La ville du crépuscule

Irvine et Sheli viennent des plaines de Canyon Cosmo
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Bon, l'incident était clos pour le moment. Au moins, Sheli ne se moquait pas trop de lui concernant cette histoire de... laisser aller. En tout cas, il ne leur restait plus qu'une seule chance, car vu l'état dans lequel ils étaient, ils ne pourraient pas pousser une autre statue! Enfin si justement, une dernière pour la route mais après ils seront KO!

Il demanda alors à Sheli si elle voulait qu'il choisisse pour la dernière, mais celle-ci décida d'essayer tout de même. Elle se dirigea vers la statue la plus proche et le jeune homme hocha de la tête avant de s'en approcher. Il se tourna vers la demoiselle en un sourire avant de prendre une profonde inspiration
«Allez courage, je suis sûr que c'est la bonne!» ou pas... ils avaient beau pousser encore et encore, rien n'y faisait et finalement, la tête commença à lui tourner et il entendit la voix de Titan résonner dans sa tête.

Cependant, il ne sut pas exactement ce qu'il avait dit dans la mesure où il était trop épuisé pour que son cerveau fonctionne correctement, aussi, il fut plutôt surpris de se réveiller dans un petit lit, plutôt confortable tout de même, mais le plafond était fait de pierre et il commençait à se demander où il était tombé.
«Sheli?»

Il se redressa doucement, il était entièrement habillé, quoi que non, on lui avait enlevé son manteau et il regardait une chaise à proximité pour voir qu'il avait été posé dessus, couvert de poussière. D'ailleurs, il ne se sentait pas très propre lui-même, il passa la main sur sa joue et remarqua effectivement qu'il y avait de la terre dessus. Mais en tournant la tête, il pouvait voir que Sheli dormait encore à côté de lui et il se risqua à regarder autour de lui pour voir qu'ils étaient dans une sorte de dortoir car il y avait d'autres lits vides.

Il soupira en se levant, laissant la demoiselle dormir encore un peu - pour une fois qu'il était le premier à se réveiller, mais il devait surement être pas loin de midi - et il tomba sur une femme en train d'étendre des draps, l'environnement laissait à penser qu'ils étaient dans la pierre, enfin dans une montagne non?
«Euh.. excusez moi mais.. on est où?»

La jeune femme lui expliqua alors qu'ils étaient au Canyon Cosmo, et que des villageois les avaient trouvés au pied des escaliers.. bon, ben au moins, cela signifiait qu'ils avaient échoué. Il demanda s'il pouvait prendre une douche et l'aubergiste lui désigna alors la salle de bain commune. Il revint donc dans la chambre pour prendre ses affaires et s'y dirigea.

Fais chier quand même... mine de rien, il était un peu déçu d'avoir loupé l'épreuve, surtout qu'il n'avait pas la moindre idée de s'ils pourraient repasser l'épreuve ou pas. Se lavant les cheveux avec assiduité, il restait un peu perdu dans ses pensées. Il s'en voulait un peu de ne pas avoir soutenu Sheli mieux que ça, ils avaient échoué alors qu'elle avait choisi la majorité des statues, elle risquait de s'en vouloir, et ils n'avaient pas la moindre idée du temps qu'il leur faudrait pour repasser l'épreuve.

Soupirant, il sortit de la douche pour se sécher, puis il se rhabilla avant de sortir afin de demander à l'aubergiste s'il était possible de manger quelque chose. Vu que midi approchait, elle leur proposait des sandwichs ou alors un vrai repas, ça dépendrait justement de ce qu'ils étaient capables d'avaler dès le réveil! Il revint donc dans le dortoir en se demandant si Sheli était enfin réveillée, alors finalement il vint s'asseoir sur le bord de son lit pour poser sa main sur son épaule
«Sheli? Debout...» il la secouait doucement, ne sachant pas encore vraiment comment lui faire comprendre qu'ils avaient échoué.

Non vraiment, ce serait très malpoli de tout mettre sur les épaules de quelqu’un pour ne pas à avoir à supporter la moindre responsabilité. Je préfère encore me tromper et être rongée de remords plutôt qu’on me prenne pour une sale égoïste. J’avais donc désigné la dernière statue et visiblement, ce n’était pas la bonne et je me sentais tellement épuisée que, comme Irvine, je m’écroulais, couverte de sueur après tant d’efforts fournis. La voix de Titan résonna dans nos têtes, et pourtant pour l’instant, je ne pouvais guère y prêter attention. J’étais plongée dans un profond sommeil réparateur pour récupérer tout ce que je venais de perdre, si d’habitude le moindre bruit me réveille, là, non, j’étais vraiment trop crevée.

J’ignore même de quoi j’ai pu rêver, mais visiblement, j’étais la dernière à me lever pour une fois. Je commençais à sentir qu’on me secouait un peu par l’épaule, aussi je finissais par être totalement extirpée du monde des rêves et je commençais à ouvrir un œil, puis l’autre, en affichant vraiment un air épuisé. Rajoutez à cela qu’il me fallait quelques longues secondes avant que mon cerveau ne se mette en marche, et je me redressais petit à petit pour examiner les lieux.

« Où est-ce qu’on est … ? »

La logique voudrait que ce soit Canyon Cosmo puisqu’on était à proximité lors de l’épreuve, mais ne sait-on jamais. En parlant d’épreuve, je me demandais combien de temps j’étais restée endormie, puis petit à petit je revenais en arrière pour me souvenir enfin de ce que Titan avait dit. Pas encore prêts à recevoir ce savoir, hein ? Je prenais donc un air triste, si le jeune homme ne savait pas comment me le faire comprendre, ca aurait été inutile puisque je m’en souvenais toute seule.

« On a échoué … J’ai tout fait foiré … »

Quand je dis que j’ai la poisse … Je me laissais retomber la tête dans l’oreiller en posant ma main sur mon front comme si j’avais mal à la tête. Je m’en voulais oui, je culpabilisais, car forcément, j’avais fait la majorité des choix, et j’avais justement choisi de faire le dernier pour ne pas paraître égoïste. En retirant ma main de mon front, je remarquais que j’étais bien sale entre la sueur qui avait séchée et la terre venant de ce drôle de souterrain et je me mis à tourner la tête tout en me redressant à nouveau.

« Où est la salle de bain ? »

Non seulement pour me laver évidemment, mais aussi pour avoir un bon prétexte pour m’isoler un coup. J’attendais de voir, puis je prenais des affaires propres avant d’aller m’y enfermer et me glisser rapidement sous l’eau pour évacuer toute la saleté accumulée. La couleur de l’eau en était même répugnante au début, et je ne vous parle même pas de mes cheveux ! Concernant cette histoire de cristal, d’orbe, de gardien … je me sentais blasée. Et parfaitement inutile, surtout inutile en fait. Je veux les protéger, mais je n’en suis même pas à la hauteur … C’est terrible quand même. Enfin … Quoi qu’il en soit, je finissais par sortir, je me mis à fixer quelques instants le jeune homme sans oser dire quoi que ce soit, puis finalement, j’ouvris la bouche, mais pour éviter d’aborder le sujet sensible à l’heure actuelle.

« On devrait aller manger quelque chose … »

La réaction de Sheli au réveil n'avait rien de surprenant, et Irvine s'y était même attendu en fait aussi lorsqu'elle lui demanda où ils se trouvaient, il répondit d'une voix douce
«On est à Canyon Cosmo... apparemment, des villageois nous ont trouvés aux pieds de l'escalier de la ville.»

Il essayait de lui masser un peu l'épaule, mais il voyait bien qu'elle déprimait déjà en estimant que c'était sa faute et qu'elle avait tout foiré «Mais non! C'était juste une question de chance... ce n'était pas notre jour, rien de plus. Tu n'as pas à t'en vouloir!» surtout que finalement, ils avaient appris tout de même pas mal de choses grace à Titan, et ce même s'ils n'avaient pas obtenu l'emplacement du cristal de la terre...

Elle se leva finalement et il soupira en lui montrant la salle de bain
«Ferme bien la porte, tout le monde peut y accéder à cette salle d'eau.» il baissa ensuite la tête avant de s'allonger sur le lit de la demoiselle pour fixer le plafond afin de réfléchir. Il ne savait pas comment la rassurer ce qu'il s'était passé, ce n'était pas sa faute mais il savait très bien que c'était ce qu'elle pensait.

Lorsqu'elle sortit, elle demanda directement s'ils pouvaient aller manger un morceau et il se leva donc rapidement pour aller la rejoindre
«Attends! Enfin oui, on va aller manger mais écoute s'il te plait...» il n'aimait pas voir les gens tristes, et encore moins les jolies filles! - «écoute, on a réussi à obtenir de bonnes informations sur les cristaux! On aurait pu les chercher longtemps sans savoir qu'il fallait d'abord trouver leurs gardiens!» - il posa ses mains sur ses épaules pour qu'elle le regarde dans les yeux - «Allez, on essaiera d'y retourner pour voir, d'accord? Peut être qu'on pourra retenter l'épreuve. On finira par y arriver!»

Il soupira alors avant de baisser les yeux et la lâcher, il lui désigna l'endroit où ils pourraient manger quelque chose, pour lui, il n'avait pas très faim et il se contenterait d'un petit déjeuner, mais préférait laisser la demoiselle choisir ce qu'elle voulait manger.

Il se rendit donc dans la petite salle commune, l'aubergiste s'approcha d'eux pour leur demander ce qu'ils voulaient et il leva les yeux vers elle en souriant timidement «Euh, c'est possible de prendre du café et... je sais pas, du pain? des tartines?»
«À cette heure ci?»
«Oui, je n'ai pas très faim.»

Cette histoire lui avait retourné l'estomac... enfin, il laissa la jeune femme décider avant de poser ses coudes sur sa table et se tourner vers elle
«Allez, tu veux bien sourire?» car non, décidément non, il n'aimait pas la voir aussi triste.

Je sais que ce n’était que du hasard et une question de chance cette épreuve, mais je suis comme ca. Une part de moi reste, et restera persuadée que c’est parce que je porte la poisse qu’on n’avait pas réussi. Je suggérais d’aller manger pour ne pas à avoir à parler de ce sujet, mais Irvine y tenait et m’arrêtait donc. Je me mis à fuir son regard en baissant la tête alors qu’il cherchait à me rassurer. Il était vrai que même si nous n’avions pas réussi, on avait obtenu des informations précieuses et essentielles pour la recherche des cristaux, mais tout de même …

« Mais je … »

… porte malheur. Non, il insistait, cette fois pour dire qu’on réessaierait à l’avenir s’il le faut. Ou du moins, qu’on irait voir si on pouvait réessayer et je hochais simplement de la tête avec peu de conviction. Je me risquais à lever les yeux vers lui, voyant bien que mon état ne lui plaisait pas, aussi je répondais simplement par :

« Ca me passera … »

Il finit par soupirer et me lâcher pour qu’on aille enfin manger un morceau, même si j’admets qu’en réalité, mon humeur me coupait un peu l’appétit, mais j’ignorais combien de temps on était restés là à dormir, sans manger, donc autant faire un effort pour se remplir un peu l’estomac. Cependant, comme Irvine, manger un plat consistant et salé dès le réveil, je ne pouvais pas, et ce, même s’il était midi passé. Alors, que ca choque la jeune femme ou non, pour moi aussi, ce sera un petit déjeuner et non un repas. Et pendant que l’aubergiste allait nous chercher tout ce qu’il fallait, je me mis assise à table, baissant à nouveau les yeux et me mettre à jouer avec mes cheveux pour patienter, mais l’expression de mon visage n’avait pas changé. Je m’en voulais toujours, et ca ne passait évidemment pas inaperçu. Car Irvine me demanda carrément de sourire …

Je relevais alors un peu la tête, avant de la plonger dans ma main, le coude me servant d’appui sur la table, et ce ne fut qu’au bout de plusieurs longues secondes que je me décidais à afficher un petit, mais alors très petit sourire ! Puis l’aubergiste revenait, aussi je me redressais complètement pour pouvoir manger un peu, quoi que très lentement tout de même. Le souvenir de l’épreuve me revenait sans arrêt en tête, et je me rappelais qu’Irvine devrait appeler Squall par la suite pour le prévenir de ce qu’on avait appris, et machinalement, je pris mon propre téléphone dans mes affaires. Ma mère ne m’avait pas appelée, mais elle m’avait laissée un message pour donner des nouvelles, et ajouter une touche d’humour à la fin en disant qu’elle avait trouvé mon chat en train de pleurer devant ma chambre suite à notre départ ! Je me mis à sourire tristement, malheureusement, je ne pouvais pas répondre. On était en plein cœur d’une montagne, il n’y avait pas de réseau ici. Mais je devrais songer à le faire plus tard, sinon elle allait s’inquiéter si je ne donnais pas de nouvelles pendant plusieurs jours. Elle demandait aussi si on avait finalement réussi à atteindre Junon, mais bon, non malheureusement, et nous allions devoir reprendre la route … Je rangeais donc mon téléphone avant de relever timidement les yeux vers le jeune homme.

« On va devoir oublier un peu cette histoire et reprendre la route, hein ? »

Enfin, oublier … Les informations étaient trop importantes pour être oubliées, évidemment, mais oublier dans le sens, oublier cet échec. D’ailleurs, j’ignorais que le chocobo nous attendait toujours gentiment dans la plaine, on allait avoir une sacrée surprise en sortant ! Et finalement, ce serait même mieux, ca nous ferait économiser un chocolégume, mais bon, on ne pouvait pas le deviner pour l’instant. Mais puisque j’avais parlé de reprendre la route, je faisais un peu de place sur la table pour y plaquer la carte du continent et l’examiner jusqu’à poser mon doigt sur le village le plus proche après Canyon Cosmo.

« Vu l’heure et notre position actuelle, j’imagine que Gongaga sera notre prochaine destination. »

C’était là où on devait se rendre à la base à vrai dire, mais bon. Et comme je disais, on ignorait que le chocobo nous attendait. On devait donc se préparer à partir, sauf si Irvine tenait à voir quelque chose dans cette ville, outre les boutiques, mais ca, ca m’étonnerait puisqu’il ne voulait pas y venir dans un premier temps.

« Vu qu’on a récupéré un peu d’argent, j’imagine que tu vas vouloir faire un petit tour en boutique ? »

J’espère juste qu’il n’y aura pas une autre vendeuse pour venir l’allumer …

Ça lui passera hein? Il l'espérait en tout cas. Inutile de répéter qu'il n'aimait vraiment pas la voir ainsi. Enfin, pour le moment, il attendait qu'on leur apporte leur petit déjeuner, et Sheli vint dérouler la carte pour essayer de trouver leur itinéraire. Gongaga n'était pas si loin et il était probable qu'ils y soient dans la soirée et ce, même sans chocobo. Avec une monture, ils y étaient dans l'après-midi probablement, du moins tout dépendait de l'heure à laquelle ils partaient.

Cependant, la demoiselle lui demanda s'il comptait faire des achats, aussi il hocha de la tête pour approuver
«Oui, j'aimerais bien voir ce qu'ils ont en stock...» il se tourna alors vers elle avant d'afficher un léger sourire amusé «tu as appris une nouvelle technique, c'est mon tour non?»

C'était probablement une bonne chose pour détendre l'atmosphère. L'aubergiste arriva en leur portant donc du café ainsi que quelques tartines avec de la confiture, le jeune homme se servit et trempa rapidement son pain dans la boisson chaude et mordit dedans à pleines dents! Mine de rien, ça lui faisait du bien de manger, il avait l'impression que ça faisait une éternité qu'il n'avait rien avalé... et en fait, ben il n'avait rien mangé depuis la veille au matin! Leurs sandwichs devaient être encore dans son inventaire, même s'ils ne devaient plus être très frais, mais comestibles.

Il essayait de réfléchir à une technique qu'il souhaiterait apprendre, et au fond de lui, il se disait que ce serait bien d'en apprendre une qui lui permettrait d'encaisser les dégâts à la place de la demoiselle. En bon chevalier servant, il préférait prendre les coups à sa place! Mais il préférait se garder de le lui dire pour ne pas risquer de lui faire peur. Elle n'aimerait sans doute pas qu'il fasse ce genre de choses.

Une fois le petit déjeuner terminé, ils rangèrent la carte et se levèrent pour gagner la boutique. Il regarda pendant un long moment les différentes gemmes proposées, et contrairement à ce que craignait la demoiselle, il s'agissait d'un vendeur, et d'un certain âge en prime, et non d'une vendeuse. Il réfléchit pendant de longues minutes avant de se décider à acheter une lunalithe. Cela allait sacrifier presque tous les gils qu'il avait gagnés contre les griffons, mais tant pis! Ce sera sûrement utile pour la suite, du moins à ses yeux. Et puis, les monstres donnaient tout de même pas mal de gils dans le coin aussi il espérait pouvoir en récupérer facilement rien qu'en allant à Gongaga! Car forcément, s'ils y allaient à pied, ils risquaient de rencontrer des monstres.

Il paya donc la somme de 700 gils avant de prendre la lunalithe dans sa main. Autant s'en servir tout de suite, il ne servait à rien de s'en encombrer. Il ferma les yeux et se concentra sur ce qu'il voulait avant de sentir une aura blanche l'entourer quelques secondes pendant que la gemme disparaissait. Évidemment sur le coup, il avait l'impression de s'être fait avoir, mais il sentait au fond de lui qu'il saurait se servir de ce nouveau pouvoir!

Il se tourna alors vers Sheli en lui souriant doucement
«Tu as des achats à faire? Sinon, je pense qu'on peut y aller. On a de la route à faire.» ou pas, puisque le chocobo les attendait bien gentiment!

Donc encore une journée à voyager un peu, il fallait qu’on gagne Costa Del Sol pour pouvoir se rendre à Junon, mais l’heure était assez avancée, et vu qu’on était à Canyon Cosmo, en effet, une halte à Gongaga s’imposera. Bon par contre, vous m’expliquez pourquoi à chaque fois que je mentionne ce nom j’ai envie d’éclater de rire ? La prononciation est assez marrante mine de rien, enfin bon … Hum … Avant qu’on ne parte, je voulais m’assurer si Irvine comptait acheter quelque chose ou non dans ce village, puisque nous avions réuni pas mal d’argent avant l’épreuve de Titan. Visiblement oui, et il me sortit comme excuse que, sous prétexte que j’avais assimilé une technique à Nibelheim, ca devait être son tour, et je me mis à hausser un sourcil.

« Et si je décide d’en assimiler une autre, là, maintenant, tout de suite ? Tu devras m’égaler aussi ? »

Je ne disais pas ca méchamment, bien évidemment. Bref, je finissais de manger pour ma part, et maintenant que j’avais inspecté téléphone et carte, je rangeais le tout en attendant que le jeune homme termine pour qu’on se lève et quitte les lieux pour aller dans la boutique la plus proche. S’il cherchait quoi choisir, moi je réfléchissais aussi de mon côté. Le souvenir de l’assimilation de ma première technique magique me revenait en tête. Je n’avais assimilé qu’un soin, certes, mais je me disais … et si un jour on venait à me désarmer ? Si un jour je venais à être à court de balle ? Je serai totalement vulnérable, peut-être serais-je bien obligée de me tourner vers la magie pour me défendre. L’idée me tracassait toujours un peu, mais … finalement, j’utiliserai la magie que pour la bonne cause, hein ?

Je tournais la tête de gauche à droite de façon à regarder l’ensemble des gemmes, puis je vis Irvine se dirigeait vers le comptoir pour payer son acquisition et je me penchais un peu pour vérifier que … non, ce n’était pas une jeune vendeuse en chaleur, bien au contraire ! J’en profitais pour m’approcher des gemmes et les examiner, jusqu’à ce qu’Irvine se rapproche pour me demander si j’avais des achats à faire et j’acquiesçai d’un signe de tête. Le rubis me tapa dans l’œil, allez savoir pourquoi, mais le couleur me plaisait ! Oui je juge à la couleur oui oui … Mais il y avait deux sortes de rubis, aussi j’appelais le vendeur pour demander la différence, et effectivement, l’un était plus cher que l’autre et pour cause : il renfermait une puissance plus grande que le premier. Apparemment, je pouvais apprendre une technique de type feu avec, et puisque je sentais avoir suffisamment évolué depuis quelques jours, j’estimais pouvoir prendre la plus chère, même si ca allait vider mes économies ! Je me disais que justement, si on devait marcher dehors, je récupérerai forcément des gils sur les monstres, alors bon.

Je me décidais donc à acheter le rubis en échange de 1000 gils avant de me tourner vers Irvine, puis baisser les yeux sur la pierre. Pour avoir assimilé une autre technique magique, je savais comment m’y prendre maintenant. Je serrais la pierre dans ma main en fermant les yeux, si cette chose allait m’apprendre à manipuler le feu, je voulais faire en sorte que sous ma volonté, et au contact d’un adversaire, je le brûle, tout simplement. Et la pierre disparut donc au bout de quelques secondes alors que de l’air brûlant souffla dans mes cheveux. Ca y est ? Ca faisait bizarre, c’était vraiment étrange comme sensation, et c’était tout aussi déstabilisant de penser que si j’aurai fait ca il y a un an encore, on m’aurait pourchassée pour sorcellerie. Je faisais un signe de tête à Irvine en souriant légèrement pour lui signifier qu’on pouvait y aller cette fois.

Une fois au cœur du village, je m’arrêtais pour me tourner vers la sorte de place qu’il y avait. Il y avait un grand feu avec quelques villageois autour et je me demandais ce qu’ils faisaient ? Une cérémonie ? Ou c’était juste par habitude qu’ils se réunissaient là ? Pas le temps de me tracasser la tête, on m’emportait dehors ! On descendait ces fameuses marches, là où on avait du nous trouver, et une fois de retour sur le plateau de Canyon Cosmo, un animal nous fonça directement dessus !

« Kweh ! »

Un chocobo bleu ? Non … NOTRE chocobo bleu ! Je me mis à écarquiller les yeux alors que l’animal venait me donner un léger coup de tête pour avoir quelques caresses – et quelques chocolégumes aussi je pense. Je me mis à caresser son plumage en élargissant un sourire, celle-là, je ne m’y attendais pas.

« Oh bah alors ? Tu nous as attendus depuis hier ? »
« Kweh ! »

A croire qu’il me comprend pour me répondre ainsi. En tout cas, je me tournais vers Irvine en souriant un peu plus sincèrement, l’animal tombait à pic !

« Au moins avec lui, on ira plus vite, hein ? »

De toute façon, si ma mémoire est bonne, il y a encore une rivière qui sépare la région de Canyon Cosmo à celle de Gongaga donc on aurait quand même été obligés d’appeler un chocobo en cours de route.

Que de soulagement et de bonheur que d’avoir enfin réussi cette épreuve ! Qui plus est, on devait s’estimer heureux, le cristal de la terre se trouvait sur nos terres natales, donc contrairement à Sephiroth, on savait où aller. J’ignore s’il avait reçu la même énigme que nous, mais de toute façon, du moment qu’on sait que ca se passe sur notre monde, on peut déduire les choses nous-mêmes ! Si le cristal se serait trouvé sur un autre continent, là, on aurait tâté un peu je pense. Mais là, pas très difficile pour nous, il s’agissait bel et bien de la prison du désert, on savait qu’on devrait se rendre là-bas, et avant Sephiroth de préférence !

Bon, un autre problème maintenant : c’était comment sortir de là sans que les journalistes ne nous sautent à la gorge pour nous bombarder de questions ? Irvine pensait comme moi évidemment, mais lui eut le courage de demander à Titan de nous amener directement devant la cité de Canyon Cosmo si possible, et la chimère s’élança dans un élan de générosité. Je fermais les yeux jusqu’à sentir l’air extérieur me fouetter le visage, je sentais la chaleur d’Irvine aussi puisqu’il me tenait dans ses bras, et je levais alors la tête. Une fois de plus, c’est dans ce genre de moment qu’on constate à quel point je pouvais être petite par rapport à lui, mais pas le temps de songer à ca, car je fus surprise de voir avec quelle passion il venait me chercher. Ca n’avait strictement rien à voir avec tous les baisers qu’on avait pu échanger jusque là, c’était plus fougueux que jamais. Et évidemment, j’étais tellement heureuse de cette journée, de cette réussite, que je me sentais pousser des ailes dans le dos. Du coup, c’est avec la même passion que je lui rendais ce qu’il me donnait jusqu’à ce qu’on soit obligés de reprendre notre souffle.

Je le fixais quelques instants, souriant plus sincèrement que jamais, car après une telle démonstration, je sentais bien qu’il y avait quelque chose, que ces fameux mots lui brûlaient les lèvres, mais qu’il n’était pas encore prêt à les prononcer. Ce serait pour bientôt, j’en suis sûre ! Enfin, je finissais par détourner le regard vers la ville avant que mon estomac ne manifeste son mécontentement. On avait beaucoup voyagé et notre dernier repas datait de ce matin, et on doit être en plein après-midi. Je m’en fiche, je pourrais manger n’importe quoi à l’heure là, même salé ! Et de toute façon, on avait besoin de se décrasser après avoir autant transpiré, et surtout se reposer.

« O-On va manger un truc avant d’aller prendre une chambre ? J’ai vraiment faim … »

Et au pire, même s’il ne veut pas, tant pis ! J’irai quand même, je suis trop têtue. On grimpait les marches pour entrer dans la cité, mais je n’allais pas à l’auberge, plutôt dans un bâtiment qui faisait office de bistrot si je puis dire, et je demandais au type derrière le comptoir s’il y avait des restes du midi.

« Il reste du chili con carne, oui … Je peux vous le réchauffer si vous voulez ? »
« Ah oui je veux bien, et relevez bien mon assiette, j’aime ce qui arrache ! »

Il sourit doucement avant d’aller allumer un feu pour réchauffer la casserole, et j’allais m’installer à une petite table en bois avec Irvine en attendant. Je repensais à ce qu’il s’était passé à l’entrée de la ville, de quoi me faire sourire bêtement d’ailleurs, mais je préférais ne pas en parler pour ne pas le gêner. Non, parlons du programme plutôt.

« Maintenant qu’on a l’orbe et qu’on sait où se trouve le cristal de la terre, on va devoir trouver un moyen de rentrer sur Dol … Le bateau risque d’être trop long, on devrait retourner au Village Fusée pour prendre un aéronef ? »

Il n’y avait que là-bas que j’avais vu une aérogare, alors bon …

L'ambiance était tout de même plus agréable ainsi, même si Irvine restait encore un peu perdu dans ce qu'il pouvait ressentir ou non, mais il préférait ne pas le montrer pour l'heure, profitant seulement du moment présent comme il savait très bien le faire!

Ils grimpèrent les marches qui menaient à la ville, Sheli avait faim et il devait reconnaître avoir les crocs également et c'était donc avec un sourire à la fois charmeur et amusé qu'il lui fit signe de le suivre afin qu'ils trouvent un endroit où manger.

On leur conseillait un chili con carne, ça convenait plutôt bien au jeune homme même s'il craignait les conséquences!! Il espérait qu'il aurait le temps de «digérer» à un moment où il serait seul car il n'avait pas envie de renouveler l'expérience de l'antre de Titan! Il repensait encore à leur baiser, il savait bien qu'il était différent des autres, qu'il y avait une évolution entre eux et c'était plutôt nouveau pour lui. Enfin pas tant que ça, disons qu'il l'avait déjà vécu avec Selphie mais il avait tellement peur que ça finisse de la même manière qu'il se disait qu'il était en train de faire marche arrière avant de se raviser.

Non, il avait promis que s'ils réussissaient cette épreuve, il ne se laisserait plus bloquer par ses pensées négatives! En attendant qu'on les serve, Sheli revenait justement là dessus et Irvine hocha la tête de gauche à droite
«On n'a pas besoin d'aller chercher ce cristal je pense. Ce qu'il faut, c'est prévenir les gens qu'il faut pour qu'ils le protègent! Je pense qu'il vaut mieux le laisser dans son sanctuaire tu ne crois pas?»

Car après tout, il n'avait pas envie de se lancer dans une quête aux cristaux, lui ce qu'il voulait, c'était les protéger pour qu'ils ne tombent pas entre de mauvaises mains, et à ses yeux, le cristal était sûrement bien mieux protégé dans son Sanctuaire que sur eux! Donc autant le laisser là où il est. Il posa sa main sur celle de la jeune femme en souriant doucement
«Je vais prévenir Squall et la GGU pour leur dire d'envoyer de quoi renforcer la sécurité là bas. Il faut surtout empêcher Sephiroth de s'en emparer, et tous ceux qui réussiraient à à passer l'épreuve de Titan»

C'était ce qu'il y avait de mieux à faire. On leur apporta leurs assiettes et ils commencèrent à manger, il est vrai que c'était plutôt bon, mais ça arrachait la gueule quand même! Il se mit à tousser sur le coup avant de boire un peu d'eau, mais on lui mit rapidement du pain sur la table pour contrer les effets et déjà ça allait mieux! Mais il se tourna tout de même vers le cuistot pour le féliciter
«C'est très bon, merci!» il tira tout de même le col de son t-shirt, signe qu'il avait plutôt chaud, ensuite ils iraient à l'auberge pour prendre une chambre et surtout prendre un bon bain!!

Un bon chili, ca nous ferait du bien de nous remplir l’estomac avec ca ! Même si effectivement, je ne pensais pas trop aux conséquences pour le moment. On s’était installés à une table pour le moment en attendant que le type au comptoir réchauffe le repas – et le relève un peu plus à ma demande – et on pouvait profiter qu’il soit occupé en cuisine pour discuter de ce fameux cristal de la terre. Maintenant, nous savions où il était. Irvine n’était cependant pas d’avis à aller le chercher, seulement renseigner les personnes appropriées pour protéger la zone et je me mis à grimacer légèrement lorsqu’il parla de prévenir Squall. On avait déjà parlé de ca, protéger une zone en particulier va mettre la puce à l’oreille de bien des personnes, et je pense que tout le monde n’a pas vu les informations dernièrement, alors il doit bien y avoir des gens qui ne sont pas au courant qu’il faut passer l’épreuve d’une chimère avant de se lancer à la poursuite d’un cristal, non ? De toute façon, j’avais une opinion totalement différente d’Irvine pour le coup.

« Je sais que le cristal doit très bien être protégé là où il est, mais il sera tout d’autant plus difficile de le trouver si on le prend et qu’on voyage avec. On serait en mouvement en permanence, les gens, bons ou mauvais, auront énormément de mal à le retrouver, tu ne crois pas ? »

Il y avait des risques à cela aussi, si quelqu’un venait à nous démasquer, on chercherait peut-être à nous attaquer pour le récupérer, donc bon, c’était à méditer. On verrait ca plus tard, car le cuistot revenait avec nos assiettes et je pétillais déjà à l’idée de plonger là-dedans ! Mais avant, je pouffais de rire à voir Irvine s’étouffer à cause des épices, et je me mis à goûter à mon tour. Sauf que moi, j’adorais la cuisine épicée, et j’avais l’habitude d’en manger aussi, donc ca ne me faisait absolument rien. Sourire amusé sur les lèvres, j’étais obligée de faire un commentaire là !

« Bah alors ? On va cracher du feu ? »

Enfin, avec un tel repas, je dirai même péter le feu, au sens propre du terme mais passons. Je crois que je battais un record de vitesse en ce qui concernait d’avaler tout ca. J’ai mangé mais vraiment hyper vite tellement que j’étais affamée, j’avais même demandé une deuxième assiette, mais au bout de cette dernière, je n’en pouvais plus, et je ne pris aucun dessert. Je me contentais de descendre un bon gros verre d’eau avant de m’affaler sur ma chaise en me tenant le ventre.

« Fiou … Je vais exploser !! »

Mais il fallait se lever pour aller à l’auberge, et je me souvenais du chemin donc j’attrapais Irvine par le bras pour le traîner jusque là-bas dans la bonne humeur. Vraiment, cette journée était très bonne ! Et elle n’était pas finie. Une fois sur place, je demandais à l’aubergiste une chambre double, et il leva alors les yeux vers nous pour nous regarder à tour de rôle et baisser à nouveau le regard sur un livre.

« Ca fera 400 gils. »

J’échangeais un regard avec Irvine … Bon allez, je paye ! Puisque le gars daignait nous regarder, je lui lâchais ses 400 gils sauvagement sur le comptoir, et il me rendit la pareille en me balançant limite la clé à la tronche. Ok, en temps normal je lui aurai décollé la tête mais là, j’étais tellement de bonne humeur que ca ne me contrariait même pas. Je nous emmenais dans la bonne chambre, et une fois sur place, je me stoppais en voyant la salle de bain, puis je regardais Irvine. Ok, vu l’état crade dans lequel on se trouve, on va se battre pour y aller, aussi je fonçais jusqu’à la porte où je bloquais l’entrée.

« Prem’s !! Mouhahaha, t’attendras ! T’as qu’à appeler Squall en attendant. »

Je lui lançais un regard malicieux avant de lui voler un baiser et claquer la porte pour m’enfermer et aller directement faire couler l’eau pour un bon bain. Yeah, l’eau chaude m’avait manquée. J’essayais de ne pas être trop longue non plus et surtout de m’activer pour me laver, sinon avec la fatigue de l’épreuve, j’allais m’endormir. Je prenais quoi ? Une vingtaine de minutes. Donc un record pour moi dans une salle de bain, mais au moins quand je ressortais, bah j’étais toute propre !

« Tu peux y aller. Mais avant dis-moi ce que Squall envisage de faire ? »

Avait-il le même point de vue que moi, ou le même qu’Irvine ? Telle est la question !

De toute évidence, les deux jeunes gens n'étaient pas d'accord sur la façon de protéger les cristaux. Lorsque Sheli expliqua qu'il serait plus en sécurité sur eux puisqu'ils étaient en perpétuel mouvement, le jeune homme hocha de la tête de gauche à droite
«Rappelle toi de ce que Titan a dit, pour trouver un cristal, il faut obligatoirement passer d'abord l'épreuve de la chimère, ça implique donc d'abord de trouver la chimère» bon ok, Titan était grillé puisque quatre-vingt dix pour cent de la population d'Héméra devait savoir à présent où il se trouvait «réussir son épreuve, et ensuite comprendre l'énigme pour trouver le sanctuaire du cristal. Et je suis presque sûr qu'il doit y avoir encore des épreuves là bas! Tu crois vraiment que toutes ces choses seront moins efficaces pour protéger le cristal que nous? Si on le récupère, il suffit juste qu'on se fasse agresser et n'importe qui pourra s'en emparer! Je te rappelle que c'est arrivé y'a pas si longtemps me concernant, imagine si j'avais eu le cristal sur moi à ce moment là?»

C'était un exemple tellement con qu'à ses yeux, c'était probablement le meilleur qu'il puisse avoir. Et là dessus, la jeune femme aurait probablement du mal à le contredire. Ils avaient besoin d'y réfléchir tous les deux, et de toute manière, il comptait en parler à Squall un peu plus tard. Ils mangèrent tranquillement et dans une certaine bonne humeur puisque la jeune femme voyait bien qu'Irvine avait du mal à avaler ce chili trop épicé, mais au moins ils avaient le ventre bien rempli au point qu'elle allait visiblement éclater! Lui prit un yaourt fait maison pour calmer le feu dans sa bouche, puis ils allèrent réserver leur chambre.

Ce fut la jeune femme qui régla la note, et Irvine se disait qu'il paierait éventuellement la prochaine, c'était peut être plus simple de faire comme ça plutôt que de régler chacun sa part finalement.
Une fois dans la pièce, il soupira de soulagement en voyant qu'ils avaient droit à un grand lit, il espérait qu'il dormirait bien là dedans mais de toute manière, il était totalement naze après la journée passée.

Sheli se précipita vers la salle de bain en lui signalant qu'il n'avait qu'à appeler Squall pendant ce temps, il hocha la tête avant de se baisser un peu pour qu'elle l'embrasse avant de foncer à la douche. Il sortit son téléphone, voyant qu'il n'avait pas de réseau au creux de cette montagne, et qu'il n'avait, évidemment, aucun message en absence. Il soupira et sortit pour se diriger vers le feu de camp où il eut un peu plus de réseau, puis il composa le numéro du Directeur qui décrocha rapidement.

Ainsi, il donnait les instructions qu'il avait pu recevoir de la chimère, et ils discutèrent au moins un bon quart d'heure mais dans la mesure où il n'y avait pas de haussement de ton, la discussion était amicale.
Lorsqu'il revint dans la chambre, Sheli n'était pas encore sortie et il vint s'asseoir sur le lit pour l'attendre, et lorsqu'elle eut terminée, elle lui signala qu'il pouvait y aller mais souhaitait avoir l'avis de Squall avant.

«Il est d'accord avec moi. On a la chance que le Sanctuaire se trouve au niveau de la prison du désert, renforcer la sécurité là bas ne sera pas particulièrement louche. Il compte faire une déclaration comme quoi un attentat a pu être évité à Deling City contre Linoa par un homme qui la verrait toujours comme une sorcière malgré la fusion des mondes, et cet homme sera envoyé dans cette prison où il sera étroitement surveillé. Ça justifiera l'augmentation des effectifs là bas.»

Il prit alors une profonde inspiration avant de lever de nouveau les yeux vers la jeune femme «Mais ça ne vaudra que pour ce cristal, parce que l'endroit tombe bien. Pour les autres, il est d'accord avec toi, il sera préférable qu'on les récupère, quitte à les mettre ailleurs pour que les personnes réussissant les épreuves des chimères ne puissent pas les trouver.»

Mais il semblait trouver aussi dangereux de le confier à une personne qui pourrait être facilement attaquée par n'importe qui. Il était préférable de trouver des endroits sûrs, comme peut être les sous-sols des universités qui étaient hautement sécurisés puisque c'était là que se trouvait la salle des machines pour la plupart, ou encore le Manoir Caraway qui avait de nombreux coffres forts secrets. Enfin, il laissa Sheli réfléchir à tout ça, finalement, Squall était de leur avis à tous les deux et au moins ils ne se disputeraient plus vraiment à ce sujet.

Pour l'heure, c'était à lui de prendre sa douche et il embrassa également la demoiselle avant de filer à la salle de bain, elle aurait l'occasion de réfléchir à tout ça de son côté.

Douche prise, il ne manquait plus qu’un peu de repos, et on serait totalement remis de l’épreuve de Titan, qui avouons-le, est plus qu’éreintante. Irvine avait téléphoné à Squall pendant que j’étais à la douche, visiblement il avait réussi à le joindre, car en y réfléchissant, je me disais qu’il n’y avait peut-être pas de réseau dans un tel endroit. Du moins, à notre précédent passage, je n’avais pas réussi à joindre ma mère personnellement. J’attendais donc de voir quel avis mon proviseur rejoignait. Dans un premier temps, j’affichais une moue un peu déçue lorsque j’apprenais que concernant le cristal de la terre, Squall était d’accord sur le fait qu’il devait rester dans son sanctuaire. Il comptait simuler un attentat contre Linoa, cette fameuse fille vêtue de bleu, pour « emprisonner » le responsable et justifier ainsi la surveillance de la prison. Oui bon d’accord, ca marchait pour ce cas-là, mais pour les autres cristaux, on n’aurait sans doute pas cette chance !

Et c’est là qu’Irvine me déclara que Squall était d’accord avec moi ! Si on réussissait d’autres épreuves, on irait chercher les cristaux pour les emmener ailleurs ! Sur le coup, j’affichais un air satisfait, mais en fait, en réfléchissant un peu, je me posais soudainement une question.

« En fait … Je me demande quand même … Les chimères sont les gardiens des cristaux … Ils doivent savoir où se trouve le cristal qu’ils gardent en permanence non ? Si on vient à prendre un cristal et qu’on repart avec, par la suite, la chimère pourra dire à d’autres personnes réussissant l’épreuve que c’est nous qui l’avons ? »

Ou la fille qui doute soudainement de sa propre suggestion. J’aurai du me poser la question plus tôt quand même, car même si on était en perpétuel mouvement ensuite, les « gagnants » de l’épreuve sauraient que nous avons pris possession du cristal, non ? Enfin, je n’en sais rien, il y a tellement de choses que je ne sais pas à ce sujet, mais bon, j’attendais d’avoir l’avis d’Irvine et je le laissais filer à la douche.

En attendant qu’il revienne, j’allais m’allonger sur le lit, la tête bien callée sur mon oreiller, les jambes croisées vers le haut – donc en gros, si je ne portais pas de short en-dessous de ma jupe, Irvine aurait une vue plongeante sur ma culotte en sortant – je réfléchissais simplement à tout ca, mais chaque fois que j’émettais une hypothèse, je me retrouvais coincée. Parce que finalement, seule une chimère pourrait y apporter les réponses, et c’est là que je regrettais de ne pas y avoir pensé plus tôt pour interroger Titan à ce sujet. Je soupirais longuement, puis je préférais repenser à cette journée pour me mettre de meilleure humeur. Franchement, de quoi on devrait se plaindre ? On a enfin réussi l’épreuve de la terre, on a évité les journalistes grâce à Titan donc on ne s’est pas fait harceler, et ce baiser … Bon sang ! Chaque fois que j’y repensais, je me sentais rougir et réchauffer de l’intérieur. Et finalement, mes pensées restèrent là-dessus pendant longtemps. Suffisamment longtemps pour que le jeune homme sorte de la douche en tout cas. J’attendais qu’il vienne près du lit pour sourire doucement, le genre de sourire qui dit clairement qu’on a quelque chose derrière la tête, mais avant, je suggérais quelque chose.

« On est en plein après-midi, on devrait faire une sieste pour se remettre de l’épreuve de Titan, non ? »

J’attendais quelques secondes de voir sa réaction avant de me redresser de façon à me retrouver en tailleurs sur le lit, le menton enfoncé dans ma main.

« Mais je peux te poser une question avant ? Tout à l’heure, devant la ville … T-Tu as ressenti quoi quand  tu m’as embrassée ? »

J’espérais ne pas plomber l’ambiance et encore moins le faire replonger dans ses moments de doute, je voulais juste savoir, juste être rassurée à l’idée que oui, ca évoluait entre nous.

Ni Irvine, ni même Squall n'avait pensé à l'éventualité que la chimère suive le cristal plutôt que son Sanctuaire, et le jeune homme était donc resté figé quelques secondes, la main sur la poignée de porte de la salle de bain
«Je ne sais pas... si c'est le cas, il faudra effectivement les garder constamment en mouvement. On demandera à la prochaine chimère qu'on rencontrera.»

S'ils en rencontrent une, aussi leur prochain objectif était forcément Héra, ils devaient rencontrer Grenat Di Alexandros pour leur demander l'emplacement de la chimère qui lui a permis de savoir pour les cristaux. Il hocha de la tête avant de laisser la jeune femme et aller se doucher. Il devait reconnaître qu'il comptait prendre son temps, se glissant sous la douche, il alluma le pommeau au-dessus de lui avant de laisser l'eau couler abondamment sur son corps. Il réfléchissait à de nombreuses choses, peut être trop en fait, tout ça devenait compliqué.

Les cristaux, les chimères, ce Sephiroth qui se mettait à leur recherche et qui risquait donc de causer bien des problèmes par la suite. Est-ce que l'augmentation de la sécurité à la Prison serait suffisante pour l'arrêter? Ce n'était pas évident à savoir pour le moment.
Mais ce n'était pas vraiment ce qui le perturbait le plus à l'heure actuelle, c'était probablement la même chose que ce qui avait occupé les pensées de Sheli pendant qu'elle-même se douchait. Ce baiser.

Il savait qu'il voulait dire quelque chose, mais il avait encore cette crainte au fond de lui, ce qui l'empêchait de se laisser totalement aller et avouer ce qu'il pouvait ressentir. L'eau continuait de couler le long de son corps, inlassablement alors qu'il serrait les poings, se maudissant lui-même de sa faiblesse, s'injuriant d'être aussi couard après tout ce qu'il avait vécu. Affronter la GGU toute entière, Ultimecia, et là il se retrouvait démuni face à une simple relation? C'était tellement ridicule, mais tellement lui en même temps.

Il serra le poing ainsi que ses dents avant de secouer la tête et se décider à se laver pour de bon, puis il se rinça et se sécha avant de s'habiller pour sortir de la salle de bain
«Désolé si j'ai mis du temps.»

Elle proposa alors une sieste et il hocha de la tête pour approuver «Bonne idée, ça ne peut nous faire que du bien» il allait finalement s'asseoir près d'elle lorsqu'elle lui demanda ce qu'il avait pu ressentir lorsqu'il l'avait embrassée et son regard s'assombrit tout en tournant la tête pour ne pas la regarder

«Pourquoi tu t'acharnes à me poser ce genre de question? Tu me reproches de te dire que j'ai besoin de temps, mais tu es toujours à me réclamer de te dire ce que je ressens!» il alla donc s'asseoir en lui tournant le dos, puis il s'allongea sur le côté de façon à rester dos à elle. Ramenant ses bras croisés devant lui, il se recroquevilla sur lui-même. Il n'aimait pas avoir à lui parler ainsi, mais disons que ce n'était pas le moment. Il y avait pensé lui-même que c'était différent, bien sûr qu'il savait au fond ce que ça voulait dire, mais l'impatience de la jeune femme l'effrayait et il avait finalement peur de se précipiter pour lui faire plaisir. Ne pouvait-elle donc pas simplement attendre que ça vienne de lui?

Oui, décidément, c'était bien compliqué.
«Désolé.» il préférait au moins s'excuser pour la façon dont il lui avait parlé.

J’aurai du m’en douter. Ma curiosité me fait beaucoup trop défaut parfois, sauf que quand même, j’imaginais recevoir une réponse un peu moins « violente » si je puis dire. C’est le genre de réponse qui vous fout instantanément une grosse claque dans la gueule au point de vous demander ce que vous foutez là en réalité. Résultat, Irvine me tournait carrément le dos, et s’il s’excusait au moins pour le ton qu’il avait employé, je ne faisais que hausser les épaules.

« Qui devrait réellement s’excuser ? La personne qui parle mal, ou celle qui en fait voir de toutes les couleurs à l’autre ? »

Que je demandais simplement avant de lâcher un profond soupir. J’avais pris une mine profondément triste, et sur le coup, je n’avais même plus envie de faire une sieste. Moi qui sentais les ailes me pousser dans le dos tout à l’heure encore, finalement, on n’avait réussi à me zapper le moral. Enfin, j’avais réussi, puisqu’une fois de plus, c’est moi qui déclenche tout. Irvine ne voulait même pas me regarder, il me tournait carrément le dos et rien que ce geste me faisait terriblement mal au cœur, si bien que je me levais pour prendre une veste et sortir. Je n’aimais pas partir comme ca, je savais que ca allait lui donner la sensation que je fuis, c’est juste que là, je suis aussi totalement désemparée à le voir comme ca. J’ai peur que si on se lance dans une discussion autour de ca, ca parte plus en vrille qu’autre chose. Je sais que quand il est comme ca, il n’a pas envie de parler, alors pas la peine d’insister.

Je quittais la pièce, le laissant se reposer seul. J’étais exténuée par l’épreuve de Titan, mais je savais que de dormir à côté de lui, ca me ferait du mal tant que la poussière ne serait pas retombée. J’entendais le bruit des tambours augmenter au fur et à mesure que je descendais jusqu’à la place, là où il y avait le grand feu. J’allais m’asseoir près de celui-ci, dans un coin où je serai seule, car il y avait d’autres habitants autour. Certains voyaient que ca n’allait pas, et il fallait croire qu’ils étaient sociables ici, ils essayaient de m’entraîner sur le rythme des tambours pour me changer les idées. Mais définitivement non, j’avais besoin d’être tranquille.

D’ailleurs, j’ignore combien de temps s’est écoulé, j’étais restée assise devant le feu pendant un moment, j’en avais même des fourmis dans les fesses, mais dieu sait que je m’en foutais. J’en avais gros sur le cœur, j’avais l’impression de faire plus de mal que de bien à Irvine au final, j’avais l’impression d’être un lourd fardeau qu’il était obligé de porter sur les épaules. Il avait fait une sacrée erreur finalement de me choisir pour escorte à la base, je ne fais que le faire souffrir en fin de compte … A cette pensée, je sentais les larmes couler le long de mes jeux, quoi que vite séchées avec le feu à proximité.

J’avais même ramené mes jambes contre moi, j’enroulais mes bras autour de mes genoux, et j’enfonçais ma tête dedans pour me dissimuler alors que les gens rentrer chez eux, sûrement pour manger. Et moi, la fatigue prenait tellement le dessus que finalement, je m’écroulais à côté du feu pour dormir. Pendant combien de temps ? Je ne sais pas. Est-ce qu’Irvine s’en rendrait compte ? Je ne sais pas non plus, peut-être aussi qu’il n’a même simplement pas envie de me voir pour l’instant, alors …

Pour ça, oui, on pouvait dire qu'elle lui en faisait voir de toutes les couleurs, et là sur le coup, Irvine était juste de mauvaise humeur. Elle n'avait pas à se sentir coupable pour autant, il avait déjà perdu sa bonne humeur dans la douche car il n'avait pas eu besoin d'elle pour penser à tout ça, mais il aurait probablement espéré ne pas avoir encore ce même sujet sur la table en sortant.

Roulé en boule, il l'avait sentie se lever et partir, mais il n'avait pas le cœur à lui courir après pour le moment, surtout qu'une part de lui avait peur qu'elle s'en aille pour de bon et ne revienne jamais. Se recroquevillant un peu plus encore, il ferma les yeux pour se forcer à dormir, mais le sommeil ne semblait pas vouloir de lui pour le moment. Se mordant la lèvre inférieure, il avait du tenir une bonne demi-heure avant de renoncer à dormir pour plutôt réfléchir à la raison de son mal être.

Au fond, c'est vrai, elle a un côté totalement irresponsable et agaçante même, pourtant si vraiment ça l'ennuyait ça fait longtemps qu'il aurait lâché l'affaire et qu'il serait parti draguer la première serveuse qui passerait! Pourtant il n'en était rien, au contraire même, le simple fait qu'elle ne soit pas dans cette pièce avec lui, lui provoquait une désagréable sensation de vide, comme si finalement c'était trop calme. Il fallait croire qu'il était vraiment attiré par les chieuses finalement car Selphie n'avait pas grand chose à envier à la demoiselle de ce côté là.

Se roulant encore en boule, il sentait son cœur battre plus vite alors qu'il ne savait pas quoi faire et finalement, au bout d'un certain temps, il se leva. Il devait la trouver, espérant qu'il ne soit pas trop tard, d'abord il demanda si elle avait pris une autre chambre, mais l'aubergiste lui signala qu'elle était sortie. Allant vers l'extérieur, il la vit alors de loin, couchée par terre. Ah ben bravo.

Il descendit rapidement pour s'assurer qu'elle allait bien, mais elle semblait juste dormir, aussi il la souleva discrètement, avec son poids plume, c'était facile pour lui, puis il la remonta dans la chambre où il était un peu plus tôt, l'allongeant doucement sur le lit pour ne pas la réveiller, sur le côté, avant de s'asseoir près d'elle.
Il commença à caresser ses cheveux, continuant de penser à ce qui n'avait plus vraiment besoin de réflexion, le regard encore un peu sombre à l'idée du gouffre dans lequel il s'apprêtait à sauter. Cela semblait si simple lorsqu'elle dormait ainsi, elle paraissait juste calme et paisible au lieu d'être cette pile électrique le reste du temps. Au bout d'un moment, il se pencha pour déposer un baiser sur sa tempe, et juste murmurer un «je t'aime» avant de se lever pour passer derrière elle et se lover contre son corps.

C'était plus facile à dire quand elle dormait et qu'elle ne pouvait pas l'entendre finalement. En espérant juste qu'elle ne faisait pas semblant de dormir.

Il n’y avait plus personne dehors pour le moment, les habitants étaient tous rentrés chez eux pour manger certainement, ils reviendraient peut-être après. Mais là pour l’instant, j’avais décidé de rester seule, et la fatigue avait fini par prendre le dessus au point que je m’étais écroulée près du feu. Si quelqu’un devait me voir là, je devais simplement avoir l’air misérable à être couchée par terre pour dormir, et j’aurai pu penser avoir de sacrées courbatures en me réveillant. Mais c’était sans compter qu’Irvine était venu me chercher. Une part de moi avait senti qu’on me faisait bouger, qu’on me déplaçait, mais le sommeil était tellement profond qu’il m’était impossible pour le moment de me réveiller. Fort heureusement pour Irvine, c’était ce même sommeil qui m’empêchait d’entendre le moindre bruit à proximité. Je ne l’entendais donc pas prononcer ces fameux mots, ceux dont j’espérais entendre depuis un moment déjà et j’ignore quand est-ce qu’il les dira lorsque je serai parfaitement consciente.

Je ne sais pas combien de temps encore j’ai dormi, mais je finissais par ouvrir doucement les yeux. La première chose que je constatais, c’est qu’il n’y avait plus de feu en face de moi. La seconde chose, c’est que je ne sentais plus la terre dure sous mon corps, mais un matelas confortable. Et enfin la troisième chose, c’est qu’Irvine était contre moi, derrière moi. Enfin, je n’étais pas sûre en fait, mais qui ca pouvait être d’autre hein ? Je me retournais lentement de façon à ce qu’on se retrouve face à face, en tête à tête, c’était le cas de le dire, et je sentais mon rythme cardiaque accélérer. La peur qu’il m’en veuille suite à ce qu’il s’était passé ? Ca aurait pu, mais je me disais que si j’étais là maintenant au lieu d’être dehors, c’était qu’il m’avait pardonné … Non, en fait, je crois que mon cœur s’emballait car je me sentais – et j’étais – terriblement proche de lui. Je ne dis pas ca dans le sens où c’est mauvais et gênant, au contraire c’était … soulageant ? Je me sentais juste bien, mieux, et je finissais donc par me blottir encore plus contre lui.

Je ne me rendormais pas cependant, je restais juste ainsi. Je n’avais même pas dit un mot depuis que je m’étais rendue compte que j’étais là, simplement parce que je ne savais pas quoi lui dire, mais j’espérais que mes gestes suffiraient amplement pour l’instant. Je finissais par lever un peu la tête pour le fixer pendant plusieurs longues secondes avant de chercher à me rapprocher de ses lèvres pour y sceller les miennes, et lorsque je reculais, à peine de quelques centimètres, le seul mot que je réussis à prononcer fut simplement :

« Désolée … »

De quoi ? Pour tout à l’heure. Pour tout ce que je lui fais voir. Désolée d’être cette fille agaçante comme il le pensait lui-même. Désolée d’avoir tellement de défauts. J’avais essayé de lui dire pourtant, lorsqu’il était à l’hôpital, que j’étais très loin d’être parfaite, mais malheureusement, je suppose qu’avec son petit coma, il ne m’avait finalement pas entendue. Et même s’il ne m’avait pas entendue, il devait le réaliser lui-même après tout, non ? Bref. Pour le moment, je refusais de me redresser. Même si une part de moi en avait gros sur le cœur vis-à-vis de tout ca, l’autre était tellement bien dans ses bras.

« Tu … Tu m’en veux pour tout ca ? Pour tout ce que je te fais subir ? »

Je rougissais un peu, soupirais aussi. Evidemment qu’il devait m’en vouloir, ne serait-ce qu’un peu. Il n’allait certainement pas sauté de joie au plafond alors que mes questions le mettaient de mauvaise humeur …

Entourant la jeune femme de ses bras, Irvine s'en voulait un peu de la façon dont il lui avait parlé. C'était sa faute à lui si elle était partie après tout, même si elle l'avait un peu cherché à essayer encore de lui tirer les vers du nez sur un sujet dont elle ne voulait pas qu'il lui parle! C'était là l'ironie de la chose, elle ne voulait pas qu'il lui dise qu'il avait besoin de temps mais elle était là à lui demander sans arrêt ce qu'il ressentait, c'était plutôt contradictoire.

Enfin, pour l'heure il était bien ainsi, le dos de la jeune femme contre son torse alors qu'il pouvait sentir ses cheveux lui chatouiller le nez. Elle lui semblait si fragile dans cet état, le genre qu'on a envie de protéger et qui vous fait comprendre que la vie n'est pas toujours simple, surtout lorsqu'il s'agissait des sentiments. Il pouvait comprendre qu'elle souffrait elle-même de cette situation, trop malheureuse à l'idée que son amour ne soit pas partagé.

Combien de temps était-il resté ainsi à réfléchir? Il ne savait pas trop, mais elle avait fini par bouger, et après avoir réalisé où elle se trouvait, elle se retourna pour se placer face à lui, il avait fait attention à lui laisser le champ libre pour le cas où elle veuille s'éloigner de lui, puis elle l'embrassa et il lui rendit son baiser en essayant tout de même de ne pas se montrer aussi pressant que lors de leur victoire, histoire de ne pas la troubler davantage et que le sujet ne revienne pas sur le tapis. Malheureusement, c'était trop demandé puisqu'elle craignait qu'il lui en veuille.

Son regard s'assombrit doucement, mais ses joues se teintaient aussi d'un léger rose
«Un peu, oui. Mais je crois que... c'est aussi parce que tu es franche et directe que..» il avala sa salive avec difficulté, c'était une chose de lui dire lorsqu'elle dormait, et une autre lorsqu'elle vous regarde dans les yeux avec ses prunelles brillantes d'émotion, mais il ferma un instant les paupières pour se calmer, elle devait sentir combien son cœur battait vite désormais et ce n'était pas évident pour lui de prendre son courage à deux mains, et finalement, les mots s'échappèrent de ses lèvres dans un tout petit souffle, presqu'un murmure, comme si au fond il espérait que cette fois encore elle ne l'entende pas «... que je t'aime.»

Irvine Kinneas qui dit à une fille qu'il l'aime. Au fond ce n'est pas une première, lui-même s'était toujours vanté d'aimer toutes les femmes, mais rares étaient les fois où il le disait en le pensant vraiment. Au final, seule Selphie avait eu droit à ce traitement de faveur par le passé et ça ne lui avait pas vraiment réussi, il devait espérer à présent que les choses se passeraient différemment cette fois.

Vous avez déjà eu l’impression de recevoir un violent électrochoc suite à ce que quelqu’un vous dit ? En moins de cinq minutes, j’en avais eu deux, et le deuxième était sûrement le plus violent. Le premier, c’était lorsqu’il me confirmait qu’il m’en voulait un peu pour tout ce que je lui faisais voir et subir, sur le coup, je m’étais figée. Mais il y avait une suite à cela, et je sais qu’à être parfois trop franc et trop direct, ca vous perd, mais là, il me disait que c’était deux traits de mon caractère qui faisaient que … que quoi ? C’était là que je subissais ce deuxième choc, et je devais probablement avoir l’air conne à cet instant. Moi qui avais tellement attendu d’entendre ces mots quittaient sa bouche, là, j’avais l’impression que je rêvais, j’avais du mal à réaliser ce qu’il venait de me dire, c’était comme si je dormais encore et qu’en fait, je ne faisais que rêver, et que tout ceci disparaîtrait dès que je me réveillerai …

J’avais l’impression de m’être prise une violente claque en pleine figure, et après plusieurs longues secondes de silence, à le fixer droit dans les yeux, les yeux remplis de larmes pleines d’émotion, je réalisais enfin. Non, ce n’était pas un rêve. C’était bien la réalité, et il était plus que sérieux. Il m’avait toujours dit de toute façon que le jour où il le dirait, c’est qu’il le penserait sincèrement. Si son cœur battait à tout rompre, le mien était pire et nul doute qu’il devait très bien le sentir puisque j’étais contre lui. Et là, inutile de dire que je ne savais pas trouver les mots pour répondre.

« J-Je ne sais pas quoi dire … Ca fait depuis un moment que j’espérais entendre ca … »

Depuis que j’avais réalisé avoir des sentiments pour lui à vrai dire, et que lui-même fut au courant. C’était tellement stupide d’une certaine façon, on attend avec impatience le jour où on vous déclare que votre amour est partagé, et lorsque ce jour arrive, on se retrouve tellement désemparé qu’on ne sait plus quoi dire. Mais c’était à voir dans le bon sens, j’espérais qu’il ne l’interpréterait pas de la mauvaise manière et c’est pourquoi je reprenais la parole, en balbutiant un peu.

« C’est … Je … J-Je suis tellement contente. »

Oui bon, à me voir comme ca, on ne dirait pas trop, mais intérieurement, si. Dire qu’il y a même pas une heure encore, je doutais de nous-deux et ce dans quoi on s’était lancés, mais finalement … bah je réalisais que c’était la meilleure chose qui me soit arrivée depuis plusieurs mois, voire carrément années. Une fois de plus, si je n’arrivais pas à m’exprimer avec les mots, je laissais les gestes parler d’eux-mêmes car je me redressais tout juste pour pouvoir venir souder mes lèvres aux siennes avec un amour sincère, un amour que je n’avais pas pu donner depuis bien des années maintenant.

Mon téléphone se mit à sonner au bon moment pour chercher à nous interrompre, malheureusement pour la personne qui m’appelait, je n’avais guère envie de gâcher ce moment que j’avais attendu depuis si longtemps maintenant. Du coup, sans même détacher mes lèvres de celles du jeune homme, j’allais chercher mon portable dans ma poche pour appuyer vite fait sur un bouton sur le haut de la coque, et je le lançais plus loin sur le lit. En fait, je venais de raccrocher à ma mère et … pour sûr qu’elle allait me zigouiller. C’était la deuxième fois que je lui raccrochais au nez. Mais franchement là, qu’est-ce que je m’en foutais, je me sentais tellement bien que je ne voulais plus partir.

Ce n'était pas facile pour lui de se décider enfin à lâcher prise, c'était comme se jeter dans le vide sans savoir ce qui l'attendait en bas, ça pouvait être des piques acérées comme du coton, mais il ne pourrait le savoir sans sauter d'abord. Ce n'était qu'un murmure pourtant il savait qu'il devait regarder Sheli dans les yeux pour qu'elle sache qu'il disait vrai, que ce n'était pas pour lui faire plaisir ni calmer ses angoisses.

Il le savait depuis un jour ou deux à présent, probablement même qu'au fond il le savait depuis le jour où il s'était fait agresser. La peine ressentie lorsqu'elle s'était enfuie avait été trop grande pour qu'il ne ressente rien à son égard, c'était évident.

Dans un premier temps, il pensait qu'elle ne le croyait pas, son regard semblait plutôt triste, ou paniqué, enfin il ne savait pas trop et au final, il était loin de savoir décrypter le visage des femmes.
«Euh... ça va?» il avait l'impression qu'elle allait s'évanouir et il avait rapidement passé son bras autour de sa taille comme pour la maintenir, son cœur battant très vite aussi et il craignait qu'elle ne se sente vraiment mal, mais finalement elle se jeta sur lui pour l'embrasser au point qu'il bascula légèrement en arrière sur le matelas. Il ne savait pas trop comment réagir, il ne s'attendait pas à un tel débordement - Selphie s'était plus ou moins moquée de lui la première fois qu'il le lui avait dit alors forcément, ça le changeait! - puis il entendit le téléphone sonner et elle se détacha de lui juste le temps de l'éteindre et de le balancer à l'autre bout de la pièce!

«Tu n'as pas peur que ce soit important?» il ne pouvait pas savoir que c'était sa mère, et même si c'était le cas, elle pouvait très bien avoir quelque chose d'important à dire, mais son esprit se brouilla rapidement alors qu'elle se jetait à nouveau sur lui, ce n'était pas évident pour lui de réaliser ce qu'il se passait, il avait l'impression qu'elle était entrée dans une sorte d'hystérie et il ne savait pas trop comment garder le contrôle de la situation.

Forcément, une chose en entraînant une autre, elle risquait forte de le mettre dans un tout autre état, mais ce ne serait sûrement pas une bonne idée qu'ils se jettent l'un sur l'autre comme ça, juste parce qu'il lui avait dit qu'il l'aimait, déjà, il avait peur qu'elle doute, qu'elle croit qu'il le lui avait dit juste pour conclure, et d'autre part, il était encore un peu dans ses petits souliers et avait du mal à gérer tout ça. Déjà, avouer qu'il avait des sentiments, c'était une chose, maintenant fallait les assumer et là, elle ne lui laissait pas trop le temps de souffler et en même temps, il l'avait déjà bien fait suffisamment attendre jusque là et il ne pouvait pas se permettre de la repousser à présent. Aussi, il se contenta de lui rendre son baiser en essayant de garder son calme autant qu'il le pouvait, il aviserait au fur et à mesure.

Je confirme, j’avais l’impression de devenir totalement folle sur le coup. Depuis le temps que j’espérais entendre ca, rien ne pouvait autant me faire plaisir. J’en oubliais même ce que j’avais bien pu penser auparavant. Mon téléphone avait sonné, même si je ne savais pas que c’était ma mère, pour rien au monde je ne voulais gâcher ce moment, et c’est pourquoi je l’avais envoyé plus loin. Je ne l’avais pas éteint, j’avais seulement refusé l’appel, et lorsqu’Irvine me demanda si je n’avais pas peur que ce soit important, je répondais simplement :

« Si c’est si important que ca, on me rappellera … »

Et je poursuivais, sans rien rajouter de plus. J’allais peut-être encore passer pour la fille irresponsable, mais tant pis, je ne voulais que rien ne gâche cet instant, mémorable je pense … Pendant quelques minutes, on était encore tranquille, puis effectivement, mon téléphone sonna encore, mais cette fois, c’était un message, pas un appel. Je soupirais alors, l’air de celle qui est vraiment agacée, avant de me détacher du jeune homme pour aller voir. Ma mère, évidemment. Je lisais le message, et je haussais les épaules en le montrant à Irvine.

« Tu vois, y a rien d’urgent, tout va bien. »

Oui enfin … De ce qu’il pouvait constater, ma mère m’insultait presque de tous les noms pour lui avoir ENCORE raccroché au nez. Et généralement si elle balance des insultes … Bah c’est non seulement qu’elle va bien mais qu’elle est encore un peu pétée ! On voit de qui je tiens hein ? Enfin, ce petit message fut suffisant pour casser définitivement l’ambiance, si Irvine avait eu peur qu’on ne s’emporte de trop, ca ne se ferait pas au final. Je lâchais un nouveau soupir, puis je regardais l’heure en constatant que oui, l’heure du repas était déjà passée, aussi je me tournais vers le jeune homme en souriant doucement.

« Vu qu’on ne s’est pas trop reposés finalement, on devrait aller manger et se coucher directement pour récupérer … L’épreuve de Titan me reste encore sur les bras personnellement. »

Et sur les jambes aussi un peu. D’avoir poussé, poussé, poussé, et encore poussé, bah je suis sûre que je pourrais avoir des courbatures ! Je restais immobile le temps de voir ce qu’Irvine en pensait, et je pense que mine de rien, après ses aveux, ca lui ferait du bien de passer à autre chose le temps que lui-même réalise ce qu’il avait dit ? Je ne sais pas, en tout cas, pour revenir à notre quête, il fallait aussi qu’on établisse le programme du lendemain.

« Et demain on fera quoi exactement ? On va chercher à rejoindre Héra ? Mais comment ? »

Avec un vaisseau je pense, le bateau serait trop long et … disons que je garde de mauvais souvenirs de notre dernier voyage  en mer.

Difficile de garder son calme dans ce genre de circonstance. Sheli semblait être entrée totalement en transe et tenait le cou du jeune homme avec un appétit presque vorace au point qu'il se sentait pris au piège. En soit, ce n'était pas désagréable, loin de là, mais Irvine était encore un peu perdu avec tout ça et ne s'était donc pas vraiment attendu à une telle réaction, aussi il était probablement aussi maladroit qu'un adolescent devant sa première copine sans savoir où il pouvait mettre les mains.

Car finalement, après avoir passé plusieurs jours avec cet avertissement sur la tête comme quoi «pas touche tant qu'il ne sera pas sûr de l'aimer», il avait du mal à se dire que maintenant il y avait droit juste parce qu'il avait dit trois mots, c'était comme si c'était trop facile et qu'il y avait forcément un piège quelque part. Aussi finalement, il restait plutôt sage, rendant ses baisers à la demoiselle tout en gardant ses mains dans le dos de la belle sans se risquer à trop les déplacer. Mais un nouveau bruit retentit, il s'agissait du téléphone que Sheli avait balancé et qui annonçait cette fois-ci un message, elle soupira donc et se leva pour aller le chercher avant qu'il ne la regarde s'éloigner pour reprendre son souffle.

Ok, que quelqu'un essaie de lui résumer les cinq dernières minutes... en gros, la seule chose qui lui venait à l'esprit, c'était «je t'aime» et ensuite plus rien à part une groupie folle de joie. En réalité, il avait du mal à réaliser tout ça, qu'elle soit si heureuse qu'il puisse l'aimer, disons que ce n'était pas très... normal à ses yeux. Enfin il ne trouvait pas normal qu'on puisse l'aimer à ce point. Il s'était donc perdu dans ses pensées jusqu'à ce qu'elle revienne vers lui pour présenter le programme du reste de la soirée... manger et dormir, oui, bonne idée, ça lui fera du bien et ça lui laissera le temps de réaliser.
«Euh... je pense que le mieux serait de rejoindre le Village Fusée par où on est arrivés, on devrait... avoir assez d'argent pour louer un aéronef là bas et comme ça, aller sur Héra?»

Il se rendait compte qu'il devait être un peu en mode zombie sur le coup et secoua la tête avant de lui sourire pour passer sa main sur la taille de la jeune femme et la ramener contre lui pour l'embrasser - ah oui mais en fait ça fait bien dix minutes déjà qu'ils s'embrassaient... oui ben tant pis, ils n'étaient pas à cinq minutes près et finalement il se rendait compte qu'il en avait envie. Il la fit seulement basculer sur le côté pour se retrouver un peu allongé sur elle mais pas trop pour ne pas l'écraser sous son poids non plus, puis il chercha sa main de façon à entrelacer ses doigts dans les siens, tout en la fixant intensément

«Mais... on a un peu le temps, non? Je veux dire... je ne suis pas trop pressé à l'idée de me lancer dans la chasse aux chimères là.» une envie de profiter, de faire la fête, de s'amuser oui. Ce village avait quelque chose d'accueillant, les gens devaient bien faire quelque chose avec ce feu de camp? Même s'il était épuisé, il n'avait pas vraiment envie de dormir, il souhaitait plutôt en profiter avant de redevenir sérieux - chose qu'il n'aimait pas vraiment, il ne fallait pas l'oublier. Squall pourrait bien attendre un peu, et puis de toute manière, il ne savait pas où se trouvait la prochaine chimère, donc il pourrait simplement dire qu'ils avaient mis du temps à la trouver et hop! ni vu ni connu!

Histoire de lui laisser le temps de réaliser, maintenant qu’il s’était lancé, je passais à autre chose. Si je m’étais emportée sur le coup, je ne voulais pas non plus le mettre mal à l’aise, aussi je commençais à parler de la suite du programme. On était d’accord sur un point, même deux en fait. Le premier, c’est que notre prochaine destination était évidemment Héra puisqu’on avait démasqué Grenat. Le deuxième, c’est qu’on ne voulait pas prendre le bateau ! On se rendrait donc dans le Village Fusée pour emprunter un aéronef, avec nos voyages et surtout la récompense de Costa Del Sol, je pense qu’à nous-deux, on avait effectivement assez d’argent pour louer un nouvel engin. Même si je gardais un mauvais souvenir de notre première location, on nous avait vendu de la camelote, mais je préférais ca à un mauvais voyage en mer où les marins et éventuellement voyous nous casseraient les bonbons.

Je souriais doucement en voyant qu’Irvine était tout aussi fatigué que moi, et mon petit doigt me dit qu’on tombera très vite dans les bras de Morphée suite à l’épreuve de Titan. Même si on l’avait réussie, on était quand même KO au bout du fil d’avoir poussé ces statues ! D’accord, donc dans ma tête, on allait aller manger là, et on irait se coucher après pour récupérer, mais le jeune homme n’était pas de cet avis-là. S’il m’embarquait dans un premier temps pour venir m’embrasser de lui-même, cette fois.

… Oui il a raison. Pourquoi vouloir s’empresser à se lancer dans une quête et rester sérieux alors qu’on peut aussi en profiter et s’amuser ? Personne ne le saura après tout.

« Je ne sais pas trop ce qu’on pourrait faire dans un tel village mais … j’ai pu remarquer tout à l’heure qu’ils jouaient tous du tambour autour du feu … qui sait, des fanas de musiques ? »

On peut s’amuser sur de la musique, bien qu’entre les jeux vidéo et le bal de Costa Del Sol, il faut avouer qu’on s’était beaucoup occupés dessus mais pour le coup, je ne voyais pas vraiment ce que Canyon Cosmos pouvait offrir à des jeunes comme nous ? On verrait bien une fois qu’on serait sortis de l’auberge, je me redressais un peu du coup de façon à me mettre en tailleurs devant Irvine et mettre mon menton dans ma main pour réfléchir.

« Bon … Déjà on va aller manger un morceau, et ensuite on avisera ! »

Et j’ose espérer qu’on n’aura pas de chili cette fois ! Sinon, bonjour les conséquences cette nuit, je crois qu’on n’aura même pas besoin de mettre le chauffage ! … Y a un chauffage ici d’ailleurs ? Euh … Peu importe ! Je me levais pour aller vers la sortie et lui faire une sorte de révérence pour qu’il passe devant, et je le suivais jusqu’en bas. Les gens étaient d’ailleurs revenus autour du feu, certains jouaient effectivement du tambour, d’autres dansaient.

« Qu’est-ce que je te disais ! Hey tu veux peut-être essayer de te mettre au tambour ? Ou alors ils vont peut-être nous raconter une histoire avant d’aller au lit ! »

Je pouffais de rire, mais le pire, c’est que ca pouvait être vrai. L’histoire sur les Gi par exemple, ils pouvaient très bien se mettre à la raconter à des enfants ici présents, comme ils pouvaient la raconter à des « touristes » comme nous.