Lys et Serpent, au lendemain de grisaille

Le fredonnement entêtant d’un air devenu à la mode récemment résonnait dans une des allées sombre de Junon, la ville devenue du jour au lendemain la nouvelle capitale administrative et économique de Gaïa.

« Dadi da da... »

D’un geste expert du bras, l’homme à l’origine de la mélodie termina de rabattre le pan de veste qu’il venait d’enfiler, puis fit tourner le chapeau noir pendant quelques secondes autour du doigt avant de le revisser fermement par-dessus sa chevelure aux accents herbeux. Alors qu’il quittait la ruelle pour rejoindre le pavé de l’artère déjà bien plus fréquentée, il dût interrompre son interprétation lorsque l’alarme sur son téléphone accompagnée de la notification lui rappellent ses obligations.

« Diantre ! Voilà que l’heure approche. Il serait malvenu de la faire attendre... »

Ce faisant, le jeune homme en costume s’empressa de suivre la direction qu’il s’était programmée pour rejoindre sa destination au plus vite et disparut rapidement au travers de la foule.

Il ne fallut donc pas très longtemps pour atteindre son point d’arrivée, à savoir un café logé entre deux autres bâtiments plus imposants de premier abord. En ouvrant la porte de l’établissement, il remarqua tout de suite la silhouette de la personne qu’il était venu rencontrer, en train de boire à une table à l’écart.

Sans attendre d’être pris en charge par le personnel de salle, l’homme ôta son chapeau et s’avança en direction de celle à qui il avait donné rendez-vous.

« Formidable ! Ah, bonjour. Bonjour à vous, Mademoiselle Hunter. J’ose espérer que vous n’avez pas attendu trop longtemps. Lorsque le département de sécurité publique nous a envoyé votre dossier en réponse à nos sollicitations, j’ai tout de suite su que vous seriez du genre à prendre les devants. Je n’imaginais cependant pas vous voir arriver aussi rapidement compte tenu du fait que nous avons dû vous faire venir de Midgar, si je ne m’abuse. Le voyage s’est bien passé ? Vous n’avez pas eu trop de mal à trouver l’adresse ? Cet endroit est un de mes favoris, ils sont capables de concocter des omelettes... hmmm, vraiment exquises. Je ne peux que vous les recommander pour un petit-déjeuner de qualité supérieure. »

Son débit de parole effréné sembla décontenancer la jeune femme, qui le regardait avec des yeux ronds en continuant de siroter son breuvage. Retirant son couvre-chef, il n’attendit pas l’invitation pour s’asseoir.

« Ma foi, ma bien bonne foi. Vous aurais-je quelque peu intimidé ? Ha ha ! Je plaisante, bien sûr. Inutile de rester à cran, après tout vous avez déjà probablement passé commande à en juger par le verre que vous avez entre les mains. Bien ! Une nouvelle fois, enchanté de faire votre connaissance. Vous pouvez m’appeler Hazama. »

Alors que je poussai la porte pour rentrer à l'intérieur, un mélange de café et de renfermé vint effleurer mes narines. La luminosité était bien plus faible ici qu’à l’extérieur et je dus plisser les yeux pour m’y habituer. C’était donc ici que m’avait donné rendez-vous ce contact pour ma nouvelle mission. A vrai dire, j’avais un peu le trac de reprendre le travail… Ces vacances m’avaient permis de prendre énormément de recul sur tous les événements récents dans ma vie, et notamment sur mon engagement envers la Néo-ShinRa. Je ne m’étais toujours pas remise du choc que j’avais ressenti en apprenant que la ShinRa était, à l’époque, responsable de la destruction du secteur 7. Je me sentais tellement… idiote d’avoir pu croire pendant tout ce temps les dires de la ShinRa ! Idiote et honteuse.

Secouant la tête pour chasser ces pensées de mon esprit, je scrutai rapidement les environs afin de voir si mon contact était déjà là ou non. J’avais un peu d’avance mais j’ignorais à qui j’avais à faire, aussi préférais-je venir un peu plus tôt pour faire bonne figure. Visiblement, personne ne semblait avoir remarqué ma présence, du moins personne n’avait agité les bras pour me faire signe de venir le rejoindre. Cela voulait donc dire que j’étais la première – ou qu’il n’était pas du genre à gesticuler les bras dans tous les sens pour se faire remarquer ! Je me dirigeai donc vers le bar et commandai un verre d’eau. Une fois le breuvage en ma possession, je pris place à une table un peu à l’écart pour que l’on soit tranquille pour discuter. D’ailleurs, la porte du café ne tarda pas à s’ouvrir à nouveau pour laisser entrer une silhouette assez atypique.

L’homme, assez élégamment habillé, retira son couvre-chef et laissa paraître sa chevelure verdoyante. C’était bien la première fois que je voyais cette couleur de cheveux, mais je n’en étais pas surprise pour autant car cela semblait lui correspondre assez bien. Son regard croisa le mien et pour je ne sais quelle raison, il dût conclure que j’étais la personne qu’il cherchait puisqu’il se dirigea aussitôt vers moi. Au fur et à mesure qu’il approchait, j’esquissai un léger sourire pour me montrer un minimum avenante, et ce fut sur un ton enjoué qu’il prit la parole… Et quel débit ! J’avais à peine le temps de répondre à ses questions qu’il repartait déjà sur autre chose. Je crois qu’il s’est aperçu de mon étonnement car il s’en est amusé juste après, tout en s’asseyant. C’est alors qu’il me donna enfin son nom : Hazama.

« Enchantée monsieur Hazama, lançai-je avec un petit rire gêné. Lily Hunter, même si vous semblez déjà connaître mon nom. Je dois dire que vous êtes plutôt bien renseigné sur ma personne. »

J’avais dit cela avec le sourire pour ne pas paraître inquisitrice. C’était assez étonnant qu’il en sache autant sur mes récentes activités d’ailleurs, mais je suppose que je devais cela au département de sécurité publique. Une des standardistes là-bas était une vraie pipelette, toujours à raconter des ragots au premier venu. Si ça se trouve, elle lui avait raconté d’autres trucs sur moi … ? Je râclai ma gorge pour éviter d’y penser et surtout, pour reprendre le fil de la conversation.

« Hum, je me suis permise de prendre un verre à boire, n’hésitez surtout pas à commander quelque chose si vous en avez l’envie. Simple politesse. Je repris rapidement. Alors dites-moi, monsieur Hazama. Que puis-je faire pour vous ? »

« Mais je vous en prie, vous êtes parfaitement libre de vous désaltérer. N’ayez pas non plus peur de prendre vos aises avec moi, j’ose espérer que nos échanges ne s’arrêteront pas à cette seule entrevue. »

Hazama lui-même pris la liberté de desserrer le nœud de cravate qu’il avait autour du cou, puis sorti un livret relié en cuir d’une des poches de sa veste, retraçant les notes qui avaient pu y être inscrites en prévision de cet entretien.

« Pour en revenir à ce qui nous amène ici, il est certain qu’avec un dossier aussi bien renseigné que le vôtre, il est difficile de passer à côté des éléments essentiels de votre carrière. N’a pas pu remplir les critères d’admission pour le SOLDAT, s’est donc dirigée vers la Département de Sûreté Publique pour y faire un passage bref jusqu’à ce que ce cher Météore ne fasse voler en éclats les espoirs d’une carrière sans aucun doute très prometteuse... Je pense pouvoir dire sans me tromper que, compte tenu de la situation dans laquelle notre monde se trouve, vous pouvez vous estimer heureuse de ne pas être de ces pauvres hères pour qui la cure de désintoxication s’est vue prescrite... Votre dossier est resté bien au chaud à vous attendre dans les serveurs encore intacts de la Shinra avant que celle-ci ne fasse officiellement son grand retour et à votre arrivée à Deling City dans le cadre de l’installation de votre sœur dans la région, un des agents de la branche locale a pris sur lui de vous proposer une opportunité. Vous saviez d’ailleurs qu’il s’est fait réprimander pour ça ? Le pauvre bougre a certes voulu bien faire et il a eu de la chance que vous ayez appartenu à l’organisation autrefois mais je peux vous dire qu’il s’est fait passer un sacré savon ! Ha ha ! Quelle histoire, vraiment ! Enfin, bref, la suite nous la connaissons tous les deux. Vous avez fait votre petit bonhomme de chemin et après une permission bien méritée pour vous aider à décompresser de votre dernière affectation, il a bien fallu que l’on vous trouve de quoi rempiler en douceur. Jusqu’ici, je dois normalement avoir tout bon... »

Son léger sourire en coin n’évoquait pas exactement de la sympathie malgré les quelques traits d’esprit qu’il avait tenté de glisser dans sa retranscription des infos vraisemblablement inscrite sur les pages de son carnet et il reprit la discussion comme si de rien n’était.

« En résumé, vous êtes on ne peut plus qualifiée pour n’importe quel type de travail que la Shinra pourrait vouloir vous confier... Ce qui nous amène donc à la raison qui m’a poussé à vous rencontrer. Je représente donc la société de production de jeunes talents appelée Edge of Tomorrow, basée ici à Junon. »

Il déposa une brochure sur une coin de la table, comme pour signifier que Lily était libre de la consulter plus tard si elle le souhaitait.

« Si je ne m’abuse, votre sœur semble vouloir évoluer dans un domaine similaire donc il est possible que vous ayez déjà pu avoir un aperçu de ce que nous avons pu accomplir. Nous ne nous sommes établis officiellement que depuis l’année dernière mais nous avons déjà été capable d’accompagner un certain nombre d’artistes de tous horizons, ce qui nous a amené à être embauchés par votre employeur pour leur permettre de redorer leur blason auprès du grand public. L’ide nous a donc été proposé de mettre à profit les ressources qui nous étaient accordées pour élargir notre champ d’action à l’ensemble d’Héméra. »

Il profita du temps que lui laissait le nombre d’information à digérer faire signe à l’une des serveuses du café de lui apporter de quoi se rassasier, commandant donc une des fameuses omelettes qu’il avait encensées un peu plus tôt, ainsi qu’une tasse de café au lait. Une fois le personnel de salle reparti, il se retourna vers la jeune femme aux cheveux noirs.

« Il est donc d’abord question de nous assurer que nous avons les moyens d’organiser nos activités hors de Gaïa, ce qui implique donc d’assurer la sécurité de nos éléments en dehors des frontières. En tant qu’opérateur, vous avez donc déjà pu expérimenter les conditions dans lesquelles se déroulent ce genre de voyage. Dans un premier temps, je pense qu’il est plus judicieux de vous demander si vous seriez prête à assurer la sécurité pour l’un de nos talents sur un évènement local. Par la suite, vous pourriez être amenée à nous assister dans des déplacements extracontinentaux ou former du personnel de sécurité supplémentaire, selon ce que nous serions amenés à négocier comme type de contrat. Qu’en dites-vous ? »

Tandis qu’il attendait une réponse de la part de Lily, son regard pourtant difficilement perceptible à cause de sa manière de plisser les paupières donna l’impression de se perdre en direction des cuisines, très certainement impatient de voir débarquer sa commande.

Cet entretien d’embauche était assez particulier, je devais bien l’avouer. D’abord parce que je n’en avais jamais fait dans un endroit aussi neutre que celui-ci – non pas que la simplicité me déplaise, bien au contraire – mais aussi parce que mon interlocuteur n’avait rien à voir avec ces gars des Ressources Humaines que l’on pouvait croiser dans les locaux de la Néo-ShinRa. Physiquement, cet « Hazama » donnait bonne figure dans son costume, même si le fait de desserrer son nœud de cravate pour être plus à l’aise rendait ce rendez-vous un poil moins formel. Mais c’était sans compter son débit de parole trèèèèès important ! Lorsqu’il ouvrait la bouche, les mots sortaient mais ne s’arrêtaient plus ! Non pas que ça me déplaise, au contraire, cela m’évitait d’avoir à meubler la conversation. Mais c’était assez déroutant au premier abord.

Je bus une gorgée de mon verre d’eau alors que je le regardai sortir un petit carnet de sa veste. Il semblait lire quelques lignes des notes qui y étaient inscrites avant de poursuivre la conversation en dévoilant de nombreuses informations à mon sujet. Clairement, il avait récupéré toutes les informations possibles et imaginables qu’il avait pu trouver à la Néo-ShinRa, et semblait énumérer l’intégralité de mon CV. Je fronçai un peu les sourcils à mesure qu’il passait au crible ma vie professionnelle et privée, notamment lorsqu’il fit mention de ma sœur. Cela n’était pas utile de se montrer parano mais je devais reconnaître que les informations détenues par la Néo-ShinRa à mon égard étaient étonnamment complètes, à la limite de la violation de vie privée. Meh, il n’y a pas de quoi être surpris, non ? On parle de la Néo-ShinRa, après tout.

« Vous avez les grandes lignes, en effet. »

C’était une manière d’acquiescer ses dires sans pour autant chercher à développer certains points. Là n’était pas le but de cet entretien. Hazama en vint par ailleurs à expliquer la raison de cette rencontre en déposant une brochure sur la table. Il travaillait pour une compagnie musicale spécialisée dans le recrutement de jeunes artistes, « Edge of Tomorrow », et alors qu’il m’expliquait concrètement les projets de son entreprise, je pris la brochure pour y jeter un coup d’œil rapide.

« Oui, il est possible que ma sœur ait déjà mentionné le nom de votre société au cours d’une conversation… Donc, qu’attendriez-vous de moi au juste ? »

Après avoir passé commande auprès de la serveuse, il répondit aussi vite à ma question. En gros, ce qu’il me proposait, c’était de devenir le garde du corps d’un ou d’une chanteuse afin d’assurer que ses déplacements se passent sans encombre. Il est vrai que le monde extérieur est assez dangereux, avec les monstres qui rôdent ici et là, mais il existe des moyens de contourner cela, non ? Comme prendre le train ou le bateau ?

« Donc mon rôle serait simplement de protéger un ou plusieurs membres de votre compagnie, qu’il s’agisse d’employés ou d’artistes, lors de leurs divers déplacements. C’est bien ça ? »

Il avait également mentionné la possibilité de former du personnel de sécurité, ce qui offrait en soi une petite perspective d’évolution non négligeable. A vrai dire, je ne savais pas trop quoi penser de cette proposition. Je suis plutôt un soldat de terrain, qui enquête, qui bouge beaucoup et qui combat. Je n’étais pas certaine que ce travail dans le milieu artistique me convienne vraiment… Mais hé, après tout, j’avais bien besoin d’un peu de changement après tout ce qu’il m’était arrivé ces derniers temps, non ? Et au moins, cela m’évitera d’être encore une fois le toutou de la Néo-ShinRa ! Et puis, il faut bien mettre du beurre dans les épinards.

« De quel type de contrat parlons-nous ? Disons que je suis intéressée, pourriez-vous m’expliquer un peu plus en détail la première partie de ma mission ? Qui devrai-je escorter et jusqu’où ? » J’essayais de diriger un peu mes questions pour obtenir un peu plus d’infos. « Ah, et sachez également que je suis disponible dès à présent, si cela peut vous être utile de le savoir. »

On ne sait jamais ?

« For-mi-dable ! Formidable, vraiment ! Une nouvelle des plus réjouissantes. Une fois notre… Mgh… Il prit le temps de terminer de mâcher puis d’avaler sa bouchée d’omelette avant de continuer sa tirade. Je veux dire, mon repas terminé, rendons-nous aux locaux de l’agence pour que vous puissiez faire un peu le tour du propriétaire et ce sera justement l’occasion de faire les présentations avec nos talents et toute notre petite entreprise. Quant au reste, je vous demanderais de patienter que nous soyons moins exposés, je m’en voudrais de faire courir des rumeurs qui seraient susceptibles de dégrader la réputation de nos futurs nombreux collaborateurs. »

Ce faisant, Hazama termina son assiette dans un calme olympien malgré le regard insistant de la jeune femme assise en face de lui.

Après avoir réglé la note pour les deux et remercié le personnel pour leur service, il invita Lily à sortir du café.

« Hmm ! Je ne me lasse pas de cette légère brise maritime. Le front de mer en ce début de saison a la chance d’être encore agréable à parcourir par un soleil comme celui d’aujourd’hui, vous n’êtes pas d’accord ? Enfin, je ne vous en voudrais pas si vous me répondez que ce n’est pas votre tasse de thé. Par ici, nos bureaux sont à seulement quelques pas d’où nous nous trouvons. »

Les quelques pas décrits par le jeune homme en costume furent effectivement l’affaire de seulement quelques minutes à travers les rues de la capitale par intérim de Gaïa, au cours desquelles ils croisèrent un attroupement qui s’était formé sur un des trottoirs adjacents à celui sur lequel ils marchaient, devant une ruelle qui menaient vers les quartiers d’où ils venaient. Les bribes de conversations qu’ils purent être amenés à capter faisaient état de ce qui ressemblait à une altercation ayant dégénéré, les blessés ayant été évacués quelques minutes auparavant par les services d’urgence.

« Junon est une ville sûre, habituellement, mais c’est justement ce genre d’incident qui nous a suggéré de renforcer nos effectifs. Avançons, nous sommes presque arrivés. »

Quelques intersections et une centaine de mètres en ligne droite plus tard, ils arrivèrent enfin devant le bâtiment promis, un immeuble à la façade visiblement toute juste rénovée. La présence seule d’une plaque montée à côté de la porte du hall d’entrée faisait état de la mention « Edge of Tomorrow » en caractère simples.

« Ne vous étonnez pas de voir du désordre lorsque vous entrerez, notre installation n’est pas encore totalement finie. Il faut dire que nos employeurs ont quelque peu tardé avant de nous trouver nos nouveaux locaux, le déménagement vient donc d’avoir lieux il y a à peine quelques jours. Nous leur avions bien signifié que nous étions disposés à continuer d’opérer depuis les bureaux dont nous disposions jusqu’à il y a peu mais ils ont insisté pour qu’un transfert soit effectué dans un immeuble plus récent. »

Les cartons déposés à l’entrée ne laissaient effectivement planer aucun doute quant à la situation des lieux mais comme l’avait mentionné Hazama, l’intérieur portait la trace des travaux de restauration et d’aménagement récent. L’atmosphère devait encore nécessiter quelques arrangements pour véritablement offrir un accueil digne d’une agence de talents mais contrairement à ce que la Shinra pouvait afficher à une époque, on était bien loin de l’ambiance pompeuse ou fanfaronne du siège de la multi corporation de Midgar.

Ils empruntèrent un escalier et en ouvrant la porte donnant sur l’étage, l’homme au chapeau s’exclama :
« Me revoici ! Devinez qui je nous amène ?
-Déjà de retour, Hazama ? Et avec qui je pense que c’est ? »

La voix qui avait répondu appartenait à la figure androgyne qui apparut dans l’encadrement de porte d’une des pièces adjacentes, pièces de tissu et nécessaires de coutures entre les mains. Ses cheveux mi-longs d’un noir d’encre et ses yeux couleur améthyste renvoyaient l’image très à propos d’un modèle professionnel.

« Notre responsable de la sécurité en devenir, j’ai de bonne raisons de le penser. Mari est là ?
-Pas encore, malheureusement. Elle a laissé un message pour dire qu’elles seront un peu en retard, le bateau n’avait pas encore atteint le port.
-Je vais nous installer dans ce qui me sert de bureau. Si j’y suis encore quand elles arrivent, dis-leur qu’elles pourront nous y rejoindre dès qu’elles auront déposé leurs affaires.
-Ça marche. Ravi de faire ta connaissance, au fait. Je suis Lukas. Au plaisir de se revoir très vite. »

Une dizaine de pas plus loin les amenèrent dans la pièce désignée pour poursuivre l’entretien, là encore dépourvue d’une touche de personnalisation propre à l’individu qui l’occupait, à part quelques ouvrages de référence et deux trois magazines sur le monde du show-bizz posés sur une table basse.

« Bien bien bien ! Je vais pouvoir répondre à quelques-unes de vos questions en suspens, le reste viendra tout naturellement. Comme j’ai pu le mentionner tout à l’heure, l’initiative prise par la Néo-Shinra est d’étendre sa sphère d’influence à l’internationale. La course de Chocobo leur a permis de proposer un spectacle très impressionnant mais il s’agissait avant tout d’un évènement de communication. Ils ont donc jugé nécessaire de s’organiser à un niveau de proximité plus important. Cela passe donc aussi bien par l’organisation de concerts, de festivals et autres cérémonies plus parlantes auprès de la majorité de la population. Et c’est donc à nous de jouer pour leur trouver les perles rares qui sauront… hem, ‘‘offrir le réconfort et l’espoir des nouveaux lendemains aux quatre coins d’Héméra’’. Ce qui implique donc d’aller prospecter les régions du globe où se trouve les jeunes artistes qui n’ont pas tout à fait les moyens d’exprimer leurs talents. Lorsque ce sera fait, il nous faudra les aider à cultiver leur art et les accompagner dans leur parcours au sein du milieu. Pour vous, cela implique donc de m’accompagner lors de mes campagnes de recherche à l’extérieur dans un premier temps. Ensuite, je vous demanderai d’abord d’assurer en priorité la sécurité des talents et dans une moindre mesure, d’assister dans la formation aux techniques d’auto-défense de ceux qui sont moins coutumiers de l’usage des armes. Dans un monde comme le nôtre et par les temps qui courent, j’estime que tout un chacun doit être capables de disposer de fondations solides pour se défendre lorsque nous ne sommes pas là, notamment tant que nos effectifs ne nous permettent pas de nous éparpiller sur plusieurs continents à la fois. Vous serez donc assignée sur des missions d’abord ponctuelles mais que j’espère rapidement dépendre d’un calendrier précis. Voilà pour l’essentiel. J’espère que ça vous satisfera pour commencer. »

Mes questions sur le poste semblaient le rassurer, aussi finit-il son repas en étant bien plus enjoué qu’il ne l’était au départ. Je n’avais pas encore dit « oui » qu’il prenait déjà mes propos comme argent comptant. Cela dit, même moi, je savais qu’au bout du compte, j’allais accepter sa proposition… Le travail qu’il me proposait avait l’air plutôt simple et assez différent de ce que j’avais pu faire pour la Néo-ShinRa par le passé. Cela allait me permettre de laisser un peu le passé derrière moi.

Hazama paya la note pour nous deux – mon verre ne dût pas lui coûter trop cher – puis m’invita à sortir du café et à le suivre. Au fur et à mesure que l’on marchait dans les rues de Junon, j’avais le droit à ses petits commentaires ici et là. Je commençais à m’y habituer d’ailleurs. Nous croisâmes un attroupement de foule au détour d’une rue suite, semblait-il, à une altercation. Cela n’avait malheureusement rien d’anormal dans une grande ville comme celle-ci, mais Hazama tint à me rassurer tout en expliquant également que ce genre d’incivilité était à l’origine notamment de leur recherche de gardes du corps. Cela pouvait se comprendre.

Nous arrivâmes finalement à destination : le siège de l’agence « Edge of Tomorrow ». La façade du bâtiment semblait récemment rénovée mais gardait toutefois une sobriété mesurée. Cependant, l’intérieur était encore en cours de rénovation, mais je ne pouvais pas dire qu’il ne m’avait pas prévenue juste avant. Je le suivis jusqu’à l’étage où nous pénétrâmes dans une pièce qui en desservait plusieurs autres. Il annonça notre présence à une personne qui surgit d’une autre pièce justement pour parler commodités avec Hazama. Cet homme se présenta sous le nom de Lukas et semblait être couturier – à en juger par la paire de ciseaux et le morceau de tissu qu’il tenait dans les mains.

« Enchantée, moi c’est Lily. »

Je le saluai d’un signe de main plutôt timide tandis que Hazama me fit signe de le suivre dans son bureau. Lukas repartit donc vaquer à ses occupations et moi, je me préparai à subir une nouvelle salve d’informations comme mon interlocuteur en avait le secret. Mais je devais avouer que pour la première fois, son monologue était clair et concis, en allant droit au but tout en ne manquant pas d’étoffer les informations là où il faut.

« C’est parfait, et je vous remercie pour vos éclaircissements. » D’un mouvement léger de la main droite, je replaçai mes cheveux derrière mon oreille avant de croiser les bras sous ma poitrine. « Je devrai donc vous accompagner dans un premier temps. Pardonnez ma question mais, connaissez-vous quelques bases d’auto-défense ? »

De premier abord, Hazama n’avait pas l’air d’un combattant chevronné. Mais comme l’habit ne fait pas le moine, je pouvais me tromper. Et ce n’était pas vraiment la même chose de l’épauler en combat ou au contraire de surveiller nos arrières tout en sécurisant les devants.

« Aussi, cette première mission de recherche me semble assez longue. Prospecter toutes les régions du globe ? Cela pourra prendre des mois, voire plus ! Vous avez déjà quelques pistes ? »

Je n’avais pas parcouru tout Héméra mais je connaissais quelques villes où des artistes pouvaient se trouver, et où la communication pourrait se faire plus rapidement pour leur faire connaître « Edge of Tomorrow ». En revanche, dans des régions moins évoluées comme sur Héra par exemple, cela risquait de prendre un peu plus de temps… Mais peut-être que Hazama avait d’ores et déjà un plan de prévu – sans doute d’ailleurs.

« Oh ! Tant que j’y pense… Si je dois signer quelque part, je tiens à poser une seule condition : vous me laissez mon libre-arbitre. » Mon regard se voulut plus dur. Je tenais à ne pas me retrouver à nouveau enchaînée comme j’avais pu l’être par le passé par la Néo-ShinRa. « Lorsque je vous accompagnerai au cours de vos recherches de talents, vous ne me verrez pas comme votre simple garde du corps mais comme un compagnon d’arme, avec mes propres décisions et mon franc-parler. Bien sûr, je tiendrai mes engagements contractuels jusqu’à la fin de la mission. Mais pour n’importe quelle autre demande qui sortirait ne serait-ce qu’un peu de ce cadre, je veux pouvoir avoir mon mot à dire. » Je relâchai à présent la tension qui pouvait se lire sur mon visage. « Bien. Si tout cela vous convient, je suis prête à accepter votre proposition. »

Nous n’avions pas parlé de salaire mais de toute façon, ça ne pouvait pas être pire qu’avant où j’étais payée au lance-pierre…

Assise sur le canapé jumeau de celui qu’occupait son hôte, la jeune femme semblait avoir été attentive tout le long des explications d’Hazama, ce qui lui permit de rebondir très rapidement sur les points qui lui paraissaient essentiels pour le bon déroulement des missions qu’il avait évoqué, le premier étant de savoir à quel niveau de pratique martiale il s’évaluait. S’il ne parut pas particulièrement surpris par la question compte tenu de la profession sous laquelle il s’était introduit plus tôt, Hazama eut bien du mal à dissimuler le léger sourire en coin qui était apparu sur son visage tandis qu’il donna sa réponse :
« Il serait bien malvenu de ma part de prêcher des maximes que je n’applique pas moi-même. Soyez donc rassurée. Bien que je n’apprécie guère l’usage de la violence, je suis en mesure de me mesurer à la plupart des dangers que nous sommes susceptibles de rencontrer lors de nos périples. A vrai dire, lorsque la situation l’exigeait, j’ai moi-même dû m’occuper du service d’ordre pour certains évènements auxquels nos premiers talents participaient. Bien souvent, il ne s’agissait pas seulement du simple fan un peu trop tactile, si vous voyez ce que je veux dire. »

Un euphémisme certain pour communiquer à son interlocutrice une certaine confiance dans ses capacités.

« N’allons pas trop vite en besogne, cependant. Comme je vous le disais plus tôt, je souhaiterais que vous commenciez par faire vos preuves auprès de nous en participant à un évènement sur Junon. Une fois seulement que nous saurons comment vous vous sentez pour l’accompagnement de courte durée, nous pourrons alors envisager de vous éloigner de notre zone de confort commune. Vous comprendrez donc que je vous demande de patienter avant que je ne vous informe des plans de l’agence pour nos potentiels futurs candidats.

S’il n’était probablement pas en train de remettre en cause les compétences de Lily, il ne faisait aucun doute que la couche de confidentialité qu’il tentait de maintenir à ce stade de l’entretien pouvait la rebuter. Il tenta donc de la rassurer en fournissant immédiatement la réponse à sa dernière exigence.

« Il va de soi que vous serez libre d’opérer comme bon vous semble lors de nous déplacements. Je ne vous demanderais qu’une chose : nos talents sont ce qu’il y a de plus important pour nous. Aussi, peu importe ce qu’il pourrait m’arriver en tant que Manager, vous devrez faire passer l’artiste dont vous aurez la charge et son bien-être avant tout le reste. Cela inclus donc autant leur état physique que mental et, bien évidemment, la réputation qu’ils ont construit auprès du grand public. Je ne vous demanderais pas non plus de vous mettre inutilement en danger ou obéir à des demandes déraisonnables qui seraient susceptibles de vous causer du tort mais gardez bien en tête que vous serez bien souvent amenée à encaisser la plupart des coups qui surviendront dans notre direction au sens propre comme au figuré.

La jeune femme fit savoir qu’à moins de voir ses conditions unilatéralement refusées, elle était disposée à se lancer dans l’aventure, ce qui ne manqua pas de provoquer une vive réaction de la part d’Hazama, celui-ci tapotant la paume de ses mains partiellemnt gantelées avant de s’exclamer :
« Vous savoir aussi motivée est plus que réjouissant, vraiment ! Je vais donc me permettre de vous retourner la question : si nos conditions vous conviennent toujours au terme de la mise en pratique qui vous attends dans les jours à venir, nous serions ravis de pouvoir vous accueillir au sein de notre petite structure ! »

Les bruits d’agitation provenant de l’espace à l’extérieur du « bureau » amenèrent l’entretien en tête-à-tête à se conclure et Hazama se leva et ouvrit la porte donnant sur le hall en déclarant :
« Le timing est parfaitement merveilleux ! Nous allons pouvoir faire les présentations !
-Hé là, du calme ! Moi aussi, je suis contente de te voir. lui répondit-on de l’extérieur. Epargne-nous juste tes envolées lyriques le temps qu’on finisse de poser nous affaires.
-Ha ha ha ! Mes plus plates excuses, ma chère. Simplement, vous n’êtes pas les seules à apporter la bonne nouvelle ! Vous en avez encore pour à peu près combien de temps ?
-On a presque terminé, c’est l’affaire de quelques minutes.
-Ma foi, je peux bien t’accorder le temps de souffler. Préviens-moi quand on peut venir. »

Les épaules basses, Hazama referma la porte avant de venir se rasseoir dans le sofa qu’il avait précédemment occupé pour mener l’entretien.

« Navré de m’être emporté de la sorte, je me doute que vous seriez bien passée d’assister à cela. Tant que j’y pense, comment vous accommodez-vous durant cette étape sur Junon ? Vous êtes-vous trouvé une chambre où loger ? »

Cet entretien semblait vraisemblablement toucher à sa fin. Effectivement, j’avais exposé mes conditions et Hazama en avait fait tout autant. Le job ne me semblait pas si désastreux que cela, bien au contraire. Il allait me permettre d’oublier un peu le précédent boulot où, avec mon ancien acolyte Alvin, nous avions dû traquer la piste d’une pauvre enfant dans l’optique de lui subtiliser son orbe – dans les grosses lignes. Autant dire que là, parcourir Héméra à la recherche de talents artistiques et créatifs n’avait sensiblement rien à voir !

Hazama savait donc se défendre. C’était donc une bonne chose que de savoir que je n’allais pas avoir à le protéger lui aussi en plus de ma propre personne, ou d’un artiste que nous devrions escorter. Comme j’aurais dû m’en douter, son apparence était bien trompeuse car derrière ses manières et sa logorrhée imbuvable, je n’aurais jamais pensé qu’il serait aussi à l’aise en combat. Bah, peut-être qu’un jour j’aurais l’occasion de le constater en vrai.

Bref, mes conditions étaient donc posées et les siennes également, et nous avions l’air d’être entrés sur un terrain d’entente qui scellerait cette future union. Il allait encore me falloir passer quelques tests au cours des prochains jours mais c’était plutôt bien parti ! Du bruit ne tarda pas à se faire entendre à l’extérieur du bureau ce qui amena Hazama à se lever pour aller voir. De là où j’étais, je ne voyais pas la personne avec qui il parlait mais cela semblait être une femme qui venait visiblement d’arriver à l’agence et qui avait besoin de quelques minutes pour se préparer. Je fis ma curieuse non dissimulée lorsqu’il revint s’asseoir.

« Qui était-ce ? Si ce n’est pas indiscret… »

Je me doutai bien que la réponse ne tarderait certainement pas à venir d’elle-même mais cela ne coûtait rien de prendre les devants. Il s’excusa par ailleurs pour ce que je venais d’entendre – même s’il n’avait pas besoin de s’excuser selon moi – avant de me demander si j’avais un logement sur Junon.

« Je dors dans un hôtel par très loin d’ici. Je suis arrivée hier soir de Midgar. »

Je revenais de chez ma mère pour être exact, là où j’avais passé ces dernières semaines en vacances. Oh, j’aurais très bien pu loger à la Néo-ShinRa à Junon, ils avaient des chambres à disposition pour leur personnel s’ils le souhaitaient. Mais je préférais encore payer mes nuits d’hôtel plutôt que de m’enfermer là-bas. Un léger frisson me parcourut le corps ce qui me sortit de mes pensées.

« Dites-moi, combien de personnes travaillent pour Edge of Tomorrow ? Mis à part vous et ce Lukas que nous avons rencontré tout à l’heure. »

La mystérieuse femme que nous nous apprêtions à voir faisait peut-être également partie de l’entreprise, ou bien était-elle une artiste. L’avenir me l’apprendrai bien assez tôt. Mais pour le moment, je n’avais pas l’impression qu’il y ait plus de personnes d’impliquées dans cette boîte. Après, il s’agissait de leurs nouveaux locaux ici, peut-être que tout le monde n’avait pas encore pris le temps de poser leurs bagages à l’agence de Junon ?

Hazama retira son chapeau pour en épousseter les bords tandis qu’il recevait la réponse à la question qu’il avait posé plus tôt.

« Vous m’en voyez rassuré, je craignais que ce ne soit pas encore le cas du fait que ma demande de rendez-vous n’ait été approuvé moins d’une semaine avant. »

La curiosité de la jeune femme se manifesta ensuite par plusieurs questions concernant la scène qui venait de se produire sous ses yeux, et de manière plus générale, ce qui l’attendait dans les effectifs de l’agence.

« Je pourrais vous le dire mais je ne voudrais pas vous gâcher la surprise. Je vais vous demander de patienter encore quelques instants. Profitez-en donc pour revoir votre introduction. »

Tandis que les bruits en provenance du couloir diminuaient progressivement, Hazama se leva pour aller ouvrir la fenêtre de son bureau donnant sur la rue par laquelle ils avaient rejoint l’agence. L’on pouvait entendre un léger ronronnement lors du passage des quelques véhicules motorisés parcourant l’avenue mais le bruit des vagues qui remonte depuis la base de la falaise sur laquelle Junon repose restait prédominant.

« On aurait difficilement pu imaginer que notre monde se retrouverait lié à 3 autres du jour au lendemain, pas vrai ? Nous qui pensions que nos problèmes ne pouvaient que nous affecter, devoir composer avec les situations de voisins tout aussi imposants, si ce n’est plus, nous fait prendre conscience de la bêtise avec laquelle ont pu se comporter nos anciens dirigeants. »

La réponse potentielle attendue de Lily n’eut pas le temps d’arriver, car on toqua finalement à la porte pour signaler que tout était prêt et qu’ils pouvaient sortir.

Hazama referma la fenêtre, arrangea les pans de sa veste ainsi que le nœud de sa cravate et attrapa le chapeau qu’il avait déposé sur le dossier du canapé qu’il occupait précédemment avant d’inviter Lily à le suivre.

Ils traversèrent le couloir et entrèrent dans la pièce désignée : une grande salle, très certainement la cuisine-salle-à-manger puisque l’on pouvait voir un frigo, un plan de travail avec un évier, les placards et armoires ainsi que le four à micro-ondes mandataire. Les deux tables et chaises avaient été rassemblées au centre pour y déposer boissons en bouteille et hors-d’œuvre sous film plastique, et une petite banderole où était inscrit un « BIENVENUE » en lettres colorées était accrochée entre les deux lampes installées au plafond.

Plusieurs personnes étaient déjà présentes, inconnues aux yeux de Lily pour la plupart, sauf bien sûr Lukas qui avait abandonné son attirail de couture et se tenait légèrement en retrait, les mains dans les poches de son Jersey.

« Bien, tout le monde est là. On peut donc commencer cette petite sauterie improvisée ! Aujourd’hui, nous accueillons deux…disons plutôt trois nouveaux visages au sein de l’agence et pour cette occasion, il est nécessaire que je fasse un tour de la salle. Commençons par moi, je suis Marianne mais tout le monde ici m’appelle Mari. Je suis la directrice de l’agence et celle en charge de la plupart des projets qui sont lancés. Vous me verrez aussi parfois au studio photo, donc comptez sur moi pour capter votre meilleur profil si l’occasion se présente. »

La femme qui venait d’officiellement introduire les festivités était loin d’afficher l’image que l’on associait au président d’une société mais bien plus de la photographe amateure à laquelle elle semble vouloir s’associer, mais le regard confiant et le léger sourire qui apparaissait au coin de ses lèvres communiquaient l’atmosphère rassurante de celle qui était capable de mener à bien les opérations de l’agence.

« Mon tour, mon tour ! Bonjour, bonjour à tous ! s’exclama la personne à côté, un verre remplit presque à raz-bord à la main. Aiha, pour vous servir. Vous me verrez ici bien moins souvent que si vous venez me rendre visite au « Ray Queen’s » de Kalm mais étant donné que c’est moi qui produis et finance la plupart des projets de l’agence, j’aurais mon mot à dire sur un peu tout ce qui se passe ici. Je suis plutôt du genre ouverte donc si vous avez des idées à proposer, faites m’en part et j’y réfléchirais. Voilà, voilà ! La piste vous appartient, maintenant. »

L’aisance pour s’exprimer et le grand sourire duquel elle se paraît dégageaient une énergie que certains pourraient avoir du mal à supporter chez la dénommé Aiha. Le fait qu’elle avait mentionné son rôle de productrice semblait toutefois dénoter un sens des affaires relativement prononcé, surtout lorsque l’on savait à quoi faisait référence le nom de l’établissement qu’elle avait évoqué.

Le jeune homme aux yeux d’un violet profond s’avança à son tour, une main encore dissimulé dans la poche de son blouson, l’autre tenant du bout des doigts le verre d’eau à moitié vide.

« Moi, c’est Lukas. Je suis chargé des costumes de scène, des tenues et accessoires qui sont utilisés lors des gros évènements. Je suis quasiment tout le temps dans mon atelier, de l’autre côté du couloir. Je pense avoir dit le plus important donc si ça ne vous dérange pas, je pense que je vais m’arrêter là. »

Malgré son manque d’engouement pour les présentations, Lukas n’avait pas démontré de véritable aversion envers l’exercice dans ses expressions faciales ou sa gestuelle, mais plutôt d’une sorte de gêne globale à l’encontre de l’assemblée. A part quelques brefs coups d’œil rapides vers certaines personnes, on eut dit qu’il partit se perdre dans ses pensées dès l’instant où l’attention avait cessé de se porter sur lui.

Marianne balaya la salle du regard et à la suite d’un échange de regard entre elle et Hazama, se tourna vers l’homme le plus âgé de l’assemblée.

« Docteur ? Est-ce que ça vous convient si je me charge de vous présenter ? Si vous souhaitez le faire vous-même, je vous en prie. »

L’intéressé haussa légèrement un sourcil en entendant la proposition mais après une concertation silencieuse avec l’adolescente à ses côtés, il parût se ressaisir et se décida par commencer en s’éclaircissant la voix :
« Ahem… Bien, euh… Bonjour à tous. Je suis le docteur Sakaki et voici ma fille, Aya. Nous venons tous les deux du Wutaï. A partir d’aujourd’hui, je serais le médecin exclusif de votre agence.
-Bon- bonjour à tout le monde. Je suis Aya Sakaki et j’ai 17 ans. C’est un honneur pour moi de compter parmi vos effectifs en tant qu’artiste professionnelle. Je ferais de mon mieux pour répondre à vos attentes. »

L’homme à la tenue d’un style ouvertement oriental se tenait fièrement aux côtés de sa fille, habillée quant à elle d’un ensemble urbain typique de Junon flambant neuf, comme sortant à l'instant des rayons du magasin où elle l'avait trouvé. Loin d’être intimidée en présence de tout ces nouveaux visages, Aya observait avec attention tout ce qu’il se passait, prenant tout de même soin de ne pas fixer trop longtemps chaque individu de peur qu’on lui en tienne rigueur.

Hazama s’avança enfin, retirant une nouvelle fois son chapeau pour le placer devant sa poitrine.

« Je suppose que je vais donc pouvoir conclure notre tour de table et ouvrir officiellement les festivités. Mes salutations les plus sincères, ainsi que mes félicitations les plus chaleureuses. Je me nomme Hazama, manager pour notre fière agence de talent. J’aurais la charge d’accompagner nos nouveaux talents, de les conseiller mais surtout de veiller à ce que leur bien-être soit préservé. Dans ce cadre, j’ai donc sollicité les services de mademoiselle Lily Hunter ici présente, qui m’assistera dans l’accompagnement et la protection de nos artistes. Nous pourrons discuter de tout ce que cela implique ultérieurement mais en attendant, c’est un plaisir que de pouvoir collaborer avec vous dès à présent. »

Sa tirade terminée, le jeune homme invita celle qu’il avait décidé d’introduire à rebondir sur ses paroles d’un mouvement de la tête.

Plus d'informations sur les personnages introduits consultables sur le profil de Hazama

Hazama semblait réellement excité à l’idée de me présenter toute l’équipe de l’agence, si bien que la femme qui venait d’arriver avait dû lui demander de se calmer un peu et de les laisser s’installer quelques minutes avant d’engager les présentations. Cela ne faisait que quelques heures à peine que j’avait rencontré cet homme mais je commençais légèrement à cerner le personnage. Il était plutôt excentrique dans sa manière de s’exprimer, très bavard aussi mais jamais pour ne rien dire. On pouvait dire également qu’il semblait un peu tout seul dans son univers mais hé, ne l’étions-nous pas un peu tous à notre façon ? Je me montrais plutôt sérieuse pour le moment mais je me souviens avoir eu des moments particulièrement loufoques avec Alvin par le passé… Et puis, je partais du principe qu’il ne faut jamais juger un livre à sa couverture, et cet Hazama semble correspondre à ce genre d’ouvrage qui ne révèle pas tous ses secrets dans les premières pages.

Mon interlocuteur décida de se lever et d'ouvrir la fenêtre pour patienter un peu, le temps que les autres personnes ne soient prêtes à nous recevoir. Il semblait un peu plus songeur en observant la mer, c'était d'ailleurs la première fois que je le voyais aussi sérieux... Je mentirais si je disais que ses propos ne m'avaient pas touchée.

« En effet... Mais cela n'est peut-être pas une si mauvaise chose au fond. Nous étions tous aveuglés par les événements de notre propre monde que nous en avions oublié de prendre du recul et de réexaminer la situation sous un autre angle. Peut-être qu'avoir un regard neuf d'un nouveau monde voisin nous permettrait, à tous, d'envisager différemment les choses ? »

Mes propos étaient plutôt utopiste, je devais l'avouer, mais ils représentaient l'espoir que j'avais pour Héméra : celui d'un nouveau monde où chacun pourrait oublier son égo et vivre les uns aux côtés des autres. Ces derniers mois au sein de la Néo-ShinRa m'avait conforté dans cette idée, surtout après avoir découvert la vérité sur le passé de la ShinRa... Je voulus développer mes propos auprès d'Hazama mais l'on frappa à la porte. Ce dernier s'empressa de refermer la fenêtre et de se diriger vers la sortie du bureau tout en me faisant signe de le suivre. Nous traversâmes donc le couloir avant de rentrer dans une grande pièce. Cinq personnes se trouvaient dans ce qui ressemblait à un réfectoire composé d'un espace cuisine et d'un endroit pour s'asseoir et manger. Dans le lot, je reconnus Lukas que nous avions déjà rencontré un peu plus tôt.

Une femme aux cheveux châtains coiffés en deux couettes basses se mit à parler la première et se présenta sous le nom de Marianne, ou « Mari » comme elle souhaitait qu’on l’appelle. Il s’agissait de la directrice de l’agence mais semblait plutôt passer son temps au studio photo. Elle arborait donc plusieurs casquettes mais peut-être n’avait-elle pas trop le choix, de par le nombre encore restreint de personnel ? Ou alors, la photographie était vraiment sa passion et cela ne la dérangeait pas de s’occuper des deux postes.

Quoi qu’il en soit, la deuxième personne ne tarda pas à se présenter, une femme plus jeune, habillée comme une soubrette et aux cheveux roses. Aiha, de son nom, semblait encore plus excitée qu’Hazama – ce qui ne me semblait pas possible jusqu’à quelques minutes encore – et se présenta comme une businesswoman accomplie, ainsi que la principale investisseuse de l’agence. Rien que ça ! Son jeune âge ne me laissait pourtant pas penser qu’elle occupait ce rôle au sein d’Edge of Tomorrow… Comme quoi, on en revenait encore à la couverture des livres. Lukas se présenta à son tour mais fut plus succinct dans la description de ses tâches. Il ne semblait pas très à l’aise de parler devant tout le monde, aussi coupa-t-il court l’exercice avant que Marianne n’invite l’homme plus âgé à se prêter au jeu également.

Il s’agissait d’un docteur apparemment, venant du Wutai avec sa fille et chanteuse Aya. Potentiellement ma première personne à « escorter » ou « protéger », je présumais. Mais je devais avouer que la présence d’un docteur dénotait légèrement du reste des activités des autres membres de l’agence, comme si sa place n’était pas ici. Mais après tout, il valait peut-être mieux avoir quelqu’un pour soigner nos blessures si les missions d’escortes s’avéraient dangereuses. Naturellement, Hazama prit le relai des présentations en expliquant ses quelques tâches et m’invita également à en faire de même. Après un rapide coup d’œil autour de l’assemblée, je me râclai un peu la gorge avant de prendre la parole.

« Bonjour à tous. Je m’appelle Lily Hunter et je suis ravie de faire votre connaissance. Ce travail représente quelque chose de différent pour moi, aussi j’espère pouvoir compter sur votre indulgence et me montrer à la hauteur de vos attentes. »

J’esquissai un sourire poli tout en sondant à nouveau l’assemblée. Marianne me rendit ce sourire et s’avança vers moi pour me tendre un verre d’eau que j’acceptai volontiers. Elle leva en premier son verre devant son visage et invita les autres à suivre le mouvement, comme pour célébrer l’avènement de cette nouvelle aventure. Dans un élan général, nous bûmes une gorgée de nos verres. Je me tournai alors à nouveau vers Marianne.

« Merci encore pour votre accueil, Marianne. Si je peux me permettre de vous poser la question, comment vous est venu l’idée de fonder cette agence ? Il est vrai que le monde de l’art musical n’est encore qu’à ses balbutiements sur Héméra, chacun des mondes le composant n’ayant pas le même attrait pour la musique. »

Je pensais notamment au monde de Spira, que je ne connaissais pas vraiment mais dont je savais que les loisirs étaient limités auparavant, notamment dû à la présence d’une calamité qui ne laissait que peu de répit à ses habitants. Au final, beaucoup de monde avait également eu son lot de souffrance et d’oppression par le mal, ce qui ne laissait pas beaucoup de temps pour les distractions de ce genre. Néanmoins, Héméra représentait l’idéal du renouveau, d’un espoir de paix et d’échange. Peut-être que cette agence allait pouvoir montrer la voie à d’autres élans de solidarité et de mixité de ce genre ? Peut-être que de penser à autre chose que la guerre, le pouvoir ou encore les cristaux n’était pas une si mauvaise chose, au fond ?

Les présentations terminées, la directrice lança officiellement les festivités sous l’impulsion de son comparse et tous purent s’adonner pleinement aux discussions qu’occasionnait cette cérémonie d’accueil.

Lily ne perdit donc aucun temps et s’empressa de venir interroger la directrice en personne sur le contexte qui avait vu naître Edge of Tomorrow. Marianne ne put retenir un léger ricanement en entendant la question de la jeune femme :
« Allons, allons. Pas de formalité, ici, je suis Mari. Enfin, je suppose que compte tenu d’où notre cher Hazama est venu te démarcher, ça viendra avec le temps. Pour répondre à ta question, l’idée ne m’est pas venue toute seule puisque je fus moi-même une artiste en perdition, à une époque. Il faut dire que lorsque la guerre du Wutai s’est déclaré, la ShinRa a quelque peu délaissé ses succursales chargées d’offrir autre chose que des armes ou des hommes pour s’en servir. Enfin bref, maintenant que la Néo-ShinRa a fait son entrée sur la scène internationale, je ne souhaite pas voir des jeunes aux avenirs pleins de promesses se heurter aux même difficultés que j’ai pu rencontrer. »

Ce faisant, Marianne porta son verre à ses lèvres en échangeant un bref regard avec Hazama, en pleine discussion avec le docteur et sa fille, qui vint boire à son tour comme en réponse au message de sa partenaire.

« J’ai bien sûr pu consulter un peu ton dossier donc je veux te faire savoir que j’ai toute confiance dans le jugement de Hazama en ce qui te concerne, peu importe ce qu’implique l’expérience dont tu disposes. J’imagine que ce qui t’attends avec nous ne va pas vraiment changer de ce que tu faisais jusqu’à présent mais j’ose tout de même espérer que tu t’épanouiras davantage à nos côtés. »

Marianne invita Lily à se servir au buffet qui avait été mis en place, à la suite de quoi elle laissa la jeune femme pour partir s’entretenir avec Lukas après que celui-ci lui eut fait un signe. Lily ne resta pas seule très longtemps, car rejointe très rapidement par la dénommée Aiha, visiblement encore tout excitée par l’arrivée de nouvelles têtes.

« Niahaha ! Alors, qu’est-ce que ça fait de rejoindre l’aventure Edge of Tomorrow ? Appréhension ? Excitation ? »

La jeune femme en uniforme de serveuse avec le tablier pour compléter le tout avait de nouveau son verre remplit à raz-bord, cette fois d’un liquide coloré qui n’avait rien à voir avec l’eau de la fontaine, signe que sa consommation était potentiellement plus importante que sa carrure n’aurait pu laisser entrevoir. Pourtant, elle n’affichait aucun signe d’ébriété, simplement la même légèreté avec laquelle elle s’exprimait depuis son entrée en scène.

« Avec un visage comme le tien, on se serait attendu à ce que Hazama te recrute dans nos talents. Il faut croire qu’il n’y ait que moi qui ai l’œil pour ces choses-là, ici. Si ça t’intéresse à l’avenir, n’hésite pas à me le faire savoir. »

Tout ce beau monde avait dorénavant le verre à la main et ne tardait pas à le porter aux lèvres dès que la présidente de « Edge of Tomorrow » donna son feu vert. Comme elle se tenait près de moi, je ne voulais pas créer un silence malaisant, aussi décidai-je d’engager la conversation. Le sujet était, certes, un peu banal, mais il s’agissait surtout d’une manière de sonder un peu mon interlocutrice, d’essayer de la cerner au travers de ses gestes et propos. Déjà, elle semblait vouloir que je l’appelle par son diminutif « Mari » et n’hésita pas une seule seconde à me tutoyer. Il est vrai que j’avais tendance à me montrer un peu trop formelle mais si elle se permettait de le faire aisément, je ne manquerai pas d’en faire autant dans nos prochains échanges.

Ainsi donc, Marianne fut chanteuse par le passé, peu avant le début de la guerre du Wutai. Ceci expliquait donc son attrait pour le milieu musical et, aussi, sa démarche pour tenter de le démocratiser un peu plus aujourd’hui. J’acquiesçai du regard à ses propos tout en buvant quelques gorgées d’eau avant qu’elle ne ramène la conversation sur moi. Je durcis un peu mon regard en l’écoutant parler de ce qu’ « impliquait mon expérience » même si je me doutais qu’elle ne voulait pas dire ça à mal. Je trouvais toutefois cela un peu réducteur de se limiter à un vulgaire dossier professionnel. Ne me voyait-il donc que comme une vulgaire soldate… ?

« Je l’espère aussi. »

Finis-je par conclure lorsqu’elle me souhaita de m’épanouir au sein de son agence. De toute façon, Lukas lui fit signe de le rejoindre, aussi m’invita-t-elle à me servir au buffet avant de s’éclipser. Bon, ça ne servait à rien de ruminer ces pensées dans mon coin, surtout que c’était sûrement moi qui me faisais des idées. Autant profiter du moment, et surtout du buffet ! J’avais un peu faim, en plus. Je pris un petit toast au saumon fumé sur son lit de fromage frais, et j’eus à peine le temps d’avaler ma dernière bouchée que la jeune fille aux allures de serveuse se plaça à mes côtés, verre à la main.

« Oh, euh… Un peu des deux, je suppose ? »

J’esquissai un léger sourire avant de boire une nouvelle gorgée de mon verre d’eau. Elle me fit alors une remarque sur mon physique qui, selon ses dires, s’apprêtait plus à rejoindre les talents de l’agence plutôt que l’équipe de sûreté. Sans vraiment m’en rendre compte, je me mis à rougir.

« Ah, haha, c’est gentil ! » Comme je tenais mon verre de la main gauche, c’est la droite qui vint me gratter l’arrière du crâne pour exprimer ma gêne. « A vrai dire, j’ai une sœur plus jeune qui est chanteuse, à Deling City. S’il y en a une de nous deux qui devait rejoindre une agence comme celle-ci, c’est bien elle. »

Je devais bien avouer que j’avais déjà pensé à lui parler d’Edge of Tomorrow, d’un point de vue professionnel pour elle, je veux dire. Je sais à quel point elle voudrait percer dans la musique et j’ai peur qu’elle ne puisse pas atteindre ses rêves en restant dans son bar-hôtel à Deling… Mais, en tant que grande sœur, je pensais également à sa sécurité et je ne voulais pas mêler ma vie privée à mon travail. Si elle entrait dans cette agence, mon travail ne serait plus objectif. Quoi qu’il en soit, comme je n’étais pas peu fière de ma petite sœur, je sortis mon téléphone portable pour lui montrer une photo.

« Elle s’appelle Amy. Peut-être l’avez-vous déjà vue ou entendue lors d’un voyage à Deling City ? »

Amy:

« Niahaha ! Tu sais que tu commences vraiment à me plaire, toi ? Je suis au courant pour ta sœur et je ne te cache pas que, personnellement, je suis prête à miser gros sur son potentiel. Je ne voulais pas en parler tout de suite, surtout parce qu’on m’a fait la leçon sur comment éviter de trop tirer sur la corde. Si c’est toi qui aborde le sujet, par contre, qu’on ne vienne pas me reprocher de fourrer mon nez là où il ne faut pas, hein ? »

Le sourire malicieux d’Aiha ne laissait transparaître aucun doute quant aux investissements qu’elle avait en tête pour l’avenir.

« Enfin bref, on verra ça en temps voulu avec le reste de l’équipe, toi incluse bien sûr. Ça reste quand même ta famille donc sois assurée que tu seras la première au courant si on veut la mêler à nos activités. Pour le moment, allons nous joindre au reste de nos invités du jour. »

La jeune femme invita donc Lily à rejoindre le groupe vers lequel s’était dirigée Marianne un peu plus tôt, lequel comptait le reste de l’assemblée à l’exception de Hazama, qui semblait s’être absenté quelques instants.

« Allez tout le monde, faites donc un peu de place pour notre autre nouvelle arrivante. Surtout qu’elle sera là pour jouer les gardes du corps lors de vos futurs déplacements. On va pas commencer à s’isoler chacun dans notre coin dès le premier jour. »

Le docteur Sasaki ne manqua pas de relever le commentaire en se raclant bruyamment la gorge, tandis qu’Aya lança un regard surpris dans l’assistance avant de fixer Lily du regard en répondant :
« Non, bien sûr que ce n’était pas notre intention. Devoir quitter le Wutaï a été certes plutôt difficile mais je suis contente d’avoir rejoint cette agence. J’espère que nous resterons en bons termes avec tout le monde ici. »

Aya s’inclina en guise de bonne foi. Son père décida en revanche de se montrer moins enclin à la discussion, ce qui obligea Marianne à intervenir pour tenter de désamorcer le malaise ambiant.

« Docteur, j’ose espérer que vous ferez ce pourquoi nous vous avons amené à Junon. Peu importe qui vous avez en face.
-Je suis médecin, la déontologie implique donc que je soigne n’importe quel patient qui me sera amené. Cependant, je ne confie pas la sécurité de ma fille à n’importe qui. Ex-ShinRa ou Néo ShinRa, ça ne change rien.
-Papa ! »

Il semblait que la situation de Lily n’avait pas échappé au bon docteur, qui sait exactement de quelle manière, et l’ambiance pesante qui s’était installée n’allait probablement pas s’arranger. Ce fut à ce moment qu’Hazama réapparut, indiquant à Marianne et Lily de le rejoindre à l’extérieur de la salle de repos.

« Sacrée tête de mule, le paternel. J’imagine que chez lui, la famille passe avant tout le reste.
-Désolée Lily, j’ignore comment il a appris. Je tâcherais d’avoir une discussion avec lui pour que ça n’aille pas plus loin.
-Bah, ça finira par s’arranger. Il l’a dit lui-même, il soignera ceux pour qui on l’a embauché. Faire des concessions n’est pas un problème tant qu’il n’entrave pas le bon déroulement de nos activités.
-J’imagine. Bon, racontes-nous donc ce pourquoi tu nous as appelé.
-Le coup de fil que j’ai réceptionné concerne justement la suite des évènements. J’ai enfin pu m’entretenir avec notre contact à Midgar, ce qui signifie que avons notre planning pour les jours à venir, vous et moi. »

Hazama s’avança vers Lily et posa sa main sur son épaule en signe d’apaisement.

« Pas de surmenage dès le premier jour. Vous pouvez partir dès que vous le souhaitez. On se retrouve demain devant le bâtiment. Tenez, mon numéro. N’hésitez surtout pas à appeler si besoin.
-Bonne idée. Je te donne le mien aussi. Je vais m’assurer que l’incident d’aujourd’hui ne se reproduise plus. J’espère être là pour vous voir avant votre départ de demain. »

Marianne et Hazama restèrent dans le couloir dans l’attente de la décision de Lily.

Spoiler:

Cette Aiha était un sacré personnage, nul ne pouvait le nier. A vrai dire, chaque membre de l’agence possédait ce petit quelque chose qui les différenciait tous les uns des autres, mais celle dont la tenue suggérait qu’elle était serveuse – alors qu’elle tenait visiblement les ficelles de l’agence grâce à son argent – ne gardait pas sa langue dans sa poche. Ainsi, elle connaissait ma sœur ? Voilà qui me fit rougir à nouveau, par fierté cette fois. Nous nous trouvions à Junon et pourtant, elle avait déjà entendu Amy chanter à Deling City ! Cela voulait dire que le talent de ma petite sœur adorée commençait à traverser les continents. Quoi qu’il en soit, Aiha avait bien pensé à la recruter au sein de l’agence mais le fait qu’elle me rassure quant à ma sollicitation sur ce projet me soulageait. Si cela devait se produire un jour, j’espérais qu’elle tienne parole.

Ce sujet n’était toutefois pas pour aujourd’hui, aussi me demanda-t-elle de la suivre pour rejoindre le reste du groupe. Elle m’introduit verbalement auprès des autres et, comme d’habitude, je me contentais simplement d’esquisser un léger sourire gêné et de lever mon verre d’eau au niveau de ma tête pour « trinquer » sans entrechoquer nos verres un par un. Mais très vite, un malaise pouvait se faire sentir par la réaction du docteur de l’agence, monsieur Sasaki. Visiblement, il ne portait pas la Néo-ShinRa dans son cœur et je pris pour moi sa remarque comme un petit pic bien placé. Heureusement, ni Marianne ni même sa propre fille semblaient d’accord avec lui, mais je n’eus pas le temps de me défendre que Hazama fit irruption dans la pièce et nous demanda à Marianne et moi de le rejoindre à l’extérieur. Sans attendre, j’emboîtai le pas de la directrice et une fois en dehors de la pièce, elle me présenta ses excuses.

« Vous n’avez pas à vous excuser, Marianne. Mon appartenance à la Néo-ShinRa n’est pas un secret et je ne compte pas le renier non plus… »

Tout cela faisait parti de ma vie, de mon passé… Il était inutile d’essayer de le cacher et, bien au contraire, je comptais m’en souvenir pour me rappeler de ne pas toujours croire quelqu’un sur parole. Même si j’avais encore un pied dans la société aujourd’hui, mon appréciation envers elle aujourd’hui n’était plus du tout le même qu’au premier jour… Bref, Hazama changea de sujet et partagea quelques informations sur la prochaine mission, et notamment notre future destination : Midgar. Et bien, je ne m’attendais pas à retourner aussi vite là-bas alors que j’avais passé mes congés sabbatiques chez ma mère quelques jours auparavant. Mais je n’allais pas m’en plaindre, aussi me contentai-je d’acquiescer d’un signe de tête.

Hazama posa une main sur mon épaule avant de me conseiller de ne pas trop en faire pour mon premier jour, puis il me donna son numéro de téléphone. Marianne en fit de même et je notai les informations dans mon cellulaire avant de leur répondre avec un léger sourire.

« Merci à vous deux. Et ne vous en faites vraiment pas, Marianne, pour ce qu’il s’est passé avec monsieur Sasaki. »

Il fallait se mettre à la place de cet homme : il venait du Wutai donc ne portait déjà pas la ShinRa dans son cœur… Alors lui demander de faire confiance du premier coup à un membre de la Néo-ShinRa, sa réaction était tout à fait compréhensible. Qui plus est, il avait probablement réagi comme un père protecteur envers sa fille. Impossible donc de lui en tenir rigueur compte tenu de tous ces facteurs.

« Bon et bien, je vais retourner dans ma chambre d’hôtel dans ce cas. Merci encore pour votre accueil à tous. On se retrouve demain matin à 8h devant le bâtiment ? »

Je leur jetai un regard à tous les deux avant de leur sourire à nouveau et de me courber légèrement en guise d’au revoir. Puis je tournai les talons, repassai une dernière fois dans la grande salle pour annoncer mon départ au reste du groupe – dont quelques-uns semblaient déçus que je parte aussi tôt – et quitta l’agence pour prendre la direction de ma chambre d’hôtel. Il fallait que je traverse à nouveau quelques ruelles et que je me dirige vers l’avenue principale qui faisait face à la mer. Le soleil se couchait d’ailleurs à l’horizon et, par réflexe, je regardai ma montre. Il était bientôt 19h, aussi commanderai-je un room service en rentrant.

Une petite dizaine de minutes plus tard et me voici donc dans ma chambre. Je retirai mes chaussures dans un premier temps avant de retirer quelques éléments de mon équipements pour me sentir plus à l’aise, puis je m’assis sur le bord de mon lit pour commander à manger à la réception grâce au téléphone qui se trouvait sur la table de chevet. Je pris un truc simple car je n’avais pas spécialement faim. Puis je m’assis en tailleur dans le petit fauteuil près de la fenêtre et pris mon téléphone portable pour envoyer un SMS à Amy. J’avais envie de lui raconter ma journée et prendre également de ses nouvelles, mais j’omis toutefois de mentionner ce qu’Aiha m’avait dit concernant ma sœur. Je ne voulais pas qu’Amy soit tentée de rejoindre l’agence pour le moment. Le room-service ne tarda pas à arriver, aussi passai-je le reste de ma soirée à manger un peu tout en regardant la télévision, avant de finalement me coucher.

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Lily dort.
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Sept heures pétantes, mon réveil sonna, m’extirpant de mon sommeil quelque peu agité. Je me frottai les yeux avant de sortir du lit et de filer à la salle de bain pour me préparer. Ensuite, je descendis pour prendre un petit-déjeuner express avant de remonter dans ma chambre pour me brosser les dents et récupérer mes dernières affaires, puis je passai à la réception régler ma note avant de quitter définitivement l’hôtel. J’étais largement dans les temps, aussi allais-je pouvoir prendre le temps de me rendre à l’agence. La luminosité naturelle était plutôt faible puisque le soleil se levait de l’autre côté de Junon, c’était d’ailleurs l’inconvénient d’une ville en hauteur comme celle-ci. Bref, j’arrivai au point de rendez-vous une dizaine de minutes en avance et patienta devant la porte d’entrée. Une part de moi appréhendait un peu cette première journée de travail car je ne savais pas trop à quoi m’attendre réellement… Mais il fallait que je me concentre sur le fait que dans un premier temps, nous avions juste à nous rendre à Midgar. D’ailleurs, Hazama et Marianne ne tardèrent pas à me rejoindre à l’heure convenue.

« Bonjour, tous les deux. Bien dormi ? »

» La descente dans le terrier du serpent bleu