Festival Héméra : Dante - Yumi

Le lieu n’était pas du tout propice à ce genre d’émotion, pourtant, je n’étais pas du tout sereine. Nous venions de nous intégrer dans la foule qui marchait vivement à l’intérieur du festival et déjà je pouvais ressentir l’excitation qui émanait de toutes les personnes qui nous entouraient. Depuis que les mondes s’étaient réunis, je ne me souvenais pas avoir déjà entendu parler d’un festival sur Héméra, pourtant, cela restait une fête énormément appréciée.
Pour l’occasion, je m’étais acheté un joli kimono rouge, tenue de rigueur pour ce genre d’évènement. De plus, notre priorité était de se fondre dans la masse. Ce qui, au final, n’était pas chose aisée quand on se balade avec un grand joueur de Blitz à côté.

J’avais eu l’occasion de voir plusieurs fois la folie qu’il créait quand les gens le remarquaient. C’était invivable. J’en venais presque à haïr les regroupements de peur que Dante déclenche une émeute. Cela expliquait plutôt bien mon angoisse actuelle.
Toutefois, ce festival était vraiment quelque chose que j’avais envie de pouvoir partager avec mon frère. On méritait tous les deux de pouvoir se détendre et c’était une occasion en or.

Je prenais donc une longue inspiration pour me calmer un peu et prendre plaisir à cette sortie. Après avoir esquivé de justesse une petite fille qui entrainait sa maman à vive allure vers une attraction, je me tournais vers Dante, un sourire chaleureux sur les lèvres. Il était hors de question de lui faire part de mes inquiétudes futiles alors que cela ne faisait même pas cinq minutes qu’on se baladait.
Sa casquette en place, et ses lunettes devant les yeux, il n’était pas vraiment dans le thème mais c’était malheureusement tout ce qu’on avait sous la main pour le maintenir hors de portée des regards curieux.

- Alors ? Prêts pour cette journée spéciale ?

Je le tirais un peu pour sortir du passage et nous rapprocher des stands. En dehors des attractions, il y avait aussi énormément de petits marchands venus de tout Héméra pour montrer leurs spécialités.

- Je ne sais pas toi, mais j’ai une incroyable envie de manger un truc méga sucré !

D’un geste presque mécanique, je rabaissais sa casquette sur ses yeux, histoire que son visage soit encore moins accessible. J’avais toujours l’horrible impression que le monde entier nous observait, attendant simplement le moment propice pour se jeter sur Dante.
Lors de nos péripéties, nous avions l’occasion d’affronter un bon nombre de monstres et de faire face à des situations particulièrement angoissantes. J’avais beaucoup changé depuis que j’étais partie de chez moi. Pourtant, les paparazzis et fans de mon frère me faisaient toujours aussi froid dans le dos.

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Quoi de plus effrayant pour une célébrité que de paraître en public, en compagnie de la personne qui le rend aussi fort que vulnérable. Être à découvert ne poserait pas problèmes si j'étais encadré par des gardes du corps ou même seul. Je me suis habitué à fuir les paparazzi et à les semer. Mais je ne veux pas gâcher cet événement ou abandonner ma sœur en voulant leur échapper. La pression est d'autant plus énorme que ma "couverture" n'est pas vraiment adaptée à un lieu avec tant de gens qui n'hésitent pas à fixer les personnes déguisées et à leur adresser la parole.

Nous étions passé devant une jeune femme un peu plus jeune que Yumi, accompagnée d'un homme dans un accoutrement rouge sang, déchiré en de multiples endroits et portant d'étranges chaussures métalliques ainsi qu'un bras dans la même matière.
Peut-être que moi aussi j'aurais dû opter pour une tenue de ce genre afin d'être couvert autant que possible..?
Comme pour me rassurer, Yumi se met sur la pointe des pieds et replace ma casquette correctement pour que je sois aussi dissimulé que possible. Son regard pétillant ainsi que son sourire me détendent énormément.

- Toujours prêt pour faire la fête sœurette ! Mais je te le rappelle, je ne bois pas d'alcool et je ne mange pas certains aliments à cause de mon régime. D'ailleurs, tu devrais éviter les choses sucrées... C'est ultra calorique et tu deviendras rapidement difforme si tu ne fais pas attention.

En entendant ma voix, certaines personnes se retournent après notre passage et nous regardent avec curiosité mais aussi avec une certaine suspiçion. J'aurais dû me douter qu'avec les interviews et mes passages répétés dans les médias, je devais aussi faire attention à ne pas parler trop fort.
Je me résigne donc à chuchoter à l'oreille de ma soeur pour ne pas nous faire repérer:

- Je vais parler comme ça à partir de maintenant quand il y'aura trop de monde autour. Je n'ai vraiment pas envie de ruiner notre journée au festival... Je te laisse décider sur notre destination. Il y'a pas mal de stands de nourriture et même un immense buffet de ce que j'ai pu comprendre. Pour les activités, il y'a tout sur ce prospectus qu'ils nous ont donné à l'entrée. Dis-moi ce qui t'intéresse et je te suis.

- Je m’en fiche de grossir moi, je ne suis pas une sportive de haut niveau, personne ne fait attention à mon physique. En plus, je suis certaine, que même difforme, les hommes se jetteraient quand même sur moi.

D’un geste hautain et exagéré, je replaçais une mèche de mes cheveux. J’aimais bien sur-jouer la diva en présence de mon frère. Je savais qu’il avait été obligé de côtoyer de nombreuses femmes dans ce genre et j’appréciais tout particulièrement me moquer d’elles.
Malheureusement, je cessais bien rapidement ma petite comédie en sentant le regard de nombreuses personnes se poser sur nous. Je serrais alors les dents, luttant contre moi-même pour ne pas m’arrêter et me figer, en espérant disparaitre dans la foule. Cependant, c’était exactement dans ce genre de situation qu’il fallait agir avec le plus de normalité possible et rester naturelle.

Dante réagissait rapidement quand il était question de s’adapter à ces problèmes-là. Il savait rester calme et trouver des solutions. Il commençait à avoir l’habitude en même temps.
Je le sentais donc se rapprocher de moi, pour venir me chuchoter à l’oreille la suite de ce qu’il avait à me dire. J’eus d’ailleurs envie de lui répondre de la même façon, mais personne n’était susceptible de reconnaitre ma voix alors je me sentais débile de chuchoter aussi.

- Le buffet me tente bien, mais pour plus tard ! Pour le moment, j’ai plutôt envie de m’acheter un petit truc rapide. Je vais regarder ce qu’il y a à faire du coup !

Je fouillais dans mon petit sac pour attraper le prospectus qu’on m’avait donné. Il y avait un bon nombre d’attractions, dont certaines inaccessibles pour Dante, comme le concours de talent par exemple… La sécurité du parc n’était pas au courant qu’il était là, ce serait vraiment catastrophique qu’il se montre sur une scène sans qu’ils soient prêt à gérer ce genre d’événement. J’optais donc pour une activité où nous ne serions pas au centre de l’attention d’un public.

- Les machines à sous ça te va ? Avec un peu de chance, peut-être que j’arriverais à rattraper ta fortune et je serais aussi riche que toi !!

Je le regardais avec un air mesquin sur le visage avant de me remettre en route. Grâce à sa carrière, Dante était bien plus riche qu’il n’en avait besoin…

- En tout cas, avant, je vais manger !

Complètement perdue au milieu de la foule, je suivais le plan qui se trouvait sur le prospectus, à la recherche d’un stand qui vendait de la nourriture. Toutefois, je détachais bien rapidement mon regard de ce bout de papier, me repérant simplement aux odeurs alléchantes qui commençaient à embaumer l’air. A l’affut, je cherchais avec entrain d’où pouvais provenir des odeurs pareilles.

- Mon dieu que ça sent bon…

Sur notre droite, je remarquais enfin un brin de fumée s’élever dans le ciel. Je me frayais un chemin, tant bien que mal, entre les gens pour rejoindre ce petit stand garnit de produits tous plus beaux les uns que les autres. Il y en avait pour tous les goûts. Du chaud au froid, en passant par le sucré et le salé.
Juste devant moi, une grille était posée sur l’avant du stand pour faire cuire de nombreuses petites brochettes. Ce n’était que la matinée, mais pourtant déjà de nombreuses personnes en mangeaient.

Je me tournais alors vers mon frère, des étoiles dans les yeux. Je prenais une longue inspiration pour m’imprégner de cette odeur divine de nourriture, comme si cette simple odeur avait le pouvoir de me donner encore plus de vitalité.

- Dante, …

Je me coupais brusquement, me rendant compte que je ne pouvais pas appeler mon frère par son prénom en parlant si fort. Je me pinçais alors les lèvres avant de reprendre plus bas, en prenant soin de vérifier que je n’avais attiré l’attention de personne.

- Ce stand me fait de l’œil, je sens qu’on va être obligé de repasser tout à l’heure pour que j’achète des brochettes… Je me prends un truc là et on va aux machines à sous ? Elles sont plus très loin apparemment.

J’étais tellement en extase devant toute cette nourriture que j’écoutais à peine la réponse de mon frère.

Patientant quelques instants dans la file d’attente, je réfléchissais à ce que je pouvais prendre. Cela faisait une éternité  que je n’avais pas mangé de pomme d’amour, mais il y avait autre chose qui me faisait très envie que je ne connaissais pas.
Le vendeur était un homme trapu, habillé d’un large tablier blanc, un sourire toujours posé sur ses lèvres et des yeux où brillait une étincelle de malice.

- C’est à toi ma jolie, je te sers quoi ?
- J’aimerais une pomme d’amour, et c’est quoi ça ?

Je lui montrais d’un bref geste ce dont je parlais. Avant de me répondre, il ria de bon cœur en remontant les manches de son haut. Maintenant proche des grillades, il devait mourir de chaud dans son petit stand confiné.

- Alors ça, c’est une crêpe en bâtonnet. Recette spéciale dont je ne peux divulguer le secret tu comprends ?

Comme si d’un coup, je devenais sa complice, il me fit un clin d’œil avant de me tendre une de ces crêpe spéciale.

- A l’intérieur, il y a du chocolat fondu, alors ? Tu veux ?
- Ah oui, je prends ! Merci !
- Un truc pour ton copain à la casquette ?
- Ah non non, il veut rien.

Je saisissais mes deux nouvelles acquisitions avant de payer rapidement pour ne pas me faire plus remarquer.
Maintenant hors de porté, je croquais délicatement dans la crêpe qui était effectivement maintenue sur un petit bâton en bois. Encore chaude, elle fondait sous ma langue, surprenant mes papilles qui ne s'attendaient pas à quelque chose d'aussi doux et agréable.
Je me tournais vers Dante, les yeux grands ouverts, comme si je venais de manger le meilleur plat du monde.

- Il faut que tu goûtes !

Je lui tendais ma crêpe avec conviction, bien décidée à lui faire croquer dedans même si, mon frère suivait un régime très strict.

- En route pour les machines ?

Le refus de mon frère n’aurait pas dû me surprendre. Pourtant ce fut le cas. Cela faisait quelques mois maintenant que l’on s’était retrouvé, mais je ne m’étais toujours pas habituée à tout. Chaque matin, bien qu’il ne pratiquait plus le blitzball, il continuait de faire une série d’étirement visant à chauffer l’intégralité de ses muscles. Il faisait toujours très attention à ce qu’il mangeait et buvait exclusivement de l’eau. Mécanismes qu’il avait acquis au sein de son équipe, qu’il ne semblait pas vouloir perdre.
Je faisais la moue un moment, ne sachant plus quoi faire de ma pauvre petite crêpe délaissée. Puis, finalement, je soupirais avant de croquer dans ma pomme d’amour pour la goûter.

- Soit, pas de sucre pour le grand sportif !

Ne souhaitant pas m’attarder plus longtemps là-dessus après ce refus, je prenais la direction des machines à sous.
Se déplacer dans la foule n’était pas chose aisée, pourtant, c’était ce qui faisait partie du charme d’un festival. Grignotant avec appétit mes deux acquisitions récentes, je faisais attention à ne pas me faire bousculer pour éviter de salir mon beau kimono… ou celui de quelqu’un d’autre.
Plus jeune, j’avais déjà fait l’expérience du caramel dans les cheveux et je préférais ne jamais revivre ça de toute mon existence.

Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais au plus profond de moi, j’avais envie de croiser quelqu’un de Spira. Quelqu’un de mon ancienne vie. Celle que je menais paisiblement avant de partir de chez moi, à la recherche de mon frère. Plus rien n’était comme avant et bien que je n’avais aucune attache affective à Bevelle, j’avais envie de croiser quelqu’un de familier. Quelqu’un, qui serait capable de constater que j’avais changé. Je n’étais plus la sœur de Dante. J’avais réussi à être Yumi et ne plus vivre dans l’ombre de mon frère.
Mais, ce dont j’avais réellement envie, c’était de revoir Patema. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle était devenue et je n’avais aucun moyen de la contacter. Alors je cherchais. Espérant secrètement apercevoir sa touffe de cheveux sortir de nulle part, derrière un inconnu. Retrouver sa fraicheur, son optimisme et son humour lourd.

Je ne savais pas si Dante remarquait que je n’étais pas très attentive. Il marchait derrière moi, concentré sur son camouflage de fortune. Moi, je mangeais distraitement, les yeux rivés vers la foule et le corps, avançant de manière mécanique en direction des machines à sous.
Finalement, je manquais presque de trébucher sur une peluche qui jonchait sur le sol. Je m’arrêtais brutalement, avant de la ramasser. Elle était poussiéreuse mais n’avait pas encore été trop abîmée par les piétinements. Je me tournais vers mon frère avant d’entendre les pleurs d’un enfant.

- Tiens moi ça s’il te plait. Et ne t’avise pas de croquer dedans monsieur au régime.

Sans qu’il n’ait réellement le choix, je lui donnais les deux petits bâtonnets qui tenaient la crêpe ainsi que la pomme d’amour et je me faufilais dans la foule pour rejoindre un petit garçon qui tirait vivement sur le bras de sa mère pour retourner chercher sa peluche. Cette dernière, agacée, ne semblait pas ouverte à toute discussion pour rebrousser chemin.

Je m’accroupis devant lui avant de lui faire un grand sourire rassurant.

- Tiens petit loup, elle va bien.

Je lui tendais sa peluche et il cessa immédiatement de pleurer. Du revers de sa manche, il essuya ses yeux gorgés de larmes avant de prendre timidement la peluche de mes mains.

- Prends-en soin, d’accord ?

Il hocha lentement la tête avant de se laisser emporter par sa mère et de disparaître au milieu de la foule.

Je rejoignais ensuite mon frère qui s’était avancé jusqu’aux machines à sous. Il avait même réussi à en trouver deux de libres à côtés. Je récupérais mes deux sucreries avant d’attraper trois jetons. D’après ce que j’avais compris, nous avions trois chances.

- Tu as vu comme je suis une super héroïne ? Je sauve des peluches. Un jour, on reconnaîtra ma juste valeur et je serais plus connue que toi.

De bonne humeur, je rigolais doucement avant de finir ma crêpe. Un premier petit bâtonnet à la poubelle, j’avais au moins une de mes mains de libre pour jouer.
Je lançais un regard de défis à Dante, comme si la détermination pouvait être utile dans ce genre de jeux de hasard.

- Alors ? Tu es prêt à devenir pauvre ? On joue en même temps ?

Je me plaçais devant la première machine. Je me mordais la lèvre, hésitante. Puis, je bougeais doucement mes épaules pour me détendre comme avant un combat.

- Prêts ?

Je plaçais ma main sur le levier et tirais finalement. Quelle douce mélodie que d’entendre des gils tomber de mon côté. Je lançais un bref regard amusé à mon frère avant de tirer une seconde fois. Préférant attendre le dernier moment pour faire les comptes, je ne regardais pas le nombre de petites pièces qui se trouvaient en bas de la machine.

- Bon bon bon, dernier coup.

Encore une fois, le cliquetis du métal se fit entendre de mon côté. Trois fois pour moi, deux fois pour Dante. Bien que son deuxième coup ait semblé être plutôt costaud, je ne m’inquiétais pas encore.
Je me baissais pour récupérer la petite somme qui s’était amassée et je commençais à compter.

- Dante ! J’ai presque 100 gils !

Je plaquais une fois de plus ma main devant ma bouche. Tais-toi Yumi ! Toutefois, j’étais plutôt fière et je riais un peu de ma gaffe.
Mais cela ne dura pas longtemps. 720 gils. C’était la somme qu’avait gagné Dante. Je me pinçais les lèvres avant de rire.

- Bon, bah même quand il n’est question que de chance, tu me bats. Pour la peine, tu me feras un cadeau. Et un beau hein !

Je n’étais pas réellement déçue. Dante avait toujours plus de chance que moi, pourquoi cela aurait changé aujourd’hui ? Je croquais dans ma pomme avant de ranger ce que je venais de gagner.

- Bien, mon très cher frère dont je ne peux citer le prénom. Essaye de me trouver une activité où je peux te gagner s’il te plait.

J’étais vraiment d’une humeur exceptionnelle aujourd’hui. J’avais l’impression d’être une petite fille que l’on venait de lâcher dans un immense magasin de jouets. En plus, la répartie de mon frère me faisait particulièrement rire ce qui ne pouvait que me rendre d’autant plus heureuse.

- Oh mon Dieu, l’un des meilleurs joueurs des Bevelles Abes s’offre à moi… je suis la femme la plus chanceuse de monde !

J’imitais très grossièrement une de ses groupies avant de le suivre dans la foule. Je venais de ranger les quelques gils que je venais de gagner et en passant devant une poubelle je jetais la pomme d’amour que je venais de finir. Enfin les mains libres.

- Une activité où tu as des chances de me battre.. ?

Je le regardais silencieusement réfléchir. Mais finalement, il s’arrêta pour ne pas être gêné par les mouvements désagréables de la foule. J’en profitais alors pour sortir le petit prospectus du festival et chercher à mon tour.
Il me proposa alors deux activités, le concours de cuisine et les combats. Je cherchais rapidement leur description pour avoir une petite idée de leur fonctionnement.

- Hum… Je t’avoue que là, je n'ai pas super envie de me lancer aux fourneaux, surtout que je ne te connais pas du tout avec un tablier. Tu pourrais être un adversaire redoutable.

Je lui lançais un regard sceptique comme pour percer à jour ses capacités réelles dans le domaine culinaire.

- Par contre, le combat me semble amusant ! Et même si l’on n’est pas en concurrence directe, on s’accorde plutôt bien alors ça va être cool.

J’essayais de localiser sur la petite carte la salle avant de remarquer qu’il y en avait en fait deux.

- Ah ! apparemment il y a deux salles ! Je me demande si elles sont différentes. Il faut remonter l’allée puis prendre à droite sinon. En avant !

Dante reprit la marche et je le suivais de près pour ne pas le perdre. La matinée touchait à sa fin et il y avait de plus en plus de mon qui s’agglutinait dans le grand parc. Il faudrait qu’on soit stratégique pour l’heure du repas, je n’avais pas envie d’attendre douze ans et perdre du temps juste pour quelques trucs à manger.

Ayant toujours le petit explicatif du festival dans les mains, je repris ma lecture tout en marchant. Il y avait vraiment beaucoup d’activités et je me demandais si on aurait le temps de tout faire… Je remarquais alors qu’il y avait un parcours du combattant. A moins que ce soit en équipe, là je pourrais me mesurer à mon frère. Ce serait vraiment très drôle de faire ça après le combat, à bout de forces, les épreuves seraient d’autant plus difficiles.

Je relevais alors la tête pour proposer cette activité comme notre prochaine destination après le combat. Malheureusement, il ne se trouvait plus devant moi…

- Rho Yumi, tu pouvais pas le lire après ton papier sérieux.

Toutefois, je retrouvais bien vite la casquette de mon frère au milieu de la marée de monde. Quelques personnes s’étaient faufilées entre nous deux. J’essayant tant bien que mal d’accélérer le pas pour le rattraper en me faufilant entre les gens. J’avais l’impression qu’il filait à toute vitesse et je manquais même de le perdre de vue une seconde fois. Ne pas pouvoir l’appeler par son prénom était réellement handicapant.

Heureusement, après une brève lutte contre la foule, qui s’était tout de même avérée intense. Je réussis à attraper la main de mon frère qui se retournait surpris. Je lui souriais un peu gênée.

- Je t’avais perdu.

Le reste du chemin se fit sans le moindre encombrement et nous passons enfin la porte d’un grand chapiteau.
Il y avait un comptoir d’inscription et juste derrière on pouvait remarquer deux grandes salles. Je m’approchais vers la première qui semblait être déjà occupée. De grandes vitres nous permettaient de pouvoir être spectateur des combats des autres. Je me mordais alors la lèvre soucieuse.

- Tu penses que ça va aller ? Tu vas garder la casquette pendant le combat ?

Je me tournais pour observer les alentours, pour le moment, il ne semblait pas y avoir beaucoup de monde.

- Comme la première salle est prise, on va dans la deuxième. Je vais nous inscrire ! S’il faut mettre nos prénoms, tu veux que je dise autre chose pour toi ?

Pour le MJ:

Après que mon frère m’ait confirmé pour son nom, je me dirigeais vers le comptoir pour nous inscrire en réfléchissant.

- Bonjour, j’aimerais inscrire deux personnes pour la salle 2.
- Ah désolée mademoiselle mais les deux salles sont prises pour le moment. Mais vous pouvez attendre et vous inscrire pour tout à l’heure.

Je n’avais aucune idée de combien de temps pouvait durer un combat, mais j’avais vraiment envie de participer à cette activité. Attendre ne me posait pas de problème et j’imaginais que cela ne dérangerait pas Dante de rester quelque temps ici, loin de la foule du festival.

- C’est bon pour moi ! Où dois-je inscrire nos prénoms ?
- Là, et il faut la signature des deux participants.

Il me donna un papier que je remplis rapidement.

- Vous ne pouvez pas signer pour votre partenaire, qui devra d’ailleurs retirer sa casquette.
- Ah…

Je me redressais en me tournant vers Dante pour lui faire signe de me rejoindre. J’étais inquiète, je n’avais aucune envie que cet homme reconnaisse mon frère et nous gâche la journée.

- Bonjour, Monsieur. Il faut que chaque participant signe lui-même sa fiche d’inscription. J’étais également en train de dire à votre partenaire que vous ne pouvez pas garder votre casquette tant que vous serez ici.

Je soupirais en me passant la main sur le visage pour ne pas montrer mon inquiétude. Silencieuse, j’assistais à l’échange entre mon frère et cet homme sans bouger. Mes yeux d’un vermeil éclatant se posèrent sur mon frère. Si l’homme ne l’avait pas reconnu alors qu’ils se parlaient et étaient juste à un mètre l’un de l’autre, il y avait peu de chances qu’il ait un déclic après que Dante ait retiré sa casquette.

Mon frère la posait alors sur le bois clair du comptoir. Je sentais qu’il était crispé et je ne pouvais pas me vanter de ne pas être dans le même état que lui. Je tournais d’ailleurs légèrement ma tête pour observer tout autour de nous pour vérifier que personne ne nous observait. Heureusement, à l’exception des personnes en train de se battre, il n’y avait personne.

- Les lunettes aussi…

Je me retournais surprise. Je me mordais la lèvre en observant mon frère retirer ses lunettes et je posais une main encourageante sur son épaule.

Rien. Aucune réaction. L’homme ne savait vraiment pas qui était Dante.

Toutefois, après que mon frère ait signé, nous nous dépêchâmes de tourner les talons pour nous mettre dans un coin sans attendre.  

- Ouf.. Autant dire qu’on a eu chaud.
- Je ne te le fait pas dire… J’ai vraiment cru que nous venions de signer la fin de notre journée tranquille et incognito. Je ne remercierai jamais assez l’ignorance de ce gars.

Je passais mes deux mains sur mon visage avant de répondre à la question de mon frère.

- Tu t’appelles Saito pour quelque temps.

Je lui souriais espérant qu’il se souvienne que c’était un personnage littéraire que j’appréciais. Alors que mon frère s’était assis sur l’un des bancs à notre disposition, je m’avançais pour observer l’un des combats. Deux femmes très belles et un homme étaient en train de se battre. Je restais quelques instants à les regarder sans bouger, me rendant compte que l’ennemi n’allait pas être simple à battre et que les combats allaient prendre un peu plus de temps que je ne l’imaginais. Après cette brève observation, je rebroussais chemin pour retrouver mon frère en train de s’échauffer.

- Je pense qu’on a encore pas mal de temps devant nous… Je sais que c’est pas top de manger avant un exercice mais il est midi passé et tu n’as rien mangé depuis longtemps. Tu veux que j’aille te chercher un truc ? Je t’avoue que moi j’irais bien me prendre à boire alors autant rentabiliser le plus possible mon déplacement.

Après que Dante m’ai commandé deux petites brochettes bœuf fromage, histoire d’avoir quand même quelque chose dans l’estomac, je me dirigeais vers la foule pour retrouver le stand de tout à l’heure. Je fis bien attention de repérer quelques éléments importants sur mon chemin pour ne pas me perdre et me faufilais entre les gens.

Même si j’avais dû attendre un peu, les deux combats en cours n’étaient pas encore finis lorsque je passais de nouveau l’entrée du chapiteau. Je rejoignais mon frère qui patientait seul pour lui tendre le sac qui contenait ses deux brochettes. J’avais acheté aussi une bouteille d’eau, une brochette pour moi et une canette de thé glacé.

- Me revoilà ! Y’avait un de ces monde !! On mange vite et on s’échauffe ? J’ai l’impression qu’une salle ne va pas trop trop tarder à achever le monstre.

Je croquais dans ma brochette avant d’ouvrir en grand mes yeux, surprise par cette découverte culinaire.

- C’est trop bon !!

Je regardais ensuite mon frère goûter, attendant de voir sa réaction. Ces brochettes étaient excellentes et je m’en souviendrai pendant un bon bout de temps.
Le claquement d’une porte se fit entendre. Trois personnes venaient de sortir de la première salle de combat. C’était enfin à nous.