Festival d'Héméra: Vincent Valentine-Winry Oswell

Je me tenais devant les deux piliers qui semblaient indiquer l’entrée du festival. Nous n’étions que dans la matinée, mais pourtant, une meute de personne affluait déjà à l’intérieur du parc. La foule n’avait aucune conformité, chaque personne divergeait des autres, créant une explosion de couleurs. Cela rendait ce lieu incroyable et vraiment unique.

Ici, c’était comme si il n’y avait plus de règles à respecter, chaque personne s’habillait comme il le souhaitait, ne se souciant pas un seul instant du regard que pouvait avoir les autres. Pourtant, c’était quelque chose que j’avais pu noter lors de nos voyages, on faisait vite tâche dans un pays qui n’était pas le nôtre et les regards critiques des autres ne se faisaient pas rare.

Vincent à mes côtés, patientant calmement que je daigne bouger, j’observais le monde qui m’entourait, sans arriver à poser mon regard plus de quelques secondes sur un seul élément.

- On est sur une autre planète c’est ça ?

Cette question n’attendait pas vraiment de réponse et Vincent ne prit d’ailleurs pas la peine de m’en donner une. J’emboîtais alors le pas de la foule, pour pénétrer dans ce festival qui paraissait sortir tout droit d’un rêve.

Dans toute cette folie, je remarquais tout de même que nombreuses étaient les personnes qui portaient une tenue qui me semblait inconnue, une sorte de… tissu coloré, plié de manière à ce qu’il tienne autour du corps.

Je voulais essayer. Plus j’en voyais, moins je me sentais bien dans ma tenue de combat. Qui, toutefois, ne semblait perturber personne. Paraître « normale » était encore quelque chose qui me tenait particulièrement à cœur et j’avais du mal à assumer ma différence que je croyais toujours flagrante.

- On ne reste pas plus d’une heure. Nous avons autre chose à faire, tu ne crois pas ?
- Hm hm..

Je savais que trainer Vincent ici relevait de l’exploit, alors maintenant que j’y étais arrivée, il était hors de question de rester simplement une petite heure. De plus, j’arrivais à comprendre par son côté événementiel pourquoi les gens arrivaient de tous les coins du monde pour cette journée spéciale, mais je n’avais pas la moindre idée de ce que voulais dire festival et pourquoi ce mot suscitait tant d’excitation chez la population Hémérienne.
Ma première mission de la journée, trouver les tissus colorés.

Sans me soucier de mon partenaire, je furetais partout autour de moi pour trouver ce que je cherchais. Se faufiler dans la foule et esquiver les personnes qui apparaissent d’un coup devant vous était quelque chose de plutôt marrant que je n’avais jamais eu l’occasion de faire dans ma vie.

Finalement, je tombais sur une sorte de boutique de vêtement qui était remplie de tissus tous plus colorés les uns que les autres. Je me tournais sur moi-même à la recherche de Vincent pour lui demander conseil sur ce vêtement, mais ce dernier avait complètement disparût. Je fronçais les sourcils un instant en le cherchant, mais il y avait beaucoup trop de monde, j’allais tout simplement attendre ici qu’il me retrouve lui-même. Je commençais donc à observer les différents modèles de vêtement qu’il y avait sans pour autant bouger d’un poil.

Deux femmes rigolaient dans un coin en regardant les différents modèles qu’une vieille femme leur proposait. Sans vraiment m’en rendre compte, je les fixais avec insistance. Elles avaient l’air de tellement s’amuser.

Quelques secondes passèrent ainsi, avant qu’une présence maintenant bien familière se fasse ressentir de nouveau.

- Ah, super ! Tu m’as retrouvé ! Tu as vu comme c’est joli ? Je pense que je vais m’en prendre un.

J’avais maintenant largement de quoi m’acheter ce qu’il me plaisait. Je me tournais alors vers lui, pour lui faire un grand sourire.

- Winry. Ce genre de tenue n’est pas adapté au combat. Il s’agit juste d’une sorte de tradition, rien de plus.

Une tradition… Je n’avais aucune tradition moi. D’un pas décidé et sans lui répondre, je rentrais finalement dans le magasin. J’avais le droit de m’intégrer dans la tradition des autres non ?

Après un bref instant de flânerie, je m’arrêtais devant ce que les gens appelaient mannequin. Ce dernier était joliment drapé de bleu et je l’examinais pour essayer de comprendre comme le tissu pouvait être maintenu autour du corps.
Ce fut à cet instant précis qu’un étrange petit monsieur m’interpela.

- Besoin d’aide peut-être ?

Il était bien plus petit que moi, avait de grande lunettes et trois pauvres cheveux sur le crâne. Je me tournais vers Vincent, ne sachant pas trop comment réagir. Il me regardait, sans bouger, attendant simplement que je parte de ce lieu qui semblait le laisser dans une indifférence des plus totales.

- … Oui, je veux bien.
- Suivez-moi.

Je m’exécutais pour finalement, me retrouver très rapidement dans une cabine d’essayage, une pile de tissus sur les bras. Le petit homme tira d’un coup sec le rideau, qui ne semblait pas vouloir se fermer. Pendant plusieurs secondes, je l’observais galérer en marmonnant des choses incompréhensibles dans la barbe qu’il n’avait pas, avant de me libérer les mains pour fermer la cabine moi-même.

Après de nombreux essayages, où le vendeur ne cessait de réajuster ce que je faisais en continuant de râler sans un seul instant de répit, j’optais pour un beau tissu rouge parsemé de jolies petites fleurs.

- Comment vous appelez ça ?

Je lui avais montré ma nouvelle acquisition avec un sourire innocent sur le visage. Pourtant, j’eus rapidement l’impression d’avoir dit quelque chose de mal, étant donné la grimace affreuse qu’il fit.

- « CA » C’est un kimono. Mon dieu, mais d’où est-ce qu’elle sort celle-là.

Sans demander mon reste, je tournais les talons, gênée. Retrouver Vincent me détendais un peu, mais je me sentais mal par rapport à cet étrange monsieur. J’ajoutais tout de même la fleur qu’il m’avait fait acheter pour que je la place dans mes cheveux, « nécessaire pour finir la tenue » qu’il avait dit. Du coup, je l’avais prise aussi.

- C’est… joli, je suppose.
- Merci.

C’était rare que Vincent fasse ce genre de commentaire, alors je préférais en profiter. De plus, maintenant, je ressemblais à plein d’autres filles qui se baladaient dans les allées du festival.

- Tu savais que ça s’appelait un kimi… kimono, toi ?

Comme à son habitude, il me répondit brièvement, ne gaspillant pas sa salive. J’en profitais alors pour m’insérer de nouveau dans l’agitation du festival, suivant le sens de la marche. Après quelques bousculades, qui au final dictaient le chemin que je devais suivre, je remarquais un petit attroupement autour d'un grand panneau circulaire coloré.

N'étant pas très grande, j'avais du mal à distinguer ce que les gens observaient et ma curiosité prit le dessus.

- Tu penses qu'on peut aller voir ce que c'est ?

Après un bref coup d’œil au-dessus de mon épaule pour vérifier que Vincent me suivant bien, je serpentais entre les gens pour m'approcher plus près de cette première attraction.

Chacune à leur tour, certaines personnes s'amusaient à faire tourner ce disque géant où de nombreuses choses étaient inscrites dessus, pour que finalement une petite flèche leur montre l'un des mots écrit.
De temps en temps, ils hurlaient de joie, applaudissaient et paraissaient être possédés par une euphorie sans nom, tandis que d'autres, partaient avec un visage bien plus blasé, voire même dégoûté. Est-ce que cette machine avait le pouvoir de changer les humeurs des gens ?

Satisfaite de mon observation, je tournais les talons pour rejoindre Vincent qui n'avait pas pu avancer autant que moi.

- Dis, on peut participer ? J'ai envie de voir si je peux être très heureuse !

Lorsque Vincent accepta, je me sentais vraiment heureuse. Ce lieu devait avoir des propriétés magiques pour arriver à me rendre aussi enjouée. Ici, j’arrivais à oublier tous les problèmes qui étaient survenus dans ma vie et j’étais presque aussi émerveillée que la première fois que ma mère m’avait fait découvrir Esthar. Un jour, que je ne pourrais jamais oublier.

- Il faut attendre que les personnes devant nous aient tourné la roue avant de tenter notre chance.
- Oh… D’accord.

J’aurais préféré pouvoir me faufiler à l’avant et passer rapidement, mais si Vincent disait qu’il fallait patienter, alors je me doutais que c’était la meilleure chose à faire. Toutefois, de là où nous nous trouvions et à cause de ma petite taille, je n’arrivais même plus à distinguer la roue. Je soufflais alors de mécontentement, prenant conscience que la petite meute que je voyais avant, s’était maintenant transformée en un immense troupeau d’Hommes. Ils se bousculaient tous pour se frayer un chemin jusqu’à la roue, qui avait le pouvoir de changer leur humeur.

Je me rendais aussi compte, que marcher à tâtons en se contentant de piétiner sur une faible distance, était vraiment quelque chose d’épuisant. Impossible de trouver une bonne position pour que l’attente paraisse moins longue et désagréable. De plus, ce n’était pas comme si Vincent aimait faire la discussion. De toute manière, je trouvais que ma différence était bien plus flagrante quand j’ouvrais la bouche, alors, au milieu de cette foule compacte, je préférais me taire.

Pas après pas, nous nous rapprochions enfin de notre but, sans pour autant avoir la chance de le distinguer. Pour passer le temps, je m’amusais avec mes cheveux, créant des fines tresses dans les mèches qui me tombaient sur les épaules.
Au bout d’un moment, je me tournais vers Vincent, un air blasé sur le visage.

- C’est long.
- C’est bientôt notre tour. Tu n’as qu’à faire tourner la roue le plus vite possible et espérer gagner quelque chose. Si tu as un souci, je ne suis pas loin. Je jouerai juste après toi.

Ce fut comme si il venait d’appuyer sur un bouton. Mon cœur s’emballait et un sourire immense se plaquait instantanément sur mes lèvres. J’allais enfin pouvoir jouer.
Je me tournais alors de nouveau vers la roue, et effectivement, la horde de personnes qui me bloquait la vue, s’était évanouie dans le reste de la vague de monde.

L’homme qui semblait s’occuper de cette attraction m’invita à monter sur une petite estrade. Avec le kimono, je ne voyais plus correctement mes pieds, je le relevais donc sans grande élégance et peut-être un peu trop haut pour que ça passe inaperçu. Quelqu’un siffla dans la marée de personne et je tournais mon visage en direction du son avec vivacité.
Cependant, je n’eus pas le temps de le retrouver et de comprendre cette action, on m’attrapait brusquement par l’épaule pour me faire avancer plus vite vers la roue. Le maître de ce jeu devait surement être pressé que je laisse mon tour à quelqu’un d’autre.

Maintenant aux côtés de la roue, je remarquais qu’il y avait plusieurs morceaux de bois enfoncés dedans pour nous permettre de la faire tourner. J’observais Vincent, attendant presque qu’il m’indique à quel moment il fallait que je tourne. Mais de nombreux cris se firent entendre et je tournais de nouveau ma tête vers toutes les personnes qui m’observaient. Elles avaient toutes leur regard figé sur moi. Je n’avais jamais fait face à une situation aussi étrange et j’avais du mal à détacher mon regard.
Un souffle chaud se fit alors sentir dans le creux de mon cou et je sursautais presque.

- Il faudrait que tu tournes la roue un jour quand même. Tu as trois tours ! Aller, les autres attendent.

Sans réfléchir plus, j’attrapais un bâtonnet et je tirais de toutes mes forces dessus. La roue tournait un long moment avant de s’arrêter. La petite flèche indiquait le chiffre 8 et la foule se mit à faire des cris très étranges qui n’avaient rien de joyeux. Je fronçais les sourcils et me tournais vers l’homme qui s’occupait de l’attraction.

- Et malheureusement tu n’as rien gagné ! Tourne encore.

Je répétais alors deux fois le même geste et les cris de la foule étaient toujours différents. Mais le plus étrange, c’était que je n’étais ni triste, ni heureuse. A croire que la magie de cette machine n’avait pas fonctionné sur moi.

L’homme me donna alors deux objets, un petit ticket avec des choses écrites dessus et une gemme. C’était gentil pour la gemme, alors je lui faisais un grand sourire et le remercia brièvement. Je descendais de l’estrade par l’autre côté en observant Vincent passer.

Lors de son deuxième tirages, de nouveau, des cris bien particuliers que je n’arrivais pas du tout à comprendre. J’étais assez déstabilisée par cette attraction qui ne m’avait pas offert la joie que j’attendais. Toutefois, j’avais quand même eu une gemme et c’était vraiment sympa de la part du monsieur. Pour le bout de papier, il fallait que je demande à Vincent ce qu’était un bon d’achat.

Lorsque mon camarade me rejoint enfin, je lui lançais un grand sourire. J’étais quand même super heureuse d’avoir participé à ce jeu étrange.

- Alors ? Tu es heureux ou triste ?

Peut-être que sur lui, la machine avait fonctionné. Toutefois, je remarquais qu’il avait aussi des objets dans la main.

- Oh ! Le monsieur t’a donné quelque chose aussi ! Il est très gentil je trouve !

A voir la tête toujours identique de Vincent, la roue n’avait pas du fonctionner sur lui non plus. Quand elle ne fonctionnait pas, l’homme qui s’en occupait devait donner des trucs en compensation.

- En tout cas, cette roue fonctionne drôlement bien sur les gens qui regardent tu ne trouves pas ? Tu as vu comment ils crient différemment tout le temps. La deuxième fois que tu as tourné, ça les a rendus complètement fou. Il t’a donné quoi le monsieur du coup ?

J’observais mon pauvre ticket en me demandant si c’était le moment de lui demander pour le « bon d’achat ». Mais je remarquais que je n’avais rien pour ranger ces deux objets. Je les tendais donc à Vincent, un petit sourire gêné sur les lèvres.

- Avant, tu pourrais garder ça pour moi ? Et tu sais s’il y a d’autres attractions qui changent l’humeur des gens ? J’aimerais bien qu’il y en ait une qui marche sur moi.

Vincent attrapait les quelques objets que je lui tendais, avant de les glisser sous sa cape. Je ne savais pas s’il avait une multitude de poches cachées, mais en tout cas, il arrivait toujours à ranger quelque chose là-dessous.
J’étais assez perplexe après avoir découvert les gains de mon camarade. Il avait lui aussi eut un « bon » de quelque chose. Je fronçais les sourcils un moment, en essayant de comprendre quelle pouvait bien être la signification de ce mot dans cette situation précise. C’était surement un mot de vocabulaire associé au festival dont je ne pouvais pas encore comprendre le sens.

- Nous pouvons essayer les machines à sous. C’est un jeu de hasard très apprécié sur Gaïa.

Je relevais la tête pour observer celle de Vincent minutieusement. Au risque de paraître étrange, je tenais vraiment à savoir s’il appréciait être ici et faire cette activité-là, ou s’il se forçait pour moi. Quelques secondes passèrent sans que je ne dise un seul mot. Je scrutais chaque trait de son visage, à la recherche du moindre petit indice qui pourrait m’aider à comprendre ce qui se passait dans sa tête.
Toutefois, l’excitation qui planait dans ce festival me rendait impatiente et j’abandonnais bien vite l'idée de percer à jouer l'esprit de mon ami. J’en arrivais tout de même à la conclusion qu’il s’amusait énormément mais qu’il ne voulait pas le montrer.
Etant donné le peu de motivation dont il avait fait preuve lorsque je lui avais parlé de ce festival, pour qu’il ne me presse pas pour qu’on s’en aille, cela voulait forcément dire qu’il passait un bon moment.

Satisfaite de ma déduction, je lui faisais un grand sourire, comme si ce dernier avait le pouvoir d’enlever toute la bizarrerie des quelques secondes qui venaient de s’écouler.

- Va pour les machines à sous !

Encore une fois, je n’avais aucune idée de ce que pouvaient être ces machines, mais bon, au final c’était plutôt agréable de découvrir toutes ces nouvelles activités. Ce fut donc avec un regain de motivation, que je m’élançais dans les longs couloirs du festival.

Nous avancions de nouveau à une bonne allure au milieu de la foule. C’était assez impressionnant de prêter attention au brouhaha qu’arrivait à créer cette meute de personne. Pour s’entendre, nous étions tous obligé de parler plus fort que normalement. C’était d’ailleurs, le seul point négatif que j’avais trouvé à cet événement.

Il m’arrivait plusieurs fois de me faire bousculer et je commençais à regretter de ne pas avoir plus d’aisance dans ce kimono.

- Tu avais raison, le kimono n’est certainement pas un vêtement à mettre pour combattre. Ça glisse et on n'est pas du tout libre de ses mouvements. Mais bon, c’est joli !

Je repensais alors au fait que certaine personne reconnaissait Vincent, sans pour autant croire que c’était réellement lui. Chose, particulièrement perturbante quand on ne connaît pas le principe du cosplay.

- Au fait, pourquoi les gens te reconnaissent mais ne pensent pas que tu es le vrai Vincent Valentine ? Comme si c’était normal que les gens se déguisent en toi…

Malheureusement pour Vincent, mon taux d’attention n’était pas très élevé aujourd’hui, il y avait beaucoup trop d’éléments perturbants autour de moi. Rester concentrée sur un seul élément plusieurs secondes s’avérait être particulièrement dur. Or, nous venions de tourner à une intersection, qui donnait directement sur une immense maison très sombre.

« La maison hantée ». Je m’approchais de l’immense portail lugubre, à moitié accroché dans ses boulons qui bloquait l’entrée. Une étrange aura planait au-dessus de ce lieu. Pas un brin d’herbe ne recouvrait le sol. Il n’y avait qu’une terre sèche, noire et craquelée, d’où sortait quelques vestiges de tombes.
La journée était très belle, pourtant, un épais brouillard habillait cette maison d’un voile de mystère à un faire frissonner plus d’un. Tout était d’un calme plat, jusqu’à ce qu’un cri strident perce le silence de mort qui habitait cet endroit.

Je sursautais, le cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Je me tournais vers Vincent, les yeux grands ouverts par la frayeur.

- Partons ! C’est dangereux ici.

A quelques pas seulement, se trouvaient les machines à sous. Et je fus soulagée de rejoindre une foule dense et enjouée autour de ces drôles de boîtes. Je lançais un dernier regard vers ce petit château. Quelle étrange impression que cet endroit me voulait du mal.

Toutefois, un rire fort et grave attira mon attention. Un peu plus loin, sur une autre machine à sous, un groupe assez atypique semblait s’amuser. Une femme, deux garçons aux cheveux étrangement blancs et un immense rouquin. J’étais à plusieurs mètres d’eux, mais je me sentais vraiment petite face à la carrure de l’homme aux cheveux couleur de braise. J'en venais même à me demander si je serais capable d'assurer un combat face à une personne telle que lui.

Je me tournais alors vers Vincent, comme pour me rassurer que je n’étais pas seule. Je me rappelais alors que je n’avais pas du tout écouté sa réponse et je rougissais faiblement de honte.

- Oh pardon… J’ai pas écouté ce que tu m’as dit sur les gens qui ne croient pas que tu es Vincent…

Je me plaçais devant une machine à sous en le regardant gênée.

- Après, tu peux m’expliquer comment ça marche ? … Et aussi, C’est quoi un bon à l’auberge ? Ou d’achat et transport ?

Je me sentais vraiment mal à l’aise de ne pas avoir écouté plus tôt les propos de Vincent. Il m’expliquait quelque chose, quelque chose que je ne comprenais pas, que je ne connaissais pas et pourtant, je m’étais laissé distraire facilement.

M’attendant à ce que l’utilisation des machines à sous soit particulièrement complexe, je décidais de me concentrer totalement sur Vincent.
Le genre de concentration que j’atteignais lorsque je chassais aux côtés de ma mère. Focalisant mon esprit sur ma proie, ne la perdant pas un seul instant des yeux, mesurant chacun de mes gestes pour ne pas embrouiller mon esprit. Un taux de concentration tel, que j’arrivais presque à lire à l’avance les mouvements que ma cible était susceptible de faire.
De plus, techniquement, nous n’étions pas dans une zone hostile, je pouvais me permettre de me couper du monde qui nous entourait pour ne percevoir que les paroles de Vincent.

J’étais donc assise devant la machine à sous, tournée vers Vincent, buvant chacune de ses paroles. C’était ma propre façon de me faire pardonner. Je ne bougeais pas, je clignais à peine des yeux de peur de perdre un élément crucial.
Néanmoins, je me rendis rapidement compte que cette explication ne méritait pas une attention si forte. Le mécanisme de ces boîtes était particulièrement simple. Il suffisait de tirer sur la manette et d’attendre que les images s’affichent.
Si j’avais tout bien compris, le hasard régnait bel et bien en maître sur cette attraction.

- Je vois. Je vais essayer !

Je prenais une longue inspiration, avant de faire pivoter mon corps sur le tabouret pour être de nouveau face à la machine à sous. J’étais très sérieuse, priant intérieurement que des pièces tombent. La première attraction, bien qu’amusante, n’avait pas été concluante. Espérons que la deuxième me fasse parvenir jusqu’au résultat attendu : des gils.

J’attrapais le levier avec ma main droite. Un dernier regard vers mon camarade et je l’abaissais avec force.
Les images derrière la vitre se mirent à défiler à toute vitesse tandis que ma machine s’éclairait de partout, produisant d’étranges sons, plutôt joyeux.  

La première ralentit, jusqu’à afficher un moomba. J’écarquillais les yeux, le cœur battant la chamade contre ma poitrine. Quelle était la signification de ce petit animal dans ce jeu ? La deuxième, puis la troisième s’arrêtèrent à leur tour, indiquant toutes deux une représentation amusante d’un chocobo.

Un clic se fit entendre. Et quelques pièces tombèrent enfin. Je sursautais presque, ne m’attendant pas à ce que la machine produise autant de bruit. Je me baissais en précipitation pour récupérer mon petit trésor.

- Vincent !! J’ai gagné !

Je lui présentais mon petit tas de pièces, ne réalisant pas que ce que je venais de remporter n’était qu’une faible somme. Mes yeux brillaient de fierté et un sourire plus grand que jamais se trouvait sur mes fines lèvres rosées.

Mon excitation à son apogée, je me précipitais de nouveau sur la machine pour jouer de nouveau, ne prenant même pas le temps de m’assoir. Une fois de plus, je gagnais quelque chose. Ce qui rendait la troisième tentative d’autant plus décevante, ne récupérant pas le moindre gil.

Je laissais à contrecœur ma place à Vincent. J’avais tellement envie de rejouer. Ne perdant pas une miette de ces mouvements, je l’observais jouer avec des étoiles dans les yeux, beaucoup plus impatiente que lui de voir le résultat des images.
Malheureusement pour lui, la chance ne fut pas avec lui et pas une seule fois, la machine ne lui céda un gil.

Toutefois, il changea de sujet en revenant sur ma question des bons. Je n’arrivais tellement pas à savoir s’il était triste ou pas de ne rien avoir remporté. Je l’écoutais cette fois-ci avec le plus grand des sérieux, essayant de mémoriser chacun de ses mots pour pouvoir réutiliser cette définition un jour si on me demandait un jour.

- Oh… C’est vraiment gentil de nous rendre gratuit certaines choses. Cet homme était vraiment généreux.

Je ne comprenais toujours pas vraiment pourquoi l’homme nous avait offert ça, mais bon, je n’allais pas m’en plaindre.

- Le festival te plaît ? J’ai remarqué que le manoir devant lequel on est passé t’avait fait peur. Tu as ressenti quelque chose ?
- Le festival est vraiment génial oui ! Il y a tellement de choses que je n’avais jamais faites !

Je ressentis un frisson glacial remonter le long de mon échine quand Vincent mentionna de nouveau la grande maison. J’avais peur, mais en même temps, je me sentais coupable. Je fronçais les sourcils avant de déglutir et de reprendre la direction du manoir.

Une fois devant le grand portail je soupirais en me tournant vers Vincent.

- Cet endroit est effrayant. Je ne comprends pas pourquoi il y a une chose pareille aussi proche du festival. Je ressens tellement d’angoisse autour de ce lieu.

Je baissais la tête honteuse d’avoir fui plus tôt.

- Je crois qu’il y a une femme qui a besoin de notre aide. Mais j’ai fui.

Un horrible bruit de porcelaine qui se brise sur le sol résonnait dans l’une des pièces. Je sursautais avant de relever la tête, effrayée. Cela faisait longtemps qu’un lieu ne m’avait pas autant inquiété. J’avais l’impression qu’il était là exprès pour nous terroriser.

- Il faut qu’on aille la sauver… non ?

Je prenais une longue inspiration avant d’expirer très lentement par la bouche pour me détendre.

- Je vais aller l’aider. Tu viens avec moi ?

Je caressais doucement le manche de ma rapière que j’avais gardé avec moi. La froideur de cette arme contre ma paume me rassurait toujours et me donnait confiance.

Vincent accepta de m’accompagner et je ne pus retenir un soupir de soulagement. Cet endroit, sombre et lugubre ne m’inspirait aucune confiance et même avec la plus grande volonté, j’aurais eu du mal à avancer toute seule vers l’entrée.

- Merci.

Après un bref sourire forcé, je m’avançais vers le portail délabré, sans grande conviction. Pour moi, ce dernier représentait la dernière barrière avant que nous ne pénétrions les lieux. La dernière barrière qui semblait pouvoir me protéger de l’atmosphère étrange et perturbante de ce manoir. C’était une sorte de sécurité, de mise en garde.
Pourtant, l’idée qu’une femme se trouve seule, perdue dans l’une des pièces de cet endroit, m’était beaucoup plus insupportable que la peur qui me tiraillait actuellement.

J’avançais lentement, avec une prudence extrême, exactement comme si je me trouvais dans une zone hostile, entourée d’ennemis. Pourtant, Vincent, lui, se contentait de marcher d’un bon pas, sans ressentir la moindre pression. Depuis que je le connaissais, il avait toujours fait preuve d’une impassibilité forte et cela ne semblait pas vouloir changer aujourd’hui. Toutefois, dans la situation présente, il ne me donnait même pas l’impression d’être sur ses gardes ce qui me semblait être le minimum.

Mon cœur s’affolait dans ma poitrine après chaque pas qui me rapprochait un peu plus de cette maison, alors que mon équipier avançait dans sa nonchalance habituelle. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi, mais je ressentais une peur étrange, une peur nouvelle, presque surnaturelle. Ce n’était pas la même que l’on pouvait sentir lors d’un combat, lorsque la mort approchait dangereusement.

Finalement, l’instant fatidique se présenta à nous. Nous avions le choix entre : pousser la grille de ce portail, ou fuir. Sans attendre bien longtemps, mais dans un geste incertain, je posais ma main gauche au niveau de la serrure. La seconde restait à sa place, posée sur ma rapière, prête en cas de problème.

- Nous pouvons toujours rebrousser chemin. Je peux aller m’occuper de cette femme seul.

Sa proposition était alléchante et je manquais de céder à la tentation. Mais, en dehors de cette femme que je me sentais obligée d’aller secourir, il y avait autre chose. Ce lieu n’était pas normal et mon envie de comprendre pourquoi semblait être elle aussi, bien plus forte que ma peur.

- Alors, que fait-on ?
- On avance !

Je poussais la grille qui grinçait dans un vacarme alarmant. J’avais l’impression que mes oreilles vibraient de douleur suite à ce son agressif. Mais je n’avais pas le temps de m’attarder là-dessus, à peine avions nous franchit les limites de la propriété, qu’un épais brouillard vint embuer notre vision.

C’était vraiment étrange car, quelques secondes avant, un simple faible voile semblait être posé sur les lieux, mais dès que nous avions ouvert la grille, ce dernier s’était épaissit au point où nous avions du mal à distinguer la fin du petit chemin qui nous menait à l’entrée du manoir. Ce brouillard, ne pouvait pas apparaître si rapidement. Il ne pouvait pas être naturel.

Je fronçais les sourcils tout en essayant de comprendre cette énigme de la nature. L’air n’était pas humide jusque-là, et il n’y avait pas eu une baisse de température assez significative pour qu’un brouillard s’installe si rapidement.

J’étais tellement concentrée sur le sol, pour ne pas me prendre les pieds dans quelque chose, que je sursautais violement lorsqu’une petite souris nous coupa la route. J’avais fait un bond en arrière, ma rapière à moitié dégainée.

- Ahah… ce n’est rien.

Je rigolais nerveusement avant de rejoindre Vincent. Le silence était pesant et je ne me sentais pas capable de faire un cas de plus sans entendre la voix de mon ami.

- C’est fou comme on dirait que… ce brouillard n’est pas du brouillard.

Je m’écartais doucement du chemin, avant de bouger rapidement comme pour balayer l’air. Alors qu’un brouillard épais n’aurait réagi à aucun de mes mouvements, la fumée, elle, serait emportée par la vitesse de mes gestes. Et à mon plus grand étonnement, ce fut exactement ce qu’il se passa.

- De la fumée…

L’environnement qui nous entourait se dévoilait petit à petit et plusieurs éléments frappants me marquèrent. Les rochers n’en étaient pas vraiment. On aurait plutôt dit de vulgaires morceaux de cartons déguisés en cailloux. Rien n’avait l’air naturel, comme si l’homme était responsable de l’intégralité de ce lieu et de sa végétation.
Aveuglée par ma peur, je m’étais focalisée sur les cris de la femme plutôt que d’analyser mon environnement. Je serrais les dents, honteuse d’avoir laissé passer quelque chose d’aussi crucial.

En 17 ans je n’avais jamais autant cédé à la panique pour en oublier des bases fondamentales de survie. Je respirais lentement pour essayer de me calme en me tournant finalement vers Vincent pour trouver un brin de courage. Nous étions proches de l’entrée et bientôt nous ne pourrions plus revenir sur nos pas, ce n’était pas le moment de flancher.

- Vincent, ce manoir est un leurre. Il n’est pas vrai… enfin… Il n’est pas censé être là. Je ne comprends pas pourquoi des gens se seraient embêtés à fabriquer tout ça… pour enlever une femme…

J’étais vraiment perdue. Quelque chose m’échappait, mais je ne savais pas quoi ni comment trouver. Rien n’était normal dans ce lieu, je n’étais pas du tout dans mon élément et cela créait une angoisse anormale chez moi.

- Il faut qu’on aille voir ce qu’il se passe !

Winry et Vincent se dirigent vers la cuisine.

Spoiler:

Vous êtes dans la cuisine, désormais. La cuisine, lieu clef d'une maison, où la plupart des contre soirées se déroulent d'ailleurs. Un lieu de rencontre entre les gens, bien sûr mais aussi entre les sens. L'odorat des épices et de la cuisson des plats, se mêlent à celles du toucher des aliments, du goût du plat à préparer... 

Il fait toujours aussi sombre dans cette maison abandonnée mais alors que vous pénétrez dans la cuisine, un capteur infrarouge vous a détecté et la plaque à gaz s'est mis à s'allumer, les quatre feux s'embrasèrent et le feu bleu caractéristique de ces éléments d'électroménagers suffisaient à émettre un rayonnement qui vous permettait de deviner l'aménagement de la cuisine. 

Au centre, un plan de cuisine en faux marbre où le four encastré et le lave vaisselle étaient mitoyens, les meubles cuisines vous faisaient face dans le même élément. Vous pouviez entendre le robinet mal fermé faire du goutte à goutte et irriter le calme de la pièce. 

Tic Tac Tic Tac, une horloge encore en marche se trouve à vos pieds et la marche sempiternelle de ses aiguilles vint se mêler à la cacophonie générale. Un vent inquiétant faisait vibrer les casseroles de cuivre accrochés au mur et donner un aspect encore plus stressant à tout ce vacarme. 

Vous pouviez sentir aussi, une odeur forte, un mélange d'épices, de cumin, de romarin mêlé au renfermé de la pièce. Et malheur à vous, si vous ouvriez le frigo qui renferme nombre d'aliments périmés qui montre bien que la famille n'est pas parti de manière préméditée de ce lieu. Vous pouvez même observer des traces de lutte sans doute... 

Mais que fallait-il faire dans ce lieu ? Curieusement, rien n'indiquait la marche à suivre, seule une pomme se tenait sur le plan de travail, prête à être mangée. Si vous croquiez dedans, la télé fixé dans l'angle s'allumera subitement délivrant alors ce message : 

"Si tout cela, pour vous n'a pas de sens, c'est qu'il vous en manque un. Cherchez bien, et je vous dirais si vous chauffez. Ne refroidissez pas, j'attends que ça devienne brûlant. " 

HRP :

Il y a de fortes chances que cette énigme vous mène à un gros indice. Mais vous pouvez aussi faire marche arrière, la cuisine possède deux sorties, celle que vous avez empruntés et une autre porte qui ne peut pas s'ouvrir par vous. 


Prochain post MJ après Winry

La porte d’entrée nous faisant maintenant face et je me sentais bien petite au pied de ce manoir imposant. Je m’arrêtais quelques secondes devant la porte avant de faire un pas en arrière. Aussi discrètement que je le put, je me plaçais derrière Vincent, un sourire gêné sur le visage.

- Je couvre tes arrières.

Mes mains tremblaient et je n’avais pas vraiment envie que mon camarade le remarque. Avec le temps, je m’étais rendu compte que j’avais une certaine fierté et que je n’appréciais absolument pas me montrer en position de faiblesse. C’était tellement dur d’effacer cette image une fois qu’elle s’était installée dans le regard des autres.
A mon plus grand soulagement, Vincent ne posa aucune question et s’avança simplement jusqu’à la poignée. Je le suivais de très près, penchant légèrement ma tête pour observer ses moindres faits et gestes.

- Elle est bloquée, je ne peux pas l’ouvrir. Je vais forcer un peu.

Je me retenais de lui dire que cela ne servirait à rien et que nous pouvions rebrousser chemin. J’avais appris il y a bien longtemps qu’il ne fallait pas entrer par effraction chez les gens, alors pourquoi aujourd’hui ?
*CRACK*
Je soupirais, attrapant le manche de ma rapière pour me donner du courage. Il était maintenant trop tard pour reculer.

- Elle devait être trop vieille… Je suppose…

Je ne savais pas vraiment ce que je pouvais dire et surement pas comment réagir. Je n’avais plus envie de rentrer dans cette bâtisse, encore moins depuis que la poignée venait de tomber dans les mains de Vincent. Ce dernier semblait d’ailleurs décidé à avancer quand même, et il s’exécuta, m’obligeant à le suivre pleine de culpabilité. Pourquoi avais-je donc tant envie de m’enfuir ?

Nous venions de passer le perron et je ne quittais pas des yeux mon ami. Ses larges épaules couvertes de son ample cape rouge me cachaient une grande partie de la vue, mais cela ne me dérangeait pas plus que ça. Ce lieu portait une atmosphère tellement étrange, que je n’avais même plus envie de découvrir son intérieur.
Un courant d’air sorti de nulle part fit voler quelques mèches de mes cheveux avant de se glisser jusqu’à la porte d’entrée pour la fermer dans un claquement fracassant. Un frisson de frayeur parcourut l’intégralité de mon corps en passant par la pointe de mes pieds jusqu’à la racine de mes cheveux. Je respirais fort pour tenter de calmer les palpitations de mon cœur qui étaient anormalement rapides. Calme-toi Winry, ça ne sert à rien de paniquer comme ça.

Ce fut à cet instant précis que je remarquais quelques pancartes accrochées au mur. Une étrange lueur me permit de la lire sans trop grande difficulté. Surprise par son contenu, je lâchais mon arme, inquiète. Pourquoi ce panneau se trouvait-il ici… ?

- Fais attention où tu mets les pieds. N’hésite pas à m’appeler si jamais tu as le moindre problème.

Je reportais mon attention sur Vincent, heureuse de le savoir présent à mes côtés.

- D’accord ! Merci.

J’essayais tant bien que mal de paraître confiante, malheureusement, je savais que ma voix était restée bloquée au fond de ma gorge.

Vincent s’était légèrement avancé et je manquais de tendre ma main pour m’agripper à lui. Mon geste se perdit néanmoins dans le vide et je fis finalement face à la pièce devant nous.
Sur le sol, habillé d’un parquais qui paraissait particulièrement vieux, une multitude de papiers semblaient s’être envolé partout dans le hall. Quelques fauteuils, démunis de leur coussin lacérés, donnaient l’impression de se trouver ici depuis plusieurs siècles tant la couche de poussière qui le recouvrait était épaisse.
En suivant Vincent du regard, je tombe sur plusieurs meubles. Ces dernières, percés d’un grand nombre brèches semblent tous avoir été vandalisé. Quelqu’un était venu fouiner ici et semblait chercher quelque chose.

Alors que Vincent était proche de la porte du fond de la pièce. Une étrange voix combla le lourd silence qui habitait la salle. J’agitais frénétiquement ma tête dans tous les sens à la recherche de la source de ce bruit. Il est difficile de comprendre tout ce qui était dit et je fronçais les sourcils en me concentrant, dans l’espoir de saisir le plus d’informations.
Cependant, l’éclairage mit en valeur une photo du salon. N’arrivant pas à clairement distinguer le contenu de cette photographie à cause des reflets, je m’approchai en vitesse, guidée par la curiosité.
Deux femmes étaient visibles, une est adulte, tandis que l’autre beaucoup plus jeune semble être sa fille. Il y avait une troisième personne présente. Malheureusement, bien qu’il soit aisé de deviner que cette dernière personne était un homme, son visage demeurait invisible.

Je soupirais avant d’attraper le cadre pour rejoindre Vincent.

- Il y a une petite fille et sa mère. Une troisième personne est présente, surement le père. Mais on ne peut pas voir son visage. La voix parlait de cette famille peut-être.


Le noir nous envahis et il est impossible de distinguer quoi que ce soit. Je frissonnais de nouveau en plaquant ma main sur mes lèvres. Je n’avais pas envie de crier alors que le silence se faisait de nouveau maître sur les lieux.

Finalement, Vincent brisa le calme plat alors que je m’efforçais de ne pas faire le moindre mouvement pour disparaître complètement, allant même jusqu’à bloquer ma respiration. Mes yeux, grands ouverts étaient à la recherche d’un faible signe de lumière désespérément. N’importe qui pouvait nous attaquer par surprise à cet instant présent et ne n’avais qu’une envie : me volatiliser.

- Évitons de monter à l’étage, on ne sait pas si les escaliers sont encore en état, surtout dans le noir. Le plus simple reste d’aller dans la pièce la plus proche de nous trouver de quoi s’éclairer. Je n’ai rien vu de semblable ici.

Ses bruits de pas appuyèrent ses paroles tandis que je restais immobile, tremblante comme une feuille au milieu de la pièce, complètement perdue. Je finis par secouer vivement ma tête pour me reprendre. J’étais largement capable de rejoindre Vincent sans problème. J’avais eu le temps d’observer la pièce et le plancher étant tellement bruyant qu’il me suffisait de suivre les sons.
Je pris une longue inspiration en fermant mes yeux. Même je ne pouvais rien voir, il fallait que je fasse comprendre à mon cerveau que je ne souhaitais plus qu’il s’occupe de ma vision, mais plutôt de mon ouïe.

- Tout va bien ? Tu arrives à te repérer ?
- Oui.

Je lui répondais simplement avant de me lancer dans la direction de sa voix. Je ne faisais pas de grands pas, mais j’avançais surement jusqu’à finalement trouver Vincent ainsi que la cuisine. Même si je souhaitais focaliser mon esprit sur les sons, de nombreuses odeurs vinrent brusquer mes narines quand nous pénétrons dans la pièce.
Toutefois, je n’eus pas le temps de râler que les quatre plaques de la gazinière s’allumèrent d’un coup, produisant une faible source de lumière.

La première conclusion qui me vint en tête après être entrée dans cette pièce fut que c’était l’endroit le plus oppressant de toute mon existence. Des bruits inquiétants, des objets électroniques qui se mettent à fonctionner seuls…

J’avançais prudemment en enjambant l’horloge qui jonchait sur le sol. Son tic-tac incessant eut le don de me crisper mais j’essayais tant bien que mal de passer outre.  
Sur le plan de travail, une pomme était posée. Contrairement à tout le reste de la pièce, elle était belle, fraîche et sans la moindre éraflure. Ce qui semblait presque impossible quand on observait les immenses traces de combat qui se trouvaient un peu partout dans la cuisine. Cette pomme donnait l’impression d’être mise en valeur. Je fronçais les sourcils en saisissant le fruit.
Je me figeais quelques secondes, attendant que quelque chose ne se produise mais rien. L’histoire que nous racontait la voix depuis que nous étions dans le manoir ne reprit pas et le tintement des casseroles fut la seule réponse à mon geste.

- Je n’aime pas cette maison.

Je me tournais vers Vincent en approchant la pomme de ma bouche. Non pas pour croquer dedans, mais simplement pour la sentir et aviser moi-même de sa fraîcheur. Jamais je ne croquerais dans cette pomme. D’une part car je n’avais aucune idée d’où elle provenait et qu’il m’était inconcevable de mettre quelque chose d’aussi mystérieux dans ma bouche. Mais aussi car je me souvenais qu’il était interdit de manger dans cette bâtisse. C’était écrit sur la pancarte. Nous avions déjà cassé la poignée, je n’avais absolument pas envie de contrarier une fois de plus le propriétaire en enfreignant cette règle.

Je la reposais alors à sa place, en prenant soin de ne rien toucher d’autre. Je faisais le tour de la pièce pour en venir à la conclusion qu’il n’y avait pas de femme en danger ici.

- Vincent…

Ma voix se brisa tant ma gorge était nouée. Je déglutis avant de reprendre avec plus d’entrain.

- Il n’y a rien ici… la porte là-bas est fermée. Il fait vraiment froid ici…

Une fois de plus, je frissonnais. Puis, sans un bruit, je me déplaçais en esquivant tous les obstacles sur le sol pour le rejoindre.

- Allons dans une autre pièce… Je suppose qu’on trouvera une sortie quelque part.


Vincent et Winry retournent dans le hall pour aller vers le salon.

L'ombre vous a fait peur ? Surpris ? Ou simplement, même pas ébranlée (quel badassitude !) ? Alors choississez bien votre destination (Attention, la porte du hall s'est ouverte). 

Et rappelez vous bien de cette ombre... C'est un conseil...