ON SE CASSE!

Une petite ruelle en retrait du grand stade de Luca, là où l'on peut trouver le marché noir, les salles de jeux clandestines, et quelques bars peu recommandables. Une petite silhouette encapuchonnée se faufile discrètement, on pourrait presque croire à un enfant apeuré en train de fuir le grand méchant loup, mais son pas essaie d'être le plus déterminé possible.
«Une porte rouge, une porte rouge... ah, c'est là...» au coin de la rue, une porte en bois usé avec de nombreuses marques de coups, la poignée est rouillée et une trappe a été sciée directement dans la porte pour permettre de voir qui frappe. Le garçon prend une profonde inspiration et cogne trois coups, avant de sursauter quand la trappe s'ouvre.
«Ouais?» l'homme a besoin de quelques secondes, persuadé qu'il n'y a personne avant de baisser les yeux et voir le gamin, fronçant les sourcils, sa voix se fait plus menaçante «qu'est-ce que tu veux toi? t'as rien à foutre là»
«Hum... je viens voir... le roi...» l'homme ricane puis referme la trappe brusquement et un silence pesant se fait sentir. Quelques minutes interminables passent quand la porte finit par s'ouvrir, laissant passer un homme tellement grand qu'il doit se baisser pour passer, un air grave sur le visage, il attrape le gosse par le col avant de le faire entrer de force dans la maison.

Une bonne demi-heure plus tard, le colosse ressort en défonçant la porte à coup de pied, une sorte de sac sous le bras - il faudra comprendre en voyant la touffe de cheveux qui dépasse qu'il s'agit du gamin qu'il trimballe comme un sac de pommes de terre -  et fonce pour s'engouffrer dans les différentes ruelles, cherchant à rejoindre le porte alors que deux autres types leur courent après. Les deux hommes, vêtus de noir et portant des cagoules, sont difficilement identifiables, mais l'un des deux saigne du nez et laisse des trainées derrière lui, l'autre a un bel œil au beurre noir et se cogne aux murs à cause de sa visibilité réduite, leurs blessures permettent au colosse de les semer facilement jusqu'à arriver au port où il pose son bagage en attrapant l'épaule du gamin totalement terrifié

«T'as été suivi bordel! Tu peux pas faire attention? Maintenant ils savent où je me planque bon sang!!»
«Je... je suis désolé... j'ai pourtant fait attention, je te jure!!» le colosse soupire, mais regarde autour de lui avant d'essayer de se calmer
«J'peux pas rester à Luca, Ashe... tu vas devoir te débrouiller tout seul avec ta mère pendant quelques temps... faut que tu fasses tes preuves, que tu tiennes le coup! Essaie d'aller voir ces nouvelles chimères, j'sais pas, t'es intelligent quoi! Trouve un moyen! Il paraît qu'elles sont pas pareilles que celles d'avant! Si t'arrives à en choper au moins une, elle me foutra la paix et à toi aussi!» il n'avait jamais parlé autant de sa vie, le gamin avait les larmes aux yeux, il le serra brièvement contre lui, l'idée de l'abandonner ne lui plaisait pas...

Il entendit du bruit plus loin, les gars revenaient à la charge
«Rentre chez toi... si ta mère te pose des questions, dis que je t'ai piégé... que j'ai essayé de t'enlever pour me venger d'elle... et désolé...» il frappa le gamin derrière la nuque, avant même qu'il n'ait le temps de répliquer, puis il le remit sur son épaule, attendant patiemment que les assassins rappliquent. Pendant un moment, il crut qu'il les avait semés pour de bon, mais finalement ils finissaient pas se pointer
«Boulets jusqu'au bout» il ajusta son petit frère sur l'épaule et fit mine de vouloir partir en courant avec un air mauvais, puis il trébucha - volontairement - sur la cape de son otage, fit un rouler-bouler l'obligeant à le lâcher, se retrouvant quelques secondes allongé à plat ventre

«BORDEL» notez la comédie, il se releva d'un bond alors qu'il aurait presque pu leur lécher les bottes, les poussa d'un coup avant de partir en courant en sens inverse. Ils furent partagés quelques secondes entre l'idée de récupérer le gamin ou poursuivre leur traque, mais l'idée que le gosse se fasse de nouveau kidnapper ou qu'il soit blessé les fit réfléchir à la punition qu'on leur réserverait... ils serrèrent les dents et revinrent vers le tas de chiffons au sol, le ramassèrent et se décidèrent à le ramener à sa mère
«Il est plus lourd qu'il en a l'air...» Balthus avait alors filé pour retourner de l'autre côté de la ville, vers le stade afin de se mêler à la foule - peine perdue avec sa taille, il dépassait tout le monde - et continua donc plutôt sa route afin d'aller vers Mi'ihen. Mais avant, il devait faire un détour dans une autre ruelle sombre pour retourner dans sa planque, récupérer quelques affaires pour le voyage... en essayant de renverser personne sur son passage!

Spoiler:

« Qu’est-ce que c’était looooooong … ! »

Les bruits ambiants du port de Luca camouflaient à peine les plaintes du jeune prêtre, visiblement soulagé de poser enfin le pied à terre. Il faut dire que la traversée en bateau entre Bevelle et Luca avait duré plusieurs jours, et qu’il s’agissait de sa toute première fois à bord d’un navire ! S’il avait réussi à vaincre son mal de mer en deux ou trois jours seulement, il n’exprimait pas pour autant une envie soudaine de retenter l’expérience de sitôt. Non, Aaron préférait encore continuer à pied plutôt que de reprendre la mer tout de suite… Et cela allait certainement peser dans la balance lorsqu’il déciderait de sa future destination !

« Hyuuuu ! Quelle chaleur, ici ! »

Aaron n’avait jamais su siffler, mais cela ne l’empêchait pas d’essayer malgré tout. Il passa le revers de sa main sur son front pour retirer la première goutte de sueur qui perlait, puis se mit à penser qu’il serait peut-être judicieux de commencer par retirer son gros manteau de fourrure. En effet, le prêtre venait de la région très froide de Macalania et n’avait jamais connu autre climat ! A Bevelle, le manteau ne l’avait pas dérangé mais ce n’était clairement pas la même chose ici. Il le retira donc et se dirigea vers la sortie du port. Il suffisait juste de suivre le mouvement de foule.

D’ailleurs, celle-ci était encore plus dense une fois dans les rues de la ville. Il n’y était pas vraiment habitué – Bevelle était moins animée que Luca – mais cela ne le dérangeait pas vraiment. Au contraire, il avait tendance à s’émerveiller de tout ce qu’il pouvait découvrir de nouveau. Après tout, il avait passé 19 ans de sa vie dans un temple sous un lac !
De nombreux stands de commerçants ambulants longeaient les ruelles qui menaient au centre-ville. Aaron prit le temps de les regarder avant que le contenu de l’un d’entre eux n’attire son attention. Une drôle de peluche blanche, ressemblant tantôt à un lapin, tantôt à un oreiller moelleux, attirait mystérieusement son regard sans qu’il ne sût expliquait pourquoi. Sans vraiment réfléchir, il donna la petite somme de Gils requise au vendeur et attrapa fièrement sa nouvelle acquisition, comme un gamin dans un magasin de jouet – un gamin de plus d’1m90 ! Il s’écarta un peu de la foule tout en restant dans la ruelle.

« Hum… »

La peluche avait les yeux fermés mais le joyau rouge qui ornait son front, un rubis semblait-il, scintillait drôlement. Aaron décida de faire apparaître son bâton magique de sa main droite – le bâton était aussi grand que lui ! – et marmonna quelques mots avant de taper l’extrémité de son sceptre sur le petit joyau. Soudainement, les oreilles de la peluche se mirent à frétiller et les petites papattes se secouèrent légèrement. Un grand sourire apparut sur le visage du blondinet, fier que son incantation ait marché. Enfin, c’est ce qu’il pensait…

« …….. PUU !!! »

La boule de poils sembla prendre soudainement vie et fit légèrement sursauter Aaron, sans pour autant effacer son sourire satisfait. On aurait dit qu’il s’était fait un nouvel ami !

« - Bonjour à toi, petit être ! Comment t’appelles-tu ?
- Mokona s’appelle Mokona ! »

Etrange, cette créature ! Elle parlait d’elle-même à la troisième personne, mais cela amusait le jeune prêtre qui continua la conversation avec son nouvel acolyte sans prêter attention aux passants qui le regarder parler à une peluche… La bestiole était très bavarde et tous les deux s’entendaient à merveille. Aaron était content de s’être fait un ami aussi vite ! Mais sa joie fut de courte durée lorsqu’il se fit percuter par un gros balourd qui déboula d’une ruelle voisine. La peluche fut éjectée des mains d’Aaron pour retomber au ralenti sur la tête du colosse, qui faisait bien au moins la même taille qu’Aaron mais le double de volume. La boule de poils étira ses longues oreilles et se plaça sur la pointe des papattes avant de s’exprimer, certes, un peu fort.

« Ta-daaaaaa !! Mokona est retombé avec style ! »

Pas sûr que celui sous ses pieds ne soit du même avis…

Si vous vous demandez ce que ça donne quand un éléphant rencontre une girafe, il suffisait de voir la scène qui se déroula en une fraction de seconde dans une ruelle de Luca. Alors que Balthus accélérait le pas pour mettre le plus de distance possible entre lui et les assassins de sa belle-mère, il percuta de plein fouet un type qui sortit de nulle part!

D'habitude, il était toujours plus grand que tout le monde, donc c'était son torse qui prenait, autant dire que ça ne lui faisait pas plus mal qu'une piqure du moustique - quoi qu'en fait, les piqures de moustique, ça fait mal! - mais là, les deux fronts se rencontrèrent avec fracas et son nez manqua de peu de faire un joli crack!
«WOW PUT£%#§» un léger flot de jurons plus tard, la main sur le nez en vérifiant qu'il n'était pas cassé, il regarda devant lui, mais ne vit rien sur le moment avant de baisser les yeux, son torse avait tout de même servi de matelas pour faire rebondir son adversaire qui allait avoir une belle bosse sur le front aussi! Mais qu'est-ce que c'est que cette asperge géante? En tout cas, il n'avait pas l'air méchant, un gars méfiant aurait pu penser à un assassin déguisé, mais sa belle-mère ne dépenserait jamais de l'argent pour prendre quelqu'un de compétent à ce travail - pour ça qu'il était toujours vivant d'ailleurs.

Il ne sentit pas sur le moment qu'il avait un truc sur sa tête, ses cheveux épais supportaient bien le poids de la peluche et il se concentra donc sur l'homme devant lui. C'était un changement radical par rapport à son demi-frère qui était petit, la peau mate, cheveux noirs et frisés. L'homme était grand, la peau comme la neige et blond comme les blés
«Et ça v...» il n'eut pas le temps de finir sa phrase car il entendit un bruit au-dessus de sa tête, une sorte de couinement bizarre et par réflexe, il agita les bras dans tous les sens au-dessus de ses cheveux et sentit un truc mou, comme un coussin qu'il éjecta d'un mouvement brutal contre le mur de la ruelle! Mais le truc ne fit pas le moindre dégât et lui rebondit en pleine tête! Sans douleur, certes, mais le colosse fut quand même repoussé contre le mur d'en face sous le choc

«MAIS!!!» il secoua la tête et aperçut la peluche qui flottait avant de l'agripper par une oreille et le plaquer au sol «UN MONSTRE!! JE VAIS T'EXPLOSER» autant dire que Balthus ne connaissait pas du tout l'encyclopédie des monstres de Spira, un truc qui vole et qui n'a pas l'air humain, ronso, ou guado, c'est un monstre et basta!

« OUCH ! »

Le front du blondinet se heurta à celui du coureur de marathon dans un bruit sourd, et le ventre de ce dernier le fit tomber à la renverse en plein milieu de la ruelle, sur le derrière. Ça faisait un mal de chien ! Surtout qu’il ne s’attendait absolument pas à ce que quelqu’un lui rentre dedans à cet instant – d’ailleurs, on ne s’attend généralement pas à ce genre de chose tout court. Mokona, quant à lui, fut propulsé dans les airs mais tournoya gracieusement grâce à ses longues oreilles afin de retomber sur la crinière de loup du malotru, dans une position finale digne du plus beau ballet de danse classique.

Aaron se palpa machinalement le front comme pour essayer d’atténuer la douleur. Il pouvait sentir le flux de sang aller et venir au niveau de sa future bosse à mesure que sa main entrait en contact avec sa peau. L’homme qui venait de le bousculer sans faire exprès s’apprêtait à le questionner sur son état de santé lorsqu’il se rendit soudainement compte que quelque chose trônait fièrement sur son crâne. Ni une, ni deux, il agita ses bras au-dessus de sa tête comme pour chasser une mouche mais finit simplement par propulser à nouveau le pauvre Mokona contre un mur. La bestiole était cependant pleine de surprise car, grâce à sa texture moelleuse comme celle d’un oreiller, elle rebondit sur le mur pour retourner violemment vers son envoyeur.

« Puuuuuu ! ~ »


*POUIC* ! Dans un bruit « kawai » totalement inadapté à la situation, l’homme fut à son tour repoussé contre le mur opposé et Mokona fit tournoyer ses oreilles pour léviter devant lui en riant, comme si tout cela n’était qu’un jeu. Sauf que l’homme ne semblait pas trouver ça drôle et, au contraire, avait l’air de se sentir menacer par ce qu’il qualifia de « monstre » avant de le choper par l’oreille et de le plaquer au sol. Devant cette scène un peu violente, il fallait bien l’avouer, Aaron se releva bien vite et secoua ses deux mains devant lui pour venir en aide à son nouvel ami, qui piaillait de douleur ou d’amusement, allez savoir.

« - Attendez attendez ! Ce n’est pas un monstre !! C’est une peluche !
- Mokona n’est pas une peluche ! Mokona est Mokonaaaaaa ! »

Et soudainement, la bestiole disparut purement et simplement, laissant la main de son agresseur plaquée au sol. Aaron écarquilla les yeux et se mit à chercher autour de lui la petite boule de poils mais sans succès, Mokona était parti. Le jeune homme eut un petit pincement au cœur en se disant que sa nouvelle amitié n’avait duré qu’un trop court instant. Il ramassa alors son manteau de fourrure qui était tombé par terre lors de la collision et l’enfila. Il entendit un chuchotement derrière sa tête, au niveau de la capuche.

« - Pssst ! Il est parti ?
- Ahem, hum… non ?
- Oh… »

Très lentement, Mokona sortit de sa cachette et ne laissa apparaître que le haut de son visage/corps derrière l’épaule droite d’Aaron. Ce dernier se sentit d’ailleurs rassuré de savoir que son nouvel ami ne l’avait pas quitté !

« - Comment as-tu fait pour disparaître ainsi, Mokona ?
- Puu ! C’est l’une des 108 techniques secrètes de Mokona ! ~ »

Bon, il allait devoir se contenter de cette réponse ! Aaron reporta très vite son attention sur cet homme qu’il ne connaissait pas et qui s’était un peu énervé face à tout ça – à juste titre, Aaron avait toujours le front qui lui faisait mal !

« Désolé d’être resté sur votre trajectoire, je ne vous ai vraiment pas vu arriver. Vous allez bien ? Je suis magicien, je peux vous soigner si besoin. »

Il disposait en effet de quelques sortilèges à son arsenal et s’avérait prêt à en faire usage si besoin. Il observa d’un peu plus près son interlocuteur et remarqua qu’il était un peu essoufflé, signe qu’il courrait au moins depuis un petit moment déjà. D’où venait-il et où allait-il étaient deux questions qu’il poserait peut-être plus tard dans la conversation, si le moment se présentait. Pour l’heure, il se contenta de se présenter et profita également de l’occasion pour glaner quelques informations.

« Pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté : Aaron, prêtre de Macalania. » Il lui tendit la main tout en arborant son plus large sourire. « Et inutile de vous présenter cette boule de poils. » Il mentionna Mokona d’un simple geste de la tête en direction de la bestiole avant de reporter son attention sur l’homme. « Vous êtes de la région ? Je ne connais pas du tout Luca et vu d’où vous sortez, vous avez l’air de bien connaître la ville. »

Simple observation. Avec un peu de chance, cet homme lui proposera de lui faire une petite visite guidée ? Ou pas !

Un monstre à Luca? Ce n'était pas arrivé depuis la finale d'un tournoi de Blitzball il y a quoi... trois ans? quatre ans? Faut pas parler de chiffre, il va avoir mal à la tête! Le jeune homme en blanc s'était relevé, visiblement paniqué, probablement à la vue du monstre, Balthus n'avait pas tout écouté, mais lorsque son poing s'apprêtait à s'écraser sur la bête pour l'occire, celle-ci... disparut et le temps que son cerveau l'assimile, il frappa le sol avec violence!

Le bruit qui en suivit aurait probablement alerté la ville entière! Reculant en arrière sur le coup de la douleur, il se tenait la main en sang par le choc. Serrant les dents, il retenait ses larmes, son cœur battait avec force jusque dans ses oreilles, le poing serré, son autre main agrippant son poignet comme s'il voulait l'arracher. Au bout de quelques secondes tout de même, la douleur semblait s'engourdir, il prit une profonde inspiration et leva les yeux. En temps normal, en étant assis ainsi, il était presque à la hauteur de ses interlocuteurs, mais l'homme en face était vraiment grand et il devait non seulement se casser la nuque pour voir sa tête, mais le blondinet devait lui-même se baisser un peu pour mieux le voir.

Il proposait de le soigner, un magicien? L'aubaine! Balthus était le genre opportuniste qui ne loupait jamais ce genre d'occasion! Tendant son poing vers lui, il haussa un sourcil
«Pas de refus, j'espère que vous savez ressouder quelques phalanges!» bon en vrai, son poing n'était pas cassé, il avait pu ralentir un peu son coup au dernier moment, mais un bon sort de soin ne serait pas de refus!

La douleur était encore présente quand le sort fit son effet, il ouvrit et ferma la main doucement avant de voir le lapin blanc qui dépassait de l'épaule du garçon derrière... Il plissa les yeux, une pointe de rancune demeurait, il aurait surement sa revanche tôt ou tard. Ok la bestiole n'était pas un monstre.. maaaaaais, il faudrait bien qu'il le fasse payer un jour. Bien qu'il gardait en tête qu'il n'aurait pas besoin de le tuer. Juste peut être de l'écrabouiller sous un shoopuf.

Le jeune homme se présenta et Balthus put enfin se lever pour qu'ils se regardent face à face. Il n'avait vraiment pas l'habitude, en dehors des ronsos et de quelques joueurs de blitzball, de rencontrer des gars de sa taille
«Balthus.. oh merde pardon!» il sursauta en tiltant à l'annonce d'un prêtre de Yevon! Il recula rapidement un pied et fit le salut de manière automatique «loué soit Yevon... j'voulais pas te manquer d'respect...» et merde... il avait renversé un prêtre, la poisse! Comme s'il n'avait pas assez d'ennuis comme ça! Heureusement, il semblait pas rancunier lui, au contraire même, il semblait presque lui demander de l'aide pour rester en ville?

Attention, mode réflexion. Il croisa les bras et commença à toiser du regard, réfléchissant à la question. Même sa belle-mère n'irait pas tenter une attaque s'il était en compagnie d'un prêtre de Yevon, en particulier à Luca avec tout ce monde. Même s'il faudrait bien qu'il parte tôt ou tard, il pouvait au moins profiter du prêtre pour le reste de la journée... offrir un service de guide et garde du corps, peut-être même se faire payer qui sait?

Notez qu'il eut l'air d'un abruti à fixer Aaron pendant tout le temps de sa réflexion qui dirait bien quatre ou cinq minutes.
«Non seulement je suis du coin mais je connais la ville comme ma poche. Si ça te dit...» merde, faudrait le vouvoyer non? «si vous voulez pardon... j'peux vous faire visiter la ville. Y'a de très bons restaurants dans le coin si vous avez faim! Bon après... faut avoir des gils, mais j'en connais des sympas pour pas trop cher aussi mais je ne suis pas très sûr que ça convienne à un prêtre...» il se gratta un peu la tête, le gamin n'avait pas l'air du genre snob, son regard se posa sur le lapin qui semblait ouvertement se foutre de lui «j'peux servir de guide pour la journée et éventuellement garde du corps contre les ptites frappes qui aiment bien détrousser les touristes. Vot'bâton il a l'air de valoir cher, vous devriez faire attention.»

Il n'aimait pas les voleurs. De base il n'aimait pas le principe de voler, c'est chiant après, faut trouver quelqu'un pour racheter, justifier comment on l'a eu tout ça. Autant quand il trouve un truc, c'est chouette! Bref, il espérait que la perche tendue pour le repas gratuit allait prendre, et puis bon, il n'avait pas l'air d'un mauvais bougre la grande perche... et puis un prêtre de Yevon quoi, ptêt qu'il connaissait sa mère?

Aussitôt dit, aussitôt fait ! Aaron tendit son sceptre vers le poignet meurtri de son interlocuteur et la gemme qui lévitait au centre des boiseries se mit à briller. Doucement, une lumière verte et chaleureuse vint envelopper la blessure et cicatriser la plaie. Et voilà, il était comme neuf ! Satisfait, Aaron se présenta alors et l’homme en fit de même avant de réaliser qu’il avait en face de lui un prêtre de Yevon. Il semblait gêné et se mit à réaliser le salut des fidèles – que tous les habitants de Spira connaissaient par cœur, bien que moins utilisé depuis l’avènement de l’Eternelle Félicité. Balthus, c’était son nom, semblait également tiraillé entre le tutoiement et le vouvoiement, ce qui ne manqua pas de faire rire le jeune homme.

« Haha ! Pas la peine d’être aussi formel avec moi ! Je ne suis qu’un homme ordinaire, voilà tout. »

Et humble, vraisemblablement. Bref, il demanda à Balthus s’il était originaire de la région afin, peut-être, de profiter de ses atouts de guide pour découvrir un peu plus la ville. Le grand balèze se mit alors à réfléchir… longuement… Ses bras étaient croisés et son regard posé sur Aaron, mais il était clairement perdu dans ses pensées. Le blondinet se gratta l’arrière du crâne tandis que la peluche osa sortir un peu plus de sa cachette pour observer la scène.

« - Il déraille complètement ! C’est de la faute de Mokona ? Dit-il les oreilles pendantes et la moue triste, comme s’il s’en voulait.
- Mais non, voyons. Il est juste en train de… prendre le temps de la réflexion, dirons-nous. »

Soudainement, Balthus sortit de sa léthargie et répondit enfin au jeune homme qu’il connaissait effectivement la ville comme sa poche et qu’il pouvait lui faire visiter un peu, si cela lui disait. Bon, il hésitait encore entre le « tu » et le « vous » mais il allait certainement finir par s’y faire d’ici la fin de la journée. Car oui, le grand costaud lui proposait carrément de faire le guide pour toute la journée et de le protéger contre les voleurs s’il le fallait ! Car visiblement, son bâton pourrait taper dans l’œil d’éventuels chapardeurs…

« - Oh, vous pensez … ? C’est vrai qu’il représente beaucoup à mes yeux. Et il est vraiment très grand…
- Puu ! Mokona va s’en charger ! »

Et ni une, ni deux, la boule de poils sauta sur la tête du jeune homme puis ouvrit graaaaand sa bouche – genre, le double de sa taille ! – et aspira le bâton du prêtre avant de la refermer. Il venait tout simplement d’avaler un sceptre de presque deux mètres de long dans un tout petit corps de vingt centimètres à peine ! Aaron écarquilla les yeux.

« Mokona peut stocker beaucoup de choses comme ça, c’est très pratique ! ~ »

Pas peu fier de sa capacité hors du commun, Mokona retourna se cacher dans la capuche du mage, toujours un peu méfiant de se faire à nouveau martyriser par le grand balèze – c’était le temps qu’ils s’apprivoisent, tous les deux ! Quoi qu’il en soit, Aaron remercia le lapin blanc avant d’accepter la proposition de Balthus. Une petite balade dans les rues de la ville avant de trouver un petit restaurant sympa, c’était le genre de programme qui tentait bien le prêtre.

Sans attendre, ils quittèrent donc cette ruelle de commerçants pour rejoindre l’axe principal qui se situait entre le stade et le centre-ville. D’ailleurs, Aaron n’avait pas vraiment pris le temps de regarder en direction du port – de là d’où il venait – et remarqua cette énorme sphère bleue.

« Wow ! Ils arrivent à maintenir cette énorme quantité d’eau en une sphère parfaite ! C’est vraiment dedans que l’on peut jouer au Blitch…ball ? »

Pas sûr de la prononciation. En fait, Aaron n’avait jamais quitté le temple de Macalania et n’avait donc jamais assisté à un match de Blitzball. Il en avait parfois entendu parler par des pèlerins en visite au temple mais c’était tout. Son ventre cria soudainement famine.

« Hum… Monsieur Balthus ? Vous parliez tout à l’heure de restaurants sympas et pas chers… Je serais finalement très intéressé par cette proposition, héhé. » Il se gratta l’arrière du crâne tout en esquissant un sourire gêné. « Et c’est moi qui vous invite. Ce sera ma manière de vous remercier, un peu en avance, pour votre aide de la journée ! »

Il faut dire que le jeune homme n’avait rien mangé depuis la veille au soir ! Et Mokona, bien que possédant toutes les caractéristiques physiques d’une peluche, semblait tout aussi impatient de remplir son ventre ! Et puis, il était déjà midi passé, non ?

Si la première partie du plan semblait bien partie, le lapin vint tout faire capoter en absorbant le bâton du mage! Mais sur le coup, Balthus voyait surtout là un truc absolument trop cool pour se rendre compte que ça ne l'arrangeait pas en vrai!

«WOAH! Mais c'est génial ce truc!» le temps que la peluche digère, il s'avança un peu et eut juste le temps d'appuyer son doigt sur l'estomac, ça faisait pouic pouic, c'était rigolo mais la bestiole retourna se cacher rapidement! Oui bon faut dire qu'il n'avait pas été très sympa avec lui donc il comprenait un peu sa réaction!

«Ok, on devrait pas craindre grand chose des voleurs, donc ok juste pour le guide.» c'est là qu'il réalisa que c'était un chouilla moins intéressant mais tant pis. Ils firent donc demi-tour, la première chose à voir à Luca, c'était évidemment le stade et tous les magasins autour! Le marché était l'un des plus beaux de tout Spira, et encore plus depuis qu'il y avait d'autres pays qui s'étaient ramenés car on trouvait même parfois des trucs de là bas. Le gamin s'émerveilla évidemment de l'immense structure!

«Blitzball ouaip! Et encore, ils changent l'eau à chaque saison car bon, ça doit vite devenir dégueulasse entre la sueur, le sang, la salive et j'en passe...» même si les manches ne duraient généralement que cinq minutes, avec le stress et tout, il était presque sûr que des joueurs devaient bien se soulager parfois pendant un match! L'une des raisons pour lesquelles il n'avait jamais voulu jouer à ce jeu - et aussi parce que malgré son torse imposant, il avait autant de souffle qu'un éléphant asthmatique «ils se servent du stade aussi pour des événements importants, concerts, une fois, Monseigneur Asran est venu pour faire un grand discours et rassurer le peuple sur la volonté de Spira de garder ses valeurs malgré tous les événements.. c'était super! Mais je crois pas qu'il y soit revenu depuis...» n'étant pas un roi du suivi de l'actualité, autant dire qu'il n'était pas trop au courant des trucs louches qui pouvaient mettre la foi à mal ces derniers temps. Il ne voyait que ce qu'on voulait bien lui montrer...

Ils étaient en train de longer le marché quand - enfin - le jeune prêtre manifesta sa faim, et en prime, il l'invitait sans même qu'il n'ait eu à faire son numéro du "j'ai oublié mon portefeuille à la maison!" malgré tout, il se rendit compte qu'il n'avait pas trop envie d'en profiter, il avait l'air vraiment gentil ce gosse... il fallut un petit temps de réflexion qui lui permit de voir les deux gars de sa belle-mère qui revenaient à la charge. Affichant un large sourire, il se mit à parler d'une voix particulièrement forte
«Hoy hoy bien sûr! Il va de soit qu'un prêtre de Macalana comme toi mérite d'aller dans un bon restaurant! Suis moi!» les deux hommes s'arrêtèrent alors, les yeux écarquillés, dans la foule, le gamin ne les aurait probablement pas remarqués, Balthus mit une main dans son dos et l'entraîna vers les petites bicoques sur le côté. Les deux assassins le regardaient avancer et finirent par partir, ils n'étaient pas assez payés pour tenter un truc avec un prêtre dans le coin. Prenant une profonde inspiration, le colosse savait qu'il serait tranquille tant que le gamin resterait avec lui pour le moment.

Cependant, ne voulant pas ruiner son ticket d'or, il ne s'installa pas sur l'un des restaurants au bord du marché - qui étaient de vrais attrape-touristes et donc hors de prix - mais continua pour se faufiler dans une première ruelle, puis une seconde. Il faisait un peu plus sombre ici car le soleil avait du mal à passer, mais ils se retrouvèrent sur une minuscule place que les habitants avaient essayé quand même de décorer pour la rendre attractive, de la végétation le long des pierres, des pots de fleurs aux couleurs vives posés sur les rebords des fenêtres, et un petit restaurant avec juste deux tables dehors se présenta à eux

«Chez Hapi! Elle est un peu froide, mais elle cuisine vraiment très bien et pour pas trop cher en plus» il l'invita à entrer car il n'y avait clairement pas beaucoup de clients - aucun en fait, il était tôt en vrai - une jeune femme à la peau très brune et aux cheveux rouges était allongée sur le comptoir - oui, sur le comptoir - et semblait faire une sieste
«Hoy Hapi! Je t'amène un client» la jeune femme ouvrit d'abord un œil puis se leva en s'étirant longuement
«Hmmm salut Balou... ça faisait longtemps. T'as réussi à te faire un peu d'argent pour venir manger?» elle sauta du comptoir et remarqua enfin le gamin «ah... je vois. Bonjour.» sa voix était douce, mais monocorde, comme si elle s'ennuyait en permanence. Pas la moindre intonation spécifique de surprise, elle leva les mains sur les côtés pour montrer les tables «dedans ou dehors?»
«Plutôt dehors...» valait mieux car même si elle cuisinait très bien, manger à côté de la cuisine, c'était pas le top! Surtout que sa spécialité, c'était tout de même le poisson. Elle prit une seule carte et les installa sur l'une des deux tables dehors, pas de carte pour Balthus, juste pour le prêtre

«J'ai reçu du sahuaguin aujourd'hui, il est tout frais et je peux vous en faire un bon ragoût si vous voulez»
«Ah ben moi je prends! C'est super bon!»
«C'est un peu moins ma spécialité, mais si vous ne mangez pas de viande ou de poisson, je peux vous préparer des exoray et fungus sautés aux fines herbes avec une gelée de flambos de feu, ça pique un peu mais ça plaît bien.» contrairement au colosse qui n'avait pas du tout le sens de l'observation, Hapi avait relevé qu'elle avait affaire à un prêtre, elle avait le nez pour ça... et souvent les prêtres ne mangeaient pas d'animaux.

Elle prit les commandes et alla s'affairer en cuisine, elle revint quelques secondes plus tard avec des verres et de l'eau, ils étaient à l'ombre ici dans cette ruelle, parfaitement tranquilles
«Elle est un peu spéciale, mais super sympa!» mais fallait pas l'énerver en vrai... «bon alors, qu'est-ce qu'un prêtre de Macalania fait aussi loin de son temple? Un petit pèlerinage?» autant dire que le truc du vouvoiement avait disparu très vite en passant.

Donc pour la prononciation du mot « Blitzball », on repassera. N’empêche que la structure impressionnait beaucoup le prêtre, mais les détails techniques ajoutés par Balthus rendaient la chose beaucoup moins attrayante, d’un coup… Sa mine réjouie se changea rapidement en une grimace de dégoût mais lorsque le guide continua ses explications et mentionna Monseigneur Asran, le jeune prêtre tendit l’oreille. Il aurait fait dans ce stade un grand discours de rassemblement des fidèles pour prêcher la bonne parole. En temps normal, Aaron aurait été émerveillé d’apprendre cela, mais aujourd’hui… On va dire qu’il était un peu trop tôt encore pour qu’il se prononce sur le sujet.

De toute façon, son ventre grogna un peu fort, signe qu’il était temps qu’ils aillent se sustenter. Naturellement, Aaron proposa d’inviter son guide pour le remercier de tous ses efforts fournis, et qu’il lui prodiguera encore tout au long de la journée. Ce dernier accepta sa proposition et l’embarqua dans quelques ruelles en le poussant légèrement dans le dos pour le guider. L’endroit où ils finirent par arriver était joliment décoré mais il est vrai que sans l’aide de Balthus, Aaron n’y serait jamais arrivé tout seul. Les voilà donc arrivés chez Hapi, le nom de la gérante – un peu froide selon lui – de ce petit restaurant.

« Oh, le froid, ça me connait ! »

Répondit-il en blaguant légèrement en sous-entendant qu’il venait de Macalania. Bref, ils rentrèrent à l’intérieur et une femme était étonnamment allongée sur le comptoir, à attendre que le client arrive, certainement. C’était une manière assez loufoque de faire mais, après tout, c’était le premier restaurant où Aaron mettait les pieds. Peut-être était-ce chose courante finalement ? Elle finit par se lever et sauter du comptoir, et tous les deux semblaient se connaître un peu… D’ailleurs, une chose ne manqua pas de réveiller la petite boule de poils, qui se contenta simplement de frétiller les oreilles et de ricaner dans son coin sans rien dire. Probablement qu’il préparait encore une bêtise, mais Aaron n’y prêta pas attention.

On les installa donc à l’une des deux tables à l’extérieur – ce serait bien mieux de profiter de cette petite place raffinée – et la femme s’occupa d’énumérer quelques plats qu’ils proposaient ici. Il y avait donc de la viande ou des légumes, un peu épicés. Si Balthus prit le Sahuagin, Aaron opta pour le deuxième plat.

« - Mokona voudrait aussi des légumes !
- Hum… Pourquoi ne pas manger un peu dans mon assiette, pour commencer ? »

Aaron n’était pas sûr qu’une peluche puisse manger de vrais aliments, aussi préférait-il éviter de payer trois repas inutilement – quoi que le grand colosse aurait bien le gabarit pour manger deux plats à lui tout seul, s’il le fallait. La boule de poils semblait se satisfaire de cette réponse pour le moment et, lorsque Hapi revint avec des verres et de l’eau, il se manifesta à nouveau.

« Vous n’auriez pas du saké, plutôt ? »

Aaron ne connaissait pas cette boisson et, désireux de connaître de nouvelles choses, il laissa la commande se faire. Peut-être que Balthus serait intéressé ? D’ailleurs, celui-ci entama une petite conversation en lui demandant ce qu’un prêtre de Macalania faisait ici. Le blondinet servit les deux verres en eau – Mokona n’en avait pas ! – et répondit.

« Oh, on peut dire que c’est un pèlerinage, oui. En fait, je souhaite parcourir Héméra et promouvoir la Foi en Yevon, en quelques sortes. »

Bien sûr, il s’agissait de la version officielle de sa mission. Qui plus est, il n’était pas certain que les autres peuples soient réceptifs à l’arrivée d’une nouvelle religion. Peut-être avaient-ils déjà la leur ? Mais bon, il ne pouvait pas le savoir tant qu’il n’avait pas essayé ! D’ailleurs, à ce propos, le saké ne tarda pas à arriver et c’est Mokona qui se chargea de récupérer la bouteille et de faire le service. Deux nouveaux verres furent apportés, des plus petits, et Mokona servit d’abord celui du prêtre qui le remercia d’un grand sourire. Il n’attendit pas l’accord du second pour le servir aussi.

« Voilà un peu de saké, Balou… Hihihi ! »

Il avait tenté d’imiter la voix de la gérante en prononçant le surnom de Balthus, et c’était sans doute ça qu’il gardait en réserve depuis tout à l’heure. Aaron se mit à rire un peu avant d’approcher le breuvage de ses lèvres et d’y gouter.

« Ouh, ça pique ! Mais c’est pas mauvais ! »

Qui a dit que les prêtres n’avaient pas le droit de boire d’alcool ? Il reposa le verre et revint un peu à la discussion qui venait à peine de commencer.

« En réalité, je souhaite profiter de l’effervescence que procurent le retour des chimères dans les temples de Yevon pour rappeler qu’il est important de garder les bonnes pratiques, tout ça. » Son ton n’était pas très convaincant cela dit, aussi se dépêcha-t-il de changer de sujet. « Vous n’avez pas l’air d’être contre la religion, monsieur Balthus. Je croyais pourtant qu’avec l’avènement de l’Eternelle Félicité, beaucoup de personnes avaient tourné le dos à l’Eglise ? »

D’ailleurs, l’un de ses congénères au temple de Macalania avait décidé de quitter le temple il y a quelques années, peu après que le scandale de Yevon n’ait éclaté. C’était peut-être à ce moment-là qu’Aaron avait commencé à douter lui-même de l’Eglise … ? Hum, il ne fallait pas qu’il commence à penser à tout ça, aussi chassa-t-il ses réflexions d’un mouvement de tête et reprit une gorgée de ce saké… C’était vraiment délicieux !

« Vous habitez ici ? A Luca ? »

Petit malin ce gosse! Balthus ricana sur sa remarque vis à vis du froid, mais heureusement, Hapi n'était pas de ce type de froid. Juste qu'elle ne manifestait presqu'aucune émotion, mais c'était vraiment une chouette fille quand on la connaissait un peu.

Alors qu'elle les installait à la table pour leur parler du menu, elle ne montra aucune surprise devant la peluche qui s'était mise à parler pour commander aussi des légumes. Elle hocha de la tête devant la remarque du prêtre pour qu'elle picore son assiette
«J'en mettrai un peu plus.» elle avait l'habitude avec Balthus de servir de grosses assiettes.

Alors qu'elle ramenait des bouteilles d'eau, la peluche commanda de l'alcool, la jeune femme jeta un coup d'œil méfiant à l'égard du colosse qui leva les bras en signe de défense
«C'est lui qui paie!» car il fallait l'avouer, Balthus n'achetait jamais d'alcool. Oh il adorait ça, mais c'était très rare qu'il ait les moyens de se payer une bouteille et en général, s'il arrive à picoler, c'est qu'il l'a piquée! Haussant des épaules, la jeune femme retourna dans son restaurant et revint donc avec une bouteille de saké et deux petits verres
«Tu devrais te méfier de lui... il va t'attirer des ennuis» dit la jeune femme à l'attention d'Aaron, autant dire qu'elle n'était pas du genre à se soucier du vouvoiement
«Hey! c'est pas très gentil ça!» la peluche décida de faire le service et s'amusa à employer le surnom donné plus tôt, il ignorait cependant qu'il n'allait pas vexer la bonne personne, car Hapi vint lui pincer ce qui devait être le popotin du lapin
«Hé ho! Il n'y a que moi qui peut l'appeler comme ça!» Balthus ne put s'empêcher de pouffer de rire alors qu'Hapi retournait en cuisine... le jeune homme but une gorgée de saké, suivi du colosse qui l'enfila rapidement aussi
«Héméra... je ne me fais pas encore à ce nom... donc t'as envie d'aller voir carrément ces autres pays hein?» ça en mettrait de la distance entre lui et sa belle-mère tout ça, elle n'aurait pas envie de payer pour envoyer des mercenaires aussi loin. Mais il avait du mal à imaginer sauter le pas pour le moment... pas envie de laisser sa mamounette toute seule peut-être...

Le blondinet semblait vouloir faire les choses bien en tout cas, il était plutôt d'accord sur le fait que ces nouvelles chimères devaient être utilisées quand même avec respect, il avait entendu dire que plus ou moins n'importe qui pouvait désormais les appeler, mais qu'il y avait quand même une épreuve à passer. Une bonne chose. Il grimaça cependant au nom de "monsieur" qui sonnait faux
«Alors déjà, t'oublie le monsieur. Si j'ai dix ans de plus que toi déjà, je suis sur que c'est le grand max.» même s'il avait l'air jeune, le prêtre devait bien avoir la vingtaine non? «quant à l'église, c'est la seule qui ne nous ait jamais tourné le dos. Ma mère est prêtresse au temple de Kilika, et c'est le seul endroit où elle a toujours pu être en sécurité. Donc ouais, j'ai entendu dire que certains ne voyaient plus l'intérêt maintenant que les chimères étaient parties, mais je pense que l'église et la foi, c'est autre chose. Autant, je suis pas le genre à passer ma vie dans les temples, mais crois-moi, la foi en Yevon m'a sauvé les miches plus d'une fois»

D'ailleurs, il en était la preuve vivante puisque les assassins de sa belle-mère avaient renoncé à le courser juste parce qu'il était avec un prêtre...

Hapi revint avec une belle assiette creuse de la taille d'un plat rempli de champignons et de petits légumes, la sauce était un peu étrange puisqu'elle ressemblait à de la gelée rouge orangée et la garniture était comme agglutinée dedans.
«Fungus et exoray à la gelée de flambos de feu...» elle posa à côté une toute petite assiette creuse pour que le prêtre puisse en mettre pour Mokona dedans. Elle s'en alla et revint carrément avec une marmite en céramique blanche, de la taille d'un ballon de blitzball et la posa sur la table devant Balthus
«Tiens Balou... bon app.» elle prit la carafe d'eau pour aller en apporter une autre plus fraîche, avant de retourner en cuisine pour faire un peu de ménage - ou piquer un nouveau somme

«Mouahaha! Elle me connaît bien! Allez mange tant que c'est chaud!» il avait carrément une louche à la place de la cuillère et commença à manger avec appétit
«J'ai vécu à Luca un bon moment, mon père vit ici. C'était un invokeur dans le temps et j'ai même été son gardien une fois, à l'époque de Braska... mais on a arrêté notre pèlerinage au Mont Gagazet, on est arrivés trop tard.»

Ça avait marqué le début des ennuis, sa belle-mère avait profité de l'occasion pour le foutre dehors...
«Après ça, je suis surtout resté à Kilika, j'ai vadrouillé un peu, mais jamais très loin. Comme ma mère était au temple... m'enfin bon, j'aime bien Luca, y'a pleins de trucs pour jouer tout ça, même si je gagne pas souvent» autant dire presque jamais en fait «et donc, c'est quoi ta prochaine étape après Luca?»

Prendre le bateau pour aller à Kilika? Il pourrait en profiter pour aller voir sa ptite maman. Sinon, vers Djosé ou Guadosalam? Il parait que des fantômes sortent de l'Au-Delà... brrrr

Visiblement, la blague que Mokona préparait dans l’ombre depuis de longues minutes n’eut pas l’effet escompté, du moins sur la personne visée. Au contraire, c’est même la gérante du restaurant qui se sentit offusquée – difficile à dire vu qu’elle était aussi expressive que la bouteille de saké qu’elle venait de ramener – et qui pinça le popotin de la boule de poils. Celle-ci se mit à bondir sur place tout en ricanant de plus belle. Décidément, Mokona ne s’arrêtait jamais d’être heureux… Aaron ne tint pas vraiment compte de l’avertissement d’Hapi concernant Balthus car il le trouvait sympathique et bienveillant – peut-être était-il naïf ? – et se mit à boire une gorgée de son saké.

« Dans l’idée, c’est ça. Je ne me suis jamais éloigné du lac gelé de Macalania, aussi j’ignore à quel point le monde de Spira est vaste. Mais il suffit de se dire que ce ne sera que quatre fois plus grand ? »

Drôle de manière de se rassurer sur le temps que prendra son pèlerinage, mais le raisonnement avait le mérite d’exister ! La conversation se poursuivit mais Balthus ne semblait pas apprécier que le prêtre l’appelle « monsieur », peut-être un complexe lié à son âge ? Même s’il n’y avait pas l’air d’avoir un si grand écart que ça !

« Haha ! Je tâcherai d’essayer ! »

Dit-il avec son plus grand sourire. Cela dit, Aaron était un peu joueur et il n’était pas impossible qu’il recommence à l’appeler « monsieur » pour le taquiner un peu. Mais la conversation devenait plus sérieuse et il savait faire preuve de maturité quand il le fallait. Ainsi donc apprit-il que la mère de Balthus était une prêtresse de Kilika et que la foi du colosse semblait très importante à ses yeux, ce à quoi il répondit sur un ton étonnamment plus sérieux.

« L’Eglise de Yevon a sauvé bien des gens. »

Lui-même avait été recueilli par les prêtres de Macalania lorsqu’il n’avait encore que quelques jours, et qui sait ce qu’il serait devenu s’ils ne l’avaient pas élevé et éduqué comme l’un des leurs ? Hapi interrompit la discussion en apportant les plats : celui d’Aaron était plein de couleurs appétissantes, et était accompagné d’une petite assiette pour Mokona, ravi que l’on ait pensé à lui. Quant à Balthus, son plat était servi dans une marmite qui aurait bien pu nourrir deux ou trois personnes sans problème. Il devait certainement avoir un appétit d’ogre pour pouvoir manger tout ça ! Sans attendre que leur plat ne refroidisse, chacun se mit à manger. Aaron commença par préparer la petite assiette de Mokona qui boudait un peu de ne pas avoir une assiette de taille normale comme n’importe qui.

« - Mokona aurait pu manger une marmite, aussi…
- Oui, et bien Mokona va déjà manger ça pour commencer. »

Pire qu’un enfant, celui-là ! Il lui servit une bonne quantité de légumes malgré tout et la boule de poils se mit à manger en retrouvant un peu le sourire. Balthus reprit la parole et expliqua que son père vivait ici, à Luca, et qu’il fut par le passé un Invokeur, peu avant la Félicité de Sire Braska. Il écoutait attentivement tout en mangeant ses légumes, très épicés mais qui ne dérangeait en rien le prêtre.

« Oh, il est possible que je vous aie aperçu à l’époque au temple de Macalania alors ! Quoi que, j’étais trop jeune pour officier en tant que Prêtre à l’époque… Je devais sûrement être en train d’étudier. Par exemple, je n’ai jamais eu la chance de rencontrer Sire Braska et ses gardiens. »

Pour ne citer que lui, bien entendu. Tous les autres Invokeurs et leurs gardiens méritaient autant de louanges aux yeux du blondinet, de par leur courage et leur volonté de mettre leur vie au service des autres. Il termina son saké puis commença à boire de l’eau fraîche que la gérante avait apportée en même temps que les plats.

« Effectivement, j’ai remarqué que Luca était très animée et qu’il y avait beaucoup de possibilités de s’amuser. J’imagine que le peuple de Spira a repris goût à toutes ces choses depuis la disparition de Sin. La fusion des mondes y est peut-être aussi pour quelque chose ? »

La boule de poils venait de terminer son assiette en premier et il faisait les yeux doux – tout en les gardant fermés – au prêtre pour en ravoir une portion. Comment pouvait-il lui dire non avec cette bouille ? D’ailleurs, le blondinet avait déjà bien mangé, aussi consentit-il à lui céder tout le reste de son assiette. Il venait de faire de Mokona la peluche la plus heureuse du monde ! Lorsque Balthus lui demanda quelle serait sa prochaine étape dans son voyage, Aaron prit une serviette pour s’essuyer la bouche et réfléchir en même temps. Puis il sortit de la poche de son manteau de fourrure une petite mappemonde de Spira et, avec son index, il décrivit son parcours.

« Hum… Et bien j’ai pris un bateau de Bevelle jusqu’à Luca, alors j’imagine que je vais poursuivre ma route vers le nord ? Pour tout vous dire, mon premier voyage en bateau ne m’a pas trop réussi, alors je préfère éviter de le reprendre tout de suite… » Il en avait encore des nausées rien qu’à y repenser. « Pourquoi pas me rendre au temple de Djose pour commencer ? »

Il n’avait pas eu l’occasion de voir celui de Bevelle d’ailleurs, donc peut-être envisagera-t-il d’y retourner plus tard ? C’était sur la route si jamais il continuait vers le nord, de toute façon.

« Si je peux me permettre de vous retourner la question, quels sont vos projets ? Oh, vous travaillez peut-être à Luca, si c’est ici que vous vivez. »

Même si Balthus lui avait proposé d’être son guide pour la journée, peut-être était-ce par qu’il avait une journée de congés aujourd’hui et qu’il retournerait travailler le lendemain ? Mais bon, pas sûr que quelqu’un ait envie de s’embêter à trimballer un inconnu dans les rues d’une ville lors de son jour de repos… Donc peut-être ne travaillait-il pas et, auquel cas, serait-il intéressé par un éventuel job de garde du corps sur le court, moyen ou long terme ? Aaron n’avait pas une somme astronomique de Gils mais les prêtres de Macalania lui avaient donné de quoi bien vivre pendant quelques semaines. Et comme le colosse semblait mieux connaître Spira que lui, c’était peut-être l’occasion d’avoir un guide à une plus grande échelle ? Mais l’heure n’était pas encore à cette proposition car, lorsque tous les trois eurent fini de manger leur assiette, voilà que la gérante revenait vers eux pour leur proposer le dessert.

« - Je vous aurais bien pris une boule de glace à la vanille, s’il vous plaît.
- Et quatre boules chocolat pour Mokona, s’il vous plaît ! ~ Mais où allait-il mettre tout ça ?
- Et vous, m’sieur Balthus ? Vous voulez un dessert ? Faites-vous plaisir. »

Impossible qu’il refuse l’invitation d’un prêtre !

Non mais sérieusement, il lui demandait de faire des calculs là? Le cerveau du colosse manqua de dérailler à l'idée d'essayer d'imaginer la surface que devait représenter ce nouveau monde juste en l'imaginant quatre fois plus grand... déjà fallait savoir s'imaginer la taille de Spira quoi!

Mal de crâne qui pointait à l'horizon, mais la conversation était plutôt intéressante pour Balthus, il aimait bien cette époque de sa vie où il avait été le gardien de son père, c'était le moment où ils avaient été le plus proches, sa belle-mère était restée à Luca avec son petit frère et elle n'était pas encore foldingue...
«Sans vouloir t'offenser, j'ai détesté l'épreuve de Macalania... on n'était clairement pas équipés, je me suis gelé les miches tout le long! Le seul truc que j'ai aimé, c'est que je me suis vautré à un moment et que j'ai glissé en toboggan jusqu'en bas! C'était marrant!» moins drôle de remonter par contre... «tu devais pas avoir dix ans à l'époque, et moi j'en avais à peine quatorze.» il aurait peut être bien aimé voir des enfants à l'époque qui sait? «et je n'ai pas eu non plus l'occasion de voir Braska... comme ils étaient parti avant nous, pourtant lui il venait de Besaid quoi, il s'est tapé plus de temples et il paraît qu'il est resté quelques temps à Bevelle avant de repartir pour son pèlerinage... mais j'avoue qu'on a loupé l'épreuve de Bevelle la première fois et mon paternel a eu besoin d'une bonne semaine pour se reposer après ça... fichu labyrinthe tordu avec des sortes de téléporteurs et des lézards partout.»

Oui il en gardait un mauvais souvenir de celui-là... il aurait pu se laisser porter par une certaine mauvaise humeur mais fort heureusement, cela fut détourné par la marmite qui fut posée sous son nez! Hapi le connaissait si bien! Et il savait aussi qu'elle n'allait pas saler la note pour ça, elle savait faire payer au prix juste la petite! Et puis de toute façon, elle était obligée de préparer tout le poisson qu'elle avait reçu aujourd'hui pour ne pas qu'il y ait de gâchis, et elle savait bien qu'elle n'aurait pas d'autres clients aujourd'hui - et si elle en avait, elle aurait bien quelque chose à leur servir quand même.

Après le passage désagréable du monsieur et sur l'église, les deux jeunes gens mangèrent de bon appétit, bien que Mokona allait surement devenir un rival en matière de gloutonnerie si on lui en laissait l'occasion, mais pour le moment le prêtre le bridait, il valait mieux après tout, sinon la petite peluche allait vite lui coûter cher!

«Enfin voilà, après ça, mon père est revenu vivre à Luca, mais il a du se séparer de ma mère, elle est donc allée au Temple de Kilika... j'y suis allé quand Sin a attaqué Porto Kilika pour rester avec elle après ça. Mais je préfère quand même Luca, c'est plus sympa comme coin!» et permettre à sa belle-mère de se concentrer sur lui plutôt que sur sa mère. Le gamin avait pu voir deux trois trucs, mais surement pas les plus intéressants! Ah ah!

«Je ne sais pas si les autres pays y sont pour quelque chose, j'ai toujours connu le coin animé, mais je crois qu'effectivement, y'a un drôle de jeu de cartes qui s'est ramené, j'y comprends pas grand chose...» le colosse en était à la moitié de la marmite quand le gamin donna la fin de son assiette à la peluche, il lui lança alors un regard suspicieux et par réflexe, ramena sa main autour de sa marmite, comme s'il craignait que Mokona vienne lui chiper quelques morceaux.

Entre deux bouchées, il écoutait le programme du gosse
«Le temple de Djose, c'était le premier temple où ma mère officiait.. c'est là qu'elle a rencontré mon père d'ailleurs.» donc oui, il le connaissait plutôt bien. Et la conversation commençait d'ailleurs à prendre une tournure très intéressante! Car de toute évidence, le gosse était à deux doigts de l'embaucher à plein temps! Un large sourire se dessina alors sur le visage du colosse

«En vrai, je suis une sorte de mercenaire si tu veux! Je vais de contrat en contrat, et il se trouve justement que mon dernier contrat est fini depuis quelques temps déjà, et j'aimerais bien mettre les voiles! Ok Luca c'est sympa, mais ça me coûte plus d'argent que ça ne m'en rapporte! Va falloir que j'aille me faire quelques monstres pour renflouer ma bourse!» autrement dit, accompagner le gosse dans un ptit road trip serait surement une très bonne idée. Et rester avec un prêtre lui garantirait que sa belle-mère lui foutrait la paix quelques temps...

En réalité, il avait aussi un autre projet, malheureusement c'était un projet pour lequel il n'avait aucune idée de par où commencer... Il finit tranquillement sa marmite, allant même saucer le fonds avec du pain quand Hapi revint pour les desserts...

« Je vais pas abuser...»ça le soulait de culpabiliser alors que Mokona allait prendre quatre boules de glace le crevard! Mais il préférait sincèrement ne pas trop tirer sur la corde, si le gosse était parti pour le tirer d'un mauvais pas, mais Hapi soupira et posa sa main sur la tête du colosse - en étant assis, il était à sa hauteur
«Balou... j'ai fait du pain perdu, tu vas pas me gâcher ça! Petit Prêtre...» - peu importe que le prêtre faisait la taille de Balthus visiblement- « ...tu en veux? C'est la maison qui offre puisque tu vas t'occuper de lui pendant quelques temps... tu vas devoir prendre des forces, et ça va bien avec la glace à la vanille.»
«Tu sais me prendre par les sentiments!» elle alla donc en cuisine, elle faisait souvent du pain perdu puisque c'était sa manière de ne pas gâcher les restes de pain, elle apporta une énorme assiette remplie pour que chacun se serve, y compris Mokona qui eut droit à son assiette et elle posa aussi une boule de glace vanille pour Balthus. Le jeune homme fouilla ses poches, il avait quand même quelques gils et comptait lui en donner un peu, elle méritait bien avec tout ça! Elle les avait traités comme des rois «merci Hapi, t'es la meilleure!»
«Tu mettras les gils dans le pot!»elle avait la flemme de faire une note en vrai et chacun donnait un peu ce qu'il voulait.

Le colosse prit trois grosses tranches de pain perdu et prenait à chaque fois une grosse cuillère à soupe avec un peu de glace vanille pour faire durer le plaisir. Il revint donc à la conversation particulièrement intéressante du moment!
«Pour en revenir à ce qu'on disait, si t'as besoin d'un garde du corps et d'un guide pour ton voyage, je suis ton homme! J'ai besoin de mettre rapidement les voiles de toute manière, comme te l'a dit Hapi, je suis un peu du genre à m'attirer des ennuis et j'ai quelques gars qui me recherchent pour un petit souci de dette, pas bien méchant, je les rembourserai plus tard! Et notre petit voyage pourrait me permettre de me renflouer! Si ça t'embête pas que je prenne quelques petits boulots en chemin... ça devrait pas trop nous ralentir...» et puis bon, il connaissait bien la route de tout Spira Nord, jusqu'au Mont Gagazet. S'il voulait aller au-delà - mais pourquoi faire? à part peut-être voir les ruines de Zanarkand? pas grand intérêt

«T'en penses quoi? On pourrait partir demain en remontant la route de Mi'ihen jusqu'au temple de Djose, après Guadosalam, Forêt de Macalania, Bevelle, Plaine Félicité... après si tu veux aller au-delà, y'a plus de port ni rien, donc on peut aller jusqu'au Mont Gagazet mais faudra revenir à Bevelle à un moment ou un autre... quoi qu'il paraît qu'on peut louer des chocobos balèzes à la Plaine Félicité pour pouvoir partir sur un autre pays, mais je sais pas si je serais prêt à faire tout ce trajet sur un piaf...» et pauvre bête qui devrait supporter son poids!  

La conversation allait bon train au fur et à mesure que les deux hommes dégustaient leur repas. Ils ne s’étaient rencontré que quelques heures à peine auparavant mais déjà, ils se racontaient quelques éléments de leur vie passée. Le jeune prêtre était peut-être un peu trop naïf mais il ne voyait pas en quoi Balthus pouvait lui vouloir du mal, c’était pourquoi il ne voyait pas d’inconvénient à discuter autant avec lui. D’ailleurs, ce dernier partagea son mécontentement vis-à-vis de l’épreuve du temple de Macalania – trop froid à son goût ! – et de celle du temple de Bevelle – trop compliqué à ses yeux ! – lorsqu’il était le gardien de son père. Et sa petite histoire se termina sur le fait que, finalement, ses parents durent se séparer ; sa mère partit vivre au temple de Kilika et son père resta à Luca. Certainement qu’il devait donc passer son temps à jongler entre les deux destinations pour passer un peu de temps avec l’un et l’autre, songea Aaron.

Alors qu’il tentait de montrer sur la carte de Spira vers où il envisageait de se rendre après, Balthus lui apprit que sa mère était autrefois prêtresse au temple de Djose, et qu’il connaissait donc les environs. D’ailleurs, il ajouta que son métier n’était autre que mercenaire, se baladant de contrat en contrat, et que suite à quelques désagréments financiers sur Luca, il aimerait bien quitter la ville dès que faire se peut. Le regard du jeune prêtre s’illumina en entendant ces propos et il sentait que l’occasion allait bientôt pouvoir se présenter de lui proposer de l’escorter pendant quelques temps, au moins tant qu’il restait sur Spira. Mais la proposition du dessert interrompit momentanément la conversation et les deux jeunes hommes – trois si l’on comptait Mokona et son énorme estomac – étaient invités à passer commande. Balthus était gêné de commander un dessert mais la patronne lui proposa du pain perdu, ainsi qu’à Aaron d’ailleurs.

« Et bien, volontiers madame ! »

Très vite, Hapi revint avec tous les desserts et même une assiette individuelle pour le petit Mokona ! Il allait y en avoir pour tout le monde, comme ça. Aaron ne se fit pas prier pour commencer à manger une tranche de pain perdu avec un peu de glace à la vanille. C’était succulent ! Balthus, de son côté, lui proposa enfin ses services de « garde du corps », si l’on voulait, et que de toute façon, il devait quitter la ville le temps de rembourser ses dettes.

« Ah ça alors, ce serait merveilleux ! Je vous paierai pour vos services, bien sûr. »

C’était une aubaine que d’être tombé nez à nez – littéralement – avec cet homme ! Il est vrai qu’Aaron n’était pas un combattant hors pair, même s’il se débrouillait très bien avec la magie. Mais face à une horde de monstres, il valait mieux grossir un peu les rangs pour s’assurer une meilleure défense. Mais il était hors de question de profiter des services d’un mercenaire sans le rémunérer ! C’était contre ses principes où chaque travail méritait son salaire.

« Et pour les petits boulots, je serai plus qu’intéressé aussi d’y prendre part. Il y aura bien un jour où mes économies seront à sec et, si je veux pouvoir continuer de vous rémunérer comme il se doit, je devrais mettre la main à la pâte. »

Et cela ne le dérangeait absolument pas, bien au contraire. Aaron était quelqu’un de volontaire et qui refusait que les choses ne lui arrivent toutes seules sans effort. Quoi qu’il en soit, Balthus lui proposa de se mettre en route dès le lendemain matin en prenant la route de Mi’ihen pour rejoindre le temple de Djose, puis pourquoi pas pousser encore un peu plus au nord jusqu’à finalement rejoindre Bevelle. A mesure que le colosse énumérait les destinations, Aaron scrutait sa carte pour bien comprendre le cheminement qu’il proposait. A priori, il allait être difficile une fois Bevelle passée de trouver un moyen de transport pour quitter Spira, à moins de monter sur le dos de gros chocobos à la Plaine Félicité. Si Balthus n’était pas trop à l’aise avec cette idée, pour Aaron, ça avait l’air rigolo ! Et peut-être serait-il moins malade que par bateau ?

« Votre plan me convient très bien, m’sieur Balthus. Nous pourrons très bien le réajuster au fur et à mesure de nos étapes si vous le souhaitez. »

C’est vrai qu’il serait dommage de devoir aller trop loin pour finalement devoir rebrousser chemin à pied… Mais, Aaron n’aurait pas été contre visiter tous les temples de Spira, histoire que son pèlerinage sur cette partie du globe soit la plus complète possible. Et qui sait, en parlant avec d’autres prêtres, peut-être dissiperait-il ses craintes ?
Alors qu’ils discutaient de leur préparatifs, Mokona avait tranquillement et sans rien dire engloutit ses quatre boules de glace ainsi que trois ou quatre tranches de pain perdu, et si le prêtre ne l’avait pas arrêté à temps d’une petite tape sur la papatte, il se serait attaqué à son assiette également ! Aaron se dépêcha donc de finir son dessert tandis que la boule de poils lorgnait sur l’assiette de Balthus. Un vrai glouton, celui-là ! Une fois que tout le monde eut fini de manger, il se leva de sa chaise et indiqua aux deux autres qu’il allait régler la note directement au comptoir. Il se dépêcha un peu pour ne pas laisser Mokona et Balthus trop longtemps seuls – qui sait ce qui aurait pu se passer ? – et retrouva la gérante, à nouveau allongée sur le comptoir. Un petit raclement de gorge pour signifier sa présence, et hop !

« Merci beaucoup pour ce repas, madame Hapi. C’était délicieux ! »

Il lui tendit l’argent qu’il lui devait et même un peu plus, ne serait-ce que pour les extras qu’elle avait mis pour Mokona. Sans surprise, elle ne dégagea aucune émotion mais cela n’empêcha pas Aaron de lui donner son plus beau sourire angélique avant de ressortir. Il reprit son manteau de fourrure qui était sur sa chaise mais se contenta de l’apposer sur son épaule car il faisait déjà chaud comme ça.

« Vous avez peut-être d’autres choses à faire que de m’accompagner cet après-midi, surtout si nous prévoyons de partir demain… » Il n’avait pas envie de l’accaparer plus qu’il ne le fallait, et puis peut-être souhaitait-il revoir son père ou préparer ses affaires avant de repartir pour une durée indéterminée ? « On peut se donner rendez-vous quelque part demain matin, si cela vous convient ? »

Qu’il veuille continuer de lui faire visiter la ville ou bien le rejoindre uniquement le lendemain, cela ne dérangeait absolument pas le jeune prêtre, qui allait bien trouver de quoi s’occuper de toute manière ! Surtout avec Mokona…

Hors-RP:

Honnêtement, Balthus n'aurait jamais cru que son plan fonctionnerait aussi bien. Il écarquilla un peu les yeux lorsque le gamin proposa carrément de le payer. En vrai, il n'était pas mercenaire du tout et ça lui faisait bizarre de devoir se faire payer pour aider quelqu'un... il se gratta la tête, son mensonge allait paraître bizarre s'il refusait quand même maintenant
«Hm... tu veux carrément m'engager hein?» il essaya un peu de détourner l'attention sur le fait que les monstres laissaient des gils derrière eux et qu'il y aurait surement des petits boulots sur la route, mais le gamin ne démordait pas et souhaitait même profiter de ces mêmes petits boulots pour se renflouer pour pouvoir payer le colosse. Au final, ce qui ressortait le plus, c'est qu'il avait vraiment besoin de Balthus pour ne pas se faire arnaquer ce môme!

Soupirant un peu tout en engloutissant une part entière de pain perdu en une fois, il réfléchissait, tiraillé entre son besoin urgent de se remplir les poches, de devoir quitter la ville, mais sans pour autant faire du mal au petit. Hapi les observait de loin et semblait avoir un petit sourire en coin - tout petit - s'amusant surement de son désarroi

«Ben écoute, vendu! Vu que tu me paies le repas, on va dire que ça va déjà payer le trajet jusqu'à Djose, et on partage équitablement les gils qui tombent des monstres qu'on va taper sur la route. Marché conclu?»il bon, c'était déjà un premier truc... il espérait que ça passerait comme ça. Et puis le trajet leur permettrait à chaque fois que le gamin le paie en lui payant juste le repas et l'auberge par exemple, ça pouvait être pas mal pour ne pas non plus l'escroquer dans l'histoire. Et il allait surement taper plus de monstres que lui, et s'ils faisaient moitié-moitié, il aurait la conscience tranquille.

Il le laissa donc payer, Hapi était en train de ranger la cuisine et revint quand il la remercia. Elle eut tout de même un petit sourire
«Prends soin de Balou... il parle fort et il est un peu bête parfois, mais il est gentil.» elle attrapa un bocal rempli de bonbons et en mit dans un petit sachet qu'elle tendit au jeune prêtre «Pour Mokinou» la seule raison pour laquelle Aaron n'avait pas encore de surnom, c'est parce qu'elle ignorait son prénom, sinon il y aurait eu droit, c'était une obligation chez elle.

Balthus s'étira longuement, content du bon repas qu'il venait de prendre!
«Encore merci Hapi! Quand je reviendrai, je te ramènerai une bestiole pour ton restaurant! Je trouverai surement des champignons sur le chemin du retour.»
«Ok...» elle ne semblait pas très enthousiasme, surement savait-elle qu'il ne reviendrait pas avant un moment. Le colosse se tourna vers Aaron avec un large sourire
«Et merci pour le repas.» il était vraiment sympa ce gosse. Il lui faisait penser à son petit frère, un peu naïf et bon cœur.

Il lui proposa de se retrouver le lendemain, en soit, c'était peut-être mieux, mais en même temps, il préférait s'assurer qu'ils dorment au même endroit pour que les hommes de main de sa belle-mère le voient avec lui.
«Je t'accompagne au moins jusqu'à un hôtel pas trop cher où je crèche en ce moment, ça sera plus facile pour demain matin.» il le conduisit donc jusqu'à unpetit hôtel du bord de mer, mais il était derrière un autre plus grand, ce qui empêchait la vue sur la mer sauf si on se mettait sur le balcon et qu'on se penchait vachement en avant! Quand il le vit, l'aubergiste lui lança un regard appuyé
«C'est la dernière nuit, King..»
«T'inquiètes, boss... je pars demain sans faute!» la dernière fois qu'il avait eu des sous, il avait payé pour plusieurs nuits d'affilée, et effectivement là, c'était la dernière «et je t'amène un client alors râle pas! Tu peux lui filer une petite chambre pour la nuit?»
«Bien sûr!» l'homme semblait content et prit donc une clé pour la tendre au jeune prêtre. Balthus le guida jusqu'à sa chambre et le laissa là

«J'ai deux-trois trucs à régler ce soir, le petit déjeuner est compris dans la chambre, donc on se retrouve demain matin... le patron viendra frapper à ta porte pour venir manger de toute manière... et si tu veux te balader ce soir, surtout reste là où y'a du monde ok?» il commençait déjà à prendre un peu au sérieux son rôle de garde du corps.

Le colosse laissa donc le prêtre seul et quitta l'hôtel, il tomba de nouveau sur les sbires de sa belle-mère et leur colla une dérouillée afin de lui faire passer le message comme quoi il quittait la ville pour accompagner un prêtre de Yevon en pèlerinage et qu'elle avait donc intérêt à lui foutre la paix.

Il alla jouer un peu le reste de la journée, il n'aurait pas du car évidemment, il perdit encore un peu plus de sous qu'il n'avait pas, quelques bagarres, puis il s'écroula peu avant minuit sur son lit trop petit pour lui - Aaron devait avoir le même problème, mais lui au moins ne devait pas le faire craquer à cause de son poids!

Le lendemain matin, le gérant frappait avec violence sur sa porte
«DEBOUT LE GROS!!!»
«QUI C'EST QUE TU TRAITES DE GROS LE VIEUX????» qu'il hurla avec le mal de crâne qui pointait déjà son nez... grommelant avant de se retourner et manquer de se casser la gueule du lit, il s'était rattrapé de justesse avec son bras. Il entendit ensuite taper doucement sur la porte d'à côté et une petite voix toute douce et toute mielleuse se fit entendre
«Monsieur? Le petit déjeuner est prêt!»
«C'EST QUOI CE FAVORITISME???»
«TOI LÈVE TOI ET SORS TES FESSES DE CETTE CHAMBRE!» mouais c'est pas juste quoi...

Bâillant à s'en décrocher la mâchoire, Balthus attrapa ses affaires, en particulier ses gantelets en fer qu'il accrocha à sa ceinture, il avait enfilé sa tenue de voyage du coup, un veston avec un peu de fourrure de loup sur les épaules et quelques protections en cuir épais pour les bras et les jambes. C'était léger pour lui et assez solide pour les combats à venir.

Il lui avait fallu près de vingt minutes quand même pour s'habiller - pleins de choses à enfiler - et il descendit enfin pour le petit déjeuner où il trouva le jeune prêtre à table avec Mokona. C'était un buffet assez simple, il prit des œufs, du lard et un café, l'assiette était bien remplie et le patron râla encore après lui
«NON MAIS VAS Y! VIDE LE BUFFET TANT QUE T'Y ES!!»
«PARCE QUE T'AS D'AUTRES CLIENTS QUI VONT BOUFFER LÀ PEUT-ÊTRE??» car autant le dire, pas sur qu'il ait quelqu'un d'autre que ces deux là. Le patron grommela et retourna ranger un peu alors que Balthus s'installa à la table du jeune prêtre

«Bon alors? Bien dormi? T'as fait quoi de beau hier? Prêt pour de nouvelles aventures?» il commençait déjà à engloutir son petit déjeuner après avoir posé les œufs et le lard sur d'épaisses tranches de pain.

La gérante du restaurant n’était finalement pas si impassible que cela puisqu’au moment où Aaron paya la note au comptoir, elle lui sourit légèrement et lui offrit même un petit paquet de bonbons pour Mokona, tout en vantant les mérites de Balthus. Il est vrai que ça n’avait pas l’air d’un mauvais bougre, ce garçon, et même si Aaron pouvait se montrer très naïf parfois, il était quasiment persuadé qu’il ne se trompait pas à son sujet. D’ailleurs, Balthus lui proposa que le règlement de sa part de restaurant soit une manière de payer ses services jusqu’au temple de Djose. Le blondinet n’était pas trop sûr qu’il y gagne vraiment au change, mais il avait l’air d’insister alors Aaron accepta d’un « Marché conclu ! » très enthousiaste.

Il restait encore toute l’après-midi et la soirée à s’occuper avant de prendre la route vers Djose, aussi le prêtre proposa-t-il à son futur compagnon de voyage de séparer pour le moment, afin qu’il puisse peut-être vaquer à certaines occupations de son côté. Il lui proposa d’abord de l’amener à l’hôtel où il séjournait actuellement pour qu’ils puissent prendre le petit-déjeuner ensemble le lendemain matin et partir juste après, sans avoir à se chercher à travers la ville. Aaron n’y voyait pas d’inconvénient et se laissa donc traîner jusqu’au dit hôtel, qui n’avait pas la vue sur la mer mais qui ferait largement l’affaire pour y dormir la nuit. Le réceptionniste et Balthus semblait se connaître tous les deux, mais c’est en réalité parce que ce dernier y séjournait déjà depuis plusieurs nuits. Aaron se demandait pourquoi il n’avait pas une maison ou un petit appartement mais deux raisons vinrent probablement expliquer cela : la première est qu’il naviguait souvent entre Kilika et Luca lui avait-il dit, et la seconde est qu’il avait souvent des problèmes d’argent… C’était moins risqué de vivre comme cela, certainement ! Le réceptionniste tendit au prêtre la clef de sa chambre puis celui-ci écouta le petit programme du colosse.

« Très bien, chef ! » Lui répondit-il avec son plus grand sourire. « A demain ! »

Et Balthus partit. Bon, qu’allait-il pouvoir faire, à présent ? Déjà, il remercia le réceptionniste pour la clef et se rendit directement dans sa chambre pour s’y détendre un peu. Il n’avait pas vraiment pu prendre de douche depuis son départ de Bevelle – l’intérieur du bateau était très sommaire – aussi s’offrit-il un petit moment de détente. Il commença d’abord par poser Mokona sur le lit et lui donna le sachet de bonbons qu’Hapi lui avait offert.

« - Tu restes sage, Mokona. D’accord ?
- Puu ! »

Il prit ça pour un « oui » … Le prêtre s’occupa donc de sa toilette et lorsqu’il sortit de la salle de bain, Mokona avait engloutit l’intégralité du sachet et roupillait sur le lit. Il devait être exténué, le pauvre. Aaron décida donc de lui laisser un petit mot sur le bureau de la chambre – en espérant qu’il sache lire ! – et s’absenta quelques minutes pour flâner un peu en ville, histoire de profiter encore de Luca. Mais il ne tarda pas à rentre à l’hôtel et à se reposer lui aussi. Puis, lorsque vint la soirée, il se réveillèrent de leur sieste tous les deux et mangèrent dans un petit restaurant pas très loin de l’hôtel. Cette fois, Mokona avait eu le droit à un repas rien que pour lui ! Ils ne tardèrent finalement pas à rentrer puis à se coucher : Aaron dans le lit un peu trop petit pour lui, et Mokona… sur l’oreiller, juste au-dessus de la tête du prêtre.


*TOC TOC TOC*
« Monsieur ? Le petit-déjeuner est prêt ! »

Le voisin de chambre se mit à gueuler des propos qu’Aaron ne comprit pas vraiment puisqu’il avait un autre petit problème : la peluche dormait entièrement sur son visage et ne bougeait pas. Il dut lui toucher le ventre du doigt dans un petit *pouic* pour qu’il daigne se réveiller.

« - Hiyaaaaa… Mokona a bien dormi ! ~
- Aaron un peu moins… »

Répondit-il, surtout à lui-même car la bestiole s’en fichait, sur un ton endormi et un peu dégoûté, il fallait bien l’avouer. Mais bon, il se remettrait de cette petite nuit plus tard, pour l’instant il fallait qu’il s’habille pour descendre manger le petit-déjeuner. Il enfila sa tenue – il avait dormi en caleçon – tandis que Mokona avait sauté du lit pour rejoindre la salle de bain et faire semblant de se pouponner devant le miroir. Le prêtre rangea un peu la chambre, retira les draps du lit et ouvrit la fenêtre pour aérer – c’était quelqu’un de très soigneux – et prit également son manteau de fourrure car il n’allait probablement pas repasser par là après le repas. Ils descendirent tous les deux au restaurant de l’hôtel et constatèrent qu’il s’agissait d’un buffet. Aaron prit donc un plateau et commença à se servir, sous la direction ferme de la boule de poils, qui lui ordonnait presque de prendre une double ration de chaque chose. Et puisqu’ils ne pouvaient à présent plus rien poser sur le plateau, ils allèrent s’asseoir à table. Balthus ne tarda pas à les rejoindre… et à se faire engueuler par le patron !

« Hahaha ! Vous avez l’air de bien vous entendre, tous les deux ! »

Ricana-t-il lorsque le colosse s’installa à leur table pour déjeuner avec eux. Mokona avait déjà commencé à manger des viennoiseries tandis que le prêtre buvait tranquillement son verre de jus d’orange. Balthus lui posa alors quelques questions à la volée, ce à quoi il prit le temps de répondre.

« Oui ça va, merci bien. Le problème, que nous devons avoir tous les deux, c’est que les lits ne sont généralement pas adaptés à notre taille ! Mais j’ai pu dormir sur mes deux oreilles. » Ou plutôt celles de Mokona, qui avait pris un peu toute la place de l’oreiller ! « Sinon, après votre départ, Mokona a fait une longue sieste et j’en ai profité pour me détendre un peu et visiter encore la ville. J’ignorais qu’il y avait un grand amphithéâtre près du port, à l’architecture très belle ! Et vous, qu'avez-vous fait de votre côté ? »

Il prit ensuite un croissant et laissa le reste à Mokona qui semblait vraiment se régaler avec son petit-déjeuner sucré-salé !

« Oh oui, je suis plus que prêt ! J’imagine qu’il y aura des monstres sur la route ? J’essaierai de ne pas trop nous ralentir, mais sachez que je me défends plutôt bien avec ma magie. »

Alors pourquoi avait-il besoin d’un garde du corps me direz-vous ? Et bien parce qu’un simple mage pouvait vite se faire dépasser par les évènements lors d’un combat contre un groupe de monstre. Et si Balthus était plutôt du genre à cogner avec ses poings, ils allaient faire un sacré duo équilibré !

« Je vois que vous vous êtes bien préparé également, dites-moi. Cette tenue vous va comme un gant ! »

Il n’avait pas lésiné sur les moyens pour remplir son rôle de garde du corps ! Aaron regrettait presque de ne pas être passé par la case armurerie la veille pour prendre une ou deux protections, mais il n’aurait pas forcément eu les moyens non plus, dans tous les cas. Bref, il ne leur restait maintenant plus qu’à finir leur assiette, payer la nuit pour le prêtre, et prendre les voiles !

Aaron gagne 350 gils.

Balthus gagne 350 gils.

Vous passez tous deux au niveau deux.