Terrain n°1

-Elle est contente que cela le fasse rire.

Dans son cas, elle pourrait réellement en être heureuse pour lui, qui sait ce qui lui trottait vraiment dans la tête? Sur ces propos, la sauvage se jeta sur le blondinet pour l'attaquer de plus belle. Un coup de griffe qui le visait, mais une fois de plus, une barrière le protégeait, et n'arriva pas à tirer du sang de lui. Si ce combat avait été d'une leçon pour elle, c'était bien celle d'apprendre à utiliser plus ses chants sans se fatiguer. Cette saleté de bracelet n'allait pas en l'aidant, elle pouvait encore sentir comment il lui sapait ses forces pour rendre ces combats plus justes, ou du moins une notion de justice d'après les organisateurs. Et s'ils étaient cobayes à leur insu en ce moment? Si ces bracelets pouvaient réduire leurs capacités, pouvaient-ils les réduire à néant, ou les élever à l'état de presque-divinités? Si la Néo-ShinRa était commanditaire de ce tournoi, il fallait s'attendre à n'importe quoi de leur part. Pour toutes les belles paroles et les gestes pour apaiser l'opinion publique, Shellie connaissait l'hideux visage derrière leur masque de bonnes intentions.

Pour ses efforts, la makonoïde reçut une nouvelle explosion en pleine poire qui l'envoya voler. La réception se faisait plus lourde que les dernières, quoique toujours sur ses pieds. Elle montra de ses dents à nouveau quand elle se fit consciente d'une autre barrière qui graciait le franc tireur. Si c'était une course pour savoir qui tomberait le premier sous les coups, la sauvageonne s'annonçait la perdre. S'ils avaient besoin de quelque chose sur ce terrain pour rétablir l'équilibre, c'était d'un peu de chaos en fait. Bénéficiant une dernière fois des soins de son chocobo, elle pouvait le sentir à bout de forces et que ce serait la dernière fois qu'elle bénéficierait de son aide.

-Peint la princesse du champ de bataille d'un carmin brillant, la guerre est sa victoire.

Elle se serait surprise à sourire si elle bénéficiait de ce réflexe. Alors qu'elle se faisait couverte de brûlures et de marques, perdait son souffle et que ses oreilles lui sifflait, une euphorie indéniable l'habitait, tant qu'une lueur rosée émanant de ses bois se perdait presque dans celle de ce soleil qui brillait haut et fort sur l'arène. Même les fibres particulièrement résistantes de sa robe commençaient à se défaire en lambeaux par endroits. Nul doute que, malmenée de la sorte, tout autre vêtement n'aurait pas résisté. La chasseuse chantante se faisait en mauvaise posture, mais elle ne l'aurait pas voulut autrement.

Une voix... Un son... Non, un bruit. Rien qu'une perturbation de plus dans ce manège effroyable et coloré qu'est la Vie. Les sens de mon hôte, capteurs futiles d'un environnement inutilement complexe, s'agitèrent alors que nos yeux se fermèrent. La jeune femme avait réussi à atteindre Vlad, le faisant basculer dans l'inconscience. Avec son cerveau en état de repos, manipuler son organisme s'avérait trop difficile et surtout bien trop hasardeux. Sans même parler des réactions étranges que cela susciterait au sein du public.

Piégé dans ce monde obscur, j'y trouvais néanmoins une certaine sécurité. Enveloppé dans les ombres de l'inconscience, rien ne semblait plus avoir de consistance. Rien, c'est bien cela seul qui demeurait. Ici, j'étais à l'abri, dans un refuge où je pouvais me laisser aller à la paresse jusqu'à ma disparition totale et absolue. 
Mais... Ce n'est pas ce que je veux. 

Dans ces ténèbres, mes yeux rouges s'éveillent. Ils considèrent les alentours indéfinissables de cet antre de la folie qu'est l'esprit d'un rêveur. Je cherche alors une sortie, un point d'accroche, quelque chose qui aurait le potentiel de réveiller celui que je parasite.

Je dois me réveiller. Pas pour moi, mais pour eux... Et aussi pour Elle. La vérité est simple, il suffit juste de la relater sans chercher inutilement à la complexifier. Des gens meurent, d'autres vivent. Certains tuent, d'autres protègent. Certains travaillent, d'autres paressent, d'autres encore récoltent le fruit des deux. 

Les actes, c'est ce qui nous définit aux yeux du monde. 

Certes, je pourrai rester tapis dans un corps humain, souffrir en silence et disparaître progressivement jusqu'à ne plus être. Je reviendrai alors au néant et serait sauver de cette réalité vide de sens et emplie de souffrances. Cependant, un tel acte ne me correspond pas. Me sauver ne fait aucun sens si ce manège continue de tourner et si la cruelle Vie qui touche chacun de ces pitoyables êtres se répand. 

La misère que je côtoie dans le monde des ombres ne cessera pas. Sans-abri, personnes battues, violées, liquidées, torturées, consumées, réduites à l'état d'épaves... Tout ça à cause de ce que l'on nomme "Sentiments", qu'ils s'agissent des leurs, ou de ceux des autres. Tout cela à cause de ce qu'ils nomment "Cœur". 

C'est là, l'essence de la vie. Le besoin de survivre, de s'attacher, d'évoluer et de souffrir. Cette longue torture a eu raison d'Elle. Elle a eu raison de l'âme qui m'habitait autrefois. Elle a toujours gagné. Pourtant, malgré la multiplication des échecs, je reste convaincu de ma victoire future. Il suffit d'une fois. Une simple fois, et ce monde se brisera sous la force de ma colère. La haine que je porte à l'existence est si forte qu'elle embrasera le monde. Et à la Fin, même la poussière du premier jour de la création cessera d'être.

Mais chaque chose en son temps. Je dois tout d'abord m'éveiller, gagner en force, puis soumettre un à un mes rivaux. Devenir l'entité que l'Humanité suivra et craindra, jusqu'à ce que je leur apporte la Salvation : Le Néant.