Direction..? Droit devant!

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.


S'il y avait bien quelque chose qui ne changeait pas à Corel, c'était ce soleil de plomb. Bien sur il prenait quelque temps à sortir derrière le sommet des montagnes et à pointer ses rayons sur la ville; mais lorsque le soleil tombait directement comme à cette heure ci, il faisait une chaleur torride. Les grand bâtiments qui avaient été construits depuis la restauration permettaient à Ivar de respirer un peu. Il attendait ses amis qui avaient prévu de venir le récupérer en Aéronef... direction le grand Nord ! Ivar avait ses raisons pour aller aider à la reconstruction du village après la tragédie qui y avait eu lieu.

Il sortait de l'ombre d'un des hangars. Devant lui, une piste où pouvaient se poser les aéronefs en transit. Sa veste fourrée sur le dos. Ses longs cheveux gris étaient rassemblés en une queue de cheval qui lui retombait en bas du dos. Oh dans d'autres circonstances, il aurait surement fait le fier, il avait de la présence avec ses lunettes fumées du haut de sa petite belle stature... enfin, du haut de son mètre soixante cinq... Mais, après deux heures d'attente. On rigolait moins.

Pas moyen ! Ils sont en retard ! J'vais crever de chaud ici, moi ! Le but c'est d'aller aider, pas de se dessécher avant même de partir ! Et ils ont besoin de moi là bas! Tss! C'est sur qu'ils ont pas besoin d'une bande de bras cassés comme ces idiots, qui se la jouent à la plage. Quel manque de considération! Pendant qu'il pestait contre ses futurs ex-amis, un message était arrivé, le jeune homme ouvrit son téléphone tout en marchant pour aller prendre de quoi se restaurer. Il écarquilla les yeux, ça commençait à bouillir là dedans... et ça allait péter... oh oui ça ne tarderait pas. Il prit quelques dixièmes de seconde pour reconnaitre la tête moqueuse de ceux qui étaient encore ses “amis”, se dorant la pilule sur les transats de Costa del Sol.

« Bande de sales petits... Nononononon !!! Ca va pas s'passer comme çaaaaa !!  » Il s'était mis à courir comme un fou en sens inverse, enfin, comme un fou, pas vraiment, une fusée... c'était sans doute un mot plus adéquat. Certaines personnes dégageaient la route en entendant le jeune homme hurler une multitude de choses incompréhensibles tant par le débit avec lequel il parlait qu'avec la vitesse à laquelle il fusait devant eux. Ivar crut voir un colosse rouge un peu plus loin. Si sa course s'était passée à merveille jusque là, il avait détourné les yeux et s'était pris les pieds dans une chaine qui était en travers de sa route. Vous savez, ces chaines qui sont sensé protéger les rues piétonnes... enfin, ce qui était à retenir dans l'histoire c'est que Ivar avait fini sa course (et c'était le cas de le dire) étalé par terre.

Quelques rires se firent entendre. Si le jeune homme était très gêné par la situation, il se releva vite, quoique avec peine et fit quelques petits bonds sur le côté pour s'éloigner tout en tenant son pied douloureux. Finalement il était arrivé près du colosse à barbe rousse, mais il ne l'avait pas vraiment remarqué pour le moment. Il s'appuya sur un poteau pour remettre sa chaussure. « Ils me prennent vraiment pour un pigeon... mais rira bien qui rira le dernier. Ah ! En plus j'ai pas un rond ! Comment j'vais faire pour aller au Village Glaçon, maintenant? »

Lorsqu'il était arrivé le midi même dans la ville de Corel, Percival n'avait pu s'empêcher, encore une fois, de remarquer à quel point la ville avait changé depuis sa dernière visite. Il ne reconnaissait plus vraiment les devantures des échoppes, et même les croisements entre les rues lui semblaient avoir été complètement repensés. Il avait rapidement dû se rendre à un constat alarmant : il aurait plus de mal que prévu à se repérer de façon efficace dans la ville.

Pourtant, il n'avait pas vraiment de temps à perdre. Il y avait de grandes chances pour que les autorités  envoient des secours pour le Village Glaçon depuis Corel, et Percival ne voulait vraiment pas manquer sa chance de faire partie du convoi. D'abord, parce qu'il tenait vraiment à aider à la reconstruction du Village, et ensuite parce qu'il n'avait plus un sou, maintenant qu'il avait acheté cet énorme maillet qui lui avait permis de se frayer un chemin sans trop de difficultés jusqu'à sa destination.

C'est sur, il avait quand même écopé de quelques ecchymoses aux endroits où des saletés de volatiles l'avaient attaqué,  mais c'était bien peu de choses en comparaison du bleu que son maillet leur avait fait. Et malgré son poids certain et son maniement difficile, Percival devait reconnaître que, comme le lui avait seriné le vendeur du magasin d'armes de Costa del Sol, c'était « l'arme qu'il lui fallait ».

Sans s'arrêter pour reprendre des forces, le grand rouquin avait immédiatement cherché des indications sur l'endroit d'où pourraient partir les secours pour le Village Glaçon. Les quelques personnes qui avaient pu lui répondre – soit deux gentilles petites vieilles et un jeune homme manifestement mal à l'aise avec le gabarit de son interlocuteur – lui avaient toutes indiqué une ou deux boutiques de la rue principale, où l'on était « très au courant de ce genre de choses », encore que Percival ne sut pas vraiment ce que « ce genre de choses » recouvrait.

Quoi qu'il en soit, il y était arrivé et, maintenant qu'il discutait avec le vendeur en chef d'un magasin  de pièces détachées, il le trouvait fort peu informé, mais très bavard et très sympathique. A tel point d'ailleurs qu'il lui faisait quelque peu perdre le fil de ses recherches : le géant, lui-même d'un naturel très porté sur la discussion, se laissait lentement entraîner vers un échange sur les nouvelles qu'on avait du Village et sur les rumeurs qui circulaient sur Sephiroth.

Heureusement pour lui, un jeune homme pressé était sur le point, bien malgré lui, de le sortir de cette conversation animée. D'abord par sa chute bruyante, qui avaient fait se retourner la moitié des passants de la rue, dont le rouquin, qui avait jeté un regard inquiet au gringalet à terre, avant de retourner, un peu forcé, à son vendeur insistant qui n'en avait visiblement pas encore terminé avec son sujet. Ensuite, par la mention du Village Glaçon  - entre d'autres propos moins intelligibles – à  portée d'oreille de Percival.

Sans hésiter, le grand gaillard posa une large main sur l'épaule de son interlocuteur en le remerciant – geste qui avait généralement pour effet soit d'intimider soit d'honorer son destinataire, mais qui avait toujours pour conséquence de ne pas se voir opposer de refus –  et fit les quelques pas qui le séparait du jeune homme. Sans autre forme de civilité que de se planter devant lui, Percival lui lança, sur un ton empressé :

«  Tu vas au Village Glaçon, mon gars ? »

Puis, sortant peu à peu de l'excitation que la mention du Village avait provoquée chez lui, à mesure qu'il détaillait le jeune homme, il se ressaisit :

« Excuse-moi, mon gars. Rien de cassé ? »

Il avait, après tout, fait un joli plongeon, et il se frottait encore la cheville tout en essayant de remettre sa chaussure.

« Je veux dire, c'était une sacrée chute, que tu nous as fait là... Ca va aller ? »

En le regardant d'un peu plus près, il n'était pas très grand, ni très épais : contrairement au rouquin, il n'y avait pas trop de matière pour absorber les chocs.

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.


Un bon vol plané, rien de mieux pour alerter une rue toute entière apparemment. Ivar en avait l'habitude et gardait toujours la tête haute en se relevant. On avait une image à garder quand même ! Il était finalement assez content d'avoir gardé sa va veste fourrée et de porter des mitaines. Si jamais il a la chance d'arriver à destination un jour, les petites plaies prennent un temps fou à guérir lorsqu'il fait froid.

Mais si se relever sans gros bobo sa chute spectaculaire a finalement permis à plupart des gens retourner à une activité normale, elle sembla retenir un peu plus l'attention du colosse qu'il avait cru voir plus tôt. Ce dernier vint se planter devant lui. Il leva la tête, laissant sa chaussure retomber à terre. Géant ! Il regardait l'homme qui devait  bien faire une tête et demi de plus que lui et lui répondait sans trop y réfléchir, oubliant aussi les civilités pour le coup :

« C'était mon plan; mais faut croire que certains ont d'autres priorités. Comme...  » Il prenait sa chaussure une nouvelle fois pour la remettre. Frottant la trace qu'avait laissé la chaine sur sa cheville pour éviter que ça ne bleuisse. « ... aller à la plage. Sur que c'est plus important. Hein ?  »

L'homme au nom encore inconnu sembla tout à coup prendre conscience qu'il venait de tomber et s’intéressa à ses potentielles blessures. Il termina d'enfiler sa chaussure et posa le pied à terre. Résultat ? Une jolie grimace, oh, un jour il en aura suffisamment pour en faire une grosse soupe. Mais pas sur qu'elle sera très bonne. En attendant, il transforma vite sa grimace en sourire déformé et leva son pouce. “Nickel !”, voilà une bonne traduction en mots.

« Il m'en faudra plus ! Vous êtes pas d'ici, j'me trompe ? Ah oui... J'allais au village glaçon, j'ai de la famille là bas. En fait... c'est la sœur de la tante par alliance de mon cousin qui s'est mariée avec le... euh... c'est compliqué ! Je passe les détails, mais chez moi on est très famille. Bref, si vous voulez tout savoir il va falloir me suivre, j'allais manger. J'ai un gros creux. Et si vous avez pas mangé, je connais les meilleurs plans de la ville. » S'ils voulaient parler affaires, ou même simplement mieux se connaitre, c'était aussi l'occasion rêvée. Une question demeurait... Ca mange quoi un géant ? Non, ce n'était pas ce qu'il allait demander. « Vous allez aussi au Village Glaçon ? Ah au fait, moi c'est Ivar.  » Et qui m'aime me suive!

En voyant le jeune homme relever doucement la tête pour plonger ses yeux dans les siens, Percival ressentit, comme toujours lorsqu'il croisait le regard de quelqu'un de largement plus petit que lui, un léger malaise. Il avait toujours l'impression d'y déceler une certaine crainte. Il ne savait y répondre que par un sourire un peu crispé, qu'il exécuta presque malgré lui. Voyant, cependant, que son interlocuteur n'en perdait pas le moins du monde le fil de sa pensée, le rouquin se détendit rapidement et hocha la tête pour inviter le jeune homme à continuer.

Mauvaise nouvelle pour Percival, le jeune homme ne semblait pas avoir de plan fiable pour rejoindre le Village. C'était dans ses plans, mais rien de plus. Ses espoirs un peu douchés par cette réponse, le grand gaillard afficha une mine largement déçue quand le jeune homme à la chaussure manquante commença à s'embarquer dans des histoires de priorités et de plage.

« Oh... » lâcha t'il poliment, bien que sans grande conviction, lorsque son interlocuteur le prit à parti.

Il se passa la main derrière la tête, l'enfouit dans son épaisse chevelure flamboyante et se gratta le cuir chevelu, comme souvent lorsqu'il hésitait sur la conduite à adopter : devait-il continuer à l'écouter, alors qu'il n'avait pas vraiment l'air d'avoir de plan « clé en main » pour rejoindre leur destination commune, ou bien devait-il prendre congé dès maintenant pour se remettre à l'a recherche d'un plan plus sérieux ?

Tout en pesant le pour et le contre des deux solutions, il détailla un peu plus le gringalet qui essayait tant bien que mal de se remettre de sa chute. Sa grimace lorsqu'il posa le pied à terre, bientôt masquée par une tentative de sourire, tira le géant de sa réflexion. Pas dupe pour un gil, il haussa le sourcil gauche et insista :

« Nickel ? Vraiment ? »

Après quoi, il haussa vaguement les épaules. A sa place, il aurait sûrement eu ce même élan de fierté qui poussait Ivar à nier toute douleur. Et puis, s'il avait été si mal en point, il n'aurait pas vraiment pu l'asséner de toutes ces questions, réflexions et explications condensées. Percival n'avait même pas pu en placer une !

Un peu surpris par ce débit de paroles soutenu, le colosse ne put réprimer un rire sonore avant de répondre, jovial :

« Un gros creux, rien que ça ? »

Il hésita encore un instant, puis continua :

« Je te suis. Moi aussi, j'ai un peu faim. En fait, j'ai toujours un peu faim. »

Après tout, il était, et de loin, la personne la plus informée sur les secours au Village Glaçon qu'il ait abordé jusqu'alors. Il donnait également l'impression de connaître Corel bien mieux que lui, et puisqu'il voulait se rendre au Village autant que lui, il y avait fort à parier qu'il saurait certainement où chercher. Enfin, tout le monde savait que Percival avait du mal à repousser une invitation à déjeuner, surtout lorsque son dernier repas remontait à plus de 6 heures, et surtout lorsqu'on lui vendait « les meilleurs plans de la ville ».

« Et moi, Percival. Content de te connaître, Ivar. »

Il essuya machinalement sa main contre sa tunique et la tendit au jeune homme, avec un large sourire.

Une fois les présentations convenablement faites, il invita Ivar, d'un geste de la même main, à le mener à l'endroit qu'il avait en tête. Il lui emboîta le pas et continua :

« Moi aussi, j'ai de la famille là-bas. Enfin, j'en ai eu. J'ai grandi là-bas, en fait. Alors, forcément, tu te doutes que quand j'ai vu à quoi il ressemblait, le Village, maintenant... J'ai pas pu m'empêcher de venir ici pour me joindre aux secours. Je me suis laissé dire qu'il y en avait qui allaient partir d'ici. Tu es au courant ? »

Tout en continuant de marcher, il jetait fréquemment des petits coups d'oeil à la démarche de son comparse, pour vérifier la gravité de sa blessure.

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.

Le géant semblait plutôt coopératif et sympathique. C'était tant mieux pour Ivar. Bien qu'il aurait sans doute continué malgré tout son monologue. Il avait pourtant quand même décelé la déception chez le flamboyant barbu. Mais celle-ci s'était vite muée en interrogation lorsqu'il avait transformé sa grimace en sourire de pacotille. Et s'il avait commencé dans cette voie là, il n'allait pas faire demi tour maintenant; alors, il continua a nier sa douleur. Et en quelque sorte, ça le forçait lui aussi à s'y accommoder. Apparemment, son flux continu de paroles entre explications et propositions avait fini par amuser son interlocuteur qui se mit a rire. Il semblait hésiter à le suivre ... mais il se décida et Ivar n'attendit ni une, ni deux et se mit en route d'un pas juste un peu boitillant. L'homme disait avoir toujours un peu faim, il fallait donc l'emmener à “cet endroit”...

Ivar se présenta et Percival fit de même, noyant au passage la main du jeune homme dans la sienne et arborant un large sourire. Il avait l'air authentique. Le repas allait donc peut-être se passer sous de bons hospices. « De même, Percival. »

Que se soit l'empressement d'en savoir plus ou par l'odeur du fromage alléché, Percival semblait pressé de partie et tous deux allaient donc prendre la direction inverse qu'avait pris Ivar en courant, il n'était finalement plus question de déjeuner sur le pouce. Mais lorsque le colosse avait fini son histoire, Ivar stoppa sa marche une seconde. Il avait “eu” de la famille là bas ? « Ah... pardon, je ne savais pas. De mon côté tout le monde va bien. Ils étaient sortis en foret quand c'est arrivé. Mais leur maison a été détruite... ah ! Il faut prendre la ruelle à droite. ... je pense que “là bas” ils pourront nous aider.  »

Peut-être était-ce de ce genre d'endroit dont parlaient les personnes avec lesquelles Percival avait discuté en disant qu'ils devaient être au au courant de ce “genre de choses” ? En tous cas, ils étaient arrivés. Un simple bistrot mais, une multitude de passages de personnes diverses et variées en faisait l'un des plus utiles en cas de chasse à l'info.

« C'est là. » C'était une devanture des plus usées, elle souhaitait reprendre le même style que les vielles bâtisses qu'on trouvait à Corel il y a longtemps. Même le bruit de frottement métallique de la pancarte rappelait “ce qui fut”. Une fois la porte passée, tout était dans le style rustique. A coup sur, Ryan, le gérant, devait en avoir entendu bien des choses entre ces murs (utiles ou pas). Ivar salua leur hôte de la main et invita Percival à s'installer au zinc. Lorsqu'on y pensait, niveau carrure, Ryan pouvait rivaliser avec Percival.

« Ivar ! Eh bien, eh bien, eh bien ! Toujours là ? Pas parti pour le Nord ?

- Changement de plans ! J'ai de la compagnie, finalement. J'te présente Percival. Dis, tu sais pas où on embarque pour les secours? J'ai eu un problème d’aéronef. Ou plutôt on m'a fait comprendre que les pigeons ça vole pas aussi bien qu'un aéronef... mais ça... autant éviter de le dire.

- Ah! Tu nous ramène du monde! Bienvenue Percival. Si, justement... Lui, là bas, il conduit un des convois qui va au Village Glaçon cet après midi. Vous devriez aller lui demander. » Ivar regarda Percival. C'était peut-être là leur chance. Finalement quand on sait où chercher, on trouve facilement. Qu'est-ce qu'il en pensait, barbe rousse ?

« Et moi alors ? Qu'est-ce que je vous sers ? »

*Il boite un peu quand même*, ne put s'empêcher de remarquer le rouquin après avoir marché quelques pas avec le jeune homme.
 
Enfin, au moins, il pouvait marcher. Ca ne devait pas être si grave que ça. Il se souvenait comme hier du jour où son frère aîné s'était fait une entorse après une chute de snowboard : il n'avait même pas pu effleurer le sol. Alors, tant qu'Ivar ne se plaignait de rien, inutile de rappeler cette chute mémorable à son bon souvenir.
 
Et puis, maintenant qu'il était lancé dans l'exposé de ces raisons pour rejoindre le Village Glaçon, il n'allait pas remettre sur ce tapis. D'ailleurs, il allait rapidement devoir préciser un peu plus sa situation, puisqu'Ivar semblait avoir compris que sa famille était morte au cours de la catastrophe. Un peu décontenancé d'abord, le colosse s'empressa d'ajouter :
 
« Non, non, c'est pas ce que tu crois ! Ma famille est morte ou partie du Village Glaçon depuis longtemps. »
 
Sa voix ayant pris des notes un brin mélancoliques au fil de cette explication, le rouquin s''empressa d'ajouter, avec une vivacité presque exagérée :
 
« Si j'avais eu de la famille blessée, ou pire, à cause de cette catastrophe, je serai allé au Village Glaçon à la nage ! »
 
Cela semblerait surement un peu excessif au jeune homme, mais les personnes qui connaissaient bien le rouquin savaient que cette affirmation n’était pas loin de la réalité : Perceval aurait remué ciel et terre pour courir au secours d’un de ses proches.

Mais peu importait, pour le moment. L’urgence était moindre et, Percival s’en rendait compte, à présent qu’il voyait son interlocuteur suivre son chemin sans la moindre hésitation : il aurait eu beau obtenir le renseignement qu’il voulait, il n’aurait jamais pu se repérer aussi bien dans cette ville qui avait tant changé et il aurait perdu un temps fou. Beaucoup de bâtiments avaient fait peau neuve et, lorsqu’au détour d’un croisement, ils apercevaient une façade qui n’avait pas encore été rénovée, elle faisait clairement tâche.

La petite bicoque vers laquelle ils se dirigeaient était le parfait exemple du constat qu’il avait dressé. Ivar lui confirma, c’était également leur destination.

« Plutôt authentique, y a pas à dire ! » commenta le géant avec un large sourire, avant de s’engouffrer à sa suite dans le bistrot.

L’intérieur et le propriétaire des lieux étaient à l’image de la devanture : d'époque et sans chichis. Et même s'il aurait été assez curieux de pousser la porte d'un des nouveaux restaurants de Corel, il n'était pas déçu le moins du monde. L'accueil chaleureux du gérant ne fit que confirmer sa première impression, et il lui répondit tout aussi amicalement :

« Merci à toi... ??? »

« Ryan, pardon ! »

« Merci Ryan, alors. Pour l'accueil et pour l'info. »

Il ponctua sa phrase d'un sourire jovial et reporta son regard sur Ivar. Ils se connaissaient depuis peu, mais ils avaient l'air d'être sur la même longueur d'ondes. D'un hochement de tête, Percival signifia à son compagnon de fortune qu'il leur fallait tenter leur chance. Il redressa rapidement la tête vers Ryan pour lui dire :

« On va aller lui parler tout de suite. Mais garde-nous deux places au chaud. On n'est pas venu là que pour discuter ! On revient dans dix minutes. »

« C'est noté, les gars. »

Sur ce, le géant fit volte-face. Au passage, il embarqua le gringalet en passant son bras autour de ses épaules pour l'approcher de lui et lui murmurer, l'air triomphant :

« Bah voilà ! Je savais que j'avais bien fait de te suivre, malgré tout ! »

Le bras droit toujours dans le dos d'Ivar, Percival commença à s'avancer vers la table que Ryan leur avait désignée – Ivar n'ayant, dès lors, plus vraiment le choix de rester au comptoir – et se planta devant l'homme qui avait le nez plongé dans son assiette.

« Toutes mes excuses si je vous dérange pendant votre repas, mais voilà : mon ami et moi, on aimerait se rendre au Village Glaçon pour filer un coup de main aux secours. Et comme on a entendu dire que vous en serez, on est venu voir si vous aviez pas besoin de deux solides gaillards pour vous prêter main forte. »

« Direct, bref et précis », telle était la façon de faire que préférait Percival. Et la seule qu'il maitrisait réellement, en fait.

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.

Ivar soufflait de soulagement quand Percival lui disait qu'il avait mal compris ses propos. Sa famille n'était donc plus la bas ! C'était une bonne chose de ne pas avoir fait de gaffe. Pourtant ça semblait avoir réveillé des souvenirs chez le colosse. Un colosse au cœur tendre ? Il s'en était remis apparemment, vu le ton qu'il employa pour continuer. D'ailleurs Ivar n'avait pas pu s’empêcher de serrer les poings en arborant un sourire déterminé. Il était tout à fait d'accord. Il aurait été prêt à traverser la mer suspendu au mât d'un bateau lui aussi. D'ailleurs c'était bien pour ça qu'il avait décidé d'aller aider alors que les autres avaient préféré prendre des vacances ! « Et moi donc !!!  »

C'est connu par ici... Ivar était de ce genre. Il ne reculait devant rien pour faire ce qu'il devait faire et il le faisait avec conviction ! Enfin... soyons honnête, devant presque rien. Parce que sa tentative de traverser la mer suspendu au mât d'un bateau se serait surement soldé par une noyade certaine ou une bonne vielle chute. Mais il ne réfléchissait pas toujours et il arrivait bien que ça lui serve !

Une fois arrivé où son ventre et leur besoin d'informations les conduisait, Ivar se rendit compte qu'il n'avait pas vraiment pensé à faire les présentations, en sens inverse, mais ça s'était vite fait et de façon naturelle. Qui sait, entre hommes de poids peut-être qu'ils avaient une connexion particulière ? En tous cas, Percival semblait ravi de la rencontre et des infos, au passage. Sans doute plus des infos d'ailleurs. Il embarqua Ivar et lui confirma bien qu'il avait trouvé le bon tuyau, en effet. Ivar montait le menton pour lui dire d'un air fier, bien qu'aussi discret que Percival : « Petit mais astucieux !  »

Ivar se laissa entrainer sans trop de résistance... surtout après ces petits compliments. Et Percival n'attendit pas pour demander à l'homme qu'avait désigné Ryan ce dont il avait besoin. Lorsque ce dernier parla de “deux solides gaillards”, ce n'était pas non plus pour déplaire à Ivar. Oh, c'était pas d'un mauvais sentiment... mais il se redressa encore un peu l'air fier lorsque son “ami” (ah oui?) avait parlé ainsi. Cependant, il gardait un air déterminé. Il voulait a tout prix aider lui aussi. Enfin, l'homme leva la tête vers eux. Il regarda d'abord Percival, il fallait espérer qu'il n'ai pas à lui parler longtemps, car il aurait un bon tortis-coli ! Et c'était pas bon pour eux non plus, car si Ivar avait bien compris, c'était le pilote du convoi.

L'homme écoutait Percival et jeta un œil interrogateur sur Ivar, peut-être buttait-il sur le "solide gaillard"... mais se ravisa vite. « Bon... jour ?! C'est rien. On vous a bien renseigné, je pars dans... deux heures et demi du Hangar D. J'peux vous emmener si vous nous filez un coup de main pour tout mettre dans le cargo. Les bonnes âmes sont rare d'nos jours... Je pars d'ici dans disons une demi heure... ça vous va ?  »

Une demi heure... bon il y avait aisément le temps de manger. Ivar regarda Percival pour savoir si ça lui convenait aussi, car il ne tarda pa à donner sa propre réponse. « C'est bon pour moi !  »

Mais avec ça c'était parti pour le plat du jour. C'était quoi déjà ? Ah, Poule au pot. Ok, ok. Bon il devait surement y avoir autre chose, mais il avait cru voir ça dans l’assiette devant lui et il en salivait déjà.  « Merci... ... monsieur.

L'homme insista pour qu'on l'appelle “Jack”, vu qu'ils allait passer quelques heures ensemble... Ouh ! Ça en faisait des noms. Mais bientôt ils le libéraient pour retourner prendre leur commande. Ce qu'avait dit l'homme avait fait réfléchir Ivar. Ainsi, lorsque Ryan leur apporta les assiettes de la cuisine il leur mit aussi deux gros gobelets sous le nez : « Cadeau de la maison ! On dirait que l'affaire est conclue, il vous faudra des forces pour le voyage !  »

Quand il disait qu'il connaissait les bons plans! Ivar se tourna vers Percival, levant son verre: « Bien ! On dirait qu'on est en route ! Hehe. » Puis, il se précipita sur son assiette comme s'il n'avait pas mangé depuis des jours. N'empêche... c'était étonnant qu'il n'y avait pas plus de personnes qui se manifestaient pour aller porter secours aux survivants du village Glaçon.

« Je me demande bien quel genre de travaux ils vont nous demander de faire ? Oh ! En fait, j'suis prêt à faire n'importe quel boulot ! Que se soit porter des pierres pour reconstruire ou même refaire un enclos pour le bétail!  » Précisait-il entre deux bouchées.

A la façon dont il dévisagea Ivar, Percival sut qu’il s’était peut être un peu avancé en parlant de « solide gaillard »  pour le désigner lui-aussi. C’est vrai que c’était un gringalet mais la vingtaine de minutes qu’il avait passé avec lui avait suffi à convaincre le géant qu’il mettrait du cœur à l’ouvrage.
 
Appuyant son sourire pour finir de convaincre le pilote que la proposition concernait le lot de deux plutôt que lui seul – il aurait, de toutes façons, difficilement jouer un tour pareil à son camarade – il soupira de soulagement lorsque le prénommé Jack accepta sa requête. Sous condition, certes, mais, étant donné qu’elles étaient largement acceptable, le géant jeta un œil à son compagnon, croisa son regard et, lui fit rapidement écho :
 
« C’est bon pour nous, même ! »
 
Machinalement, il lui tendit sa large main pour sceller leur accord – peu importe qu’il soit en pleine poule au pot – et se présenta :
 
« Je suis Percival. »
 
Voyant que son camarade ne réagissait pas, visiblement plus préoccupé par le plat de leur interlocuteur que par les courbettes d’usage, il le secoua gentiment par les épaules, et continua :
 
«  Et le ventre, là, à coté, c’est Ivar. »
 
Ses lèvres s’étirèrent en un sourire malicieux et il conclut :
 
« Comptez sur nous dans une demi-heure. »
 
Il fit demi-tour, attrapa l’épaule de son comparse avec son autre bras et l’entraîne, de nouveau jusqu’à la table que leur avait gardée Ryan. De la même façon que précédemment, il murmura à Ivar, en lui tapotant sur le torse avec sa main libre :
 
« J’aurais jamais cru que ce serait aussi facile ! On a même le temps de s’envoyer un gueuleton correct ! »
 
A quelques mètres de la table, il lâcha enfin son acolyte, histoire de le laisser s’installer à sa guise. Plus que ravi, Percival s’installa face à Ivar et attendit son assiette, le regard perdu dans me vague. Il avait pour habitude de se laisser porter, et il avait d’onde l’habitude de suivre son instinct, mais rarement celui-ci l’avait conduit en si bon endroit aussi rapidement. Ce gringalet s’avérait finalement être une sacrée patte de lapin. A la réflexion, il en avait, d’ailleurs, un peu le pelage.
 
La présentation de son assiette et de son gobelet associé par le gérant le tira bien vite de sa rêverie. Du moins quasiment, puisqu’au vu des dernières paroles de Ryan, il devait encore avoir un pied dans le pays des Chocobos.

*Cadeau de la maison...*

Sans vraiment y faire attention, il opina du chef pour remercier Ryan et plissa les yeux pour observer son comparse, plus intéressé par le sort qu'il allait faire à sa pitance que par l'analyse du rouquin. Amusé, Percival marmonna affectueusement :
 
« Patte de lapin… »

Il resta quelques secondes sans rien dire, finit par secouer la tête pour chasser cette idée saugrenue et imita Ivar en levant son verre :

« On dirait bien, ouais. »

Il engloutit une bonne gorgée de la boisson que leur avait servi Ryan et s'attaqua, sans plus attendre, à cette poule au pot pour laquelle ils étaient venue. Selon le géant, elle était fameuse. Peut être que la faim qui le tenaillait, ou la satisfaction d'avoir atteint son but embellissaient ses sensations gustatives, mais à la première bouchée, il ne put retenir un grognement de plaisir.

Peu de choses auraient pu venir perturber ce moment. Même la conversation de son comparse participait de ce sentiment de soulagement et de joie profonds. A la première manifestation de sa motivation d'Ivar, le colosse ne put réprimer un rire franc et répondit immédiatement :

« Je suppose qu'on aura pas le temps de s'ennuyer. J'ai jamais vraiment participé à ce genre d'expédition, mais, à mon avis, il y aura du boulot pour tout le monde. On parle quand même d'un village complètement mis à terre. Alors, t'en fais pas, on te trouvera de quoi faire. »

Il enfourna une nouvelle bouchée et continua :

« Tu chais, cha fait longtemps que je chuis parti, mais... » Il dégluttit. « Mais, même si on parle du Village Glaçon, il y avait plus de trois maisons. C'était un beau lieu de vie. Alors, déjà que pour une seule maison, ça nous prendrait un temps infini, j'imagine même pas pour un village entier! »

Il attrapa son gobelet pour faire descendre sa poule, qui disparaissait à vue d'oeil. Quand il reposa son verre, il fixa le jeune homme pour lui demander.

« D'ailleurs, tu comptes rester là-bas combien de temps ? »

Après tout, c'était bien beau de se sentir pousser des ailes quand on était confortablement installé à Corel, mais une fois là-bas, le froid, le vent, la sollicitation physique et l'isolement seraient autant de facteurs qui viendraient challenger, chaque jour, la motivation de chacun. Ivar en avait-il seulement conscience ?

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.

Non mais qu'on le traite d'avorton tant qu'à faire ?! Oh, allez, c'était vrai, il n'était pas très grand, ni gros. On ne s'attendait pas à ce qu'il soulève des montagnes, mais il avait bien quelques ressources cachées ! Notamment une volonté et un entêtement hors normes. Qui ajoutée à la volonté de Percival devait avoir convaincu le dénommé Jack de les conduire au village Glaçon. Le colosse à barbe rousse confirma qu'il serait du voyage et se présenta, avant de capter l'attention du jeune homme en le prenant par les épaules et le secouant. Ivar regarda Percival qui venait de le traiter de “ventre” et ne put s’empêcher de sortir un « Hey !!! » vexé. Puis il reporta vite son attention sur Jack, lui lançant un sourire un peu crispé et se grattant nerveusement la tête.

Une fois sur le chemin du retour à leur table, Ivar pouvait bien se rendre compte de combien cette affaire semblait avoir détendu Percival. « On dirait qu'ils ont besoin de toutes les bonnes volontés. Ou alors il s'est rendu compte de notre incroyable potentiel. Héhé. » Dans son cas, ça penchait surement plus sur la première proposition, mais la balance devait se rééquilibrer avec Percival. Mine de rien, peut-être que tous les deux faisaient une meilleure équipe qu'il n'y paressait.

Loin de se rendre compte qu'en fait Percival le comparait intérieurement à un lapin, Ivar attendait son plat. Regardant les allées et venues dans la taverne. Il entendit vaguement quelque chose en lien avec une “patte de lapin” sortir de la bouche de Percival, il le regarda sans vraiment comprendre. Mais son nouvel ami ne semblait pas considérer qu'il y avait des précisions à donner et secouait la tête. Leur plat finit par arriver. Le jeune homme se ressaisit rapidement et leva son verre à leurs projets qui avançaient à pas de géants. Une fois le toast porté à leur futur voyage, les deux hommes se plongeaient presque littéralement dans leur assiettes. Une fois la faim un peu coupée, Ivar prit la parole, il est vrai qu'il s'était un peu décidé sans avoir pris le temps de réfléchir à deux fois. Pourtant, ce qu'il dit justifia tout à faire cette décision irréfléchie. Il était pret à faire n'importe quels travaux qu'on lui donnerait à faire, il ressentait ça un peu comme un devoir. Mais étonnamment, Percival s'était mis à rire. Il ne l'en croyait pas capable ? Enfin, ce n'était pas le premier à s'amuser des petits et grand emportements d'Ivar. Et quand c'était juste de la bonne volonté c'était bien !

Il continua de manger pendant que barbe rousse parlait. Mais il avala de travers lorsqu'il rappela que le village était “mis à terre”. Une une petite toux plus tard, il était reparti, il ne s'était pas étouffé, non plus. Il expliqua à nouveau qu'il était parti depuis longtemps et précisa qu'ils auraient vraiment beaucoup de travail. Ivar acquiesça. Sa voix fut un peu étranglée au début, mais se rétablit vite. « Oui, j'ai déjà vu ce village quand j'étais petit. Penser qu'il en reste que des ruines... »  

Le jeune homme regarda sur le côté quelques secondes. Puis il prit une inspiration pour continuer. « Moi je suis d'ici, un peu plus loin, dans les montagnes. Quand j'avais 12 ans, la vielle Corel a été détruite. Quand on a vu l'immense nuage de fumée, mes parents sont allés voir. Les survivants avaient fui, ils ont formé un village ici même. Et maintenant, il suffit de voir ce que cette ville est devenue ! Alors, y'a de l'espoir. C'est pour ça que je crois qu'il faut aller donner un coup de main.  »

Quand à savoir combien de temps il pensait rester... ça... c'était une excellente question. « Autant qu'il faudra. Un solide gaillard comme moi n'a pas peur du froid ! » dit-il tout à fait sérieusement, et il ne fallait pas en douter.

Autant il pouvait faire chaud à Corel l'été, qu'il faisait vite froid l'hiver quand on allait un peu dans les montagnes. Percival avait peut-être compris transversalement dans ses propos qu'Ivar savait quand même que tout n'était pas rose dans la vie, mais ça ne l'avait pas empêché de se construire tel qu'il était. « Puisqu'on va sans doute faire un bout de chemin ensemble, je pourrai peut-être être un peu plus familier sans paraitre insolent ?! Si ça te gêne pas bien sur... »

Il fallait dire qu'il devait y avoir une bonne quinzaine d'années de différence entre les deux hommes, mais maintenant qu'ils semblaient devoir se supporter quelques temps, que se soit ici ou une fois sur place, autant éviter de trop tergiverser. Il n'avait pas l'air d'être un roi et de plus, ce grand et solide gaillard à juste titre n'avait pas l'air du genre à s'offusquer pour si peu (surtout après l'avoir traité de "ventre"). Ivar continuait de manger. Ils n'avaient pas non plus des heures et il valait mieux joindre l'utile à l'agréable, dans quelques minutes, Jack allait surement les presser pour partir. Il demanda tout de même la pareille à Percival. Autant continuer un peu à faire connaissance avant d'aller à l'aventure: « Et toi ? T'as prévu de rester la bas longtemps ? J'ai pas encore vraiment de plans pour la suite. »

Bien que sa conversation avec Ivar eut une grande partie de son attention, Percival se permit une petite incartade, entre deux bouchées, pour interpeler leur hôte :
 
« Dis-moi, Ryan. T’aurais pas du pain qui traiterait quelque part. Ce serait criminel de pas saucer tes assiettes ! »
 
« Je vous amène ça de suite, les jeunes. » lui répondit le gérant.
 
Une fois convenablement armé en éponge à sauce, Percival reporta toute sa concentration sur son comparse aux cheveux gris et son énergie peu commune. Il semblait prendre à cœur tout ce dans quoi il se lançait. Même cette poule au pot n’avait qu’a bien se tenir, vu le coup de fourchette de son comparse. Aussi, quand il s’étouffa, le rouquin ne put réprimer un sourire en songeant que, comme lors de leur rencontre, il était sûrement victime de son enthousiasme débordant.
 
Il allait d’ailleurs lui recommander de d’économiser un peu, histoire d’arriver entier au Village Glaçon, mais il se ravisa bien vite en remarquant la voix serrée et l’air affecté du jeune homme. En écoutant sa version de la catastrophe de Corel, la mine du colosse se fit plus grave. Il avait tendance à chahuter affectueusement les gens qu’il appréciait, et peu lui importait de les connaître depuis une heure ou une vie. Et, dans le cas présent, il avait peut-être considéré un peu vite que l’excitation d’Ivar était sûrement liée à un défaut d’expérience des situations difficiles. Se sentant un brin coupable, le géant fit écho aux paroles du jeune homme, pour s’excuser autant que pour lui confirmer qu’il ne doutait pas de ses capacités :
 
« Eh bien, s’il bénéficie de l’aide de deux solides gaillards comme nous pour si longtemps, je crois qu’on peut dire, dès maintenant, que le Village Glaçon finira comme neuf ! »
 
Il ponctua sa phrase d’un clin d’œil complice à son attention et reprit consciencieusement la razzia qu’il faisait sur son assiette. Il ne releva la tête que lorsqu’Ivar lui demanda la permission d’être plus familier. Un peu surpris par cette demande, le colosse lui adressa un regard étonné et, bien qu’il ne sût pas vraiment ce que recouvrait cette demande chez son compagnon, il accepta sans réserve :
 
« Fais bien comme tu veux, Ivar ! Je suis pas vraiment du genre à m’offusquer de grand chose… »
 
Dans les limites du raisonnable, bien évidemment. Mais, vu le gabarit du rouquin, peu de gens étaient tentés de pousser la familiarité jusque un niveau manifestement trop éloigné des conventions. Et, du peu de temps qu'ils avaient passé ensemble, Percival était certain qu'Ivar n'en faisait pas partie, alors s'il voulait se sentir plus « libre » avec lui, qu'il le fasse.

Sans vraiment attendre qu'Ivar lui autorise la même chose de son côté – après tout, il était comme il était et, puisque les circonstances ne l'exigeaient pas, il n'avait pas besoin de se montrer spécialement courtois ou poli – il retourna une dernière fois à son assiette et enfourna la dernière bouchée de son assiette dans sa large bouche. Alors qu'Ivar lui demandait combien de temps il comptait rester, il attrapa un nouveau morceau de pain – le dernier – qu'il rompit en deux. D'un geste, il tendit l'un des morceaux pour demander à son compagnon s'il le voulait, et répondit :

« Je n'ai pas vraiment d'obligation non plus, alors je comptais bien rester aussi longtemps que nécessaire. Après... »

Il hésita un instant, puis reprit :

« Après je pense que je vais chercher qui a fait ça au Village. Je veux dire, vraiment chercher, pas juste écouter les rumeurs, argumenter, dire qu'il faut punir les coupables, et tout ce genre de choses qu'on fait... que je fais, d'habitude. »

Un peu gêné de s'être livré aussi facilement, il se plongea dans l'extermination de toute trace de sauce, dévora le morceau de pain et, une fois la gorgée avalée, il ajouta, d'un ton vif :

« Je dis pas que je vais y arriver, attention ! J'ai même aucune idée d'où il faudrait chercher d'abord. Mais, au moins j'aurais essayé. Je serais plus là en train de faire du gras en espérant que ça n'arrive plus. »

Il tapota doucement sur son ventre et conclut en riant :

« Même si je dois reconnaître que si tu continues à m'emmener dans des endroits pareils, il y a fort à parier qu'avec ou sans exercice, je vais pas tarder à traîner une sacrée brioche. C'était fameux, Ivar. »

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.

Si Ivar avait un bon coup de fourchette, que dire de Percival ?! Voilà qu'il réclamait du pain pour finir son plat. Il valait surement mieux les habiller que les nourrir ces deux là. Apparemment il ne devait en rester que des assiettes reluisantes, la plonge devenant presque inutile.

Et ce qui était vrai pour les assiettes, était vrai pour le reste. C'était peu dire qu'il se donnait à fond ce jeune homme... le problème ? Peut-être qu'il confondait trop souvent vitesse et précipitation. Plus qu'à espérer que ça ne leur joue pas de mauvais tours dans les prochains jours. Que faisait-on des gens qui à force de bonne volonté faisaient plus de catastrophes qu'il n'allait faire avancer les travaux ? On les revoyait chez eux ? On cherchait à les éloigner le plus des points stratégiques ? Pourtant, Ivar était persuadé au plus profond de son être qu'il était capable de leur venir en aide. Et finalement, après qu'il ait exposé l'une des raisons de sa décision, Percival l'encouragea ! Non pas qu'il avait besoin de ça à l'instant. Mais.... c'était toujours motivant. « Bien dit ! »

Et si ça risquait d'en décevoir certains, il y avait tout de même peu de risque qu'Ivar n'arrive pas en un seul morceau au village glaçon par sa propre faute. Patte de lapin... c'était peut-être bien trouvé

Le colosse disait ne pas être de ceux qui s'offusquaient de grand chose. Décidément... il serait très utile à Ivar de le garder dans ses petits papiers. Car lui était d'un naturel susceptible, mais sans doute Percival commençait-il à s'en douter ? Alors en cas de rencontre peu avenante, il risquait toujours de laisser ses émotions exploser. Avoir un élément modérateur serait plus qu'utile au bien être du jeune homme. Quoi qu'il en soit, ce qu'il avait dit n'était pas tombé dans oreille d'un sourd. Et il s'empressa donc de demander à son compagnon de tablée s'il avait déjà un programme défini. Mais alors même qu'Ivar posait la question, Percival lui proposa l'un de ses derniers morceaux de pain. Peut-être avait-il commencé à croire que son jeune ami allait très prochainement attaquer l'émail de son assiette avec sa cuillère et qu'il avait donc jugé plus sage et respectueux pour leur hôte de sauver les meubles ? Ivar s'empara du bout de pain en marmonnant un merci, c'était un peu comme un signe de ralliement, non ?

Il eut aussi bientôt sa réponse. Mais, si le temps n'était pas vraiment la question ; barbe rousse avait un projet bien précis à mener à bien pendant les réparations : trouver le coupable de la destruction du village. Ivar le regarda un peu étonné. C'est vrai que lui aussi s'était mis à penser qu'il s'agissait de Sephiroth... il avait déjà mis la Prison du Désert de Dol (pas celle de Corel) à sac. Percival pensait à quelqu'un d'autre ? Mais avec ce moment de réflexion, Ivar n'eut pas le temps de demander à ce dernier ce qu'il entendait par “ce qu'il fait d'habitude” que le géant continua en précisant bien qu'il n'était pas sur d'y arriver. Est-ce qu'il essayait de prévenir un élan d'enthousiasme de la part d'Ivar ? « Tu penses que c'est pas Sephiroth qui a fait ça ? »

En fait comme tout le monde, Ivar avait entendu cette information dans les média... mais parfois tout venait d'une fausse rumeur... comment pouvaient-ils savoir en vérité ? Et puis, Sephiroth ne pouvait pas être à l'origine de tous les maux d'Héméra non plus. « Là bas on aura sans doute plus d'indices. » Conclut-il en sauçant enfin son plat.

De son côté, Percival ne se fit pas prier pour lancer quelques fleurs à la fois à l'établissement de Ryan, sans doute l'un des meilleurs de tout Corel et à Ivar, qui connaissait tellement ses bons coins ! Le jeune homme prit donc Ryan à partie avant de se retourner vers Percival: « Eh ! Ryan ! T'as entendu ? Je te ramène un futur client fidèle ! »

Même si Ivar n'avait pas de quoi tenir la comparaison niveau bedaine, son estomac devait avoir triplé de volume. Plus qu'à espérer que ça ne le gêne pas trop pour le chargement auquel ils avaient été conviés. ... En parlant de ça, après avoir encore échangé quelques propos avec Ryan, ils entendirent un bruit de chaise. Jack semblait prêt à payer se dette et à prendre congé. Ivar sentait son cœur battre un peu plus vite à l'idée qu'ils allaient bientôt partir. Cependant, sa question lui revint. Si le moment de partir était arrivé, ils pourraient en discuter en chemin ou plus loin. Il ne fallait juste pas qu'il oublie à nouveau; car le colosse avait piqué sa curiosité.

« Qu'est-ce que tu voulais dire par "ce que tu as l'habitude de faire"? T'es un genre de détective? » C'est vrai qu'il ne savait pas ce que ce grand gaillard faisait comme "métier".

Lorsqu’Ivar lui demanda s’il remettait en doute les rumeurs persistantes que tout Gaia avait entendues sur Sephiroth, Percival haussa simplement les épaules et commenta rapidement :
 
« Qui sait ? »
 
Et c’était exactement la question que lui aussi se posait. Trop souvent, il avait rapporté ce qu’il avait entendu de la bouche d’un autre sans jamais chercher plus loin que le bout de son nez. Comme tout le monde, d’ailleurs. Et finalement, à force de ne se poser aucune question, ou de croire à trop de réponses, personne ne savait vraiment à qui ils avaient à faire et surtout, comment anticiper et stopper cette série de catastrophes.
 
Il était donc parvenu à la même conclusion que le jeune homme : le Village Glaçon était la dernière victime de la série, c'était donc là qu'il fallait commencer à chercher. Et puis, avec ce village à reconstruire, ils allaient joindre l'utile à... l'utile, puisque, en se mêlant aux survivants pendant les travaux, il y avait fort à parier qu'ils recueilleraient des informations de premier ordre.

Mais l'heure n'était pas encore aux suppositions, ni aux pistes fraîches à remonter. Il était bientôt temps de prendre congé de ce délicieux endroit, ainsi que du gérant, flatté des fleurs lancées par Ivar, qui trouvèrent bientôt écho dans les paroles du rouquin :

« Je l'ai dit à Ivar, je te le dis à toi, c'était fameux. Et crois-moi, c'est pas parce que j'ai un bon coup de fourchette que je suis prêt à avaler n'importe quoi ! »

Il adressa un sourire sincère à Ryan et reporta son attention sur son compagnon, pour remarquer qu'il fixait avec attention les tables derrière lui. Le colosse se retourna et constata que leur chef d'expédition dans le Nord s'était mis en marche. Cette fois, c'était parti !

Sans attendre, le grand gaillard l'imita, alors qu'Ivar poursuivait son enquête en règle sur lui. Un brin déconcerté par sa question, il s'arrêta un temps, laissa échapper quelques éclats de rire, puis répondit :

« Enquêteur ? Pas du tout ! J'ai sûrement été un peu confus, mais « ce que je fais d'habitude », c'est laisser les choses se faire. Et que ça mène jamais à rien, au final. »

Estimant qu'ils auraient largement le temps durant le voyage d'aborder, entre autres, la question de ce qu'il faisait avant de s'enrôler pour cette mission, le colosse ne renchérît pas sur le sujet et, d'un signe de tête en direction de Ryan, invita le jeune homme à le suivre jusqu'au gérant pour régler ce qui n'était pas offert. Leur pilote finissait de payer son dû pour le repas et Percival lui fit immédiatement suite en se plantant devant son homologue géant :

« Combien je te dois pour nos deux assiettes ? »

Il commença à fouiller dans sa poche pour sortir les quelques Gils qui lui restaient. Une fois l'affaire faite, il attrapa avec plaisir la poigne que lui tendait le gérant et le salua comme il se devait. Ils ne se reverraient pas tout de suite, mais le rouquin savait désormais où atterrir lors de sa prochaine visite à Corel.

Une fois qu'ils se furent placés devant lui, Jack, le pilote, leur lâcha un simple :

« Prêt, les gars ? »

« Prêt, Chef ! » répondit le grand gaillard sur un ton enjoué, avant de se tourner vers Ivar et de répéter « Prêt ? »

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.

D'après ce dont il se souvenait, Ivar avait compris que les survivants étaient en état de choc et n'avaient pas pu raconter ce qu'ils savaient de l'incident. Tous ces incidents.... c'était vraiment courant sur Gaïa, quand on y pensait. Si la crise du météore passée, ils avaient eu un minuscule temps de répit... il n'avait pas fallu très longtemps pour que les catastrophes reprennent de plus belle. La fusion des monde en faisait partie. Mais c'était une autre histoire. Là, il s'agissait du Village Glaçon. Et Percival pensait que ça pouvait être quelqu'un d'autre que Sephiroth qui était à l'origine du massacre. Le jeune homme aux longs cheveux gris pris quelque secondes pour réfléchir. Oui, c'était bien sur place qu'ils pourraient en avoir une meilleure idée. « Et puis... si jamais tout le monde accuse Sephiroth et que c'est quelqu'un d'autre. Il s'en sortira bien trop facilement. »

Il semblait que les deux hommes étaient sur la même longueur d'onde. Il y avait donc de bonnes chances pour qu'ils aient quelques pistes. Du moins, il fallait l’espérer. Pour le moment, le repas tirait vers sa fin et l'heure était aux félicitations. Ivar regardait Percival faire ses propres compliments à leur hôte avec un regard assez fier en vérité. Mais son attention avait été captée par les bruits derrière lui. Il osa tout de même poser la question qu'il se posait depuis quelques minutes à son ami de grande taille (tout était relatif). Percival semblait amusé par son interrogation, il n'était donc pas un détective ? ... Ivar n'en était pas déçu le moins du monde. Mais pour ce qui était de laisser les choses se faire ; même s'il n'était pas vraiment de ce genre, il avait tendance à avoir l'esprit assez étriqué dans certaines situations et ne voyait parfois pas plus loin que le bout de son nez... alors ça risquait de leur faire un certain handicap. À moins que Percival ait un sort pour le transformer en Pinocchio, alors peut-être que si son nez s'agrandissait, il verrait un peu plus loin ? « Sephiroth ou pas... ça a fait une sacrée pagaille. » Il se levait lui aussi pour suivre Percival qui lui faisait signe. Mais tout ça avait allumé une petite lueur dans son esprit Et si tout ça c'est pour les cristaux... alors c'est surement pas le dernier des saccages.  

Mais il fut sorti de ses pensées par la question de Percival pour Ryan... « Eh ! Nononon ! Pas question de te faire payer mon repas. Ne le prends pas mal, ok ? On en reparlera un de ces jours si tu veux... Pour le moment... » il sortit sa part de Gils et la posa sur la table « ... je paye ma part. » Ivar de voulait rien lui devoir pour le moment. Ils venaient de se rencontrer et le jeune homme avait sa fierté quand même. Si un jour ils devaient amis, pourquoi pas. Fallait-il espérer qu'il était sérieux quand il disait qu'il ne s'offusquait pas de grand chose.

Mais Ryan trouva peut-être le moyen de faire passer la pilule qu'elle soit difficile ou pas ; il jeta un œil à Jack, ce dernier attendait ses deux recrues un peu plus loin, le regard dans le vague. Il fit mine de ramasser les Gils, mais tapa sur le comptoir avec sa grosse main en disant de sa voix forte. « Voilà la monnaie ! Au plaisir ! Prenez ça comme ma participation pour le village, les jeunes ! Fais attention à toi, Ivar. »

Ivar grogna aux derniers mots de Ryan mais lui serra aussi la main en le remerciant. Cependant, se tourna bien vite. Peut-être l'émotion ? Il allait quitter Corel pour un temps indéfini aujourd'hui après tout. Il suivit Percival jusqu'à Jack, qui leur demanda s'ils étaient prêts. Question que relaya barbe rousse : « Bien sur ! On y va ! »

En recommençant à marcher, Ivar sentit à nouveau une petite douleur. Mais elle était bien moins forte ou peut-être se força-t-il à le penser. Il firent donc le chemin une nouvelle fois, en sens inverse. Ils passèrent à nouveau à l'endroit où les deux hommes s'étaient rencontrés et continuèrent jusqu'à l'aérogare. C'était dans un hangar remplis de caisses qu'ils étaient arrivés. Ils venaient ajouter leur contribution au travail de quelques hommes pour le transport des matériaux. Il y avait bien quelques femmes qui s'occupaient des plus petite caisses et sacs. Jack les présenta à la petite assemblée, même s'il avait eut le temps d'oublier leurs noms. « Percival... venez m'aider par là ! »

Ivar s'était naturellement décidé à suivre le mouvement, mais Jack se tourna vers lui : « Euh... ça va pas aller pour toi, mon p'tit gars ! Il reste toutes ces caisses à entrer dans le vaisseau ! » dit-il en montrant les caisses dont s'occupaient les moins vaillants. Mais Ivar n'était pas vraiment décidé à suivre les instructions et Jack l'avait sans doute compris à son expression et il enchaina « Comme tu veux, mais je t'aurai prévenu... »

Ivar prit l'un des gros sacs qu'il y avait devant lui, il devait peser quoi ? Une trentaine de kilos ? Mais il pesait une masse certaine, et Ivar se baladait avec en slalomant sous le poids. Aucune plainte, et une mission accomplie au final avec un "certain succès", même s'il s'était étalé sur le sac en le posant sur un autre déjà transporté. Sans dire un mot, il se décida à baisser un peu ses propres exigences pour le prochain voyage.

En voyant le jeune homme refuser avec tant d'insistance pour qu'il l'invite, Percival ne put réprimer un sourire. C'est vrai qu'ils se connaissaient depuis peu et, qu'à sa place, il aurait agi de même que lui. Mais, sans compter qu'il trouvait l'énergumène vraiment sympathique, il l'avait conduit tout droit où il le souhaitait, et il avait vu dans cette invitation une façon bien naturelle de le remercier. Aussi allait-il insister un peu plus – pas trop, pour ne pas froisser son camarade – quand Ryan décida de les mettre d'accord en leur offrant le repas, avec une mise en scène bruyante, mais efficace.

Le regard brillant de reconnaissance, Percival ne mit que plus d'intention lorsqu'il serra la main au gérant. Décidément, les habitants de Corel ne manquaient pas de le suprendre : entre le maladroit porte-bonheur et le colosse au cœur fondant, il y avait de quoi confirmer au rouquin que, parfois, on ne pouvait juger un livre à sa couverture.

Les remerciements dûment présentés et les motivations réaffirmées, ils partirent bientôt pour l'entrepôt dont leur avait parlé leur pilote. Pour le rejoindre, ils parcoururent la ville, qui cuisait un peu plus qu'avant leur déjeuner. Au bout de quelques minutes, Percival décrocha carrément sa cape fourrée pour la rouler et l'accrocher à son sac de voyage. Il glissa à son camarade :

« Tu devrais enlever ton manteau, toi aussi. Sinon tu auras fondu avant d'arriver au Village Glaçon. »

Ce furent les seuls mots qu'ils échangèrent pendant le trajet. Leur pilote ne donnait pas l'impression d'être un grand bavard et sa présence avait plongé les deux compagnons dans une profonde réflexion. Après tout, rien de plus normal : l'un et l'autre prenaient progressivement conscience qu'ils touchaient au but.

Enfin presque. Il y avait un test d'entrée, et lorsqu'ils arrivèrent au hangar, le géant mesura qu'il n'était pas des moindres : le nombre de caisses à charger était impressionnant et l'équipage, qu'il imaginait constitué d'hommes qui valaient à peu près sa carrure, n'était, en réalité composé quasiment que de femmes qui rivalisaient à peine avec celle d'Ivar.

Un peu déconcerté, le grand gaillard dévisagea le groupe qu'il avait devant les yeux pendant que le pilote le leur présentait. Jack le tira rapidement de sa rêverie en l'invitant à le suivre pour lui indiquer les caisses et les sacs qu'il devrait charger dans l'aéronef. Percival cligna rapidement des yeux pour reprendre ses esprits, et lui répondit d'un hochement de tête sec. Il posa son sac , sa cape roulée et son énorme maillet près d'un tas à charger et salua d'un geste le groupe de femmes, avant de s'engouffrer à la suite de leur chef d'expédition.

Force était de constater qu'il n'avait vu que la face émergée de l'iceberg : derrière le tas qu'il avait vu, il y avait encore autant de cargaison à charger. C'était une mission de sauvetage, et la quantité de vivres et de matières premières à transporter ne semblaient pas démentiels, mais à voir le peu de main d'oeuvre dont il disposait, on pouvait presque supposer que le chef d'expédition avait été soulagé de les voir se proposer. Ou alors, il la capacité d'analyse de leur chef d'équipe était sérieusement à reconsidérer.

Sans se risquer à un aucun commentaire, le géant se mit à l'oeuvre rapidement, emportant pour son premier voyage une des caisses qui lui paraissait les plus lourdes, histoire de mesurer d'ores et déjà l'effort qu'il allait devoir fournir, et s'économiser en conséquence. Une chance, certaines des cargaisons étaient volumineuses, mais pas si lourdes que ça. Il pourrait peut-être même en prendre plus d'une à la fois.

Perdu dans ses estimations, il faillit renverser son ami, qui les avait suivi sans s'en rendre compte, lorsqu'il fit volte-face, armé cette première caisse. Il haussa un sourcil perplexe mais se ressaisit rapidement en lui désignant une pile de sacs un peu moins encombrants :

« Essaye ceux-ci, Ivar, pour me dire si ils sont lourds. »

Il s'éclipsa ensuite rapidement jusqu'à sa destination et recroisa son compagnon slalomant sous le poids du sac qu'il avait embarqué.

*Mauvaise pioche, a priori.* pensa le rouquin, en contenant difficilement un sourire face à la situation.

Il souleva deux ou trois autres paquets discrètement, en attendant le retour de son camarade, et, une fois qu'il fut revenu, lui glissa, en lui désignant du doigt  :

« Ces caisses, là. Je pense que ce sont des couvertures. »

Il lui sourit amicalement et poursuivit :

« Ca sert à rien de te casser le dos tout de suite. Commence par les trucs plus légers, histoire de t'échauffer un peu. »

Il attrapa deux des sacs de la même pile qu'Ivar avait eu tant de mal à transporter et continua :

« C'est vrai que c'est lourd, ces trucs ! »

Nouvel aller-retour au vaisseau, comme ils en feraient une tripotée avant de pouvoir enfin souffler.

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.

Le cadeau de Ryan avait donc eut double effet: en plus de leur avoir permis d'économiser, cela avait fermé tout débat. Futé ce Ryan. Cela n'avait pas étonné le jeune homme, il connaissait bien ce grand gaillard et l'en savait tout à fait capable. C'est donc reboosté et le ventre bien plein qu'Ivar et Percival avaient pris congés du restaurateur pour accompagner Jack. Mais que Percival ne se fasse pas trop d'idée... si certaines connaissances d'Ivar étaient de ce type là, Corel avait son lot de requins, comme partout ailleurs.

Le trajet était plutôt silencieux, mais face à la chaleur des rues de Corel en ce début d'après midi, Percival avait enlevé sa cape pour la ranger, conseillant à Ivar de se défaire de ses habits d'hiver pour le moment, lui aussi. Il le regarda un moment et finit par comprendre le sens de ses mots. Il était tellement concentré sur son chemin qu'il en avait presque oublié qu'il avait chaud. « Ah... oui. C'est vrai ! » dit-il simplement en enlevant sa veste et l'enfonçant sans ménagement dans son sac. Ce n'était pas lourd, tout ça, mais très encombrant.

Arrivés au hangar, les deux hommes furent assez étonnés de voir les membres de l'équipage. Quelques femmes qui portaient des caisses à plusieurs et de rares hommes qui faisaient leur possible pour porter les plus lourdes charges. Il ne fallait sans doute pas s'étonner de l'ambiance assez travailleuse qu'il y avait ici. Ces gens étaient des volontaires qui avaient choisi de prendre de leur temps et de leur énergie pour aider le Village Glaçon. Autant dire que les mauvaises volontés n'étaient pas très bien vues ici. Pourtant à Corel, surement plus qu'ailleurs, il devait y avoir des personnes qui se sentaient concernées par ce genre d'incidents. Mais la main d’œuvre était rare malgré tout, alors il paressait évident quatre bras de plus étaient les bienvenus !

Ivar avait suivi Percival (qui avait failli l'écraser au passage...) et s'était risqué à prendre un des sacs indiqués par son nouvel ami. Il était bel et bien lourd, mais ce n'était pas Ivar pour s'en plaindre à voix haute. Même si on pouvait aisément deviner qu'il souffrait. Il avait gardé une telle concentration qu'il n'avait rien vu du sourire probablement amusé de Percival. Il soufflait quelques secondes, toujours allongé sur le gros sac et se releva quand une certaine Claudia arriva avec une caisse et la plaça comme si rien n'était dans un alignement parfait avec les autres. La vigueur était revenue. Percival, qui lui avait un peu mâché le travail, lui indiqua des caisses moins lourdes. Des couvertures, à priori. Ivar commença à peine à ouvrir la bouche que le colosse continua... il avait raison. Ivar se frotta vigoureusement les mains et répondit avec un air des plus motivés (presque enragé) : « Tout grand sportif se doit de s'échauffer convenablement, hein ? Allez ! Tout doit disparaitre ! »

Quoi qu'il en soit, Ivar regarda Percival prendre deux des gros sacs dont il avait dérivé sous le poids et les transporter sans le moindre mal, juste un commentaire dont on pouvait facilement penser qu'il n'était là que pour le pas blesser un peu plus dans son orgueil. Le jour viendrait où il pourrait montrer lui aussi ses capacités. Peut-être étaient-elles plus en finesse qu'en force pour sur. Mais c'est vrai que son fort, c'était plus son côté porte bonheur. Quelque part, il devait le savoir, lui aussi.

N’empêche, c'était bien plus facile pour notre petit Ivar de prendre les caisses de couvertures et autres petits outils et il avançait bien plus vite ainsi. Il fallait aussi faire attention à bien répartir les charges dans la soute. Mais plus cette dernière se remplissait, plus le passage devenait étroit. Ce qui fut assez ennuyeux lorsque patte de lapin se retrouva avec une caisse face à une personne mais qu'une autre l’empêchait de reculer... ça annonçait que le travail de transport arrivait à sa fin... mais !

Jack appela tout le monde pour faire un petit débrief : « C'est du bon boulot ! Il faut encore attacher tout ça et on pourra décoller !

- Ah ! Enfiiiiin ! On va pouvoir partir.  » finit par dire Ivar à Percival en s'étirant. Il fallait dire qu'il devait être déjà arrivé si ses plans n'avaient pas coulés. Mais Jack ne semblait pas l'entendre de cette oreille. Il arrivait près de Percival pour lui parler, un peu penaud. Quelque chose qui n'allait pas faire leurs affaires... mais ça...

« Euh... Comme tu vois, on a pas grand monde comme toi pour aider. Les plus vigoureux sont déjà partis pour aider à reconstruire l'auberge. Un autre cargo doit partir dans l'après-midi, il transporte des matériaux de construction. Ça te gênerait pas de donner un coup de main là aussi ? » ... Ivar le regarda avec un air atterré... avant de se remettre les idées en place.

« Oh, mais je vois bien qu'on a besoin de gens comme nous par ici. Mais faudrait quand même pas qu'on reste sur le carreau nous aussi ! » Ivar regarda Percival. Il en pensait quoi, barbe rousse? Pour Ivar, tant qu'ils étaient la bas aujourd'hui même, c'était acceptable. Pas question de rentrer chez lui ce soir, c'était la honte assurée. Mais aider pour aider...

Ivar avait bien raison : ils allaient enfin pouvoir partir, maintenant que la soute était remplie à ras bord.

Le travail avait été pénible, même pour un habitué de la manutention de sa carrure. Comme il l'avait remarqué dès le début, les biceps développés n'étaient pas vraiment légion parmi les quelques âmes qui aidaient à charger et Percival avait dû assurer le transport des caisses les plus lourdes. Après deux bonnes heures de sollicitation assez intense, il goûtait son plaisir d'en avoir enfin terminé.

Bien sur, il avait pu compter sur son camarade, dont la surmotivation compensait presque ses capacités physiques. A dire vrai, le rouquin avait même été assez impressionné par son endurance, persuadé que, comme beaucoup de jeunes garçons qu'il avait rencontré pendant ses diverses saisons aux champs, dans les bois, ou autres, son enthousiasme faiblirait comme neige au soleil. Le géant n'avait d'ailleurs cessé de lui prodiguer conseils et encouragements pour qu'Ivar ne brûle pas trop vite sa réserve d'énergie, si bien qu'il semblait presque plus frais que le gaillard, maintenant que ces allers-retours étaient terminés.

« Et c'est pas dommage ! » répondit Percival à son camarade, en plein étirement post-effort. « Il y avait du vraiment costaud, là-dedans ! »

Le colosse descendit une bonne moitié de la bouteille d'eau qu'une jeune fille rougissante lui avait apportée quelques instants auparavant et lâcha un profond « Aaaaaaahhhhh » de satisfaction.

Il allait chercher ses affaires quand Jack se planta devant eux pour leur demander de bien vouloir rester aider au chargement d'un autre cargo. Un peu saisi, le colosse le toisa un instant et porta machinalement sa main dans sa tignasse de feu pour se gratter l'arrière du crâne. Lui qui pensait avoir largement rempli sa part du contrat pour partir au Village Glaçon ! En même temps, il savait qu'il n'aurait jamais le cœur de dire « non » à ce genre de demande : il était là pour aider, après tout !

Il interrogea Ivar du regard, un peu perplexe lui aussi, et finit par répondre, en posant une main amicale sur l'épaule du chef d'expédition :

« Va pour le deuxième chargement. Mais on s'arrête à deux, hein ? Et le deuxième cargo nous emmène au Village Glaçon, c'est promis ? Je suis d'accord avec Ivar, pas question qu'on reste sur la touche !»

Le colosse avait beau se laisser facilement – avoir – attendrir, il n'en perdait pas pour autant son objectif de vue ! Heureusement pour Ivar et lui, Jack s'empressa de leur confirmer :

« Non, non, aucun souci. Je connais très bien l'autre pilote. C'est un sacré bout de femme mais aucune chance qu'elle remette en cause la parole que je vous ai donnée. On se reverra ce soir au Village, vous pouvez compter là-dessus. »

Voilà qui promettait !

Trop heureux d'avoir trouvé là deux nouveaux volontaires, il écrivit, sans perdre une seconde, un mot à la seconde chef d'expédition et le laissa au chef de hangar, confia le jeune homme aux cheveux argentés et son compagnon rouquin à ses bons soins et  embarqua rapidement pour sa destination.

Ledit chef de hangar, un homme d'une cinquantaine d'années un peu bedonnant, ne leur laissa même pas le temps de regarder le cargo partir et leur indiqua le nouveau quai de chargement où ils étaient attendus. Il donna le mot à Percival, prétextant qu'il avait une autre urgence à gérer que celle de les présenter à leur nouveau chef et les abandonna sans autre forme de procédure.

Un peu embarrassé d'avoir entraîné Ivar dans cette nouvelle corvée, le grand gaillard profita de leur premier moment seul à seul pour lui demander :

« J'espère que c'est bon pour toi aussi. J'ai dit oui pour deux, et tout s'est fait très vite, mais... »

Il tendit son poing fermé à son camarade, pour qu'il lui checke, et lança, d'un ton plus joyeux :

« Je suppose que c'est ce qui arrive quand on se montre trop efficace ! »

Il sourit à pleines dents à Ivar et, comme il adorait le faire avec tous ceux dont il se prenait d'affection, il l'attrapa de nouveau par les épaules pour l'embarquer jusqu'à l'endroit où ils avaient laissé leurs affaires.

Il lâcha sa proie bien vite pour prendre son sac et se dirigea vers le nouvel endroit qu'on leur avait indiqué.

A leur arrivée, ils tombèrent sur un quai encore moins peuplé que celui du vaisseau de Jack. Le géant demanda à une des femmes qui s'activaient l'endroit où se trouvait leur capitaine. Un peu gênée, elle lui désigna du doigt une femme sans âge, d'une taille et d'une corpulence moyenne, avec des lunettes de vol sur les yeux, et qui portait une caisse manifestement trop lourde pour elle.

*Ce slalom me rappelle vaguement quelque chose.*

Sans attendre, le géant se précipita pour la soulager.

« Laissez-moi prendre ça. »

Sans se faire prier bien longtemps, la femme lâcha prise et dévisagea l'homme à travers les carreaux de ses lunettes. Sans dire un mot, elle les retira, examina une nouvelle fois Percival, frotta sur ses lunettes avec un chiffon sale, et les remit pour se prêter à une dernière analyse du colosse.

« Tu es grand. » fut sa seule conclusion avant qu'elle n'ajoute, en désignant le cargo d'un coup de menton « Pose ça là-bas. »

Le gaillard s'exécuta et revint la voir, accompagné d'Ivar pour lui présenter le papier que leur avait remis Jack. Elle le scruta attentivement, répétant son manège avec ses lunettes de vol et finit par leur dire, après les avoir regardé l'un et l'autre en silence pendant plusieurs dizaines de secondes :

« On va voir si vous valez la peine que je me charge un peu plus. Allez, au boulot ! »

Source: Ivar de Tales of Xillia / image originale du jeu.

Ivar était assez ravi de tout le travail accompli, même s'il avait quelques douleurs aux mains à force de soulever caisses et cartons. Mais ses mitaines lui avaient permises de ne pas se faire d'ampoules, au moins. Bien qu'il allait surement bien dormir la nuit venue, le fait qu'ils aient enfin terminé l'avait requinqué. Mais son enthousiasme fut quelques peu perturbé par une nouvelle requête de Jack. Un autre chargement les attendaient, vue la réaction de Percival, qui avait accepté après s'être assuré qu'ils allaient bien faire partie du prochain vol.

Ivar voulut s'assoir pour souffler une minute et regarder le spectacle qu'offrait le balai de Jack et son aéronef, mais le chef de hangar venait à leur rencontre pour leur indiquer où le travail les attendait déjà. Il était cependant reparti assez vite et Percival profita pour demander si ça convenait à Ivar, un peu en retard ; mais il se serait sans doute rebellé si quelque chose lui avait déplu. Et puis, à l'instar de son ami à barbe rousse, pouvait-il vraiment répondre non ? J'en ai pas vraiment envie, mais... « Aider ici ou aider là bas, c'est pareil, non ? Il fait juste un peu plus chaud ici... » dit-il en plaçant ses mains sur ses hanches, le torse bombé.

Il pensait aussi à ses affaires, qu'il devrait transporter partout avec lui. S'il comptait voyager plus, il devrait sans doute trouver plus pratique que ce qu'il avait là. À savoir un grand sac qui avait l'air d'un bibendum. Lorsque Percival ferma le poing pour le tendre face à lui, jeune homme l'imita; ce que le colosse disait avait fait monter la motivation d'Ivar d'un cran ! Il savait mener son monde, celui-là. Avait-il déjà compris que tout compliment serait un appât de choix pour Ivar ? Enfin, il ne parlait pas seulement de lui-même lorsqu'il parlait d'efficacité, n'est-ce pas ?

« Une équipe irremplaçable, tu veux dire ! » Mais, Percival semblait sincère. Tout comme l'indiquait une nouvelle fois la manière de l'entrainer vers leurs affaires. Ivar se sentait encore plus petit lorsqu'il faisait ça, mais ça ne l’embêtait pas vraiment, "tant que ses pieds touchaient bien à terre"! Il attrapa son sac et le mit sur son épaule pour avancer vers leur nouvelle destination.

Une fois sur place, Ivar allait assister à un bien drôle de manège. Ce n'était pas le manque cruel de main d’œuvre, ou encore la même conclusion que précédemment sur le fait qu'ils avaient un gros manque de personnes dotées d'assez de force physique... non. C'était la dame qu'ils allaient rencontrer... un phénomène ! Ivar laissa Percival aider celle qui était apparemment leur capitaine et se préparait pour se mettre au travail lui aussi, mais cette femme avait un sens de l'observation hors du commun pour avoir une analyse si fine du colosse... à savoir qu'il était “grand”. Ivar était finalement resté sur place, médusé, alors que son ami terminait le travail du capitaine. Il se présenta et déposa son sac pour se tenir à disposition. La femme ne prêta pas vraiment attention à lui, elle n'avait apparemment pas encore compris qu'ils étaient là pour l'aider. Lorsque Percival revint, le jeune homme eut cette fois à son tour le privilège de passer au crible. Le silence était pesant... mais apparemment, elle trouvait qu'ils étaient dignes de l'aider.

« Ouh ! J'ai bien cru qu'elle allait nous faire valser... On va lui montrer de quel bois on se chauffe ! Elle ne risque pas de regretter ! » dit Ivar après qu'elle ait tourné le dos pour cette fois transporter de grosses pièces de bois. Voyant qu'elle avait du mal le faire seule, Ivar se précipita à son tour pour l'aider... Mais elle se rembrunit et finit par les poser à l'endroit prévu, enfin elle semblait en être satisfaite du moins. Cette fois, une bonne quantité de matériel avait dû être transporté de manière motorisée, vue leur taille. Mais il restait de nombreuses caisses qui n'avaient pas laissé cette chance aux volontaires. Des tentes et d'autres couvertures... ainsi que de gros rouleaux d'isolant dont Ivar avait voulu se charger ; bien qu'il eut le plus grand mal à ne pas finir écrasé dessous comme de la pâte feuilletée sous un rouleau à pâtisserie. La force faisait de nombreuses choses ; mais croire en sa force, même avec trop d'assurance lui avait permis de transporter ce qu'il voulait à bon port.

Lorsque leur travail fut terminé et qu'ils avaient enfin droit à la satisfaction de pouvoir bientôt décoller, Ivar ne résista pas à s'assoir par terre en tailleur à côté de son sac, comme il en avait tellement rêvé. Il regarda Percival : « J'espère que cette fois c'est la bonne. »

Pas le temps de souffler plus que le capitaine arriva vers eux le lançant à chacun une grosse brioche ronde : « Bon allez vous avez bien aidé, voilà pour vous. On décolle alors prenez vite vos affaires !

- Merci capitaine ! » dit Ivar en prenant son sac.

Il se levait tout en enfonçant ses dents dans son gouter. Cette fois, c'était parti ! Ivar laissa Percival entrer en premier pour se trouver une place. Le voyage ne devait pas durer très longtemps ; mais la journée était à présent bien entamée. Qu'allaient-ils trouver une fois la bas ? « Les autres m'ont dit qu'il n'y a que des tentes et qu'ils ont déjà commencé à reconstruire l'auberge. Je suppose qu'une fois que l'auberge sera terminée ça sera plus confortable pour tout le monde. » Aussi se demandait-il s'ils allaient devoir construire leur propre tente une fois la bas...

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  Ivar et Percival prennent l’aéronef pour le Village Glaçon.

Percival et Ivar prennent l'aéronef en direction du Village Glaçon.