Quand l'ex-taulard côtoie son ex-prison

Cela faisait bien longtemps qu'il était cloisonné à l'intérieur de l'université de Galbadia. Tout n'était que machine ici, la vie, les cours, les soins, les services, l'école même était une machine. Tout ce qu'il y avait de plus haïssible en ce bas-monde concentré en un seul endroit. Et pourtant, c'était bel et bien dans cet endroit que le vieux N'a-qu'un-oeil zonait depuis belle lurette.

Lorsqu'il sortit de prison, la première chose dont il entendit parler fut de la paix dans le monde. Mais il n'y avait pas de paix lorsqu'on avait connu les geoles froides et humides une bonne partie de sa vie. Tout reprenait son cours, le soleil brillait et les oiseaux chantaient. Mais la haine et la rancoeur était toujours présentes, quelque part sous les piaillements et derrière les rayons de lumière. C'est donc la haine à l'esprit que le borgne s'était rendu à l'université. Il n'avait pas de plan précis, juste en tête l'idée d'y faire des dégâts, qu'ils soient moraux ou matériels. Au cours de ses années au sein de la résistance, il avait appris qu'échouer à se préparer, c'était se préparer à échouer. En conséquence, il était venu se renseigner sur place.

Lorsqu'Ultimecia fit son grand retour et sema la zizanie, la GGU s'envola vers d'autres cieux et N'a-qu'un-oeil se retrouva embarquer au milieu du schmilblick. Quand le vaisseau-école atterrit, Fosco découvrit avec stupéfaction l'endroit où ils se trouvaient : la prison du désert. Un coup du sort, une farce malfaisante, l'abject aléa du destin lui pendait au nez. Cerné par le désert, les personnes externes à la GGU prises dans les événements eurent l'autorisation spéciale d'y loger temporairement. Monterosso passa donc son temps à jouer aux cartes et à écumer les lieux, en profitant pour faire connaissance avec les élèves, les personnes extérieures et le personnel, glanant ainsi de précieuses informations. Lorsqu'il estima connaître assez bien le fonctionnement de l'université, il commença à s'intéresser particulièrement aux gens, regardant après ceux qui seraient susceptibles de l'aider dans son entreprise.

Parmis les étudiants de la GGU, il y avait de tout. Des bagarreurs, ceux qui ne juraient que par leur arme, des indécis, ceux qui ne savaient pas trop ce qu'ils feraient de leur vie, les ambitieux, ceux qui cherchaient juste à atteindre le sommet... et puis il y avait L. En dehors de la direction, personne ne connaissait son prénom, même les professeurs. Contrairement à bien des étudiants de cette université, L avait été l'un des rares à avoir une G-Force et à pratiquer davantage la magie qu'utiliser la force. Le genre à s'assurer que son esprit était une bien meilleure arme que n'importe quel fusil ou autre gunblade.
Toujours dans son coin, il passait le plus clair de son temps à la bibliothèque. Parfois, il aidait certains élèves à faire leurs devoirs, mais toujours contre une rémunération, L n'était pas le genre à faire les choses gratuitement par bonté d'âme.

Et puis il y avait eu l'attaque de Sephiroth à la prison du désert, on racontait qu'il avait réussi à s'emparer du cristal de la terre là bas, et le jeune homme avait senti sa curiosité le titiller. Ainsi donc, ce qu'on disait de ces cristaux était vrai, ils existent bel et bien, et si un individu comme Sephiroth a mis la main dessus, c'est qu'ils doivent avoir un pouvoir des plus intéressants.
À partir de là, L passa plus de temps que jamais dans les salles de classe, pas pour étudier à proprement parler - honnêtement, il n'en avait pas besoin, jeune prodige comme le disaient les professeurs malgré son tempérament sombre et fermé - mais pour voir les actualités jour après jour, tout ce qui devait ressembler de près ou de loin à une rumeur, il en prenait note.

Même l'amourette stupide entre le directeur et Reeve Tuesti, si ces deux là voyageaient ensembles, L était presque sûr qu'ils devaient être en quête des cristaux aussi, soit pour le reprendre des mains de Sephiroth, soit pour les mettre en sécurité. Aussi, il essayait de suivre chaque actualité les concernant, suivant leur parcours y compris lorsqu'ils étaient revenus temporairement à la GGU.

Une sucette à la bouche, il arpentait les couloirs de l'école comme à son habitude avant de voir le vieux schnock qui faisait un boucan pas possible à la bibliothèque ces derniers jours. Toujours à raconter des histoires pour impressionner les autres, sur les chocobos notamment bien que L n'avait jamais vraiment écouté ce qu'il racontait.

Cette fois, il semblait donner des cours de séduction à un élève, peuh, encore un truc qui ne servait à rien... il voulut passer à côté d'eux, mais l'élève avec qui le vieux discutait fit un pas de côté au moment où L passait à côté de lui, et paf, il fit tomber toutes ses notes! On pouvait y voir des croquis des cristaux, il avait réussi à le reproduire à partir d'une image de surveillance de la prison du désert au moment où Sephiroth était sorti de la prison et l'avait dans la main. Il y avait aussi une carte d'Héméra avec des cercles dessinés un peu partout, ses prévisions des endroits possibles où pouvaient se trouver les temples par rapport aux informations déjà récoltées...

Non mais quel bazar! Et l'autre qui se tourne vers lui avec un air agacé
«Hey! tu peux pas faire attention?»
«C'est toi qui m'es rentré dedans..» reprit L d'une voix neutre, comme s'il était blasé plus qu'autre chose. L'étudiant le regarda de haut en bas, avec son t-shirt un peu trop grand, son jean' élimé et surtout ses pieds nus, il faisait un peu penser à un clochard, mais L avait toujours été plus à l'aise comme ça. Soupirant, il commençait à rassembler ses notes sans que personne ne l'aide, comme d'habitude.

Non mais pour qui se prenait-il ce vieux? Autant au départ, L pensait simplement qu'il l'aidait à ramasser ses papiers, mais il ne lui fallut pas longtemps pour voir qu'il les lisait purement et simplement, s'appropriant le fruit de ses recherches, comme ça, sans même demander! Fronçant les sourcils, il essaya tant bien que mal de récupérer son bien, mais le vieux n'était pas décidé à le laisser tranquille...

Il tentait un usage assez grossier de la flatterie, mais L n'était pas du genre à se laisser ainsi avoir. N'ayant pas un égo suffisamment imposant pour se voir ainsi manipuler par ce genre de propos.
«Je n'ai pas soif» d'autant que L n'était pas le genre à aimer l'alcool. En revanche, si l'on voulait lui plaire, on pouvait lui proposer n'importe quoi de sucré, il était alors aux anges. On dit que le sucre aide à la stimulation du cerveau, et il passait son temps à manger sucettes et autres sucreries en permanence, ce qui pouvait peut être expliquer son génie.

D'ailleurs, il prit une sucette à la fraise de sa poche et la glissa dans sa bouche tout en continuant d'essayer de ranger ses papiers désormais dans un bordel phénoménal. S'il s'intéressait aux cristaux? Oui, pour avoir une puissance phénoménale, voler ou des bêtises du genre? non.
«La puissance engendre trop de mauvaises choses. L'esprit est vite embrumé par l'adrénaline causée par le pouvoir. À quoi bon être puissant si finalement, tout le monde veut vous détruire ensuite.» ils arrivaient à la cafétéria et il fut assis de force sur un banc face au borgne. Il profitait de la table pour ranger ses papiers avant de loucher sur une énorme coupe de glace qu'un étudiant était en train de dévorer, puis il revint sur ses papiers tout en s'emmurant dans le silence. Si ce type cherchait les cristaux et avait soif de pouvoir, sur le coup, il n'avait pas trop envie de lui parler. Mais qui sait, il trouverait peut être un moyen de le convaincre?

Le jeune homme n'avait pas l'air emballé par la proposition de son aîné. Pourtant, il se laissa embarquer tant bien que mal vers la caféteria, se murant dans un silence seulement comblé par les bruits de succion de sa sucette et ses regards envieux vers toutes les sortes de friandises qu'il croisait. Malgré le fait qu'il était à nouveau plongé dans un monologue alors qu'il marchait vers le lieu où il allait étancher sa soif, N'a-qu'un-oeil ne perdait pas une miette de l'attitude de L.

Les deux compères arrivèrent alors dans une cafèt' qui, comme à son habitude, était pleine d'activités. Constituant le repère de tous les étudiants qui n'avaient pas cours, ou qui n'y étaient pas, la pièce était vaste et comportait un lot incroyable de tables et de chaises. Après avoir rempli sa gourde de saké au comptoir et avoir offert à L ce qu'il voulait, ils allèrent s'installer à une table vide. C'est alors qu'il ouvrit enfin la bouche... pour dire des insanités aux yeux du vieillard.

- A quoi bon?!? s'exclama-t-il. Mais, mon gars, on est dans le monde réel, ici, des gens qui voudront ta destruction, il y en aura toujours. Tu auras beau faire tout le bien que tu veux autour de toi, il y aura toujours quelqu'un que ça mécontentera. Rend tous les pauvres riches, et les riches te haïront pour ne plus être les seuls. Guéris toutes les maladies de la terre et les médecins te détesteront pour avoir piquer leur travail. Le bien et le mal, ce n'est qu'un concept créer de toutes pièces pour cacher le fait qu'il n'y a que des choses qui arrangent les uns et des choses qui lèsent les autres. Fosco déboucha sa flasque, en renifla les relents d'alcool de riz et en dégusta une rasade avant de continuer. Nan, gamin, moi, j'te l'dis, y'a aucun mal à être détesté, tout dépend de qui te détestes et pourquoi ils te détestent. Après, je suis d'accord avec toi, la puissance, ça peut vite monter à la tête. Et il y a pas mal d'exemples dans l'histoire de Dol qui illustrent ce fait. Mais ce qu'on oublie bien vite, en tant qu'humains amateurs de sensationnels, ce sont tous les contre-exemples qui ne se sont pas laissés avoir. Regarde autour de toi, nous sommes dans un complexe militaire entièrement mécanisé bourré à craquer de soldats en puissance, s'entraînant dans des conditions rigoureuses et élitistes. Est-ce que tu as pour autant l'impression qu'Irvine Kinneas abuse de ce pouvoir? Est-ce qu'il passe son temps à écumer le continent à la recherche du plus faible pour lui faire la peau? Eh bien non, gamin, la puissance, elle n'est ni bonne, ni mauvaise. Elle est ce que tu en fais. Et Dol ne serait pas Dol si ça n'avait pas toujours été le cas. Moi, j'suis qu'un vieillard qui a passé sa vie à apprendre de la vie. Et tout ce que je veux faire avec ces cristaux, c'est partager mon expérience avec le monde entier. C'que j'veux, c'est faire comprendre aux gens qu'on est encore loin de vivre dans le monde idéal qu'ils semblent tellement attachés à décrire ces derniers temps.

Dans un premier temps, L n'avait pas voulu prendre quoi que ce soit alors que le vieil homme semblait pourtant lui suggérer de prendre ce qu'il voulait. Mais d'un autre côté, celui-ci n'avait pas été très précis puisqu'il avait parlé d'un verre, hors L n'avait pas soif, mais il n'aurait surement pas dit non à une énorme glace avec des petites paillettes de bonbons dessus! Et avec L, il fallait être précis, ou alors il ne servait à rien de parler.

Se contentant donc de sa sucette pour le moment, il regardait le vieux remplir une gourde d'un alcool qu'il ne connaissait pas, jusqu'à ce qu'ils s'installent ensembles à une table. Rapidement, le vieil homme se montrait très intéressé par les travaux du jeune homme, et celui-ci plissa un peu les yeux face à ses intentions. Mais rapidement, l'argumentation du borgne se fit relativement... logique. Hors il n'y avait pas plus logique que L, et c'est pourquoi mine de rien, ce qu'il disait avait un certain intérêt pour lui.

«Je vois. Cela tient la route.» il craqua sa sucette pour la casser en petits morceaux, puis il plongea son regard plutôt vide dans celui du vieil homme. D'accord, il l'avait convaincu, mais il ne laisserait malgré tout pas l'intégralité de ses travaux à n'importe qui, autant savoir ce que lui, il voulait en faire...

«Et vous? Vous en feriez quoi des cristaux? C'est juste pour pouvoir voler dans le ciel? Ou bien gouverner ce monde pour prouver qu'on peut y régner en paix?» d'une certaine manière, c'était peut être un test. À ses yeux, ceux qui étaient au pouvoir actuellement lui semblaient assez compétents, Laguna Loire avait longtemps prouvé être un bon président pour Esthar, il avait su ramener la paix avec Galbadia là où trop nombreux avaient échoué par le passé. Quant à Squall Leonhart, il avait beau être un peu trop jeune à son goût, il se débrouillait bien à la BGU, tout comme Irvine Kinneas à la GGU - quoi que L doutait fort que le tireur soit vraiment impliqué dans la gestion de l'université vu son mode de vie.

En tout cas, le jeune homme semblait plus détendu, probablement que si le borgne cherchait des réponses, il pourrait toujours lui en donner, mais mine de rien, celui-ci devait bien avoir cette désagréable impression que quoi qu'il dise, il était plus ou moins testé par le garçon. C'était un peu sa façon d'être, et c'était surement pour ça qu'il n'avait pas d'amis.

Mine de rien, ce type était un peu plus difficile à cerner qu'il ne le pensait. En soit dans un premier temps, L voyait bien qu'il essayait de jouer un rôle, la façon dont il parlait de pouvoir voler dans le ciel était ridicule, surtout que depuis la naissance d'Héméra, avoir un chocobo blanc ou doré était plutôt facile si tant est qu'on avait les moyens. Son regard blasé en disait peut être long sur la manière dont il gobait cette histoire, si bien qu'il détourna les yeux, ne l'écoutant déjà plus avec cette impression de perdre son temps.

Mais finalement, le borgne sembla changer d'avis, et se décida peut être à dire la vérité. L n'arrivait pas à savoir vraiment où il voulait en venir, une part de lui n'aimait pas trop ce que l'homme lui racontait, bien qu'il avait raison. L'Homme s'était toujours cru supérieur à toute chose, et c'est peut être la raison pour laquelle il avait si longtemps craint les sorcières qui étaient forcément plus puissantes encore.

Visiblement, le borgne souhaitait faire un grand ménage, et L s'avança alors lorsqu'il lui demanda son aide
«Tu es un homme aussi non? En quoi serais-tu différent des autres? Tu as de beaux discours, ce que tu dis est parfaitement vrai. Mais la nature de l'Homme est la même en chacun. Même le plus honnête aura toujours du mal à se passer de son confort, de ses habitudes...»

Il soupira et sortit un petit paquet de bonbons de son sac pour commencer à les grignoter. En soit, il n'était pas contre l'idée de partager ses recherches, il s'en fichait même à vrai dire. Il n'était pas le genre de savant fou à garder ses idées que pour lui, c'est surtout que les gens lui parlaient tellement peu au final qu'ils ne lui posaient pas la question. Alors que là, cet homme lui posait directement la question.

«Enfin... qu'est-ce que tu veux savoir?» au final, autant commencer par là.

« Ah… J’étais tellement mieux sur le canapé… » Il s’arrêta sur place quelques instants, en se tenant le ventre. « Et je meurs de faim… »

Le faciès de Gintoki laissait parfaitement transparaître son humeur : il était dépité. Dépité d’avoir accepté ce travail qu’il l’avait amené à se perdre au milieu de nulle part, d’autant plus qu’il avait lamentablement échoué. L’étrange client pour le moins ridicule lui avait demandé d’amener à un assortiment d’excellents plats à l’un de ses amis vivant dans une cabane au beau milieu d’un marais. Le client lui avait confié ne pas pouvoir le faire lui-même, sous prétexte qu’il lui restait encore plein de bons plats à découvrir avant de rentrer à la maison.

Pour une raison qu’il avait déjà oubliée, le sabreur avait accepté le travail, soit disant parce que son honneur « d’homme à tout faire » était en jeu. Autant dire que c’était un échec cuisant. D’une part – et même s’il l’ignorait -, Gintoki n’était pas sur la bonne partie d’Héméra, et d’autre part, il avait déjà mangé l’assortiment de plats, car il marchait depuis un moment – depuis qu’il avait emprunté ce vaisseau Al-Bhed - et ne voulait rien gaspiller. Si seulement il avait pensé à demander le chemin, tout aurait été plus facile. Alors qu’il avançait péniblement, courbé en avant, et se tenant toujours le ventre, son œil finit par apercevoir un bâtiment au loin en sortant d’une forêt. Une structure bien étrange d’ailleurs, de loin, cela ressemblait à un terrain de Blitzball, en rouge, en beaucoup plus grand – et sans les gradins.

« Wouaaah, il doit bien y avoir des tonnes de trucs à manger ici ! » S’exclama-t-il avant de se mettre à courir vers ce qui était en réalité la GGU, une école  formant des militaires, mais ça, le samouraï ne pouvait pas le savoir.

Arrivée à l’entrée il fût arrêté par un étrange individu lui demandant ce qu’il faisait seul dans un endroit pareil, tout en lui faisant remarquer qu’il n’avait rien d’un étudiant du coin. Après avoir expliqué en prenant de grands airs ridicules et mimant stupidement chacune de ses actions qu’il avait passé des journées entières à fuir des monstres dans les plaines et qu’il commençait à mourir de faim, le type qui l’avait arrêté semblait avoir pitié de lui, et l’avait finalement laissé entrer.

Le bâtiment était spacieux et la technologie paraissait étonnamment avancée, mais Gintoki n’y prêta pas réellement attention, tout comme il ne remarquait pas vraiment le fait que les étudiants qui croisaient sa route le dévisageaient presque tous, sans exceptions. La main gauche sur son menton et les yeux levés vers le plafond, il était bien trop occupés à marmonner quelques mots.

« Un Lait-Fraise, un Gâteau au chocolat… Non, plutôt à la crème et… Ah oui, ça aussi ! » Il réfléchissait ardemment à son menu, en espérant qu’ils pourraient lui servir tout ce qu’il désirait. Il avait faim, alors c’était un minimum, non ?

Finalement, Gintoki trouva sa route et son regard se porta sur une table où se trouvaient un vieillard balafré et un drôle de type avec des cernes aussi plus grosses que ses yeux. Un vieil homme, ça devait avoir de l’argent ! Et ça voulait donc dire qu’il pouvait lui payer un truc à manger. Sans même demander l’avis des deux individus, Gintoki prit une chaise et s’installa avec eux, posant auparavant son sabre en bois sur le côté.

« Yo ! » Fit-il subitement, en levant la main pour les saluer. « Quelqu’un me paye un repas ?  Il paraît que c’est ici, qu’on donne à manger aux voyageurs en détresse. » Pour commencer, il pouvait toujours piquer le paquet de bonbon - qu'il dévorait déjà du regard - que le plus jeune des deux avait entre les mains, mais il fallait réfléchir un peu au bon et au mauvais côté des choses, avant de prendre cette décision. Vite, de préférence, avant que le paquet ne soit fini.

Spoiler:

L avait raison, et le vieux Monterosso ne le savait que trop bien. Il ne restait qu’un homme, malgré tous ses beaux idéaux. Et tout homme était faible face à la surpuissance et l’attrait du Pouvoir. Mais nul ne savait à quel point la ténacité du N’a-qu’un-œil était grande. Elle atteignait les plus hauts sommets et toisaient de haut tous ses autres traits de caractère. L’ex-taulard prit alors totalement ses aises, posant ses pieds sur la table en les croisant, mains derrière la tête et s’allumant une clope qui lui attira quelques regards malveillants.

- C’est sûr, tu as raison. Je ne suis qu’un homme. Peut-être pas si différent des autres que ça. Et je ne peux te donner aucune garantie. Je pense qu’on ne peut jamais vraiment savoir comment on va réagir face à une situation donnée tant qu’on n’a pas vécu ladite situation. Je pourrais te dire que je suis sûr et certain d’agir selon mon code, je pourrais te promettre de rester fidèle à moi-même, t’assurer que mes intentions resteront droites. Mais, au final, il n’y a qu’une fois que les cristaux seront tous réunis que nous serons véritablement fixés. C’est un pari, mon p’tit gars, un grand pari. Soit tu aides quelqu’un à améliorer le monde, à le révolutionner, soit tu l’aides à devenir un fou dangereux. Comment savoir lequel deviendrai-je ? Eh bien, c’est impossible tant qu’on n’est pas devant ces foutus cristaux.

Le jeune homme sortit alors un paquet de bonbons tout en écoutant les diatribes du vieillard. Ce dernier aimait à débattre et à exposer ses idées, car il savait qu’il ne pourrait réussir cet exploit tout seul et qu’il fallait donc réunir un maximum de personnes convaincues du bienfondé de son combat. L en vint alors à lui demander ce qu’il voulait savoir et Fosco fut un peu perdu sur le coup. Il réfléchit quelques instants avant de répondre.

- Tout… Tout ce qu’il est possible de connaître sur les cristaux. J’avoue que leurs emplacements m’intéressent au plus haut point. Mais si tu sais quelque chose sur leurs propriétés, ou quoi que ce soit d’autre, je suis évidemment preneur. Par exemple, j’ai entendu parler d’épreuves à passer pour les atteindre… Cela te dit quelque chose ?

L’intérêt de Monterosso atteignait désormais son paroxysme. D’après les notes qu’il avait pu parcourir dans le couloir, L semblait avoir rassemblé tout un tas d’informations. Une vraie mine d’or, cette grosse tête. C’est alors qu’un nouveau venu fit irruption, tirant une chaise à lui et s’installant à leur table sans demander la permission. Il avait la carrure élancée du combattant et portait sur lui un sabre de bois qui ne manqua pas de retenir l’attention de Fosco. Tout comme ses cheveux argents et son accoutrement des plus inhabituels. L’ancien Hibou de la Forêt hésita sur son âge, au vu de ses traits fins et de son air juvénile. Il répondit alors à la demande du nouveau-venu avec entrain.

- Pour sûr, mon p’tit gars, goûte donc une spécialité du coin. T’es pas allergique au cyanure, j’espère ? Nan, j’déconne, choisis ce qui t’fais plaisir, lâcha-t-il en lui tendant un menu. Et quoi ? D’où c’que tu débarques ainsi ? Je t’ai pas encore vu dans le coin, t’as traversé le désert pour venir ? Ou alors tu te tapes la sieste depuis que la GGU a bougé jusqu’ici ?

Au moins, le vieux était conscient de ses propres faiblesses, et en cela, il remontait dans l'estime du jeune homme. Il le laissait faire son discours avant de finalement lui demander ce qu'il voulait savoir. L'adolescent sortit alors ses notes et commença à réfléchir à ce qui pourrait l'intéresser

«Je n'ai malheureusement pas pu rassembler suffisamment d'informations sur les cristaux en eux-mêmes. Je n'ai que leur apparence, et je n'ai pu faire que des déductions par rapport aux vidéos surveillances lorsque ce type aux cheveux gris a volé celui de la terre...» il sortit donc quelques photos qui avaient été considérablement zoomées, si bien qu'on ne savait pas trop ce qu'on regardait à part de gros traits rouges et des sortes de déchirures «lorsque ce type a disparu, il était presque comme neuf, quelques impacts de balle qui ne semblaient pas lui avoir fait grand mal, sans plus. Mais quand il en est ressorti, il était couvert de vraies blessures, et vu le genre de traces, je pense que le cristal était gardé par un ou plusieurs monstres.»

Seule déduction qu'il avait pu faire. Il rangea soigneusement les photos avant de prendre de nouveaux des bonbons
«J'en sais plus sur les chimères par contre. Grace à un gars de Spira, un al-bhed, j'ai appris pas mal de trucs... déjà, elles bougent. Celle du Canyon Cosmos, la chimère de la terre là, elle n'y est plus. Celle de la foudre aussi a bougé. Et apparemment, on aurait chopé des filles qui auraient surement rencontré la chimère du feu dans la mine de soufre, mais quand ils y sont allés, elle n'y était pas non plus.»

Il picora encore des bonbons avant de montrer une carte d'Héméra - sans les villes, et certains détails manquaient évidemment, mais il y avait de nombreux cercles de plusieurs couleurs
«La chimère de la terre dans une zone aride, la chimère de la foudre dans une zone où la foudre tombe ne continu, la chimère du feu dans la mine de soufre.. les chimères choisissent leur emplacement en fonction d'un endroit où leur élément domine... » il laissait le temps au vieil homme d'assimiler l'information, mais ils furent interrompus par un jeune homme qui souhaitait se faire offrir à manger. Mais L s'en moquait un peu, il laissa tout de même le borgne lui payer un coup s'il le souhaitait avant de conclure

«Bref... chercher la chimère de la glace, de l'eau ou même de la terre encore sera trop difficile, les emplacements sont trop nombreux. Si tu veux commencer à avoir des réponses, cherche plutôt la chimère du vent ou de la foudre. D'après mes recherches, il n'y a que trop peu d'endroits où elles peuvent aller, et elles doivent donc jongler là bas. La chimère de la foudre peut soit être dans ces fameuses plaines foudroyées sur Spira, soit au temple de Djosé. Aucun autre monde ne semble avoir un lieu proche de la foudre... et pour le vent, y'a un sanctuaire sur Héra qui s'appelle le Sanctuaire du vent, et le seul autre endroit où le vent pourrait avoir de l'importance, c'est à Horizon... apparemment, Irvine Kinneas a déjà rencontré au moins une chimère, et j'ai l'impression qu'il en sait pas mal, même s'il ne dit rien. Donc les chimères doivent apporter des réponses.»

Après, il ne connaissait pas encore tous les moindres recoins d'Héméra, donc il y avait peut être des lieux qui lui échappaient. Il y eut le bruit d'une sonnerie, et L se leva avant de finalement laisser sa carte d'Héméra au vieil homme
«Je dois aller en cours. Tiens, j'ai entouré toutes les zones susceptibles d'abriter une chimère. Tu verras que pour la glace, y'en a un paquet...» toutes les zones en blanc quoi. Pour le feu, il avait remis la mine de soufre ainsi que le Sanctuaire du feu sur Héra, mais également le temple de Kilika sur Spira. Enfin voilà, il avait déjà de quoi faire avec ça...

Il laissa donc les deux ensembles, c'était plutôt intéressant comme conversation, il se demandait si ce borgne ferait vraiment bon usage de ses recherches...

Qu'est-ce que c'était que cette table ? Visiblement, la malchance le poursuivait, il était encore tombé sur des types très bizarres – faisant mine d'ignorer qu'il était lui même un drôle de gars. Le vieux l'avait accueilli d'une façon peu orthodoxe, mais lui tendit finalement le menu... Avant de se mettre à poser une tonne de questions. Le regardant premièrement d'un air étrange, pour ne pas dire qu'il le dévisageait littéralement, il se contenta d'agripper le menu, un filet de bave aux lèvres, il était vraiment inquiétant, comme ça... Tout simplement, il avait l'air d'un idiot.

C'était d'autant plus vrai si on le comparait au gamin – qui devait à peu près avoir son âge – tout pâle qui étalait sa science juste à côté. Alors qu'il étalait sa science sur... Sur quoi ? Gintoki ne comprenait pas grand chose, quand il avait le ventre vide. De toute façon, ça ne devait pas être  très intéressant, une conversation entre un gosse et un vieux briscard. Le sabreur soupira longuement en écoutant d'une oreille ces choses compliquées, avant de soudainement s'extasier sur la carte des desserts, en oubliant même les bonbons.

« Waaaaouuuh ! Je veux ça ! » S'exclama t-il en collant son doigt sur une part de tarte au citron. « Avec un lait fraise ! » Il marqua une pause, réalisant qu'il coupait un peu court à la conversation. « En échange, je répondrais à toutes tes questions, le pagi trop curieux. » Dit-il sur un air faussement intelligent, en mimant un visage bien trop sérieux.

C'est alors que l'autre gamin s'en alla quand la cloche sonna. Ah, oui... C'est vrai qu'il s'agissait d'une sorte d'école militaire ici, c'est d'ailleurs ce qui lui paru étrange. Ce gringalet visiblement trop intelligent pour son âge avait plus l'air d'un clochard manquant de sommeil – mais avec des bonbons – qu'un véritable combattant. Enfin, peu importait, il finit par quitter la table, disant qu'il allait en cours, Gin' n'aurait pas donc l'occasion d'en apprendre plus, de toute façon, ce gosse ne l'intéressait qu'à moitié, il voulait seulement lui demander où il s'était procuré ses friandises. Si d'un côté, les sucreries étaient susceptibles de stimuler l'intelligence et la réflexion, ça n'était apparemment pas le cas pour le samouraï, qui en raffolait tout autant, elles le rendaient juste... Plus gourmand.

« Hey, m'sieur, servez moi ça, et un lait-fraise ! »

Dit-il alors qu'un jeune homme qui venait de quitter le comptoir passait par-là. Apparemment, Gintoki ne s'était pas trompée sur la personne, vue la réaction. S'ils n'étaient pas du genre à pondre des théories intelligentes – ou tout du moins, pas sérieusement -,  personne ne pouvait cracher sur son sens de l'observation, car malgré son accoutrement des plus banals, le sabreur n'avait eu aucun mal à identifier le serveur. Techniquement, c'est comme si, le papi venait de lui offrir son repas, même s'il l'avait commandé lui même, il pouvait donc répondre à ses questions, comme promis, en tout cas, au moins celles dont il se souvenait.

« J'ai pris un vaisseau Al-Bhed pour voyager et remplir une mission... Puis, je suis arrivé ici après deux jours de marche. »

Le serveur arrivant avec son lait-fraise et sa part de gâteau Gintoki s'arrêta net de parler avant de le boire d'une traite. Peu importe la partie d'Héméra sur laquelle il se trouvait, ce truc était toujours aussi bon ! Rien n'était meilleur que le lait-fraise, il aurait pu débattre sur cette question pendant des heures... Ayant volontairement omit le fait qu'il s'était perdu, le samouraï reprit la parole, maintenant qu'il n'avait plus la gorge sèche, ça allait être moins éprouvant.

« Je suis un homme à tout faire, et là ma mission, c'est de rentrer chez moi. »

Tu parles d'une mission... Qui pouvait faire passer ça pour un véritable travail ? Seul Gintoki, était capable d'affirmer sérieusement un truc pareil. Mais il ne tarda pas à se rendre compte qu'il venait de faire une terrible erreur, comme le traduisit temporairement l'expression dramatique sur son visage. Maintenant papi risquait de lui demander de l'aide, ou un truc dans le genre, et avec ça, il n'était pas près de rentrer à Luca. Il connaissait les vieux, tous les mêmes ! En parlant de ça, sa propriétaire le cherchait peut-être en ce moment, ça faisait des mois que Gintoki n'avait pas payé son loyer... Et elle ne le lâchait pas d'une semelle. Rien qu'en pensant à ce qu'elle pourrait lui faire faire, le samouraï avait la chair de poule, rester ici pour un moment, n'était peut-être pas une mauvaise idée. Alors autant le questionner aussi, entre deux bouchées de gâteau.

« Et toi papi, t'es pas trop vieux pour être à l'école ? Tu fais quoi ici ? » Gintoki marqua une courte pause. « T'as l'air d'avoir ramassé, c'est la première fois que je vois un papi borgne! »

Visiblement, maintenant que le vieux avait eu le plus gros de ses informations, il n'avait plus très envie de discuter! Avec les informations de L, il devait se douter qu'il ferait mieux de se rendre à la BGU pour voir si par hasard, Ifrit n'y serait pas revenu, ou à Horizon pour voir si la chimère de l'eau ou du vent pourrait s'y trouver.

Toujours est-il que lorsque L revint à la cafétéria, il se commanda une énorme glace au chocolat avec des pépites et de la chantilly, en cherchant une table, il vit le jeune homme bizarre de toute à l'heure, mais aucune trace du vieil homme...
«Euh... t'es encore là?» bizarre, il avait plutôt la tête de celui qui sympathise avec tout le monde, lui. L se posa simplement à la même table, sans se mettre pour autant en face ou à côté de lui. Il y avait un peu de monde à présent, tout le monde venait faire une pause ici entre deux cours de toute manière.

Voyant que le gars le regardait avec des yeux ronds, ou plutôt qu'il zieutait sa glace comme si sa vie en dépendant, L eut un regard blasé avant de désigner le comptoir de la cafétéria
«C'est gratuit pour les étudiants tu sais? Tu veux quoi?» non parce qu'apparemment, il était évident que ce type n'était pas étudiant à la GGU, le borgne non plus c'est pourquoi il avait du payer aussi, mais L était bel et bien du coin donc pouvait avoir un peu tout ce qu'il voulait.

Plongeant sa cuillère dans la chantilly, il attendait de voir ce que ce type foutait là finalement, il avait surtout l'air d'être un paumé à la recherche d'un toit où dormir. Si c'était le cas, autant qu'il s'inscrive carrément à la fac, bien qu'il ne semblait pas être le genre à vouloir étudier quoi que ce soit, contrairement à L.

Le vieillard borgne était sacrément bizarre, pour ne pas dire qu'il avait  l'air carrément stupide aux yeux de Gintoki, qui lui même était déjà très étrange.  Ce genre de raisonnement semblait étonnant, mais c'était monnaie courante chez l'ex-samouraï, et après tout, il était légitime de se poser quelques questions. Alors que l'ancêtre devait lui payer sa première commande et posé une tonne de questions, il était soudainement parti sans dire un mot. C'était quoi son problème, une envie pressante ?

Gin' en doutait, mais ça ne l'empêchait pas d'émettre sérieusement cette hypothèse. Même si cela commençait à faire long. Le jeune homme avait l'impression que son interlocuteur était parti depuis des jours, là où ça ne faisait que quelques minutes.  Il se défilait, et ne voulait pas lui payer son lait-fraise ! C'était sûrement ça, Gintoki était bien placé pour savoir que les plus âgés étaient aussi les plus radins.  La vieille qui l’hébergeait depuis maintenant quelques temps à Luca ne cessait jamais de lui demander un loyer – Il faut dire que le jeune homme n'avait jamais rien payé...

Le samouraï avait posé son menton sur la table, se demandant comment il allait s'en sortir cette fois-ci. Ses poches étaient vides, et il devait payer sa commande, tout ça parce qu'il n'était pas étudiant. La seule solution était de se faire passer pour l'un d'entre eux, ou pire... De s'inscrire. Vu son âge, ça ne risquait pas de fonctionner, et même si c'était le cas, il refusait catégoriquement d'aller à l'école. En parlant d'étudiant, le garçon de tout à l'heure devait en avoir terminé avec ses cours, car il se pointa à sa table avec une énorme glace. Wouahouu ! Le samouraï se leva soudainement, faisant brusquement tomber sa chaise et fixant la glace puis le jeune homme, qui avait l'air de se demander ce qu'il faisait encore ici.

« J'ai pas de raisons de partir...  C'est un peu le paradis cet endroit ! »

Gintoki mentionnait évidemment la cafétéria, et non pas l'école en elle-même, dont il n'avait pas grand chose à faire. À moins que quelqu'un ici n'est une mission – pas trop fatigante – à lui proposer en l'échange d'un paiement – très – généreux, afin qu'il puisse dormir et manger ici jusqu'à la fin de ses jours.  C'était un plan un peu tiré par les cheveux, mais comme d'habitude, il y croyait franchement. L'air sérieux, les yeux fermés et le poing serré, il montrait franchement ses convictions. Alors qu'il passait très certainement pour un idiot, il cru comprendre que l'étudiant aux airs intelligents l'invitait cette fois-ci. Et gratuitement ! Puisqu'il n'avait pas à payer, il n'y avait aucune raison qu'il se défile, lui aussi. Ramassant sa chaise et s'installant à nouveau, il le regarda droit dans les yeux, comme pour s'adresser à lui.

« Merci ! Euuh... C'est quoi ton nom ? » Le jeune homme n'en avait que faire à vrai dire, il préféra enchaîner sur quelques paroles sages, en levant son index. « Un grand sage m'a dit un jour : un individu aimant les sucreries ne peut pas être mauvais. Je crois qu'il avait raison. »

Relâchant sa posture, Gintoki était particulièrement fier de ses propos, qui venaient en fait de lui, et seulement lui. Après s'être absenté quelques secondes pour aller chercher une tartelette à la fraise en prétextant que c'était pour l'autre – tartelette qui ressemblait plus à une tarte d'ailleurs -, il retourna s'asseoir, et se décida enfin à véritablement entamer la discussion.

« Alors, il te voulait quoi le vieux ?  C'est pas vraiment un endroit où traîner pour un type de son âge. »

L'enthousiasme du jeune homme face à sa proposition eut de quoi étonner L qui cligna des yeux, sa cuillère encore dans la bouche avant de pencher la tête sur le côté.. sa citation par rapport aux sucreries étaient étranges et il haussa simplement des épaules avant de se tourner vers la nana au comptoir de la cafétéria en désignant ensuite le samouraï pour lui signifier qu'effectivement il était avec lui. Le fait qu'il commande une part de tarte n'était pas du tout surprenant vu le goût de L pour les sucreries

«On m'appelle L. Et le sucre aide surtout à la bonne stimulation du cerveau.» il prit une nouvelle cuillérée de glace avant de le voir filer pour revenir donc avec une grosse part de tarte. Il s'attendait à ce qu'il ne lui adresse plus la parole maintenant, mais il n'en fut rien. Probablement qu'il ne comptait plus le lâcher maintenant qu'il avait trouvé une mine d'or pour la bouffe, en tout cas, il fit semblant apparemment de s'intéresser au petit vieux de toute à l'heure et à ses projets

«Hum... il s'intéresse aux cristaux. J'ai fait de nombreuses recherches dessus, même si je n'ai pas encore pu avoir beaucoup de renseignements à ce sujet. J'en sais davantage sur les chimères on va dire.» il entamait sérieusement sa glace maintenant qu'il avait fini les pépites et la chantilly, au final, il ne se préoccupait pas de grand chose, il en fallait beaucoup pour intéresser L à vrai dire et même lui ne connaissait pas trop ses propres centres d'intérêts en dehors des sucreries. Malgré tout, la tenue de son interlocuteur était plutôt étrange, donc il se risqua à poser une question

«Tu viens d'où toi? T'es clairement pas de Dol selon moi...» et encore, de là, il ne voyait même pas son arme. M'enfin c'était pas pire que lui, il n'en avait pas. Enfin si, il n'avait pas eu le choix que de s'en faire attribuer une, mais étant plus tourné sur la magie que sur la force, il avait opté pour un simple... yo-yo. Ben oui, on ne lui avait pas permis de se battre avec une sucette.

L, Elle, Hell, Aile... Gintoki avait fait quelques suppositions lors de son aller-retour pour aller chercher son énorme part de tarte à la fraise, mais aucune de ses propositions ne semblait correspondre à un prénom. Il était sympathique, bien qu'un peu étrange. En effet, pourquoi un tel prénom? Le sabreur penchait sur le fait que la lettre L soit l'initiale de son véritable prénom. Mais dans ce cas là, il ne cachait qu'en partie la vérité. Alors, peut-être que son prénom n'avait rien à voir avec la lettre L, mais  un oiseau, ou encore une fille ? Le raisonnement du sabreur partait un peu dans tous les sens... Il décida d'ailleurs de s'arrêter, il ne pouvait pas se concentrer avec l'odeur de fraise qui imprégnait ses narines.

Il se décida d'ailleurs à en prendre une bouchée après avoir posé sa question au garçon visiblement trop intelligent pour sondage – tout du moins, c'est ce qu'il avait retenu la première fois. Ce dernier lui répondit que le vieillard borgne s'intéressait aux cristaux. Gin' aurait du s'en douter. Peu importe la parcelle d'Héméra sur laquelle on se trouvait, il fallait s'attendre à ce que soit le sujet de discussion majeur.

Aujourd'hui, tout le monde ou presque avait entendu parler des cristaux, même Gintoki, qui ne faisait pourtant pas grand chose de ses journées, si ce n'est lire des idioties et dormir dans son précieux canapé. Gin' espérait que le vieillard ne voulait pas mettre la main dessus, sinon il lui souhaitait bonne chance. En supposant que Seymour veuille s'en emparer,  le vieil homme n'avait aucune chance d'arriver avant lui.  

C'était plus de son âge tout ça ! Si ses suppositions étaient vraies, le papi borgne méritait quelques baffes, ne serait-ce que pour le raisonner et l'empêchait d'aller droit à la mort. Ça ne pardonnait pas, une crampe sur un champ de bataille. Gin' comptait lui demander s'il en avait l'occasion, c'était sa mission en tant qu'homme à tout faire.

« Plein de gens disent que les chimères ont disparues à cause de Seymour et des autres sales types dans son genre. Mais j'y crois pas vraiment... J'imagine que t'en sais plus. »

Prenant une nouvelle bouchée de sa délicieuse part de tarte, il soupira longuement, en pensant en fait que ça devait être pénible de chercher des informations. Et pourtant, il décida de ne pas questionner L à ce sujet, ne tenant pas particulièrement à parler de tout ça. Gintoki s'intéressa plutôt à sa prochaine question. Voilà maintenant qu'il lui demandait d'où il venait, mentionnant au passage Dol, sous-entendant donc qu'ils s'y trouvaient actuellement. En entendant ça, le samouraï posa la tête sur la table, blasé. Comme il le pensait, il s'était paumé, ça n'avait rien à voir avec Héra et une éventuelle forêt des Kwe... Il entendait déjà cet air de piano dramatique envahir son esprit, lui faisant comprendre encore une fois qu'il avait lamentablement échoué sa mission. Maintenant, il comprenait ce que les pilotes mentionnait, en disant que la navette partait pour Dol.

« Je viens de Luca, sur Spira. Et suite à une longue histoire, je suis ici, à manger de la tarte. » Dit-il en prenant une nouvelle bouchée. « Et chest pas pluch mal ! » Souffla-t-il péniblement, la bouche encore pleine. Quelqu'un venant de Spira aurait pu penser faire face à un hypello... Ces étranges créatures palmées.

Une nouvelle question vint alors à l'esprit du samouraï, elle lui paraissait pertinente, pour une fois. C'est pourquoi il n'hésita pas à en faire part au garçon trop intelligent pour son âge.

« Au fait, pourquoi des vaisseaux viennent jusqu'ici, il s'est passé un truc ? »

Gintoki n'était au courant de rien, il faut dire qu'il n'avait pas chercher à s'informer, pas même chez lui, alors que des gens étaient sans doute au courant d'un éventuel problème. Alors qu'il attendait la réponse, il termina sa tarte et détourna le regard vers quelque chose, ou plutôt quelqu'un qui venait d'attirer son attention. Une fille, étudiante, probablement. Woah ! Non seulement il y avait du monde au balcon, mais en plus, elle était jolie ! Mais très rapidement, le sabreur abandonna l'idée, sachant qu'il n'avait aucune chance. Elle ne pouvait pas aimer sa couleur de cheveux, comme toutes les autres... Il allait donc rester ici, à attendre que son interlocuteur poursuive la discussion.