Confessions en altitude.

Nous venons du Refuge Al-Bhed.



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Les Seeds sont donc bel et bien des mercenaires… Je notai l’information dans un coin de ma mémoire, comprenant par la même occasion que ce Quentin, en dépit de son jeune âge avait été formé à mener des interrogatoires. Non pas que cela pouvait me déranger, mais je ferais peut-être, inconsciemment, davantage attention à mes propos. J’eus un nouveau rictus, malgré mes yeux tristes, et lui répondit simplement :
 

« En effet, ce serait préférable. »

 

Je dévoilai le nom de mon enfant, prêt à en découdre avec la Neo-Shinra. Pour le moment, j’étais leur allié. Mais un jour, je la reprendrai.

 

Mon camarade s’empressa de rejoindre l’aérogare. Il ne fallut pas bien longtemps avant de trouver un vaisseau. Il n’y avait plus qu’à dire au revoir à ce désert mortel et laisser derrière nous les cicatrices de notre passé. Se relever, aller de l’avant… Il n’y avait plus que cela à faire. Je devais m’y résoudre.

 

Montant à la suite de Quentin, je fus impressionné de le voir se lancer dans le pilotage sans broncher. Son jeune âge devait changer cette expérience en quelque chose d’excitant, mais cela demeurait risqué à bien des égards. Je ne lui fis cependant pas part de mes vaines inquiétudes, comprenant que cela le l’incommoderait plus qu’autre chose. Bien que petit, je ne me plaindrai pas du confort sommaire de l’appareil et pris plutôt grand soin de m’attacher, jetant un œil protecteur sur mon jeune ami afin de m’assurer qu’il ne prenait pas de risques inconsidérés. La mort frappe si facilement…

 

Soyons honnête, je ne compris pas tous des réglages qu’il effectua. J’étais à la fois impressionne et suspicieux. Savait-il vraiment ce qu’il entreprenait ? Non pas que je doute de ses compétences, mais sont-elles suffisantes pour manipuler un tel engin ? Visiblement oui, puisque nous pûmes décoller sans problème. Enfin… Je ne fus pas rassure par les premières secousses et notre inclinaison douteuse, mais je fus satisfait une fois dans les airs. Le pilote automatique sembla prendre la relève, puisque Quentin n’actionnait plus vraiment les commandes, se contentant de les tenir.
 
« Joli décollage ! Je suis impressionné de voir à quelle vitesse tu as pris cet appareil en main. Peux-tu me détailler comment tu as procédé avec tes logiciels ? Cela me sera certainement utile à l’ avenir. »
 

La connaissance était la clef. Si je devais fuir d’une base de la Neo-Shinra, autant que je ne perde pas de temps inutilement. Surtout si j’ai une enfant dans les bras…

 

Quentin choisit cependant un autre sujet de discussion. Il comptait profiter de ce voyage pour en apprendre plus sur moi. Hmmm… Je réfléchis. Il est vrai que lui en dire plus sur moi lui permettrait de gagner sa confiance et de consolider notre amitié naissante. J’ai besoin de lui pour accomplir mes objectifs, mais plus encore comme allié face à la multinationale. Je sortis alors une bouteille d’eau, une manière polie de lui dire « non merci » pour son eau, puis baissa les yeux, me remémorant mon passe chaotique.

 

« Tu as raison de ne prendre aucun risque. Il est vrai que certains Al-Bhed auraient pu être à la solde de Strainshield… » Bien que j’en doutais, je ne pouvais exclure aucune possibilité.
 

Je pris une gorgée d’eau, puis poursuivis.
 

« Effectivement, j’ai souvent soif. »
 

Je refermais ma bouteille et la rangea. Mes yeux vinrent se perdre sur l’étendue jaune que nous survolions. Les dunes se ressemblaient et se confondaient. Bientôt, le bleu succéda au sable, battant à un rythme régulier et apaisant.

 

« Le docteur Moon Strainshield a réalisé des expériences sur ma personne. Cela date d’avant la fusion des mondes. Je fus… L’un des premiers maillons de qui sera plus tard nommé le projet Deepground. »
 

Je laissais un blanc. Le Deepground, cela parlerait sans nul doute à ce jeune homme. Nous y étions descendus après tout. Quelques longues secondes s’écoulèrent sans un mot de ma part. Je finis alors par continuer.
 

« Comme tout cobaye, les expériences menées sur moi ne furent pas sans effet. Je devins très vite dépendant à l’eau. Comme tout homme me diras-tu, sauf que, comme tu l’as vu, ma dépendance est particulièrement forte. Je consomme des litres et des litres chaque jour. Plus le temps passe, plus ce besoin se renforce. Je ne sais pas où cela va finir, mais cela m’empêche d’avoir une vie de famille. »

 

Je fis de nouveau une pause. Forcément, le visage de ma douce enfant troubla mon esprit.
 

« Je ne souffre pas. Du moins, pas tant que je me soumets à cette dépendance qui est la mienne. Néanmoins, ma durée de vie est… Limitée, en dépit de mes propriétés physiques si particulières. »
 

Voilà qui suffirait pour faire comprendre à ce jeune homme que je n’étais pas la solution à la malédiction de sa sœur. A moins de trouver un remède à mon propre mal…

Ce gamin était vraiment un spécimen. Est-ce la formation du Seed qui est particulièrement efficace ou bien Quentin est-il un prodige de l’informatique? Les deux sont possibles et je n’aurai que difficilement une réponse à moins de visiter la BGU un jour. Cela m’intrigue pour être honnête. Bien que je sois adulte, je suis tentée de reprendre mes études un jour. Pourtant, la réalité me rattrape bien vite. Ma situation me contraint à rester loin de la lumière, et donc loin d’une vie « normale ». Je le jalouserai presque, le quotidien de ses hommes et de ses femmes qui s’enferment dans la routine de leurs petites existences.

 

J’étais tenté de lui demander de m’expliquer le fonctionnement de son logiciel, mais je ne voulais pas l’importuner pendant qu’il pilotait. Aussi me contentais-je de siffler pour lui faire comprendre combien il m’impressionnait.

 

« Tu as déjà pensé à les revendre ? Cela pourrait être utile à beaucoup de touristes, tu ne penses pas ? »
 

Pour le coup, même la Neo-Shinra serait intéressée. En général, ce qui est technologique a tendance à rapporter facilement, du moins sur Gaia.

 

Nous en vînmes cependant bien vite à une discussion plus sérieuse. Plus sombre aussi. Maintenant seuls, loin de toutes oreilles indiscrètes, nous pouvions nous livrer plus aisément. L’exercice n’était pas aisé, mais il demeurait nécessaire afin de renforcer la confiance que nous avions l’un envers l’autre. Il y avait des choses que le gamin devait apprendre de ma bouche, sous peine de voir notre lien se rompre si dans un futur proche, on usait de sa méconnaissance de ma personne pour retourner mon histoire contre moi. Enfin, cela me permettrait de soulager mon cœur. J’avais conscience que c’était de la faiblesse, mais c’est par l’acceptation de cette faiblesse que je pourrai la combattre et me relever plus fort que jamais. C’était un moment difficile à passer. Un obstacle à franchir.

 

Je lui dis tout ce qu’il avait besoin de savoir. Moi, le Deepground, Strainshield… Un passé peu banal et un avenir compromis, voilà ma réalité. Il m’interrogea sur la recherche que nous avions entreprise au sein du Secteur Zéro. Evidemment, je cherchais un remède pour moi, mais pas seulement.
 
« En effet. »
 

Je laissai un battement de quelques secondes avant de rajouter :

 

« Mais pas que. »



Un soupir suivit, profond, comme si je cherchais la force en moi de poursuivre. J’avais l’impression d’être tiré vers le sol, mais plus encore vers l’intérieur de moi-même, comme si je cherchais à me replier dans une coquille. Un sentiment d’épuisement se propageait dans mon organisme et mon propre poids m’écrasa. Las… J’étais las de tout.
 

« Tu as eu l’occasion de voir mon amie, Seras. Elle nous a attaqués du fait de la folie qui la ronge. Une folie qui n’est que l’une des conséquences des traitements que nous avons subis. C’est un ancien cobaye de Strainshield elle aussi. Et malheureusement, il semble qu’il ait trouve un moyen de la soumettre à son autorité. »
 

Et une autre des amies que j’apprécierai sauver en plus de ma fille. Il y avait aussi Integra qui avait disparue suite à l’assaut de l’organisation sur ma demeure, mais je craignais de révéler sa position en tentant de la joindre avec des PHS qui n’était rien de plus que les outils de nos embaucheurs.

 

Quentin me posa finalement une question pour discerner davantage la cause de mes maux. Je réfléchis à la question. Je n’étais pas spécialiste en médecine et ne pouvais donc rien affirmer avec certitude.

 
« Je ne sais pas. Mon dossier doit être dans les données personnelles de notre employeur. Lui seul doit pouvoir y répondre. »
 

Et bien entendu, il suggéra l’utilisation des cristaux. Compter sur un miracle, hein ?
 

« C’est une idée. Je ne l’exclue pas, même si je préfèrerai y parvenir autrement. J’ai… Une autre idée concernant l’utilisation des cristaux. Cependant, cela sous-entend que j’en obtienne un jour. A défaut d’y parvenir, je me suis associé à ce docteur. Une relation m’a confirmé qu’il serait le plus à même de résoudre mon problème. »
 

Je voyais les choses différemment maintenant. Tout ceci avait-il vraiment été utile ?
 

« Je ne m’attendais pas à ce que les choses virent ainsi. Ce type n’était pas comme ça du temps de la Shinra. Je me basais sur notre passé commun pour lui accorder ma confiance, mais à présent… »
 

De douloureux souvenirs refirent surface. Plus profonds, plus enfouis. Je les chassais vainement en agitant la tête de gauche à droite.
 
« Et toi ? Comment t’ont-ils convaincu de travailler avec eux ? J’ai du mal à croire qu’ils se montrent tendres… Ou alors suis-je vu différemment ? Ces prélèvements qu’ils m’ont faits dans leurs laboratoires… C’était soi-disant pour m’aider, mais je doute que ce soit leur seul objectif. »
 

Quoiqu’ils préparent, cela risque d’être gros. TRES gros.

Les explications de Quentin sur le fait qu’il ne se lance pas dans la vente de ses logiciels ne me convainquent pas. Cependant, je conçois que cet univers ne l’attire pas et qu’il préfère suivre sa propre route. C’est tout de suite plus compréhensible que de me parler de difficultés qu’un peu de travail permettrait surement de surpasser.

 

Mais revenons-en au sujet sensible : mon passé.

Il ne fallut pas bien longtemps pour que je me livre sur ce dernier et sur mon lien direct avec le projet Deepground. D’une certaine façon, j’avais caché des informations au jeune homme, informations dont le secret n’était plus nécessaire.  Je me mis à parler de Seras. Fut un temps, je l’aurai protégé en ne parlant pas de notre lien, mais maintenant qu’elle était entre leurs mains, cela n’avait guère d’importance.

 

Seras, Deepground, mon passe, tout menait à cet homme : Strainshield. Evidemment, s’il était ma Némésis, je désirai connaitre l’avis de Quentin sur ce personnage responsable de l’enlèvement de ma fille. Je me doutais que ce serpent saurait faire bonne figure face à mon jeune ami. Cela ne loupa pas. Il m’en fit un portrait des plus reluisants. Peut-être pas en fait, mais mon amertume était telle que le peu de crédit qu’il lui accordait était déjà trop. Je ravalai cependant cette rage bouillonnant en moi et continua de l’écouter jusqu’à ce qu’il termine. Un service mutuel… Quelle blague.

 

Il m’interrogea ensuite sur les contreparties positives de mon état des plus singuliers. C’est vrai qu’il y en a. Cependant, la perspective que la Neo-Shinra désire créer d’autres monstres à mon image ne me réjouit pas. Je crains qu’effectivement, ce ne soit l’un de leurs buts. Pourtant, j’essaie de me convaincre que c’est impossible… Sauf si cet homme… Non. Je ne vois pas pourquoi la Neutralité participerait à cela.

Vient alors l’histoire de cette machine. Huit éléments dis-tu ? C’est possible, mais difficile d’être sûr de quelque chose avec si peu d’indices.
 

« Je ne sais pas. »
 

Je soupire alors que les idées se bousculent dans ma tête. Il y a tant de points d’ombres.
 

« Pour te répondre dans l’ordre, mon état me confère une certaine faculté de régénération. Non pas de quoi survivre à une hémorragie importante ou m’en sortir après une balle en pleine tête, mais simplement une récupération plus rapide après un effort intense, ainsi qu’une meilleure cicatrisation. »
 

Forcément, je parlais avec les exemples que j’avais à l’esprit. Difficile de fournir des informations scientifiques à ce médecin alors que je n’en étais pas moi-même un.
 

« Ma force est aussi suffisante pour me permettre de tordre l’acier à mains nus. Cependant… Il y a aussi des désavantages, comme tu t’en doutes. »
 

Je n’étais plus tombé malade depuis cette malédiction d’ailleurs… Mais est-ce que ce genre de détails a vraiment de l’importance ? On parle de Strainshield là…

 

« Enfin, tout ceci me parait étrange. Strainshield est certes l’un des scientifiques qui a participé au projet Deepground, mais il souffrait beaucoup lorsqu’il s’adonnait aux différents tests. C’était un véritable cas de conscience pour lui. Il avait même parlé de démission… Alors qu’il se remette sur ce projet, cela me surprend. »
 

Je pensais qu’il voulait réparer les erreurs du passé, mais peut-être était-ce plus compliqué que cela ? Je restais pensif avant de me souvenir de cette histoire de monstre mécanique.
 

« La machine que tu évoques me dit quelque chose… »
 

Car oui, je n’étais pas passé devant elle pour ma part.
 
« Je pense connaitre quelqu’un qui pourrait nous en dire plus. Mais… J’ignore où il se trouve. De plus, il est… Dangereux. »
 

Ma mine s’assombrit. Je préférai éviter de l’avoir en face de moi. Après tout, Strainshield comme moi-même travaillons théoriquement pour Lui. Cependant, sait-il qu’Anémie a été prise par le scientifique ? S’il l’apprend, comment réagira-t-il ? Ne risque-t-il pas de laisser la Fin venir nous prendre ?

 

Un frisson me parcouru l’échine. Ce type, il réussissait à me flanquer la frousse, même à moi.

 

« Pour l’heure, je préfère me concentrer sur un moyen de récupérer ma fille. Ce type la tient. Je ne sais pas à quoi servira cette machine, ni même ce qu’il compte faire de ces prélèvements, mais cela m’importe peu. Ce qui compte, c’est de la récupérer. »
 

J’avais peur pour elle. Cela me hantait. Etait-elle bien traitée ? Ne risquait-elle pas de subir des expériences à son tour ? J’avais mal à la poitrine. Je voulais m’arracher le cœur tant la douleur était insupportable. Et elle perdurait. Depuis mon départ du refuge, peu importe combien je la camouflais, elle m'assaillait sans relâche. J’étais contraint de faire le toutou, contraint à l’impuissance. Cela m’était insupportable.

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Quentin et Ringu atterrissent à Luca

Le duo arrive de Deling City




L’approche de Mélody trahissait un certain malaise dans le fait de jouer la rencontre fortuite. Enfin, c’est ce qu’aurait pu penser Ringu dans d’autres circonstances. Elle était joueuse et semblait plus que capable de tromper son monde. Pour l’instant, elle semblait mener la danse. Alors qu’il s’enquit de se renseigner auprès d’elle, elle changea rapidement de discours, menant la conversation sur le terrain qu’elle s’était choisi. Intéressant… Etait-elle du genre à toujours imposer sa vision des choses ? Le détective sourit avec une envie subite de la briser. Cependant, il n’en ferait rien. Il la laissera prendre le contrôle pour l’heure. Il y avait des combats à mener aujourd’hui et d’autres à mener plus tard.




La jeune femme avait le goût du risque. Un goût exquis que partageait son interlocuteur qui la regarda faire. Assez rapidement, un chocobo fit son apparition. Lévy... hein ?




« C’est un beau spécimen. »



Ringu fit quelques pas en commençant à contourner la bête pour arriver face à son flanc. Il ne s’approcha cependant pas, prévenu que le monstre était farouche. Une monture à l’image de sa maîtresse, assurément. Il regarda la façon dont Mélody l’apprivoisa, c’est à dire en le trompant pour ensuite le contraindre par la force. Cela en disait beaucoup sur la façon de faire de la demoiselle. Il y avait fort à parier qu’elle piquait de sacrés colères quand elle n’obtenait pas ce qu’elle désirait celle-la. Il ferma les yeux, acquiesçant ses propres pensées, puis saisit la main de la jeune femme pour se laisser hisser sur le chocobo.


La sorcière expliqua qu’elle avait aidé la créature à voler ce qui fit lever un sourcil à l’homme. Il n’eut cependant pas le temps de faire de commentaires que la bête s’élança vers les cieux à vive allure. S’accrochant d’une main à la taille de la demoiselle – il fallait bien qu’il se tienne un minimum – son regard fixa un instant les bogomiles restés au sol.




« Tu attires les monstres... » lança-t-il en enfonçant davantage son chapeau avec sa main de libre.




Il se positionna au mieux sur le destrier, veillant à ne pas blesser la créature, puis soupira. Se présenter… cela faisait un moment qu’il ne l’avait plus fait.



« Je me nomme Ringu Ju-On. Je suis un détective privé embauché par un journal de Kalm pour élucider l’existence des cristaux et rapporter des nouvelles du monde en évolution... »



Sentant qu’il en faudrait probablement davantage à la curieuse lui servant de chauffeur, il poursuivit.




« … Officiellement. »



Par où commencer ? Que dire et que cacher ? Mentir ou divulguer ? Les questions dans son esprit étaient nombreuses et les réponses peu aisées. Cependant, il fallait bien démarrer quelque part pour établir un semblant de lien entre eux.




« Officieusement, je suis un père de famille prêt à prendre un nombre inconsidéré de risques. Je cherche les cristaux pour assurer l’avenir de ma fille. »




Il aurait pu citer d’autres personnes, mais certains avaient perdu la vie. D’autres se cachaient ou avaient simplement disparu… Son regard éteint brûlait d’une flamme vengeresse alors que l’horizon se dessinait.



« J’ai parcouru Héméra et vu un certain nombre de choses. J’ai établi des relations et obtenu des contacts. J’ai vu l’espoir et la souffrance se répandre. »




Un léger moment, il se tut. Puis, il revint vers sa collaboratrice.



« Et toi, qui es-tu ? »

Alors qu'elle s'apprêtait à démarrer son expédition avec Ringu, il manquait un dernier protagoniste pour ce voyage, Levy. Ce grand Chocobo farouche au plumage gris cendré avait de quoi impressionner, surtout quand il était de mauvaise humeur et Ringu le complimenta, ce qui fit sourire la demoiselle.

- Merci, techniquement, il n'est pas à moi. Mais est-ce réellement du vol si il s'est enfui de lui même? Tu me rappellera de ne plus faire un tour près de la ferme des Chocobos.

Entre cette histoire et le feu de forêt, elle devait avoir la cote là bas. Dans le doute, elle n'y ferait pas un tour de si tôt. Elle aida Ringu à monter sur la monture et ne fit aucun commentaire sur sa façon de se tenir à elle. Il valait mieux qu'il s'accroche et compte tenu de l'absence totale de scelle ou de bride et ainsi, il ne pourrait tenter quoi que ce soit sur elle durant le trajet sans assurément faire une belle chute de plusieurs centaines de mètres.
Au moment où ils allaient partir, l'intervention des monstres fit faire un nouveau commentaire à son associé sur le fait qu'elle semblait attirer les montres. Bien qu'elle n'eut pas les moyens de se tourner vers lui, elle haussa les épaules avec un sourire.

- J'attire souvent l'attention, c'est plus fort que moi. Et puis, l'on dit bien que les opposés s'attirent, non? L'on dit également que le Sang appelle le Sang. Après tout, il faut bien devenir un Monstre si l'on veut pouvoir combattre ces Monstres.  

D'un petit coup de talon, elle intima à Levy de s'envoler en écrasant ces monstres qui avaient l'outrecuidance de se mettre entre la magicienne et son amusement et ils prirent les airs.

Gagnant rapidement en vitesse et en altitude, une fois arrivé au delà de la ligne des nuages, un spectacle de blanc qui s'illuminait progressivement avec l'arrivée du soleil à mesure qu'ils s'éloignaient de cette maudite ville obscure se dessinait jusqu'à l'horizon.
Ringu commença donc à répondre à sa question et se présenta aussi bien officiellement qu'officieusement. De dos, il ne put voir le beau sourire qu'elle arborait sur son visage mais qu'elle ne montrait qu'à de rares élus.

Ringu était donc détective privé pour un journal local d'une ville de Gaïa, bien qu'il eut omis de parler de son affiliation avec la Néo-Shinra et T-ckilla, elle avait eu une information qui l'intéressait plus encore.
Lorsqu'il en eut fini, il lui renvoya la balle avec une question similaire. Elle laissa planer plusieurs minutes de silence avant de faire entrer Levy dans un énorme cumulonimbus et le forcer à prendre encore plus d'altitude caché dans l'épais brouillard que formait le nuage.
D'un mouvement de la main, un voile lumineux vint entourer le Chocobo et le froid, l'humidité ainsi que les vents furent grandement réduit par cela.

- Si avec ça, un signal électromagnétique arrive à passer, il est bon. Avant ça, je suis contente que tu commences à raconter quelques vérités. La raison pour laquelle tu es ici et que je t'ai fais quitter ce bar, c'est parce que tu m'as dis que la fille de T-ckilla avait des problèmes. Hors, nous savons tous deux qu'un élémentaire de Néant ne peux avoir de progéniture, cela va à l'encontre de sa nature. Il m'arrive de laisser un peuple à son destin mais les enfants, c'est différent.

Ils sortirent du nuage quelque temps plus tard, à une toute autre altitude et le voile lumineux se brisa en même temps. L'altitude avait fait énormément chuter la température et l'oxygène de l'air bien que cela ne semblait pas gêner Mélody bien que son souffle produisait une vapeur anormale pour un humain. Son contact était, malgré son manteau, lui aussi, étonnamment chaud.

- Si je devais parler de moi alors on en aurait pour un long moment, aussi je ne raconterais pas tout d'un coup, imagine l'incident diplomatique si tu venais à t'endormir au moment où je te raconte ma vendetta contre un dieu. Cela risquerait de te faire étrange de te réveiller en pleine chute.

Mélody parlait sur un ton léger et bien qu'il s'agissait d'une toute petite menace de mort, il était simple de comprendre qu'elle ne le ferait pas réellement, ou du moins pas à coup sur. Normalement.

- Avec le temps, j'ai oublié mon nom mais j'étais Mélody, Caporale en chef de la treizième division du corps expéditionnaire des armées d'Eden de Cocoon, d'où l'épée. J'ai détesté chaque jour de cette vie ainsi que chaque personne que j'ai rencontré et c'était réciproque. Jusqu'à ce que je force le Destin et confronte Eden, le dieu régent d'Eden et de tout Cocoon et devienne ainsi son L'Cie, son élue.

Mélody parlait avec une rancœur non dissimulée sur le début de son histoire puis avec résignation lorsqu'elle commença à évoquer Eden et le terme de L'Cie.

- Eden était un Fal'Cie, un dieu et les L'Cie étaient leurs instruments, leurs marionnettes accomplissant leurs volontés soumises à des chaines indéfectibles. Aller à l'encontre de la Tâche qui t'était donnée et le L'Cie était garanti de finir en monstre. Accomplir sa Tâche signifiait mourir en martyr.
Pour moi, ces chaines signifiait la liberté. La liberté de pouvoir quitter Cocoon et arpenter les plaines sauvages et indomptées de Pulse, un monde voisin en guerre avec le mien. J'ai fait bien des choses dont peu seraient fier mais c'était la guerre alors...

Bien qu'elle parlait de son histoire, il y avait un détachement déconcertant dans ses mots, comme s'il s'agissait de quelque chose de lointain, presque de l'ordre d'évènements mythologique dont personne ne pouvait réellement attester la véracité.

- Ma Tâche était simple, commettre un déicide, annihiler une capitale et ses millions d'habitant condamnant les survivants à se faire submerger par les monstres qui peuplaient les plaines alentours.

Ses mots sonnaient, de sa bouche, comme si elle parlait à la fois de sa confession d'actes innommables et comme si elle parlait d'une corvée complètement banale mais désagréable.
Quoi qu'il en était, ils arrivèrent, bien que les distances à cette hauteur étaient difficiles à apprécier, aux limites du continent Galbadien, filant droit vers plus au Sud encore, vers le continent de Centra.

Les ondes électromagnétiques ainsi que la plupart des appareils de communication avaient du mal avec les hautes altitudes, les nuages et encore plus avec son voile lumineux qui agissait, d'une certaine manière de champ électro-magnétique qui venait ajouter une couche aux interférences potentielle. Avec tout ceci, elle était assez sûre d'elle pour affirmer que personne ne pourrait entendre ce qu'il s'était dit. Il y avait deux exceptions cela dit, son lien avec Ultimécia était flou sur quand et comment la sorcière pouvait la surveiller, c'est pourquoi elle n'avait pas abordé de sujet la concernant. La seconde exception était l'histoire télépathique de Ringu, peut être était il effectivement possible pour T-ckilla avec ses aptitudes de se lier plus subtilement avec des corps lui permettant juste de leur envoyer des pensées plutôt que d'entièrement les contrôler.
Bien qu'il s'agissait d'une blague de sa part, l'éventualité était intéressante à prendre en compte pour de futurs occurrences.
Ringu fut plus ouvert à discuter de sa fille. Il s'agissait d'une fille adoptive aussi bien pour Ringu que pour l'Autre. Cela changeait beaucoup de chose, elle en savait trop peu pour émettre la moindre théorie. Elle devait rencontrer cette enfant.

Du reste du voyage, Mélody commença a raconter sa vie passée, elle ignora certains détail dont elle aurait loisir à montrer plus tard. Plus que l'histoire, l'altitude était rude pour les trois. Elle utilisait son feu intérieur pour palier aux conditions de froid mais alors que Ringu réagissait à son histoire, elle remarqua qu'elle aussi avait le souffle court. Stupides poumons et leur besoin constant de dioxygène!
Elle força le Chocobo dont le givre commençait à recouvrir certaines parties de ses ailes à réduire l'altitude et à descendre en piqué pour gagner grandement en vitesse afin de survoler au plus vite le continent maudit. Pour éviter trop de problèmes de pression atmosphérique, la descente vers l'océan se fit en plusieurs étapes. Puis, lorsque son corps semblait finir ses caprices, elle reprit son histoire.

- Alors, où m'en étais-je arrêtée? Ah oui, déicide, détruire un peuple, ravager un monde, tout ça. Les Fal'Cie étaient des dieux qui voyaient et traitaient l'humanité comme du bétail. Dans mon monde, l'eau, la nourriture, la sécurité et j'en passe. Toutes ces choses là étaient offertes par les Fal'Cie aux humains et ces êtres si supérieurs aux humains voyaient des choses que nous ne saurions bien comprendre. Aussi, le Fal'Cie que je devais abattre, Anima, désigna un L'Cie pour me stopper.

Compte tenu du nom qu'elle venait de donner, après une courte pause, elle se sentit obligée de donner une petite explication.

- Eden, connu aussi sur Dol sous le nom d'Orbital, Anima, vénéré sur Spira, Titan, chimère d'Héra et Gaïa, Léviathan bien connu dans trois des mondes d'Héméra étaient des Fal'Cie chez moi. D'autres chimères, elles, étaient... Autre chose.

Cela aussi, elle aurait loisir d'aborder l'information plus tard mais si Ringu cherchait les Cristaux et les chimères, peut être apprécierait il cette histoire où ces êtres faisaient la guère dans d'autres mondes.

- Dans la vision de ma Tâche, une lame au tranchant d'argent tentait de briser le météore que j'étais pour anéantir Oerba. Sans même le rencontrer, je savais à quoi Lynoh ressemblait et son nom. Sa Tâche je la devine simple : m'arrêter. Son Fal'Cie était la raison de mon existence et moi la sienne. Nous étions les pions de deux dieux qui bataillaient. Ma réussite était synonyme de son échec et vice versa.

Il n'y avait plus de traces d'amertume dans sa voix, peut être un peu de mélancolie. Quoi qu'il en était, l'on pouvait entendre qu'elle parlait, le sourire au lèvre à partie du moment où elle avait prononcé ce simple nom.

- J'ai désespérément sillonné les terres de Pulse à la recherche de mon Destin car, oui, les L'Cie ont une marque, la stigmate du dieu qu'il sert preuve de son statut mais celle ci évolue avec le temps, si la marque se développe trop, l'on devient un monstre.
Durant mon voyage, j'ai approché le Fal'Cie Titan et trouvé un petit village de Pulse. Sans même savoir qu'ils invitaient l'ennemi qui planifier de les détruire, ils m'ont offert gîte et couvert, accueilli avec sourire et gentillesse. Après une nuit étonnante, j'ai fais quelque chose d'impensable.

Mélody laissa planer quelques secondes de silence, non pas pour le suspens mais simplement pour se remémorer ces gens si simples, si chaleureux.

- Au milieu de la nuit, je me suis extirpée du village et au lieu d'y mettre le feu, je suis allée à l'encontre des ordres et suis simplement partie.
Peu de temps après, j'ai croisé un épéiste dans les plaines d'Oerba et s'en suivit un magnifique duel. Le point culminant de deux existences fugaces investie de la puissance divine des deux leaders d'une guerre qui visait la destruction de mondes. C'est à la fin de cet affrontement que j'ai reçu la belle cicatrice que je t'ai montré.

Il ne fallait pas être médecin pour comprendre qu'il s'agissait d'une blessure plus que mortelle.

- Je pense, que lorsque l'on devient L'Cie, en plus de la Tâche qui nous est imposée, une maxime s'immisce au plus profond de vous. Poursuivre, quoi qu'il en coute, ne jamais abandonner.
Il a remporté ce duel mais est mort pour m'asséné ce coup fatal. Malheureusement pour moi, mes facultés de Soin et ma condition firent que je parvins à soigner cette blessure et survivre à ma défaite.

Sa voix s'assombrit presque hantée par les implications de cette survie, bien que vaincue, sa Tâche demeurait et sans son gardien la ville était à la Mercie de la prophétie qu'elle se devait de réaliser. Elle soupira.

- Encore vivante, ma Tâche devait être accomplie. Mais c'était injuste, j'avais perdu. Il mourut avant de recevoir la grâce divine de ceux qui accomplissent leur Tâche. Alors... Alors j'ai décidé d'abandonner la mienne.

Alors qu'ils survolaient l'océan toujours vers le Sud, ils approchèrent près du pole Sud de la planète, ce qui rendait l'orientation plus complexe avec la disparition du Soleil, le monde entiers semblait être devenu une masse sombre les englobant parsemée d'étoiles.

Mélody laissait Levy voler au gré des Vents et de ses humeurs, il était une bête libre après tout. À part quelques manœuvre qu'elle lui imposait et la direction globale, elle lui faisait confiance pour éviter l'amerrissage catastrophe. De plus, elle était bien trop immergée dans un Passé qui n'était pas encore réellement derrière elle pour faire bien attention à tout ce qui se passait autour.

Après avoir annoncé sa survie mais sa volonté d'abandonner, elle laissa un temps de pause, principalement parce que les souvenirs qui suivaient était, malgré le temps, tant gravé en elle que son corps en portait encore les traces. Se les remémorer faisait battre son cœur si fort qu'elle se perdit en eux.
Elle n'eut point la notion de combien de temps, elle laissa la réalité mais ce sont les paroles de Ringu qui la ramenèrent. Elle resta muette, étonnée de se faire couper en plein récit tout en écoutant ce qu'il racontait. Elle réalisa que sa dernière phrase laissait sous entendre qu'elle en avait terminé. Les questions de Ringu étaient autant curieuse que légitimes. Une fois qu'il eut finit, elle ne tarda pas à lui répondre d'une voix enjouée.

- Mes excuses, mon histoire ne s'en arrête pas là. J'étais juste... Absorbée par ces souvenirs si précieux. En ce qui concerne les chimères et leurs rapports aux mondes, cela semble différé en fonction des mondes. Pour Spira certains devenaient des priants qui permettaient ensuite aux invokeurs de faire appel aux chimères de ce que j'ai compris mais sur Dol, les chimères étaient des entités douées de libre arbitre et se liaient parfois avec des êtres qu'ils jugeaient digne de recevoir leur puissance.  

Elle n'était pas très au fait de comment cela fonctionnait sur Héra puisque personne à part la Reine ne semblait avoir porté ce pouvoir, à sa connaissance, utilisé par sa mère durant une guerre mais son entrevu avec la Reine n'avait point été très long et ce sujet non abordé.

- J'ai parlé des Fal'Cie mais Odin, Shiva ou même encore Bahamut, eux, étaient ce que nous appelions des Eidolons. Ils étaient les émissaires de la Déesse Etro et ils étaient la Salvation des L'Cies. Lorsqu'un L'Cie perd espoir ou abandonne, l'un d'entre eux apparait et impose un ultimatum à celui ci. Une épreuve de force qui consiste à affronter l'Eidolon en un combat singulier ou mourir.

Peut être serait il simple maintenant de faire le lien entre sa dernière phrase et ce qui suivit.

- Lorsque j'eus décider d'abandonner ma Tâche, je n'ai pas seulement cherché à perdre la vie. J'ai utilisé toute la puissance de mes flammes pour tenter de bruler la marque divine qui me maudissait, en vain. Cela fut vu comme un abandon et c'est alors qu'Il est apparu devant moi.

Son sourire était immense sur son visage, son émotion était facilement perceptible, un amour à la limite de l'adoration. Elle tremblait un peu juste en se remémorant la scène.

- Une imposante bête de Feu. Ses flammes étaient de celles qui éclipsaient le Soleil même à son Zenith, Ifrit se présenta à moi et me défia. Les Eidolons n'utilisent jamais toute leur puissance, ils ne sont pas réellement là pour exécuter mais pour bousculer un peu celui qui est perdu pour raviver sa flamme. Moi, j'y vis l'occasion de jouer l'ultime Acte de ma vie de la plus brillante des manières.
Mes flammes étaient loin, très loin d'atteindre les siennes mais je me suis jetée dans ce combat à corps perdu, poussant mes flammes à des températures bien au delà de la limite d'un corps même aussi résistant que le miens au flammes. C'est comme cela que j'ai obtenu ces marques, mes veines ont tout simplement brulées et mon corps s'est craquelé par endroit.

Ces cicatrices, qui ne ressemblaient pas vraiment à des brulures puisqu'elle n'était pas externes s'illuminaient encore quand elle usait de trop de magie de Feu, bien qu'elle n'eut jamais l'occasion de les observer durant son combat, elle dirait que celles d'aujourd'hui étaient différentes, lors de son combat cela semblait plus avoir été des plaies béantes.

- Le L'Cie qui parvient à entrer en Symbiose avec l'Eidolon et ainsi obtenir son approbation peu reprendre sa route et l'invoquer quand le besoin s'en fait ressentir. Lors de mon affrontement contre Ifrit, nos flammes ont atteint des seuils impensables et alors qu'il usa de sa flamme la plus puissante, mes flammes sont entrée en symbiose avec les siennes. J'aurai pu les lui renvoyer et entrer ainsi en complète symbiose avec lui... Au lieu de cela, j'ai redirigé les flammes de l'Eidolon sur ma poitrine.  

Sa dernière phrase était à la fois pleine de fiertés et de regrets.

- Cette maudite marque fut complètement oblitéré, mon cœur et mes poumons avec... Je suis morte libéré de mes chaines mais trahissant ainsi ma Salvation. Tu as raison cependant, nous avions un genre d'au-delà, le Valhalla, là où se rendent les âmes avant de retourner dans la mer du Chaos. Là où résident les Eidolons également, j'ai tenté de le voir pour m'excuser mais il n'a jamais voulu me revoir. Le Temps n'existe pas là bas mais il s'est passé au minimum neuf centre trente sept années chez les vivants avant la fusion des mondes, environ.

Mélody soupira. À, combien il y avait de secondes dans l'éternité qu'elle avait passé là bas, l'on pourrait répondre : Il y a cette montagne faite de diamant pur, il faut une demie journée pour la gravir, une demie journée pour en faire le tour. Tous les siècles, un petit Chocobo vient aiguiser son bec contre la montagne. Et lorsque la montagne aura été complètement réduite en poussière alors la première seconde de l'éternité aura passé.

- Le Valhalla est un lieu transitoire, où les âmes reste un temps avant de finir par disparaître dans la mer du Chaos. Seules les Volontés les plus fortes parviennent à y résister. Depuis le Valhalla, il est possible d'observer n'importe où, n'importe quand dans le monde des vivants. C'est ce que j'ai fais. J'ai Vu des millions de vie, de la naissance à la mort. Lors de la fusion des mondes, je me suis retrouvée dans l'Au-Delà avec des morts de mondes que je ne connaissait pas. Je n'avais pas prévu de rejoindre les Vivants, les histoires des Morts me suffisaient.

Alors qu'ils s'éloignaient progressivement du pole Sud de la planète, le Soleil réapparaissait à l'Horizon comme une ligne de Feu qui s'élevait progressivement. et des terres commençaient également à apparaître petit à petit.

Après avoir raconté son temps au Valhalla, bien qu'il s'agissait d'un endroit hors du Temps, Ringu avouait qu'il pensait être son ainé et l'avait considéré comme une jeune et s'étonnait de l'ancienneté de la demoiselle.

- Techniquement je n'ai pas passé plus de vingt année en tant qu'humaine dans ma première vie et je n'ai que deux ans dans celle ci.  

La conversation rebondit sur un sujet plus sérieux concernant son expérience de Non-Vie et la torture que l'inaction forcée représentait. Au fond d'elle, Mélody savait qu'elle et Ringu avaient des bases communes, l'indolence et l'inaction étaient un poison qui fonctionnait particulièrement bien sur elle.
La suite de la conversation reprit autour des chimères. Mélody les connaissait de noms pour la plupart. Que ce soit de part son vécu à elle ou de part les histoires des défunts mais elle n'en avait pas rencontré beaucoup sur Héméra. À l'exception d'Ifrit et Shiva lors de l'annonce de l'église. Les informations de Ringu étaient plus développées que les siennes, si elle avait su qu'Alexandre était sur Héra, peut être se serait elle renseignée auprès de la reine.

Ringu poursuivit en parlant quelque peu de son passé à lui, lui aussi avait lutté pour sa liberté, en vain. Mélody soupira en compréhension.

- Mon histoire n'a rien de belle. J'ai tué des milliers de personnes pour satisfaire mon envie de liberté juste pour obtenir un autre type d'entrave puis j'ai trahi par pur égoïsme mon dieu et ceux qui avaient espoir en moi pour offrir la victoire à mon monde et pire encore, je l'ai trahi Lui.
La conclusion c'est que treize années plus tard, la guerre pris fin d'une manière quasi similaire à si j'avais accomplis ma Tache, tout ces pauvres gens que j'ai refusé de tué son mort malgré tout et leur monde fut ravagé. Et moi... Condamnée à les voir dépérir.  

Cela lui avait apprit qu'il n'y avait pas de liberté propre mais après avoir observé des millions de vies, elle comprit également que les chaines contre lesquelles elle s'était tant débattu avaient plus gâché son temps sur Cocoon qu'apporté du sens à son Existence.

Petit à petit, des pointes rocheuses coloraient la mer que survolait Levy. Un archipel de roche constellait l'eau quelques dizaines de mètres plus bas et une plus grande ile parsemée d'une montagne n'étaient guère plus très loin.
Mélody demanda à Levy de ralentir son allure et de descendre près du niveau de la mer.

- Ce que je m'apprête à te montrer, personne ne doit le savoir. Tu seras la deuxième personne au monde à qui je le montre.  

Elle soupira avant de tendre la paume de sa main en direction d'un des rochers battu par les flots incessants de vagues et un cercle de feu embrasa l'air au dessus de celui ci. Les marques rouges sur son visage s'illuminèrent comme un brasier qui reprend vie. Une fois complet, le cercle n'était pas sans faire penser au symbole de Yevon et une créature de feu en surgit pour se poser sur la roche avant de se déchainer sur son petit rocher dans un déluge de flamme.

- Ceci est l'Ifrit de l'église de Yevon. Une bête sans esprit ni conscience. Celle ci est une parodie sordide et insultante de celui que j'ai connu qui portait ce nom là. D'après mes connaissances, les G-Force de Dol disposaient d'un intellect et d'un libre arbitre. L'on m'a raconté que les chimères avaient établis un royaume dans un des mondes qui ne constituent pas Héméra. Même le priant d'Ifrit ne se trouvait pas dans le cœur du temple de Kilika.  

Après avoir reprit leur allure, ils ne tardèrent pas à arriver près d'un plateau face à deux cascades immenses qui tombaient dans un lac autour de l'entrée d'une caverne qui semblait aménagée.
Une fois debout, pied à terre, Mélody s'étira joyeusement. Avec le décalage horaire, il était quasiment la même heure qu'à leur départ, c'était presque comme si ces heures de voyages n'avaient pas vraiment eu lieu en somme. Sa notion du Temps était devenue trop abstraite pour qu'elle n'y offre la moindre pensée cela dit.

Après avoir laissé Levy partir où bon lui semblait, elle pointa la grotte du doigt et annonça gaiement.

- Bienvenu à Daguéréo, capitale secrète du savoir et des archéologues.  

Puis, Mélody se mit en marche vers le pont menant à l'entrée de la librairie.