La hantise du passé

Quelques heures avant le début de la finale...

Les premières agitations de la journée se faisaient entendre à l’extérieur quand William se réveilla dans sa tente, allongé dans une couchette individuelle arrangée sommairement par les organisateurs du tournoi. Il ouvrit lentement les yeux, le cerveau encore un peu embrouillé à cause des évènements de la veille.

Ne sachant pas exactement où il pouvait trouver Erika ou le reste du groupe, le jeune homme avait erré un certain temps dans les couloirs du stade avant de rejoindre la zone de repos. Avant ça, il avait tenté de contacter son amie par téléphone mais vraisemblablement, Spira ne disposait pas encore des équipements de communication standards que les grands noms du commerce d’Héméra s’acharnaient à vouloir mettre en place. Ou bien l’église était aussi bornée que le prétendait ses nombreux détracteurs et elle n’acceptait tout simplement pas l’établissement de ces systèmes. Dans tous les cas, impossible de capter un quelconque réseau, aussi avait-il abandonné l’idée et s’était lancé dans ses recherches.

Ce n’était que bien plus tard dans la soirée, après avoir fait la tournée des stands de nourritures et autres souvenirs à emporter qu’il avait été orienté par un membre du personnel organisateur vers la tente qui lui avait été attribuée, où l’attendait Erika et un plateau garni de mets en tout genre à moitié entamé. La jeune femme lui avait fait alors un sermon dans les règles pour s’être absenté aussi longtemps avant de l’inviter à célébrer sa participation au tournoi, non sans indiquer sa déception quant au choix de déclarer forfait dans la dernière phase de qualification.

La soirée s’était ensuite terminée dans le calme et les deux anciens camarades du SeeD s’étaient couchés avec d’heureux souvenirs à partager à leur retour sur Balamb.

William sortit de ses couvertures en laissant échapper un frisson face aux courants d’air traversant la tente qu’il partageait avec son amie. Deux couchettes individuelles assez basiques séparées par un rideau et une simple table en bois, un espace restreint délimité par la toile de tente à l’épaisseur somme toute minimale et tout juste le nécessaire pour faire sa toilette.
Le détective ignorait commet avait été logés les finalistes du tournoi, mais il se disait que les spectateurs devaient avoir bénéficiés d’un traitement quasi-similaire au sien.

Le jeune homme enfila rapidement sa veste noire ainsi que son long manteau blanc, ne souhaitant pas attraper bêtement un rhume ou un quelconque virus au terme de ce voyage sur Spira. Il lui sembla entendre Erika ruminer dans son dos tandis qu’il mettait ses bottes et estima qu’elle était réveillée elle aussi.

« C’est une bonne heure pour se lever, Erika.
-Mrgnn… La bonne heure, pour moi, c’est quand je le décide... marmonna-t-elle en se retournant dans ses draps.
-En tant que professeur responsable du voyage, tu ne devrais pas aller vérifier comment se portent tes élèves ?
-Ils savent se débrouiller tout seul. Je n’ai pas à être sur leur dos tout le temps qu’on est ici, non plus.
-Tu négliges tes devoirs, Erika. Tu le sais, ça ?
-Au lieu de me faire la morale inutilement, rends-toi utile et apporte-moi le petit-déjeuner. J’ai entendu dire qu’ils avaient fait venir un tas de spécialités en tout genre.
-Je te ramènerais un café pour t’aider à te réveiller. Le reste, tu t’en chargeras toi-même.
-Pfff... Radin. » répliqua-t-elle avant de se taire, William pouvant deviner qu’elle s’était enfoncée de nouveau dans ses couvertures.

Le jeune homme soupira légèrement avant de sortir de la tente, l’air vivifiant de la Plaine Félicité sur laquelle s’était établi le tournoi lui arrivant en plein visage.

Lui qui avait récemment passé tout son temps au milieu des buildings et de la circulation de Dol, ce genre d’ambiance plus naturelle ne pouvait que lui faire du bien, se dit-il en se dirigeant vers le grand mess.

Un nombre important de participants ou spectateur du tournoi se pressait sous la grande tente lorsque William débarqua. Du peu qu’il pouvait apercevoir de là où il était, plusieurs cuisiniers s’affairaient à préparer des mets en tout genre pour ensuite les amener dans des plats disséminés tout le long d’une table particulièrement grande. Il pouvait y voir de nombreuses spécialités de Dol qu’il connaissait bien éparpillées aux côtés de pâtisseries et autres confitures, compotes ou fruits frais venus de Gaïa, Héra et Spira. Quelques amphores et cruches en verre accueillaient des boissons fraîches aux degrés d’alcool divers, mais ce qui attira surtout le regard de l’épéiste, c’est qu’ils avaient aussi installés quelques machines pour la préparation de boissons chaudes, tisanes, thés et surtout cafés.

Il lui faudrait cependant patienter un peu, puisqu’un attroupement plutôt conséquent s’était formé devant les appareils. Ce n’était pas vraiment ce qu’il avait imaginé comme organisation pour ce genre d’évènement, mais c’était déjà mieux que rien. Le jeune homme se positionna alors à l’arrière de la file d’attente en se disant que ça ne devrait pas être si désagréable.

Il dût donc faire la queue une bonne quinzaine de minutes avant de finalement arriver devant l’objet de sa convoitise et lorsque le liquide sombre eut rempli entièrement le récipient, William n’avait plus qu’à le déguster de la même manière qu’il pouvait le faire chaque matin dans son appartement...

Mais c’était sans compter sur le fait que sa main gauche ne souhaitait visiblement plus réagir à sa volonté, le membre métallique restant cloué à la table en tenant fermement la tasse.

« Hé ! Dépêchez-vous, là devant ! Y’en a qui veulent se servir ! s’écria un grand gaillard à l’arrière de la queue.
-Désolé ! Je fais au plus vite ! répondit William à l’adresse du type en question, avant de se tourner vers la personne qui se trouvait juste derrière lui, une jeune femme aux cheveux blonds vénitiens coiffés en une queue de cheval haute. Ce genre de chose peut parfois arriver lorsque je viens de me lever. Navré que ça arrive juste à ce moment mais si vous pouviez m’aider à faire bouger tout ça, je vous en serais reconnaissant. »

Le détective tenta d’énoncer dans sa tête clairement ce qu’il souhaitait faire, espérant que les signaux électriques de son cerveau réussissent à faire repartir son bras mais selon toute vraisemblance, il ne pourrait pas le faire redémarrer sans une aide de la part de celle qui l’a conçu.

De suite après la demie-finale, de nombreux groupes s'étaient formés alors que Wynonah, elle, avait préférée jouer la solitaire. Encore. Quelque chose qui était loin d'être nouveau pour elle. Et tant mieux dans un sens car vu la place qu'il y avait dans les tentes...

Elle s'était attendue à ce que Genesis reste en solitaire lui aussi mais non... Il avait apparemment décidé de courir la gueuse... sans forcément vouloir juger Emi et Sheli hein. Bien qu'elle se demandait ce que cette Emi avait en tête pour s'en être prise systématiquement à elle pendant les combats. La voyant juste après avec Genesis... hmmmm... Il devait y avoir anguille sous roche. Ou alors le roux provoquait un peu – ce qui était assez son genre – et probablement à raison dans le fond... Vu la gifle qu'il avait pris par la scientifique...
Puis aller draguer, cela n'avait jamais été vraiment le genre de l'ex Soldat. Donc oui, peut être qu'elle pensait un peu trop sur le coup.

D'ailleurs, en repensant à cela, elle envoya un message au réveil pour présenter ses excuses... quand même.
« Salut. Désolée pour hier hein, je sais, j'ai été un peu vilaine mais... mais... sais-tu depuis combien de temps j'essaie de te contacter ? Et pourquoi tu n'acceptes pas ma demande sur Hemerabook ? ».

Elle ne s'attendait pas spécialement à une réponse, et s'en voulait quand même assez pour son geste... mais elle avait quand même un peu mal au cœur...

Du coup, elle restait pensive, même dans la file d'attente pour le petit déjeuner... tout en regardant néanmoins le choix qu'il y avait. Certaines choses avaient l'air bien bonnes d'ailleurs, mais quand on veut garder la ligne et bien on fait attention. Et Wyny voulait en effet garder la ligne.
Après... peut-on juger une paire de crêpes à la confiture comme quelque chose qui ne fait pas grossir ? Tout cela complété d'un gobelet de lait sucré ?

Alors qu'elle bâilla tout en attendant patiemment, elle entendit grogner derrière et se retourna vers la personne ?
« Oh mais qu'est-ce qu'il... »
Avant de se rendre compte que l'individu devant elle était planté là depuis un petit moment.
« Après c'était après vous... mais euh... qu'est-ce que vous arrive en fait ? Vous n'avez pas les yeux assez en face des trous ? Faire bouger vous dites ? Hmmm ? »
Elle se frotta un peu les yeux et vit la main gauche de l'individu apparemment bloquée sur la table.
« Ah... vous êtes coincé c'est ça »

Délicatement mais sûrement, elle débloqua la main du jeune homme tout en faisant attention à ne pas renverser son café. D'ailleurs elle le mit sur son plateau.

« Je vous le redonne après. C'est pour ne pas que vous le fassiez tomber. Vous voulez que je vous aide à porter quelque chose ? »

Bon il ne faudrait pas non plus que ce type veuille en profiter hein, elle n'était pas la boniche, d'ailleurs, c'était bien perceptible dans son ton, enfin... elle restait neutre, pas trop trop trop gentille. Mais bon le pauvre garçon avait l'air un peu en peine quand même.

Dans tous les cas elle rejoint vite une table, tout en aidant l'individu au besoin.
« Est-ce que ça va aller maintenant ? »
Elle ne mangerait peut être pas en solitaire finalement. Cela dit vu le monde, ça serait difficile de rester seule en ce lieu.

La jeune femme fit preuve d’une grande compréhension à l’égard de la situation de William et malgré le fait qu’elle aussi était gênée par ses actions, elle ne s’énerva pas trop et l’aida à dégager sa main en retirant le verre de café d’entre ses griffes métalliques, épargnant aux autres personnes un quelconque incident impliquant le liquide brunâtre.

Cela permit au jeune homme d’attraper la prothèse avec sa main droite pour la faire basculer de la table, le membre mécanique pendant assez misérablement dans le vide à partir de là. L’armature risquait de forcer quelque peu sur les muscles de son épaule, aussi devrait-il regagner sa tente assez vite pour effectuer les réglages nécessaires s’il ne voulait pas se retrouver avec un autre genre de problème de bras.

« Je vous dois des remerciements. Comme je vous le disais juste avant, il peut parfois arriver que les connexions entre mon cerveau et cette prothèse lâchent au petit matin. Surtout si la nuit auparavant a été difficile, comme ce fut le cas cette fois-ci. »

Il remarqua alors qu’elle avait pris son gobelet pour le poser sur un plateau ressemblant vaguement à ce qu’il pouvait utiliser dans la cafétéria de la BGU. Soi-disant pour éviter qu’il ne le renverse.

« C’est très aimable de votre part, mais je peux gérer le reste sans avoir à vous demander plus. J’ai l’habitude d’être amené à n’utiliser qu’un seul bras de temps en temps, c’est le genre de choses qui arrivent souvent avec un appareil de ce genre. »

Et comme pour appuyer ses paroles, il récupéra quelques bouts de pain qu’il coinça momentanément entre son auriculaire et son annulaire droit, avant de récupérer une assiette en pierre dans laquelle il les disposa, accompagné de couverts en aluminium et autres mets à portée de main.

« Si le côté gauche n’est plus à même de répondre à notre volonté, le côté droit se doit de pouvoir en faire deux fois plus. Aussi bien en combat que dans la vie de tous les jours. »

Il vint ensuite s’asseoir en face d’elle en déposant son plat, avant de tendre le bras pour récupérer son café. Le liquide sombre avait eu le temps de refroidir un peu, mais il gardait encore toute sa saveur et c’était déjà bien suffisant aux yeux du jeune homme.

« Pour répondre à votre question, il n’y a pas à s’inquiéter pour moi. J’ai quelqu’un qui m’accompagne et qui peut s’occuper de faire les réglages nécessaires. Je devrais juste éviter de laisser traîner ça trop longtemps si je ne veux pas avoir une épaule disloquée par le poids de ce bras. »

Il ne savait pas exactement pourquoi il lui racontait tout ça, lui qui avait tendance à se méfier de tout et n'importe quoi. Mais elle n’avait pas l’air bien dangereuse. C’était juste quelqu’un venu assister à la compétition qui s’était montré sympathique à son égard, aussi pouvait-il bien faire un brin de conversation le temps de finir son repas.

Le jeune homme ne semblait pas avoir besoin de plus d'aide... pas pour le moment. Ce à quoi Wynonah répondit d'un signe de tête.

« Nuit difficile ? À cause des combats ? Trop de mauvais coups attrapés peut être ou à cause de... »
En même temps qu'elle posait sa question inachevée elle désigna la prothèse d'un geste de la main. Et tout en l'observant se prendre à manger. Il fallait admettre que ce garçon était fort adroit... ce qu'il avait tout intérêt d'ailleurs. Mais enfin... cette prothèse attirait quand même assez la curiosité de Wynonah qui, rappelons le, était scientifique.

« Tu... vous voulez que j'aille le faire réchauffer un peu ? Mon lait n'est pas assez chaud donc tant qu'à faire, je peux aussi faire chauffer autre chose en même temps si besoin ».

Pour le moment elle commença néanmoins à manger. À déguster une première crêpe d'ailleurs, à la confiture dite « de pommesottes ». Curieux tiens. À tous les coups devait y en avoir un qui avait du vouloir goûter... même si ce n'était pas le cas en réalité. Au cas où elle pris d'ailleurs une photo de la crêpe, enfin surtout de la confiture pour l'envoyer à l'intéressé, avec un grand sourire un peu décalé.

« Hmmmm pardon je veux juste narguer un ami avec ça. Hihihi ».

La blondinette se força à arrêter de rigoler toute seule et considéra à nouveau son interlocuteur.

« Tu... euh vous avez cela depuis longtemps si ce n'est pas indiscret ? Je ne reconnais pas la technologie de Gaia là, vous êtes donc de Dol je présume ? »

Elle finit par se lever et prendre son mug de lait, attendant de savoir s'il souhaitait qu'elle fasse réchauffer aussi son café avant de se diriger vers le bon endroit pour cela, puis de revenir avec un... ou deux récipients chauds... Et avant de regarder de regarder à nouveau son téléphone, voyant que le roux ne lui avait pas encore répondu.

William hocha la tête de gauche à droite en avalant une des tartines beurrées qu’il s’était récupéré lorsque la jeune femme lui demanda s’il souhaitait refaire chauffer sa tasse, étant déjà sur le point de la vider entièrement, et enchaîna assez rapidement en lui répondant avant qu’elle ne parte se rechercher à boire.

« Fort heureusement pour moi, je dispose d’un seuil de tolérance à la douleur plutôt élevé. Aussi, combattre la veille ne m’empêche pas particulièrement de dormir. Disons que j’ai des circonstances m’amenant parfois à faire des nuits très agitée. »

Lorsque celle-ci s’excusa en riant de photographier son plat, William ne trouva rien à redire à l’attitude un peu particulière de la demoiselle en face de lui. Il pouvait certes trouver cela un peu étrange, voire immature, mais il se gardait bien d’en faire la remarque. Ça ne le dérangeait pas outre mesure et il avait été bien mieux élevé que ça. Il garda le silence tout en faisant fi des regards interloqués de la demoiselle dirigés vers son bras, jusqu’à ce qu’elle lui demande quelques renseignements concernant sa prothèse. Ce n’était pas le genre de sujet qu’il aimait aborder, surtout en compagnie de parfaits inconnus. Aussi laissa-t-il échapper un léger soupir, indiquant par la même occasion qu’elle n’était pas la première à lui poser cette question.

« Comment avez-vous dit que vous vous appeliez, déjà ? »

En vérité, il n’avait pas vraiment besoin de connaître son nom. Il lui posait la question plus par politesse qu’autre chose. Elle avait mentionné le fait qu’elle ne connaissait pas cette technologie et avait ajouté venir de Gaïa, aussi avait-il estimé qu’elle n’avait aucune idée de qui elle avait en face d’elle. Une menace en moins dont il fallait s’inquiéter. Elle était tout simplement curieuse, et c’était bien normal pour une native d’un monde autre que le sien.

« En effet, je viens bien de Dol. Je m’appelle William. Et concernant cette prothèse, cela va faire bientôt trois ans que je la porte. Comme pour votre monde, le mien a eu son lot de conflits. Et comme dans toutes guerres, aucun n’est épargné. »

Ces sombres paroles prononcées, il porta sa tasse au niveau de ses lèvres et en avalant le reste de son contenu, ayant terminé de manger le reste de son petit déjeuner juste avant. En voyant cela, il se dit qu’il devrait bientôt quitter le mess pour rejoindre Erika, qui attendait avec impatience qu’il lui ramène ce qu’il avait promis.

« A vous entendre, Gaïa semble disposer du même genre d’appareil. Je dois avouer ne pas être au fait des avancées technologiques extérieures à Dol. »

Le jeune homme n'avait pas souhaité qu'elle fasse réchauffer son café et ce fut donc avec seulement son mug à elle que Wynonah partit et revint... Elle n'avait pas spécialement fait de commentaire à ce que William venait de lui dire, à part un hochement de tête et un petit soulèvement de sourcil.

« Des nuits très agitées... hmmm ce qu'on appelle tout simplement des cauchemars je suppose ».
*En même temps, est-ce que cela me regarde ?*

Et bien non, ça ne la regardait pas vraiment quand même. Ça aurait pu la concerner un peu si c'était Genesis ou une autre de ses rares connaissances – en ne parlant que des connaissances proches. Mais là, elle n'avait vu cet individu qu'un très court laps de temps.
En plus de cela il changea de sujet, donc c'était bien le moment de partir sur autre chose. Genre les présentations. Ah oui intéressant ça. Elle ne savait toujours pas le nom de cette étrange femme aux cheveux bleus accoutrée en boite de conserve et qui vénérait Yevon, mais au moins le jeune homme, lui, il se présentait. En même temps il n'avait pas DU TOUT l'air d'avoir le même caractère. Totalement incomparable.

« Mon nom est Wynonah, et comme vous l'avez deviné je viens de Gaïa ».

Elle laissa parler à nouveau son interlocuteur le temps de finir son petit déjeuner avant de reprendre.

« Je suis désolée pour vous donc. Il me semble avoir compris en effet qu'il y avait de graves conflits sur votre monde et des histoires de... sorcières qui s'entretuent. Devait y avoir des dommages collatéraux je suppose. »

Wyny était scientifique mais pas le genre de personne cartésienne à l'extrême comme la plupart des individus de ce domaine. Non, elle croyait fort en la magie, les forces occultes, donc cela ne la surprenait pas, et attirait même sa curiosité.

« Sur Gaïa il existe des prothèses en effet. Elles ne ressemblent pas à la votre, enfin je n'en ai jamais vu ainsi. En terme de performances, je ne pourrai pas dire, je n'ai pas été spécialisée là de... »

Elle fut interrompue par une sonnerie de téléphone, qu'elle consulta vite, voyant qu'elle venait de recevoir un message. Plusieurs même. Ce qui laissa apparaître un sourire sur son visage, mais un sourire qui disparut assez vite quand elle le lut... ce qui la fit même soupirer. Avant qu'elle ne reçoive un second message lui faisant tirer une sacrée tête. Il se passait donc quelque chose sur le terrain ?

« Bon apparemment il y a un soucis sur terrain. La finale est passée mais ce n'est pas là le soucis. Une sorcière... ce qu'on disait presque c'est ça ? »
En gros elle répéta à William le message de Genesis avant de demander confirmation au natif de Dol, concernant cette affaire de sorcières. « Cette créature semble être venue pour la nommée Linoa. Vous connaissez cette personne je suppose ? »

Pas qu'elle avait spécialement peur mais d'après le message reçu elle avait bien fait de ne pas aller voir de plus près.

Spoiler:

La jeune femme avait glissé un commentaire qui ne manqua pas de rappeler à William de douloureux souvenirs supplémentaires, mais il ne lui en tint pas rigueur. Il était de toute façon responsable pour avoir lancé la conversation sur le sujet des guerres qu’ils avaient tous deux potentiellement expérimentés. Fort heureusement pour lui, la curiosité de la jeune femme pour l’aspect technique de la prothèse qu’il arborait permit de repasser à une conversation plus détendue. Difficile de dire combien de temps ça allait durer, aussi espérait-il pouvoir éviter d’aborder un autre sujet qui fâche.

« Je ne saurais pas non plus vous répondre quant aux spécificités de ce type d’appareil sur Dol. Il faudrait pour cela que vous vous adressiez au concepteur de prothèse comme celle-ci. De ce que je peux vous dire cependant, c’est que cette technologie sort tout juste du stade expérimental sur Dol. Qui sait encore combien de temps ça prendra pour être mis à disposition de l’ensemble de notre continent... »

Il n’entendit que très faiblement les mots que prononça Wynonah après avoir consulté son téléphone, une pointe de douleur se manifestant tout à coup dans son crâne en provoquant un bourdonnement assourdissant. Du peu qu’il réussit à saisir faisait état du mot « sorcière » puis du prénom « Linoa ».

Il n’était pas rare pour le jeune homme d’entendre ces deux mots dans une même phrase, ayant été mis au courant des évènements ayant mené à la défaite d’Adel et Ultimécia deux ans auparavant. Mais lui était difficile de savoir ce qu’elle souhaitait exprimer avec si peu d’informations, aussi vint-il tenter de faire un rapide topo sur ce qu’il savait de la première Dame et de sa relation avec les sorcières :
« Pour vous expliquer brièvement, il faut savoir que Linoa Heartilly était une civile qui a par la suite rejoint un groupe de SeeD par convictions profondes. Elle savait déjà se battre puisqu’elle a grandit avec un père militaire de carrière et il n’est pas exclu de la décrire comme l’un des membres les plus importants de ce groupe de combattants. Cependant, au cours de leurs aventures, Linoa fut victime de possession par la Calamité que l’on nomme Ultimécia afin de libérer une sorcière du nom d’Adel de sa prison, qui se trouvait alors dans l’espace. Lorsque le groupe de Linoa a ensuite retrouvé Adel, celle-ci s’est servie de Linoa pour amplifier ses pouvoirs. Ce n’est que lorsqu’elle fut vaincue qu’elle transféra ses pouvoirs à Linoa. D’où la raison qui pousse une partie de la population de considérer Linoa comme une sorcière parmi tant d’autres. Voilà ce que je sais à ce sujet... »

Il lui avait été particulièrement difficile d’aligner autant de mots les uns après les autres en aussi peu de temps car bien évidemment, le vrombissement à l’intérieur de sa tête n’avait pas cessé tout le long de son explication. Il craignait que ça n’empire davantage s’il restait sans rien dans cet endroit, aussi prit-il la décision de couper court à la conversation tout en ayant conscience que la jeune femme en face de lui n’apprécierait que très moyennement de se faire planter là.

« Vous m’excuserez, mais il me faut maintenant retourner à ma tente... J’ai déjà fait suffisamment attendre la personne qui y attend depuis mon départ et il devient urgent que mon bras soit remis en service. »

William se leva alors de sa place en tentant de prendre avec lui l’assiette et les couverts pour les entreposer sur la pile non loin de la sortie du mess, mais dut se résoudre à les laisser à leur place pour ne pas les faire se briser sur le sol lorsqu’un pic de douleur plus important l’obligea à plaquer sa seule main libre le long de son visage, lequel se déforma sous le coup de la souffrance en le faisant lâcher un râle. Il comprit qu’il n’arriverait certainement pas à cacher son état comme à l’habitude aux personnes présentes, et plus particulièrement à celle qui lui faisait face à l’heure actuelle.

« Je ne vous demanderais pas de me prêter main-forte mais au vu de ma condition, je pense qu’il me sera difficile de rejoindre ma tente sans quelqu’un pour veiller à ce que je ne m’écroule pas sur le chemin. Je vous demanderais simplement de ne pas vous inquiéter inutilement, puisqu’il ne s’agit que d’un état passager. »

Le jeune homme restait distant depuis le début et Wynonah se demandait si elle n'était pas en train de le gêner. Ou alors était-il timide lui aussi ? Elle ne pouvait pas vraiment se permettre de juger puisqu'elle aussi avec un caractère particulier, en plus d'une certaine timidité également.
Il répondait à ce qu'elle lui disait pourtant. Si sa présence le saoulait, peut être lui aurait-il dit ? C'est ce qu'elle espérait en tout cas.

« Oh vous savez les prothèses ce n'est pas non plus mon domaine d'intérêt, même si la recherche scientifique est quelque chose que je trouve intéressant. En tout cas j'espère que ça ira mieux pour vous ».

Elle regarda encore l'écran de son téléphone et le rangea.
« J'ai un ami qu'est un peu bavard des fois... Avec moi... Je crois que vous vous êtes croisés à deux reprises en combat d'ailleurs ». C'était même sûr... mais William n'aurait pas forcément un bon souvenir de Genesis et ça Wynonah ne le savait pas !

La scientifique se tut alors que William lui donna de plus amples explications sur Linoa Heartilly. Car c'était bien son nom, et ainsi que ça se prononçait. Et non pas Alinéa Tartilly comment elle avait déjà entendu.
En tout cas cette fille avait une sacrée histoire autour d'elle. D'ailleurs, était-elle fiable ou ne risquait elle pas d'avoir des restes de possession ?

« Une possession vous dites ? Ultimecia l'a choisie elle pour une raison particulière ou aurait-elle pu prendre quelqu'un d'autre au hasard ? Elle ne risque pas la posséder à nouveau ? Oh et... les Seeds c'est.... ce sont des gens particuliers ? Oh désolée si je vous embête avec mes questions. »

Wynonah avait légèrement l'impression d'avoir ennuyé son interlocuteur en effet, ou de lui avoir filé mal de tête... ou les deux.

« Oh désolé oui, vraiment. Je ne voulais pas vous gêner non plus. »

Elle le regardait se lever, un peu déçue cependant mais peut être qu'elle pourrait finalement aller retrouver Genesis... sans savoir ce qu'il venait de faire et qui allait cher à celui-ci.
Mais en fait, non. C'était William qu'elle continuait à suivre car il avait l'air quand même bien mal en point.

« Houlà mais vous êtes sûr que ça va ? Vous m'avez l'air bien pâle. Vous couvez quelque chose peut être ? ».
Elle passa d'ailleurs sa main sur le front du jeune homme mais ne sentit rien de particulier.
« Je vais vous accompagner oui, hors de question que vous circuliez seul dans cet état, même s'il y aurait probablement quelqu'un pour vous venir en aide ». Ou pas. Avec les gens on ne sait jamais.

Wyny prit néanmoins toutes les assiettes et couverts pour aller les déposer à l'endroit prévu avant de rejoindre William le plus vite possible, marchant alors jusqu'à sa tente.

« Je vous accompagne jusqu'à votre tente mais je ne voudrais pas être trop envahissante non plus. J'espère que votre ami pourrra vous soigner, sinon moi je peux le faire... de façon magique ».

Wynonah accepta d’aider William à rejoindre sa tente et malgré qu’il n’arrivait à percevoir quasiment aucune des paroles de la jeune femme, il comprit qu’elle s’inquiétait de le voir ainsi, venant même passer sa main sur son front pour vérifier qu’il n’avait pas de fièvre.

« Je vous remercie de votre sollicitude. Comme je l’ai dit plus tôt, ça ne devrait pas durer très longtemps. Inutile de vous en faire pour moi. »

Les deux ex-participants du tournoi s’avancèrent au travers du dédale formé par les tentes des spectateurs et des marchands venus pour l’évènement, William indiquant au fur et à mesure les directions qu’il leur fallait emprunter pour rejoindre l’endroit où il avait dormi.

Ils ne mirent pas très longtemps à rejoindre la tente dont il était question et une fois à l’intérieur, William vint s’asseoir sur le lit de camp. Le bourdonnement commençait lentement à s’estomper, comme il l’avait deviné précédemment, et il retrouvait doucement ses capacités de concentration et d’observation.

A part eux deux, personne d’autre n’était présent dans la tente mais le jeune homme n’eut pas le temps de s’inquiéter, puisqu’une note laissée par Erika lui indiqua qu’elle avait suivi ses conseils et était partit s’enquérir de l’état de ses élèves en emportant toutes ses affaires et qu’elle allait revenir très vite.

« C’est elle tout craché. Partir en vadrouille au moment où on a le plus besoin de ses services. »

La note indiquait aussi qu’un coursier était passé pour déposer un paquet pour lui, venant apparemment des organisateurs du tournoi pour le remercier de sa participation, ainsi qu’une lettre qui lui était adressée. Le détective ne se formalisa pas du contenu du paquet, Erika ayant déjà vérifié son contenu pour lui et vint plutôt récupérer l’enveloppe marquée de son seul prénom. Pas d’adresse, pas d’expéditeur et d’après ce qu’avait écrit son amie, le coursier n’avait aucune idée de qui provenait le courrier. Tout ce qu’il y a de plus suspicieux, en somme. William hésitait à l’ouvrir, craignant qu’elle ne contienne un dispositif sophistiqué à base d’explosif ou même un nuage de poison. Mais après réflexion, et une fois qu’il l’avait manipulé un petit peu, le poids ou la densité de l’enveloppe et de son contenu semblait tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Elle ne présentait à priori aucune irrégularité que celle du papier et de ce qu’il y avait d’écrit dessus et aucun cliquetis suspect ne se faisait entendre s’il la secouait légèrement.

« Je suppose qu’il est inutile de se méfier pour si peu. »

William ouvrit alors l’enveloppe en usant de sa mâchoire et en sortit la lettre qu’elle contenait sans autre soucis. Seuls quelques mots avaient été griffonnés à la hâte sur le papier, et la manière dont avaient été tracées les lettres rendait la lecture presque impossible pour ceux qui n’avaient pas l’habitude d’un tel style d’écriture camouflée.

Mais pour William, ce n’était absolument pas un problème, puisqu’il s’agissait de son écriture et sa méthode de camouflage personnelles.

« C’est impossible... »

Il lui avait suffit d’un seul coup d’œil pour déchiffrer les caractères qu’il utilisait lorsqu’il devait rédiger des documents sensibles pour sa propre sécurité, lesquels lisaient actuellement :

Citation :

« Ils ont fini par te retrouver. Prends garde à toi et ceux auxquels tu tiens.

-Un ami »

William avait du mal à croire qu’il tenait entre ses mains une lettre dont il était le seul à connaître la clé de cryptographie, mais dont il était sûr n’avoir jamais rédigé.

Impossible de dire qui avait été capable de mettre en pratique ce que lui-même avait mis plusieurs années à acquérir et à maintenir secret, mais il était convaincu de ne pas être à l’origine de ce document.

Difficile de dire aussi si la personne qui avait écrit cette lettre était bien ce qu’elle prétendait être, mais il comprit qu’il n’avait plus de temps à perdre maintenant qu’il avait reçu ce document. Il se leva d’un bond en laissant la feuille de papier tomber au sol et commença à rassembler les quelques affaires qu’il avait laissé dans la tente pour la matinée.

« Je dois partir à la recherche de mon amie et l’avertir de ce qui se passe ! Réparer mon bras peut attendre ! Je ne souhaite pas vous impliquer davantage dans cette histoire mais le plus sage serait que vous ne restiez pas avec moi trop longtemps. Qui sait ce qui peut arriver à partir de maintenant... »

Une fois ses affaires empaquetées dans le sac léger qu’il avait utilisé pour le voyage d’aller, il jeta un dernier coup d’œil dans la tente en se demandant s’il ne valait pas mieux éliminer les traces de sa venue mais renonça en pensant que cela ne lui attirerait que plus d’ennui, en plus de lui faire gaspiller un temps précieux.

Malgré le dédale à traverser pour arriver à la tente du jeune homme – ce qui ne manqua pas d'inquiéter Wynonah – l'endroit à atteindre n'était pas très loin. Pas trop... Et le jeune homme y parvint sans s'effondrer comme une crêpe avant.
Aussi, comme il l'avait dit il commença à se sentir mieux. Cela pouvait être assez visible car il reprenait quelques couleurs et puis, il ne fallait pas oublier que Wynonah avait une formation de scientifique. Même si elle avait travaillé plutôt sur le sujet de la Rivière de la Vie et du Mako et de leurs effets sur l'organisme, elle savait reconnaître quelques signes de malaise chez une personne.

« Cela vous prend souvent ce genre de maux en fait ? Vous me semblez bien y être habitué. Et du coup... votre amie est déjà partie en fait ? »

Finalement, elle se tut quelques instants voyant que William s'intéressait d'avantage à l'enveloppe qu'il avait reçue. D'ailleurs il semblait extrêmement dubitatif face à cette lettre. Méfiant même.

« Quelque chose ne va pas ? »

Oh elle vit bien la lettre tomber au sol et elle y jeta un léger coup d'œil furtif mais non insistant. D'une elle ne comprenait pas ce qu'il avait d'écrit, et de deux cela ne la regardait pas.

« Ne pas rester avec vous... Mais si un malaise vous reprend. Je vais vous accompagner jusqu'à l'endroit où est votre amie, vous permettez ? Enfin, je ne veux pas non plus vous gêner comme j'ai dit. »

La scientifique restait calme dans ses propos, assez distante même, comme à son habitude. Mais venant d'elle ce n'était pas du mépris ou de la méfiance ou autre sentiment négatif. Juste une certaine timidité en fait, même s'il arrivait qu'elle ne se montre pas si réservée.
Et sans vraiment attendre de réponse elle se décida à le suivre... Elle passa tout de même à sa tente, elle aussi, afin de récupérer ce qu'on lui avait donné du tournoi ainsi que ses quelques affaires. Par chance, William était encore dans son champs de vision lorsqu'elle ressortit de sa tente, et elle pu le rejoindre aisément.

« Vous ne retrouvez pas votre amie ? Je aide à la chercher si vous le souhaitez. Ce n'est pas elle qui vous regarde là ? »

Tout en désignant d'un regard discret une jeune brune qui fixait William. Evidemment, Wynonah n'en savait rien mais ne sait-on jamais.

William avait cru effrayer Wynonah avec son élan de panique et pensait qu’elle avait suivi son conseil pour s’éloigner du danger. Il fut donc surpris de la voir apparaître à nouveau devant lui tout juste après qu’il ait quitté sa tente.

« Qu’est-ce que... ? Vous ne saisissez pas les risques que cela comporte de rester avec moi ! Je comprends que vous souhaitiez me venir en aide mais je ne peux pas me permettre de vous laisser vous mettre en danger en m’accompagnant. »

Le jeune homme vint considérer la jeune femme en face de lui quelques instants, se disant qu’elle était bien imprudente face à une situation qui les dépassaient clairement tous les deux. Elle semblait vraiment décidée à l’aider à trouver Erika... Bien que William savait pertinemment où trouver Erika, puisqu’elle lui avait indiqué dans sa note où elle se rendait. Il n’avait pas vraiment le cœur à chasser Wynonah brutalement, sous prétexte de vouloir la mettre hors de danger.

« Très bien. J’accepte que vous m’accompagniez quelques temps. Mais si la situation dérape, vous ferez ce que je vous dis de faire. »

Le jeune homme reprit alors la route sans attendre avec son sac à la main et évolua à travers le dédale sans hésiter, l’emplacement des élèves de la BGU qui les avaient accompagnés sur le tournoi ne faisant aucun doute.

« Vous devriez être plus prudente. De manière générale, j’entends. Accorder sa confiance peut facilement porter préjudice. Vous ne savez quasiment rien de moi, de même que je ne sais pas grand-chose de vous. Vouloir aider les personnes en difficulté n’est pas un problème en soi, mais vouloir porter assistance à tous ceux que vous croisez peut s’avérer vous causer plus de problèmes qu’autre chose. Souvenez-vous-en. »

C’était là une approche bien pragmatique de la vie, mais faire preuve de méfiance était devenu comme une seconde nature chez William depuis qu’il était sorti de l’adolescence. Ses troubles mentaux devaient sûrement y être pour quelque chose, mais il avait pu s’en rendre compte plusieurs fois depuis qu’il avait commencé à travailler en tant que détective. Tout le monde n’était pas prêt à tendre la main à son prochain dans ce monde. Combien de cas de meurtre résultant d’un abus de confiance avait-il pu constater depuis qu’il côtoyait les locaux de la police de Balamb et, plus rarement, Esthar.

« Nous y sommes. Erika ! » s’écria William en pénétrant dans une tente massive d’où s’échappait un certain nombre de voix aux timbres différents.

L’intérieur de la tente s’avérait être emplie d’une quinzaine de lits installés pour les étudiants qui avaient fait le voyage pour assister au tournoi. Tous n’étaient pas présents et ceux qui l’étaient s’affairaient à préparer leurs affaires de retour sous les consignes de leur professeur aux cheveux écarlates. C’était dans ce genre de moments que l’ont pouvait se rendre compte qu’Erika était plus que taillée pour son travail.

Ce garçon parlait de danger mais... de quel danger exactement ? La sorcière ? La NeoShinra ?

« Et bien ? Tant que ça ? »

Wynonah fronça légèrement les sourcils tout en considérant le jeune homme, et commençant à se méfier un peu même. Cependant elle était bien curieuse et se demandait de quoi il pouvait bien parler. Mais cela elle n'allait pas lui demander directement. Non, elle voulait se débrouiller à le savoir autrement. Surtout qu'il en avait trop dit ou pas assez, à vrai dire.

« Ne me dites quand même pas que votre tête est mise à prix ? Ou vous êtes l'amant secret d'Ultimecia peut-être ? »
Elle esquissa un léger sourire en prononçant cela, afin d'appuyer le ton de plaisanterie qu'elle venait de prendre. Mais était-ce vraiment que de la plaisanterie ? Elle espérait au moins qu'il prenne cela avec humour. Si ce n'était pas le cas et bien, tant pis, elle aurait au moins tenté.

« Enfin... comme vous vous voudrez. À vrai dire, je vais avouer que ce ne sera pas la première fois que je traine avec quelqu'un de dangereux... si tel est votre cas aussi. Et je ne suis pas morte pour autant... je n'ai jamais vu l'Au Delà... juste entendu parler. Bon d'accord je connaissais l'individu en question depuis quelques années, contrairement à vous mais quand même... »

Il fallait tout de même reconnaître que William avait raison. Il fallait parfois éviter de trainer avec n'importe qui. Mais est-ce que trainer avec n'importe qui et l'aider revient vraiment à lui accorder sa confiance ? Wynonah n'était pas tout à fait pour cette option. Cela permettait aussi de mieux connaître les gens, voir leur réactions... et certains secrets. Et les secrets, elle aimait cela, même si elle n'arrivait pas forcément à la débusquer chez tout le monde, loin de là.

Wyny haussa les épaules et continua à suivre William jusqu'à la tente mais elle n'eut pas vraiment le temps d'y entrer puisque quelqu'un se présenta face à elle après avoir regardé le jeune homme.

« Qui êtes vous jeune dame ? Vous n'êtes pas des nôtres il me semble ?
- En effet non mais j'accompagnais ce jeune homme...
- Ah ah William, t'as trouvé une petite amie ? Ahah ! »
Ça c'était un autre qui semblait vouloir le narguer un peu, mais cela ne fit spécialement rire Wyny. Pas qu'il était vilain mais vu sa tête, il devait être quand même assez jeune. Un peu trop pour elle, qui n'était pas spécialement cougar.
La scientifique se contenta de soupirer et de tout faire pour cacher sa gêne.

« Je crois que c'est à ce moment là que vous n'avez plus besoin de moi c'est ça ? »
Se contenta-t-elle de demander à William, alors que la personne qui venait de lui demander de décliner son identité semblait continuer à attendre.

« Vous êtes vraiment trop bêtes, les garçons, leur répondit une autre élève de la BGU en s’avançant vers eux. Monsieur Lawrence n’est absolument pas du genre à ramener n’importe quelle fille avec lui. Si il a fait venir cette personne avec lui, c’est qu’il avait une bonne raison de le faire.
-C’est vrai ! En plus, il y a déjà quelqu’un qui compte pour lui. Vous le savez en plus ! vint renchérir une de ses camarades l’accompagnant en jetant un coup d’œil se voulant furtif vers leur professeur.
-Les enfants… L’instructrice aux longs cheveux roux s’était parée d’un faux sourire volontairement déchiffrable pour les jeunes gens à qui elle s’adressait. Nous partons rejoindre l’appareil de la BGU dans moins d’une heure. Souvenez-vous que j’ai dit que les retardataires devront prendre un aéronef commun pour rentrer. Alors, si vous n’avez pas fini de préparer vos affaires ou si vous n’avez pas encore mangé, je vous suggère de vous en occuper immédiatement. Je me suis bien fais comprendre ?
-Oui, M’dame ! Tout de suite, M’dame ! »

Conscient du danger qui planait sur eux s’ils restaient plus longtemps dans les parages, les quatre élèves se précipitèrent à l’extérieur de la tente sans demander leur reste, tandis qu’Erika reprenait une expression bien plus détendue en se retournant vers son ami et la jeune femme qui l’avait accompagné.

« A nous trois, maintenant ! Enchantée, Erika Gartner ! J’ignore ce qui vous amène voir notre petit monde, mais comme vous le voyez, nous sommes en plein préparatif de retour à Balamb.
-C’est justement pour ça que je suis venu te chercher, Erika ! Il y a eu un imprévu, et ça chamboule l’intégralité du planning ! Tu n’es plus en sécurité à l’heure actuelle ! Il faut qu’on te trouve un endroit sûr en attendant que la situation revienne à la normale !
-On peut savoir de quoi tu parles ? Encore tes désillusions paranoïaques, c’est ça ?
-Ca n’a rien à voir ! La lettre qu’on m’a livrée dans notre, elle était écrit avec mon écriture et avec une clé de cryptage dont je suis le seul à connaître le fonctionnement ! Quelqu’un m’a espionné et des gens sont à ma poursuite ! Je dois t’emmener dans un endroit su- »

Le claquement retentissant vint se réverbérer dans la tente l’espace d’un instant, durant lequel William put enregistrer l’information de la gifle fulgurante qu’il s’était reçue de la part d’Erika, cette dernière passablement agacée par l’état de panique et de confusion qu’affichait son ami en public.

« Ça va mieux, là ? Non mais, parce que t’avais l’air d’avoir bien besoin qu’on te remette les idées en place… déclara la jeune instructrice en secouant la tête de gauche à droite. Déjà, tu vas me montrer ce qui cloche avec ton bras gauche, parce que tu as beau t’agiter dans tous les sens depuis tout à l’heure, je le vois qui reste en place. Ensuite, si t’es si pressé de vouloir prendre la tangente, tu comptes faire quoi des autres personnes qui t’ont accompagné sur cet évènement ? C’est bien beau de dire que tu veux me mettre à l’abri, mais faudrait peut-être penser aux autres personnes avec qui tu as interagi ces deux derniers jours. Il me semble qu’il y a quelqu’un qui a justement été en contact avec toi au moment où tu as lu cette soi-disant lettre. Qu’est-ce que tu comptais faire d’elle, au juste ?
-Eh bien… J’avais dans l’idée la confier aux autorités locales… Ouch ! »

A peine avait-il fini sa phrase que William sentit son estomac se contracter sous l’impact du coup de poing porté par Erika.

« On peut savoir ce qui te prends ?! Tu veux l’abandonner au milieu de nulle part sans aucun moyen pour elle de rentrer chez elle ? Et tu prétends vouloir la tenir à l’écart du danger ? Non, mais je rêve ! Tu parles d’un chevalier en armure blanche !

C’était un énorme manque de considération de sa part. William avait bien conscience, mais dans la panique et sa volonté de vouloir mettre Erika à l’abri lui avait fait omettre tout autre paramètre extérieur. Les consignes données aux élèves par Erika étaient très claires, ils savaient se débrouiller par eux-mêmes pour rejoindre le vaisseau Balambien qui les avait amenés sur Spira. Tout autre facteur n’avait alors plus grande importance à ses yeux. Du moins, c’est ce qu’il croyait jusqu’à ce qu’Erika ne vienne le rappeler à l’ordre.
Le jeune homme se redressa et se tourna vers Wynonah, bien décidé à rétablir la communication avec la scientifique.

« Mademoiselle... Comme vient de le dire mon amie ici présente, il serait bien mal avisé de ma part de vous laisser sans protection tant que je ne suis pas certain devous savoir entre de bonnes mains. Il est très probable que les personnes qui sont à ma poursuite…
-Faudrait déjà qu’elles existent, ces personnes.
-Quoi qu’il en soit, j’ai pour responsabilité de garantir votre sécurité jusqu’à ce que j’ai résolu ce problème. Accepteriez-vous que je vous serve de garde du corps pendant quelques temps ?

Il se savait menacé. C’était une certitude. Impossible de dire qui étaient ces gens qui le poursuivait et quelles ressources ils disposaient. Mais, n’ayant jamais attesté personnellement des capacités de Wynonah à pouvoir se défendre d’elle-même, il ne pouvait plus se résoudre à la laisser se débrouiller toute seule. Pour le moment, du moins.

Il y avait un certain remue-ménage en ces lieux, mais avec des enfants faut s'y attendre. Pourtant, ce n'était pas cela qui gênait Wynonah dans cet instant. Non, William semblait assez étrange, et pas depuis la dernière minute écoulée. La scientifique ne le connaissait pas, pour sûr, et peut être après était il un grand timide ? M'enfin elle était timide elle aussi pourtant, et elle arrivait à parler.

Elle laissa cependant ces questions de coté lorsque la dame qui venait de donner des directives aux enfants vint se présenter à elle.

« Enchantée Madame Gartner, je suis Wynonah Cleversoul. Je suis venue accompagner votre ami qui semblait un peu mal-en-point et avait un soucis avec son bras. Je voulais m'assurer qu'il puisse bien rentrer et... »

Elle ne finit pas sa phrase et laissa William continuer, puis laissa les deux personnes s'entretenir. L'échange chaotique gêna d'ailleurs un peu la scientifique qui se recula un peu. D'autant plus qu'elle ne se sentait pas franchement concernée. Pas du tout même.

Pourtant, elle gardait une oreille, sur ce que pouvait bien raconter le garçon. Sécurité, paranoïa, clé, cryptage... Tiens ? Oh ce n'était pas du tout la spécialité de Wynonah, mais... était-ce quelque chose de particulier chez eux ? Étaient-ils d'une organisation particulière ? Après tout la native de Canyon Cosmo ne connaissait rien des Seeds, donc peut être que tout cela était normal, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de garder une oreille attentive. Et que pouvait cacher ce William d'ailleurs ? Que de la paranoïa finalement ? Et... euh quoi, les autorités locales ? C'est à dire... la NeoShinra ! Ils avaient beau se donner une nouvelle image, vouloir confiance aux gens mais Wynonah, elle, ne leur accordait toujours pas la moindre confiance.

« Sauf votre respect je n'ai pas bes... »
Encore une fois elle se tut alors qu'elle rétorquer quelque chose, un peu sous le choc de cet échange. Avant qu'il ne s'adresse à elle à nouveau.

« Mais vous savez, je... ça devrait aller. J'ai déjà... je n'ai pas peur. Enfin, si vous voulez me protéger comme vous dite, c'est comme vous voulez. »
Le ton de la scientifique était quand même assez distant et finit même un peu sec, même si elle ne voulait pas être mauvaise avec lui, mais il lui avait fait une frayeur quand même. La confier à la Neo-Shinra mais... jamais de la vie !
« En tout cas je préfère cent fois cela que les autorité locales, je vous assure ».

Elle soupira pour se calmer un peu puisque cette idée l'avait assez énervée finalement.

« Bon, en quoi faut-il vous aider ? Parce que voyez-vous, je n'aime pas être un fardeau, et je n'ai pas l'intention de l'être. Je préfère l'échange. Donc, vous voulez me protéger, je vous dois de l'aide. Sans sous-entendus bien évidemment. »
Elle avait repris un ton plutôt normal, mais restait ferme. En même temps qu'elle avait prononcé ces mots, elle avait regardé discrètement dans la tente afin de trouver en quoi elle pouvait aider à quoique ce soit.

« Vous ne devez pas rentrer sur votre monde ? Je risque aller à plusieurs endroits moi, vous savez ».

Bien que l’idée ne semble pas réjouir Wynonah plus que de raison, l’affaire fut apparemment entendue pour les deux partis.

« Inutile de vous formaliser pour une contrepartie immédiate. Je n’ai pas vraiment pour habitude d’effectuer ce genre de travail, mais je suis sûr que nous saurons trouver de quoi me rendre le service en temps voulu. Pour le moment, ne vous préoccupez pas de ça. »

William tourna la tête vers Erika, qui s’était attelée en silence à retirer la plaque de protection installée sur son épaule pour vérifier la structure interne de la prothèse. La jeune mécanicienne remarqua qu’on l’observait, aussi s’exprima-t-elle à son tour, dans une tentative de détendre l’atmosphère :
« Dans le pire cas, tu pourras toujours lui faire parvenir la facture par le nouveau service de Mogposte. J’ai entendu dire qu’il avait son petit succès depuis qu’ils ont étendus leur activité à l’ensemble des continents.
-Evitons d’aborder la question d’un quelconque paiement tout de suite. C’est exactement le genre de comportement qui a tendance à tuer le commerce.
-C’est justement parce que tu fais preuve d’une mentalité pareille que tu viens nous demander du travail presque tous les mois. Sois un peu plus dur en affaire, de temps en temps. Ça ne te ferait pas de mal. Au fait, c'est Mademoiselle Gartner. Je suis encore loin d'être mariée à qui que ce soit. » ajouta la technicienne à l'adresse de Wynonah avant de retourner à ses réparations.

Le jeune homme ne sut pas vraiment répliquer à cela et laissa son amie travailler en paix. Erika récupéra quelques outils dans la valise à ses côtés et commença à effectuer diverses manipulations avant d’expliquer ce qu’elle avait remarqué :
« J’ai trouvé d’où venait le problème. Apparemment, un des câbles relié aux servomoteurs installés dans ton bras s’était déconnecté dans la nuit. Rien de bien grave, laisse-moi juste le temps de faire un raccord d’urgence… Encore un peu et… Voilà ! Tu ne devrais plus avoir de problème avant un bon moment. J’aurais dû penser à faire la maintenance hier soir, mais comme tu as mis du temps à revenir, ça m’est sorti de la tête. »

William attendit qu’elle remette en place l’épaulière par-dessus la manche individuelle pour tenter de bouger de nouveau son bras. Ce qu’il réussit à faire, l’armature métallique se mouvant de nouveau au gré de sa volonté sans encombre.

« Désolé de te demander de l’aide à chaque fois qu’il y un problème avec ça, Erika. Tu m’es toujours d’une aide précieuse et je n’ai encore jamais pu te rendre la pareille.
-T’en fais pas, va. D’ailleurs, ça me rappelle que j’ai passé commande pour un module expérimental que je prévois de t’installer dans quelques temps. Je devrais recevoir les pièces en question une dizaine de jours, donc tu penses à passer me voir dans les semaines qui viennent pour qu’on voit ça ensemble ? »
-Entendu… Erika, sois prudente. Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose en mon absence.
-Arrêtes un peu ! Tout ce que je risque, c’est d’avoir les parents de mes élèves sur le dos après les avoir remis à leur place pour avoir joué les pipelettes ! Et s’il y a vraiment des types assez fous pour s’en prendre à moi ou aux étudiants, je les attends de pied ferme ! Ils auront affaire à l’une des SeeDs les plus redoutables qui soit… après le directeur Squall, cela va de soi. »

William fut rassuré de voir que son amie savait encore faire preuve de combativité après toutes ces années qu’elle avait délaissé le champ de bataille. Il savait quelles étaient ses capacités, et ce n’était pas pour rien que ses élèves pouvaient autant la respecter que la craindre, alors qu’elle ne leur enseignait rien qui pouvait avoir trait au combat.

« Prends soin de toi et de tes étudiants. Mademoiselle Cleversoul, rejoignez-moi dehors une fois que vous serez prête. » déclara le jeune homme en quittant précipitamment la tente.

Une fois à l’extérieur, il prit le temps de vérifier les environs afin de s’assurer que personne de louche ne l’avait suivi. On eut presque dit qu’il s’attendait à ce qu’on lui saute dessus d’un moment à l’autre, sa posture impliquant une tension poussée à l’extrême tout le temps qu’il comptait rester seul.

Heureusement pour lui, Wynonah le rejoignit assez rapidement et il put prendre sur lui pour se détendre légèrement en présence de la jeune femme.

« J’ai cru comprendre tout à l’heure que vous souhaitiez vous rendre dans plusieurs endroits différents. Une destination particulière en tête, pour commencer ? »

William ne voulait pas d'aide en retour ? Et bien soit ?
Wynonah haussa les épaules et soupira un peu sur le coup.

« Comme vous voudrez mais sachez que j'en reparlerai bien assez tôt ».

Bien évidemment, en même temps qu'elle avait répondu, elle n'avait pas cessé d'observer – bien qu'assez discrètement – le travail de la nommée Erika. Les prothèses n'étaient pas le domaine de la scientifique mais cela ne l'empêchait pas de s'y intéresser un soupçon.
La jeune femme avait peut être senti ce regard ? Ou autre chose ? Il fallait dire qu'en quelques minutes la tension était montée bien haut. Apparemment William avait pour habitude de montrer un certain comportement, qui ne plaisait pas. Le genre de gars à trainer une grenade sur lui ? Mais Wyny, elle, ne pouvait qu'être neutre dans l'histoire, puisqu'elle ne le connaissait pas.

Elle esquissa juste un léger sourire par rapport à cette histoire de paiement bien qu'elle espérait tout de même pouvoir aider autrement. Parce que bon...

« Cela ne me dérange pas d'en parler de suite. En revanche si vous demandez 10 000 gils je crains que ce soit possible ».
Autant clarifier les affaires de suite en effet. C'est vrai, que risquaient ils lui demander, s'ils ne lui laissaient pas d'autres choix que de payer ? Ce n'était pas forcément le prix d'une caravane – à savoir pourquoi comparer avec ça vu qu'elle n'avait pas l'intention d'en acheter une! – mais c'était cher tout de même !

« Enfin, comme vous voudrez, mademoiselle ».

Restant alors muette le temps que la réparation fut effectuée, Wynonah ne pu s'empêcher de montrer finalement sa curiosité concernant cette histoire de prothèse.
« Sans vouloir être indiscrète, ça arrive souvent ce genre de soucis ? »
Et puis, autant savoir ce qu'il y aurait à faire au cas où ça arriverait et que la scientifique soit obligée de faire quelque chose, elle. Déjà lui avait l'air un peu stressé et sans doute anxieux – peut être un peu de coriandre lui ferait du bien ? – mais si elle se retrouvait dans une situation pareille, elle ne serait pas forcément plus fière.

Voyant William quitter la tente, elle le suivit tout en lui répondant.

« Je suis déjà prête. Au fait, appelez moi Wynonah plutôt. Ou même appelle moi Wynonah... je préfère le tutoiement en fait. »
Elle se montra plus calme en prononçant ces mots. Elle n'allait pas donner ce genre d'ordre non plus. Mais les 'vous', 'mademoiselle' et compagnie, ça avait assez le don de l'énerver. Surtout si elle savait qu'elle allait traîner un moment avec une même personne.

« Hey, ça va aller ? Ça va mieux aussi vot... ta tête ? Sinon, je n'ai pas de destination en tête en particulier mais déjà je suis curieuse d'en savoir plus sur votre monde. Après si on doit rester un peu sur Spira, j'ai entendu parler de temples, ça attire assez mon intérêt. Qu'est-ce qui arrangerait le plus dans l'immédiat ? ».

Même si elle n'était pas forcément sûre de trouver quoique ce soit sur les Cristaux là dedans.

En tout cas elle commença à avancer et se diriger vers la sortie du lieu du tournoi, cherchant les aéronefs, au cas où. Ou au moins à voir s'il y avait quelque chocobo à louer.

« On voit les temples tant qu'on est là ? »

Contrairement à ce qu’il avait imaginé, la jeune femme qu’il avait décidé de protéger ne semblait pas être pressée de quitter les lieux. Tout le contraire de William, qui souhaitait s’éloigner le plus possible de cet endroit afin qu’on ne retrouve pas sa trace. Tous deux étaient en totale contradiction, de ce qu’il pouvait comprendre. Voilà qui ne va pas arranger mes affaires, commençait-il à se dire.

« Je ne voudrais pas paraître inconsidéré… »

Et voilà qu’elle souhaitait passer du vouvoiement au tutoiement. De mieux en mieux.
S’il n’avait pas su se tenir en société, le jeune homme aurait lâché un soupir retentissant signifiant son agacement progressif. Au lieu de ça, il fit mine de pondérer rapidement la question en sachant parfaitement quel allait être sa réponse.

« … mais pour autant que je sache, nous ne sommes pas ici pour faire du tourisme. Cette proposition défit le principe même de vouloir échapper à de plus qu’éventuels poursuivants. Je ne peux pas concevoir de rester ici plus longtemps, et préfère quitter rapidement cette région. »

Il la rembarrait quelque peu brusquement, il en avait tout à fait conscience. Mais il ne pouvait décemment pas l’accepter comme si de rien n’était. Il n’avait pas rêvé cette lettre codée et le message qu’il avait reçu.

« De plus, j’ai cru comprendre que toute personne arborant des machines sur elle se voit stigmatiser par une grande partie de la population locale. Il me serait difficile de me déplacer sur le continent sans recevoir les regards inquisiteurs de ses habitants chaque pas que je fais. » ajouta-t-il en désignant son bras, bien qu’il pouvait déjà être habitué à ce genre de comportement à son adresse, en tant que jeune vétéran de guerre de Dol.

« Hâtons-nous de trouver un moyen de transport ! Perdre plus de temps à débattre ne nous causera que plus de problèmes. » conclut William en pressant le pas, estimant qu’ils avaient suffisamment discuté comme ça.

Evoluant entre les tentes en s’orientant au mieux, il parvint à trouver son chemin dans la zone de repos et déboucha sur une des vastes plaines entourant le stade ayant été aménagée en zone de décollage, atterrissage et maintenance pour les appareils de toutes les nations. Une grande partie des appareils individuels présents la veille avait quitté les lieux bien qu’il était encore assez tôt, mais cela n’empêchait pas la majorité des aéronefs commerciaux de continuer à débarquer leurs marchandises en direction du stade. Peu de vaisseaux de transports étaient en service, probablement à cause du fait que le tournoi ne s’était pas encore tout à fait conclu. Mais ce n’était pas cela qui allait décourager William.

Il s’avança vers l’un des hommes chargé de la surveillance des lieux pour lui demander où il pouvait trouver de quoi quitter les lieux sans dépendre d’un vol commun. Le garde le jaugea quelques instants pour estimer s’il pouvait vraiment lui délivrer une telle information, avant de lui indiquer qu’un groupe se disant officier de la police galbadienne était en faction non loin pour surveiller plusieurs de leurs vaisseaux déployés pour l’évènement. William le remercia puis invita Wynonah à le suivre d’un geste de la main droite.

Ils arrivèrent rapidement sur la zone qui leur avait été indiqué et y rencontrèrent les hommes qu’avait mentionnés le garde.

William se fit interpeller par l’un des officiers qui lui demanda ce qu’il venait faire ici.

Les deux hommes discutèrent quelques instants, pendant lesquels William sortit son téléphone pour montrer sa licence d’enquêteur et il obtint finalement l’autorisation d’emprunter un de leurs appareils pour se rendre sur Dol. Ils étaient limités en termes de destination et cela imposait William de répondre favorablement aux demandes qui lui seraient faites par les forces de l’ordre locales, mais rien qui ne le dérangeait pour le moment.

« Ici DragonFly-Deux-Zéro-Sept-Six-Trois, Aéronef du DCPD piloté par William Lawrence de Balamb. Demande autorisation de décoller, à vous.
-DragonFly 20763, ici opérateur DCPD Spira Felicity Plain 02. Autorisation accordée, Détective. Coordonnées de votre cap imposé viennent de vous être transmises. Dirigez-vous vers le central une fois arrivés à destination. On compte sur vous pour nous ramener cet appareil là-bas et en un seul morceau. Terminé, à vous.
-Bien reçu, SFP 02. Destination enregistrée. Nous sommes en route vers Deling City. Arrivée prévue dans deux heures. Over. »

Le jeune homme termina les derniers réglages du poste de pilotage tandis que la carlingue du vaisseau bleu nuit décoré des insignes du département de police de Deling s’élevait doucement au-dessus des plaines.

« J’espère que tout le monde est bien attaché, ce genre d’appareil est connu pour avoir un démarrage assez brusque. C’est parti ! » s’écria William en enclenchant les propulseurs arrières, l’appareil partant au quart de tour en direction des côtes Spiranes.


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William et Wynonah se dirigent vers le ciel.