Dollet sur le feu !

Ringu et Kyle viennent des Plaines de Galbadia

Aller à pied jusqu'aux plaines galbadiennes ou même envisager de prendre le train de la gare de la prison du désert Dingo. Cela aurait été un éprouvant périple, heureusement qu'une gare très peu prisé était desservie et relativement récente parvenait jusqu'aux abords du Canyon Lalapa... Quelque chose... Kyle avait oublié les noms de cette région du globe où il n'y s'y passait pas grand chose.

Cette portion de voie ferrée permettait de rejoindre un embranchement sans avoir à faire de changement par Deling City même si Kyle n'avait pas fait gaffe si leur train n'avait pas parcouru la gare malgré tout. Le ciel s'était obscurci sans que le jeune homme ne sache si cela faisait partie de la spécificité de la capitale galbadienne ou s'il s'agissait de la nuit, tout simplement. Ses yeux s'étaient clos sur une grande partie du trajet bercé par les secousses du wagon. Le train était le moyen le plus sûr de se déplacer sur Dol même en compagnie d'un presqu'inconnu.

Et plutôt rapide puisqu'ils arrivaient à destination de Dollet, ville que Kyle connaissait bien pour avoir vécu l'intégralité de sa vie jusqu'alors. L'occasion de se rappeler qu'il avait déjà omis l'origine du détective, à moins qu'il ne l'avait pas dit clairement.

"Au fait, j'ai zappé d'où vous veniez ? Je sais que vous vouliez voir le professeur vis à vis de sa sécurité mais de votre initiative personnelle ? Vous avez déjà vu Dollet au moins ?"

La sortie du train avait rendu Kyle davantage loquace, peut être la vue de cette tour satellite surplombant la ville. Il serait bien allé déposer ses affaires chez lui mais y amener Ringu était peut être pas une bonne idée, et sa mère allait tout faire pour le forcer à rester. Une nuit, deux, une semaine, et puis après, plus la force de repartir...

Avoir un guide pour voyager dans ces contrées sauvages était un plus non négligeable. Seul, Ringu aurait certainement déambulé dans le but de rejoindre la prochaine ville, s’aidant de son PHS pour ne pas se perdre. Avec Kyle, les choses étaient plus simples. Une vieille gare que ne mentionnait même pas la carte qu’il avait obtenue en ville se dessina progressivement devant lui alors qu’il suivait le jeune homme. Après les événements de la matinée, il ne pouvait nier sa joie de s’épargner de longues heures de route.

Le voyage se déroula somme toute assez agréablement. Le jeune Kyle s’endormant rapidement, Ringu put vaquer à ses occupations. Il sortit son PHS, envoya quelques messages, puis soupira longuement. Il s’éloigna dans l’endroit réservé aux appels téléphoniques.

Ce fut avec grand mal qu’il composa la suite de chiffres qui composaient son seul moyen de communication avec sa douce enfant. Cependant, ce n’était pas sa voix au bout du fil, mais celle de l’araignée qui tenait la demoiselle dans sa toile. Il conserva son calme malgré la fureur grondant en lui. Le train dormait. Il aurait été malvenu de l’éveiller pour des affaires qui ne concernaient que sa personne.

 

Il avait une nouvelle mission. Rectification : il avait un nouvel ordre. Ses mains se tâcheraient bientôt de sang. Cette fois encore, il devrait plonger dans les abysses pour sauver sa progéniture. Il accepta, résigné. Puis, sans un bruit, il retourna à sa place, plongeant ses yeux dans ce paysage qui s’étendait à perte de vue. Derrière la vitre, ses régions inexplorées et verdoyantes semblaient inatteignables. C’est ce qui les rendait si belles.

 

Le train arriva et l’homme sortit de sa rêverie en constatant que Kyle était éveillé. Il prit ses affaires et débarqua du moyen de locomotion. Son guide se permit alors une question qui fit sourire le détective. Il est vrai qu’il avait omit un certain nombre d’actes de bienséance depuis leur rencontre agitée.
 

« Je n’ai pas répondu à cette question ? Et bien, il semblerait que les émotions de ce matin m’ait fais perdre mes bonnes manières. Je suis originaire de Gaïa et je vis actuellement à Kalm. J’ai décidé de venir travailler sur ce continent depuis quelques mois. La technologie de ce monde m’intéresse grandement, notamment vos progrès dans les domaines scientifiques. »
 

Ringu eut un léger sourire en coin, un brin carnassier, en pensant à une anecdote supplémentaire.
 

« De plus, voyager à quelque chose d’excitant depuis quelques temps. Notamment suite aux rumeurs autour de cristaux. En avez-vous entendu parler ? »
 
Nous sortîmes rapidement de la gare pour découvrir, du moins dans le cas de notre protagoniste, la ville de Dollet. En apparence, cette dernière semblait plus grande que Kalm. Les passants y étaient plus nombreux et les moyens de transports plus répandus par rapport à la bourgade un peu rural qu’était le lieu de vie de Ringu. Bien sûr, l’antenne satellite qui trônait non loin de là se démarquait clairement de ce que connaissait l’Utaïen. Il avait déjà vu ce type de relais dans Midgar à la belle époque, mais cela n’était plus vraiment d’actualité aujourd’hui.

Ce fut une autre chose qui attira ses yeux plus longuement : des travaux de constructions à la périphérie de la cité. Ou des travaux de reconstructions pour être plus exact. Des affiches de recrutements étaient placardées un peu partout et des avis de recherches portant sur d’étranges individus possédant une queue étaient distribués aux différents passants par plusieurs membres des forces de l’ordre, mais aussi par des individus isolés.
 
« La ville a-t-elle subi une attaque récemment ? »

Ringu se souvenait que Bevelle avait été la cible d’une tragédie lorsque ce type de créature, nommée « Génome », s’en était pris à ses habitants. Ultimécia semblait être leur dirigeante, pour une obscure raison.

"Calme ? Bizarre comme nom… Elle porte bien son nom, au moins, cette ville ? "

Kyle connaissait vaguement Gaïa de ce que Kyle en avait appris sur ma dernière année d'étude accéléré après la fusion des mondes. Mais autant dire que cette ville ne faisait pas partie de la géographie vaguement vue. Après, qui sur les autres mondes avaient entendu parler de Winhill ? Même sur Dol, peut être que certains ne connaissaient pas la contenance des continents voisins. Esthar était bien confiné pendant plusieurs années. Ca doit être terrible à vivre ça ! 

Pour l'aspect technologique, oui, Dol semblait être plus avancé mais, de mémoire, Gaïa semblait tenir la corde en la matière. Mais rapidement, le domaine de l'high-tech dévia sur la question des cristaux. Légende urbaine, coup de marketing, vrai trésor inestimable ?

"Les cristaux, hein ? Je ne sais pas trop si ce que j'en ai entendu était fiable, à vrai dire… Ce serait pas juste des gemmes beaucoup plus puissante que les autres ? De là à raconter que si on les assemble, il se passe des trucs ou quoi..."

Et une gemme, ça, ce n'était pas très rare. D'ailleurs, quelques boutiques du genre se trouveraient dans les rue où Kyle et Ringu arpenteraient.  Pour ce qui est des légendes, pourtant, c'était le genre d'histoires qu'adorait Kyle. Il était plutôt bizarre qu'il n'aime pas celle-ci. 

C'est en s'approchant réellement de l'entrée de la ville que la discussion s'arrêta net, un spectacle moins ordinaire qu'à l'accoutumée s'était organisé. Kyle en avait entendu parler, après tout même si Winhill était recluse, les informations étaient quand même parvenus jusque là. Mais on ne s'imagine jamais l'ampleur des dégâts. 

"Euh, oui, j'en ai eu vent mais je voyais pas ça comme ça..." Et encore, du temps avait coulé sous les ponts, où du moins ce qu'il en restait, et les réparations avaient déjà débutés depuis quelques temps. 

"Je vous avoue que je n'ai pas vraiment suivi, les informations étaient pas très compréhensibles, tantôt on parlait de sorcière, de citadelle, de vaisseau, de geai mômes, de queues de singe comme ces gens sur ces avis. Mais à aucun moment, je pensais qu'il y'avait eu tant de dégâts." 

Forcément, selon la sensibilité de chacun, on pouvait s'émouvoir ou non d'un tel bilan. Mais, quand il s'agissait, de sa ville natale, tout était décuplée. Et la première chose, à laquelle pensait Kyle était sa mère et sa maison.

"Je ne sais pas si on a le temps, mais j'aimerais m'assurer d'une chose, si vous le voulez bien... J'ai habité ici longtemps avec ma mère. Est-ce qu'on peut juste faire un détour par la ville pour voir si tout va bien ? C'est moins sympathique que le trajet par la jetée mais bon..." 

Kyle ne laissait pas tellement le choix à son interlocuteur, il aurait aussi pu feindre que se fut le bon chemin et ne pas avertir l'homme qui ne connaissait rien de la ville. Le pas de Kyle fut plus pressant, il y'avait de l'activité dans les rues, naturellement. De là à bousculer une autre personne, c'en était presque évident. 

"Oh pardon...
Tiens, c'est le retour du héros, ahah ! 
Oh Monsieur Crok.
Je me disais bien qu'on t'avais pas vu éviter de nous aider. T'as sûrement fui comme un trouillard. 
Non, j'étais à Winhill pour du travail. 
Ah ! Du travail à Winhill, bien sûr, tu changeras jamais gamin, on est dans la réalité là ! Allez, j'ai même pas le temps pour en perdre avec toi."

Kyle se tournait vers Ringu pour expliquer la discussion.

"Ce vieux monsieur croit toujours qu'il ne faut rien croire à ce que je dis, n'y prêtez pas attention. C'est plus très loin, venez."


Kyle entraînait l'homme sur une succession de coins de rues, et les regards sur eux se voulaient de plus en plus insistants au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient. Jusqu'à LA rue, à partir de ce moment là, le voisinage semblait préférer tourner le regard. Kyle parvint à retrouver à trouver la porte de la maison de son enfance. Mais elle tenait debout par un étrange hasard, la maison n'existait pour, ainsi dire, plus. C'était le cas d'une volée de maisons qui allaient être reconstruites, mais avant, il fallait complétement les détruire. Paradoxe.


"Je..."


Kyle ne savait pas quoi dire. Il se retourna vers Ringu, qui ne pouvait pas donner de réponses. Puis, il essaya de croiser un regard d'un voisin, quelqu'un, la moindre âme qu'il pourrait lui confirmer le pire. 


"Désolé Kyle. Elle n'a pas souffert..." 


La confirmation était là, sa mère était morte. Elle n'avait pas souffert, foutaise, tu meurt, n'est-ce pas la pire souffrance ? En tout cas, ça l'était pour les proches qui lui survive. Quel est le meilleur camp, au final ? Celui du mort ou de son entourage ? Une catastrophe avait frappé sa ville, c'était déjà traumatisant mais que Kyle perde sa mère lors de cet évènement, l'était davantage à une échelle beaucoup plus locale. Autour de lui, des gens qui ont peut être connu la même détresse ou, à l'inverse, une liesse d'être ressortie vivant d'un tel sombre épisode. Deux poids, deux mesures selon le point de vue qui vous concerne. 


Pour Kyle, c'était comme si le temps s'était arrêté. Tellement d'émotions surgissaient et voulaient sortir simultanément du corps du néo-orphelin, mais, ce qui prédominait chez ce dernier, c'était d'être ailleurs, à un autre moment. Ne pas être là, ne pas vivre ce moment. Fermer les yeux et attendre que ça passe. Si seulement... Etre triste forcément, se dire qu'il est préférable de le montrer, c'est mieux, alors que la peine de chacun se manifeste d'autant de manières différentes. 


Et maintenant, que faire ? C'est comme être une voiture mais ne plus avoir de moteur, avoir une boussole sans aiguille, c'est comme être un objet vivant qui a perdu son utilité. La vacuité du monde et de la vie. 


Alors, on cherche à se rassurer. Elle n'a pas souffert. C'est ce qu'on se dit davantage pour prétexter d'être triste moins longtemps ? Après tout, faut-il obligatoirement être triste ? Au fond de soi, être triste ne changera rien et ne ramènera jamais personne. Parfois, on verse une larme car un personnage irréel perd la vie, parce que cette famille a vécu le pire et qu'on leur vient en aide, parce qu'on est fatigué... Alors on l'appelle différemment, le deuil. C'est la tristesse de la mort, c'était l'obligation de montrer que l'on était triste dans d'autres civilisations, porter le voile, du noir. Alors qu'au fond, on se dit qu'on est pas affecté, qu'on veut juste qu'on nous foute la paix. 


Mais finalement, la peine, la perte et le manque sont réels et restent présents, de manière latente. Parfois, une force, tantôt, une faiblesse... Un aléa de la vie, et de son antagoniste, la mort. La digestion la plus délicate du corps et du coeur, en matière d'émotion... 


"Ca ira..." Kyle avait répondu d'un ton grave à une question qui se voulait silencieuse. "Ne restons pas là, plus rien ne m'attends ici." 


Les seules choses à tirer de ces décombres étaient intangibles, des souvenirs.

" Plutôt oui." répondit le détective non sans un sourire lorsque Kyle réagit au nom de sa ville. 


Cependant, ce sentiment se mue bientôt en une certaine tristesse. En effet, son manoir jadis à Kalm n'était plus que cendres, tout comme son passé. Bien loin de lui permettre de rebondir, cet incident était un souvenir qui l'entrainait perpétuellement vers le fond, lui inspirant une déprime si intense qu'il cessait dès lors de réfléchir et se contentait de broyer du noir. Le visage de ses proches, la culpabilité, l'agonie qui ne part pas mais s'insinue au fond de son être jusqu'à n'être plus qu'un des nombreux fragments qui composent ce qu'il est aujourd'hui. Il en sent déjà les prémices et secoue la tête. 


Il se rattrape au bord du gouffre, souriant de plus bel, faisant fi de ce qui le chagrine au profit d'un semblant de joie de vivre. Dériver ne lui est pas permis. Il se l'interdit, bien que cela soit difficile. 


La discussion s'égare alors sur un sujet plus propice aux espérances : les cristaux. Une légende, pour ne pas dire une fable, tout juste bonne pour les enfants, mais à laquelle Ringu se raccroche. Ils constituent une source d'espoir, donc une motivation suffisante pour le pousser à sortir du tortueux ruisseau dans lequel il se noie. 


" Effectivement... Je suppose qu'il ne s'agit que d'une légende. "


Et pourtant Ringu les cherche. Ses aventures à Alexandrie lui avaient ouvert les yeux sur la nature du monde. Les chimères, les cristaux... Tant de choses qui échappaient à son contrôle. Tant de pouvoir qu'il pouvait saisir pour s'en sortir... Enfin.


Mais pour l'heure, il était question d'autre chose. En effet, la ville avait subie une attaque, détail que le détective ne manqua pas de soulever. Kyle semblait le percevoir, mais ne pas spécialement sans inquiéter. C'était... Etonnant. N'avait-il pas d'attaches dans sa ville natale? La chose eut de quoi surprendre Ringu. A moins que les habitants n'en ait pas beaucoup souffert... Si tel était le cas, c'était probablement pour le mieux. Pourtant, la tournure des évènements qui suivirent changèrent bien vite la perception de l'utaien. 


Kyle se dirigeait inexorablement vers un lieu. Insistant, il cessa progressivement de demander et se mit à commander. Une hésitation perla dans les yeux du jeune homme. Elle se mua progressivement en crainte. Ringu pouvait le sentir. Il le suivit, gardant cependant une certaine distance, avançant implacablement à la suite de ce jeune homme qui ne marchait plus que pour lui-même. Le retenir n'aurait servi à rien. En cet instant, ce dernier avait besoin de certitudes. Aussi eut-il bientôt sa réponse : celle du désespoir.


L'homme croisé sur la route aurait pu intervenir auprès du jeune homme, mais il ne le fit pas. Les passants aussi, mais ils ne le firent pas. Ringu, enfin, put intervenir, mais il ne le fit pas. Il y a certains combats qui doivent être menés seul afin de grandir. Certes, il restait physiquement à ses côtés, mais l'homme se savait loin de son comparse à l'heure actuelle. Ce dernier était seul, loin de toutes considérations matérielles. 


Ringu ne dit mot. Il attendit. Puis, quand le jeune homme eut fini, et à sa propre demande, Ringu prit la tête du duo et les conduit hors de cet enfer. Un lieu qui, contrairement aux idées reçues, ne contient aucune chaleur, mais l'abysse froide et indifférente du Néant. 


 Après plusieurs routes, Ringu s'arrêta et fit signe à Kyle de l'attendre.


" Je vais acheter quelques gemmes. Je reviens. "


Cela suffirait. 


Il entra, passa commande, puis ressortit aussitôt.


" Je viendrai chercher ma commande demain. Pour l'heure, trouvons un hôtel. Nous repartirons dans la matinée. "


Cette fois, c'était Ringu qui commandait. Il en avait conscience. C'était, selon lui, nécessaire. Ils parleraient plus tard. Kyle avait besoin d'un moment seul. A défaut, il lui parlerait.

La vie continue. Intrinsèquement, si la vie était une continuité de temps, qu'en serait-il de la mort. Est-elle un instant, un moment, une durée ? L'inverse de tout cela ? Dans tous les cas, la vie a un début et une fin, c'est ce que l'Humanité estime toujours, alors Kyle essayait de prendre sur soi pour ne pas rester indéfiniment stoïque.

Dans cet élan, Kyle affirmait à Ringu qu'il était temps, que le moment de stupeur était passé et que s'en éloigner serait le plus profitable pour tout le monde, et c'est dans cet intérêt commun que le détective prit l'initiative du trajet suivant. Forcément, un peu plus hésitant quand on ne connaissait pas la ville, Ringu sut trouver une artère plus animée et peuplée. Cela lui permettait, également, de faire des emplettes et, peut être, de se détacher quelques instants de son acolyte resté coi pour envisager calmement la suite des choses.

Il revint après avoir acheter des gemmes. Fallait-il qu'il en fasse de même ? Pas d'achat compulsif, il aurait le temps de voir cela. Pour l'instant, il suivait un peu le mouvement comme si le moment était une photographie et que le focus était uniquement réalisé sur l'intérieur de sa tête et de son ressentiment. Tout le reste autour de lui était flou. Ringu était une sorte de tâche de couleur qui le guidait d'un endroit monochrome à un autre de la même teneur.

La suite du programme, arrêt à l'hôtel. Quelle heure était-il ? Aucune idée, la succession de minutes semblait avoir été aussi bordélique que le reste. Il avait été pris deux chambres individuels. Logique. En temps normal, les deux hommes qui ne se connaissaient guère n'auraient pas eu de confort à prendre une chambre en commun, pas suffisamment en confiance et/ou d'intimité entre eux. Mais lors de ce genre de situation, l'un apprécie souvent la solitude tandis que l'autre aurait été dans une posture délicate et malaisante qui peut, agréablement, s'éviter. Et puis, Ringu avait cette part de mystère qu'il voudrait, sans doute, préserver.

Alors Kyle cogitait, assis sur son lit, ils étaient parti en hâte de Winhill, sans affaires. Arrivé à Dollet, sans pouvoir en récupérer d'anciennes chez lui. Il n'en avait plus, d'ailleurs. Par chance, la chambre d'hôtel fournissait ce genre d'échantillon que tout le monde dérobait et stockait chez soi, sans savoir dans quel véritable intérêt, hormis celle de détenir quelque chose de gratuit, et de potentiellement, bon marché.

Une douche, à défaut d'être hygiénique lorsqu'il s'agit de remettre les mêmes vêtements, aurait un effet calmant et méditatif salvateur. Kyle dût s'énerver quelque peu sur le mitigeur dont le fonctionnement lui était obscur et ne manqua pas de se brûler sur les premières gouttelettes sortant du pommeau de douche. Puis, vint le froid extrême, par réflexe d'enlever l'eau chaude avant de trouver l'eau à une température agréable. Un jour, quelqu'un lui avait dit, en sortant d'un bar, que toutes les eaux étaient tièdes, partant du principe qu'une seule eau était froide, et une seule eau était chaude, entre les deux, tout était tiède. Ce genre de conversation spirituel, et spiritueux aussi...

Il tâcha, ensuite, de s'endormir en peignoir, n'ayant même pas pris le temps de se glisser sous les draps. Son sommeil était nécessaire et d'une traite, et pourtant, il ne se sentait pas si reposé, en se réveillant. Sans doute que son corps et sa conscience se sont mis à l'arrêt, pendant que son cerveau faisait des heures supp'.

Mais surtout, il revenait avec une idée en tête. Il s'empressait de quitter sa chambre et de toquer à la chambre de son partenaire. Quelle heure il était ? Suffisamment pour que le soleil ait décidé de poindre le bout de ses rayons.

"Salut. Je trouve quelque chose de louche. Avant hier, un "incendie" nous force à quitter les lieux. Et hier, je trouve mon ancienne vie qui disparaît après un incendie. Louche comme coïncidence. Je veux dire, ici, ok. Mais à Winhill, si on voulait nous tuer, y'avait plus discret et direct comme approche. Si on voulait nous intimider, pareil. Et si on voulait nous forcer à partir, encore plus. Là, on a ptêt voulu me laisser un message ? Comme si, c'était pour me prévenir ? Enfin voilà, je pensais à ça. Désolé, j'espère que vous avez bien dormi..."

HRP: