Le Théâtre

Qu'est-ce que Yuffie détestait ce genre de personne assez riche pour nourrir un pays entier mais qui ne donnerait pas un centime à quelqu'un qui en aurait besoin. Sa venue fut saluée par une interrogation sur qui elle était puis, les explications données, elle fut sommée de ne rien casser. C'est surtout sa tronche qu'elle aurait souhaité casser mais elle ne s'attarda pas trop sur le jeu d'acteur de cet homme : ce n'était heureusement pas son vrai caractère sans quoi elle ne l'aurait pas aimé.

Nettoyant correctement tous les tableaux, elle trouva le bon lorsque, en le bougeant un peu, elle entendit le maître des lieux lui dire qu'ils n'étaient pas sales et qu'elle devrait aller en cuisine. Aussitôt, elle arrêta son manège, s'inclina et quitta les lieux non pas sans envoyer un bon coup de pieds – toujours assez discrètement pour ne pas se faire remarquer - à ce chien mécanique qui l'avait enquiquiné pendant toute la scène. Ce dernier fondit dans les jambes du maître qu'on put entendre s'écrier d'une façon incompréhensible mais, un sourire en coin, Yuffie s'imaginait déjà les jurons qu'il pouvait hurler à son fidèle animal.

A nouveau dans le vestiaire, Yuffie n'aurait pas le loisir de se changer : elle devait toujours jouer la servante - en cuisine cette fois – pour préparer le repas et revenir le servir sans aucun doute. La dernière scène sera, pour sa part, le service du repas mais aussi le moment où elle devrait s'emparer du joyau. N'ayant peur de rien et étant capable de le faire même sans jouer la comédie, la demoiselle savait déjà ce qu'elle pourrait faire pendant ce dernier acte. Il faudrait maintenant voir si ça fonctionnerait avec toutes les personnes qui seraient présentes. Le truc étant que la seule cible de cette attaque devrait impérativement être le noble et non pas ses invités parce que ça serait lui qui aurait un œil sur la cache de son rubis. Pour le reste, les dégâts collatéraux ne la concernerait pas tant que sa mission serait réussie.

La shinobi retourna alors sur scène sans avoir été changée ; elle n'avait profité de cette pause que pour boire un peu d'eau. Prête à reprendre, elle revint sur l'estrade avec une grande marmite vide mais dans laquelle elle pourrait dire servir le bouillon que tous ce monde devra ingurgiter. Déposant alors son propre plat devant le chef du manoir – laissant les autres servantes s'occuper des invités – elle l'ouvrit et fit mine de servir un bol qu'elle donna à cette déplaisante personne.

« Un peu de soupe pour vous permettre de passer une bonne nuit. » Une nuit plus rapide à venir qu'il ne s'y attendrait avec la quantité de somnifère qu'elle avait placé dans tous les récipients de soupe qui se faisaient servir dans le même temps. Elle ne mangerait pas de son côté : elle était consciente que les servantes ne partageaient pas le repas des nobles et qu'elles devraient aller dans la salle d'à côté en attendant.

Quand tout le monde fut servi, elle eut un grand sourire avant de récupérer les plats et de dire à sa cible : « Bonne nuit... Euh, je veux dire bon appétit ! »

La faute avait été volontaire, on le voyait bien, mais elle espérait qu'il jouera le jeu. Aussi retourna-t-elle poser son plat en coulisse et ne montra que sa tête au public sans revenir l'air d'observer ce qu'il se passait sur scène. Pour motiver tout le monde à agir comme elle l'entendait sans davantage d'attente, Yuffie reprit alors comme si elle narrait l'histoire. « Tout le monde doit dormir comme des bébés maintenant. Il est l'heure pour moi de faire ce pourquoi je suis venue. »

Et sur ces mots, elle alla jusqu'au tableau qui n'avait pas été retiré malgré le changement de la salle pour aller en retirer le rubis. C'était le moment de vérité et, même pour la demoiselle, c'était un peu excitant de pouvoir aller mettre le doigt sur cet objet qui se révéla être du plastique : un rubis certes énormes mais de seulement quelques grammes tout au plus. De la contrefaçon pure et dure mais qui sera utile pour le spectacle. Il lui restait désormais plus qu'à partir avec sa pierre précieuse pendant que tout le monde dormait profondément. A leur réveil, rien n'aurait changé puisqu'elle avait prit soin de refermer le coffre et le tableau comme ils devraient être mais elle, elle aurait disparu de la scène.

« Rien de plus facile, il ne reste plus qu'à repartir. » Mais ce qui lui semblait être le plus simple sera peut être le pire passage de la pièce pour elle si les comédiens ne jouaient pas la comédie. Elle avait aussi oublié ce chien qui ne pouvait pas faire semblant de manger la fausse soupe et qui se déciderait peut être à aboyer et tout faire foirer.

La scène se passa très bien et, pour Yuffie, simplement entendre le public l'acclamer prouvait qu'elle avait fait une bonne prestation. Elle se laissa cependant déconcentrer suffisamment pour que le chien mécanique ne la fasse tomber. Elle ne l'avait pas vu mais le sentit passer puisqu'elle termina sur l'arrière train en maudissant ce truc complètement détraqué... A moins que ça ne soit le coup de pied qu'elle lui avait donné précédemment ?

Elle se releva mais sentit des vibrations dans le sol et, même si ce fut léger, ça tangua vraiment autour d'elle. Le mal des transports qu'elle avait lui fit comprendre qu'elle devait être dans un vaisseau ou dans quelque chose qui pouvait voler. Sans attendre, elle quitta donc la scène dans l'espoir que les vestiaires seraient plus stables mais ce n'était pas le cas. Que ça s'arrête !!

La shinobi se changea rapidement et récupéra les points qu'on lui donnait ainsi que la pierre durement acquise. Il suffisait d'entendre la foule pour savoir qu'elle risquait d'avoir du mal à quitter les lieux. Il n'était pas question qu'elle s'éternise ici et eut toutes les peines du monde à ouvrir la bouche pour demander s'il y avait une sortie de secours.

« Je peux sortir par là ? » Demanda-t-elle en pointant la seule porte qui ne conduirait pas vers les gradins. Un signe de tête négatif lui fit comprendre qu'elle allait devoir passer devant toute cette foule. Urgh !

Récupérant un poncho dans ses affaires, elle espéra que ça pourrait la camoufler pour la sortie. Son visage camouflé et son corps bien plus couvert qu'il ne l'était quand elle était sur scène, elle passa au travers la foule jusqu'à se retrouver dans les rues. Ce ne fut qu'à ce moment là qu'elle retira sa capuche et regarda derrière elle. Les pieds sur un sol stable et bien solide lui permettait déjà de se sentir mieux et elle regarda ses gains.
« Ouah, sept points quand même ! Je vais pouvoir m'acheter pas mal de trucs avec tout ça. »

Direction, le marché ! Elle irait ensuite voir l'endroit marqué comme étant un musée géré par une certaine Stella : c'était l'endroit qu'on lui avait dit de rejoindre quand elle aurait réuni l'ensemble des cinq pierres...