Camp et Kweh

Bélia et Eiko arrivent de la Caverne de Guismar

-Je suis bien contente pour Djidane alors.

Qu'allait-elle croire la princesse bleuet, que Bélia allait se mettre à faire concours avec une bande de gamins? Elle était bien trop vieille pour se mettre à jouer à qui avait la plus grosse. Puis si elle voulait la faire tourner en bourrique, il n'y avait certainement rien de mieux que de danser autour de ses petits jeux. Ce nom par contre, il la laissa pensive un temps. Les blouméciens l'avaient sur les lèvres, et ça même à l'époque de l'invasion. Contre toute attente, si elle devait le croiser, force était d'avouer qu'elle devrait le remercier plutôt que de l'antagoniser. Quand bien même que le massacre n'avait pas été arrêté, elle ne pouvait pas décrire ses propres efforts avec plus de succès.

À peine à l'extérieur, cette petite chipie d'Eiko s'emballa de plus belle en lui pointa la forêt proche. Sans le temps d'ouvrir la bouche, elle emboîta le pas en laissant cette vieille dame la suivre. Elle l'aurait bien laissée se débrouiller seule si ses propres enjambées ne lui aurait pas permise d'éviter de la perdre de vue. La vieille aventurière n'allait pas se mettre à lui courir après, il ne fallait pas pousser non plus! Maugréant sous son souffle, elle suivit sa trace jusque dans ces bois. Apparemment, elles avaient assez de temps pour faire du camping. Bélia soupira un coup, mais n'en dit rien au final. La lumière se faisait déjà faible et la brise fraîche. Aussi bien profiter de la forêt pour passer la nuit que de rester sur les plaines.

Elle décrocha une lanterne pendant de son gros sac à dos et la posa par terre, avant de laisser tomber le sac lui-même avec un bruit sourd qui laissait deviner son poids. Chargée comme une mule ou presque, on pourrait la confondre avec une bête de somme. Une petite clairière dégagée les accueillaient où elles pourraient s'installer.

-Tu as l'air d'avoir de l'énergie à revendre encore. Va donc chercher des branches avant qu'il ne fasse nuit. On sera plus confortables avec un feu qui dure.

La laissant là-dessus, Bélia commença à déballer ses affaires, et jeta une seconde lanterne, plus petite, vers Eiko. La connaissant, elle allait se laisser distraire et rentrer après la tombée de la nuit. Bah, ces mioches. La vieille dame était parfaitement contente de s'occuper des choses ici pendant qu'elle allait dépenser son énergie en trop. Au moins elles auraient une tente confortable et quelque chose de chaud à manger de ses provisions à son retour. Enfin, c'était si elle l'écoutait pour commencer.

Invité

Gnagnagna, décidément, elle n'était pas drôle la géante! Affichant une petite moue boudeuse, la jeune fille se remit en route pour quitter cette caverne au plus vite. Se faufilant entre les couloirs de pierre, évitant les monstres, elle finit par atteindre la sortie et prit une profonde inspiration avant de regarder autour d'elle! Mine de rien, ça faisait du bien de ne plus sentir cette odeur d'humidité et d'insectes écrasés!

Sans trop demander son avis à Bélia, elle suggéra d'aller se reposer dans la Forêt des Chocobos. D'une part, ces créatures faisaient naturellement fuir les monstres, autrement dit, il n'y avait aucun risque à dormir là bas, et d'autre part, les petits jeux avec Méné pouvaient leur permettre de récupérer quelques objets intéressants!

Hop hop hop, ni une, ni deux, elles arrivèrent par un bon rythme à la forêt, et si la petite était totalement lessivée, Bélia ne semblait pas trop d'accord à la laisser tranquille!
«Beuh... d'accord.» trop fière pour avoir qu'elle était fatiguée, la petite se dirigea vers les arbres et chercha des branches mortes et sèches. Maintenant qu'il n'y avait plus de brume, c'était plus facile! Elle dut faire quand même plusieurs allers retours pour avoir de quoi avoir un bon gros feu, elle avait aussi trouvé pleins de bons champignons, et des fruits!

«Là... y'a un petit cours d'eau plus loin... faudrait fabriquer une canne à pêche...» ça, elle savait faire. À Madahine Salee, plus d'une fois elle avait du en fabriquer quand les mogs les cassaient! Elle prit donc l'une des branches un peu souple et retira l'écorce dessus en de longues et fines bandelettes, elle les enroula ensuite très serrées puis fit une longue tresse fine pour faire une corde. Au bout, elle fixa l'une des barrettes pour ses cheveux et se tourna vers Bélia pour lui montrer

«Tadaaaa! Bon, tu veux pêcher ou je le fais?» non parce qu'il serait peut-être bien qu'elle fasse quelque chose elle aussi, non?

Ou bien Eiko avait bien trop d'énergie à brûler, ou bien se faisait trop fière pour montrer sa fatigue. Dans les deux cas, Bélia ferait en sorte d'être certaine qu'elle dorme comme une souche ce soir, histoire d'avoir la paix elle-même. Après l'avoir envoyée de son côté, la vieille femme s'attarda sur le montage de leur abri pour la nuit. Les restes rabougris d'une jeune arbre mort depuis faisaient l'affaire comme base. Avec un seul coup de la femme à la force d'ogre, elle le coupa aisément en deux. Une longue branche solide, mais morte, qui supporterait bien le tout. D'un coup d'oeil rapide, entre les voyages de la petite, on dirait qu'elle n'avançait pas vite, la tente n'était même pas encore érigée après tout. Tout juste avant de terminer son ouvrage, la petite fille arriva avec une canne à pêche de fortune entre les mains, qui mérita au moins de lui faire lever un sourcil. Plus débrouillarde que ce que son titre de princesse laissait croire après tout. Malgré tout, Bélia s'était retenue de commenter dessus, et retourna son attention à son travail.

-On a déjà de la nourriture. Bien assez pour se rendre jusqu'à Tréno.

Avec un seul mouvement, la veille femme se releva, et avec elle l'abri qui leur serviraient pour la nuit. La longue branche formait un long demi-cercle avec la toile fixée dessus qui les protégeraient des éléments. Un abri simple, mais il n'y aurait personne pour venir les embêter ici. D'un simple coup de poing ou deux, les pieux étaient vite enfoncés de l'autre côté. Repensant à sa réponse sèche, Bélia releva la tête, et considéra la petite fille.

-Cette canne est un peu petite pour mes mains. Je te rejoins dès que je termine de monter ce feu.

Sur une surface un peu plus haute de leur clairière, la déserteuse usa de ce qu'Eiko avait ramené pour en faire une petite structure de branches avec un vide au centre et une petite ouverture. Avec un couteau de poche de ses affaires, effilocha un morceau de bois jusqu'à en avoir des filaments qui formaient une sorte de paille. Un bruit de métal contre le métal retentit d'entre les bois avec le fer de ses propres gantelets qui s'entrechoquaient pour causer les premières flammèches nécessaires. Des qu'elle embrasa cette paille, elle la jeta dans la petite ouverture.

Ce feu était modeste, mais bien suffisant, et de là, s'empara d'une branche assez longue et droite et en posa le bout dans le feu. Avec son bout bien noirci, il ne suffisait plus qu'à le gratter contre une pierre, et elle tenait là une lance bien simple. Deux pêcheurs valaient mieux qu'un après tout. Débarrassée de son chapeau, ses gants et ses bottes, Eiko avait déjà vu ses jambes à la peau noircie et ses cornes, alors à quoi bon s'en cacher maintenant? Elle arriva à sa hauteur, pieds nus et aux mains de la même couleur de charbon qui contrastait avec son visage blafard.

-J'ai toujours considéré ça plus comme une nécessité qu'une activité.

À quelques mètres d'Eiko en contrebas du cours d'eau, Bélia se retrouva les pieds dans l'eau. Nécessaire si elle voulait attraper quoique ce soit. Elle chercha de l'oeil une prise, avec sa lance prête.

Invité

Pendant qu'Eiko avait fabriqué sa canne à pêche toute seule comme une grande, Bélia avait eu le temps de faire une tente de fortune et un feu. Oui bon ok ben quand on est plus grande, on fait les trucs plus vite! La petite regardait quand même ce qu'elle faisait du coin de l'œil, au fond, elle s'en fichait de son apparence bizarre, quand on avait voyagé avec Kweena, plus personne pouvait vous paraître bizarre.

Perchée sur son petit rocher, elle tira un premier poisson quand Bélia s'approcha pour aller pêcher avec sa lance!
«Ok mais va bien en bas car sinon tu vas me faire fuir tous mes poissons!» avec ses grandes pattes là! Et puis elle était pas discrète quand elle bougeait et quand elle parlait!

Les jambes croisées, elle attrapa un autre poisson qu'elle assommait d'abord avant de le jeter dans l'herbe plus loin. Elle parvint rapidement à en pêcher quatre en tout, elle supposait que ça suffisait, elle n'aimait pas le gaspillage et Bélia avait dit qu'elles avaient de la nourriture.

En attendant que la géante pêche des poissons de son côté si elle en avait envie, Eiko prit un petit caillou qu'elle cassa pour le rendre tranchant, puis elle vida ses prises et rejeta les abats dans l'eau pour nourrir d'autres poissons, puis elle alla chercher des petites branches pour pouvoir faire des brochettes et les poser doucement près du feu pour les faire griller.

Ça sentait bon et elle en avait l'eau à la bouche, quand Bélia revint, elle la regarda s'occuper de ses propres prises
«Tu veux que j't'aide?» histoire de bien montrer que oui, elle savait se faire à manger toute seule, elle avait vécu seule avec des mogs toute sa vie ou presque, alors se débrouiller, elle savait!

Il y eut un bruit et un petit chocobo sortit des buissons, apparemment attiré par l'odeur du poisson! Eiko le regarda avec amusement
«Hey, t'es mignon toi!»
«Kweh?» elle attrapa l'une de ses brochettes de poisson, la secoua pour la faire refroidir, souffla même plusieurs fois dessus avant d'en retirer des petits morceaux du bout des doigts et les envoyer vers le petit chocobo! Celui-ci goba les morceaux avec appétit, ce qui fit sourire la jeune femme

«Avant, quand je voyageais avec Djidane et les autres, on avait un chocobo... Choco. Il était super gentil et il a évolué pleins de fois pendant notre périple! Il est devenu bleu, puis rouge, puis je sais plus... violet je crois aussi, puis après il était tout blanc! Il pouvait voler dans le ciel et tout, c'était chouette...» elle paraissait nostalgique «j'aimais bien...»

Ça lui manquait beaucoup cette époque. Cette sensation d'avoir des amis, d'être une famille. Elle était contente de sa nouvelle famille de Lindblum, mais c'était pas pareil quand même quoi. Voyager, découvrir le monde, de vraies aventures quoi! C'était quand même autre chose!
Le petit chocobo la tira de ses pensées en lui piquant sa brochette pendant qu'elle avait la tête ailleurs

«Hey!! Voleur!» le volatile avait fait un bond en arrière avec le poisson dans le bec «Ah!! Attends, tu vas te faire mal avec le bâton!! » elle eut juste le temps d'attraper le bout de la branche et de tirer vite d'un coup sec avant qu'il ne parte à toute vitesse dans les buissons. Ouf, au moins, il n'allait pas se blesser... même si elle avait un poisson en moins, maintenant, elle avait encore largement de quoi manger!

«Ah les mômes...» oui oui, c'est elle qui dit ça!

Sous les instructions de mademoiselle, Bélia lui fit une courbette digne d'une diplomate de cour, et s'éloigna de quelques mètres. Elle n'était pas bien discrète, c'était un fait, mais ce n'était pas comme si cette rivière leur laissait beaucoup d'issues. Le butin de la vieille femme était beaucoup moins gros. Deux poissons de modeste taille, mais elle n'avait pas non plus besoin de plus. Eiko était partie première pour s'occuper de ce qu'elle avait attrapé, ce qui laissait la vieille dame seule avec ses pensées. Pourquoi se laissait-elle emmener par les événements encore? Bonne question. Pour quelqu'un d'aussi froid, elle pouvait être vachement impulsive par moments.

Avec ses prises au bout de sa lance de fortune, elle retrouva Eiko encore à la tâche, ayant opté pour une pierre coupante. La petite lui offrit son aide, ce à quoi Bélia lui répondit tout bonnement en haussant les épaules et en posant ses prises. Si elle était assez rapide, aussi bien, sinon elle n'avait pas besoin de se presser à tenter de se prouver. Pour sa part, la déserteuse opta pour un couteau. Une fois fait, si l'une opta pour la brochette, l'autre avait de quoi mettre un petit chaudron noir sur le feu duquel faire une soupe. À l'arrivée d'un chocobo attiré par les odeurs de nourriture, la vieille femme ne releva même pas la tête. S'il cherchait à jouer les voleurs avec sa part, alors ce sera de la volaille pour dîner. Heureusement pour lui, il opta pour jouer le rapace avec Eiko qui était perdue dans ses histoires. On croirait presque voir l'esquisse d'un sourire en coin quand elle le traita de voleur. Un peu ironique.

-Vas-tu virer les cheveux rouges, puis violets toi aussi? Tu es un peu jeune pour être nostalgique. Laisse donc des vieilles carcasses comme moi se morfondre sur leurs meilleures jours à la place. Tu vas finir par radoter avant ton temps.

Ce nerf. Ça venait tout juste d'atteindre un âge à deux chiffres que ça se prenait pour une ancienne. Elle aura beaucoup de chances de se faire de nouveaux souvenirs, alors ce n'était pas la peine de se prendre la tête avec le passé. Toutes ces personnes dont elle parlait étaient probablement encore vivantes, alors à quoi bon se prendre le chou? Sur ces paroles, Bélia goûta à sa concoction, et hocha de la tête un coup, satisfaite. Elle n'aura pas de recettes de grand-mère à partager, mais au moins elle n'y était pas si mauvaise que ça.

Sa nuque craqua avec un bruit sinistre quand elle se fit rouler le cou. L'accumulation des derniers jours commençait à se faire sentir, surtout avec un voyage en mer mouvementé, et son aller-retour de cette maudite caverne. Vu comment Eiko parlait de cet endroit, leur escale n'était certainement pas pour simplement profiter de la paix relative de ces bois.

-Autant aller au lit s'il y a que des chocobos ici. Tu auras amplement le temps de faire mumuse avec demain.

Invité

Ouvrant et fermant la bouche, la petite aurait aimé envoyer une réplique cinglante à la vieille bique, mais rien ne sortit. Elle se contenta de rougir et de regarder les flammes d'un air nostalgique.

«Toute façon toi, tu peux pas comprendre...» ça se voit qu'une femme comme ça, ben elle a pas d'amis! Elle est froide comme la grotte des glaces, même si elle est pas vraiment méchante, ben elle est pas super gentille non plus.

Elle aurait bien mangé son poisson mais le bébé chocobo lui piqua une deuxième brochette! Si bien qu'au final, il ne lui en restait plus qu'un pour elle, et quelques morceaux du premier qu'elle avait déjà partagé avec lui. Soupirant, elle regarda son dernier poisson, et le mangea sans rien dire malgré tout. Elle aurait bien demandé à piocher dans le repas de Bélia, mais sa fierté l'en empêchait. Elle avait ramassé des baies de toute manière, alors entre le poisson et ça, ça devait suffire.

La géante proposa donc d'aller se reposer, au final, Eiko se sentait un peu mieux suite à son arnaque au chocobo, mais elle gardait quand même une petite pointe au cœur en repensant à ses amis. Elle leva les yeux au ciel pendant que Bélia rangeait son bazar, l'air profondément triste encore
«Moug... t'es où...» elle murmurait ça surtout pour elle. En soit, même si c'était chouette d'être avec quelqu'un de fort pour ce voyage, cette Bélia était aussi aimable que Tarask, et de tout le groupe, c'était pas vraiment son préféré de l'époque.

Elle se leva et sortit un grand châle de ses affaires, elle le posa sur l'herbe tendre sous l'abri créé par l'ancienne soldate, puis se roula en boule sur le côté, fixant une touffe de fleurs un peu plus loin, il faisait un peu froid en cette saison, mais elle ne risquait pas de dire quoi que ce soit là dessus.

«Bonne nuit...» au moins, autant être un peu polie. Elle eut froid pendant la nuit, mais ça aurait pu être pire, la saison n'était pas si fraîche, et il n'avait pas plu. Le lendemain matin, Bélia avait du se lever bien avant elle, car il n'y avait rien à côté d'elle. Se frottant les yeux, la petite fille commença à la chercher en se demandant si elle n'avait pas filé pendant la nuit. Elle en avait peut-être eu mare?

«Beuh... elle est où la vieille...» oui ben hé, elle était pas du matin non plus hein?

Ce comportement pouvait bien exaspérer la vieille dame parfois qui lâcha un soupir discret. Non, ce n'était rien de sa susceptibilité, ses crisettes ou même ses insultes. Ce qui était le plus difficile à gérer, c'était son orgueil. Du coin de l'oeil, Bélia pouvait bien voir Eiko en train de baver sur ce qu'elle préparait. Trop fière pour en demander par contre, elle se rabattait sur ses miettes, alors que c'était de son initiative que l'ex-amazone décida d'attraper de son propre poisson. Levant les yeux au ciel, la géante se pencha dans ses affaires pour en tirer une autre gamelle, et la remplit avant de faire passer à la petite fille.

-Ce n'est pas la peine d'essayer d'avoir l'air forte avec moi. On a toutes les deux pas besoin que tu tombes malade quand on peut l'éviter.

Un bol fumant de soupe chaude devrait l'aider à avoir une nuit un peu moins froide. Ça faisait des merveilles aussi pour les cas de chagrin, apparemment. La petite était loin de chez elle et de ses amis, alors ce n'était pas la peine d'en remettre une couche. Essayer d'atteindre le royaume des chimères était toujours une aussi mauvaise idée à ses yeux, mais si elle était aussi décidée, la vieille dame pouvait lui apporter un coup de main pour quelque temps. Ce genre de petite teigne n'allait pas abandonner une idée aussi fermement plantée dans la tête.

À son bonne nuit, Bélia lui envoya un son indéchiffrable en réponse, et s'installa proche du feu en posant quelques fines branches dedans. La pression de ses cornes se faisait plus insistante que d'habitude ce soir. Bien sûr, comment le Béhémoth pouvait se contenter d'un squelette ou deux? La déserteuse avait réveillé la bête sans la satisfaire. Elle se plaqua la paume de la main contre le visage, ses doigts vagabondant jusqu'à leur base dans le but vain de calmer un peu cet inconfort brûlant. Il n'y avait rien à détruire ici, alors retourne te coucher toi aussi, bon sang. Regarder longuement un feu semblait fonctionner pour endormir l'animal, la chaleur du feu l'emportant petit à petit sur cette fureur animale. Ça devrait suffire. Pour le moment.

Avec un bruit sourd, elle se laissera enfin tomber de sommeil, littéralement, derrière la petite. Épuisée physiquement comme mentalement, ça ne lui prit pas longtemps pour s'endormir comme une souche et rattraper le temps perdu. Regarder les flammes n'était au final peut-être pas une si bonne idée. Le parfum de bois brûlé était impossible à ignorer. L'ex-amazone releva la tête pour avoir la vision remplie d'une étendue de bois en braises et de tisons volant au gré des vents. Non pas une forêt, mais un seul arbre. Avec l'un de ses bras qui refusait de lui répondre, elle repoussa avec un grognement un morceau de tronc avec l'autre qui flanchait déjà. Des bruits de sabot fendirent l'air avec un fracas de tonnerre.

T̠̏ͧ̋ͣ̽̾ơ̴̰͉̙̠͚̠͗̾̈͘i̪̱̥̝ͨ̂̓̊̍ͨ̌̔.̨̬̯̙͈̭̲̺̣̾ͦ̑ͯ͡ͅ.̧̡͖̲̤̋ͥ̄̚.͍̙̹̻̰̥͈̼̖̇ͣ͆́̊̿̔̏͢

Lui... Le cavalier des ombres. La pression de sa présence était suffisante pour repousser la vieille femme sur ses genoux, qui ne pouvait que serrer les dents face à son impuissance. Le chevalier admira la désolation qu'il venait de causer comme quelqu'un qui venait regarder le nid de fourmis qu'il venait tout juste de faire s'envoler d'un coup de pied désintéressé. Sa haine seule permit à Bélia de se relever. De sa position dans le ciel, elle ne pouvait hélas rien lui faire.

R̐̉͞͏̗̱͇̰̳̱͇e̖̖ͩͯ͟v̡̧̰̞̒͒̀̃ͅiͤ̈ͫ҉͓͚̥͖̭̭̟ẹ̶ͭͫ͌ͩ̕͡ṉ͇͔̮̃ͮͮ͗͠s̴͎͕̙̥͇̦̮̰̮̑̐́̒ ̴̷͇̖̣͊̔ǐ͍̺̼̖̭̭c̦̙̲̦̊ͯ̀̅̂͒͝i̯̣̹̬̋̀̂͡͞.̩̫̮ͮ͆̾̅̌̀͛.̶̵̣͇͍ͦ̽̀ͥͭ.̴̥̰̌͛ͨ́ͨ͞

Son regard désintéressé se porta sur elle avec le même égard que pour les restes fumants de l'abri des souris. Non, il y avait quelque chose de plus. Ce n'était pas la simple arrogance d'un être supérieur. La chimère la narguait, se moquait de sa faiblesse et de son impuissance. Comment faire autrement face à une femme déjà aux portes de la mort qui pensait avoir autre chose qu'une mort rapide face à une telle créature. Les épaules de la chimère se soulevèrent dans un rire silencieux, et se retourna pour repartir au galop vers les cieux.

R̷͖̹͍̱̜̠̟̾ͮͤ̀ͯ̈́̇̀́͟͡Ȩ̞̺̻͖̼̙̻̮̮̬̜͐͌̈̐ͩͮ͋̎ͫͯ͌ͯͤͯͣ͊͟V̖̲̺̬̺̬͇͓͚̯͓̲͎̜̅̒ͦ̅̊͊̽̊ͥ͛͊́̕I̬̱̜͓̐͐̑͌͟͝͞E̵̡͇̪̦̥̖̹̫̺ͥ̊ͪ̀̎͌ͤͭ̊Ņ̜̘̳͔̻̮̑ͫͧ̋̈̇ͬ͆̃̈́͝S̵ͤ̊̎̌̊̃̏ͧ̃̍͠͏͍̖̱̣̤̱͈̗̭͓̦͍̠̻͍̣̮͎͖ ̵͎̞͔̝͉̗͖̳̗̄ͩͤ͗̑̉ͦ͢I̛̼̞̯͔͚̝̘ͬ̋̊̔͑̊ͣ̈ͭ̒ͩ̓̃̏̂́͊̈̾͜C̴̡̡̎͌̃ͤͧ͏͕̲̙̲̙̼̖͎͜I̍͛̎̏̑̿̇̏̔ͥ̄̉̄҉̱̦͚̞!̓ͭ̇ͮ̈́͏͚̥͓͓̹̜̙̯̹͉͎̯̠̪̻̭

Bélia s'étouffa presque en reprenant son souffle. Les premiers rayons du soleil commençaient à percer à travers les feuillages. Les oiseaux chantaient, et elle pouvait sentir la rage du monstre frapper contre les murs de sa propre tête. Elle était de retour dans la forêt des chocobos, mais le mal était déjà fait. Cette sensation de brûlure à la base de ses cornes se faisait de plus en plus insistante. Il n'y avait rien ici à détruire, rien pour rassasier cette bête, à part... La déserteuse se releva prestement, en sueurs, et marcha droit dans les bois pour se changer les idées.

Dépassant de peu la petite rivière dans laquelle elles avaient pêché la veille, Bélia retomba à genoux, et frappa le sol du poing, et encore, et une fois de plus. De petites tracées de sang noir s'échappèrent de ses jointures, mais quelque chose comme ça ne commencerait pas à être assez. Pour calmer l'animal, elle irait même jusqu'à se frapper la tête sans ménagement contre un rocher. L'alternative n'était pas vraiment meilleure. Ce manège durant un peu, jusqu'à ce que le béhémoth se calme enfin. Haletante, elle reposa là, son front sanglant contre la pierre. Odin... Ce n'était que partie remise...

Quelques minutes plus tard, après s'être lavée me visage et les mains dans la rivière, retrouvera Eiko qui ressortait du camp en cherchant les environs des yeux. La cherchait elle, visiblement. Avec ses affaires laissées sur place, elle ne serait pas allée bien loin après. Les yeux un peu plus cernés qu'à l'habitude, elle considéra la petite fille, et soupira. Elle s'était montrée assez patiente, pas vrai?

-Bon, tu disais qu'il y avait une attraction de chocobos ici, pas vrai? Mangeons un morceau vite fait d'abord, il ne faudrait pas que tu tombes de ta monture à cause d'un coup de mou.

Si Eiko tenait à mettre de son temps de côté pour ces jeux, pourquoi pas. Bélia ignorait si elle avait le coeur à participer elle-même, mais une enfant pouvait avoir besoin de ces distractions de temps en temps. Elles disposaient d'assez de provisions pour se permettre de déjeuner sur le pouce tout en progressant après avoir nettoyé leur camp.

» Dans le camp ennemi