On dirait Alexandrie!

Sa fiancée ? Ah ! La jeune femme pensa surtout que ce ne serait pas la première fois que quelqu'un s'imaginerait qu'ils étaient ensemble - ne serait-ce que par le cliché absurde du "c'est un homme, c'est une femme, hop". Suri passa à deux secondes de demander si c'était si mal qu'ils s'imaginent ça, avant de penser au sous-entendu immense que ça poserait.
Ouais, non...

Pour le moment, ils avaient d'autres chats à fouetter.

Vilal avait aussi remarqué la présence de ces gens, mais il ne pouvait pas comprendre la réelle raison pour laquelle Suri était mal à l'aise. Elle pensait vraiment les reconnaître et si son intuition lui disait vrai, alors ces personnes n'auraient pas forcément de bons sentiments vis à vis d'elle. Vilal pensait que c'était parce qu'ils démontraient une certaine richesse, et ce n'était pas faux non plus sans doute ; tant de bonne nourriture, de belles armes, une tente... Ça aurait put être ça aussi. Mais Suri pensait que c'était autre chose. Elle en était même pratiquement certaine.

Elle remit son gantelet à la demande du chevalier avant de rester à sa proximité alors qu'ils retournaient en ville pour demander la direction de la bibliothèque. Vilal tenta une supercherie en demandant bien fortement la route pour se rendre à la forge, mais ils se déplacèrent vers la bibliothèque en vérité. Ce serait sûrement un lieu sécuritaire et Suri comptait les pas jusqu'à ce qu'ils y arrivent.
« Hoi, toi. » Et forcément ça aurait été beaucoup trop simple et bien trop ennuyeux de ne pas tomber sur des soucis sur la route. Elle se tourna pour voir deux hommes qui la regardaient bien elle, et non pas Vilal, en fait c'était à croire qu'il n'existait pas. Ils étaient assez grands quand même, plutôt imposants. « T'étais à Troia avant nah ? »
« J'y suis déjà allée... » Autant rester vague. Et autant répondre. Rester muette ne changerait rien.
« Mec, tourne pas autour du pot, tu sais très bien que c'est cette nana. »
« M'ouaip. » Il fronça le nez avec dédain. « C'toi qui a liquidé nos potes eh ? »
Suri crut sentir son coeur lui tomber dans l'estomac et vouloir lui sortir de la gorge en même temps. Elle voulut répondre mais en fait rien du tout ne sortit. Pas un mot.
« On d'vait les rejoindre dans une ruelle de Troia. On nous a dit qu'un monstre les avait tués. Une meuf aux cheveux blancs habillée en rouge qui s'est transformée en bestiau. Au vu de ta réaction, j'devine que je me trompe pas. »
« N-non, je n'ai pas... ce n'était pas de m... ma faute ils... »
« J'm'en fiche de tes excuses. Tu nies les avoir tués ou pas ? »
Aucune réponse. L'autre, un peu plus surexcité que son pote, tapait du pied, impatient. Suri n'arrivait juste pas à répondre, elle jonglait entre fuir, ou juste se planquer derrière Vilal si possible. Ses pieds refusaient de bouger par contre et il y avait fort à parier pour que cet échange ne se termine pas très bien. Avec l'épisode de la Tour de Babil qui était tout récent, autant dire que ça en plus qui revenait la hanter si spontanément, ça ne l'aidait pas du tout...

Alors qu'ils déambulaient dans les rues de Baron à la recherche de la bibliothèque, Vilal ne réalisait pas combien Suri angoissait à chaque pas. Il avait beau rester sur ses gardes, il sentait une présence et cherchait à passer de ruelle en ruelle pour semer leurs poursuivants, mais sans succès. Ils connaissaient surement mieux la ville qu'il n'avait le sens de l'orientation.

Il se plaça légèrement devant Suri, écoutant la conversation et réalisant sans problème ce qui avait du se passer. D'ailleurs, il se souvint aussi du regard de la jeune femme devant le marionnettiste, l'allure de la marionnette qui avait l'air humaine et qui lui avait fait perdre totalement ses moyens. Il n'avait pas son arme, mais jugeait que face à des voyous, même à l'imposant gabarit, il n'y en avait pas besoin. Il posa juste son sac derrière lui, s'avançant d'un pas vers les grossiers personnages

«Laissez-moi donc comprendre. Plusieurs de vos amis, je présume de la même corpulence que vous, ont décidé de s'en prendre à une jeune femme, en apparence fragile, et surtout seule. Et vous estimez qu'elle est le monstre de l'histoire parce qu'elle a réussi à se défendre?»
«Hey mec.. c'pas qu'elle s'est défendue! Elle est vraiment dev'nue un monstre!»
«Je vois. Et en sachant qu'elle pourrait vous tuer, là, tout de suite, vous voulez quand même l'agresser?»

Vilal se poussa, comme pour laisser Suri agir à sa guise, sur le coup, les hommes parurent hésiter. Malgré tout, en voyant le visage apeuré de la jeune femme, ils semblaient se douter qu'il y avait du bluff. Le chevalier commença alors à retirer la tunique qu'il portait
«Hey tu.. tu fais quoi là?»
«Je vous montre juste ce qui vous attend.» il se retrouvait donc torse nu et leur tourna le dos, les profondes cicatrices laissées par Suri lors de sa folie étaient encore bien visibles, ce qui fit davantage reculer les voyous alors qu'il tournait la tête vers eux «cette femme ne ferait jamais de mal à qui que ce soit sans y être obligée. Mais si vous décidez de vous en prendre à elle, vous pouvez constater que je l'ai déjà affrontée sous sa forme de monstre, comme vous dites, et que j'ai survécu. Vous voulez vraiment vous mesurer à nous deux?»

Il remit sa tunique et adopta sa posture défensive, même sans son épée, il était prêt à en découdre s'ils en avaient envie, mais il semblait clairement avoir semé le doute dans leur esprit...

La situation était carrément frustrante, pour ne pas dire simplement injuste. Suri s'attendait à bien des choses, mais sûrement pas à tomber nez à nez avec des amis de ces immondes personnages qui avaient tentés de se frayer un passage sous ses vêtements sans son autorisation... Oui, bien sûr qu'elle les avait tués. Ce n'était pas justifié, ce n'était pas la bonne réponse peut-être, sans doute aurait-elle plutôt dû appeler à l'aide ou les emmener devant les autorités compétentes, mais... La chimère en elle s'était réveillée et elle n'avait rien put faire...

Mais elle ne dirait pas être désolée. Jamais.
Ces personnes étaient immondes, même si ces types ne voyaient en eux que des potes que Suri avait trucidés. Ils voulaient vengeance sans doute mais ils allaient rapidement rebrousser chemin lorsque Vilal décida d'intervenir en montrant les marques que Suri lui avait fait dans la tour. Cette fois par contre, la demie-chimère se sentit littéralement blêmir. Elle eut même envie de vomir alors qu'il leur faisait comprendre que si vraiment elle se déchaînait, elle serait largement capable de les démonter, et que lui ayant survécu à ses assauts, il y avait peu de chance qu'ils s'en sortent indemnes.

« Hmpf. » Le voyou ne semblait pas vraiment convaincu. Il fixa Suri qui était à deux doigts de se mettre à chialer. Nope, il ne pensait pas vraiment que c'était elle qui avait fait ces marques, ça pouvait être du bluff... Mais il tenta le coup. « C'est vrai ? C'toi qui l'a démonté comme ça ? »
Quoi parce qu'en plus elle devait dire à voix haute que c'était de sa faute ?! Elle leva un regard aussi bien confus qu'indigné. Sérieusement ?! Elle voulut l'envoyer balader de suite, mais dire la vérité, pour le coup, permettrait sûrement d'avoir la paix. Elle se rembrunit sec et baissa la tête avant de la hocher. L'autre s'autorisa un rire arrogant.
« Ouais, c'est ce qu'on nous avait dit. Un beau bestiau. » Il se permit même de dévisager Vilal en mode "bah dit donc mec", comme s'il s'amusait du fait qu'il voyageait justement avec le dit bestiau.
« Tu vas rien faire ? » S'indigna son pote. « Elle est juste là mec ! Elle a tué— »
« Va s'y si tu veux te faire démonter la gueule par môssieur. Si elle bluff, lui non. Fais-toi plais'. »
L'homme grimaça, marmonna non merci, puis s'éloigna un peu.
« J'sais pas d'où tu sors. Mais les monstres finissent toujours par se faire tuer. » Et question de finir en beauté, il cracha sur le sol, juste devant elle, avant de s'éclipser avec son ami. Il estimait sûrement qu'un jour, le karma viendrait s'occuper de son cas pour ce qu'elle avait fait... ou alors il ne voulait pas faire d'histoire en pleine ville. Les gardes faisaient des rondes après tout.

Un gémissement émotif, ou un couinement en fait, la quitta dès le moment où ces hommes furent hors de leur champ de vision. Les larmes coulèrent toutes seules, elle qui croyait être tranquille, voilà que tout ça revenait à la charge si subitement ! Cette anxiété de remettre les pieds sur la Planète Bleue s'était avérée juste... Elle pensait que rester loin de Troia lui éviterait ce type de rencontre... mais les histoires et les rumeurs faisaient rapidement le tour des cités...
«Une femme transformée en monstre assassine trois malheureux dans une ruelle de la ville des fleurs.» Oui, ça faisait bien le scoop de l'année... et ce n'était pas près d'être oublié par la communauté...

Le bluff, Vilal ne connaissait pas. Il disait toujours les choses telles qu'il les pensait, et c'est pourquoi il insistait sur le fait que c'était eux qui disaient qu'elle était un monstre. Et au final, si la jeune femme semblait vouloir fondre et disparaître comme neige au soleil, le regard et le sérieux du chevalier - et sa carrure peut-être aussi - finirent par les faire flancher.

«Les monstres, peut-être. Mais il n'y a que vous pour la qualifier ainsi, alors elle ne risque rien.» il se redressa mais s'avança d'un pas pour se remettre devant la jeune femme. Il était évident qu'ils ne souhaitaient pas se battre, mais ça ne voulait pas dire qu'ils ne tenteraient pas une dernière attaque en traître au dernier moment. L'homme avait craché par terre et s'en était allé, mais semblait désormais fixer Vilal d'un air incrédule comme s'il se demandait s'il croyait vraiment ce qu'il disait.

Une fois qu'ils furent hors de portée, il se tourna vers Suri qui s'effondra. Il la rattrapa alors qu'elle fondait en larmes, il attrapa son sac pour le caler sur son épaule avant de soulever la jeune femme et l'emmener à l'intérieur de la bibliothèque. Il la déposa dans un coin sur le sol en marbre, pas très loin du comptoir où la réceptionniste les regardait d'un air curieux, mais il se tourna vers elle en murmurant du bout des lèvres «une minute je vous prie...» elle murmura de son côté si elle devait aller chercher de l'aide, mais il hocha de la tête à la négative.

De là, il s'assit par terre aussi, et serra seulement la jeune femme dans ses bras
«C'est fini... ces hommes ne te feront rien. Ce ne sont que des brutes qui se croient plus fortes que tout, sans savoir analyser une situation. Ils se croient plus forts par le nombre et s'en prennent à des cibles qu'ils savent pouvoir atteindre facilement. Tu n'es pas un monstre, eux oui.» il caressait ses cheveux avec le plus de douceur possible, la serrant contre lui afin qu'elle se calme. Ils pourraient rester ainsi autant de temps qu'il le faudrait pour qu'elle se calme

«Tu as besoin de te rafraîchir un peu, viens, il doit bien y avoir des toilettes dans cet établissement.» il l'aida à se lever, et ensembles, ils se rendirent à un point d'eau, c'était réservé aux dames mais il ne fit pas attention à ce détail et entra avec elle quand même pour la guider jusqu'au lavabo. Une femme sortait des toilettes à ce moment là

«Hiiiiii!!! Non mais ça va pas?? Qu'est-ce que vous faites là vous??»
«Calmez-vous, je ne fais que soutenir une amie. Peut-être acceptez-vous de vous occuper d'elle pendant que j'attends dehors?» elle se figea un moment, regarda Suri, puis lui, avant de s'approcher pour poser une main sur le poignet de la jeune femme
«Euh je.. mais qu'est-ce qui vous est arrivé?» elle se tourna vers Vilal pour signifier qu'effectivement, elle s'en occupait, il commença à reculer
«Je vous attends juste là.» il se dirigea donc vers la porte et attendit, vu son état, il doutait qu'elle mette du temps.

Dur, dur d'affronter la réalité. Quand les fantômes du passé revenaient comme ça, sans prévenir, comme un coup de poing sur la gueule, c'était dur de juste ignorer l'effet couperet que ça avait sur le moral. C'était évident pourtant ; ces gens qu'elle avaient tué avaient des amis, de la famille probablement, des connaissances diverses et variées. C'était normal que quelqu'un cherche vengeance - ou à peu près, vu qu'ils n'avaient pas insisté plus que ça.
Peut-être ne voulaient-ils que lui faire comprendre qu'ils savaient ?

Tout ça d'un coup, ça lui fit un horrible poids, ses jambes se dérobèrent et elle s'effondra simplement en pleurant. Encore. Décidément, elle pleurait beaucoup dernièrement... et y penser la faisait pleurer encore plus ! Bah bien ! Et comme chaque fois, Vilal était là, peu importe à quel point il pouvait paraître insensible, froid ou rabat-joie, il avait le bon réflexe quand il s'agissait de la réconforter. Heureusement... être seule dans cette situation aurait été vraiment le pire des scénarios...
Il l'emmena dans la bibliothèque, question de s'isoler et d'avoir la paix. De gros bourrus comme eux ne risquaient pas de venir ici ! Là, dans le paisible silence des lieux, elle l'écouta la rassurer sur cette histoire de monstre, mais c'était vraiment une stigmate qui avait du mal à la quitter...

Les larmes séchées, elle fut invitée à se rafraîchir un peu, mais Vilal n'y pensa pas deux fois et entra dans les toilettes des filles seulement pour se faire directement réprimander par une passante surprise. Au final, il lui fit confiance pour s'occuper d'elle et l'étrangère lui demanda ce qui s'était passé... comment expliquer ça sans trop entrer dans les détails, hein... ?
« Oh euh... Juste un vieux règlement de compte auquel je m'attendais pas vraiment... » Un rire nerveux et elle se tourna pour s'asperger un peu le visage d'eau et ainsi dégager les rougeurs de toutes ces émotions. Entre de nombreux reniflements, elle se sécha la figure et se tourna vers cette femme. « Vous en faites pas, c'est gentil, mais ça va... C'est juste un peu mal tombé. »
Il lui fallut quelques minutes supplémentaires pour se remettre. Elle avait encore quelques hoquets et elle voulait quand même être présentable, montrer qu'elle était capable de passer par dessus, de laisser tomber... mais outre ces mots, revoir le dos de Vilal avait eut de quoi la prendre aux tripes. C'était difficile... à accepter.

Elle remercia la jeune femme avant de sortir, un peu moins chamboulée.
« Ça va, c'est bon... On passe à autre chose ? » Elle disait ça sans être convaincue de pouvoir le faire mais soit. Le cœur encore serré, Suri préféra aller chercher quelques livres. Elle fit exprès de prendre des bouquins sur une thématique appréciée de Vilal, comme les histoires de guerre du monde, l'art des forgerons de Baron, ce genre de choses. Elle lui apporta tout ça sur une table et s'installa à côté, sans trop réaliser qu'elle venait de lui déposer l'équivalent de six volumes épais sous le nez... donc un peu trop...

« J'ai essayé de prendre des trucs intéressants... Ça passera le temps jusqu'au repas comme ça ? » L'idée était qu'ils restent entre ces quatre murs. Elle se sentait en sécurité ici. L'image qu'on se faisait d'une bibliothèque était celle d'un lieu de paix, calme, silencieux... elle ne s'imaginait pas que ses problèmes puissent la poursuivre jusqu'ici... « Je me suis pris un petit truc à lire, mais si tu as du mal, hésite pas. » Un sourire mi-forcé décora ses lèvres avant qu'elle ne se mette à lire un tout petit bouquin, visiblement, de la poésie. De quoi se changer les idées... Elle ne doutait pas de toute façon que Vilal n'ait pas trop besoin d'aide, il avait très vite pris en main la langue la première fois qu'ils avaient fait ça.

Honnêtement, Vilal n'aimait pas l'idée de laisser Suri avec une inconnue, mais là en l'occurrence, il n'avait pas trop le choix. En temps normal, il ne devait pas y avoir beaucoup d'établissements en ville qui séparaient les hommes des femmes, mais ici, c'était suffisamment prestigieux pour proposer cette distinction.

La jeune femme finit cependant par sortir, essayant de faire bonne figure et Vilal respecta ce choix et la suivit à la bibliothèque. De toute évidence, elle voulait choisir ses ouvrages alors il s'installa à la table et attendit qu'elle revienne avec de quoi lui donner de la lecture pour un mois au moins. Il haussa un sourcil, voyant la rougeur sur ses joues, elle s'excusa alors qu'il prenait le premier livre.

«Je ne lirai pas tout, mais au moins aurais-je de quoi varier les lectures.» il sortit son carnet, celui sur lequel il notait ses comptes rendus quotidiens, et il alla chercher une page en retrait sur laquelle il avait noté la correspondance de l'alphabet entre Héra et la Planète Bleue, il avait aussi noté certains mots clés qu'il n'avait pas compris tout de suite, ou encore des expressions propres à ce monde. Il prit le premier ouvrage sur l'histoire des guerres de ce monde, il s'intéressa particulièrement aux batailles aériennes, les vaisseaux de guerre de Baron semblaient une véritable fierté nationale, et Vilal se notait dans un coin qu'organiser en priorité un entretien avec le Roi Cid, avant même la Reine d'Alexandrie, pourrait être une bonne idée. Il ignorait cependant si le Roi actuel de Baron avait la même passion pour les vaisseaux.

Le temps passait et l'après-midi avait bien avancé, il s'en rendit compte quand la femme qui tenait la bibliothèque commença à allumer les bougies et lanternes partout. Refermant l'ouvrage sur les forgerons - au final, il n'avait consulté que deux livres en tout - il se leva et s'étira longuement
«Nous devrions rentrer avant qu'il ne fasse nuit.» il se rendait bien compte qu'il valait mieux ne pas se promener dans ces rues de nuit. Ils rejoignirent plutôt l'auberge, ayant eu un copieux déjeuner, un dîner simple serait suffisant - enfin pour lui, mais au pire, il leur restait du fromage et du pain si Suri avait besoin d'un complément.

On les avait installés dans un petit salon devant une cheminée en attendant que le dîner soit prêt. Il n'y avait pas grand monde, les touristes devaient se faire assez rares à Baron en cette saison. Alors que le calme régnait, le chevalier en profita pour dire ce qu'il pensait sincèrement de tout ça.
«Pourquoi crois-tu être un monstre?» il se tourna vers elle et planta son regard dans le sien. Il parlait à voix basse tout de même, au cas où les murs aient des oreilles, mais ils avaient l'air d'être vraiment seuls là «tu as le sang d'une chimère en toi... ce sont des créatures nobles, puissantes à qui l'on doit un profond respect. Penses-tu que ton père soit un monstre?» il s'avança vers elle, posant ses coudes sur ses genoux pour être penché vers elle «en pensant que tu es un monstre, tu insinues que les chimères en sont aussi. Penses-y.»

Il la laissa digérer un peu cette information, puis on les appela pour manger. Se levant, il tendit la main à la jeune femme en gardant son air des plus sérieux
«Sache que pour moi, non seulement tu n'es pas un monstre, mais tu es un être incroyable qui mérite le respect.» pourquoi croyait-elle qu'il faisait autant d'effort? Le ferait-il pour un monstre?

Vilal prit le temps de feuilleter de nombreux volumes, et Suri tenta de se changer les idées en lisant un brin de poésie. Elle n'était pas très concentrée mais pour le peu qu'elle lut, elle arriva à se sortir de la tête ces horribles événements et surtout ces paroles. Elle demeura muette tout du long, plongée dans son esprit, jusqu'à ce que le chevalier ne finisse par mentionner qu'il faudrait rentrer avant que la nuit ne tombe.
En levant les yeux, Suri s'aperçut en effet des bougies... Tant de temps s'était écoulé ?

Ils retournèrent à l'auberge pour aller manger et se coucher. En attendant que le repas ne soit prêt, ils s'installèrent près de la cheminée où Vilal profita de la quiétude pour lui demander pourquoi elle pensait être un monstre. Surprise, Suri fronça un peu les sourcils en l'interrogeant du regard. Pour lui, les chimères étaient des créatures nobles et respectables. Pensait-elle que son père était un monstre ? Non, en effet... Mais ce n'était pas seulement ça. Brr, ce qu'il était froid parfois... C'était la vérité, mais c'était une guillotine dans la face. Pourtant son raisonnement avait du sens... penser ainsi insinuait que les chimères étaient toutes des monstres...

Elle serra les lèvres en une moue amère. On les appela pour manger avant qu'elle ne puisse répondre... Seul un soupir la quitta lorsqu'elle se leva de son siège. Jusqu'à ce que Vilal n'ajoute qu'à ses yeux, elle n'était pas un monstre, mais un être incroyable méritant le respect.

Un être incroyable.
Un être... incroyable.

Elle eut l'impression que quelque chose de creux, bouillant, et fort naquit dans sa poitrine. Tellement qu'elle n'eut rien à dire. Normalement, elle se serait obstinée, elle aurait donné des raisons pour lesquelles oui, elle était un monstre comparé à ces nobles créatures, parce qu'elle ne se contrôlait pas totalement, il suffisait de voir le dos de Vilal pour le prouver, mais... C'était la première fois de sa vie qu'une personne lui disait quelque chose d'aussi merveilleux. Entre les monstre, bestiau, créature immonde, chose...
Quelqu'un lui disait qu'elle était incroyable.

Il lui tendait la main mais elle ignora ça et lui sauta dans les bras. Il était peut-être plus grand qu'elle, mais avec les quelques centimètres gagnés sur ses bottes et en se hissant juste un peu, elle put passer ses bras autour de son cou sans difficulté. Un œil extérieur aurait trouvé ça bien mignon, mais pour Suri, ça avait été purement spontanée, une réaction de reconnaissance. Elle serrait assez fort, extériorisant toutes ses émotions, mais surtout...
« Merci... de m'accepter comme je suis... en dépit de ce qui s'est passé... » Il n'était pas rancunier et elle se doutait qu'il savait que Suri ne lui avait pas volontairement déchiré le dos. Mais... certains auraient fuit. Certains l'auraient abandonnée. Mais pas Vilal.

Il était toujours là, lui.

Pourquoi Suri se considérait-elle comme un monstre, alors qu'elle était à moitié chimère? Une chimère n'était pas un monstre, même pour Vilal qui avait vu des chimères commettre des horreurs sous l'influence des hommes, ces entités ne pouvaient être qualifiées comme telles. Il essaya d'expliquer son point de vue, cherchant à la rassurer sur ce qu'elle était vraiment, mais la réaction de la jeune femme ne fut pas vraiment celle à quoi il s'attendait!

D'ordinaire, elle se serait surement mise à bouder, lui signifiant qu'il ne pouvait pas comprendre, ce genre de choses, mais au lieu de ça, elle lui sauta carrément dans les bras. Heureusement que c'était un poids plume, il ne bouge pas d'un pouce, mais il fut malgré tout surpris de la réaction. Il mit au moins une seconde à refermer ses bras autour d'elle, un souvenir lui revenait alors en mémoire alors qu'il l'entendait un peu renifler, lorsque sa mère avait sauté dans les bras de son père de la même manière, quand elle avait appris la mort de leur grand-mère... ne sachant pas s'il avait encore dit une bêtise du coup pour la rendre malheureuse, il referma un peu plus son étreinte sur elle, se souvenant du geste de son père qui avait déposé un baiser dans les cheveux de sa mère. Malgré lui, il fit pareil sur la chevelure blanche, jusqu'à ce que la jeune femme finisse par... le remercier?

«Euh je... de rien.» il ne savait pas quoi répondre en fait, il se sentait déstabilisé. Comment on pouvait remercier quelqu'un pour.. quelque chose d'aussi normal? N'était-ce pas normal de l'accepter comme elle était? Il n'avait jamais remarqué qu'autour de lui, les gens le jugeaient et auraient aimé qu'il soit différent, il savait qu'il n'était pas comme tout le monde, mais n'avait jamais réalisé que certains «n'acceptaient pas».

Il attendit qu'elle se détache d'elle-même, son regard devait paraître un peu perplexe du coup
«Mais... tu es bien comme tu es, non? Pourquoi je ne t'accepterais pas?» il n'arrivait pas à faire l'amalgame entre le fait qu'elle soit à demi-chimère et le fait que ça fasse fuir tout le monde. Mais le regard des autres hommes lui revint un peu en mémoire, et il fronça malgré tout des sourcils. Oui, certains ne la voyaient pas comme il la voyait. Il ferma un instant les yeux puis les rouvrit pour la regarder

«C'est dur, d'être soi-même. Parfois, il faut changer un peu pour ne pas rendre les autres malheureux» c'est ce qu'il essayait de faire justement «mais il ne faut pas changer ce que l'on est vraiment. C'est ce qui fait de toi un être unique, quelqu'un que l'on ne peut pas oublier.» il avait posé sa main sur son épaule cette fois, et l'aubergiste les rappela pour dîner

«Allons manger. Tu dois avoir faim.» avec toutes ces émotions, c'était évident oui. Ils allèrent s'installer où l'aubergiste avait préparé une bonne salade de crudités et une omelette, il y avait aussi encore un peu de charcuterie et de fromage. Ça n'allait pas beaucoup les changer du repas du midi, mais ça, elle ne pouvait pas le savoir! Malgré tout, Vilal se contenta seulement de la salade et d'un bout d'omelette, ensuite, ils regagnèrent leur chambre avec les deux lits séparés

«Tu devrais aller te prendre un bon bain, ça te détendra.» il ouvrit la fenêtre, la lune était belle sur ce monde, enfin les lunes plutôt. Cela lui rappelait l'époque où il y avait aussi deux lunes sur Héra. Mais Terra avait disparu depuis la fusion des mondes, les gens s'étaient habitués à ce qu'il n'y en ait plus qu'une seule.

Il nettoya le couteau qu'il avait acheté, et plaça le chocobo de bois sur sa table de nuit. La journée avait été longue, plutôt agréable en dehors du passage avec ces voyous. Le chevalier se rendait compte qu'il allait devoir se montrer prudent désormais, il fallait qu'il protège Suri au mieux si d'autres personnes comme ces types avaient eu vent de l'agression. Comment pouvait-on prendre le parti d'individus ayant cherché à agresser une femme seule, sous prétexte qu'elle s'est transformée en dragon? Ça le dépassait totalement...

De rien. Oui pour lui c'était normal et tout à fait banal mais pour Suri, c'était gigantesque. C'était une première. Elle n'avait été acceptée que dans le Royaume des Chimères mais ça lui semblait si normal là-bas, contrairement au monde des Hommes, où les gens portaient tant de jugement... Les monstres gentils étaient ses amis. Les autres chimères étaient des alliés. Mais les humains, dès qu'ils savaient, ils trouvaient que c'était une abomination. Une personne mi-humaine mi-chimère ? C'était trop étrange pour être acceptable.

Lorsqu'elle se recula, soulagée, elle l'écouta lui faire remarquer qu'elle était bien comme elle était et qu'il ne voyait pas pourquoi il ne l'accepterait pas. Ah ça franchement c'était bien ce qu'elle aimait chez lui... Il n'était pas très expressif et niveau émotion, ce n'était pas ça, mais il était tellement terre à terre que les préjugés et ce genre de choses ne l'atteignaient pas du tout. Il ne voyait que la réalité. Que ce qui était.
« Certains n'y arrivent pas... » Dit-elle avec un sourire triste des suites d'un léger haussement d'épaules. Ça, Vilal avait put s'en rendre compte avec l'épisode précédent. Il sembla le noter et mentionna que parfois il fallait changer pour ne pas blesser quelqu'un, mais au fond, on restait toujours les mêmes personnes. Oui ça elle avait put le constater.

Ils furent rappelés pour aller manger. Ah oui ! Le repas !
« Moi ? Toujours ! » Et voilà qu'elle retrouvait le sourire, mais ce n'était pas juste parce qu'elle était contente d'aller manger. Vilal avait beau paraître bien froid et tout, il avait quand même un côté étrange où se mélangeaient logique et sentimentalisme. A ses yeux, ce n'était qu'évidence, mais à ceux de Suri, c'était une merveilleuse façon de voir les choses. Grâce à sa manière de la voir, il ne percevait qu'une guerrière avec un extraordinaire talent, là où la majorité voyait une créature immonde. Et elle aimait sa façon de voir les choses.

Ils allèrent donc manger et ayant retrouvé l'appétit, Suri se fit bien plaisir, même si elle tenta d'être à peu près raisonnable - cela dit comme d'habitude, elle mangea bien plus que Vilal ! Sortie de table et son humeur renouvelée en un sourire léger, elle suivit le chevalier jusqu'à l'auberge où il lui suggéra de prendre un bon bain pour bien finir la journée et ainsi promettre une nuit de sommeil reposante.
Elle acquiesça et profita d'un long bain, en tâchant de ne pas trop penser à ce qui faisait mal. Pas évident, mais il lui suffisait de se forcer à se rappeler de ce qu'avait dit Vilal, ou de penser à des choses agréables de manière plus générale, pour que ça passe.

Habillée pour dormir, elle se coiffa avant de sortir, détendue mais clairement prête à dormir ! Avec le repas et ce bain chaud, il y avait de quoi somnoler en même temps... Elle vit le chocobo sur la table de chevet et sourit doucement avant de s'approcher de la fenêtre ouverte, où on voyait bien les lunes.
« C'est le décor que je préfère regarder. » Sourit-elle en admirant le ciel. Pas un nuage, rien, juste les lunes et les étoiles qui les entouraient. « Là-haut. C'est là que je veux aller... et seule la Baleine Lunaire peut s'y rendre. C'est chez moi. » Ce qu'elle considérait comme sa maison en tout cas. L'endroit où elle espérait vraiment retrouver son père, même si rien, absolument rien ne garantissait qu'il y serait... et dans ce cas, Suri supposait peut-être trouver des indices à propos de sa disparition...

« Je vais aller me coucher. La journée a été longue... Le pique-nique a été très agréable. Merci beaucoup. » Autant ne pas parler du reste hein ? Gardons le positif en tête.

Elle s'éloigna donc pour aller au lit, mais rebroussa chemin après quelques secondes pour retourner vers le chevalier et déposer un petit baiser sur sa joue.
« Bonne nuit. » Un doux sourire et la demoiselle était repartit vers son lit pour réellement se coucher cette fois. Le cœur tout chaud et de bonne humeur, au moins, elle dormirait bien en dépit de cette journée qui avait eut ses hauts et ses bas... mais l'important, c'était que ça se termine bien...

Un peu de calme sur cette journée bien remplie. Ça faisait du bien. D'habitude, Vilal aimait nettoyer son armure lorsqu'il se retrouvait seul le soir, il avait déjà nettoyé une grosse partie la veille en revenant du chemin maudit, mais il y avait encore bien à faire, alors il profita que Suri soit dans son bain pour finir.

Les pièces correctement assemblées sur un mannequin prévu à cet effet, il était à la fenêtre à relire ses notes lorsque la jeune femme eut fini. Elle paraissait plus sereine, et s'approcha pour regarder la lune avec nostalgie
«C'est difficile d'imaginer que l'on puisse vivre là haut. J'espère que nous réussirons à nous y rendre.» elle était épuisée, surtout moralement probablement, il aurait aimé lui demander ce qu'elle ferait une fois là bas, si son père s'y trouvait bien... allait-il la laisser là bas et rentrer seul?

Il ouvrit la bouche, prêt à poser sa question lorsqu'elle s'approcha pour déposer un baiser sur sa joue. Il fut surpris du geste, mais pas forcément gêné pour autant. Il avait vu bien des gens se saluer ainsi, il savait que c'était quelque chose d'anodin. «bonne nuit à toi aussi.» il s'était senti un peu bête sur le coup, il avait levé la main en supposant qu'elle aurait aimé qu'il lui rende la pareille, mais elle était déjà partie. Se grattant la joue quelques secondes pour réfléchir, il finit par se lever pour aller se doucher à son tour. Contrairement à elle, il n'avait besoin que d'une toilette rapide, mais le temps de sortir, elle dormait paisiblement.

Il se rendit compte alors que sans le vouloir, il avait pris le lit le plus près de la fenêtre, se souvenant qu'elle aimait la vue de la lune, il s'approcha doucement, vérifiant qu'elle dormait bien, il la souleva pour la mettre plutôt dans son lit, la tournant même vers la fenêtre, pour le cas où elle se réveille tôt, qu'elle ait la vue de la nuit devant elle. Il changea la place du chocobo, et se glissa ensuite dans les draps chauds.

Une main sous la tête, il lui fallut quelques secondes pour réfléchir: que se passerait-il lorsque Suri retrouverait son père? Ils n'avaient jamais discuté de ça, il faudrait peut-être qu'il le sache histoire de se préparer à l'avance à un éventuel voyage en solitaire. Il souhaitait de toute manière visiter chaque ville de ce monde, mais il lui faudrait trouver un guide pour que ce soit plus efficace.
Enfin, inutile de songer à ça, même si le chevalier était toujours du genre à tout planifier à l'avance, il ne servait à rien de s'avancer tant qu'il ne savait pas ce que la jeune femme souhaitait. Et puis, il y avait toujours ce qu'Alexandre avait dit: normalement, Bahamut n'était plus là bas.

Il s'endormit une bonne heure plus tard, il avait noté que le bateau partirait tôt le lendemain, et avait demandé à l'aubergiste de les réveiller. Pas de course à pied cette fois, au pire, il ferait quelques exercices que le bateau...

Toc toc toc

«Monsieur Rannveig? Si vous voulez prendre un petit déjeuner avec votre amie avant le départ du bateau, il faudrait vous lever!» ouvrant un œil, Vilal se redressa doucement sur les coudes, il lui fallut quelques secondes pour se remettre les idées en place, et malheureusement, ses pensées de la veille s'étaient envolées. Pas tout de suite qu'il penserait à parler avec Suri de tout ça...

Dès l'instant où elle se coucha, Suri sentit qu'elle n'allait pas mettre trop de temps à dormir. Son corps tout entier sembla s'alourdir et en l'espace de quelques minutes, elle s'endormit. Vilal n'était pas encore revenu dans la pièce qu'elle dormait déjà profondément. La journée avait effectivement été longue et autant dire qu'avec toutes ces émotions, il y avait de quoi être épuisée, l'esprit influençant beaucoup le corps.

Le lendemain matin, elle se fit réveiller par quelqu'un qui toquait à la porte. Boudeuse, elle enfouit sa tête sous la couette jusqu'à entendre parler du petit déjeuner... Elle ne se souvenait pas vraiment de ses rêves ni rien, comme quoi en dépit de tout, son cerveau avait choisit de la laisser tranquille en cette nuitée. Heureusement que la journée s'était bien terminé en fait, ça lui avait permit de s'endormir sans trop d'idées noires...
« Mais il est tôt... » Marmonna-t-elle, la figure enfoncée dans son oreiller. Elle avait d'ailleurs un peu le soleil dans la figure, ce qu'elle trouva un peu étrange... Elle ne se souvenait pas avoir prit le lit près de la fenêtre...

Curieuse, la jeune femme se redressa et remarqua que Vilal était réveillé.
« J'ai été somnambule ou quoi ? » Elle demandait ça sans calculer que ça insinuait qu'en étant somnambule, elle aurait poussé Vilal en bas du lit pour lui prendre sa place ? Non en fait ce n'était pas ça, on l'avait sûrement déplacé... Peut-être que Vilal préférait dormir de l'autre côté ? Enfin, ce n'était pas important.

Elle s'installa assise sur son lit et s'étira jusqu'à entendre ses épaules émettre un petit craquement. Ils avaient encore une fois une bonne journée devant eux. Ce voyage en bateau allait sûrement être assez long, mais ce serait toujours plus sympa qu'avec un vieillard pervers qui lorgnerait sur... oui bon non maintenant il ne zyeuterait plus Vilal, il n'y avait plus trop de raison.
Tiens, ça lui rappela cet épisode dans les salles de bain mixte... Ah, oui il y avait de quoi zyeu—

Oui bon revenons à nos moutons.

« Bon, quoi qu'il en soit, j'ai faim ! » Avoir un métabolisme magique comme celui d'une demie-chimère, est-ce que ça permettait de pouvoir ingérer une grande quantité de nourriture sans prendre un kilo, mais en contrepartie, ça donnait tout le temps faim ? Allez savoir, mais à entendre Suri, elle pourrait toujours manger sans s'en lasser ! Elle se leva donc et alla chercher ses vêtements. « Je vais me changer et on va manger après ? »
Chose dite, chose faite. Elle adorait le petit déjeuner, c'était probablement son repas préféré, peut-être parce que c'était le moment où on pouvait le mieux s'empiffrer ? Les calories ingéraient partaient pendant toute la journée, donc on pouvait se faire plaisir.

En ressortant, elle vit que le petit chocobo était toujours sur la table de chevet.
« Ça fait joli non ? » Demanda-t-elle en se penchant en avant pour observer le petit bibelot en bois. Le vendeur avait bien raison ; ça faisait très beau sur une table de chevet ! « Oh ça me rappelle... » Elle alla chercher son bracelet pour l'enfiler, quand même !

« Bon, je suis prête et mon estomac aussi ! Go ! » Elle pointa la porte avec enthousiasme, fit une pause, puis prit les devants. Vilal pourrait toujours la rejoindre à table de toute façon !

Cette fois, Suri ne s'était pas réveillée pendant la nuit pour observer la lune, lorsque Vilal ouvrit les yeux, elle était dans son lit à se demander ce qu'elle faisait là
«Je me suis dit que tu préférais être près de la fenêtre pour voir la lune, pour le cas où tu te lèveras dans la nuit» dit-il en se frottant les yeux. Vu qu'il ne pourrait pas aller courir, il se leva doucement du lit, il avait dormi torse nu et s'étira d'abord avec les bras en l'air, puis se baissa pour toucher ses orteils, montrant une certaine souplesse malgré sa corpulence, puis il fit quelques pompes, suivies de quelques abdominaux, inutile de trop forcer le matin, c'était surtout pour échauffer les muscles pour la journée.

Pendant ce temps, Suri était allée s'habiller, il suivit vers la salle de bain, se passant juste un peu d'eau sur le torse et là où il avait transpiré avant de s'habiller pour pouvoir enfiler son armure. Les voyages en mer n'étaient pas très sûrs après tout, ils avaient pu le constater.

Suri avait déjà eu le temps de se servir le temps qu'il rassemble toutes leurs affaires, il eut un léger sourire en voyant l'état de son plateau. Il aurait pu lui dire de faire attention, mais il estimait le lui avoir déjà assez répété. Comme d'habitude, il prit quelques céréales avec une viennoiserie et un café. L'aubergiste passa à côté d'eux et les regarda avec surprise en comparant le contenu des plateaux
«Vous n'avez pas inversé?» le chevalier se tourna vers elle, l'air sérieux
«Non, mais il est vrai qu'elle mange beaucoup.»
«Ne vous rendez pas malade hein? Si vous prenez le bateau ensuite, ne vous chopez pas le mal de mer!» ah ben finalement, ce n'était pas Vilal qui l'avait dit.

Une fois le petit déjeuner terminé / englouti, le commandant laissa Suri vérifier qu'elle avait bien toutes ses affaires, puis ils se dirigèrent vers le port qui se trouvait un peu à l'extérieur de la ville. En chemin, il se sentit observé et vint prendre la main de la jeune femme par précaution
«Il y en a qui ne semblent pas vouloir renoncer. Rapprochons-nous de gardes.» ce qu'ils firent, ils demandèrent à être escortés jusqu'au navire se rendant à Mysidia, le Chancelier ayant donné leurs noms, ils purent être en sécurité jusqu'à être à bord, mais par précaution, Vilal resta bien sur le pont pour s'assurer qu'aucune mauvaise tête n'allait se pointer.

Il n'aimait pas ça, il se doutait bien que tôt ou tard, il allait devoir les calmer pour qu'ils cessent de la suivre. Il se renfrogna un peu, c'était l'une des raisons pour lesquelles il se fermait à tous sentiments. La vengeance rendait tellement bête...