Un brin trop d'sel

Invité

Début du RP de Ba'Gamnan.

L’arme sur l’épaule, la chaleur du soleil claquant sur ses verdoyantes écailles, le Vangaa scrutait l’horizon, un mélange de confusion et de confiance sur le visage. Son nez allongé renifla l’air un instant. Hmpf. Ça sentait… le sel, oui. Clairement, cet endroit regorgeait de sel. Ses griffes postérieures grattèrent le sol en un craquement presque sinistre alors qu’un râle discret quittait sa gorge. L’endroit était extrêmement sec, tel un désert, mais d’une blancheur spectaculaire il fallait bien l’avouer.

Certains débris décoraient les environs, majoritairement des fossiles et squelettes de créatures anciennes. Ba’Gamnan s’approcha de l’un d’entre eux en quête d’un trésor enfoui dans ses entrailles inexistantes, mais soit ! L’endroit était vide. Il n’y avait rien, rien sauf de la pierre blanche, des grains de sable nacré, et par ci par là, une teinte de bleu pâle qui venait se perdre.
Mais sa quête ne serait pas inutile car voilà qu’un invité vint perturber ses recherches. Ses oreilles sillèrent légèrement alors qu’aucun son n’était perçu. Son instinct de chasseur le fit promptement bifurquer sur ses pattes, et là devant lui se trouvait un adversaire dont il ne parvenait guère à deviner le corps – mais qu’importe !

« Alors ? On se cache, vermisseau ? » La chose n’était rien de plus qu’un crâne à moitié enfoui dans le sol, et deux mains qui émergeaient. A en juger par la couleur de ses membres, il s’agissait d’une seule et même créature. Pourquoi se camouflait-elle de la sorte ? Etait-ce simplement son modus operandi ? Pfeuh ! Qu’importe. Ba’Gamnan ramenant son arme devant lui, et l’attrapa à deux mains fermes, le métal de ses gants venant faire crisser celui de son arme préférée. « Ramène tes mimines, crevard ! Je vais te faire une manucure de près ! » Rit-il à gorge déployée en faisant violemment pivoter sa scie circulaire, qui vint trancher le vent avec véhémence, laissant un bruit strident venir transpercer le silence pesant du lac asséché en pleine journée.

L’ennemi ne sembla guère réagir à ses provocations, mais en dépit de cet échec, le Vangaa ne comptait pas laisser sa proie s’esquiver. La bête, de toute manière, ne semblait pas assez maligne pour essayer de passer entre ses griffes. Soit ! Ça allait être un gagne-pain facile celui-là. Il devait bien s’entrainer après tout, s’il désirait un jour transformer ce Lucas en paillasson et dormir couvert de la fourrure de sa douce Régina, ce maudit cœurl dont-il se taillerait bien un bout de cuisse pour le diner !

En soif en combat, le chasseur de primes n’attendit ni signe ni geste, il bondit sur sa cible, prêt à la découper en morceaux, qu’importe en quoi celle-ci pouvait bien être faite ! Et si le Vangaa se mangea une ou deux baffes de la part de ces ignobles mains, il esquiva avec justesse une étreinte mortelle qui aurait put laisser quelques marques, avant de puissamment en finir, après quelques coups échangés, d’un fauchage bien placé qui trancha les yeux de la bête, lui arrachant un hurlement guttural semblant venir des profondeurs de la terre.
Malheureusement, impossible d’en tailler quoi que ce soit pour espérer récupérer une récompense. Il explosa en poussières de cristal sous le regard agacé de Ba’Gamnan qui observa un moment la scène, avant de se redresser de tout son long, posant son arme sur son épaule en un geste tout à fait désinvolte.

« Bah ! Faut vraiment que je me dégote un truc dans quoi me tailler une prime. Ça me démange… » Et justement, il entendit un bruit à proximité. Celui-ci ne semblait cependant pas être un monstre… Hm, était-ce hostile ? Humain ou vermine, pour lui, c’était la même chose… et si cette arrivée était pour lui causer des ennuis, il comptait bien le lui faire regretter.

Invité

HRP:

Reprise du RP de Jonah. Il vient d'un festival d'Alexandrie.

Jonah

Il y avait tant de choses à faire… et si peu de temps.

Jonah avait quitté Alexandrie dans le but de rejoindre Esthar, sur le continent dolien. Oh bien sûr, il aurait pu effectuer le trajet d’une seule traite, en prenant un aller simple en aéronef depuis la cité de la chimère Alexandre, mais cela aurait gâché le plaisir de faire un peu de tourisme sur Dol, cette partie d’Héméra qu’il avait rejoint peu après la fusion des mondes. Il avait quelques connaissances à Deling City, des gens peu fréquentables qu’il avait rencontré lors de ces longs mois passés à fuir Spira. Ces personnes avaient l’avantage de posséder un large réseau d’informations qui pourraient peut-être s’avérer utile à la mission qui lui avait été confiée par T-ckilla. Enfin, « confiée »… Pas vraiment. Disons que Jonah en avait un peu marre de traîner dans un monde aussi peu avancé qu’Héra, aussi avait-il choisi lui-même de partir sur Dol. Après tout, ce n’était pas les projets qui manquaient au Rokumeikai. Celui de Gaza Est allait simplement devoir attendre un peu plus longtemps.

Lorsque le jeune homme foula les rues de Deling City à la belle étoile, celles-ci lui parurent bien moins bondées que dans ses souvenirs. La ville elle-même n’était pas aussi animée qu’il se le rappelait. A vrai dire, peut-être avait-il mélangé ses souvenirs avec la ville de Luca ? Qu’importe, il avait à faire de toute manière. Il se rendit dans un bar mal famé de la ville dans l’espoir d’y rencontrer son contact, qu’il avait pris soin de joindre par PHS lorsqu’il était dans l’aéronef au-dessus du sol dolien. Il ne tarda pas à l’apercevoir assis à une table, non loin d’une porte de secours, et un peu à l’écart des oreilles indiscrètes. Jonah s’approcha tout en retirant son manteau du désert pour le mettre au-dessus de son épaule. Son nom était Marcus.

« - Yo. Il prit une chaise, la positionna à l’envers et s’assit à califourchon dessus.
- Tss… Qu’est-ce que tu veux cette fois, Jonah ?
- Des renseignements, pardi. Je sais bien que c’est la seule chose que tu sais bien récolter ! »

L’homme à la carrure plutôt baraquée bougonna un peu avant de taper du poing sur la table pour montrer son impatience.

« - Hey oh, doucement musclor ! Je plaisante ! Bon sang… Toujours à cran, hein ?
- Bon, t’accouche oui ?!
- Ça va, ça va ! J’ai besoin d’infos sur quelqu’un. Tu as toujours tes contacts sur Spira ?
- Ouais. J’ai étendu le réseau sur tout Héméra maintenant. Mais ça va te coûter cher, tu me dois des Gils, le borgne.
- Ouch, touché… Il fit semblant d’avoir mal au coeur avant de sortir une petite bourse d’argent qu’il posa sur la table. J’ai que ça pour l’instant. Commence les recherches et je t’apporte le reste quand t’auras trouvé ce qu’il me faut. Deal ?
- Hum. Il saisit la bourse et regarda ce qu’il y avait à l’intérieur. Après quelques secondes de réflexion, il répondit. Deal. T’as son nom ?
- Aaron. Je sais aussi que c’est un prêtre de Macalania qui se balade un peu partout en ce moment. Je voudrais le retrouver… »

Le ton de sa voix se voulut plus grave, et son regard se perdit sur la table. Cette histoire le tracassait bien plus qu’il ne le pensait, visiblement. Mais Marcus l’arracha de ses pensées en lui faisant signe de quitter sa table. Il allait lui chercher ses infos mais Jonah avait plutôt intérêt à se montrer réglo cette fois… Étonnamment, cela lui tenait tellement à cœur qu’il ne comptait pas lui faire d’entourloupe ce coup-ci. Il se leva donc, remis la chaise à sa place, salua Marcus d’un signe de tête puis quitta le bar en direction de la gare. C’est qu’il avait une mission à effectuer, et qu’il n’avait pas trop envie de perdre bêtement du temps. Il avait assez dormi dans l’aéronef.

L’avantage avec la fusion des mondes, c’est que chaque continent avait su se développer en conséquence pour s’adapter aux nouvelles affluences de touristes. C’est ainsi que le train qui reliait Deling City à Esthar avait été réhabilité pour permettre des échanges commerciaux bien plus importants. Le trajet dura tout de même quelques heures, avec des arrêts à Timber et Horizon notamment. Toutefois, le train n’alla pas plus loin que le Lac Salé, terminus de la ligne. Jonah regarda au dehors par la vitre et constata des terres aussi blanches que la neige. Il grimaça tout en se demandant comment personne n’avait songé à allonger la ligne de train jusqu’à Esthar même. Mais soit. Il descendit et s’engouffra dans le dédale de… sel ?

Il y en avait tellement autour de lui que cela lui asséchait la gorge rien qu’en respirant l’air. Il avait l’impression de boire la tasse à chaque respiration, c’était insupportable ! Qui plus est, les températures n’étaient pas très chaudes, ce qui lui rappelait d’autant plus son désert natal, son sable qui s’infiltrait dans les bottes et ses chaleurs quotidiennes. D’ailleurs, l’endroit était aussi désertique ! Décidément… Il n’y avait pas grand monde dans les parages, ni de monstres d’ailleurs. Enfin, il ne fallait pas crier victoire trop vite, n’est-ce pas ? Il n’était pas à l’abri de tomber sur quelque chose de visqueux et dégoûtant à chaque tournant. En parlant de dégoûtant…

« Qu’est-ce que c’est …? »

Au détour d’un virage, Jonah aperçut ce qu’il semblait être un monstre, ou du moins une créature à la posture humanoïde. Il n’avait jamais rien vu de tel jusqu’à présent ! La seule chose qui pouvait s’en rapprocher selon lui était les Guados et leur apparence immonde. Rien que de penser à eux suffit à le faire monter en pression et considérer cet être comme une potentielle menace, d’autant qu’il avait une arme entre ses mains et qu’il cherchait visiblement quelque chose dans le coin à en juger par sa manière de regarder autour de lui. Bah, Jonah n’avait plus un sou sur lui de toute façon, alors il ne risquait pas vraiment de se faire dépouiller ! Et puis, il fallait bien qu’il continue sa route, alors…

« Hola, amigo ! Tout va bien ? »

Était-ce vraiment une bonne idée d’engager la conversation avec cette chose, finalement ? C’est qu’il semblait pas très commode quand même… Et son espèce de scie circulaire à longue portée était plutôt menaçante. Valait peut-être mieux se mettre sur ses gardes, non ? Du coup, Jonah décida d’ouvrir un peu son manteau pour laisser apparaître son revolver accroché à sa ceinture, histoire de dire qu’il était prêt à riposter si jamais on se montrait hostile envers lui. Pas sûr que ce soit une si bonne idée non plus…

Invité

Spoiler:

En laissant un râle persistant sortir de sa gorge, discret, un peu comme me grognement préventif d’un chat frustré, Ba’Gamnan considéra l’emplacement où le monstre était mort en s’interrogeant sur la possibilité de récupérer ces miettes cristallines pour peut-être les vendre. Il n’eut que l’opportunité de s’accroupir cela dit qu’un son parvint à ses oreilles. Bien qu’il n’avait pas l’ouïe fine en raison de la forme particulière de ses oreilles qui tombaient, son instinct de chasseur parlait pour lui, et l’intima à faire volte-face. Son arme en main, le Vangaa pivota sur ses talons et preuve étant que son instinct ne le trompait jamais ; voilà qu’un individu approchait.

Grand, blond, borgne, drapé d’une cape qui jurait avec l’environnement de nacre salé. Les yeux déjà petits de Ba’Gamnan ne devinrent que de minuscules fentes, comme s’il tentait de lire au travers le crâne de ce pauvre idiot qui osait l’approcher sans précaution aucune. Quoi que… qu’était-ce donc à sa ceinture… ? Une arme à feu. La lèvre supérieure du Vangaa se retrouva légèrement en une moue aussi bien méfiante que mécontente. Pour qui le prenait-il, ce jeunot ? Sa façon de parler était très… convivial. Ba’Gamnan renifla un coup, agacé.
« T’es perdu, gamin ? Ta maman ne t’a pas appris à ne pas parler aux étrangers eh ? » Non parce que soyons honnête, ce garçon ne semblait pas particulièrement vieux – à côté de Ba’Gamnan, tout le monde était un gamin, sauf peut-être ces papis avec une barbe aussi longue que leur sagesse inventée. Il était un Vangaa et peu importe l’âge qu’il avait, c’était forcément davantage que ce gringalet.

Cela dit, s’il était capable de se servir d’une jolie arme comme celle-ci, peut-être qu’il était assez grand pour comprendre le danger dans lequel il se mettait en engageant la conversation avec des choses aussi étranges qu’un Vangaa. Armé. Et pas forcément commode. Il eut un sourire en songeant au prix auquel cette arme pourrait se revendre… Un sourire qui dévoila ses crocs acérés et quelques piercings qu’il alla cajoler de sa langue fourchue, laissant entendre de subtils cliquetis métalliques.

Du coup, il n’avait pas répondu à savoir si ça allait bien. Au diable les politesses.
« C’est une bien jolie pièce de métal que t’as là. » Il tendit l’une de ses mains dans sa direction, laquelle scintilla sous le soleil cuisant qui frappait fort sur les sols salés, en raison du gantelet de métal aux griffes acérées qu’il portait. « Une arme comme ça doit bien se revendre à bon prix. » Il plissa ses petits yeux reptiliens. « A moins que tu ne veuilles perdre le seul œil qu’il te reste, je te conseille de gentiment me la donner. » Facile de juger qu’il avait un œil qui ne servait à rien, puisqu’un cache-œil se trouvait au dessus. Peu importait à Ba’Gamnan de savoir si c’était un article de mode ou pour camoufler un œil atrophié, il voulait juste de quoi gagner sa croûte ! Il fallait bien mettre du beurre dans les épinards, tudieu !

D’ailleurs, question de bien faire comprendre qu’il ne déconnait pas, il actionna son arme de son autre main, et l’extrémité circulaire et tranchante de celle-ci se mit à si rapidement tourner qu’un puissant sifflement strident se fit entendre, comme si le vent lui-même hurlait sa souffrance. Oh que non il ne déconnait pas. Ba’Gamnan ne déconnait jamais quand il était question de fric.

Invité

A bien y réfléchir, Jonah avait depuis peu développé un don pour s’attirer des ennuis dans des situations plus que grotesques. L’attaque de Dali par exemple avait entraîné l’apparition d’un Chocobo très en colère et qui lui avait tenu tête férocement pendant de très longues minutes. Aujourd’hui, ce n’était plus un piaf qui se dressait devant lui mais un reptile, qui se tenait et parlait comme un humain. Enfin… Sa langue de serpent l’empêchait quand même d’adopter un accent comme celui de Jonah, le démarquant toujours un peu plus de ceux qu’il essayait peut-être d’imiter mais qu’il n’égalerait jamais. C’était ainsi que le blondinet analysait la situation mais là encore, il se trompait certainement dans son argumentation. Toutefois, son interlocuteur du moment n’avait rien d’un Chocolérik en puissance, non. Ce reptilien semblait bien plus dangereux encore et c’est pourquoi Jonah ne tenta pas de l’énerver outre-mesure, se contentant simplement d’engager une conversation et, par la même occasion, de laisser apparaître son revolver à sa ceinture par mesure de sécurité.

Ta maman ne t’a pas appris à parler tout court ? Voilà ce que Jonah aurait souhaité rétorquer à ce bougre verdâtre. Mais il se ravisa de le faire, tournant sept fois sa langue dans sa bouche avant de prononcer ces mots, tout d’abord parce que la réplique en elle-même n’était pas si bonne et cela lui aurait probablement valu quelques railleries de la part de son interlocuteur, ensuite parce que cette même personne n’avait pas l’air si commode que cela et qu’il valait mieux ne pas attiser une quelconque forme d’énervement. Le sorcier n’avait peut-être pas sa langue dans sa poche quand il s’agissait de dire ce qu’il pensait, mais il savait se taire quand la situation l’exigeait. Oubliant ses manières - peut-être n’en disposait-il d’aucune - le reptile s’intéressa à l’arme du jeune homme et semblait vouloir que celui-ci la lui donne, comme le laissait suggérer son ton perçant, et accessoirement son arme qui se mit à tourner si vite qu’un bruit strident s’en échappait.

« Hé là, on va se calmer ! Je tiens aussi bien à mon oeil gauche qu’à mon revolver... » Il saisit son arme et la positionna à l’horizontale dans les paumes de ses mains, comme pour la contempler et non s’en servir. « Regardez sa finition, ses gravures dorées, l’aspect longiligne de ses balles chromées… Un bijou aussi parfait ne devrait pas tomber dans les mains de n’importe qui, vous ne pensez pas ? »

Son unique oeil bleu vif se posa sur le reptile qui tentait visiblement d’établir un rapport de force entre eux deux. Le regard de Jonah se voulut bien plus dur et fermé qu’au départ, comme s’il ne plaisantait pas lorsqu’on parlait de lui ou de son bébé… Et c’était justement le cas !

« Si vous commenciez par me dire votre nom ? J’envisagerai alors la possibilité éventuelle de vous laisser jeter un coup d’oeil rapide sur ce revolver… Mais seulement si vous êtes sage ! » Gardant le pistolet dans sa main gauche, il leva la main droite et plus précisément l’index, qu’il agita en direction du reptile comme pour l’inciter à ne pas faire de vilaines bêtises. « Le dernier à l’avoir vu d’aussi près s’est pris une balle dans la tempe... »

Il mima une mine boudeuse avant de placer son index gauche dans l’espace clos qui entourait la gâchette, puis d’actionner son poignet pour le faire tournoyer rapidement autour de son doigt comme un vrai cowboy. Cela n’avait rien d’aussi spectaculaire que la scie circulaire du reptile mais il trouvait ça plutôt cool, alors… Il essaya par la même occasion de regarder par-dessus l’épaule de son interlocuteur et soupira lorsqu’il réalisa qu’il n’était même pas à la moitié de ce lac salé et qu’il lui restait probablement plusieurs heures de marche avant d’apercevoir quelque chose s’apparentant à une mégalopole technologique. Décidément, il n’était plus très sûr d’avoir choisi la mission la plus intéressante à réaliser pour le moment au sein du Rokumeikai !

Spoiler:

Invité

Evidemment qu’il n’allait pas se laisser faire.
Ça aurait été beaucoup trop facile. Petit maigrichon blondinet que voici, armé d’un cylindre métallique orné de délicats marquages et drapé d’une cape à se fondre au désert, il n’avait absolument rien d’un aventurier chevronné, si ce n’était ce cache-œil qui trahissait une épopée aux terminaisons malheureuses. Ba’Gamnan, lui, ne voyait qu’une chose ; l’opportunité de se faire un peu de thune. Ce revolver était magnifique, oui ! Très. Et il devait valoir son poids en or si ce n’était pas davantage avec un peu de marchandage et de moyens de pression. Toutefois, l’homme que voilà n’avait pas l’intention de coopérer si aisément… Non, il exigea que le Vangaa ne se calme, laissant le chasseur de prime pousser une sorte de discret grognement rauque mécontent.

Pour qui le prenait-il celui-là ? Voilà qu’il prenait son arme et commençait à en parler comme on vanterait les mérites d’une vieille babiole de l’antiquité valant des milliers de gils ! Oh, certainement. Et l’odeur du fric était tout ce qu’il fallait pour convaincre Ba’Gamnan de lever les armes. Pourtant, cet individu, aussi fluet puisse-t-il paraître, semblait en avoir dans le crâne. Il utilisait bien ses mots. Chose qui révulsait Ba’Gamnan. Il lui rappelait… oui, oui il lui rappelait Balthier.

Et ce n’était pas bon pour lui, ça.

Etonnamment pourtant, le Vangaa resta plutôt calme. Il jaugeait cet homme avec méfiance, ses petits yeux reptiliens plissés en deux fentes presque devenues invisibles, reluquant avec mépris le blondinet au cache-œil. Depuis sa mésaventure avec ce Lucas Ehvi’ru, autant dire qu’il essayait d’éviter de se faire de nouveaux ennemis. Assez de personnes voulaient sa tête. Donc soit il le tuait, soit il s’en faisait un faux allié. Parce que Ba’Gamnan n’avait pas de vrais alliés, enfin. C’était pour les midinettes, les amis. Il se débrouillait bien tout seul, plus encore depuis que sa sœur et ses frères avaient prit la poudre d’escampette après sa défaite contre Balthier et ses potes. Toutefois, il pourrait bien se dégoter un allié de… circonstance, disons.

L’homme était bien arrogant, bien sûr de lui. Il lui demanda son nom en lui proposant, comme à un enfant, de lui montrer son arme s’il était sage. Un nouveau grognement passa entre les crocs serrés de l’homme aux écailles verdoyantes. Mais sérieusement, pour qui le prenait-il ce petit rigolo ? Il n’allait pas se laisser parler sur ce ton !
« Bah ! Pour qui tu te prends, microbe ? Tu crois que je marchande gentiment avec mes proies ? » Il agita sa scie circulaire dans le vide entre eux deux, sans pourtant bouger ses pattes postérieures, dont les griffes grattaient le sable blanc sous lui. « Sais-tu seulement à qui tu t’adresses ? » Non évidemment que non, et en fait personne ne le savait ici. C’était bien malheureux.

« Ba’Gamnan obtient toujours ce qu’il veut. D’une façon, ou d’une autre. » Il fit un sourire carnassier en faisant tournoyer sa scie à nouveau. Mais ce petit cirque semblait peu à peu intéresser les bêtes alentours qui rôdaient. La présence de deux êtres de sang chaud – enfin, si on pouvait dire ça du Vangaa – les attirait naturellement vers cet endroit et ils risquaient bientôt d’avoir de la compagnie s’ils poursuivaient cette discussion pour le moins inutile, au vu du sens unique qu’elle prenait. « J’ai fais pleurer comme des minettes des hommes bien plus costauds que toi, gamin. Je te conseillerais de me parler sur un autre ton. » C’est qu’il vantait ses mérites ! Même si, soyons honnêtes, il était accompagné de sa famille, ce qui facilitait un chouïa l’opération. Enfin, les détails, les détails, hein ?

D’ailleurs, en parlant de détails…
« C’est rien que toi et ton bout de métal hein ? On peut dire que t’as pas froid aux yeux de venir ici seul. Ou à l’œil. » Oh ! C'était facile celle-là. Après tout, il pourrait faire de bien mauvaises rencontres ! Diantre, comment une telle chose pourrait bien arriver ? Ce n’était pas possible, si ? Ah, quoi que… peut-être…

Invité

La situation dans laquelle le jeune homme s’était empêtré allait certainement s’envenimer si le caractère tenace des deux protagonistes ne baissait pas d’un chouïa. En effet, si Jonah s’avérait plutôt arrogant avec son air moqueur, il en allait de même pour son interlocuteur avec son air menaçant. En somme, les deux « hommes » - si l’on pouvait appeler ce reptile ainsi - abordaient des attitudes différentes mais le fond de leur pensée était le même : à aucun moment ils ne se laisseraient marcher dessus.

Jonah continuait de faire tournoyer son flingue autour de son index alors que l’homme reptile sifflait entre ses dents et agitait son arme tranchante devant lui. Visiblement, le borgne l’avait piqué à vif en l’infantilisant dans ses propos. C’était une manière comme une autre d’évaluer son adversaire, de voir quel est son caractère et sa manière de réagir à l’insulte. Si certains se montrent indifférents pour mieux répondre et ne rien laisser transparaître de leurs émotions, lui semblait mordre à l’hameçon et laissait clairement exprimer son mécontentement. Au moins, Jonah savait à quoi s’attendre s’il poussait encore un peu le bouchon. Pour sûr que l’homme lui ferait goûter de sa scie bien assez vite…

Au final, même si le jeune homme l’avait piqué à vif, le reptile en vint quand même à dévoiler son identité. « Ba’Gamnan »… Cela sonnait étrangement étranger, mais fallait-il vraiment s’en étonner ? Jamais de sa vie Jonah n’avait vu un crocodile sur pattes, et qui parlait de surcroît. Sans doute provenait-il alors d’un endroit reculé d’Héméra, ou d’ailleurs encore, allez savoir. Toujours était-il qu’il commençait à établir un rapport de force en détaillant son Curriculum Vitae.

« Impressionnant. » Il arrêta de faire tourner son pistolet. « Mais je suis plutôt du genre à ne croire que ce que je vois, et pour l’heure… Vous ne faites que brasser de l’air avec cette scie… »

Mais il fallait reconnaître que Jonah aussi parlait dans le vent, avec son histoire de balle dans la tempe. Bah, qu’importe ! C’était juste pour prouver qui d’entre eux deux avait la plus grosse « répartie ». Jonah haussa donc les épaules un instant, l’air navré, avant d’écouter une dernière fois les propos grinçants de ce marchand de tapis.

« J’ai bien peur que vous vous trompiez, hélas. Je n’ai pas froid, et je suis loin d’être seul avec mon arme. » Il marqua un court temps d’arrêt, l’oreille à l’affût du moindre bruit. « Après tout, je viens de faire votre rencontre et nous voilà maintenant quatre face à de possibles monstres ! »

Ba’Gamnan devait certainement sentir la présence ennemie lui aussi, certainement amenée par le chahut que les deux hommes faisaient. Quoiqu’il en soit, Jonah était plutôt fier de son humour un peu plus recherché que celui du reptile, mais qui souffrait quand même d’une certaine lourdeur. Oui, ce n’était pas son fort lorsqu’il s’agissait de faire volontairement des blagues, mais ce n’était pas ce qu’il préférait faire non plus, non. Justement, des monstres n’allaient certainement pas tarder à débarquer et il allait pouvoir s’adonner à quelques prouesses, choses qu’il affectionnait bien plus que de faire de l’humour.

« Maintenant, c’est à vous de choisir, Bah’Gammenanne. » Il avait vraiment tout donné pour prononcer correctement son nom, croyez-moi. « Soit l’on combat ensemble ces monstres qui nous encerclent et l’on devient les meilleurs frères d’armes du monde entier, soit l’on se dit au revoir de suite et nous devenons les pires ennemis de l’univers, et vous pourrez ainsi dire adieu à mon petit bébé. » Il agita une nouvelle fois son pistolet devant le reptile. « Oui, car mon offre de vous laisser y jeter un oeil tiens toujours ! »

D’ordinaire, Jonah était plutôt du genre solitaire mais il n’était surtout pas quelqu’un d’idiot et il savait reconnaître une situation corsée quand elle se présentait à lui. En l’occurrence, il ne savait pas combien d’ennemis attendaient patiemment leur tour pour leur sauter dessus, mais il était certain que le combat serait tendu s’il devait en plus rajouté ce Ba’Gamnan à la liste de ses adversaires. Et clairement, il avait plutôt envie d’arriver vite à Esthar et de ne pas perdre son temps plutôt que de faire perdurer un combat contre cet homme dont il ne connaissait pas encore les capacités au combat. Après tout, la force du sorcier était loin d’égaler celle de T-ckilla, aussi ce reptile pouvait tout aussi bien être plus fort que lui… Il ne préférait pas trop le découvrir à ses dépens, vous comprenez ?

Spoiler:

Invité

Spoiler:

Loin d’être impressionné par les paroles de Ba’Gamnan, le blondinet mentionna sur un ton fort neutre que c’était impressionnant, avant de noter qu’il ne faisait que de brasser de l’air avec sa scie circulaire. Le museau du Vangaa se retroussa légèrement en une moue agacée, laissant ses crocs s’afficher à l’image d’un animal vexé qui s’apprêtait à bondir sur sa proie si celle-ci persistait à trop s’agiter de la sorte. Un léger grognement émana d’entre ses babines juste alors que le gamin répondait ne pas être seul : il avait son arme après tout.
Et emmener une scie circulaire à un combat de flingues, ce n’était pas dans son avantage malheureusement.

Conscient de ne pas avoir la main haute dans cette situation, Ba’Gamnan ne perdait cependant pas son sang froid et comptait bien tenter de se tailler un morceau de ce petit chenapan lorsqu’il en aurait l’opportunité. Malheureusement, il n’était pas le seul à vouloir lui démonter la figure, d’autres créatures hostiles ayant été attirées par l’agitation des lieux. Presque jovial, le pistolero annonça qu’ils étaient dès à présent quatre contre des monstres… quatre ? Parlait-il des armes comme de potentielles alliées ? Ba’Gangsaw scintilla dans les mains de son propriétaire, comme une réponse anonyme à ce que le borgne venait d’insinuer.

« Bah ! Je pourrais m’en débarrasser seul. Pas besoin de ton aide, morveux. » Grogna le Vangaa en laissant ses petits yeux reptiliens scruter les environs, jaugeant le nombre d’ennemis qui commençait à approcher. Mais l’homme aux cheveux blonds ne se laissa pas démonter par de simples mots. Non, il insista, mentionnant que c’était à lui de choisir s’ils devenaient deux némésis – non merci, il avait déjà Balthier à cette place, et maintenant Lucas aussi – ou s’ils prenaient la peine de s’entraider. Chose faite, il gardait la promesse de le laisser regarder son arme.

Bleh. Ce gamin avait des couilles quand même, il devait bien l’admettre.
« Si t’es encore en vie après ça, on en reparlera. » Le chasseur de primes se lécha les babines, laissant tintinnabuler ses piercings métalliques, avant de tourner la tête vers une silhouette qui approchait. Elle était lente et se trainait mollement sur le sol salé, laissant derrière elle une trace claire de son passage. Il fronça les sourcils, transformant ses petits yeux perçants en deux fentes discrètes, avant de calculer précisément quand la chose lui bondirait dessus pour user de ses réflexes et l’anéantir.

Aussi vite que pressenti, une grosse larve verte prit son élan, et plongea. Sans l’ombre d’une hésitation, Ba’Gamnan envoya un coup de sa scie circulaire qui, en tournoyant vivement, trancha la larve en deux. Le corps moelleux de l’insecte géant ne devint bientôt que deux sections distinctes qui tombèrent sur le sol, suintant le sel aux pattes du Vangaa d’un rouge scintillant. Mais bien sûr, l’ennemi n’était pas seul. Il y en avait d’autres qui approchaient.
Ils étaient nombreux, environ cinq ou six encore, et rien ne disait que d’autres n’approcheraient pas ensuite. L’expérience de Ba’Gamnan lui indiquait clairement qu’il devait y avoir une sorte de maman larve quelque part dans les parages qui ne serait pas contente qu’ils tuent ses rejetons. Tant pis pour ces microbes, ils n’avaient qu’à ne pas croiser la route du seul et unique Ba’Gamnan ! Et de l’autre gamin… qui devait encore faire ses preuves pour gagner un minimum – un très, très, très petit minimum – de respect de la part du Vangaa.

« Te mets pas en travers de ma route, gringalet. Tu pourrais le regretter. » Il fit vivement tournoyer sa scie circulait, tranchant le vent dans un sifflement strident et particulièrement désagréable pour l’oreille. C’était tout proche du borgne en plus, de quoi supposer qu’il avait un p’tit peu fait exprès. Bah quoi hein ?

» Un brin d'accalmie» Quand on va trop haut, il n'y a plus de plafond» Quand le courant passe un peu trop bien