salle de bain. Effectivement, il y avait des vêtements à sa taille, et il s’en fichait un peu qu’ils soient beaux ou pas. D’ailleurs, cela l’amusait un peu, aussi prit-il un short rouge qui lui tombait un peu en dessous des genoux, et une chemise à palmiers démodée. Il ressortit très vite avec son look de vacancier et indiqua au colosse qu’il était prêt à partir. Ce dernier lui proposa un autre programme, celui de manger une pizza à l’extérieur et de laisser les deux autres se retrouver pour la soirée. Il n’avait pas tort, il valait mieux les laisser en famille.

« Oui, vous avez raison. On les verra demain, alors ! » Il reprit sa bassine qu’il avait posée sur le bureau avant d’aller se changer puis se dirigea vers la sortie. « Allons-y ! »

Une fois dans le couloir, il pouvait sentir que l’air était bien plus agréable, comme quoi il y avait vraiment quelque chose dans la chambre qui devait sentir mauvais… Ils se dirigèrent vers l’accueil pour y laisser leurs bassines et Aaron crut que le réceptionniste venait de se prendre une baffe par l’odeur de la bassine de Balthus. Ah, ça venait donc de là… ! Il pouffa de rire avant de rejoindre le colosse à l’extérieur. La soirée commençait à peine et l’air était frais, mais pas trop non plus. Le soleil venait à peine de se coucher, laissant la ville dans une certaine pénombre, tandis que les lumières des lampadaires prenaient le relais et offraient une atmosphère plus chaleureuse. Balthus revint sur sa proposition de pizza.

« Non non, une pizza m’ira très bien ! Enfin, je pense… Je n’en ai jamais mangé. » Il se gratta le menton tout en levant les yeux au ciel pour réfléchir, mais non : il était formel ! « Et pourquoi pas un peu de saké s’ils en proposent ? »

Aaron prit la direction d’une rue plus animée et plus éclairée, signe qu’il devait s’agir d’une artère commerçante de la ville. Ce n’était pas la même ambiance qu’à Luca, certes, mais il y avait de la vie malgré tout. Cependant, le prêtre ne put manquer de voir des signalisations de travaux ici et là, et des passages bloqués par des barrières de chantier.

« Bevelle a vraiment été marquée par l’attaque de cette sorcière, hein ? » Il plaça ses deux mains derrière sa tête. Il avait entendu parler de tout ça au Temple de Macalania. « Je n’avais pas fait attention aux dégâts la dernière fois que je suis passé ici. »

Cela n’empêchait pas les gens de continuer de vivre normalement, même si la présence de gardes était renforcée. Tous devaient être sur le qui-vive, redoutant une contre-attaque de la part de la nécromancienne. Le prêtre n’avait suivi que de loin toute cette histoire mais il se souvenait encore très bien de la manière dont l’Eglise avait utilisé cet événement à leur avantage en remettant l’entière victoire à la Foi seule… Aaron y aurait probablement cru s’il n’était pas en proie au doute envers Yevon depuis quelques temps. Il secoua la tête pour chasser ces pensées, ce n’était pas le moment.

« Dites, Balthus, je me demandais… Comment avez-vous connu Raphaël et son frère ? Vous n’habitiez pourtant pas à Bevelle, je me trompe ? »

De mémoire, Balthus lui avait dit que son père et sa marâtre se trouvaient à Luca, tandis que sa mère vivait sur l’île de Kilika. Après, le colosse avait un peu voyagé, semblait-il. Ils passèrent devant un restaurant dont le menu en ardoise affichait en grosses lettres « pizzas ».

« Ici, ça vous ira ? »


Non loin de là, légèrement tapie dans l’ombre, une femme aux longs cheveux de jais observait les deux jeunes hommes. Elle semblait les reconnaître, pourtant sans jamais les avoir rencontrés, mais ne voulait en aucun cas les interpeler. Elle se contenta de froncer les sourcils et de soupirer.

« Ah… Ne seraient-ce pas les amis de Mokona… ? »

Honnêtement, Balthus n'avait pas trop envie de s'interposer dans les retrouvailles entre Ignatz et Raphaël, ils avaient deux ans à rattraper et il se disait que lui-même aurait préféré passer une soirée avec son frère plutôt qu'entre amis, au moins pour la première soirée. Peut-être demain, une fois l'émotion retombée, ils verraient bien. Il n'avait pas relevé la faute de prononciation pour son petit frère, au moins le prêtre avait-il retenu son prénom donc ça lui suffisait et un simple hochement de la tête avait confirmé avant qu'il ne lui demande d'aller s'habiller.

Pour l'heure, les deux compères avaient laissé Mokona endormie sur le lit pour aller manger dehors, l'air était agréable, et même si Balthus n'aimait pas trop Bevelle qui disposait de trop de machines à son goût - même si elles étaient là surtout pour la défense - il fallait reconnaître que ses rues pavées et ses maisons fleuries étaient agréables pour une balade. Du moins, dans les quartiers résidentiels.

Ils allaient donc manger une pizza, avec du saké, ce ne serait pas trop dur normalement, tous les restaurants en servaient de base, c'était une boisson assez locale. Mais en avançant dans les ruelles, ils pouvaient voir les restes des dégâts occasionnés par les sorcières blondes.
«J'ai un peu regardé aux informations, ça avait l'air impression. Elles disposaient de drôles de pouvoirs, certaines maniaient juste des éléments, mais il paraît que d'autres pouvaient changer de taille... imagine un béhémoth qui traverserait la ville à fond la caisse!» après, elles n'étaient pas toutes en ville, une grande partie était directement au temple «heureusement que Maître Seymour est arrivé pour faire le ménage, mais c'est quand même étrange qu'elles aient attaqué justement le jour où il n'était pas là...» mais le colosse se disait aussi dans sa tête que c'était étrange qu'en étant soit-disant loin, il ait quand même eu le temps d'arriver pour sauver tout le monde, comme si en réalité, il n'était pas si loin que ça et qu'il attendait juste le bon moment pour venir en sauveur. Le jeune homme balaya cette idée, il aimait bien Seymour malgré toutes les rumeurs contre lui, il savait qu'il était intelligent et ambitieux, mais il n'aurait pas laissé des gens mourir pendant une heure juste pour venir sauver les autres hein?

Hein?...

Ils bifurquèrent dans une ruelle qui semblait avoir été épargnée, il y avait quelques restaurants, les gens avaient mis les tables dehors avec des petites lampes, l'odeur de poisson grillé et de fritures flottait bien dans l'air, le ventre du colosse gargouilla alors qu'Aaron s'interrogeait sur la façon dont il avait connu les deux frères
«Hm? Ah non, mais ils viennent de Kilika tous les deux... à l'origine, Raphaël était... le gardien d'Hapi, tu sais, celle que tu as rencontrée à Luca au restaurant... on est tous des amis d'enfance car ma mère était au temple de Kilika, donc j'y allais souvent.» une odeur de fromage attira leur attention et le jeune prêtre trouva la pizzéria! Balthus approuva mais au moment où ils allaient entrer, il crut entendre le mot Mokona? S'arrêtant un instant, il regarda autour de lui et vit une femme qui semblait regarder dans leur direction, mais il supposa avoir mal entendu et entra dans le restaurant, demandant s'ils pouvaient manger dehors.

Une jeune serveuse les plaça donc à une grande table dehors - vu la taille de Balthus, il n'aurait jamais pu placer ses jambes sous une table traditionnelle pour deux personnes - et elle leur donna la carte
«Déjà, vous pourrez nous apporter du saké mademoiselle?» dit Balthus d'un ton charmeur en lui lançant un petit clin d'œil, elle gloussa doucement mais devait être habituée car elle haussa tout de même une épaule et fila, un petit défi ?
Pouffant de rire, il regarda la carte et chercha la pizza qui avait le plus d'ingrédients dessus, il opta donc pour une fromagère pommes de terre lardons oignons avec supplément viande hachée.

Comme ils étaient installés dans la rue d'où ils venaient, il repéra la femme qu'il avait vue un peu plus tôt, elle n'avait pas bougé, même si elle ne regardait plus dans leur direction, mais il avait une drôle de sensation avec elle et la pointa du doigt - sans aucune discrétion
«Dis, tu la connais?» avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, il enchaîna «je suis presque sûr qu'elle a parlé de Mokona quand on est arrivés...» ce n'était pas un mot courant, et il n'y avait pas grand chose qui pouvait y ressembler, ce n'est pas comme s'il aurait pu confondre avec quinoa ou chocolat... quoi que?  

Malgré la beauté incontestable de son architecture, la Ville Sainte souffrait encore de l’attentat dont elle avait été la cible. Fort heureusement, la situation avait été reprise en main depuis, et les travaux de reconstruction des quartiers les plus endommagés avaient déjà bien avancé. Balthus s’était tenu au courant des événements à l’époque : des sorcières manipulant les éléments et d’autres ayant des pouvoirs singuliers étaient responsables. L’une d’elles pouvait notamment changer la taille de son corps de manière démesurée, ce que Balthus ne manqua pas d’imager avec un Béhémot géant.

« Ce sont les grosses bêtes cornues et pleines de cicatrices, là ? Un pèlerin m’en a parlé un jour, au Temple. »

Hélas, il n’en avait jamais vu un de ses propres yeux. Mais vu la férocité de la bestiole, c’était peut-être mieux ainsi ! Son souvenir de la Chimaira était encore frais dans sa tête et ce monstre-là ne faisait déjà qu’un bon tiers du Béhémot, au moins… Quoi qu’il en soit, Balthus trouvait cela bizarre que l’attaque ait eu lieu pile poil le jour où le Maître Seymour était absent.

« Au contraire, ce devait être prémédité, et quel moment le plus opportun que celui où la ville est la moins protégée ? Tout le monde sait à quel point la force d’Anima est impressionnante… Personne ne voudrait risquer de s’y frotter. »

Même sans l’avoir vu de ses propres yeux, le blondinet savait que la Chimère du Maître Seymour était colossale. Qui n’avait pas eu vent de son sauvetage à Luca par exemple ? Les plus complotistes pourraient y voir là une forme de mise en scène pour regagner le cœur du peuple, surtout lorsqu’on se dit que son intervention à Bevelle récemment était étonnamment similaire. Coup monté ? Hum, Aaron n’avait pas été jusque là dans sa réflexion, et heureusement d’ailleurs. Il doutait suffisamment comme ça du Guado, alors inutile d’en rajouter une couche.

Afin de changer un peu de sujet, Aaron se permit d’interroger le colosse sur la manière dont ils s’étaient rencontrés tous les trois. En réalité, les deux frères étaient originaires de Kilika et comme la mère de Balthus s’y trouvait en quasi-permanence, il les a rencontrés ainsi. Et Raphaël étant le Gardien d’Hapi, c’est comme ça que tout ce petit monde se connaissait.

« Ah oui, Hapi. Je me souviens d’elle ! Mais… Si c’est une amie d’enfance, elle serait peut-être heureuse d’apprendre le retour d’Ignatz, vous ne trouvez pas ? Vous pourriez lui envoyer une lettre pour la prévenir ! »

C’était une suggestion et peut-être que Balthus l’avait fait en même temps que d’envoyer la lettre pour prévenir Raphaël, lorsqu’ils étaient à Guadosalam. Mais du peu que le prêtre s’en souvenait, Hapi n’avait pas l’air plus heureuse que ça, alors… peut-être qu’une nouvelle comme celle-ci lui remonterait un peu le moral ?

Ils arrivèrent devant une pizzeria et l’odeur alléchante fit gargouiller le ventre du blondinet. Balthus sembla d’accord pour s’arrêter manger ici et ils demandèrent à une serveuse de se faire installer sur une table en extérieur, afin de profiter de l’air encore un peu chaud de ce début de soirée. Alors que la serveuse leur donna une carte à chacun, Balthus commanda du saké tout en draguant la jeune femme.

« Vous n’êtes pas croyables… »

Le prêtre se frappa le front de la paume de sa main avant de pouffer de rire devant la scène. Balthus ne pouvait vraiment pas s’empêcher d’amadouer la gent féminine lorsqu’il leur adressait la parole ! Quoi qu’il en soit, la serveuse repartit aussitôt afin de leur laisser le temps de réfléchir à leur commande. Aaron ouvrit la carte et commença à parcourir les différentes pizzas proposées. Le colosse fit rapidement son choix mais le prêtre n’était pas aussi rapide, d’autant que c’était sa première fois dans une pizzeria ! Alors que celle au saumon et à la crème lui faisait de l’œil sur le papier, Balthus lui fit signe de regarder derrière lui dans la rue. Il pointait du doigt une femme un peu plus loin, qui regardait la vitrine d’une boutique. Elle aurait soi-disant mentionné le nom de Mokona quand ils venaient d’arriver au restaurant.

« Etrange… Vous êtes sûr de ce que vous avez entendu ? En tout cas, je ne la connais pas. »

Au moment où Aaron eut fini sa phrase, la femme tourna son regard vers eux. Vêtue d’un kimono à fleurs colorées sur un fond noir, ses longs cheveux de jais s’arrêtaient en une frange bien droite au niveau de ses yeux perçants. Ces mêmes yeux qui ne quittaient pas ceux du prêtre. Il eut un frisson et se sentit tellement mal à l’aise qu’il se retourna sur sa chaise pour faire face à Balthus, qui lui ne la quittait toujours pas des yeux.

« Elle n’a pas l’air facile, dis donc ! Pourriez-vous ne pas la fixer du regard comme ça, s’il vous plaît ? Vous allez nous attirer des ennuis ! »

La femme sortit alors un Tengai, une sorte d’ombrelle noire, de sous son kimono, l’ouvrit et le posa délicatement sur son épaule gauche. Elle se dirigea ensuite vers la table de notre duo et, alors qu’Aaron tentait de regarder discrètement derrière lui, il se rendit compte qu’elle s’approchait d’eux ! Il se redressa sur sa chaise, droit comme un piqué, et fit comme si de rien n’était en reprenant la lecture de sa carte. La femme arriva finalement à leur niveau au même moment que la serveuse, qui sembla la reconnaître et lui fit une révérence très courtoise.

« Bonsoir. »

D’une voix suave, la femme en kimono répondit à la serveuse tout en pliant légèrement ses genoux en guise de salutations. Puis, détournant totalement le regard du duo cette fois, elle reprit sa route et tourna à l’angle de la rue, un peu plus loin. Dès lors qu’elle disparut de son champ de vision, Aaron relâcha la tension dans ses épaules et exprima un long soupir de soulagement.

« - Hyuuuu… J’ai cru que cette femme allait me pétrifier sur place !
- Vous parlez de Dame Yûko ? intervint la serveuse, qui venait apporter les verres de saké.
- Cette femme qui vient de passer à l’instant ? Vous la connaissez ?
- Bien sûr ! C’est une prêtresse du Temple de Bevelle, une femme très respectée dans ce quartier. Elle déposa un à un les verres devant les deux garçons. Elle possède également une petite boutique pas très loin d’ici, liée à la magie et même à la divination. Elle peut vous lire votre avenir, vous savez !
- Euh, je préfère passer mon tour… Mais merci du tuyau ! »

La serveuse esquissa un large sourire, fière d’avoir pu vanter les mérites d’une femme qu’elle appréciait beaucoup. Elle prit donc la commande, une pizza avec plein de fromage pour Balthus et une pizza avec plein de saumon pour Aaron, puis repartit en cuisine, non sans adresser un clin d’œil au colosse au passage. Aaron leva les yeux au ciel puis saisit son verre de saké et le tendit devant lui. Il attendait Balthus pour trinquer.

« A cette journée riche en émotions ! »

Et il but une gorgée qui lui piqua un peu le fond de la gorge. Après avoir reposé le verre, il poursuivit la conversation.

« Si cette femme est une prêtresse, nous la recroiserons sûrement demain, non ? Et Mokona sera avec nous, nous pourrons confirmer si vous avez bien entendu quelque chose la concernant où si votre âge commence à vous jouer des tours ! »

En même temps, vu comment il parlait fort, peut-être qu’il devenait sourd, à force ! Les pizzas ne tardèrent pas à arriver, et heureusement d’ailleurs car le prêtre commençait à avoir extrêmement faim… A table !

Retrouver Bevelle était plutôt agréable, même si le souvenir des événements des derniers mois laissait à désirer. Certes, Balthus n'était pas là, mais il avait suivi à la télévision dans un bar de Luca à l'époque, et ce n'était pas joli à voir. Visiblement, Aaron n'avait jamais vu de béhémoth de sa vie, le petit veinard!

«Oui, c'est ça. J'en n'ai jamais affronté non plus, le plus gros truc que j'ai tapé, c'était une chimaira comme celle qu'on a affrontée dans la forêt, mais j'en ai croisé un, une fois, dans la Plaine Foudroyée. Heureusement, ils évitent la route principale, mais il paraît que parfois, ils sont attirés par les tours paratonnerres et se rapprochent. Avec mon père, on n'a jamais couru aussi vite je crois!» heureusement, même avec l'obscurité et la pluie de la Plaine Foudroyée, un truc aussi gros, tu le vois de loin!

Ils avaient fini par trouver une petite pizzeria sympathique, mais une femme étrange habillée en kimono attendait non loin, et Balthus avait eu le désagréable sentiment qu'elle les fixait du regard. Ce sentiment appuyé, comme un picotti dans la nuque, il le ressentait chaque fois qu'il était chez son père, lorsque sa belle-mère scrutait ses moindres faits et gestes pour s'assurer qu'il ne pique pas l'argenterie. Mais surtout, il aurait juré qu'elle avait prononcé le nom de Mokona.

Ils s'installèrent pour le moment, dehors, dans la rue, c'était plus sympa. En attendant qu'on leur porte la carte, le jeune prêtre s'interrogeait sur le lien entre Ignatz et Balthus, le colosse expliqua rapidement mais son regard s'assombrit lorsqu'il parla de prévenir Hapi du retour de leur ami commun
«Je sais pas... je pense que Raphaël voudra aller la voir plutôt... tu sais, Hapi... elle était pas comme ça avant. C'était une jeune fille enjouée, toujours là pour remonter le moral des troupes, pleine de vie... mais elle... elle a été enlevée par les al-bhed, tu sais, quand ils enlevaient des invokeurs... et elle était dans leur refuge dans le désert là, quand ils ont tout fait sauter... depuis, elle n'a plus jamais été pareille... je sais qu'au fond elle sera heureuse de revoir Ignatz, mais...» il passa sa main sur son visage, pour essayer d'expliquer comment il imaginait sa réaction en gardant un air neutre «ça ne se verra pas qu'elle sera contente quoi... je sais pas... j'ai peur aussi de la réaction d'Ignatz s'il voit ce qu'elle est devenue.» certes, Aaron ne comprenait peut être pas, car elle était quand même encore gentille, mais tellement rien à voir avec ce qu'elle était avant...

La serveuse arriva, il passa sa commande d'une pizza particulièrement riche en calories tout en faisant un petit clin d'œil charmeur à la demoiselle, ce qui ne manqua pas de faire rire le jeune prêtre
«Mouarf, c'est surtout pour la forme! Les serveuses se font draguer tout le temps donc en général, ça marche jamais! Faut surtout pas insister, je les fais rire, elles sont contentes de voir qu'elles font de l'effet, et puis parfois un ptit coup de chance!» d'ailleurs, en passant, il se pencha un peu près du prêtre pour parler plus bas, le fixant d'un air un peu suspicieux «d'ailleurs, je suppose qu'en tant que prêtre, t'as jamais.. rien fait avec une fille? ou un garçon?»oui non parce qu'il jugeait pas hein? Il lui fit une petite pichenette sur le front et se redressa, ne voulant pas insister même s'il se gardait en tête qu'il faudrait ptêt le débrider un jour ce petit! Mais son regard fut attiré par la jeune femme en kimono, il en profita donc pour voir si son ami la connaissait au vu des paroles plus tôt, mais non. Au lieu de ça, l'étrange femme s'approcha, mais au moment d'arriver à leur table, elle fut interpelée par la serveuse et elle s'éloigna.

«Dame Yûko, jamais entendu parler...» la serveuse leur expliqua qui elle était. Une prêtresse du temple, mais aussi une diseuse de bonne aventure? Le genre de femme que sa belle-mère adorerait. Après avoir pris leur commande, elle lança un petit clin d'œil à Balthus qui eut un large sourire
«Ouuh! j'ai ptêt une touche dis donc!» pas sûr qu'il dorme à l'auberge ce soir tiens! Le colosse se retrouvait tout guilleret alors que le jeune prêtre était encore perché sur la prêtresse

«Moui, on verra. J'ai peut être pas bien entendu. Ce serait quand même étonnant qu'une prêtresse de Bevelle connaisse Mokona. Enfin j'ai pas spécialement envie de voir sa boutique en tout cas.» il n'avait pas relevé la pique sur son âge, trop content du clin d'œil de la serveuse!

Elle revint et il lui jeta son plus beau sourire pour la remercier lorsqu'elle apporta les pizzas, elle gloussa un peu et il se risqua à lui prendre la main avant qu'elle ne parte
«Je sais que tous les clients doivent vous le dire, mais vous êtes une vraie perle!» il déposa un baiser sur sa main - qui semblait minuscule dans la sienne - elle rougit jusqu'aux oreilles, se racla la gorge et partit rapidement, ne semblant apparemment plus où se mettre

«Ouuh! ça sent bon tout ça!»pas évident de savoir s'il parlait de la pizza ou d'autre chose. En tout cas, il se jeta sur sa pitance, le soleil se couchait, il faisait un peu frais maintenant, mais les pizzas et le saké réchauffaient tout ça! D'ailleurs, le colosse en profita pour revenir sur le sujet qui l'intéressait vraiment!

«Bon, parlons peu, parlons bien! Toi là, est-ce que t'as fait vœu de chasteté pour la vie ou bien maintenant que t'es parti, on peut te trouver quelqu'un? Va falloir que tu me dises ton genre hein!» il se pencha un peu pour parler moins fort «je veux tout savoir!» évidemment, si ça dérangeait trop le prêtre, il n'insisterait pas, mais mine de rien, ça risquait de devenir une mission très importante pour le colosse!!  

L’air se rafraîchissait à mesure que le soleil descendait à l’horizon mais la température était supportable malgré tout. Et puis, ils allaient manger chaud et boire de l’alcool, alors tout cela devrait les réchauffer, en théorie ! Le sujet de conversation qu’avait abordé le prêtre concernant la relation entre Ignatz, Raphaël et Balthus n’était pas si joyeux finalement. En effet, le simple fait de parler d’Hapi rendait le colosse plutôt sérieux, voire un peu triste. Il expliqua brièvement pourquoi il ne préférait pas prévenir Hapi de lui-même, et raconta également un pan de son histoire personnelle, notamment son kidnapping par les al bheds et la destruction de leur Refuge.

« Oh, je vois… J’ignorais tout ça. Vos craintes quant à la réaction d’Ignatz en voyant Hapi ainsi transformée sont compréhensibles. »

Il valait peut-être mieux les laisser gérer cette situation eux-mêmes. Après tout, les choses se faisaient parfois toutes seules et il était inutile d’y rajouter son grain de sel. Heureusement, le retour de la serveuse permit au duo de changer à nouveau de sujet et d’aborder celui de la drague. En fait, Aaron s’amusait beaucoup à voir Balthus essayer d’amadouer cette pauvre serveuse qui n’avait rien demandé. Et à en juger par ses joues rouges, il était difficile de savoir si elle était flattée ou gênée par les clins d’œil du colosse, mais qu’importe. Ce dernier se montra étonnamment curieux et demanda au prêtre si… et bien, s’il avait déjà expérimenté la « chose » avec quelqu’un. Il pouffa de rire.

« Navré de vous décevoir, mon cher Balthus, mais j’ai bien peur que ma réponse soit négative ! Avec ni l’une, ni l’autre. »

Il s’arrêta là et, finalement, la femme en kimono attira quelques instants leur attention à tous les deux. Cette dernière passa juste à côté d’eux en saluant la serveuse – qui venait de revenir pour apporter les boissons – puis disparut au coin de la rue. Selon la jeune femme, il s’agissait d’une prêtresse du Temple qui pouvait prédire l’avenir, du nom de Yûko. Bon, ni Balthus ni Aaron n’avait spécialement envie de mettre un pied dans sa boutique, aussi n’en parlèrent-ils plus ! Avant que la serveuse ne reparte, Balthus lui prit la main et la courtisa carrément sous les yeux ébahis du prêtre ! Non mais, jusqu’où allait-il aller devant lui ? N’avait-il aucune pudeur ?? La pauvre fille rougit de plus belle mais lui répondit par un clin d’œil affirmé, ce qui ne manqua pas de ravir le colosse au plus haut point !

« Vous avez une touche, on dirait ! Trinquons à tout ça ! »

Aaron but alors une gorgée de son saké, ce qui ne manqua pas de le réchauffer un peu. Il reposa son verre et les pizzas ne tardèrent pas à arriver. L’odeur était alléchante et la faim l’assaillait tellement qu’il s’empressa de commencer à manger. Après quelques bouchées, le colosse revint à la charge sur le sujet qui l’intéressait vraiment ce soir. Décidément, ses hormones le travaillaient !

« Et bien, les prêtres font effectivement vœu de chasteté lorsqu’ils sont ordonnés… Et techniquement, je suis toujours prêtre, vous savez ? » Il reprit une bouchée pour lui donner le temps de la réflexion. « Mais à vrai dire, je pense que le sujet ne s’est tout simplement jamais présenté à moi. Enfin, je ne me suis jamais questionné sur ce point. »

Alors qu’il continuait de manger sa pizza – et qu’il la trouvait vraiment bonne ! – Aaron réfléchissait à tout ça et se demandait s’il pouvait s’autoriser de telles pensées en tant qu’homme de Foi. Après tout, sa philosophie était la suivante, à savoir que chacun vivait sa Foi comme il l’entendait. Ça, il l’avait toujours dit. Alors, il n’était pas nécessairement obligé de suivre cette voie de chasteté que s’imposaient tous les autres prêtres ? Même si ce ne serait pas très orthodoxe de sa part malgré tout… Tout cela lui donnait des nœuds au cerveau ! Il se frotta les tempes.

« C’est… c’est assez compliqué pour moi de penser à tout ça, en fait ! D’un côté, il y a mon éducation au sein de l’Eglise, et de l’autre, ma raison qui me dit que chacun devrait être libre de vivre comme il l’entend… Alors, que faire ? » Il se gratta le menton. « Bon, une chose est sûre, c’est que je n’ai pas prévu de chercher une serveuse pour ce soir, contrairement à vous ! »

Ça, c’était pour détendre l’atmosphère ! Mais c’est vrai qu’il n’avait pas spécialement envie de trouver l’amour en fait. Pour l’instant, sa situation lui convenait, et il n’avait jamais été confronté à des sentiments inconnus qui lui feraient questionner tout ça.

« Je pense que je vais vous décevoir mais, pour le coup, je ne peux pas vous répondre sur quel type de personne me conviendrait, car je n’y ai tout simplement jamais pensé ! Femme ? Homme ? Qui sait ? » Il leva les épaules avant de reprendre une part de pizza. « Hum, che penche qu’il faut être ouvert d’echprit, pas vous ? »

Il n’avait pas eu le temps de finir sa bouchée mais ses propos étaient compréhensibles malgré tout. Il déglutit enfin avant de reprendre une gorgée de saké pour faire couler le tout plus vite, puis reprit.

« Et vous, vous devez bien avoir un type aussi, non ? A moins que… Vous ne prenez quand même pas la première venue ? »

Il ne serait pas désespéré à ce point de conclure avec n’importe qui, tout de même ? …N’est-ce pas ??

Autant le dire, Balthus était le genre à draguer à tout va, tout en sachant très bien que ça ne marchait qu'une fois sur dix, et encore s'il était chanceux! Certes, il n'était pas désagréable à regarder, mais le romantisme et la finesse, pas son genre, ce qui n'aidait pas trop à séduire ces dames.

Mais il fallait croire qu'il était le genre de la serveuse car les signaux étaient tout de même bien à son avantage ici! Mais il allait devoir l'avertir avant qu'il n'était pas à Bevelle pour bien longtemps et donc espérer qu'elle ne cherchait pas l'homme de sa vie... même s'il était un séducteur invétéré, il n'aimait pas faire pleurer les jolies filles.

Avant cela, il fallait s'intéresser à Aaron! Les pizzas étaient arrivées et ils pouvaient trinquer à la perspective de sa soirée qui serait peut être bien plus animée que prévu, laissant de côté la femme mystérieuse et Mokona qui ronflait à l'hôtel.
Alors qu'ils entamaient leur repas, Balthus s'intéressait donc à Aaron et ses tendances relationnelles qui étaient finalement totalement inexistantes!
«En plus, le temple de Macalania est pas le plus visité de Spira, tu devais pas avoir l'occasion de voir de jolies filles débarquer» il se massa un peu le menton, il avait déjà visité ce temple et c'est sur que c'est vraiment un trou perdu par rapport à d'autres, comme Kilika qui est près de la plage - donc pleins de jolies filles en maillot de bain pas loin - ou encore Bevelle qui est tout simplement la capitale. Le problème devait surement se poser aussi à Djose, même si Luca n'était pas loin, ça faisait une trotte!

Le jeune homme tenta un brin d'humour, il n'avait pas trop intérêt à provoquer Balthus qui serait capable de lui chercher une fille juste pour la soirée afin de le dévergonder!
«Hm... une part de moi trouve ça un peu triste, c'est sur... m'enfin on ne peut pas non plus regretter quelque chose qu'on n'a pas encore connu!» il se gratta la tête, la serveuse repassa et posa une bouteille de saké sur la table, qu'ils n'avaient pas demandé? Elle fit un petit clin d'œil à Balthus qui comprit que c'était un petit cadeau de la maison. Il lui rendit son clin d'œil, essayant quand même d'en apprendre plus sur les éventuels goûts et couleurs du jeune prêtre, mais il se doutait de la réponse, aussi, il tenta une autre approche

«Hmmm... depuis que tu as commencé ton pèlerinage, tu n'as jamais eu l'impression quand même que ton regard s'arrêtait plus sur certaines personnes? En général, on a tendance à fixer un peu quelqu'un qui nous plaît, est-ce qu'il y a quelqu'un que tu as croisé dont tu te souviens plus les détails? La couleur des cheveux, des yeux, vêtements etc?» c'était souvent un bon indice, après effectivement, homme ou femme il ne jugeait pas, mais lui quand même avec effectivement des préférences!

«Moi j'aime les femmes» pas honte de le dire «en tout cas, jamais trouvé un mec qui m'attirait jusqu'à présent, même Yuri qui avait un côté féminin... pas mon genre. Après, vu que je suis très grand, j'avoue que je préfère les femmes quand même un peu plus grande car sinon j'ai l'impression d'être un marteau à côté d'un clou.» heureusement que la serveuse n'écoutait pas, elle n'était pas vraiment grande, elle aurait pu mal le prendre «mais après, j'ai pas forcément de genre. Le regard, faut ce ptit truc tu sais, du charme quoi!» il engloutit une nouvelle part de pizza avant de reprendre «m'enfin après tu sais, le problème, c'est qu'à Luca, je suis surtout le fils de Sire Albrecht, y'a quelques filles qui voulaient me mettre le grapin dessus juste parce qu'elles espéraient entrer dans ma famille... donc pendant une grande partie de ma jeunesse, j'ai eu BEAUCOUP de petites copines avant de comprendre qu'en vrai, je ne les intéressais pas plus que ça.» du coup, il a fini par faire un peu pareil, ne pas chercher de relation sérieuse car ça risquait de mal finir avec sa famille «et puis, ma belle-mère ne me laisserait pas me marier avant mon frère... donc autant que je n'ai pas de relation sérieuse pour le moment, tant qu'elle lui aura pas trouvé une fille à épouser.» il eut un air un peu mélancolique, en vrai, il était triste pour son petit frère, il était totalement sous l'emprise de sa mère qui n'avait d'yeux que pour la prestance et la noblesse familiale. Il n'épouserait jamais une fille qu'il aime, seulement celle que sa mère lui collerait dans les pattes, il ne pourrait pas choisir son métier, il serait obligé de reprendre l'entreprise familiale... sa vie est déjà toute tracée, et c'est pas lui qui a le crayon.

«Bref, un peu comme toi, je suis ouvert à pas mal de choses! Tant que c'est pas sérieux!» aïe, la serveuse était passée à ce moment là, elle s'était arrêtée un moment, puis avait repris sa route pour servir tout le monde. Elle était derrière lui, donc il n'avait rien vu, mais elle ne semblait pas trop avoir changé d'humeur, visiblement, une aventure d'une nuit semblait lui convenir, ouf!

Balthus avait fini sa pizza avant qu'Aaron n'ait fini la moitié de la sienne, il se tourna pour en commander une deuxième, la serveuse passa près de lui et il tenta avec un regard appuyé
«J'aimerais une autre pizza s'il vous plaît, vous croyez que j'ai besoin de prendre des forces?» elle fit une petite moue moqueuse puis hocha juste de la tête avant de pouffer de rire
«J'espère que vous n'êtes pas du genre à vous coucher tôt...» les yeux du colosse s'illuminèrent alors qu'elle tournait les talons, il se tourna vers Aaron et resservit une tournée de saké

«Bon, ben je te raccompagne à l'hôtel après manger, tu vas dormir tout seul avec Mokona ce soir!» hors de question de le laisser se balader seul dans cette ville, il préférait s'assurer qu'il rentre bien avant de vaquer à ses occupations. Le mage n'avait probablement jamais vu Balthus avec un si large sourire, la soirée allait très bien se terminer!